PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Coucou tout le monde, je voudrais vous remercier pour vos gentils retours. Je suis à preeesque 300 reviews donc un grand merci à vous ! J'espère que vous allez apprécier ce chapitre. S'agissant du rythme de publication, il va être ralenti pendant les deux prochains mois. Je passe un concours au mois de septembre, par la suite j'aurai plus de temps. Je vais essayer de publier un chapitre par semaine mais je ne promet rien et ça sera sans doute les dimanches. Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 12.

"Entretien"

– Harry ! cria une voix excitée derrière lui.

Harry pivota sur ses pieds et grimaça intérieurement en voyant Olivier Dubois se précipiter sur lui. Il le sentait mal.

– Olivier. Tu as passé de bonnes vacances ?

– Excellentes ! dit le gardien. J'ai passé deux semaines à revoir toute notre stratégie pour le match contre Serdaigle. Tu vas jouer contre Cho Chang.

– C'est qui ?

– C'est une fille de quatrième année. Tiens, regarde.

Dubois le tira dans la Grande Salle et lui désigna d'un signe de la main une fille d'origine asiatique, aux traits fins et aux longs cheveux noirs.

– Tu dois l'abattre, dit sérieusement Olivier.

– Je dois attraper le Vif d'or avant elle, tu veux dire ?

Olivier balaya ses paroles d'un geste de la main en secouant la tête, comme si Harry lui faisait une blague.

– Tu l'écrases comme un Cognard, c'est clair ?

Harry hésita à rigoler, mais Olivier avait l'air si sérieux qu'il n'osa pas. Il se contenta d'hocher la tête, n'ayant que peu envie d'avoir un Olivier Dubois furieux après lui.

– J'ai monté les entraînements à cinq par semaine. Comme les Serpentards ont gagné, on a encore une chance de gagner.

– Euh. Cool ?

Harry grimaça en se demandant comment il allait réussir à gérer ses entraînements et ses devoirs. Il s'apprêtait à lui dire que tout allait bien se passer, mais Dubois ne lui en laissa pas le temps. Olivier courut vers Angelina, sans doute pour lui annoncer la reprise des entraînements. Harry la vit et il aurait compati à son sort s'il n'était pas aussi heureux de voir Olivier choisir une autre victime.

– Merci pour ton cadeau de noël, dit Susan qui s'était glissée à ses côtés.

– Oh. Pas de quoi, rougit Harry. Merci pour le tien. Les attrapeurs à travers les âges était un livre passionnant.

– Je savais que ça te plairait. Tu as passé de bonnes vacances ?

– Super. Et les tiennes ?

– Très bonnes, sourit Susan alors qu'ils marchaient vers la table des Poufsouffles.

Il était encore tôt et peu de personnes étaient levées pour le premier jour de cours. Susan et Harry s'étaient rapidement vus dans le train pour rentrer mais n'avaient pas encore eut le temps de discuter.

– Ma tante m'a dit de te dire que le dossier Black avançait bien, dit Susan.

– Oh. Super, c'est une bonne nouvelle. Je crois que Sirius va aller la voir bientôt.

– Il le faut, assura Susan. Il ne se fera pas arrêter. Elle est plutôt... Furieuse à l'idée qu'il n'ait pas eu de procès et qu'il soit innocent. Je crois qu'elle veut tuer Croupton, mais elle hésite.

– Le Chef des Aurors doit l'en empêcher.

– Sans doute, concéda Susan. Ils sont amis depuis des années et je crois qu'il arrive à la contenir, par moment.

– Tu le trouves comment ?

– Il est très compétent, rassura-t-elle d'une voix franche. Je ne l'ai jamais vraiment rencontré, mais elle ne m'en dit que du bien.

– Super.

– Ne t'inquiète pas, il va être innocenté, assura Susan d'une voix si optimiste que Harry eut de l'espoir.

– J'espère, vraiment, soupira Harry en secouant sa tête. Tu as quoi comme cours ?

– Métamorphose. Et toi ?

– Potions, grimaça Harry. Premier cours de la semaine, quelle horreur.

– Je te comprends, assura Susan en grimaçant. Bon courage.

.

– Le directeur souhaite que nous développions des relations apaisées entre les différentes maisons, énonça Rogue d'une voix doucereuse.

Il avait une grimace de dégoût sur le visage, montrant qu'il n'était lui-même pas enchanté à cette idée. Harry soupira en se disant que les cours de potions allaient être pires qu'avant. Il se demanda pourquoi Dumbledore insistait tellement pour rapprocher les maisons alors qu'il savait que Serpentard et Gryffondor se vouaient une haine sans nom. N'aurait-il pas été plus judicieux de séparer les deux maisons ?

– Je vais donc former de nouvelles paires.

Hermione fit équipe avec Daphné Greengrass. Ron fut envoyé avec Crabbe à son grand déplaisir. Neville hérita de Zabini qui, bien que froid au premier abord, était un bien meilleur choix que Goyle.

– Malefoy, Potter.

Drago et Harry se dévisagèrent un court instant, sans savoir comment réagir. Harry se déplaça aux côtés du blond qui lui fit un simple signe de tête. Le professeur Rogue les dévisagea un instant, comme s'il attendait à ce qu'ils s'insultent. Harry ne détourna pas le regard et laissa flotter un sourire ironique sur ses lèvres.

Drago prit en main le chaudron, à la grande joie de Harry. Il coupa les ingrédients comme le lui demandait le blond qui semblait dans son élément. Il ne déméritait pas les compliments que lui faisait Rogue tant il semblait à l'aise en préparant la potion.

– Non, il faut que tu la coupe plus finement, dit Drago en montrant comment couper la fleur de Mango.

– Ah. Ok. Qu'est-ce que ça change ? s'autorisa à demander Harry.

– Tout, Potter.

Harry fronça son nez mais se décida de lui faire confiance. Il ne voyait pas ce qu'un ou deux centimètres pouvaient changer de plus.

– Quand tu es Batteur, tu frappes le Cognard. C'est mieux de viser quelqu'un plutôt que l'envoyer dans le vide, dit Drago en voyant sa perplexité.

– En effet.

– En potions c'est la même chose. Tu peux couper grossièrement, mais ça a plus d'intérêt si tu coupes parfaitement.

– Mhm.

Harry songea que Drago avait des métaphores plutôt particulières. Mais il comprit l'essentiel et s'attela à couper les ingrédients à la perfection. Il trouvait ça finalement très reposant de se concentrer uniquement sur la découpe. Drago tournait le chaudron d'une main experte, contrôlait ses ingrédients et ajoutait même des plantes qui n'étaient pas demandées.

– Une feuille de menthe ? remarqua Harry.

– C'est pour le goût, expliqua Drago. La menthe n'a aucun effet sur la potion en tant que tel. Ça permet juste de masquer l'odeur de poubelle.

– Excellent, dix points pour Serpentard, fit Rogue d'une voix sourde. Potter, vous ne vous occupez pas du chaudron ? Vous laissez Mr Malefoy s'occuper de tout pensant avoir une bonne note ? Cela vous coûtera cinq points.

Rogue repartit aussi vite qu'il était venu et Harry sentit la brûlure de l'injustice rugir en lui. Il le détestait. Drago avait un petit sourire amusé, mais Harry ne savait pas si c'était à cause de Rogue ou parce qu'il avait écrasé la figue sèche avec son poing au lieu d'utiliser le pilon.

A la fin de l'heure, Harry et Drago étaient les seuls à avoir réussi parfaitement la potion. Si Rogue ne lui accorda aucun point, donnant tout le crédit à Drago, Harry ne pouvait que se sentir fier de ce qu'il avait accompli. Même si Drago avait fait beaucoup, il avait pu l'aider. Et au moins sa potion n'avait pas la consistance de goudron à la fin de l'heure, comme celle de Zabini et Neville.

Drago lui fit un hochement de tête en sortant de la classe, rejoignant son groupe d'amis qui se plaignait de la nouvelle idée farfelue de Dumbledore.

.

– Euh... C'est vraiment obligatoire ?

– Non, mais ça peut aider.

Harry haussa un sourcil, surpris, en voyant Remus allumer dix bougies qui diffusaient une douce odeur salée qui lui faisait penser à la mer.

– Pourquoi la mer ?

– C'est l'odeur que j'ai sentie quand je suis venu vous voir pour le réveillon, expliqua Remus. Je pense que ça va te rappeler l'odeur d'un lieu où tu te sens bien et t'aider à te détendre.

– Mhm.

Harry semblait dubitatif, mais il devait avouer que l'odeur ressemblait terriblement à celle de la Villa Bleue. Il avait l'impression de se trouver près de la mer et il songea que les bougies magiques étaient une invention extraordinaire, tant par leur durée qui pouvait être infinie que par leur odeur si fidèle à la réalité, à l'inverse des parfums synthétiques moldus.

– Assieds-toi en tailleur, indiqua Remus en fermant les fenêtres de son bureau pour ne laisser qu'une douce lumière qui provenait des bougies et de la cheminée.

– Je trouve ça ridicule, dit franchement Harry.

– Tu es comme Sirius, s'amusa Remus.

Harry soupira en se mettant en tailleur sur un petit coussin. Il se trouvait ridicule, assis en tailleur les mains sur ses genoux, mais il devait essayer. Il avait été réveillé par un cauchemar si violent le matin même qu'il avait presque couru jusqu'au bureau de Remus.

Dès qu'il fermait les yeux il voyait sa mère crier avant de se prendre un sortilège vert. Puis, il voyait Quirrell mourir devant ses yeux, l'accusant de l'avoir assassiné. Les yeux jaunes du basilic. Les crocs du Basilic qui entraient dans sa chaire.

Non, ça n'avait que trop duré. Les détraqueurs qu'il avait vu à Pré-au-Lard l'avaient choqué et il ne parvenait pas à s'en sortir. Il ne voulait surtout pas aller voir Mrs Pomfresh, alors la méditation proposée par Sirius avait semblé être une bonne alternative.

– Tu es sûr que ce n'est pas de la divination ? insista Harry.

– Persuadé. Ta mère méditait régulièrement et pourtant ce n'était pas une grande fanatique de ce type de magie.

Harry se sentit soulagé de savoir que sa mère n'aimait pas non plus la divination.

– Et mon père ?

– Il haïssait la divination, dit Remus après un temps d'hésitation. Il trouvait que ce n'étaient que des charlatans. Ta mère était un peu plus dubitative. Ton père disait qu'elle était naïve.

Harry sourit légèrement. Sirius et Remus idolâtraient tant sa mère que c'était rare qu'ils la critiquent. Son père semblait être le seul à voir les défauts de sa mère et Harry trouvait ça à la fois rassurant et amusant. Il ne voulait pas vivre avec le spectre de ses parents parfaits. Savoir qu'eux aussi n'étaient pas parfaits était agréable et lui permettait de ne pas se sentir inférieur par rapport à leur souvenir.

– Tu es prêt ? demanda Remus.

– J'ai le choix ? grinça Harry.

– Bien sûr. On ne te force à rien.

– Je sais, souffla Harry avant de s'excuser. Je ne voulais pas être désagréable, je suis juste un peu anxieux. Merci de m'apprendre ça.

– Ne t'inquiète pas. On arrête si tu sens que ça ne va pas. Je vais te demander de fermer les yeux. Maintenant tu prends une grande inspiration. Voilà comme ça. Puis tu expires. Tu continues comme ça, c'est très bien. A chaque fois que tu expires tu te concentres sur un muscle et tu le détends, continua Remus de sa voix grave.

– Je le détends ? répéta Harry.

– Essaies. Commence par tes pieds. Tu fixes ton attention dessus et tu t'imagines qu'ils sont détendus.

Harry obéit avec appréhension.

– Continues à respirer. Voilà. Maintenant tu remontes sur tes jambes. Bien... Ensuite les épaules. Le ventre.

Harry fit comme Remus le lui disait. Il gonfla son ventre pour inspirer et le creusa en expirant.

– Bien, constata Remus en voyant les épaules de Harry se relâcher. N'oublie pas la mâchoire, le dos.

Harry mit de longues minutes avant de sentir un effet sur lui.

– Tu te sens plus détendu ?

Harry hocha sa tête de haut en bas, savourant le fait que son corps entier semblait relâché. Il n'avait jamais remarqué que sa mâchoire était si contractée, même quand il ne faisait rien de particulier. Il se rendit compte qu'une tension l'habitait continuellement et soupira de bonheur en sentant son dos se décontracter.

– Maintenant on va commencer la méditation pure. Tu vas respirer par le nez. Tu inspires profondément, puis tu expires. Encore une fois. Encore une. Ensuite tu vas respirer naturellement, sans forcer. Tu continues. Bien. Il faut que tu aies une respiration régulière.

Harry obéit avec un peu plus d'envie en voyant les effets corporels que ça faisait. Lui qui avait pensé que ce n'était qu'une discipline funeste semblable à la Divination il s'était bien trompé.

– Maintenant je veux que tu te concentres sur cette respiration et uniquement sur ça. Tu dois ressentir l'air qui entre dans tes narines, qui entre dans ta gorge. Prend conscience de ton ventre qui se gonfle. De tes poumons qui se remplissent. Et ensuite, l'air qui ressort. Note sa température. Suis le passage de l'air, reste concentré dessus. Voilà c'est bien.

Remus sourit doucement en voyant que tout le corps de Harry s'était apaisé et qu'il faisait ce qu'il lui disait.

– Maintenant tu vas peut-être avoir des pensées qui reviennent. Tu les observe passer, tu peux les nommer si tu veux, les observer... Mais ensuite tu te reconcentres sur ton souffle. C'est tout à fait normal. Concentre-toi sur ta respiration sans forcer. Tu les identifies, avant de les laisser de côté pour dire à ton esprit que ce n'est pas le moment. Voilà, souffle.

Remus observa Harry respirer profondément. Il observa son visage se détendre légèrement et son souffle devenir plus profond.

Puis, il papillonna et ouvrit ses yeux en grimaçant.

– C'était nul, souffla Harry.

– Pas du tout. Tu as tenu cinq minutes, c'est énorme pour une première fois, assura Remus. L'important ce n'est pas le temps que tu mets, mais comment tu te sens.

– Je me sens mieux, avoua Harry. Plus calme.

– Ça veut dire que ça marche. Plus tu le feras, plus tu tiendras longtemps et plus se sera simple pour toi de garder ton calme.

– Je dois le faire combien de temps ?

– Comme tu le sens et quand tu en ressens le besoin, même si le mieux est de le faire régulièrement, un peu tous les jours. Si ça peut t'aider, ta mère le faisait tous les soirs avant de dormir.

– Si je le fais le soir, ça pourra m'enlever mes cauchemars ? demanda Harry en chuchotant.

– Je pense que oui, assura Remus d'un ton doux. Essaie cinq minutes tous les soirs et tu vois s'il y a une amélioration. Plus tu vas le faire, plus ça sera simple. Tu veux qu'on continue ensemble ?

– Oui, j'aimerai bien, admit Harry.

– On peut se retrouver une fois par semaine comme pour les Patronus, pour s'entraîner.

– Tu fais de la méditation aussi ?

– C'est moi qui l'ait appris à Lily, admit Remus amusé. J'ai été obligé avec le fait que je sois un loup-garou. Aux alentours de la pleine lune, je peux vite être plus... énervé. J'avais pris l'habitude de prendre sur moi avant que mon père ne m'apprenne la méditation, me disant que ça pouvait aider. J'ai commencé et je n'ai plus réussi à m'arrêter.

– C'est plutôt parce que mon père et Sirius t'énervaient ?

– Il y a de ça, rit Remus. On va commencer ensemble, mais ensuite tu trouveras ce qui te convient le mieux. Moi je médite uniquement en tailleur, les yeux fermés avec des bougies pour me concentrer sur une odeur. Ta mère pouvait méditer allongée, assise et même debout si elle avait besoin de se recentrer. Je sais qu'elle se concentrait sur une image.

– Une image ?

– Oui, la mer. Elle imaginait la mer qui montait et descendait, au fil de sa respiration. Elle n'a jamais réussi à se concentrer sur son souffle. Elle me disait que ses souvenirs partaient avec la mer.

Harry songea qu'il aimait beaucoup l'approche de sa mère.

– Quand tu as une émotion forte, tu peux essayer de respirer comme ça pour te calmer.

– Je vais essayer.

– C'est normal que ça soit difficile au début, dit Remus d'un ton compatissant. Ça peut prendre des semaines avant de trouver le truc. Mais ça te plaît quand même ?

– Oui, avoua Harry. J'étais un peu anxieux, mais je me sens beaucoup plus calme. Il faut voir si ça marche vraiment, mais je suis prêt à tout pour arrêter les cauchemars.

– Tu vas y arriver. Je vais te donner un livre que m'avait conseillé mon père, tu y trouveras des astuces.

.

– Bonjour, Mr Scrimgeour.

Rufus salua d'un signe de tête la secrétaire avant d'entrer sans frapper dans le bureau d'Amelia qui lui jeta un regard courroucé.

– Tu as le droit de frapper, tu sais.

Rufus lui lança un regard ironique en prenant place face à elle. Amelia soupira, sachant qu'elle ne pourrait jamais le raisonner sur ça. Il aimait entrer dans son bureau, comme pour la surprendre sur le fait. Mais Amelia travaillait bel et bien. Elle poussa ses dossiers et fixa son ami avec impatience.

– J'ai beaucoup de travail.

– Et moi je me tourne les pouces ?

– Qu'est-ce que tu veux ? soupira Amelia.

– Maxwell a demandé un entretien.

– L'avocat de Sirius ?

– Exact. Je lui ai dit de nous rejoindre ici, ça te va ?

– J'ai le choix ? ironisa Amelia en levant ses yeux au ciel. Tu es agaçant, tu sais ?

– Je suis plus âgé, tu me dois le respect.

Amelia laissa échapper un petit ricanement dédaigneux en rangeant tous ses dossiers d'un simple coup de baguette.

– Qu'est-ce qu'il veut ?

– Nous parler de Black, sans doute, souffla Rufus. J'aurai préféré qu'il vienne lui-même mais bon... Je pense qu'il ne viendra plus. Ça fait des semaines qu'on l'attend.

– Il a peur, sans doute, grinça Amelia.

– J'étais persuadé que Potter arriverait à le convaincre.

– Moi aussi.

Amelia soupira car, elle aussi, aurait voulu pouvoir parler à Sirius avant son procès. Déjà pour avoir son témoignage, ensuite pour lui dire qu'elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l'innocenter. Rufus avait repris une grande partie du dossier et Amelia avait déjà contacté une grande partie du Magenmagot à ce sujet.

Mais elle aurait aussi voulu lui parler de Harry. Susan lui avait raconté pendant les vacances à quel point Harry était "génial et drôle et intelligent et mignon", mais elle lui avait aussi parlé rapidement des Dursley que Harry ne portait pas dans son cœur. Il ne lui avait rien dit de tangible mais Amelia avait compris qu'il y avait quelque chose de sous-jacent.

Quand Amelia avait appris que Harry n'avait jamais eu de noël elle avait vu rouge. Mais elle ne pouvait rien faire pour le moment. Le poids des paroles de sa nièce n'était pas assez important pour retirer la garde à une famille. Elle s'interrogeait et aurait voulu en parler à Black directement.

– Ta nièce a apprécié noël ? s'enquit Rufus.

– Oui, c'était délicieux comme toujours. Elle me manque tellement.

– Je comprends. Depuis que Rick a quitté Poudlard j'apprécie de le voir tous les dimanches.

– Comment se passe sa formation ?

– Super, dit Rufus. Très calme. Pas de Mangemort ou de magie noire, nous sommes ravis.

Malheureusement, le second fils de Rufus, Marcus, se destinait à une carrière d'Auror ce qui faisait grincer Rufus, ne pouvant toutefois rien dire pour l'en empêcher. Il savait que son dossier avait de grandes chances de passer et il grognait à l'idée qu'il rejoigne ses rangs dans quelques mois.

Amelia sourit. Elle aussi espérait fortement que sa nièce ne choisisse pas la voie des Aurors. Elle ne savait pas si elle aurait supporté de la voir s'engager là-dedans au péril de sa vie.

– Avec Potter alors ?

– Ils semblent très amis, s'amusa Amelia. Je pense qu'elle l'aime beaucoup. Elle m'a dit des choses très intéressantes à son sujet. Surtout sur sa famille.

– Tu penses toujours que ça se passe mal ?

– J'en suis sûre, affirma Amelia. Mais je ne peux pas le prouver, donc pour le moment je cherche des informations.

– C'est ton travail de faire ça ?

– Pas vraiment, admit Amelia. C'est plutôt celui de la Brigade Magique et du Service de la famille, mais bon... On peut toujours leur donner un coup de pouce.

– Amelia Bones qui utilise son pouvoir à des fins personnelles, siffla Rufus impressionné.

Amelia rougit furieusement.

– Ce n'est pas ça ! Après tout, je suis aussi compétente même si c'est moins évident. Je représente la Justice Magique, je peux donc interroger et ouvrir une enquête si je le veux, en coercition avec les Aurors ou la Brigade.

– Je te taquine. Je sais bien que tu n'abuserais jamais de tes pouvoirs.

La secrétaire frappa à la porte d'Amelia pour lui indiquer que son rendez-vous était arrivé.

– Faites-le entrer, dit professionnellement Amelia en se levant.

A la surprise des deux membres du Ministère, Alan Maxwell pénétra dans le bureau flanqué d'un immense chien noir. Il n'avait pas l'air menaçant, mais Amelia fit un pas en arrière. Elle détestait les chiens. L'un de ses oncles lui avait raconté une histoire terrifiante sur le Sinistros et, depuis, elle en avait toujours eu une peur bleue. Avant que Voldemort ne tue l'intégralité de sa famille, son épouvantard prenait la forme d'un immense Sinistros.

– Maître, dit-elle sèchement alors que Rufus se plaçait instinctivement devant elle connaissant sa phobie. Je n'aime pas particulièrement les chiens.

– Pardonnez-moi, Madame la Directrice de la Justice, dit Alan d'un ton contrit.

Il ferma la porte derrière lui, sans faire mine d'écarter le chien.

A ce moment, le chien se transforma en Sirius Black.

Amelia eut un mouvement de recul, alors que Rufus avait déjà sorti sa baguette dans un mouvement de pur instinct. Il y eut un moment de flottement et Rufus ricana légèrement en rangeant sa baguette.

– Je ne suis pas un chien comme les autres, dit Sirius en souriant largement.

Amelia était sans voix.

– Bonjour Amelia, continua Sirius avec un sourire amusé en voyant leurs mines ébahies. Tu as l'air en forme.

– Toi aussi ! s'exclama-t-elle sans pouvoir s'empêcher de le détailler.

Rufus et Amelia avaient longuement discuté de comment était Sirius Black à présent. Ils avaient vu les images qui avaient été montrées dans la Gazette et il n'était finalement pas étonnant qu'il ait pu se faufiler dans le monde magique tant il ne ressemblait plus au prisonnier qui s'était évadé.

Il portait une tenue sorcière bleue nuit qui mettait en valeur ses yeux gris où brillaient une lueur malicieuse. Il semblait toujours maigre, mais paraissait très en forme. Son sourire n'était pas feint et était étincelant, loin des dents jaunâtres de la photo. Amelia avait l'impression de revoir le Sirius Black qu'elle avait autrefois côtoyé et cela lui donna un coup au plexus.

Rufus se reprit plus rapidement, ne voulant pas montrer que l'apparition d'un Sirius Black aussi pimpant l'avait ébranlé. Il s'avança vers Black pour lui tendre sa main. Sirius le détailla un instant, comme s'il cherchait à sonder son âme. Rufus s'y plia volontiers.

– Rufus Scrimgeour.

– Harry m'a parlé de vous, sourit Sirius en attrapant la main.

Sirius était tendu, mais se tourna vers Amelia à qui il lança un sourire chaleureux. Elle lui fit un signe de tête, incapable de parler. La dernière fois qu'elle l'avait vu avait été à la remise des diplômes à Poudlard. En le voyant comme ça, elle ne parvenait pas à croire qu'il ait pu passer douze ans à Azkaban. Il paraissait si normal qu'elle eut, un instant, peur de s'être trompée. Que Sirius soit réellement coupable et ait pu connaître des sorts de magie noire pour affronter Azkaban, avant de se fustiger. Peter avait avoué.

Ils prirent place dans le coin canapé du bureau d'Amelia. Sirius versa avec élégance un peu de crème dans son café. Le simple fait qu'il puisse faire un geste si banal impressionna Amelia qui ne pouvait plus détacher son regard de l'homme.

– Je vais rester lors de cet entretien, si cela vous convient, dit Alan d'un ton qui ne laissait guère la place à la discussion.

Amelia sortit de sa torpeur avant de sourire d'un air obligé à l'avocat.

– Nous comprenons vos craintes, Maître. Mais je vous assure que Sirius n'a rien à craindre. Nous n'allons pas l'emmener à Azkaban.

Sirius se détendit légèrement en entendant le ton ferme d'Amelia. Alan lui fit un signe discret lui indiquant que tout allait bien se passer, alors que Amelia se tournait vers Sirius.

– Tu es un Animagus, déclara-t-elle en laissant tomber le vouvoiement.

– Je suis un Animagus non déclaré, reconnut Sirius en grimaçant.

– Serait-il possible de déclarer mon client ? interrompit Alan.

– On peut le faire, assura Rufus. Ça pourra être retenu contre vous pendant le procès.

Alan hocha la tête comme s'il avait lui-même prévu cette possibilité.

– Voyons ! dit sèchement Amelia. Il a passé douze ans à Azkaban. Je pense que sa dette est payée !

Sirius fut rassuré de voir qu'Amelia le défendait.

– J'indique juste que ça pourrait être utilisé par le président du Magenmagot.

Sirius regarda Alan un court instant. Rufus attendait la réaction de Black, ne sachant pas où il se positionnait par rapport à l'homme. Sirius tourna son regard gris sur lui, avant de sourire et hocher la tête.

– En effet, conclut Sirius.

– Nous verrons ça plus tard, dit sèchement Amelia. Sirius, peux-tu nous raconter ce qu'il t'est arrivé ?

– Je suis là pour ça.

– Je veux simplement m'assurer que mon client ne sera pas envoyé à Azkaban de nouveau avant le procès, intervint Alan.

– Evidemment, assura Rufus. Nous nous engageons à ne pas le renvoyer là-bas.

– Surtout que nous sommes convaincus de son innocence, ajouta Amelia dans un sourire.

Alan hocha sa tête en direction de Sirius qui commença à raconter comment il était devenu Animagus à Poudlard avec les Maraudeurs. Amelia accusa le coup un instant en songeant que Remus Lupin, un loup-garou, enseignait à présent à Poudlard. Comment Dumbledore avait pu laisser un loup-garou à Poudlard sans informer le Ministère ? Heureusement, elle connaissait bien Remus et sa nièce lui avait dit qu'il était très compétent, mais ça n'excusait pas tout.

– Le père de Harry était un cerf ? devina Rufus qui venait d'avoir une illumination.

– Comment vous le savez ? siffla Sirius.

– Le Patronus. Je me suis demandé pourquoi il avait pris cette forme.

– Il est doué, n'est-ce pas ? ne put s'empêcher de demander Sirius, toujours aussi fier de son filleul.

Alan ricana dans son coin, ayant assisté à la tendance "papa poule" de Sirius Black qui tranchait fortement avec la puissance et le sérieux qu'il pouvait dégager.

– Il l'est, confirma Rufus.

Sirius sourit largement, avant d'enchaîner sur sa sortie de Poudlard. Son embauche au Ministère qui surpris fortement Amelia, l'Ordre du Phoenix, la naissance de Harry et enfin James et Lily qui avaient été obligés de se cacher pendant plus d'un an.

– Est-ce que vous savez pourquoi ils ont dû se cacher ? demanda Rufus. Après tout, tous les membres de l'Ordre étaient des cibles.

– C'est Dumbledore qui leur a dit de se cacher.

Rufus haussa un sourcil en entendant la façon dont Sirius avait prononcé le nom du directeur. Ce n'était pas le ton de quelqu'un qu'il admirait, mais plutôt le ton que lui-même employait lui-même pour parler de Dumbledore. Il en fut surpris et se dit que Sirius ne semblait pas être l'un des suiveurs de Dumbledore.

– Apparemment, Voldemort les cherchait spécifiquement. Je suppose que le fait que les Potter soient puissants a dû jouer. Il avait déjà tenté de les recruter, sans succès.

– Et ensuite ? reprit doucement Amelia.

– Ensuite, on se doutait qu'il y avait un traitre dans l'Ordre, sans savoir qui. James et Lily ont commencé à se méfier des autres membres, à l'exception des Maraudeurs.

– Maraudeurs ?

– Remus Lupin, Peter Pettigrow et moi. Les Maraudeurs, expliqua Sirius. Ils ont été attaqués plusieurs fois. Un jour ils ont échappé de peu à la mort dans la maison familiale des Potter.

Amelia fronça ses sourcils, car elle était sûre de n'avoir jamais eu connaissance de cette information.

– Alors ils ont décidé de pratiquer un Fidelitas, pour protéger Harry, expliqua Sirius qui semblait parti loin dans ses pensées. C'est Lily qui est venue me voir en me demandant d'être leur Gardien, même si Dumbledore leur avait proposé de prendre cette place.

– James ne t'a pas demandé ? s'étonna Amelia qui connaissait l'amitié qui liait les deux garçons.

– Lily et moi sommes devenus très proches après Poudlard, dit Sirius en souriant. Nous avons travaillé ensemble pour le Ministère. James aurait confié sa vie à l'un de nous trois sans hésiter. Mais c'était évident, ils voulaient que ça soit moi.

Sirius prit une grande inspiration à ce moment et sa mâchoire se contracta involontairement. Alan lui fit un signe de tête encourageant. Rufus et Amelia savaient que ce moment était important, car il devait recouper les informations de Peter, ou non.

– Nous étions... Il y avait un traitre. On savait que tout le monde penserait que je serai le Gardien. C'était évident. James et moi... On était comme des frères. Alors j'ai proposé une ruse. On disait à tout le monde que c'était moi et on mettait quelqu'un d'autre à la place du Gardien du Secret, expliqua Sirius.

– Pourquoi ?

– Parce que, comme ça, personne ne se douterait. Ils me chercheraient et... Eh bien, s'ils me trouvaient, je n'aurai rien pu dire. J'étais prêt à mourir pour eux, dit Sirius fortement les yeux brillants d'émotion. Je savais que Voldemort me chercherait, ce qui laissait à James et Lily le temps de s'en sortir si j'étais capturé, le Gardien pouvant se cacher.

Sirius vit avec satisfaction que Rufus ne cilla pas quand il prononça le nom du mage noir. Alan sursauta et Amelia frissonna de peur.

– Ne dites pas son nom, siffla Alan qui avait blanchis.

Sirius lui lança un regard d'excuse à peine voilé par son amusement.

– Qui a été choisi comme Gardien ? demanda Amelia.

– Peter Pettigrow.

A ce moment, le masque de parfait Sang-Pur de Sirius vacilla. Il ferma violemment ses yeux, serra ses poings et souffla pour se redonner une contenance.

– On lui a fait confiance. J'ai pensé... J'étais sûr que jamais il n'aurait pu être le traitre, je ne l'ai même pas imaginé !

– Pourquoi pas Remus Lupin ?

– Parce que c'est un loup-garou et que... J'ai pensé que c'était le traitre, avoua Sirius à demi-mot. Peter était... Insignifiant. On ne le remarquait pas, jamais. Il admirait James plus que tout. Je n'ai jamais pensé qu'il aurait pu les trahir. Mais voilà... On a fait le rituel, Peter est devenu le Gardien et une semaine après ils étaient morts.

– Tu peux nous raconter ce qu'il s'est passé cette nuit là ? s'enquit Amelia.

– Je suis allé chez les Potter et la maison était détruite, dit Sirius avec une voix qui semblait sortie d'outre-tombe. J'ai vu James à terre et j'ai pensé... J'ai cru qu'il me faisait une blague. Et puis j'ai vu qu'il était...

Sirius se racla la gorge sans pouvoir continuer.

– Puis, j'ai entendu Harry pleurer. C'était inattendu, avoua Sirius. Je n'aurai jamais pensé qu'il aurait pu survivre, mais je ne sais pas... Je n'ai pas réfléchi au fait qu'il ait pu vaincre Voldemort. Surtout que la maison semblait avoir explosé... Je suis monté à l'étage et j'ai d'abord vu Lily. Puis Harry. Son front saignait et il pleurait. Je l'ai pris dans mes bras et je l'ai soigné.

Rufus hocha la tête en se souvenant d'un élément du dossier.

– Il a arrêté de pleurer quand il m'a reconnu. C'était un petit si mignon, dit Sirius d'une voix pleine d'émotion. Je ne savais plus où j'en étais. Je ne comprenais rien. Aucune trace de Voldemort, James et Lily morts et Harry en vie.

– Comment tu as su que Harry avait tué Voldemort ?

– C'est Hagrid qui me l'a dit.

– Le garde-chasse ?

– Eh oui. Il était là quand je suis descendu et il m'a dit qu'il était là sur ordre de Dumbledore qui voulait placer Harry en lieu sûr car il avait éliminé Voldemort. J'étais surpris, évidemment. Mais j'étais aussi inquiet pour Peter.

– Inquiet ? fit Rufus surpris.

– C'était le Gardien. Je me suis dit qu'il avait été torturé. Comme Hagrid était là, je lui ai confié Harry et je lui ai dis... A bientôt, murmura Sirius d'une voix brisée. Je lui ai dit à bientôt, reprit-il, et je suis parti chez Peter. Quand je suis entré dans son appartement, j'ai eu la surprise de voir que tout était en place, aucune trace de lutte. Quand je suis sorti il était là. Et là... Il a souri.

Sirius ne put retenir un frisson en se souvenant du sourire de Peter. Un sourire qui le hanterait à jamais. Un sourire victorieux, vicieux... Un sourire que jamais il n'avait vu sur son visage.

– Il s'est mis à crier "comment tu as pu faire ça à James et Lily ?" et là il a sorti sa baguette, a provoqué une explosion, s'est coupé le doigt et il s'est transformé en Animagus.

Rufus était plongé dans le récit, qui ressemblait trait pour trait à ce que Tonks avait deviné lors de l'étude du dossier.

– Je suis resté... sous le choc, admit Sirius. Je ne m'y attendais tellement pas et là... J'ai craqué.

– Tu as rigolé, pointa Amelia.

– Mes nerfs ont lâché je crois. Voir Harry s'en sortir en vie après avoir fait face à Voldemort, James et Lily... Et après tout ça, Peter. Non, je crois que j'ai juste... Tout lâché. Mon esprit n'a pas pu encaisser. Il les a trahis consciemment... J'étais persuadé qu'ils l'avaient torturé, mais non. Il s'est bien fichu de nous !

– Vous avez aussi dit que c'était de votre faute, pointa Rufus.

– Parce que ça l'était, affirma Sirius d'une voix sourde. C'est moi qui ait proposé de changer de Gardien. Sans moi... Sans moi James et Lily seraient encore en vie. Moi je serai peut-être mort, mais jamais je n'aurai trahi les Potter. Jamais. Amelia je...

– Je sais, dit-elle d'une voix douce. Je sais que tu es innocent. Rufus le sait aussi. C'est même lui qui nous dit avant tout le monde que tu l'étais.

Sirius le regarda d'un œil nouveau. Alan l'encouragea à continuer son récit.

– Ensuite, la Brigade Magique est arrivée. Ils étaient au moins douze et je n'ai même pas chercher à résister. Et là, je me retrouve à Azkaban. Je pense qu'il m'a fallu quelques jours pour réaliser.

– Personne ne t'a rien dit ?

– Non. Ils sont venus me chercher et m'ont directement envoyé là-bas, dit Sirius. Je n'ai vu personne pendant des semaines. Les gardiens ne me parlaient pas. Je disais que j'étais innocent, mais personne ne m'écoutait.

Amelia se crispa en imaginant un Sirius enfermé dans une cellule, plaidant son innocence et ne recevant en retour que le silence.

– Je savais que les Mangemorts étaient directement envoyés à Azkaban quand ils étaient arrêtés, dit Sirius. Donc j'ai attendu mon procès.

Il éclata d'un rire froid qui glaça le sang à Rufus.

– J'ai attendu longtemps, indiqua-t-il d'une voix remplie de sarcasme. Un jour, un gardien est venu me chercher et m'a emmené dans le quartier le plus sécurisé. Il m'a dit que j'avais été condamné à la prison à perpétuité. J'ai cru à une blague, sur le coup. Mais bon... Personne ne vous écoute quand vous dites que vous êtes innocent.

Rufus grinça des dents. Il était allé plusieurs fois à Azkaban et il ne comptait plus les détenus qui lui hurlaient leur innocence quand on passait devant leurs cellules.

– J'y ai croisé ma cousine, continua Sirius sur le ton de la conversation. Bellatrix. Une femme charmante. Elle était choquée de me voir. Tout le monde savait que jamais je n'aurai pu supporter Voldemort. Même ma cousine tarée m'a cru !

Rufus et Amelia se regardèrent, affreusement gênés.

– Nous savons que, pour le moment, vous êtes toujours considéré comme coupable, commença Rufus. Mais nous tenons à vous présenter des excuses au nom du Ministère.

– Pas besoin. C'est Croupton qui devrait s'excuser, dit rageusement Sirius. Ils n'ont même pas vérifié si je portais la marque, souffla-t-il. Je veux dire, ce n'est pas la première chose qu'on fait normalement ?

– Nous avons ouvert une enquête sur Croupton, l'informa Amelia.

– Est-ce que... J'ai appris que son fils avait été envoyé pendant la même période, dit Sirius. Est-ce qu'il aurait pu juste oublier ou... ?

– Non, dit franchement Amelia. Il l'a fait consciemment. Il était sûr que tu étais coupable.

Sirius accusa difficilement le coup.

– Toutes les preuves étaient contre moi, admit Sirius.

– Non, rétorqua sèchement Rufus. Une apprentie Auror en lisant le dossier a pu voir des problèmes dans le dossier. Ce n'est pas acceptable.

Alan sourit largement en voyant que Rufus semblait persuadé de l'innocence de son client. C'était dans la poche.

– Qu'en est-il de Dumbledore ? s'enquit l'avocat. Il était président du Magenmagot.

– Ce n'est pas clair pour le moment, expliqua Amelia. On pense qu'il était persuadé de ta culpabilité et qu'il a oublié que tu n'avais pas eu de procès.

– Mhm. Je suis sûr que ça l'arrangeait bien, murmura Sirius ce qui n'échappa pas à Rufus.

– Pourquoi ? s'enquit le Chef des Aurors.

Sirius soupira un instant, mais Alan l'autorisa à parler.

– Parce que Dumbledore voulait placer Harry chez son oncle et sa tante. Si j'avais eu un procès j'aurais pu revendiquer la garde puisque j'étais son parrain et que Lily et James m'ont spécifiquement désigné dans le testament. Dumbledore l'a fait sceller et a utilisé son pouvoir pour le placer où il le souhaitait.

– Mais pourquoi il voulait qu'il soit chez des moldus ? s'étonna Amelia.

– Apparemment, Lily se serait sacrifiée pour Harry, ce qui l'aurait sauvé. Elle a en quelque sorte donné à Harry des protections qui rendaient Voldemort incapable de le toucher. La seule façon de laisser les protections sur Harry c'était de le laisser avec quelqu'un qui se rapproche de Lily. Sa sœur, donc.

Rufus et Amelia se regardèrent étrangement, mais ce n'était pas le moment de poser des questions sur cette étrange protection et sur le pourquoi le Survivant en aurait eu besoin, surtout que Maître Maxwell donna un coup dans le bras de Sirius pour l'empêcher d'en dire plus.

– Nous verrons ce qu'il a à dire quand il sera interrogé, conclut Rufus.

Rufus était soulagé de voir que Sirius semblait très critique à l'égard de Dumbledore et qu'il avait eu raison. Sirius lui en voulait, ce qui pouvait lui être utile.

– Comment tu n'es pas devenu fou ?! s'exclama Amelia qui semblait avoir retenu sa question depuis le début de l'entretien.

– Animagus, répondit simplement Sirius. Personne ne savait que j'en étais un, donc quand c'était trop dur je me transformerais. Les détraqueurs sont aveugles, les pensées d'un chien sont confuses, donc ils pensaient que je perdais la tête. Tout ce que je savais c'est que j'étais innocent et ce n'était ni un souvenir heureux, ni un souvenir malheureux... ils ne pouvaient pas me l'enlever.

La douleur avec laquelle Sirius parlait faillit faire pleurer Amelia de frustration. Douze ans pour rien. Douze ans de prison pour un crime qu'il n'avait pas commis. A quel moment le Ministère avait-il pu laisser passer ça ?

– Pourquoi vous vous êtes échappé ?

– J'ai croisé le Ministre de la Magie, il avait un journal et il me l'a donné. Dessus j'ai vu une photo.

Sirius sortit de sa poche un extrait de la Gazette de cet été.

– Ce sont les Weasley, dit Amelia qui avait déjà croisé Arthur dans les couloirs.

– Le rat... siffla Rufus qui venait de voir l'animal sur l'épaule du plus jeune garçon. Il lui manque une patte ! Pettigrow ?

– Eh oui, grinça Sirius. Je l'ai reconnu tout de suite. L'article disait que le garçon retournait à Poudlard avec Harry donc j'ai décidé de m'échapper pour protéger Harry. J'avais juste peur qu'il le tue ou... je ne sais pas, je n'ai pas réfléchi.

– Typique d'un Gryffondor.

Alan sourit à la remarque de Rufus tant il avait eu la même pensée.

– Tu t'es échappé pour protéger Harry ? fit Amelia.

– Oui. Je pouvais supporter être enfermé à tort. Mais pas de laisser Harry en danger.

Amelia hocha sa tête, rassurée.

– Comment vous êtes-vous échappé ? demanda Rufus très intéressé.

– J'étais si maigre que je me suis faufilé à travers les barreaux sous ma forme d'Animagus. J'ai nagé pendant des siècles.

– Qu'est-ce tu voulais faire ? demanda Amelia.

– Tuer Pettigrow. Commettre le crime pour lequel on m'avait emprisonné.

– Mais tu n'as pas fait ça...

– Non. Je voulais voir Harry. Ça faisait douze ans. Je voulais juste l'apercevoir avant d'aller à Poudlard. Mais quand je l'ai vu... Je n'ai pas pu le quitter. Il était dehors en pleine nuit et il semblait bouleversé donc... J'ai décidé de rester avec lui.

– Comment tu as fait pour gagner sa confiance ? demanda Amelia très étonnée.

– Si je te dis qu'il m'a suivi et écouté sans sourciller tu me croirais ?

Amelia avait effectivement du mal à le croire et songea que ses vues sur la famille moldue de Harry était plutôt bonne.

Sirius leur raconta la rencontre avec Harry et le plan qu'ils avaient monté pour attraper Peter. Il ne parla pas des Dursley, mais Amelia remarqua que dès qu'il prononçait le nom de la famille moldue, il serrait les poings. Alan lui jetait des regards courroucés, semblant ne pas vouloir qu'il parle de tout ça. Amelia songea qu'il y avait sirène sous rocher.

Rufus aussi sentit qu'il y avait quelque chose. Certes, Black avait voulu protéger Harry de Peter. Mais à présent, il semblait prêt à tout pour protéger son filleul, sans raison apparente. La présence de l'avocat de Black l'empêchait de poser les questions qui lui trottaient dans la tête.

Ils parlèrent longuement du procès à venir, des preuves qu'ils avaient rapportées et du fait que le procès devrait bien se passer. Alan mena le reste de l'entretien, Sirius comprenant qu'il en avait déjà dit beaucoup.

– Tu pourras témoigner au procès, dit Amelia à la fin de l'entretien.

– Merci à vous deux, d'avoir fait tout ça, remercia Sirius chaleureusement en saluant les deux personnes en face de lui.

– Pas de quoi. La justice va être enfin faite, sourit Amelia.

Sirius se transforma en chien et sautilla autour d'Amélia qui consenti à affronter sa peur et le caresser de la pulpe de ses doigts. Il lui lécha la main et elle la retira d'un air dégoûté.

– Eurk.

Une fois Sirius et son avocat partis, Rufus se tourna vers Amelia.

– Tu lui fais confiance ?

– Absolument, dit Amelia. Il est innocent et... J'aimerai bien qu'on parle de Harry, j'ai bien vu qu'il y avait quelque chose avec lui mais il n'a pas osé en parler avec son avocat.

– On a besoin d'un entretien sans le chien de garde.

– Je m'en charge, assura Amelia.

.

Le mois de janvier passa à une vitesse affolante. Harry était épuisé. Entre les cinq entraînements de Quidditch, les cours particuliers de méditation avec Remus, les footings et ses devoirs, il était débordé. Il travaillait tard le soir et avait à peine le temps de discuter avec Susan quand ils se retrouvaient à la bibliothèque.

Mais Harry n'était pas pire que Hermione qui semblait au bord de la crise de nerfs. Harry savait qu'elle suivait beaucoup d'options et il n'était pas rare qu'elle soit la première à travailler le matin et la dernière à aller se coucher, entourée de livres et de parchemins.

– Comment tu t'y prends pour réussir à faire tout ça ? s'étonna Harry un soir, regardant l'impressionnante quantité de livres qui s'étalait sur la table.

– Il suffit de travailler dur, répondit Hermione.

Elle avait l'air aussi fatiguée que Lupin une veille de pleine lune et ses cernes étaient impressionnants.

– Pourquoi tu ne laisses pas tomber une ou deux matières ? suggéra Harry en voyant qu'elle faisait une traduction de Runes.

– Je ne pourrais jamais faire une chose pareille ! s'indigna Hermione.

Harry savait que Hermione était attachée à ses cours, mais ce n'était pas pour cela que ça ne l'inquiétait pas.

– J'ai fini ma traduction de Runes, tu la veux ?

Hermione le regarda et hésita un long moment, avant de refuser. Ce n'était pas dans ses habitudes de copier sur quelqu'un. Harry se demanda comment il n'avait pas fait pour voir que Hermione n'allait pas bien.

– Tu es sûre que ça va ? Tu veux qu'on aille voir Hannah et Susan ?

– Pas aujourd'hui, souffla Hermione les larmes aux yeux. Je vais bien, j'ai juste beaucoup de boulot à finir.

Harry acquiesça et la laissa avec ses parchemins. Il s'autorisa lui-même une pause et partit à la recherche des Poufsouffles qu'il trouva à une table dans la bibliothèque. Il fit un petit signe de tête à Hannah qui sortit sur ses talons.

– Tu as parlé à Hermione ces derniers jours ? s'enquit-il.

– Pas trop, avoua Hannah. Elle est débordée en ce moment.

– J'ai peur qu'elle soit surchargée, fit Harry en s'accoudant contre le mur.

– Je crois qu'elle est un peu débordée. Tu veux que je lui parle ?

– Tu en connais pas Hermione, tu ne pourras jamais la sortir de ses bouquins, s'amusa Harry. Je suis juste inquiet, si elle ne vous parle plus... Je pense qu'elle ne fait que travailler.

– On va essayer de l'attirer chez les Poufsouffles, proposa Hannah qui fronça ses sourcils. Ne t'inquiète pas, il y a beaucoup d'examens en ce moment, mais ça va aller.

– J'espère.

– Susan m'a dit que tu lui avais offert un cadeau pour noël.

Harry se racla la gorge en rougissant.

– Je t'en ai offert un aussi, rappela-t-il.

Hannah leva ses yeux au ciel, amusée.

– Ça n'a pas la même signification. Tu m'as acheté des chocolats, tu lui as pris le livre qu'elle voulait depuis des siècles ! Je ne savais même pas que tu savais qu'elle le voulait.

– Elle m'en a parlé une fois, avoua Harry en rougissant.

– Tu l'aimes bien ?

– C'est une amie, oui.

– Mais tu l'aimes bien en tant qu'amie ou plus ? s'impatienta Hannah.

– Je ne sais pas, avoua Harry. Je ne me suis jamais posé la question. Et puis, avec le procès qui arrive, je n'ai pas trop le temps de penser à ça.

Hannah soupira et sembla hésiter entre le dépit et l'amusement.

– Vous êtes vraiment bouchés tous les deux, murmura la blonde.

– Pardon ?

– Non rien, dit Hannah. Allez viens, on va essayer de sortir Hermione de la bibliothèque.

– Je serai toi, j'éviterai de la mettre en colère. Elle connaît des sortilèges terrifiants.

.

– C'est un ami, répéta Susan en soupirant.

– Un ami plus, insista Hannah. Tu ne fais que parler de lui.

– Il est gentil et drôle donc oui, je te parle de lui.

– Tu ne parles pas des autres garçons comme ça.

– J'aime bien parler avec Harry, admit Susan avec réticence, mais je pense que ce n'est qu'un ami.

– Vous n'avez jamais essayé ?

– Pour la centième fois, non. Je ne pense pas que Harry ait envie d'une relation pour le moment. Et je pense que nous sommes plus des amis que potentiels petits-amis.

– Je suis sûr qu'il est attiré par toi, dit placidement Hannah.

Susan leva ses yeux au ciel sans répliquer tant Hannah semblait persuadée de ce qu'elle avançait. Hannah leva son bras pour saluer quelqu'un de loin et Susan se retourna pour voir Harry entrer dans la Grande Salle, robe de match en place, Eclair de Feu dans la main. Il avait les joues rouges en voyant que tout le monde l'observait alors que Dubois insistait pour mettre le balai au centre de la table comme un trophée.

– Il déteste l'attention, s'amusa Hannah.

– Regarde-le comme il est gêné.

– Il est mignon, c'est ce que tu as dis ?

– Hannah, gronda Susan.

– D'accord, j'arrête. Viens, il faut qu'on récupère Hermione avant le match.

– Tu penses qu'elle va venir ? s'enquit Susan.

– Harry est son meilleur ami, elle ne manquerait ça pour rien au monde, assura Hannah qui vit la tignasse de Hermione se faufiler vers le terrain. Hermione ! cria-t-elle.

Hermione s'arrêta et sourit en les voyant s'avancer.

– Vous venez chez les lions ? s'enquit-elle amusée.

Susan et Hannah hésitèrent un instant, parce qu'elles avaient toujours passé les matchs chez les Poufsouffles, mais il était si rare de voir Hermione en ce moment qu'elles décidèrent d'accepter. Hermione avait l'air tendu.

– Tu es impatiente de voir le match ?

– Quoi ? Oh non, tu sais je vais voir uniquement Harry, expliqua Hermione. Je ne suis pas très fan de Quidditch.

– Quelle idée, c'est le plus beau sport du monde, dit Susan les yeux brillants.

– Apparemment, grinça Hermione.

Les filles montèrent les marches des gradins des Gryffondors. Susan et Hannah furent ravies de l'ambiance qui y régnait, comme un jour de fête. Les Poufsouffles étaient derrière les leurs, mais les Gryffondors étaient les plus passionnés.

Dean Thomas avait enchanté une banderole où on voyait l'équipe de Gryffondor brandir la coupe. La foule tapait dans ses mains et chaque Gryffondor était debout, hurlant.

Quand l'équipe traversa le terrain, ce fut un tonnerre d'applaudissement qui les accueilli. Susan repéra tout de suite Harry, le plus petit, qui semblait gêné d'être au centre de l'attention.

– J'espère juste que Harry attrapera vite le Vif, j'ai une montagne de devoirs à faire.

Susan s'apprêtait à lui faire une remarque, mais Hannah lui écrasa discrètement le pied. Elle se souvenait encore de la crise de larmes de Hermione quand elle lui avait suggéré de lever le pied. Hermione était stressée et rien de ce qu'on ne pouvait lui dire n'allait l'aider. Et puis, c'était le moment de Harry, il ne devait surtout pas s'inquiéter pour Hermione.

– Mhm... dit simplement Susan. Cho Chang est une bonne adversaire.

– Il va être ébloui, s'amusa Hannah.

– Dans quel sens ? demandèrent les deux brunes.

– Elle est jolie, non ?

Hermione et Susan regardèrent le terrain et virent Cho Chang s'avancer pour saluer Harry. Cho Chang était effectivement une très jolie fille. Hermione et Susan grimacèrent d'un même mouvement.

– Ce n'est pas le genre à se faire distraire par un joli visage, dit Hermione. Quand il vole il ne pense à rien d'autre.

– J'espère pour vous, ricana Hannah.

– Tu n'es pas censée soutenir Poufsouffle ? s'amusa Hermione.

– Je défendrais toujours Poufsouffle. Mais ensuite Gryffondor. On sait tous que Harry est le meilleur Attrapeur de l'école.

Hermione eut un sourire de fierté sur le visage.

– Il est doué.

– Il est si talentueux, confirma Susan. Personne n'a jamais réussi à le battre ! A part Cédric mais tout le monde sait qu'il ne s'agissait que d'un coup de chance.

Les filles frissonnèrent en se souvenant du corps de Harry qui tombait de son balai.

– Dubois et Davies, serrez-vous la main, dit Madame Bibine. Enfourchez vos balais... Attention, à mon coup de sifflet... Trois, deux, un...

Harry décolla et l'Eclair de Feu fila plus haut et plus vite que tous les autres balais. Il amorça un tour du stade et commença à chercher le Vif d'or des yeux.

– Elle le suit comme un petit chien, grinça Susan. C'est une technique de lâche.

– Mais une bonne technique, dit Hannah. Elle sait qu'il a l'œil pour apercevoir le Vif.

– Aucune technique, grinça Susan.

– Elle vole bien, dit Hermione. Du moins, de ce que je vois.

– Oui, mais rien à voir avec Harry, dit Susan. Regarde-le, on dirait qu'il n'a pas de balai, c'est juste impressionnant.

En effet, même si Cho Chang suivait Harry de près et lui coupait sa trajectoire, tout le monde pouvait voir à quel point Harry était fait pour voler. Il était dans l'instinct, tournant, piquant et fonçant sans même sembler se rendre compte de ce qu'il faisait.

A un moment, Harry mis toute la puissance de son balai et Cho fut incapable de le suivre, sous les encouragements des Gryffondors. Katie Bell marqua le premier but et déchaîna les Gryffondors et les deux Poufsouffles qui sifflèrent avec joie en tapant dans leurs mains.

Hermione regardait à peine le match, occupée à fixer Harry. Elle avait peur pour lui et c'était pour ça qu'elle tenait à être présente à chaque match. Elle ne se souvenait que trop bien de son tout premier match où elle l'avait sauvé de Quirrell qui avait ensorcelé son balai, du Cognard fou de Dobby l'année dernière, des détraqueurs cette année. Non, Hermione ne serait rassurée que quand Harry aurait posé le pied à terre, complètement en sécurité.

– Il l'a vu ! hurla Hermione en voyant Harry plonger en piqué.

Hermione mit ses mains devant sa bouche, incapable de détourner le regard, alors que Harry fonçait vers le sol à toute vitesse. Il était si proche du sol. Il fonçait presque parallèlement au sol et la foule le fixa, craignant qu'il ne s'écrase. Soudain, un cognard envoyé par un batteur des Serdaigles surgit devant Harry qui l'évita avec habilité et un instinct prodigieux, le cognard passant à l'endroit où s'était trouvée sa tête une seconde plus tôt.

Le Vif d'or en profita pour disparaître. Il y eut un grand "Oooooh" de déception parmi les supporters de Gryffondor, mais aussi de très nombreux applaudissements parmi ceux de Serdaigle pour saluer le joli coup de leur Batteur.

Hermione et Susan avaient attrapé la main l'une de l'autre, terriblement inquiètes, retenant leur respiration.

– Je déteste ce sport, grimaça Hermione.

Harry ne sembla pas comprendre qu'il avait échappé de très peu à la mort et continua de voler avec aisance autour du terrain, jetant des coups d'œil frénétiques autour de lui. Les Serdaigles remontaient doucement le score.

– Il accélère, fit Hannah en voyant Harry foncer vers les buts de Serdaigles. Il accélère ! Vas-y Harry !

Cho surgit soudain devant Harry, en travers de sa trajectoire, sous les exclamations agacées des Gryffondors. Harry fit une embardée pour éviter la collision.

Hermione semblait furieuse.

– Sérieusement ! Elle ne sait pas chercher par elle-même ! cria-t-elle en brandissant son poing en l'air.

Susan et Hannah se regardèrent avant de ricaner dans leur coin.

– HARRY FAIS LA TOMBER DE SON BALAI S'IL LE FAUT ! hurla Dubois.

Son cri fut entendu par tout le stade qui rigola. Hermione semblait plutôt d'accord avec lui et sautillait d'impatience pour que Harry attrape enfin le Vif d'or. Hannah et Susan avaient arrêté de rigoler et continuaient de fixer Harry qui s'éleva de plusieurs mètres, avant de plonger en piqué.

– Argh... murmura Hermione en serrant le bras de Susan qui semblait incapable de détourner son regard.

Il allait si vite, trop près, trop proche... La foule repris son souffle en voyant Harry à quelques mètres du sol, avant qu'il ne remonte brusquement dans une chandelle magnifique. Cho continuait de foncer vers le sol, ne comprenant pas que Harry venait de feinter.

– VAS-Y Harry ! crièrent les filles extatiques en voyant Harry bifurquer et foncer vers les buts adverses où scintillait le Vif d'or.

Tout le monde avait les yeux fixés sur Harry et le Vif d'or, qui flottait paisiblement près des buts des Serdaigles. Harry gagnait du terrain. Cho peinait derrière. Harry tendit sa main et parvint à refermer les doigts sur la petite balle ailée. Le sifflet de Madame Bibine retentit.

Le foule exulta de joie. Susan, Hermione et Hannah hurlèrent de bonheur en se prenant dans les bras, criant leur joie de voir Gryffondor gagner et se rapprocher un peu plus de la Coupe de Quidditch. Les supporters de Gryffondor lançaient des acclamations enthousiastes.

Sur le terrain, les coéquipiers de Harry foncèrent vers lui et l'étreignirent avec force. George le serra si fort que Harry se demanda s'il n'allait pas lui arracher la tête. Olivier pleurait de joie.

Quand l'équipe atterrit sur la pelouse, le terrain fut rapidement envahi d'une nuée de supporter, Ron à leur tête. En un instant, il fut englouti par une foule déchaînée.

– Bravo ! hurla Ron en levant le bras de Harry. Bravo ! Bravo !

– Tu as été extraordinaire, Harry ! cria Seamus.

– Ça c'était quelque chose ! rugit Hagrid dont la tête dépassait de la foule des supporters.

– Félicitations, dit une voix à l'oreille de Harry.

Harry se retourna et vit le professeur Lupin.

– Merci professeur, sourit Harry.

– Je pense que Patmol va être ravi d'avoir un compte-rendu, fit le professeur en lui lançant un clin d'œil amusé.

– Je compte sur vous pour lui passer le message.

Soudain, Susan se précipita dans ses bras pour le féliciter, semblant aussi heureuse qu'Olivier et fut suivie par Hannah et Ron qui sautaient de joie.

– Harry dépêche-toi il y a une fête à la Salle Commune, dit Fred en l'attirant à sa suite.

– On se voit rapidement ! cria Harry à Susan qui rigolait ne lui en voulant pas de l'abandonner sur le stade.

Accompagné de ses coéquipiers, Harry prit la direction du château. C'était comme s'ils avaient déjà gagné la coupe de Quidditch. La fête dura toute la journée et se prolongea jusqu'à une heure avancée de la nuit.

Fred et George disparurent pendant deux heures et revinrent les bras chargés de bouteilles de Bièraubeurre, de soda à la citrouille et de plusieurs sacs de friandises de chez Honeydukes.

– Tu es venue voir le match ? demanda Harry à Hermione qui avait refusé de se joindre aux festivités et essayait de lire un énorme volume poussiéreux, malgré le bruit affolant dans la Salle Commune.

– Bien sûr que oui, répondit Hermione. Je suis très heureuse que nous ayons gagné et je trouve que tu as très bien joué, mais je dois lire ça pour lundi.

– Allez, Hermione, viens manger et boire quelque chose, dit Harry.

– C'est impossible, Harry, dit Hermione qui semblait au bord de la crise de nerf. Il me reste encore trois-cent-cinquante pages à lire.

Harry soupira en la voyant se ronger les ongles.

– Pense à Bulla en faisant un cercle avec ta baguette. Pour l'enlever tu penses pareil en faisant une croix. C'est un sortilège que ma mère a inventé.

Hermione haussa un sourcil, le lança et écarquilla ses yeux en comprenant son utilité. Elle lui lança un regard de remerciement, avant de continuer sa lecture dans le calme. Harry regarda une dernière fois son amie, craignant qu'elle n'en fasse trop, avant de se faire entraîner par George pour tester l'une de leurs inventions.

La fête des Gryffondor ne prit fin qu'à une heure du matin, lorsque le professeur McGonagall apparut dans sa robe de chambre écossaise, les cheveux recouverts d'un filet, pour exiger que tout le monde aille se coucher. Epuisé, Harry se mit au lit et s'endormit paisiblement.