PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Comme d'habitude, je voudrais remercier chacune et chacun d'entre vous qui commentez, lisez, favoritez, aimez cette histoire. Les chiffres continuent d'augmenter et j'en suis très touchée. J'ai de très bons retours donc un grand merci à vous. Jamais je n'aurai pensé que cette histoire puisse plaire à ce point. Merci à vous de suivre les aventures de Sirius et Harry !

Avec ce chapitre, je dépasse les 200.000 mots. Je n'ai jamais pensé, en la commençant, que j'arrivais à ce chiffre inconsidéré. Surtout que l'histoire est loin d'être finie ! C'est grâce à vous, évidemment, puisque vous m'encouragez à continuer, certains me donnent des idées fantastiques donc un grand merci à vous tous.

S'agissant de ce chapitre, j'introduis un de mes personnages préférés de tous les temps : Luna ! Je l'ai adoré dans les livres. Je vais essayer de garder l'optique du canon, mais Luna est un personne très difficile à écrire. J'espère qu'elle vous plaira autant qu'à moi.

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez, vos théories et vos envies !

Je vous souhaite une bonne lecture.


Partie 2. Chapitre 13.

"Luna Lovegood"

– Le Chicaneur, c'est quoi ? s'étonna Harry en regardant son parrain à travers le miroir à double sens.

C'est un journal un peu borderline, expliqua Sirius.

Sirius avait prévu de donner une interview exclusive à un journal, une fois son innocence prouvée et avait insisté auprès d'Alan pour le choisir. Il avait été intransigeant, malgré le refus catégorique qu'Alan avait voulu lui imposer. La Gazette était hors-jeu en raison de sa complaisance avec le Ministère et Sirius voulait le Chicaneur.

– C'est un magazine people ?

People, c'est quoi ça ?

– Ce sont des magazines moldus qui parlent des stars, racontent leurs vies...

– Euh, non pas tellement, rit Sirius. Le but du Chicaneur c'est de révéler les vérités qu'on cache au monde magique. Mais bon, le plus souvent les théories sont inventées.

– Oh... Un peu comme une parodie ?

– Oui, sauf que c'est sérieux. Pour eux du moins. C'est plutôt drôle de ce que je me souviens. Le directeur s'appelle Xenophilius Lovegood. Il a une fille à Poudlard, il me semble.

– Ok... dit Harry qui se demandait si Sirius était sérieux. Et tu veux que ta première interview soit faite dans ce journal ?

Oui, dit Sirius d'un ton sûr de lui. Le Chicaneur est le seul qui a un jour contesté mon emprisonnement. Bon, ils ont dit que j'étais un chanteur nommé Stubis quelque chose, mais ils m'ont soutenu à leur manière. C'est Remus qui me l'a envoyé. Donc je les veux.

Harry soupira en songeant que Sirius était parfois difficile à suivre.

– D'accord. Je te fais confiance, même si un magazine un peu plus sérieux pourrait être mieux.

C'est ce que m'a dit Alan, admit Sirius. Mais les magazines sérieux n'ont jamais rien fait pour moi. Je vais donner un coup de pouce au Chicaneur. Mais je veux quand même que mon interview soit fidèle à ce que je vais dire. J'ai envoyé une lettre à Xéno et il était ravi.

– Il t'a cru ?

– Sans aucune hésitation, dit Sirius. Il va m'envoyer un journaliste. On se retrouve au bureau d'Alan.

Harry souffla de soulagement en songeant que l'avocat irascible de Sirius pourrait recadrer le débat. Harry savait que cette première interview était essentielle puisqu'elle participait du grand plan de Alan et Sirius pour que ce dernier ait sa garde. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur.

Xéno m'a dit qu'il n'écrirait rien sur les Ronflacks pour me laisser la une après le procès. Il semblait être persuadé que je vais être innocenté.

– Parce que tu vas l'être, affirma Harry en levant ses yeux au ciel. Donc il prépare la une et il l'envoie quand ?

– Le lendemain du procès.

– C'est quoi un Ronflack ?

– Tu ne veux pas le savoir, rit Sirius. Ça n'existe pas.

Sirius lui lança un clin d'œil à travers le miroir, avant de lui demander comment se passaient les cours et les entraînements de Quidditch pour la grande finale. A la fin de la conversation, Harry se promit de chercher qui était la fille de ce Lovegood pour s'assurer que rien ne serait déformé. Chicaneur ou non, Sirius devait être pris au sérieux.

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Harry comprit que Hermione était à bout de nerfs quand il ne la vit pas en cours de Sortilèges. Lui et Ron étaient très inquiets et furent surpris de la trouver assise à une table, la tête posée sur un livre ouvert d'Arithmancie, profondément endormie.

– Elle dort ? s'exclama Ron les yeux écarquillés.

Harry secoua légèrement l'épaule de Hermione.

– Qu... Quoi ? balbutia Hermione en se redressant brusquement, l'air affolé. C'est déjà l'heure ? Qu'est-ce qu'on a comme cours maintenant ?

– Tu as Divination. Comme ça se fait que tu ne sois pas venue au cours de Sortilèges ?

– Quoi ? Oh, non ! s'exclama-t-elle. J'ai oublié d'y aller !

– Oublié ? s'étonna Harry les yeux ronds comme des soucoupes.

Jamais Hermione n'avait séché un cours de sa vie.

– Je n'arrive pas à y croire.

– Hermione, tu en fais trop... commença Ron en pesant ses mots.

– Non, certainement pas ! protesta Hermione en écartant ses cheveux de devant ses yeux. Je me suis simplement trompée, c'est tout. Je vais aller voir le professeur Flitwick et lui dire que je suis désolée.

Le soir, Ron vint le voir paniqué en lui disant que Hermione était partie en furie du cours de Divination. Harry tenta de lui faire entendre raison, mais elle le menaça de lui jeter un sort.

– Tu connais quelqu'un qui s'appelle Lovegood ? demanda finalement Harry à Hermione qui n'avait de toute évidence aucune envie de parler de sa charge de travail. Son père est un journaliste.

– Loufoca ? s'étonna Hermione en relevant sa tête de son devoir d'Arithmancie.

– Loufoca ? répéta Harry étonné. C'est son prénom ?

– Euh... Non, rougit Hermione. Elle s'appelle Luna.

– Pourquoi tu l'appelles Loufoca ?

– Eh bien... euh... tout le monde l'appelle comme ça, en fait, balbutia Hermione un peu gênée.

– Tout le monde ? Je n'ai jamais entendu parler d'elle, avoua Harry en fronçant ses sourcils cherchant à oublier son ventre qui venait de se tordre d'angoisse.

Hermione souffla un moment, le regardant comme si elle savait qu'il pouvait mal réagir.

– Son père est le directeur du Chicaneur. C'est son journal. C'est une vraie poubelle, dit-elle d'un ton supérieur. Ils ne se basent sur aucun fait, c'est un canular. Mais ils sont sérieux et des gens croient à leurs sornettes. Ce n'est pas du vrai journalisme. Et Luna... Elle est aussi très étrange.

– Donc, parce qu'elle est étrange tout le monde l'appelle Loufoca ?

Hermione dut sentir l'agacement dans sa voix puisqu'elle se figea un moment.

– Harry... soupira-t-elle. Ce n'est pas ça. Elle est vraiment bizarre. Je veux dire, elle marche sans chaussures parfois ! s'exclama-t-elle comme pour se justifier.

– Tu devrais ralentir le rythme, dit simplement Harry en se levant.

Hermione regarda Harry s'éloigner sans lui adresser un dernier regard. Elle soupira et invoqua une bulle de silence pour se replonger dans son devoir.

Harry attrapa ses chaussures et fila courir, même s'il était déjà tard. Il avait sa cape dans la poche, au cas-où il dépasserait le couvre-feu. En s'élançant autour du lac il prit le temps de réfléchir à ce que lui avait dit Hermione. Il ne savait plus quoi faire.

"Elle marche sans chaussures". Harry savait que cette phrase faisait écho à sa propre histoire. Il avait déjà dû marcher sans chaussures quand Dudley s'amusait à jeter les siennes. Il se souvenait d'un été où ses pieds avaient mis plus de trois mois à cicatriser. Se pourrait-il que Luna soit victime de la même chose que lui ?

Il songea d'abord que Poudlard était une école, une maison, une grande famille remplie de gens bienveillants. Les professeurs étaient présents et auraient fait quelque chose. Il ne pouvait pas y avoir un tel harcèlement.

Mais la réalité heurta Harry au moment où il fit son deuxième tour de lac. Parce que lui-même en avait été victime. En première année, quand il avait fait perdre plus de cent cinquante points à Gryffondor et que personne n'avait voulu lui parler. En deuxième année quand on avait su qu'il parlait Fourchelang. Il avait été exclu, montré du doigt. Tout le monde lui avait tourné le dos et même le professeur McGonagall n'était pas intervenue.

Il se souvenait des conversations avec Sirius, de la façon dont ils avaient traité Rogue avec son père, parfois de façon cruelle sans que personne ne leur dise grande chose. Non, Poudlard pouvait être aussi un environnement hostile.

Il hésita un moment à ne pas s'occuper de Luna et faire comme s'il n'était pas au courant. Après tout, Sirius pouvait tout aussi bien s'occuper de l'interview. Il avait des amis, il se sentait bien, il ne voulait pas que quelqu'un ne vienne l'embêter avec Luna Lovegood. Un autre combat à mener lui semblait insurmontable.

Puis, il se souvint du petit Harry qui courrait pour échapper à Dudley. De la façon dont il avait espéré que quelqu'un le sorte de là. Luna devait espérer la même chose si c'était le cas. Et, maintenant qu'il le savait, il ne pouvait pas le supporter. Personne ne méritait une telle chose.

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Le lendemain matin, Harry évita Hermione et chercha dans la Grande Salle une personne qui pourrait correspondre à Luna Lovegood. Il la trouva instantanément, à la table des Serdaigles. Elle avait des cheveux blonds qui lui tombaient à la taille, des sourcils très clairs et de grands yeux bleus qui lui donnaient un air surpris. Elle dégageait une aura de folie douce. Elle avait collé sa baguette magique sur son oreille gauche à laquelle pendait une boucle en forme de radis, elle portait un collier constitué de bouchons de Bièraubeurre et était en train de lire le Chicaneur qu'elle tenait à l'envers. Elle était assise seule et Harry ne put manquer les regards moqueurs que lui portaient certains Serdaigles.

Harry prit sa décision instantanément. Il allait parler à Luna. Parce qu'en la voyant si isolée, au sein de sa propre maison, Harry ne put que se voir à sa place. Et ça lui tordit le ventre si fort qu'il eut envie de vomir. Il ne pouvait pas cautionner ça. Pas quand lui-même avait été victime d'un tel isolement par Dudley quand il était plus jeune. Il se souvenait de son cousin qui menaçait quiconque essayant de devenir son ami. L'isolement, les moqueries, pour ne pas déplaire à Dudley, les regards sur lui, la haine, la sensation de ne pas être à sa place, d'être un moins que rien. D'être bizarre. Et c'était probablement ce qui ne plaisait pas aux autres. La différence.

Il prit son courage à deux mains, sachant qu'il allait être observé et sans doute critiqué pour ça. Pour la première fois, il espéra que l'étiquette du "Survivant" pourrait l'aider et faire taire les critiques. Il s'approcha d'un pas décidé de la table des Serdaigles, s'assit à ses côtés et attrapa les céréales.

– Bonjour Luna, dit-il sur le ton de la conversation.

Elle posa sur lui ses grands yeux bleus avant d'hocher la tête, comme si elle l'autorisait à prendre place à ses côtés.

– Tu es Harry Potter, dit-elle.

Harry fut surpris par le ton très doux avec lequel elle lui parlait, comme une caresse. Elle ne détachait pas son regard de lui et il n'y vit qu'une sincère curiosité.

– Et toi tu es Luna Lovegood.

Elle hocha sa tête, semblant ravie qu'il la connaisse.

– Tu veux me parler de Sirius Black ? supposa-t-elle.

– Entre autres, grimaça Harry qui ne voulait pas qu'elle se sente utilisée.

– Il est innocent, dit-elle d'une voix assurée.

– Euh... oui. Oui, il est innocent. Merci de faire un article sur lui.

– C'est normal, dit-elle d'une voix sincère avant de sourire. Après tout, c'est un chanteur qui était avec un ami de mon père le jour du crime. Ça ne pouvait pas être lui.

– Euh, oui, en effet, dit Harry en éclatant de rire avant de voir qu'elle était sérieuse. Peut-être qu'on pourra juste s'en tenir au fait qu'il est innocent ?

– On fera comme tu le souhaites, Harry Potter. Le journal paraîtra après le procès.

– S'il est innocenté, soupira Harry.

– Il le sera, affirma-t-elle d'une voix ferme.

– Merci, Luna. Ça me touche beaucoup. Je peux prend mon petit-déjeuner avec toi ?

– Avec plaisir, Harry Potter, dit-elle en étirant son visage en un sourire très sincère.

– Appelle-moi juste Harry.

– D'accord, juste Harry.

Elle éclata de rire à sa propre blague et Harry trouva que son rire allait bien avec sa personnalité ; un peu loufoque, étrange mais très attachant.

Ils passèrent l'intégralité du repas à parler du Chicaneur, des recherches de Xenophilius sur les Ronflacks et du collier de Luna. Harry passa un délicieux moment, sans doute parce qu'il avait encore cette innocence de garçon élevé par des moldus, lui permettant de croire à certaines histoires.

Il se prit à éclater de rire quand Luna lui raconta des voyages qu'elle avait fait avec son père pour y découvrir des créatures magiques ou encore pour obtenir des interviews. Il ne croyait pas toutes les théories, mais s'octroya la possibilité de croire que les fées angol, qui apportaient du bonheur à tous les enfants qu'elles croisaient, existent réellement.

Il ne comprenait pas ce que les gens pouvaient trouver de bizarre chez Luna au point de l'appeler Loufoca et de lui piquer ses affaires. Elle était étrange, oui, mais il la trouvait aussi adorable sans comprendre pourquoi. Peut-être parce que les étrangetés ne l'étonnaient plus dans le monde magique. Tout y était étrange. Il n'avait pas vécu dans le monde magique et il pouvait admettre que certaines choses existent sans aucun jugement, parce qu'il n'y connaissait rien.

– Tu n'as pas froid ? s'enquit Harry en voyant qu'elle ne portait pas de chaussures comme le lui avait dit Hermione.

– Un peu. Mais ce sont les Nargoles qui ont pris mes affaires. Elles finiront par revenir, comme toujours.

– Oh...

Harry sentit son sang se figer. Il ne savait pas ce qu'étaient des Nargoles, mais il était évident que ce n'était pas eux qui étaient responsables de la disparition des affaires de Luna. Piquer des chaussures à quelqu'un en plein hiver, il ne savait pas qui avait eu l'idée d'une telle blague, mais cette personne devait espérer ne pas tomber sur un Harry Potter furieux.

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Dans la journée, Harry profita d'une heure de creux pour enfiler sa cape d'invisibilité et suivre Ginny Weasley qu'il savait être de la même année que Luna. Il se demandait ce qu'auraient pensé les Weasley s'ils l'avaient vu en train de suivre leur sœur. Harry déglutit difficilement en imaginant ce que les jumeaux pourraient lui faire pour ça. Mais il devait simplement être sûr. Il ne pouvait pas débarquer, faire le héros comme d'habitude, sans prendre la mesure de ce qu'il se passait.

Il remarqua à sa grande surprise que Ginny était aussi très distante, même si elle parlait avec quelques personnes, il sentait qu'elle n'avait pas de vraies amies. Il ne savait pas si c'était dû à l'année passée où elle avait été possédée pendant la moitié de l'année. Harry sentit son cœur se pincer. Elle aussi n'avait pas été épargnée. Possédée à onze ans, sans que personne ne prenne la mesure du traumatisme qu'elle avait pu vivre. Se souvenait-elle du Basilic ? Des paroles enjôleuses de Tom ? Des pétrifications ? Harry songea à ce moment que lui aussi n'avait pas été le seul dommage collatéral. Et si quelqu'un pouvait avoir peur et être traumatisée, c'était bien Ginny.

Il secoua sa tête en la suivant vers un cours d'Histoire de la Magie qu'elle avait en commun avec les Serdaigles.

– Bonjour Luna, dit doucement Ginny qui s'approcha immédiatement de la blonde.

Les deux filles commencèrent à discuter et, au grand soulagement de Harry, Ginny ne portait aucune trace de moquerie ou de jugement quand elle parlait à Luna. Il n'aurait pas supporté que la sœur de son meilleure amie face partie du harcèlement contre Luna.

Les autres élèves ne leur prêtaient pas attention. Harry songea alors qu'il s'était peut-être trompé et que Luna était simplement un peu folle. Qu'elle aimait se promener en chaussettes dans les couloirs froids de Poudlard. Il s'apprêtait à partir, ne voulant pas que quelqu'un découvre que le garçon-qui-a-survécu observait des filles de deuxième année.

C'est à ce moment que Harry vit un groupe de garçons de Serdaigles, d'une année supérieure à la sienne, passer devant Luna. Harry vit l'un d'eux sortir sa baguette, alors que le sac de Luna se déchirait déversant son contenu sur le sol. Luna sourit tranquillement, comme si cela était parfaitement normal, avant de se baisser pour ramasser ses sacs.

– Oh, Loufoca. Pourquoi tu as renversé tes affaires ? demanda un garçon qui la bouscula légèrement alors qu'elle était agenouillée, la faisant tomber sur ses fesses. Regardez, Loufoca la tarée ne sait pas tenir debout.

Harry vit rouge. Au moment où il lança un Furunculus sur le garçon, ce dernier reçut un Chauve-Furie. Le garçon porta ses mains sur son visage pour se protéger des chauves-souris, mais tout le monde eut le temps de voir des furoncles recouvrir l'intégralité de son corps.

– Dégage, Flaks, dit sèchement Ginny bien qu'étonnée de le voir recouvert de furoncles.

Les garçons s'enfuirent rapidement alors que Ginny aidait son amie, regardant autour d'elle pour savoir qui avait pu les aider. Harry n'avait jamais vu Ginny comme ça. Il ne la connaissait que comme la petite-sœur de Ron, qui était amoureuse de l'idée qu'elle se faisait de lui. Il ne l'avait vu que rougissante, timide. Jamais il ne l'aurait pensé capable de lancer un tel sortilège pour défendre une amie, face à des élèves de deux ans plus vieux qu'elle, qui pouvaient se venger. Ses yeux scintillaient de rage et elle ressemblait tant à la fille de Molly à ce moment que Harry se promit de ne jamais la mettre en colère.

Harry décida qu'il était temps de partir, rassuré de savoir que Luna n'était pas seule. Perdu dans ses pensées et trop furieux à l'idée de ce qu'il venait de voir, il ne vit pas le Gryffondor qui arriva vers lui. Il réussit à l'éviter de justesse, mais son coude sortit un moment de la cape.

En partant, il n'eut pas le temps de voir le regard de Ginny Weasley à l'endroit où le membre de son corps était apparu, ni le sourire satisfait qu'elle arborait en s'installant aux côtés de Luna.

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Tu penses qu'on peut leur faire confiance ? demanda Harry à travers le miroir, un peu inquiet.

– Oui, affirma Sirius. J'ai senti que Scrimgeour détestait Dumbledore et Amelia était outrée à l'idée qu'ils m'aient laissé sans procès. Ils sont convaincus que je suis innocent et Alan me l'a confirmé.

Je te fais confiance, mais fais attention. Tu as prévenu Alan ?

– Non, j'avais peur qu'il refuse.

Harry leva ses yeux au ciel.

Peut-être parce que c'est dangereux ?

– Je maîtrise, Harry. Et si je veux parler de l'opération Puzzle, il vaut mieux que peu de personnes soient au courant.

Tu vas chez Amelia ?

– Oui, elle m'a proposé un thé. Un thé chez la Directrice de la justice magique, tu imagines ! s'exclama Sirius extatique. Je suis un privilégié.

Pas un mot sur la Villa bleue ou le Square Grimmaurd, tant qu'on n'est pas sûrs. Il faut que tu aies une possibilité de replis.

– Ne t'inquiète pas Harry.

Et attends de voir pour Puzzle s'ils sont vraiment de ton côté.

– Oui c'est ce que j'avais prévu, dit Sirius amusé de voir à quel point Harry s'inquiétait. Je veux d'abord leur parler de Voldemort et de son retour, pour voir comment ils vont réagir.

Tiens-moi au courant.

– Toujours. Je te passe un coup de miroir ce soir pour te raconter.

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Sirius ajusta le col de sa robe sorcière et emprunta la cheminette pour arriver dans le salon d'Amelia avec élégance.

– Je suis jaloux, lâcha Rufus installé dans un fauteuil. Je n'ai jamais réussi à avoir l'air sérieux en sortant de là.

– Regarde-le ! siffla Amelia. Il n'a même pas de suie sur ses vêtements.

– Un simple sortilège d'imperméabilité, avoua Sirius en embrassant chaleureusement Amelia. Merci pour l'invitation.

Amelia sourit à son tour en lui indiquant que ce n'était rien. Rufus et Sirius se serrèrent la main plus formellement, mais ils restaient détendus.

– Nous n'attendons personne d'autre ? s'enquit Sirius en prenant place sur un fauteuil moelleux.

– Non, confirma Rufus.

– Pourquoi cette réunion ? demanda innocemment Sirius qui était secrètement ravi qu'ils aient pris contact avec lui.

– Nous avons des choses à nous dire qui ne concerne ni le Ministère ni Dumbledore, lâcha Rufus.

Sirius l'observa un long moment, avant de rigoler.

– Vous n'aimez vraiment pas Dumbledore.

– Vous non plus.

– Il m'a laissé pourrir en prison, dit froidement Sirius. Et il veut m'empêcher de voir Harry. Donc, non, je ne suis pas son plus grand fan.

Rufus sourit d'un air satisfait, songeant qu'ils allaient bien s'entendre.

– Vous pourriez vous tutoyer, fit Amelia en revenant avec le thé.

Rufus et Sirius se regardèrent en hochant la tête d'un commun accord.

– Pourquoi vous m'avez fait venir ? demanda finalement Sirius en regardant les deux personnes qui lui faisaient face.

– Je veux te parler de Harry, avoua Amelia.

– Harry ?

Sirius eut un mouvement de recul involontaire, prêt à montrer les crocs pour le protéger. Il ne s'était pas attendu à ça et craignait ce qu'ils pourraient lui dire. Il ne voulait pas que Harry ait des problèmes à cause de lui. Etait-ce parce qu'il avait aidé un criminel en fuite ? Amelia posa sur lui un regard doux comprenant ses inquiétudes.

– Rien de grave, assura-t-elle. Je veux savoir pourquoi il m'a écrit que ses moldus le détestaient.

Sirius soupira en se demandant par où commencer. Il ne s'était pas attendu à ça et ne savait pas ce qu'il pouvait révéler. Il avait pensé qu'ils parleraient uniquement du procès et de Voldemort mais, de toute évidence, ils avaient d'autres projets.

– Déjà, dit Amelia, je ne comprends pas comment tu as fait pour convaincre Harry de te suivre. Tu as dit qu'il t'avait suivi, mais pourquoi il aurait fait ça ? Il ne savait peut-être pas que tu cherchais soi-disant à te tuer, mais tu restais un criminel.

Harry lui avait donné l'autorisation de parler de ce qu'il avait vécu à Poudlard, mais il n'avait rien dit sur les Dursley. Sirius fit un rapide calcul stratégique et se dit qu'avoir Amelia et Rufus à ses côtés pour la garde de Harry ne pouvait pas faire de mal.

Alors il prit son courage à deux mains et en croisant leurs regards vraiment intéressés, il leur raconta sa première rencontre avec Harry, comment il avait été facile de le convaincre, le mois qu'ils avaient passé ensemble et surtout ce que Harry lui avait raconté sur les Dursley, semblant ne même pas se rendre compte de la gravité de la situation.

– C'est un scandale ! cria Amelia blanche comme neige. Tu sais, Susan m'a dit que Harry n'avait jamais eu de noël avec sa famille. Je savais qu'il y avait quelque chose !

– Calme-toi, dit Rufus en levant ses yeux au ciel. Ça ne sert à rien de s'énerver.

– C'est honteux ! enchaîna Amelia. Comment ont-ils pu faire ça à un enfant ?

Amelia éructait de rage, sous le regard amusé et soulagé de Sirius. Ils semblaient le croire.

– Il faut mener une enquête, aller voir les moldus. Il faut le sortir de là !

– Qu'est-ce que tu crois que j'essaie de faire ? rétorqua Sirius.

– Tu veux obtenir sa garde, constata Rufus qui n'avait pas perdu son flegme et sa sérénité de Chef des Aurors.

– Oui, dit Sirius. Je veux sa garde totale. Je ne veux plus qu'il mette les pieds chez les Dursley.

– Je ne comprends pas comment personne n'a pu voir ça, éructa Amelia.

Sirius haussa un sourcil d'un air entendu.

– Tu penses que Dumbledore l'a laissé là-bas en sachant ce qu'il se passait, devina Rufus.

– Je ne sais pas, avoua Sirius, mais je pense que ça l'arrangeait de fermer les yeux. Il n'a sans doute pas conscience de tout ça, mais bon...

Sirius soupira plusieurs fois, comme pour se calmer.

– Sa première lettre de Poudlard était adressée à "Harry Potter, dans le placard sous l'escalier", lâcha-t-il tendu. Ils l'ont fait dormir dans un placard jusqu'à ses onze ans. Ils l'ont privé de manger, ils ont mis des barreaux à sa fenêtre... On le traitait de monstre et...

La voix de Sirius flancha pour la première fois et Amelia se leva instinctivement pour poser son bras sur le sien, comme pour le soutenir.

– On va le sortir de là, assura-t-elle d'une voix douce.

– Si le directeur l'oblige à y retourner, je te jure Amelia que j'irais à Azkaban pour une bonne raison.

Le regard froid de Sirius la fit frissonner et elle sut qu'il était très sérieux à ce sujet.

– Je vais t'aider, promit-elle. Il n'y retournera pas.

– Dumbledore veut qu'il y retourne, indiqua Sirius les mains tremblantes de rage.

– Tu as parlé d'une protection de sang, se souvint Rufus.

Sirius expliqua tout ce qu'il savait sur ça, sur le fait que Dumbledore insistait pour que Harry y retourne pour maintenir cette protection et comment elle fonctionnait, de ce qu'il avait compris.

– Donc... Tu penses qu'il a volontairement laissé Harry là-bas pour cette protection de sang ? conclut Rufus.

Sirius hocha la tête les mâchoires serrées.

– Oui. Je pense qu'il sait que Harry n'est pas heureux, je ne sais pas s'il a conscience de tout ça, mais en tout cas il s'en fiche. Il faut qu'il y reste pour les protections.

– Mais c'est n'importe quoi, dit Amelia. Pourquoi il aurait besoin de cette protection ?

Sirius se figea un court moment, mais Amelia et Rufus le remarquèrent instantanément, comprenant qu'il y avait quelque chose qui se jouait ici. Il les dévisagea, comme s'il hésitait visiblement à leur confier quelque chose.

Rufus soupira en songeant qu'eux aussi avaient des choses à lui dire. Il sentait que Black cachait quelque chose et il voulait savoir ce que c'était.

– C'est délicat, admit Sirius en se redressant légèrement.

– Nous avons aussi une chose à te dire, énonça Amelia en voyant le regard de Rufus sur lui.

– A propos de quoi ?

– De la raison pour laquelle les Potter ont été pourchassés par Tu-Sais-Qui, lâcha Amelia.

Sirius écarquilla ses yeux un instant. Il n'avait jamais pensé qu'il y avait une raison. Il pensait juste que les Potter étaient une menace comme une autre qu'il fallait éliminer.

– C'est parce qu'ils faisaient partie de l'Ordre, non ? Non... dit-il en voyant leurs mines contrites. Dites-moi.

– C'est un secret, dit finalement Rufus. On prend de gros risques en t'en parlant.

– Et moi je prends des risques à vous parler de ce que je sais. Je ne sais même pas si je peux vous faire confiance, admit Sirius. Vous faites partie du Ministère.

Amelia sembla outrée qu'il remette en cause son intégrité, mais Rufus sourit tranquillement. Il aurait été surpris que Black leur fasse confiance après douze ans passés à Azkaban.

– Amelia, calme-toi, dit sèchement Rufus. C'est normal qu'il se pose des questions. Certes, on fait partie du Ministère, mais on discute avec un criminel qui s'est échappé d'Azkaban. On risque nos travails à faire ça et tu le sais bien, Sirius.

Sirius sourit légèrement en regardant Rufus.

– Je le sais et je vous remercie pour tout ça.

– Et grâce à nous tu as eu un procès. On cherche à te faire innocenter depuis des mois, continua Rufus d'une voix déterminée. Ce qu'on va faire, c'est qu'on va te parler de ce qu'on sait et ensuite tu nous diras ce que toi tu sais, ça te va ?

Sirius soupira un long moment. Harry lui avait dit qu'il avait confiance en Rufus, sans comprendre pourquoi. Sirius devait avouer que les deux personnes en face de lui prenaient des risques à lui parler. Il se dit qu'il pouvait toujours leur parler de Voldemort, après tout, ils avaient semblé le croire pour Harry sans trop de problèmes. Il se réserva la possibilité de leur parler des Horcruxes plus tard, quand il serait enfin innocenté et sûr qu'ils n'allaient pas tout révéler. C'était un secret qui pouvait être dangereux et personne ne devait être au courant.

– Ça marche, souffla Sirius.

Amelia laissa échapper un petit sourire victorieux.

– C'est Pettigrow qui nous a parlé.

– Peter ? s'étonna Sirius. Je savais que Lily et James étaient menacés, parce que Dumbledore le leur avait dit. Mais ils ne nous ont donné aucune raison. On a tous pensé qu'ils étaient recherchés à cause de l'Ordre, à cause de la famille de James et surtout à cause de Lily.

– Parce qu'elle était née-moldue ? devina Amelia.

– Oui. Ça faisait beaucoup pour une seule famille, grinça Sirius. Ils se sont battus plusieurs fois contre des Mangemorts, Voldemort avait voulu les recruter et ils ont refusé, donc bon, on n'était pas très étonnés. Qu'est-ce que le traitre vous a dit ?

Rufus prit une grande inspiration en regardant Amelia qui l'encouragea à continuer. Ils s'étaient mis d'accord sur le fait que Sirius devait être au courant.

– Une prophétie a été faite.

– Une prophétie ? répéta Sirius d'un air dubitatif.

– Oui. Pettigrow ne savait pas grand-chose, expliqua Rufus. Il a dit qu'une prophétie avait été rendue qui concernait deux familles, les Potter et les Londubat et que, quand Tu-Sais-Qui en avait eu connaissance, il avait décidé de les éliminer.

– Une prophétie ? répéta Sirius sous le choc. Il aurait tué les Potter à cause d'une prophétie ? C'est n'importe quoi. On sait bien que c'est une branche de la magie très floue. On sait ce qu'elle disait ?

– Non. Pettigrow n'en savait rien, grimaça Rufus.

– Mais ? devina Sirius en voyant Amelia serrer sa mâchoire.

– On s'est renseigné auprès de certaines personnes, éluda Rufus.

– Oh. Vous avez été au Département des Mystères. Je vous rappelle que j'y ai travaillé, rappela-t-il en voyant leurs regards interloqués. Comment vous êtes au courant de la salle des prophéties ?

– Je suis la Directrice de la justice magique et, Rufus, le Chef des Aurors, ça nous donne accès à quelques privilèges, s'amusa Amelia. Evidemment, on n'a pas pu aller directement voir. Surtout que...

– Seule la personne qui fait l'objet de la prophétie peut la retirer, continua Sirius amusé. Je vous l'ai dit, j'ai travaillé là-bas.

Amelia semblait sur le point de le harceler de questions sur son ancien travail, mais Rufus lui coupa la parole.

– Nous sommes allés voir le Directeur du Département, Goldberg. Il était très réticent, mais on l'a convaincu, dit-il avec un sourire carnassier. Il y a bien une prophétie qui a été faite, au moment où les Potter ont commencé à se cacher. La prophétie désignait Tu-Sais-Qui, mais il y avait un doute sur l'autre personne visée. Cela pouvait de toute évidence concerner plusieurs personnes. On a donc déduit que Pettigrow avait dit vrai et qu'elle pouvait concerner les Potter ou les Londubat.

– Je me souviens qu'Alice et Frank se sont cachés aussi, dit Sirius. Mais attends... Tu as parlé de la personne concernée.

Amelia et Rufus se regardèrent un long moment, avant de fixer Sirius d'un air grave.

– Le Directeur du Département nous a indiqué qu'une prophétie avait été réalisée, qui concernait Tu-Sais-Qui et la personne inconnue. Cette personne inconnue s'est avérée être... Eh bien c'est...

– Harry Potter, intervint Rufus en voyant qu'Amelia ne parvenait pas à le dire.

Sirius sentit son cœur rater un battement. Amelia se leva en le voyant blanchir et lui versa un verre de Whiskey pur Feu qu'il avala d'une traite.

– Vous êtes sûrs ?

– Oui, dit Rufus. La prophétie a été entendue par Albus Dumbledore, ce qui explique pourquoi il a dit aux Potter de se cacher. La prophétie désignait de toute évidence un enfant. En allant tuer les Potter, Voldemort a semblé choisir Harry comme l'autre personne de la prophétie.

– Donc... conclut Sirius en ricanant d'un rire sans joie. Voldemort ne cherchait pas à tuer les Potter. Il cherchait à tuer Harry.

– C'est ce que nous pensons, sans toutefois être sûr de cette analyse.

– Il a cherché à tuer un bébé à cause d'une prophétie ! éructa Sirius en reprenant un verre.

– On ne peut pas savoir ce que contient la prophétie sans que Harry n'aille la chercher, dit Rufus doucement.

– Mais ce n'est pas ce qu'on veut, n'est-ce pas ? dit Amelia sèchement. Harry est un enfant. Il n'a pas à s'inquiéter de cette prophétie.

Sirius grimaça en songeant que cette prophétie pouvait justement être un élément essentiel dans la lutte contre Voldemort. Il n'y croyait pas plus que ça, mais de toute évidence Voldemort, l'avait assez prise au mot pour chercher à tuer les Potter. Quoi qu'il y soit dit là-dedans, cela avait conditionné Voldemort. Et Sirius ne voulait surtout pas avoir un Poudlard Express de retard avec Voldemort.

– Evidemment, on ne veut pas demander à Dumbledore, dit Rufus sans que ça ne soit nécessaire.

– Evidemment, répéta amèrement Sirius.

– C'est vraiment n'importe quoi, soupira Amelia. Tout ça pour une stupide prophétie.

– Voldemort est en vie, lâcha Sirius sans se contenir plus longtemps.

Amelia sursauta violemment et, si Rufus le regarda avec stupeur, il ne semblait pas plus que surpris que ça.

– De quoi tu parles ? rit Amelia. C'est ridicule enfin.

– Tu m'as demandé pourquoi Harry aurait besoin d'une protection de sang, dit Sirius. Il en a déjà eu besoin. Ça lui a sauvé la vie en première année.

– Ça lui a... Mais de quoi tu parles enfin !? s'exclama Amelia.

– Voldemort était à Poudlard lors de sa première année. Harry l'a affronté.

Amelia prit à son tour un verre d'alcool qu'elle avala d'une traite. Rufus semblait lui aussi très ébranlé. Sirius comprit que Dumbledore n'avait pas seulement caché l'implication de Harry dans le décès de Quirrell, mais qu'il n'avait parlé de rien du tout.

Alors, il leur raconta tout ce dont Harry et lui avaient convenu : la première année. La pierre philosophale, Quirrell, Voldemort, Harry protégé par les protections de Lily.

– Je suis sous le choc, avoua Amelia. Nous n'avons pas du tout eu connaissance de ça. Quirrell est considéré comme disparu.

– Harry pense qu'il l'a tué, avoua Sirius. Il pense que Dumbledore a voulu le protéger.

– C'est insensé. Il ne l'a pas tué, dit rageusement Rufus.

– Il avait peut-être peur que personne ne le croit, je ne sais pas.

– Tout le monde ne pense pas que Tu-Sais-Qui a disparu, admit Rufus. Moi-même j'en ai toujours douté. Mais ce que tu me dis dépasse l'entendement. Tu-Sais-Qui à Poudlard... La pierre philosophale, par Merlin !

– Donc il est encore là... dit simplement Amelia qui semblait abasourdie. Je ne devrais pas étonnée, mais le savoir...

– Harry a affronté Tu-Sais-Qui, enchaîna Rufus les yeux écarquillés. Mais qui est ce petit ?

– Tu comprends mieux pourquoi je cherche à le protéger, grogna Sirius.

– A quoi joue Dumbledore ? fit Amelia les yeux écarquillés.

– J'ai l'impression qu'il fait son plan de son côté, admit Sirius d'une voix hésitante. Comme s'il voulait entraîner Harry dans cette future guerre et ça ne me plaît pas.

Rufus frappa dans ses mains d'un air ravi.

– Merci, dit-il sincèrement. C'est exactement ce que je pense. Il voulait que Harry soit attaché à lui pour lui faire faire ce qu'il voulait dans son grand plan.

– Exact ! renchérit Sirius. Il voulait tout contrôler comme d'habitude, parce que Harry doit lui être utile pour quelque chose.

– Vous exagérez un peu, rit Amelia.

– Je ne pense pas, dit franchement Sirius. C'est un bon directeur, mais il fait de très mauvais choix avec Harry et je ne vois pas d'autres réponses que Voldemort. Il est évident qu'il veut qu'il retourne chez les Dursley pour la protection. Parce qu'il sait que Voldemort va revenir.

– Arrête de prononcer son nom ! siffla Amelia. Et je pense que Dumbledore cherche simplement à le protéger. Surtout s'il sait que Vous-Savez-Qui est encore vivant, il se doute qu'il va chercher à retrouver Harry.

– Il avait laissé le Miroir du Riséd dans une pièce du château, les épreuves de la pierre étaient toutes d'un niveau de première année, dit Sirius agacé.

– Tu penses qu'il a voulu que Harry affronte Tu-Sais-Qui ? demanda Rufus.

– Ce ne sont que des suppositions, souffla Sirius. Je ne pense pas qu'il ait voulu le mettre en danger, mais lui montrer que Vol... Tu-Sais-Qui était encore en vie, pour le préparer. Lui faire comprendre qu'il devait rester chez les Dursley pour ça.

Ils passèrent un long moment à parler des implications d'un tel retour. Sirius ne se sentait pas encore de leur parler des Horcruxes. Il avait un bon sentiment envers eux, mais il tenait à ce que Harry lui donne son avis. Ils étaient une équipe après tout et cette information pouvait attendre.

– On verra pour Vous-Savez-Qui le moment venu, souffla Rufus. Pour le moment, on attend le procès et, ensuite, la demande de garde.

Sirius et Rufus se regardèrent avec détermination, les deux ayant compris que la demande de garde ne serait pas une partie de plaisir.

– Il faut s'assurer que tu sois innocenté ! s'exclama Amelia.

– Il me semble que les articles de presse ont beaucoup aidé, dit Rufus.

– Oui. Mon avocat a reçu des centaines de courriers. Les gens commencent à penser que je suis innocent. Mais j'attends le verdict, c'est tout ce qui compte. Pas de faux espoirs.

– Tu vas donner une interview ? s'enquit Amelia.

– La presse sera présente au procès. Ensuite, je ne donnerais qu'une interview.

– A la Gazette ?

– Tu es folle ! s'exclama Sirius. Jamais plus je me m'affilierais avec le Ministère. Désolé pour vous, grimaça-t-il. Non, j'en ai choisi un autre, ça va être grandiose.

– Je pense que tu vas être innocenté, assura Rufus. Même si Pettigrow revient sur ses aveux toutes les preuves le désignent. Est-ce que Harry sera là ?

– Oui. Il veut être présent, sourit Sirius. Je n'ai pas pu l'en empêcher, surtout que mon avocat tenait à ce qu'il soit présent.

Rufus étira son visage en un sourire ironique.

Le garçon-qui-a-survécu comme soutient ça peut faire pencher la balance, reconnut-il.

– Il veut surtout montrer à tout le monde que Sirius et Harry sont proches, devina Amelia.

– Malin, siffla Rufus. Il pose ses cartes pour la demande de garde.

– Il est doué, dit Sirius. Il sait que la demande de garde va être très compliquée. Il prévoit ses arrières.

– On sera là pour t'aider, assura Amelia déterminée.

– Super, sourit Sirius.

Il se sentait finalement très bien avec Rufus et Amelia. Ils semblaient convaincus qu'il était innocent et prêts à tout pour l'aider avec Harry. Ils allaient être utiles pour l'opération Puzzle.

– Bon, maintenant on va parler de Harry, dit Amelia d'une voix plus sévère.

– Ce n'est pas ce qu'on fait depuis une heure ? ironisa Rufus.

– On va parler de Harry et de ma nièce. Quelles sont ses intentions ? demanda-t-elle franchement alors que Sirius se détendait.

– Ses intentions ? ricana Sirius. Je ne sais même pas s'il a conscience qu'il peut intéresser les filles. Il me répète que Susan est son amie.

– Mhm. Tu penses qu'il pourrait sortir avec elle ?

– Amelia, j'ai passé douze ans à Azkaban, je n'ai aucune idée de ce qu'un enfant de treize ans pense. La plupart du temps je suis dépassé, avoua Sirius.

– C'est être parent, dit philosophiquement Rufus.

Sirius rigola en se souvenant que Remus lui avait dit quelque chose dans ce style à noël.

– Tu sais, on est aussi perdus que toi, dit Amelia qui semblait très amusée. Et tu me sembles être un très bon parent. Tu as protégé Harry quand personne ne l'a fait.

– Je ne sais pas trop. J'ai peur de me tromper à chaque fois.

– Tu vas te tromper, affirma Amelia. Mais ce n'est pas pour ça que tu es un mauvais parent. On fait tous des erreurs.

– Et puis, même si tu fais des erreurs, je suis persuadé que tu as déjà tout planifié avec Harry.

– Dans quel sens ?

– Tu n'as pas encore la garde, mais tu as déjà prévu toutes tes vacances d'été avec Harry, non ? devina Rufus.

Sirius se racla la gorge en buvant une tasse de thé.

– Absolument pas.

Rufus et Amelia le regardèrent avec insistance et il leva ses mains au ciel en signe de reddition.

– Oui, ok ! J'ai déjà tout prévu.

– Raconte-nous tout !

Sirius sourit largement en leur racontant son programme.

.

Filius Flitwick était plongé dans ses corrections de sixième année quand Harry Potter frappa à sa porte. Filius en fut surpris car il ne se souvenait pas d'une fois où le jeune Harry était venu le voir. Il était plutôt secret, timide, et, bien qu'ayant pris confiance en lui ces derniers mois, ils n'avaient jamais vraiment discuté.

Filius lui jetait souvent des regards inquiets, parce qu'il savait tout ce que le petit avait subi, mais il ne voulait pas s'imposer. Minerva et lui avaient de gros doutes sur les Dursley, mais Filius avait senti que Harry ne voulait pas en discuter, ce qu'il ne pouvait pas lui reprocher puisque personne ne l'avait aidé depuis deux ans, Dumbledore ayant assuré qu'il était en sécurité et les professeurs l'ayant cru sans chercher si cela était bien vrai.

– Mr Potter, entrez ! dit le petit professeur avec bonhomie. Que puis-je faire pour vous ?

Harry tordit ses mains, un peu gêné. Filius l'observa sans rien dire. Jamais il ne forçait un enfant à parler, préférant le laisser s'exprimer dans le temps et avec les mots qu'il souhaitait.

– C'est délicat, professeur. Je ne sais pas trop par quoi commencer...

– Dites-moi simplement comme ça vous vient, dit gentiment Filius.

– C'est à propos de Luna Lovegood, vous savez, elle est en deuxième année, dit Harry qui se redressa légèrement.

– Je connais Miss Lovegood, oui.

Filius trouvait que c'était une petite charmante. Souvent dans la lune, un peu étrange parfois, mais Filius avait tant de fois été considéré comme un "petit bonhomme étrange" qu'il s'était pris d'affection pour son élève. Luna disposait d'un esprit de synthèse rare parmi les étudiants et ses devoirs, notamment en Sortilèges, étaient plus que satisfaisants et démontraient une grande capacité à appréhender les concepts théoriques. Elle était intelligente, mais d'une intelligence particulière. Il se demanda ce que Harry pouvait avoir comme relation avec Luna, ne les ayant jamais vu ensemble.

– Je crois que... Ecoutez, je ne sais pas trop, mais... Elle n'avait pas de chaussures et elle m'a dit que les Nargoles lui avaient piqué. Je sais que ça n'existe pas. Mais elle m'a dit que plusieurs de ses affaires avaient disparu. Alors, je pense... Et il y aussi ces Serdaigles qui l'ont attaqué, enfin ils l'ont bousculé, continua Harry dont les yeux avaient commencé à briller de rage. En fait, je pense que Luna se fait harceler.

S'il avait semblé hésité au début, Harry semblait à présent plus assuré. Il regardait Filius dans les yeux, dans l'espoir qu'il le croit.

Filius accusa difficilement le coup. Il avait bien remarqué que Luna était isolée, sans doute en raison de son esprit particulier et qu'elle n'avait que peu d'amies à l'exception de Miss Weasley. Mais jamais il n'aurait pensé que ça venait du fait qu'elle était harcelée.

Il n'avait rien vu du tout. Il se demanda à quel moment il avait pu louper ça. Où avait-il failli dans ses fonctions de Directeur de Maison ? Pourquoi les élèves de sa maison auraient fait ça ? Il se souvenait avoir été clair à chaque rentrée : aucun harcèlement n'était toléré, une maison se devait d'être une famille, d'être unie.

– Vous pensez que cela vient de la maison Serdaigle ou des autres ?

– Tout ce que je peux dire c'est qu'un dénommé Flaks a découpé son sac et l'a bousculé, dit Harry. Et qu'on l'appelle Loufoca. Que tout le monde l'appelle comme ça.

Filius se sentit blanchir et il dut se contenir pour ne pas aller voir sa Maison tout de suite. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi quelqu'un ferait ça. Comment avait-il pu louper ça ? Ils lui piquaient ses affaires, l'appelait par un surnom des plus humiliants, la bousculaient... Non, ce n'était pas digne de ses Aigles. Et il allait s'assurer personnellement que ça ne se reproduise plus.

– Je vais m'occuper de cela, Mr Potter, assura Filius d'une voix sourde. Je vous remercie de m'avoir informé. Je ne tolère aucun harcèlement dans ma Maison.

Harry le regarda un peu dubitatif, avant de se détendre comme s'il estimait Filius digne de confiance. Il semblait réserver son jugement, mais Filius se promit de régler la situation le plus rapidement possible. Il ne pouvait pas laisser passer ça. Il sentit son ventre se contracter à l'idée qu'il ait laissé une de ses élèves se faire harceler dans sa propre Maison sans rien voir.

– Autre chose, Mr Potter ?

Harry hésita un court instant avant de sortir un petit carnet de son carnet.

– Ma mère a écrit des carnets d'expérience à partir de sa troisième année. J'ai commencé à les étudier et à reproduire certains sorts, mais certains sont plutôt complexes. Je me demandais si vous pouviez m'aider, au moins pour certains que j'ai du mal à saisir.

– Puis-je ?

Filius attrapa le carnet qui correspondait à la troisième année de Lily et fut soufflé de voir le niveau qu'elle avait à l'époque. Il le feuilleta avec une émotion non feinte. Il se souvenait avoir parlé de certains sortilèges en classe, il vit que Lily en avait amélioré d'autres et en avait créé.

– Lily a toujours eu un talent fou, murmura Filius. Je peux évidemment vous aider. Les sortilèges sont plutôt accessibles, même s'ils peuvent être d'un niveau avancé, je suis sûr que vous pourriez facilement les réussir.

Harry sourit, excité à l'idée de pouvoir en apprendre plus sur la matière préférée de sa mère.

– Elle a aussi inventé un sort en septième année, expliqua Harry en lui donnant un autre carnet. Elle utilisait son Patronus pour transmettre des messages. Est-ce vous pensez que je peux y arriver ?

– Bien sûr, vous maîtrisez déjà le sort du Patronus, le sort qu'elle couplait avec est d'un niveau bien inférieur à cette prouesse.

Harry rougit sous le compliment.

– Ce que j'aimerai surtout... commença Harry un peu gêné. Sirius m'a dit que mon père utilisait la métamorphose dans les Duels. Et ma mère dans ses carnets combinait les runes et les sortilèges. Je veux savoir s'il est possible de mixer la défense, les sortilèges et pourquoi pas les runes.

– Sans aucun doute, affirma Filius d'une voix sûre. J'ai été Champion de Duels et j'utilisais des sortilèges dans mes combats, expliqua-t-il.

– Vous pourriez m'apprendre ? Je sais que c'est hors programme et que vous avez sans doute beaucoup de choses à faire mais...

– Je suis là pour vous aider, sourit Filius. Sirius est lui-même venu me voir de nombreuses fois pour que je lui apprenne les bases de Duel. Lily venait faire ses expériences avec moi. Vous pourriez également demander au professeur Babbling qui ne tarit pas d'éloge à votre sujet.

Harry sourit largement. Il ne savait pas s'il aurait beaucoup de temps à y accorder, mais il voulait vraiment apprendre les sorts de sa mère, sans doute dans une volonté de se rapprocher de la femme qu'il n'avait pas eu la chance de connaître. Pouvoir en intégrer certains pour se défendre était un plus non négligeable avec la menace de Voldemort.

– Vous avez déjà beaucoup de travail, constata toutefois Filius. Ce que vous pouvez faire c'est prendre les carnets de votre mère dans l'ordre de ses années d'études. Ils partent le plus souvent d'un sort que je vous apprends en cours, commencez déjà par apprendre la base de manière parfaite. Ensuite, vous pourrez compléter et améliorer le sort avec celui de votre mère. Quand vous maîtriserez les sorts améliorés, vous pourrez voir pour les combiner avec d'autres matières.

Harry grimaça intérieurement, lui qui avait pensé pouvoir tout de suite maîtriser les sortilèges de sa mère.

– Votre mère a mis des semaines à les créer, dit Filius d'un ton doux. Peut-être des mois. C'est normal que vous n'y arriviez pas du même coup. Je vous le répète, il faut connaître la base, commencez petit et augmentez la difficulté. Je suis persuadé que si vous le faites, vous aurez des résultats prodigieux.

– Merci professeur !

– Vous pouvez commencer par celui-ci, dit Filius en désignant un sortilège entouré en rouge par la mère de Harry. Avensegium, nous l'avons vu en cours il y a quelques mois, c'est celui qui...

– Permet de retrouver le propriétaire d'un objet ? compléta Harry qui se souvenait bien de ce sort.

L'objet pivotait et se déplaçait jusqu'à son propriétaire. Cela semblait un sortilège amusant et Harry, bien que le maîtrisant, n'y avait pas accordé plus d'importance que cela.

– Ça semble être un sort mineur, reconnut Filius, que vous maîtrisez déjà. Mais ensuite, on peut en faire un enchantement permanent qui permet de retrouver une personne dès qu'on le souhaite.

– Oh... La mère de Ron Weasley a une horloge qui indique où est chaque personne à l'instant même.

– C'est effectivement un dérivé très puissant, confirma Filius. Si j'en crois ce carnet, votre mère avait dérivé le sort pour qu'on puisse retrouver une personne sur une carte.

Harry écarquilla légèrement ses yeux en entendant ce mot.

– Sur une carte ? s'étonna faussement Harry.

– Oui, c'est étrange, n'est-ce pas ? C'est un sort qui permet de faire apparaître une personne sur une carte fidèle à la réalité, comme un plan par exemple. Ça me semble très ingénieux, parce qu'il faut déjà un support de carte très fidèle. Maintenant que je le lis, je me souviens que votre père l'avait aidé. C'était un projet commun que j'avais donné. Les élèves devaient faire une étude sur un sortilège.

– Ils ont travaillé ensemble ? s'étonna Harry.

Filius sourit légèrement en comprenant que Sirius avait dû lui parler de leurs prises de bec constantes.

– Oui. Ils s'entendaient plus ou moins à cette époque. James n'avait pas encore commencé à séduire votre mère, rit Filius. Tous les deux étaient brillants évidemment. J'avais juste demandé une étude, mais ils sont arrivés avec ce sortilège modifié. Je pense que c'est Lily qui l'a trouvé, mais James l'a mis en pratique. J'avais trouvé ça très impressionnant. Vous voulez essayer ?

Harry avait les yeux brillants, comprenant que son père avait créé ce sortilège avec sa mère, dans l'optique de la Carte du Maraudeur. Il ne savait pas si sa mère avait un jour su que son invention avait servi pour tous leurs méfaits, mais il trouvait ça merveilleux de savoir qu'ils avaient un jour travaillé ensemble.

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– Vous avez vu le sablier des Serdaigles ? fit Susan en s'installant aux côtés de Hermione à la table des Gryffondors.

Harry détacha son regard de la Gazette que lui avait apportée Hedwige pour la regarder.

– Non. Qu'est-ce qu'il a ?

– Ils ont perdu deux cent points cette nuit ! Vous n'avez rien vu ?

Harry et Hermione se tournèrent vers la table des Serdaigles qui semblaient tous très blancs et très sages, plus que d'ordinaire. Harry vit que Flaks, qui avait bousculé Luna, avait perdu son sourire sarcastique, laissant place à une grimace de dépit.

– Que s'est-il passé ? demanda Harry en fronçant ses sourcils.

– Je ne sais pas. Sans doute quelque chose de grave, dit Susan en attrapant le toast que Harry lui avait tartiné.

– Tu sais, avec Harry on a fait perdre plus de cent cinquante points en première année parce qu'on était dehors après le couvre-feu, grimaça Hermione.

– Alors qu'on essayait juste de sauver Hagrid qui a failli mettre le feu à sa cabane, intervint Ron qui venait de les rejoindre.

Hermione releva la tête du livre qu'elle lisait et sourit doucement au roux.

– Norbert, dit le trio d'une même voix amusée.

Susan s'apprêtait à poser la question qui lui brûlait les lèvres, quand Hannah courut vers eux en tapant dans ses mains, comme quand elle avait un potin particulièrement juteux à leur partager.

– Vous êtes au courant ? demanda-t-elle en s'installant entre Harry et Ron.

– On sait que Serdaigle a perdu presque tous ses points, ce qui la place dernière de la Coupe des Trois Maisons alors qu'ils étaient en tête hier. Tu sais pourquoi ?

Hannah la regarda d'un air de dire "tu me poses vraiment la question ?".

– J'ai croisé Mandy Brocklehurst qui est de notre année à Serdaigle. Elle m'a raconté que le professeur Flitwick était venu dans leur Salle Commune hier. Il était apparemment fou de rage ! dit-elle extatique. Il a demandé qui étaient les personnes qui piquaient les affaires de Luna Lovegood !

– Loufoca ? dirent Ron et Susan d'une même voix.

Harry eut un mouvement de recul en voyant que tout le monde semblait avoir adopté ce surnom.

Luna, corrigea Harry froidement. Et ensuite ?

– Personne ne s'est dénoncé, continua Hannah sans voir que Susan avait rougit, gênée. Mandy m'a dit qu'elle ne l'avait jamais vu aussi furieux. Il était tellement terrifiant que tous les tableaux de la Salle Commune se sont enfuis.

– C'est un ancien champion de Duel, expliqua Harry. Je ne voudrais pas me le mettre à dos.

Ils regardèrent un instant le petit professeur qui discutait joyeusement avec Minerva. Il ne faisait pas impressionnant comme cela, mais Harry l'avait vu conjurer un Patronus, il avait vu sa détermination et il savait qu'il ne fallait pas se retrouver face à lui.

– Oh, ça explique tout, dit Hannah. En tout cas, il a retiré deux cent points en disant qu'il n'avait jamais eu aussi honte de sa vie, que Luna méritait sa place à Serdaigle et que toute personne qui serait vue en train de la harceler, lui piquer ses affaires ou même l'appeler Loufoca serait renvoyé avant d'avoir eu le temps de dire Quidditch. Il a aussi collé Flaks pendant toute l'année pour faire un exemple.

– Flaks ? s'enquit Susan.

– Apparemment quelqu'un l'a dénoncé.

Harry releva sa tête en rougissant et chercha Luna à la table des Serdaigles. Mais elle n'était pas là.

– Et Luna ?

– Quoi Luna ? demanda Hannah en le regardant étonnée.

– Qu'est-ce qu'elle a dit ? Elle est où maintenant ?

– Tu connais Luna ? s'étonna Susan.

– Je ne sais pas, répondit Hannah en même temps. Elle n'est pas venue manger ce matin. Apparemment elle a quitté la Salle Commune après le discours de Flitwick. Elle pensait que c'était des... Nagales je crois, qui lui piquaient ses affaires.

– Des Nargoles, corrigea instinctivement Harry. Elle ne se doutait de rien ?

– Mandy m'a dit que non, grimaça Hannah, elle était en larmes en partant.

Harry soupira en sentant son ventre se tordre de frustration, avant de voir Ginny quitter la Grande Salle, sa chevelure rousse reconnaissable de loin. Il se leva sans faire attention aux regards de ses amis sur lui, attrapa son sac et courut après Ginny.

– Ginny ! cria Harry la faisant s'arrêter.

Ginny rougit légèrement en voyant Harry courir après elle alors qu'il posait une main sur son bras comme pour la retenir.

– Oui ? demanda-t-elle d'une voix un peu tremblante.

– Je cherche Luna.

– Luna ? répéta Ginny d'une voix plus méfiante. Qu'est-ce que tu lui veux ?

– C'est important, insista Harry.

Ginny lui jeta un regard circonspect, comme si elle hésitait à lui répondre, avant de se détendre légèrement.

– C'était toi, n'est-ce pas ?

– De quoi ? rétorqua Harry en rougissant.

– Les furoncles.

Harry était si étonné, pensait qu'elle parlait de Filius, qu'il eut un mouvement de recul coupable. Ginny avait le regard triomphant.

– Merci, dit-elle sincèrement.

Harry ne se souvenait pas avoir déjà eu une conversation aussi longue avec Ginny.

– Joli Chauve-Furie, dit simplement Harry en lui lançant un clin d'œil qui la fit rougir jusqu'à la racine des cheveux.

– Je suis la sœur des jumeaux. J'ai dû apprendre à me défendre.

Harry rit doucement en imaginant les jumeaux se faire attaquer par un tel sort.

– Si tu leur jette ça un jour, je veux voir ça.

– Promis. Luna est dans la forêt, demande à Hagrid, il sait où elle est.

– Merci Ginny.

Il s'apprêtait à partir quand son regard se posa sur la table des Serdaigles. Il vit certains qui semblaient outrés de voir leur perte de points, d'autres qui étaient déçus. Il savait que les coupables avaient été punis, mais ça restait une décision collective.

– Ginny ? Est-ce que tu as des noms ?

– Pourquoi ?

– Ça serait dommage que ces noms finissent devant Fred et George, releva Harry innocemment.

Le sourire machiavélique de Ginny fut la seule réponse qu'elle lui donna.

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Harry fut conduit par Hagrid à l'orée de la forêt. Il dut comprendre que c'était sérieux puisqu'il laissa Harry rejoindre Luna, assise sur une grosse pierre. Il y avait un morceau de viande à terre qui semblait être mangé par quelque chose d'invisible. Harry se demanda si Hagrid pouvait délibérément le mettre en danger.

– Luna, dit simplement Harry en prenant place à ses côtés.

Luna avait son regard figé sur la viande. Il y avait quelque chose de fascinant à la voir se faire déchiqueter par quelque chose d'invisible. Luna avait les yeux rouges et avait entouré ses genoux avec ses bras, tremblant légèrement. Harry détacha sa cape d'hiver et la lui passa autour de ses épaules.

– Ce sont des Sombrals, dit Luna après lui avoir fait un petit sourire en guise de remerciement. Ce sont des sortes de cheveux. Seuls ceux qui ont vu la mort peuvent les voir.

Harry frissonna en se demandant qui Luna avait pu voir mourir pour les voir.

– Les gens ont peur d'eux parce qu'ils sont différents.

– Les gens ont peur de la différence, reconnut Harry qui ne savait pas quoi dire. Mais ce n'est pas pour ça qu'elle est mauvaise.

Le visage de Luna s'étira légèrement en un sourire satisfait. Elle posa sur lui ses grands yeux bleus.

– Merci Harry Potter.

– Je n'ai rien fait, répliqua Harry un peu gêné.

– Tu as chassé les Nargoles.

Ils s'observèrent un instant en souriant, avant de se tourner vers les Sombrals. Harry en caressa un courageusement sous les conseils de Luna. Ils n'avaient pas besoin de parler, ils s'étaient compris.

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PROCES BLACK / PETTIGROW

Demain se tiendra ce qui s'annonce comme le procès de l'année.

Sirius Black et Peter Pettigrow, tous deux accusés d'assassinat sur la personne de douze moldus, complicité du meurtre de James et Lily Potter, complicité du meurtre d'Edgard, Marcus et Alta Bones, complicité de tentative d'assassinat sur la personne de Harry Potter, utilisation de sorts impardonnables, recueil d'informations pour le compte du Seigneur des Ténèbres, participation au groupe du Seigneur des Ténèbres comme Mangemort, transformation en Animagus non contrôlée et non déclarée au Ministère de la Magie, seront jugés par le Magenmagot au complet !

Sirius Black avait été accusé et condamné à perpétuité, sans procès, avant qu'il ne parvienne à s'échapper et que de nouveaux éléments conduisent les Aurors à rouvrir l'enquête (voir notre édition spéciale Sirius Black). Peter Pettigrow, déclaré mort depuis le 1er novembre 1981, était en effet réapparu à Poudlard. Selon nos sources, Pettigrow aurait avoué être responsable des crimes, ayant piégé le dénommé Sirius Black.

La Gazette sera présente tout au long du procès, pour ce qui s'annonce être l'affaire de la décennie.

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