PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Un GRAND merci à vous ! Je viens de passer les 200 favoris et c'est beaucoup plus que je n'aurai pu l'imaginer en commençant cette histoire. Je veux également remercier les 274 (!) followers qui me suivent, les 47.000 vues, ceux qui commentent chaque chapitre ou juste occasionnellement... c'est juste waouh ! Et merci à tous ceux qui sont des lecteurs silencieux qui ne commentent pas forcément mais qui, je le sais, lisent l'histoire. Le fait qu'autant de personnes suivent les aventures de Sirius et Harry me touche beaucoup, donc merci ! (eux aussi vous remercient, enfin Sirius, Harry aurait voulu n'être connu de personne haha)

S'agissant du harcèlement de Luna, beaucoup m'ont parlé de Hermione et de son comportement. Alors pour vous répondre, j'ai toujours trouvé Hermione plutôt dure avec Luna dans les livres, mais j'ai surtout repris le film où elle l'appelle Loufoca. Je ne me souviens pas si elle le dit également dans les livres. Dans tous les cas, je voulais juste montrer que tout le monde peut être un jour un harceleur, même sans s'en rendre compte. Alors oui, Hermione a déjà subi ce genre de choses, mais c'est tellement ancré en chacune des personnes de Poudlard que ça paraît normal. Et ça ne l'est pas. Rien de tout ça ne l'est. Et Hermione et bien... Hermione n'est pas parfaite non plus et c'est ça que je veux montrer. Personne ne l'est. Elle est aussi stressée, a beaucoup de pression sur les épaules et elle a aussi besoin de quelqu'un comme Harry qui puisse lui dire "tu abuses un peu sur ce coup". Hermione a ses idées, elle est encore malgré elle une "je sais tout" et elle veut avoir raison, donc pour elle que quelqu'un comme Luna dise que les Ronflacks existent c'est comme si quelqu'un nous disait que les dragons sont toujours en vie, vous voyez ? Mais ne vous inquiétez pas, Hermione n'est pas méchante. Et Harry est là pour protéger Luna.

Sur ce, voici enfin le procès tant attendu ! Le chapitre est plutôt long (de la même taille que ceux de noël). C'était un chapitre difficile à écrire, parce que je ne voulais surtout pas utiliser la technique du Veritaserum que je trouve un peu trop "simple". J'espère qu'il vous plaira !

Je voudrais surtout remercier Amaniel qui m'a donné l'idée de la scène avec les elfes, à la fin, donc un GRAND merci à toi car cette scène est juste parfaite !

Bonne lecture.


Partie 2. Chapitre 14.

"Procès"

Le procès de Sirius fut à la fois le plus attendu et le plus suivi de ces dernières années.

Toute la presse sorcière, invitée par Alan Maxwell, avait fait le déplacement. Le Magenmagot avait été convoqué dans son intégralité, ce qui n'arrivait que lors de grands procès. La séance était dirigée par Albus Dumbledore, en sa qualité de Président. Le Ministre de la Magie était présent à la grande joie des journalistes qui l'interviewaient pour connaître son avis sur le dossier. Les gradins de la salle étaient remplis de sorciers venant assister au "procès du siècle".

Quand Sirius Black fit son apparition, ce fut l'effusion. Parce que tout le monde avait en tête les images d'un Sirius Black emprisonné pendant douze ans à Azkaban ; des cheveux longs et sales, des dents jaunes et un visage à faire peur. Personne ne l'avait revu depuis son incarcération. Mais Sirius ne ressemblait plus à la photo qu'avaient diffusée les journaux depuis son évasion.

Il entra dans la salle d'un pas léger, sourire Black aux lèvres. Il avait coiffé ses cheveux avec élégance, arborait une barbe parfaitement taillée et des yeux pétillants. Il portait une robe pourpre avec les armoiries de sa famille qui lui allait parfaitement bien. Il dégageait quelque chose de très aristocratique. Il semblait ne pas se rendre compte des regards qui le suivaient, à la fois surpris et impressionnés. Comment pouvait-il être aussi normal après douze ans passés à Azkaban ?

– Mr Black, quel plaisir de vous revoir, dit un homme qui se leva dans le public.

Plusieurs personnes vinrent lui présenter leurs salutations. Sirius leur lança un sourire désarmant, mais neutre qu'il avait pris de son père. Un sourire professionnel et de parfait Sang Pur inaccessible, sachant qu'il y a six mois, toutes ses personnes voulaient qu'il subisse le Baiser du Détraqueur.

– Mr Black.

Sirius pivota sur ses talons et se retrouva face au Directeur du Département des Mystères qui l'avait engagé quinze ans plus tôt.

– Mr Goldberg, salua-t-il en le détaillant du regard.

Adam Goldberg était un petit homme, plutôt rond, avec des yeux perçants. Il avait grimpé à la direction du département des Mystères il y a des années et, s'il faisait un travail formidable, son comportement et sa manière de diriger ses équipes étaient plus que discutables. Sirius ne comptait plus le nombre de fois où ils s'étaient pris la tête et où il avait menacé de démissionner.

– Quand est-ce que vous revenez chez nous ? s'enquit Goldberg en lui serrant la main.

Sirius ne répondit rien, mais lui jeta un sourire ironique que Goldberg comprit instantanément. Il haussa ses épaules, sachant qu'il était vain de chercher à convaincre Sirius Black.

– J'aurai essayé. Bon courage.

Sirius hocha sa tête et évita habilement les politiques qui tentaient de lui parler, les journalistes qui voulaient une interview et se glissa sur le siège qui lui était réservé. Il fut soulagé de ne pas voir les chaînes s'enrouler autour de ses poignets. Il s'assit avec une décontraction apparente, tentant de cacher son cœur qui battait à la chamade.

Il repéra Amelia qui était assise à la droite de Dumbledore. Il vit ses lèvres tressaillir alors qu'elle lui lançait un clin d'œil imperceptible. Sirius se sentit un peu mieux, mais il ne serait soulagé que si le mot "innocent" était prononcé à la fin de ce procès.

– Laissez-moi passer, dit sèchement Rufus qui venait de pénétrer dans la salle d'audience.

Il repoussa avec difficulté les journalistes qui pullulaient autour de lui et lui demandaient des informations sur le dossier ou sur le pourquoi Black n'avait pas eu de procès. Il était agacé et avait sa tête des mauvais jours. Il ne voulait pas le montrer, mais il était aussi inquiet. Il était persuadé que Sirius était innocent et craignait que tout ne se passe pas comme il l'avait souhaité. Il jeta un regard si glacé à un photographe que ce dernier glapit de peur. Rufus fendit la foule pour s'approcher de Sirius, saluant Amelia d'un signe de tête, sous les regards avides des journalistes.

– Sirius, salua Rufus en s'approchant du brun qui se mit souplement sur ses pieds.

– Rufus.

Sirius et Rufus se sourirent largement en se serrant la main, interrompant même la conversation qu'avait Dumbledore avec le Ministre de la Magie. Jamais le Chef des Aurors n'avait été vu en train de sourire à quelqu'un et encore moins à un accusé avant son procès. Rufus prétendit ne pas voir l'effusion qu'avait provoquée leur poignée de main et posa une main sur le bras de Sirius pour l'entraîner à l'écart.

– Comment tu vas ? chuchota Rufus.

Sirius et lui s'étaient revus plusieurs fois avant le procès pour discuter du déroulé du procès. Ils avaient bien accroché, à la grande surprise d'Amelia qui connaissait le caractère taciturne de Rufus. Le fait que Sirius et Rufus défendent la même équipe de Quidditch avait dû jouer.

Rufus savait à quel point Sirius était anxieux à l'idée de ce procès et il y a deux jours lui avait proposé une sortie entre hommes. Une soirée dans un bar moldu avait définitivement noué leurs liens et ils s'étaient pris d'une grande affection commune.

Mais Rufus commençait à le regretter parce qu'il ne se souvenait pas avoir été aussi tendu avant un procès. Jamais il ne s'était inquiété pour un accusé, il les voulait tous en prison. Mais là c'était différent. Il était stressé et il en voulait à Sirius de lui être aussi sympathique.

– J'ai l'impression d'avoir avalé un strangulot, dit franchement Sirius.

– Tout va bien se passer, assura Rufus en ricanant. Tu as vu le dernier match des Flèches ? Ils sont en bonne position pour gagner la Coupe de la Ligue.

Sirius sourit légèrement en voyant qu'il essayait de lui changer les idées.

– Ils se préparent pour la Coupe du Monde.

– Evidemment. Je crois que Meldson est bien partie pour être sélectionné par l'Angleterre.

– Et tu le sais parce que tu lis les journaux ou parce que tu as eu des informations confidentielles ?

Rufus fronça son nez en un mouvement qui confirma à Sirius ce qu'il pensait.

– Ne dis rien à Amelia, souffla Rufus. On pari depuis des siècles sur les résultats.

– Je ne la pensais pas aussi fan du Quidditch.

– Je crois surtout qu'elle cherche à me battre.

Le rire de Sirius se perdit quand Peter Pettigrow fit son apparition. Il fut amené sans ménagement sur son siège, dont les chaines s'enroulèrent autour de ses bras. Les sièges des deux accusés étaient côte à côte, mais assez éloigné pour qu'ils ne puissent pas s'observer.

Sirius sentit son cœur tomber dans sa poitrine en voyant Peter face à lui. Cela faisait douze ans. Douze ans qu'il revoyait son petit visage fendu par un sourire ironique, heureux de les avoir tous trahis et d'avoir caché son jeu. Heureux de l'avoir piégé. Une vague de fureur déferla en lui et il lui fallut toute la concentration du monde pour ne pas le tuer sur le champ.

A la grande différence de Sirius, Azkaban n'avait pas été clémente avec Peter. Il semblait ratatiné sur lui-même, regardant face à lui, comme vidé. Il avait des cheveux grisonnants, des traits tirés et semblait au bord des larmes. Même Dumbledore le regardait avec un dégoût palpable.

– Garde ton calme, dit Rufus inquiet en voyant Sirius se tendre.

– Amelia m'a déjà menacé.

Sirius réussit à grimacer un sourire, sans pouvoir détacher son regard de cet homme qui avait détruit la vie des Potter, la sienne et surtout celle de Harry. Il ne parvenait pas à reconnaître son ancien meilleur ami et songea que c'était pour le mieux. Il n'aurait pas pu faire face au Peter qu'il avait connu. Faire face à un inconnu était plus simple à gérer pour lui. Il réussit difficilement à détourner les yeux et se concentra de toutes ses forces sur Rufus qui babilla gentiment sur les résultats de Quidditch.

– Et là, Meldson a marqué !

La remarque de Rufus fut perdue quand Harry Potter fit son apparition, à la grande surprise de toutes les personnes présentes. Tous les regards convergèrent vers le petit brun aux cheveux décoiffés et aux lunettes rondes. Il portait encore sa robe de Poudlard et une écharpe aux couleurs chatoyantes. Il sembla interloqué par l'aspect de la salle, la vision de Pettigrow attaché et l'afflux des journalistes qui se précipitèrent sur lui.

– Je vous suggère de vous pousser, dit Alan Maxwell d'une voix tranchante.

Au contraire de Rufus, Alan paraissait peu impressionnant de prime abord. Pourtant, tous les journalistes se poussèrent en entendant ses accents froids. Il s'était redressé imperceptiblement et ses yeux acérés foudroyaient quiconque cherchait à s'approcher de Harry. Il avait posé sa main sur son épaule et l'entraînait d'un mouvement fluide et déterminé. Personne ne chercha à interroger Harry. Les journalistes regardèrent le duo descendre les marches en direction de Sirius, dont le visage venait de s'étirer en un sourire soulagé.

– Harry ! lança Sirius sans pouvoir s'en empêcher.

Harry sembla soulagé de le voir et sauta les dernières marches pour prendre son parrain dans ses bras. Sirius ferma ses yeux en le serrant fort contre lui. Il avait eu peur qu'il vienne ici, mais il devait avouer qu'avoir Harry près de lui le soulageait fortement. Les appareils photos crépitèrent.

– Pas de bêtises, souffla Harry à son oreille.

– Tu me connais.

Harry sembla hésiter à lui dire qu'effectivement c'était pour ça qu'il avait peur, mais il ne rien dit et se contenta d'un sourire crispé. Lui aussi ne semblait pas avoir beaucoup dormi et il était très pâle. Sirius salua chaleureusement son avocat qui semblait extérieur à toute cette effusion de sentiments.

– Mr Potter, salua Rufus en tendant sa main au brun.

– Mr Scrimgeour. Vous pouvez m'appelez Harry, répondit-il un peu gêné.

– Très bien, si tu m'appelles Rufus.

Harry sourit un peu gêné au Chef des Aurors qui se déplaça de telle façon à ce que les journalistes ne puissent pas le prendre en photo.

– Je vais rester avec toi pendant le procès, expliqua Rufus. Je suis missionné par Sirius.

– Il vous a missionné ? Ce n'est pas vous le Chef normalement ? demanda Harry un peu surpris.

– J'ai trop de charisme pour qu'il me refuse quelque chose, ricana Sirius. Il m'adore.

– Bien sûr, dit Rufus en levant ses yeux au ciel. Vingt ans de service pour qu'un criminel me donne des ordres.

Sirius éclata de rire et quelques femmes présentes dans l'assemblée interrompirent leur conversation pour le fixer.

Harry les regarda un peu surpris de les voir aussi proches. Son parrain semblait très décontracté en sa présence et il lui semblait qu'il se connaissait assez pour partager des blagues dont eux seuls avaient la référence. Harry se souvint d'à quel point Sirius avait peur de le rencontrer. Il se demanda combien de temps ils avaient passé ensemble pour devenir amis.

– Ça va commencer, Harry, dit l'avocat de Sirius en posant une main sur son épaule. Tu vas t'asseoir au premier rang, juste derrière nous, avec Mr Scrimgeour. Ça ira ?

– Oui.

Harry jeta un dernier coup d'œil à son parrain, leva ses deux pouces vers le ciel et partit s'asseoir à sa place. Sirius prit une grande inspiration avant de prendre place aux côtés de son avocat.

– Vous êtes en forme ? demanda-t-il à Alan qui lui jeta un regard mauvais.

– Je suis toujours en forme.

– Amy n'est pas là ?

– Elle tient la boutique, fit Alan en sortant un tas impressionnant de feuille. Ça va aller ? Pas de folies, pas d'énervement, pas de...

– Je sais me tenir.

Alan retint sa remarque acerbe, parce qu'il avait assez entraîné Sirius pour savoir que tout allait bien se passer.

– Comment il est, l'avocat de Peter ? s'enquit Sirius qui détailla le grand homme qui discutait avec le rat.

– Miller ? Pas aussi bien que moi, assura franchement Alan.

– Et c'est moi qui suis prétentieux, s'amusa Sirius.

– Il va chercher à vous faire sortir de vos gonds, pour montrer que vous êtes dangereux. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est essentiel que vous gardiez votre calme.

– Je sais déjà tout ça, soupira Sirius. Je ne vais pas m'énerver. Je suis innocent et je vais très bien.

– Ce n'est pas seulement pour ce procès.

Alan lui jeta un regard équivoque et Sirius hocha la tête, la gorge sèche. Il ne jouait pas seulement son innocence, presque acquise. Non, il jouait ses premières cartes pour la garde de Harry. Il fallait qu'il montre qu'il était irréprochable, qu'il n'était pas un déséquilibré. Il allait devoir assurer. Sirius se tourna vers Harry et lui jeta un regard plein d'émotion. Il allait devoir assurer pour lui.

– Ça va aller, Harry ? s'enquit Rufus.

– Je vais bien, assura le petit brun en se redressant. Mieux que Sirius.

– Il a l'air d'aller bien.

– Non, il est tendu. Regardez sa mâchoire et ses mains.

Rufus détailla Sirius qui semblait parfaitement à l'aise, souriant et détendu. Pourtant, il vit effectivement que sa mâchoire était contractée et qu'il tapotait sur le bureau en face de lui avec ses doigts de manière inconsciente et anxieuse.

– Je n'avais pas remarqué, avoua Rufus.

– C'est parce que je le connais, assura Harry ravi de lui avoir appris quelque chose. Il sait bien cacher ses émotions.

– Un vrai Black, ironisa Rufus.

– Malgré tout ce qu'il a fait pour s'éloigner de sa famille, l'éducation est toujours là, confirma Harry. Sa mère est ravie de voir qu'il n'a rien perdu.

– Tu connais sa mère ? s'étonna Rufus qui se souvenait avoir lu dans le dossier que Walburga Black était décédée.

– En tableau, uniquement, dit Harry avant de faire traîner son regard sur les membres du Magenmagot. Est-ce que Amelia Bones est là ?

– Oui. C'est la brune à côté d'Albus Dumbledore.

Harry remarqua que Susan et Amelia avaient des airs de famille très prononcés.

– Elle a l'air gentille, dit Harry.

– Elle a seulement l'air, ricana Rufus. On la surnomme la tornade.

Amelia dut sentir qu'ils parlaient d'elle puisqu'elle les dévisagea avec insistance. Harry rougit en baissant la tête. Amelia laissa flotter un sourire amusé sur son visage avant de reprendre sa conversation.

– Pourquoi la tornade ? chuchota Harry.

– Tu ne sais jamais quand elle va frapper. Mais quand elle est en colère... Personne ne veut se trouver sur son chemin. Elle a renvoyé la moitié des collaborateurs du Ministère quand elle est arrivée à la tête du Département de la justice magique à cause de la corruption.

– Oh. Sirius m'a dit qu'elle était super pour ce poste.

– Elle l'est, reconnut Rufus. C'est la meilleure.

Harry commença à se tordre les mains, très anxieux, sans oser regarder vers Peter Pettigrow.

– Tout va bien se passer, assura Rufus. Sirius est innocent.

– J'espère.

Albus Dumbledore fit alors un signe de la main et toutes les conversations s'arrêtèrent. Tout le monde se tournant vers le Président, respectueusement.

– La séance va commencer, dit la voix amplifiée de Dumbledore. Nous sommes ici pour juger ce qu'il s'est passé dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1981.

Dumbledore regarda successivement Peter et Sirius. Il leur demanda leur identité et commença à énoncer les charges : assassinat sur la personne de douze moldus, complicité de l'assassinat de James et Lily Potter, complicité de l'assassinat d'Edgard, Marcus et Alta Bones, complicité de tentative d'assassinat sur la personne de Harry Potter, utilisation de sorts impardonnables, recueil d'informations pour le compte de Vous-Savez-Qui, participation au groupe de Vous-Savez-Qui comme Mangemort et transformation en Animagus non contrôlée et non déclarée au Ministère de la Magie.

– Que plaidez-vous ? demanda Dumbledore.

– Non coupable, dit Sirius.

– Non coupable, dit Peter.

Sirius se retint de l'invectiver, mais il avait fait une promesse : pas de vague. Il n'avait plus qu'à espérer que le dossier qu'avait monté son avocat soit réellement en béton.

.

Rufus fut le premier à être appelé pour témoigner, en tant qu'enquêteur principal de l'affaire Black/Pettigrow.

Il parla longuement du pourquoi il avait réouvert l'affaire, suite aux révélations d'Amelia Bones. De comment il avait mis Tonks et Kingsley sur le coup. Il expliqua les conclusions auxquelles ils étaient arrivés, l'arrestation de Peter et enfin ses aveux. Il exposa avoir repris l'affaire complètement, en raison de sa gravité. Il expliqua toutes les preuves qu'il avait recueillies et qui montraient que Black était innocent.

Rufus n'était pas très apprécié par les journalistes, car il était très taciturne et se mettait rapidement en colère. Malgré tout, personne ne pouvait lui ôter sa clarté. Dans un dossier complexe, il apportait chaque élément de preuve, le mettait en perspective, le tournait et l'expliquait clairement pour que tout le monde puisse le comprendre.

Alan l'interrogea pour clarifier quelques points et être sûr que tout le monde comprenne que le dossier incriminait totalement Peter Pettigrow, sans aucune espèce de doute. Il se rassit, satisfait.

L'avocat de Peter, Maître Miller, tenta de faire vaciller le dossier, persuadé que son client était innocent et victime d'un coup monté. Rufus lui décrocha son regard le plus glacé qu'il réservait aux Mangemorts. Il eut la joie de voir l'avocat déglutir difficilement.

– Comment pouvez-vous être sûr que Sirius Black est innocent ?

Rufus hésitait à dire qu'il l'avait parié avec Amelia Bones, et gros, mais il se retint à temps. Ce n'était pas le moment de blaguer.

– Comme je l'ai dit, Mrs Bones est venue me voir pour me dire que Sirius Black n'avait pas eu de procès. Nous avons enquêté pour monter le dossier pour donner à Mr Black un procès.

– Pourquoi ?

– Pourquoi quoi ? demanda Rufus agacé par les manières de l'avocat.

– Pourquoi vous vouliez lui donner un procès ?

– Parce qu'il n'en a pas eu et que jamais on ne doit envoyer un individu à Azkaban sans procès. Je pense que vous le savez mieux que moi.

– Mr Black a pourtant dit être coupable quand il a été arrêté, releva l'avocat.

– C'est vrai, admit Rufus. Il a dit qu'il était coupable, parce qu'il s'est senti responsable de la mort des Potter. C'est lui qui a suggéré l'idée de changer de Gardien.

– C'est votre interprétation des choses. Il a tout de même avoué.

– Oui, il a dit ça en ayant vu douze moldus se faire assassiner devant lui et les Potter morts, ricana Rufus. On peut évidemment croire ce que dit un homme après un tel choc. Il était évidemment en pleine possession de ses moyens, ironisa-t-il. Sans doute que si les Aurors l'avaient interrogé quelques heures après il n'aurait pas tenu le même discours. Mais on ne le saura jamais puisqu'il n'a pas eu la possibilité de s'expliquer par la suite.

Miller grimaça légèrement.

– Vous avez dit avoir mis les Aurors Kingsley et Tonks sur le dossier, n'est-ce pas ?

– Exact.

– Nymphadora Tonks n'est-elle pas la petite-cousine de Sirius Black ? releva pertinemment l'avocat.

– En effet, consenti Rufus en grimaçant. Mais, comme vous le savez, nous avons tous des liens les uns avec les autres. De plus, l'Auror Tonks n'a jamais eu de contact avec Sirius Black, elle était comme nous persuadée de sa culpabilité. Si elle avait un biais, il était en défaveur de Mr Black.

– Et donc... C'est l'Auror Tonks qui a comme par hasard découvert des preuves indiquant que Black était innocent ? releva l'avocat d'une voix dégoulinante de sarcasme.

– Exact. Elle a analysé le dossier avec précision et a découvert des éléments contradictoires que j'ai déjà énumérés. Vous souhaitez que je répète que Mr Black est innocent ? demanda Rufus sèchement.

– Donc, l'Auror Tonks vous dit qu'il est innocent et vous le croyez ?

– Pas du tout. Nous avons pris en compte ses remarques, mais nous étions persuadés qu'il restait des doutes à éclaircir. Il y avait beaucoup d'éléments contradictoires et jusqu'à preuve du contraire, rien ne permettait de dire qu'il était innocent. L'Auror Tonks a seulement pointé des éléments à éclaircir lors du procès.

– Mais ?

– Mais Peter Pettigrow a été arrêté, majestueusement, par Mr Potter.

Rufus se tourna légèrement vers Harry qui rougit.

– A ce moment, nous avons repris le dossier du début.

– Pourquoi ?

– Parce que Peter Pettigrow était censé être mort sous la baguette de Black, expliqua calmement Rufus. Je ne sais pas vous, mais un mort qui revient à la vie ça m'intrigue. Nous avons interrogé Pettigrow qui a confirmé avoir été le Gardien du Secret des Potter, les avoir trahis et avoir tué les moldus. Nous avons constaté qu'il portait la marque des Ténèbres. Nous avons donc écarté le témoignage de Dumbledore puisqu'il n'avait pas assisté au sortilège de Fidelitas. Avec les aveux de Pettigrow et les éléments soulevés nous avons pu établir que Sirius Black était innocent. D'abord, s'agissant de l'assassinat des douze moldus. Ensuite, pour le Gardien du Secret et l'appartenance au groupe de Vous-Savez-Qui.

– C'est tout ? Vous vous basez sur des aveux que mon client a fait sous la contrainte ?

Rufus dut souffler plusieurs fois pour se calmer.

– Votre client a avoué sans aucune pression, comme pourra le confirmer Mrs Bones et les Aurors Tonks et Kingsley qui étaient présents. De plus, il n'y a pas que ses aveux qui peuvent établir sa culpabilité. Je vous rappelle que votre client a la marque des Ténèbres ce qui vaut, en soit, une condamnation. Vous souhaitez vraiment dire que Pettigrow n'était pas le traitre ?

L'avocat dut sentir qu'il ne devait pas aller sur ce terrain.

– S'agissant de l'attaque contre les moldus. Pourquoi avez-vous conclu à l'innocence de Black qui a, de toute évidence, perdu le contrôle. Si vous partez du principe que le meilleur ami de Black les trahis, ce dernier a pu simplement perdre son sang-froid et attaquer toutes les personnes autour de lui. Pourquoi avoir écarté que Black ne pouvait pas avoir tué les moldus dans la rue ?

– Nous avons récupéré la baguette de Sirius Black, dit Rufus sournoisement.

– Et donc ?

– Nous avons utilisé le sort Priori Incantatum.

Les yeux de Dumbledore pétillèrent à ces mots.

– Pouvez-vous éclaircir ?

– C'est un sortilège qui permet de faire remonter le dernier sortilège d'une baguette, expliqua Rufus. La baguette de Black avait été confisquée dès son arrestation et jamais utilisée depuis.

– Et donc ? s'impatienta l'avocat.

– Le dernier sortilège que Mr Black a utilisé est un sort de chaleur.

– Un sort de chaleur ? répéta Miller amusé. Il avait si froid après avoir tué des gens qu'il a voulu se réchauffer ?

– Puis-je ? demanda Alan à Dumbledore qui lui fit un signe de tête. Mr Black vous pouvez nous expliquer pourquoi le dernier sort de votre baguette est un sort de chaleur, alors que l'on vous accuse d'avoir tué des moldus avec cette même baguette ?

– C'était pour Harry, explique Sirius d'une voix tordue par l'émotion. Quand j'ai récupéré Harry dans la maison et que je l'ai confié à Hagrid j'ai vu qu'il avait les mains gelées et j'ai voulu le réchauffer.

Miller sembla comprendre que les preuves étaient infaillibles et eut du mal à se reprendre, posant des questions sans importance, à la grande impatience d'Alan qui était agacé par ce zèle.

– Vous semblez très proche de Mr Black, remarqua finalement Miller.

– Proche ? répéta Rufus en haussant un sourcil.

– Oui. Nous vous avons tous vu arriver et saluer Mr Black comme un ami. Etes-vous amis ?

– Nous sommes amis, oui, confirma Rufus d'une voix tranchante.

– Vous avez donc un biais dans cette affaire, pointa l'avocat. En plus de l'Auror Tonks qui a pu forcer mon client à faire des aveux, vous êtes proche de Black. Qui ne nous dit pas que vous avez forcé Peter à avouer pour protéger votre ami ?

Rufus écarquilla ses yeux et sentit une vague de fureur déferler en lui.

– Je vous le répète, avant que Peter Pettigrow ne soit arrêté, nous étions tous convaincus de la culpabilité de Mr Black. Nous n'avions aucun intérêt à faire avouer Mr Pettigrow par la force. Il porte la Marque, par Merlin ! cria-t-il agacé. Ça ne vous suffit pas ? Et oui, je suis ami avec Sirius depuis qu'il est venu faire sa déposition et vous savez pourquoi ? Parce que cet homme a été envoyé pendant douze ans en prison et que, malgré tout, la seule chose qu'il souhaite de cette société, vous savez ce que c'est ? Pouvoir s'occuper de Harry, son filleul. Alors oui, je suis ami avec lui. Mais ça n'a rien avoir avec ce qu'il s'est passé il y a douze ans. Lisez le dossier, Maître. Je pense qu'à part vous, tout le monde a compris que Sirius était innocent.

L'avocat hésita à dire quelque chose, avant de se raviser. Rufus se rassit, satisfait de sa prestation.

.

Peter Pettigrow fut le premier des accusés à être interrogé.

– Je suis innocent ! C'est un coup monté ! cria-t-il quand Dumbledore commença à lui poser des questions.

Il revint sur toutes ses déclarations, arguant du fait qu'il avait été forcé par le Chef des Aurors qui était l'ami de Sirius Black. Il fit valoir qu'il avait toujours eu peur de Sirius, le vrai traitre, adepte de magie noire comme toute sa famille.

Alan et Dumbledore cherchèrent à le pousser dans ses retranchements sans succès, se tenant à sa ligne de défense : il avait rejoint Voldemort par peur, expliquant la marque, mais n'avait pas trahis les Potter. Il expliqua que le Gardien était Sirius Black qui avait ensuite tué les moldus pour l'éliminer, perdant son sang-froid.

Le sang-froid, Sirius n'en manquait pas pourtant. Il resta stoïque et encaissa les gémissements de Peter, ses mensonges, avec un flegme inégalable. Pas de vagues, il l'avait promis.

Quand Peter eut terminé sa déposition, Sirius constata qu'il avait tellement serré ses ongles dans sa paume qu'il en avait saigné. Il se retint de ne pas le tuer sur le champ.

Il chercha son regard, mais Peter s'échinait à garder son regard dans le vide. Il ne parvenait pas à comprendre comment cet homme avait pu lui faire ça. Son meilleur ami, un Maraudeur. Un lâche. C'était tout ce qu'il était. Et il ne parvenait à pas à comprendre là où lui-même avait échoué.

.

Sirius fut appelé à la barre et, bien qu'anxieux, il ne le montra pas. Il fit face à Dumbledore qui lui lança un petit sourire rassurant. Sirius sentit son cœur tambouriner alors que Miller, l'avocat de Peter, commençait à lui poser des questions. Il remettait tout en question et semblait absolument certain que Peter était coupable. Il tenta de le pousser dans ses retranchements, mais Sirius avait du soutien derrière lui. Et Amélia l'avait menacé pour qu'il garde son calme. Il ne voulait surtout pas faire face à la fureur de la Directrice de la justice magique.

– Pourquoi auriez-vous changé de Gardien sans informer personne ? demanda sournoisement l'avocat.

Derrière Sirius, Alan leva ses yeux au ciel en songeant que cet avocat était plus stupide qu'un troll.

– Pour que personne ne sache qui était le vrai Gardien. Il y avait un traitre dans l'Ordre, on cherchait à brouiller les pistes, expliqua Sirius d'une voix lente comme s'il s'adressait à un petit enfant.

Harry reconnut l'ironie qu'y mettait Sirius et pouffa silencieusement.

– Pourquoi avez-vous laissé Harry Potter aux soins de Hagrid pour partir tuer Peter ?

Harry vit Sirius se tendre imperceptiblement. L'avocat venait juste de lui parler de ce que Sirius regrettait le plus, après avoir fait confiance à Peter. Il le mettait face à ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'était pas parti à la recherche de Peter.

– Je ne suis pas parti tuer Peter, grinça Sirius d'une voix sourde.

– Ah, vraiment ? Alors pourquoi êtes-vous allé chez lui ? Prendre une tasse de thé ? avança l'avocat qui semblait être persuadé d'avoir remporté une manche.

– Pour voir s'il était en vie. J'ai pensé que Vol... Vous-Savez-Qui avait torturé Peter pour qu'il avoue où étaient cachés les Potter. Je voulais simplement savoir s'il allait bien. Et, en effet, il allait bien.

Sirius sourit froidement. Il s'était retenu de dire "Voldemort" parce qu'Alan lui avait dit que ça ferait mauvais genre. Mais il se sentait lâche. Il voulait prononcer le nom de la personne qui avait ruiné sa vie.

– Pourquoi Peter aurait-il avoué ? Ce n'était pas le Gardien.

Le public sembla souffler de dépit d'un même mouvement.

– C'est vous qui le dites, ricana Sirius sans pouvoir s'en empêcher.

– Comment pourrait-on vous croire ? Personne n'a jamais su que vous auriez changé de place.

– Je n'ai pas la Marque des Ténèbres sur mon bras. Je n'ai pas disparu de la circulation pendant douze ans en faisant croire à ma mort, releva Sirius pertinemment sans perdre la face. Vous n'avez pas écouté le Chef des Aurors ? Il a apporté des preuves très convaincantes à ce sujet.

Miller rougit et balbutia en cherchant ses notes. Alan adressa à Sirius un regard courroucé, mais le public semblait être d'accord avec lui.

– Je n'étais pas le Gardien, répéta Sirius. Vous pouvez m'interroger sous Verisaterum.

– Vous savez bien qu'on peut lutter contre ses effets.

– Pourquoi Peter se serait caché, s'il n'était pas le traitre et le tueur ? demanda Sirius.

– Ce n'est pas à vous de poser les questions, répliqua Miller agacé. Mais il avait peur de vous, c'est évident.

– J'étais à Azkaban.

– Il pensait que vous vous échapperiez.

– Alors que personne n'avait réussi avant ? ricana Sirius. C'est ridicule. Pourquoi je lui aurais coupé un doigt sans le tuer ? Pourquoi il se serait caché ? Rien ne l'explique.

– Pourquoi n'avoir rien dit ? reprit l'avocat.

– A quel sujet ?

– Sur le fait que vous seriez innocent.

– Et le dire à qui ? demanda Sirius d'une voix glaciale qui fit frissonner l'assistance. J'ai été enfermé à Azkaban dès mon arrestation. Un garde m'a ensuite dit que j'avais été condamné à perpétuité. Je peux vous assurer que personne ne vous croit quand vous dites que vous êtes innocent. Vous y êtes déjà allé ? C'est un endroit charmant. Mais il n'y a pas de réseau de cheminette pour s'entretenir avec son avocat.

Miller fit un pas en arrière alors que Sirius lui lançait un regard de pure haine.

– Votre famille est réputée pour être une adepte de magie noire, enchaîna l'avocat.

– En effet. C'est d'ailleurs à ce titre que j'ai été recruté par le Département des Mystères à ma sortie de Poudlard.

L'avocat fronça ses sourcils en regardant son dossier.

– Ce n'est pas dans le dossier.

– Bien sûr que si ! lança Alan en se levant, très agacé. Il est mentionné dans le rapport des Aurors, suite à l'arrestation de 1980, que Mr Black a travaillé au Département des Mystères pendant trois ans.

– Qu'est-ce que vous y faisiez ? demanda Miller.

– Maître, vous savez aussi bien que moi que je ne suis pas autorisé à en parler, répondit Sirius d'une voix remplie d'ironie. Mais Mr Goldberg qui est le directeur du Département est dans la salle. C'est lui qui m'a recruté.

Mr Goldberg, suite à l'invitation de Dumbledore, se leva pour confirmer qu'il avait recruté Mr Black à la sortie de Poudlard et n'avait jamais été déçu de son travail. Mais également qu'il lui était interdit de parler de ce qu'il y avait fait, étant sous contrat magique.

– Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai travaillé avec Lily Potter pendant deux ans, en collaboration avec le Ministère, expliqua Sirius d'une voix tendue. Et oui, ma famille était une adepte de magie noire. Mais je ne suis pas ma famille.

– Alors comment expliquez-vous votre état ?

– Mon état ?

– Vous semblez relativement en forme pour quelqu'un qui a passé douze ans à Azkaban. Nous savons tous qu'un tel séjour est traumatisant. Comment auriez-vous résisté aux Détraqueurs sans magie noire ?

La foule se regarda incertaine. Il était évident que Sirius Black était particulièrement en forme. Ce que pointait l'avocat était pertinent.

– Les détraqueurs se nourrissent des pensées joyeuses. Moi je n'en avais pas. Je savais que j'étais innocent et... ce n'est pas une pensée joyeuse, dit Sirius d'une voix sourde. C'est juste un fait. Je n'avais rien... Il n'y a pas de joie quand on voit son frère se faire assassiner et son meilleur ami nous trahir.

La voix de Sirius se fit lointaine, remplie de peine. Le public reprit son souffle, presque ému en voyant pour la première fois le visage de Sirius se tordre en une expression de douleur intense.

– Vous voulez nous faire croire que, simplement parce que vous étiez innocent, vous n'avez pas été affecté ? ricana Miller rompant le moment de douleur de Sirius qui recomposa un visage neutre.

– Non, évidement, grinça Sirius. Je suis aussi un Animagus non déclaré. Les animaux sont moins sensibles aux Détraqueurs. Les Détraqueurs sont aveugles, ils ne savaient pas que je pouvais me transformer. J'ai donc pu échapper à leur influence quand je me transformais.

– Vous étiez déclaré ? demanda Miller victorieusement.

– Non. Je me suis transformé en Animagus, en fin de quatrième année.

Certains membres du public sifflèrent avec impression, connaissant la difficulté d'une telle prouesse.

– Vous avez donc enfreint la loi, releva Miller.

– Oui. Mais Peter aussi. On s'est transformé ensemble, avec le père de Harry. Enfin, avec James Potter, reprit Sirius avec un petit sourire d'excuse.

– Mais votre famille a bien...

– Oui, ma famille pratique la magie noire. Et alors ? Ce n'est pas parce que je m'appelle Black que je suis coupable, coupa Sirius sèchement. Si vous le croyez, vous devriez arrêter Andromeda Tonks et Narcissa Malefoy, qui sont les sœurs de Bellatrix.

L'avocat rougit furieusement.

– Je n'ai jamais...

– Si, vous vouliez. Je ne savais pas que nous étions coupable en raison de nos origines. Je n'ai jamais pratiqué la magie noire à Azkaban. Je m'en suis sorti parce que je suis innocent et parce que j'ai eu la chance d'être un Animagus. Mais ce n'est pas parce que j'ai l'air bien que je le sois.

– Comment ça ?

– Vous croyez qu'on se sort d'Azkaban sans dommage ? ricana Sirius. Non. Azkaban vous marque à vie. Personne ne pourra jamais effacer les douze ans que j'ai passées là-bas.

Personne ne put remettre en question la douleur qu'on entendait vibrer dans la voix de Sirius.

– Je ne suis pas ma famille, répéta Sirius. J'ai été à Gryffondor et cela a fait tellement scandale que ma mère m'a renié à mes seize ans. Les Potter m'ont recueilli et m'ont traité comme leur fils. J'ai travaillé avec Lily. J'ai été le témoin de leur mariage. Je suis le parrain de Harry. J'aurai préféré mourir plutôt que les trahir ! Vous n'avez pas compris, n'est-ce pas ? Pourquoi on a changé de Gardien ? C'est parce que je voulais mourir, en ne sachant rien. Mourir pour laisser la possibilité à Peter de s'en sortir. Mourir pour les protéger.

– Peut-être que vous étiez jaloux, releva Miller.

– Jaloux ? Jaloux de quoi ? demanda Sirius interloqué.

– James Potter était marié à Lily Potter. Elle était très intelligente, jolie, amusante. Et vous, vous n'aviez pas de famille.

Sirius écarquilla ses yeux avant de sentir une boule de fureur déferler en lui. Il ravala sa remarque qu'il avait sur le bout des lèvres en voyant Alan se poster à ses côtés, comme pour lui rappeler de ne pas s'énerver. Sirius prit une grande inspiration pour se calmer, mais tout le monde vit ses mains se serrer compulsivement.

– Vous êtes sérieux ? Vous venez de m'accuser d'avoir vendu les Potter parce que j'ai eu le malheur de naître dans une famille de fous. Et maintenant, j'aurai été amoureux de Lily, c'est ridicule ! dit-il franchement. Vous êtes complètement malade.

– Mr Black, je vous prierais de parler avec courtoisie à Maître Miller, indiqua Dumbledore qui ne pouvait cacher son petit sourire amusé face à la remarque de Sirius.

Lui-même semblait passablement énervé par les tentatives de l'avocat de mettre à mal la défense de Sirius, alors que tout le monde était sûr que Peter était réellement le traitre.

– Mais...

– Maître Miller, coupa froidement Alan en s'avançant entre lui et Sirius comme pour le protéger, est-ce que vous avez une question pertinente qui n'implique pas d'accuser Mr Black pour son nom ou pour une supposé histoire d'amour inexistante.

– Vous protégez Black, mais on ne sait pas si...

– On le sait, coupa Alan froidement. Toutes les personnes qui connaissaient James, Lily et Sirius savaient quelles relations ils entretenaient. Sirius et Lily ont travaillé ensemble pendant deux ans sans aucune ambiguïté. Sirius a été le témoin et le frère de James Potter. Toutes vos questions reposent sur ce que Pettigrow vous a dit. Mais est-ce que vous avez lu le dossier au moins ?

Miller balbutia en rougissant.

– Je pense que vous en avez fini, Maître, suggéra Dumbledore d'une voix calme mais sèche.

Sirius souffla de soulagement en reprenant place. Il n'avait pas remarqué que ses jambes tremblaient autant. Il était pâle et il avait envie de vomir.

– Vous avez été très bien, assura Alan dans un sourire satisfait. C'est dans la poche.

– Il vient bien de dire que je couchais avec Lily ?

– En effet. C'est scandaleux.

– Je crois que je vais le tuer, grimaça Sirius en jetant un regard mauvais à Miller qui déglutit difficilement.

– Attendez la déclaration de votre innocence, sourit Alan. Je pourrais vous défendre pour votre prochain procès.

.

– J'appelle Mr Harry Potter, dit soudain Miller, faisant sursauter Sirius.

– Ce n'était absolument pas dans le plan de l'audience, Monsieur le Président, dit Alan en se levant brusquement. Mr Potter est un mineur, aucun de ses tuteurs n'est présent pour donner son accord.

Dumbledore semblait lui aussi très embêté à l'idée que Harry soit appelé pour témoigner.

– J'appelle Mr Harry Potter en tant que témoin potentiel, souligna Miller ravi de son petit effet. Rien ne m'interdit de le faire, vous savez comme moi que la jurisprudence Saldberg autorise un mineur à venir témoigner d'un crime, même sans autorisation de ses tuteurs.

– Un crime. Mais quel crime ? ricana Alan. Mr Potter avait un an au moment des faits et n'était même pas présent lors de l'altercation entre Pettigrow et mon client.

– J'appelle Mr Harry Potter pour les faits de séquestration qu'a commis Sirius Black.

Cette fois, Sirius en resta bouche-bée. Il se tourna vers Harry qui lui répondit en haussant les épaules, aussi surpris que lui.

– Séquestration ? répéta Alan.

– Oui. Mr Sirius Black, en sortant d'Azkaban, a séquestré Mr Harry Potter dans sa chambre au Chaudron Baveur. Il l'a lui-même reconnu. C'est un crime passible d'Azkaban. Mr Harry Potter est le seul témoin et est donc autorisé à témoigner.

Alan posa une main sur l'épaule de Sirius en le voyant se lever. Il savait que Miller comptait sur la candeur de Harry pour lui faire avouer des choses fausses. Alan trouvait Harry trop jeune, trop candide.

Mais Sirius lui avait dit que Harry était plus fort qu'il n'y paraissait. Et Alan l'avait vu prêt à tout pour défendre son parrain. Alors, il décida de leur faire confiance. Il se tourna vers Harry qui lui fit un signe de tête positif.

– Faites donc, dit finalement Alan en se rasseyant.

Dumbledore semblait furieux, mais ne put rien faire sinon regarder le petit Harry s'avancer vers la barre, un peu incertain. Il semblait encore plus petit au milieu de l'hémicycle, se tordant les doigts d'angoisse. Miller sourit fièrement en songeant que ça allait être du gâteau.

– Mr Potter, pouvez-vous nous dire comment vous avez rencontré Sirius Black ?

Harry se tourna légèrement vers Sirius qui lui fit un signe de tête encourageant.

– J'étais... Je venais de faire un acte de magie involontaire. Je suis parti de chez moi en pleine nuit et je suis tombé sur Sirius sous sa forme canine.

Le public sourit en entendant la douceur avec laquelle Harry parlait de "Sirius".

– Il s'est approché de moi et, voyant que c'était un chien abandonné... Je l'ai pris avec moi dans le Magicobus. On est arrivé au Chaudron Baveur, je suis allé prendre ma douche et quand je suis sorti Sirius était... Enfin, il s'était retransformé, expliqua Harry.

– Il avait bloqué les issues, n'est-ce pas ?

– Oui, dit Harry un peu hésitant. Il les a bloqués pour que je l'écoute.

– Vous étiez donc retenu contre votre gré ?

– Pas du tout ! s'exclama Harry les joues rouges. Il a bloqué les issues uniquement pour que je l'écoute. Qui ne l'aurait pas fait ? Il a été emprisonné pendant douze ans, il ne savait pas quoi faire !

– Cela reste une séquestration, sourit Miller fièrement.

– Je croyais que nous jugions ce qu'il s'est passé il y a douze ans. Il ne me semble pas que "séquestration" fasse partie des charges retenues contre Sirius, releva Harry d'un ton froid qu'il avait pris de Sirius.

Miller eut un mouvement de recul en grimaçant.

– Nous pouvons toujours rajouter des charges.

– C'est parce que vous savez que les autres ne tiennent pas la route ?

Alan qui s'était levé pour prêter main forte à Harry se rassit d'un air satisfait. Sirius avait eu raison, ce petit en avait sous le coude.

– Mais pour vous répondre, non ce n'était pas une séquestration, parce que j'ai accepté d'écouter Sirius. Je n'étais pas retenu contre mon gré.

– Vous avez accepté de parler à un criminel ? Au criminel qui cherchait à vous tuer ? demanda Miller d'un air dubitatif.

– Comment j'étais censé le savoir ? demanda rageusement Harry.

– Tout le monde savait que Black était un criminel.

– Je ne savais pas que Sirius était un sorcier. Je l'ai simplement vu aux informations et je n'ai appris que dans le Magicobus qu'il était un sorcier et qu'il s'était enfui de la prison d'Azkaban. Ensuite, j'ai rencontré le Ministre de la Magie qui m'a dit que Black n'avait rien avoir avec moi. Alors, oui, j'ai écouté un criminel mais je ne savais pas que... enfin, qu'on pensait que Sirius allait me tuer.

– Vous ne le connaissiez pas.

– C'est vrai. Mais il m'a parlé de mes parents, dit Harry d'une voix émue. Ce qu'il m'a dit semblait possible et j'ai décidé de le croire. Que ça vous plaise ou non, c'est mon parrain.

– Vous l'avez cru comme ça ?

– Parce que je voulais y croire, répéta sèchement Harry. Si Sirius était innocent, ça voulait dire que je pouvais avoir une famille !

Le public soupira de tristesse en voyant ce petit orphelin à la recherche d'une figure familiale. Miller dû sentir qu'il ne devait pas aller sur ce terrain.

– Il n'a pas cherché à me tuer donc j'ai considéré qu'il était digne de confiance. Et j'ai bien fait puisqu'il est innocent.

– Qu'avez-vous fait pendant les vacances ?

– Ça ne vous regarde pas, répondit sèchement Harry.

– Je pense que le Magenmagot aimerait le savoir.

– Je n'en parlerais pas. Ce ne sont pas vos affaires et ça ne concerne pas ce procès.

– Mais si...

– Ecoutez, Sirius s'est évadé pour me protéger, parce qu'il craignait que Pettigrow s'en prenne à moi. Vous devriez surtout demander à Peter ce qu'il faisait sous sa forme d'Animagus dans mon dortoir pendant deux ans. Vous trouvez ça normal, vous ? C'est un peu étrange pour quelqu'un qui se prétend innocent. Et personnellement, je trouve ça inquiétant. Entre quelqu'un qui me séquestre pour me parler de mes parents et un homme qui se cache dans un dortoir d'enfants de onze ans, je sais à qui faire confiance.

Rufus et Sirius sourirent de fierté. Ils n'avaient pas pensé à cet angle d'approche, mais il est vrai qu'il était plutôt inquiétant de savoir un Animagus dans un dortoir d'élèves de première et deuxième année. Peter se renfrogna dans son siège.

– Sirius est innocent, affirma Harry d'une voix déterminée prenant de l'assurance. Il aimait mon père et ma mère et jamais il ne les aurait trahis. C'est la meilleure personne qui me soit arrivée dans la vie, ajouta-t-il en regardant Sirius dans les yeux. Si vous pensez que c'est criminel, comment expliquez-vous qu'il ne soit pas allé directement tuer Peter ? Qu'il ait pris soin de moi ? Qu'il n'ait pas cherché à me tuer ?

Harry prit une grande inspiration et tourna enfin son regard vers Peter qui pleurait à moitié, seul dans son coin, pathétique. Miller tenta de lui poser des questions, mais Harry n'avait d'yeux que pour l'homme qui avait trahi ses parents.

– Vous avez trahis mes parents, dit Harry d'une voix tremblante. C'était votre meilleur ami ! Il était votre ami et il vous faisait confiance, dit-il, l'émotion perlant dans chaque mot qu'il prononçait.

– Mr Potter, adressez-vous au Magenmagot, dit Dumbledore doucement.

– C'était votre ami, répéta Harry sans pouvoir détacher son regard de Peter. Quel genre d'ami êtes-vous ? Ils seraient morts pour vous. Et vous, vous osez nier ce que vous avez fait ? Mais assumez ! Assumez que vous étiez le Gardien !

– Mr Potter, ne vous adressez pas à l'accusé.

– Montrez qu'un jour vous avez mérité votre place de Maraudeur.

Peter tourna sa tête vers Harry qui n'y vit que de la peur et de la lâcheté. Harry posa son regard sur l'avocat de Peter qui semblait perdu, comprenant qu'il avait perdu un de ses atouts.

– Je pense que vous en avez fini, dit sèchement Harry sans attendre d'être congédié.

Dumbledore semblait très content et fit rasseoir Maître Miller qui semblait dépité.

Harry se rassit le cœur battant, tambourinant dans son cerveau. Il peinait à capter ce qu'il se passait autour de lui tant l'adrénaline pulsait dans son corps. Il sentit la main de Rufus se poser sur son bras.

– Tu as été très bien, Harry.

– Je crois que je me suis un peu emporté, grinça Harry.

– C'est ton côté Gryffondor, s'amusa Rufus.

– Mr Pettigrow, vous souhaitez réagir ? demanda Dumbledore en voyant l'accusé lever le bras comme pour demander la parole.

– Je... Oui, je veux dire...

Pour la première fois du procès, Peter et Sirius se regardèrent. Peter fondit en larmes alors que Sirius sentait son cœur se serrer à l'idée de voir son meilleur ami comme ça. Comment avait-il pu devenir un tel homme, il ne se l'expliquait pas. Etait-il responsable de ce qu'il s'était passé ? S'il avait été plus présent, s'il l'avait plus protégé... S'ils avaient tous fait mieux. Parce que quelque chose s'était passé, entre ce garçon plein de vie de onze ans prêt à tout pour aider Remus et cet homme pathétique qui avait trahis tout le monde. Comment cela avait-il pu arriver aux Maraudeurs ?

– J'étais le Gardien du Secret, admit Peter la voix tremblante. Tout ce que j'ai dit dans ma déposition était vrai. J'ai trahi James et Lily. Je le regrette... Mais j'avais tellement peur...

Sirius soupira de soulagement. Le dossier était bétonné, mais des aveux arrangeaient tout. Il se tourna vers Harry qui lui lança un sourire rempli d'assurance et de soulagement. Sirius le remercia d'un signe de tête.

.

Alan se leva souplement. Il s'avança au centre de la salle, posa son regard sur chacun des juges qui lui faisait face et prit une grande inspiration.

– Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Magenmagot, nous sommes ici pour juger du destin d'un homme, Sirius Black. Cela fait des heures que nous sommes ici et vous allez devoir prendre une décision.

"Je voudrais tout d'abord que chacun d'entre vous se souvienne d'où il était, il y a douze ans, et ce qu'il faisait. Mais aussi tout ce que vous avez fait depuis. Un nouveau travail, des amitiés, des relations amoureuses, certains d'entre vous sont sortis de Poudlard, d'autres ont eu des enfants, se sont mariés. Douze ans. C'est long douze ans.

"Maintenant, je veux que vous réfléchissiez au fait que Mr Black a passé cette même période en prison. Douze longues années. Et qu'en douze ans, il n'a rien eu. Pas de petite-amie, pas de famille, pas de visites, pas de travail.

"Certains d'entre vous sont sans doute déjà allés à Azkaban, mais pour ceux qui l'ignorent, les cellules font cinq mètres carrés. Vous n'avez rien pour vous allonger, vous êtes à même le sol. Mr Black a été placé dans les cellules de haute sécurité. Il y avait deux détraqueurs postés devant sa porte, chaque jour, chaque nuit. Depuis douze ans ! Vous savez sans doute ce que peut faire un détraqueur.

"Vous avez froid, vous avez peur. Ils ôtent tout espoir en vous. Tout espoir. Et le froid. C'est le froid le pire. Vous n'avez pas de couverture, vous êtes allongés à même le sol, sans voir le dehors. Vous entendez uniquement la mer autour de vous, qui vous montre que vous êtes seul et que vous n'avez aucune possibilité de vous enfuir parce qu'autour de vous, il n'y a rien. Vous êtes seuls, tout le temps. Dans votre cellule, dans votre tête. Vous entendez aussi les hurlements des autres prisonniers. Et ensuite, c'est le silence. Parce que tout le monde fini par se taire à Azkaban.

"Pendant douze ans, Mr Black a été enfermé là-bas. Il n'y a vu personne. Personne à qui parler, personne à qui expliquer qu'il était innocent. Il n'y avait que lui. Lui et la culpabilité. La douleur des Détraqueurs et le froid. Vous semblez tous penser que mon client va bien. Oui, extérieurement, parce qu'il a eu la chance d'être un Animagus. Mais intérieurement, vous pensez qu'il va bien ?

"Douze ans sans voir personne, à revoir tous ses pires cauchemars. A voir son frère mourir. A voir celui qu'il considérait son meilleur ami le trahir. A savoir Harry seul sans personne. Vous savez ce que ça fait ? Pour ceux qui ont des enfants, imaginez être séparés d'eux pendant un court instant sans savoir avec qui ils sont, sans savoir s'ils sont en sécurité. Comment vous réagiriez si l'homme qui a travaillé pour Vous-Savez-Qui dormait dans le même dortoir que votre enfant ?

"Alors oui, Mr Black s'est échappé. Mais pour une bonne raison. Il voulait protéger Harry, son filleul. J'ai eu l'occasion de voir ces deux personnes face à moi, vous avez vu ce qu'il s'est passé quand Harry est entré ici. Mr Black et Mr Potter ont une grande affection l'un envers l'autre. Jamais Mr Black ne lui aurait fait de mal. Un tueur et partisan de Vous-Savez-Qui ne pourrait pas feindre un tel amour. Pourtant ils ne se connaissent que depuis six mois. Combien d'années perdues pour eux ? Quand j'ai rencontré Mr Black, la seule chose qu'il m'a demandé c'est de protéger Harry. Il ne veut même pas être innocenté pour lui, mais pour Harry. Parce qu'il l'aime. Et qu'on lui a enlevé son filleul il y a douze ans.

"Il aimait James comme son frère. La famille Potter l'a accueilli comme s'il était leur fils. Lily et Sirius ont travaillé ensemble, Sirius a été là au moment où Harry est né. James était son frère, il a été son témoin. Toutes les personnes savent à quel point ils étaient proches. A Poudlard on les appelait les jumeaux. Jamais l'un sans l'autre. Ils étaient la famille. Pourquoi il l'aurait trahi ?

"Je pourrais vous rappeler toutes les preuves, mais nous avons déjà démontré que mon client est innocent. Toutes les preuves sont contre Peter. Il a avoué, de façon non équivoque, parce qu'il est coupable. Mon client n'a ni la marque, ni le mobile. Il a voulu protéger sa famille jusqu'au bout. Et il a été enfermé injustement, tout ça pour quoi ? Pour un coup de bluff ? Parce qu'il voulait mourir pour ses amis ! Quelle tristesse.

"Personne ne lui a laissé la possibilité de s'exprimer. On l'a condamné. Et vous savez pourquoi ? Parce que c'est un Black. Parce qu'il a eu le malheur de naître dans cette famille. Parce que personne ne lui a laissé le bénéfice du doute. Ils n'ont même pas regardé s'il avait la marque des Ténèbres, si ce n'est pas un scandale, je ne sais pas ce que c'est.

"Le Ministère a emprisonné mon client pendant douze longues années. Douze ans, alors qu'il était innocent. Ils ne lui ont pas donné de procès, ils ne l'ont pas traité comme un homme. Ils l'ont traité comme un animal, comme s'il n'était rien. Ils ont fait la même chose que les Mangemorts : condamner en raison de sa famille. Et à présent, on est là ? Ça ne choque que moi ?

"Cet homme a passé douze ans à Azkaban, il a été condamné, humilié, insulté, brisé ! Douze ans et on attend six mois pour lui avoir un procès ? On retrouve un homme censé être mort, qu'il était censé avoir tué, avec la marque des ténèbres, un dossier en béton et on attend six mois pour lui avoir ce procès. On attend six mois pour cette mascarade ! Pour un avocat qui semble croire que Pettigrow est innocent alors que tout coïncide et pourquoi ? Parce que mon client est un Black qui aurait été amoureux de Lily, c'est scandaleux. Maître Miller, vous faites honte à notre profession.

"Rien n'incrimine mon client. Rien du tout. Il a avoué, mais comment peut-on considérer ça comme des aveux ? Il se sentait responsable, oui, sans aucun doute. Mais coupable il ne l'est pas. Il a simplement fait confiance à la mauvaise personne. Et ensuite il a dit qu'il était responsable. Pourquoi ? Il venait aussi de voir son frère et celle qu'il considérait comme sa sœur morts. Harry en vie, ayant combattu Vous-Savez-Qui. Mr Black a assisté à la mort de douze personnes, par celui qu'il considérait être son meilleur ami. Tout le monde aurait été choqué par cette vision. Mais personne ne lui a laissé la moindre chance. Mr Croupton l'a envoyé sans sommation à Azkaban. Il l'a presque condamné à mort, sans aucun remord.

"C'est un homme brisé qui est devant vous. Brisé par le Ministère, par Peter Pettigrow, par notre société. Alors, vous devriez réparer ce scandale, cette injustice.

"Aujourd'hui, nous jugeons Sirius Black. Un homme qui a lutté pour ses idées, qui a voulu protéger sa famille, ses amis, au péril de sa propre vie. Qui a lutté contre Vous-Savez-Qui dès son entrée à Poudlard, dès son premier jour, quand il a fait le choix d'aller à Gryffondor. Il a fait le choix de s'éloigner de sa famille. Il s'est enfui de chez lui, il a tout fait pour ne pas être assimilé à sa famille.

"Mais pourtant, on ne lui a pas laissé le choix. Dès l'instant où il s'agissait d'un Black tout ça n'avait plus d'importance. Son engagement au sein de l'Ordre du Phoenix, au sein du Ministère, de Poudlard... Tout ça n'a plus compté. On n'a plus parlé de ses succès, des batailles contre Vous-Savez-Qui lui-même, de l'amour qu'il portait à James, à Lily, de son amour pour son filleul. Non, on l'a uniquement condamné, sans lui laisser la moindre chance. Douze ans à Azkaban pour rien. Pour rien ! Pendant que le vrai traitre courrait toujours et se réfugiait dans les dortoirs d'enfants de onze ans.

"Nous jugeons Sirius Black aujourd'hui, mais ce n'est pas lui que nous devrions juger. C'est nous."

Alan se rassit, le souffle court. Ce n'était pas la plus longue plaidoirie qu'il ait faite, ni la plus construite, mais tout avait déjà été dit. Sirius avait plongé sa tête entre ses mains et semblait avoir du mal à se relever. Alan posa sa main sur son épaule, en espérant que tout se passerait bien.

.

La délibération du Magenmagot fut plutôt courte.

Dumbledore fit lever Sirius et Peter.

– Mr Black, commença Dumbledore d'une voix forte, nous allons énoncer les charges qui étaient retenues contre vous et rendre notre verdict.

Sirius sentit toutes ses couleurs le quitter. Jamais il n'avait eu si peur. Il était pétrifié. Il sentait son cœur battre à la chamade, son ventre se tordre d'angoisse.

– A la question de savoir si Mr Black est coupable d'assassinat sur la personne de douze moldus, il a été répondu non coupable.

Alan souffla de soulagement et sentit le poids de l'anxiété le quitter. Tout allait bien se passer à présent.

– A la question de savoir si Mr Black est coupable de complicité de l'assassinat d'Edgard, Marcus et Alta Bones, il a été répondu non coupable.

Amelia sourit tranquillement en songeant que sa famille allait bientôt être vengée, quand le vrai coupable serait envoyé en prison.

– A la question de savoir si Mr Black est coupable de complicité de tentative d'assassinat sur la personne de Mr Harry Potter, il a été répondu non coupable.

Harry sautillait presque sur sa chaise, comprenant que le procès était gagné.

– A la question de savoir si Mr Black est coupable de complicité de l'assassinat de James et Lily Potter, il a été répondu non coupable.

Sirius sentit ses yeux s'humidifier et ses épaules se relâcher. C'était la seule charge qui lui importait. Il voulait que tout le monde sache que jamais, au grand jamais, il n'aurait pu les trahir.

– A la question de savoir si Mr Black est coupable d'utilisation de sorts impardonnables, recueil d'informations pour le compte de Vous-Savez-Qui et participation au groupe de Vous-Savez-Qui comme Mangemort, il a été répondu non coupable.

Peter se ratatina sur son siège, comprenant que ça s'annonçait très mal pour lui.

– Enfin, à la question de savoir si Mr Black est coupable de transformation en Animagus non contrôlée et non déclarée au Ministère de la Magie, il a été répondu coupable. Toutefois, ajouta Dumbledore en entendant la foule gronder, Mr Black s'est enregistré au Ministère le 2 février. Le Magenmagot a pris en compte les douze années passées à Azkaban et a décidé d'abandonner purement et simplement cette charge.

La foule approuva largement.

– Mr Black, dit doucement Dumbledore en posant ses yeux bleus sur l'homme en face de lui, vous êtes déclaré innocent de toutes les charges qui vous étaient reprochées.

L'assemblée se leva en applaudissant. Harry et Rufus se tapèrent dans la main, extatiques, alors que Sirius peinait à comprendre ce qu'il venait de se passer. Il sentit Alan secouer son épaule, ravi de son succès. Il entendit la foule manifester sa joie.

Sirius sentit un poids s'ôter de son corps. Jamais il ne s'était senti aussi léger de sa vie, comme si enfin son corps pouvait se détendre. Mais il y avait aussi un goût amer dans la bouche. Celui de douze années passées, enfermé, pour un crime qu'il n'avait pas commis.

– Mr Black, dit Dumbledore, vous pourrez récupérer les biens qui vous ont été confisqués à la fin du procès auprès de Madame la Directrice de la justice magique. Un communiqué sera publié dans la Gazette du Sorcier ainsi que dans les journaux moldus pour expliquer votre déclaration d'innocence. S'agissant du dédommagement, le Département de la justice magique tiendra une audience dans les semaines à venir. Vous êtes rétablis dans tous vos droits. Tous les mandats à votre encontre sont levés et les Gardiens d'Azkaban seront informés. Vous êtes à présent, libre.

Sirius se rassit, encore sous le choc, mais soulagé. Il savait qu'il lui faudrait du temps pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Pour accepter sa nouvelle liberté. Pour comprendre qu'il n'était plus recherché et menacé de mort. Il était heureux, soulagé, mais aussi perdu.

Il lui restait encore un long chemin pour que tout redevienne comme avant, il sentit une nouvelle flamme brûler en lui qui le réchauffa instantanément. Depuis qu'il s'était évadé, il n'avait senti que le froid et la peur. Mais là, tout était différent. C'était l'espoir qui brûlait en lui. L'espoir d'une nouvelle vie.

Harry avait les larmes aux yeux, Alan semblait fou de joie et Rufus faisait des petits signes à Amelia qui le foudroyait du regard, sans pouvoir cacher son sourire de satisfaction.

Sirius entendit à peine le Magenmagot condamner Peter Pettigrow pour toutes les charges et le condamner à la prison à perpétuité. Il ne vit pas son ancien meilleur ami se faire entraîner loin de la salle. Tout ce qu'il voyait c'était son filleul. Harry qui souriait. Harry qui vint lui faire un câlin. Harry qui le félicitait et qui pleurait à moitié.

Sirius ferma ses yeux et sourit largement en comprenant qu'ils étaient à présent autorisé à se côtoyer sans risquer la prison. Il était libre. Il allait pouvoir s'occuper de Harry, reprendre sa place dans sa vie et dans le monde magique. Ils allaient être une famille, passer leurs vacances ensemble et enfin profiter l'un de l'autre. Il se sentait si bien qu'il aurait pu créer le plus brillant des Patronus à ce moment. Il était libre !

.

Sirius et Harry mirent un temps infini à sortir de la salle d'audience, tous les journalistes voulant une interview du nouvel acquitté. Ils remercièrent chaleureusement Alan qui indiqua n'avoir fait que son travail et que tout n'était pas terminé.

Ils ne répondirent à aucune sollicitation, Sirius posant une main protectrice sur l'épaule de Harry, un peu ébloui par les flashs. Rufus réussit à leur dégager un passage en menaçant les journalistes de sa baguette, pour les conduire au bureau des Aurors. Quand ils entrèrent, ils furent applaudis par certains Aurors qui avaient suivi le procès.

– Harry ! s'exclama une voix enjouée.

Harry pivota sur ses talons pour croiser le regard pétillant de Tonks.

– Bonjour, dit Harry en souriant. Sirius je te présente l'Auror Tonks, tu sais c'est...

– Ma petite-cousine, en effet. Quel plaisir de faire ta connaissance, affirma Sirius en attrapant sa main. C'est donc à toi que je dois mon innocence ?

Tonks rougit sous le compliment.

– Le Chef a aidé, expliqua-t-elle en balayant ses remerciements d'un geste de la main.

– Je suis persuadé que tu l'as convaincu, il est facilement influençable, dit Sirius franchement alors que Rufus ricanait dans son coin. Comment va Andy ?

– Elle va bien. Elle aimerait beaucoup reprendre le contact, dit Tonks qui semblait contente qu'il prenne des nouvelles.

– Quand elle veut, dit Sirius. Je serai ravi de lui parler si elle le souhaite.

– Top ! dit Tonks en changeant la couleur de ses cheveux en un rouge vif. Je lui dirais.

– Merci beaucoup à toi, dit Sirius d'une voix remplie d'émotion.

– C'est mon boulot, assura-t-elle.

Elle semblait toutefois très contente d'elle-même. Elle leur fit un petit signe alors que Rufus les entraînait dans son bureau.

– Elle a l'air gentille, dit Sirius amusé.

– C'est une bonne recrue, affirma Rufus.

Il sortit sa baguette et fit apparaître des tasses de thé. Harry attrapa la sienne avidement, épuisé par cette longue journée de procès.

– Je te conseille d'attendre quelques jours avant de sortir, dit Rufus en se tournant vers Sirius. Il vaut mieux attendre que les sorciers aient lu le journal. Et il faudrait sans doute que tu accordes une interview, si tu veux montrer que...

– C'est déjà fait, coupa Sirius en étirant son visage en un sourire malicieux. Le Chicaneur.

– Et dire que je disais à Amelia que tu étais intelligent ! s'exclama Rufus avant de rigoler.

– Ça va être grandiose, assura Sirius.

– Je n'en doute pas. Je suppose que vous avez hâte de rentrer, devina Rufus en voyant Harry bailler. Tu prendras contact avec Amelia pour les biens et l'audience ?

– Oui. Comment ça va se passer ?

– On va faire une audience pour savoir qui est responsable de tout ça et t'accorder une indemnisation à la hauteur de l'injustice, expliqua Rufus d'une voix remplie de rancœur. Mais n'attends pas trop de choses, tu sais que c'était la fin de la guerre. Je doute que ça aboutisse à grand-chose. Ton avocat va sans doute insister, mais bon, c'est...

– Oui, à période exceptionnelle, mesures exceptionnelles, grinça Sirius.

– En attendant que tu récupères tes effets personnels...

Rufus sourit malicieusement en sortant de son tiroir une longue boite en bois. Il l'ouvrit, dévoilant une baguette en bois de roseau au ventricule de dragon, posée sur un écrin.

– Ma baguette ! s'exclama Sirius en l'attrapant avidement.

Sa baguette fit des étincelles dorées au moment où il posa sa main dessus. Une douce chaleur se diffusa dans son avant-bras comme si sa main et la baguette magique se réjouissaient d'être à nouveau réunies.

– Je voulais que tu la récupère le plus vite possible, sourit Rufus.

Harry semblait très ému par la vision de son parrain retrouvant son bien le plus précieux. Il n'imaginait pas être séparé de sa propre baguette à la plume de Phoenix et pouvait aisément comprendre l'émotion de Sirius.

– Harry, tu as été parfait, dit finalement Rufus en se tournant vers le garçon.

– Tu as été génial ! confirma Sirius les yeux brillants. Quand tu as parlé des Maraudeurs, tu as fait basculer le procès.

Harry se sentit bizarrement fier d'avoir réussi à aider son parrain.

– Harry doit retourner à Poudlard, grimaça Sirius en avisant l'heure. On va devoir rentrer.

– Je vais l'y conduire, proposa Rufus.

– Merci. Je t'avoue que je suis content de ne pas croiser Dumbledore, souffla Sirius.

Harry et Sirius se dirent au revoir avec émotion. Malgré tout, le départ fut plus heureux, tous les deux ayant en tête la déclaration d'innocence de Sirius et les jours meilleurs qui s'annonçaient. La prochaine fois qu'ils se verraient, Sirius serait un homme libre.

Harry avait aussi hâte de rentrer pour raconter à ses amis le résultat du procès. Il était très tard, mais il savait que Ron et Hermione l'attendraient et qu'il verrait Susan, Hannah et Luna à la première heure le lendemain.

– Je préviens Remus, indiqua Harry en songeant à son professeur.

Il se doutait que Remus patrouillerait autour de la Salle Commune des Gryffondors ce soir-là, sans doute pour avoir un compte-rendu précis.

– J'y compte bien. Est-ce que tu peux essayer de ne pas mourir avant la fin de l'année ? soupira Sirius sous le regard amusé de Rufus.

– Je vais essayer, promit Harry.

– Fais attention et profite bien. On se voit en juin.

– Tu viendras me chercher ? demanda Harry d'une voix enrouée.

– Promis, affirma Sirius fortement. Fais-moi confiance.

– Je te fais confiance, assura Harry avant de regarder Sirius partir.

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Sirius transplana en homme libre dans la rue du Square Grimmaurd. Il ne pouvait s'empêcher de sourire comme un bienheureux. Quand il pénétra dans la maison, il eut la surprise de voir Dobby et Kreattur l'attendre devant le tableau de sa mère.

– Alors ? demanda Walburga impatiente.

– Alors quoi ? répondit Sirius malicieusement.

– Le procès, Sirius ! Le procès, raconte-nous ! quémanda sa mère d'un ton réellement inquiet.

– Je suis innocenté ! cria Sirius en lançant son poing en l'air, ne pouvant pas les faire patienter plus longtemps.

Dobby hurla de joie en faisant tournoyer Kreattur dans ses bras comme une princesse.

– Elfe libre, insulta Kreattur d'une voix sèche et remplie de mépris en essuyant son uniforme comme s'il craignait d'avoir attrapé une maladie terriblement contagieuse.

Sirius remarqua toutefois que Kreattur semblait très soulagé, comme s'il avait eu peur que son Maître ne retourne à Azkaban.

A sa grande surprise, sa mère soupira et étira son visage en un doux sourire paisible. Elle semblait très heureuse pour lui, presque rassurée.

– Bravo, mon fils, dit-elle d'une voix étranglée qu'elle masqua en toussant. Tu vas pouvoir redorer le blason des Black, ajouta-t-elle d'une voix plus sèche.

Sirius sourit à sa mère, content de voir qu'elle était heureuse pour lui. Leur relation n'était pas encore apaisée. Il avait beaucoup de ressentiments à son égard et elle restait un tableau, qui ne pouvait pas s'excuser pour ce qu'elle lui avait fait subir.

Mais il ne pouvait pas nier que l'influence de sa mère avait été positive. Elle l'avait accompagné depuis sa sortie d'Azkaban, elle l'avait aidé pour Voldemort et avait tenté de ne pas l'insulter. Leurs relations étaient pacifiques, comme en témoignait le fait que Sirius passait parfois au Square Grimmaurd alors qu'il habitait à la Villa Bleue et cela était pour le mieux. Le calme était enfin revenu au Square Grimmaurd.

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Deux jours après le procès, Harry eut la surprise de voir un hibou inconnu se poser devant lui. Il attrapa le journal que lui tendait le hibou, ainsi que la lettre attachée à sa patte, s'étonnant qu'il reparte sans même être payé.

Il bailla largement. Après le procès, Rufus et lui étaient entrés à Poudlard par transplanage d'escorte. Ils avaient été accueillis aux portes par Remus qui semblait très impatient. Rufus l'avait laissé entre de bonnes mains et Harry avait eu le temps de lui raconter le procès en long et en large sur le chemin de la Salle Commune. Remus avait été très soulagé et lui avait demandé une tonne de détails avant de voir que Harry s'endormait à moitié sur le mur.

En entrant dans la Salle Commune, il avait trouvé Hermione et Ron qui l'attendaient de pied ferme. Hermione avait été si soulagée qu'elle avait pleuré pendant de longues minutes sur l'épaule de Harry. Ron lui avait tapoté gentiment l'épaule, un peu gauche, content pour lui. Harry avait eu du mal à cacher son émotion.

Susan et Hannah avaient fait une danse de la joie dans la Grande Salle et Luna avait regardé Harry d'un air évident, comme si elle n'avait jamais douté de ce résultat. Le soir, les jumeaux avaient organisé une petite soirée, pour fêter l'innocence de Sirius. Personne ne savait réellement pourquoi ils avaient organisé une fête, arguant du fait qu'il n'y a pas besoin d'occasion pour faire la fête, mais Harry en avait été très touché.

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Harry,

Je vous transmets l'exemplaire du Chicaneur dans lequel vous trouverez l'interview de votre parrain.

Nous avons repoussé la sortie d'un article sur les Ronflacks pour le faire paraître dès le lendemain du procès.

Je vous offre un abonnement annuel au Chicaneur pour vous remercier d'avoir pris soin de ma Luna. Elle m'a indiqué que vous aviez chassé les Nargoles. Et les amis de Luna sont mes amis.

Bonne lecture,

Xenophilius Lovegood

PS : j'attends impatiemment votre avis sur l'article des Tornades, Sirius m'ayant indiqué que vous étiez un grand fan de Quidditch.

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A sa grande surprise, un collier en bouchons de Bièraubeurre tomba de la lettre. Harry se demanda s'il oserait le porter un jour.

Le Chicaneur était un journal tout en couleurs, remplis de dessins élaborés et un peu fantastiques. Harry avait eu l'occasion d'en lire certains qu'il piquait à Luna, adorant les mots fléchés et les articles sur le Quidditch. Mais ce jour-là, ce qui l'attira fut le titre du journal.

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SIRIUS BLACK PARLE ENFIN : Le récit de la nuit où j'ai tout perdu

Dans ce numéro spécial du Chicaneur, retrouvez l'interview exclusive de Sirius Black, innocenté après douze ans passés à Azkaban. Sirius Black, victime d'une terrible injustice, revient sur cette nuit qui a tout changé, de son combat pour son innocence et de son filleul, Harry Potter (suite p. 2)

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Harry lut avidement l'interview de son parrain. Il fut surpris de voir qu'elle était parfaitement retranscrite, sans aucune allusion à une créature mystique. L'interview était suivie de divers articles qui s'appuyaient sur des faits précis, relataient à la perfection le procès et établissaient que Sirius avait été la victime d'une terrible injustice.

En le lisant, Harry eut la surprise de voir à quel point il en ressortait l'amour de Sirius pour lui. Il parlait du fait qu'il s'était échappé pour le retrouver, de leur relation parrain/filleul et du fait qu'il ne voulait qu'une chose : profiter de lui. Harry fut touché de voir tout le bien que Sirius pensait de lui.

Harry ne savait pas si le journal avait été lu, mais au moins Sirius avait pu donner sa version des choses, ce qui était la seule chose qui comptait. Quand Hermione et Ron arrivèrent pour prendre leur petit-déjeuner il leur tendit l'exemplaire du Chicaneur qu'ils lurent avec attention, ravis pour lui.

– Harry !

Harry se tourna vers Luna qui avait un grand sourire sur ses lèvres, alors qu'elle s'installait prêt de lui.

– Tous les journaux ont été vendus, dit-elle en lui montrant la lettre qu'elle venait de recevoir de son père. On va relancer un tirage. Mon père est ravi, même si on ne comprend pas pourquoi l'exemplaire sur les Ronflacks n'a pas eu autant de succès.

Hermione semblait sur le point de faire un commentaire, mais se ravisa en voyant Harry sourire à son tour.

– Tu sais Luna, les gens sont plus attirés par les scoops que par les découvertes, malheureusement.

Luna sembla ravie de sa réponse en se servant un bol de céréales.

– Mon père a reçu des dizaines de demandes d'abonnement. C'est un grand pas pour le journal.

– Il vient de m'envoyer un abonnement annuel, dit Harry, c'est gentil de sa part.

– C'est bien normal, dit Luna. Tu l'as lu ?

– Pas encore, dit Harry en montrant son exemplaire qui semblait faire le tour de la maison Gryffondor. Je laisse les autres en profiter avant, rit-il.

– Tu vas voir, il y a des mots fléchés à la fin, édition spéciale Sirius Black, dit Luna qui savait qu'il adorait les faire avec elle.

– Cool. Je suppose qu'en huit lettres, profession de Sirius Black, il y a chanteur ?

Luna éclata de rire avant de confirmer. Ils discutèrent un court moment de la presse magique, quand Hedwige se posa élégamment devant lui, une lettre accrochée à la patte.

– Merci ma belle.

Elle lui mordilla le doigt avant de repartir.

– C'est une lettre de Sirius, dit Harry extatique en voyant l'écriture élégante de son parrain sur l'enveloppe.

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Harry,

Je sais qu'on s'est quitté il y a deux jours, mais il faut croire que tu me manques déjà.

L'article du Chicaneur est paru ce matin et le journal est déjà en rupture de stock ! Heureusement Xeno m'a fait parvenir un exemplaire et il me semble qu'il l'a également fait pour toi.

Toi aussi tu as eu droit à un abonnement annuel ? Je suis trop content, c'était mon journal préféré quand j'étais à Poudlard. Ton père en avait horreur, mais j'ai toujours trouvé ça génial.

Je te conseille de lire l'article sur les Tornades et la corruption à la Coupe de la Ligue (qui explique comment cette équipe a pu honteusement éliminer les Flèches !) Quasiment rien n'est vrai, mais il y a un fond de vérité, il faut juste lire entre les lignes et je pense que tu vas adorer.

J'ai rendez-vous avec Amelia pour récupérer tous mes biens. Je pense que ça va être très compliqué, mais bon, Rufus et Amelia ont promis de m'aider. Je t'informe également que Dumbledore et Croupton vont être interrogés sur leurs agissements. Comme tu le sais, Rufus craint qu'il n'y ait aucune sanction. Donc, je n'attends rien de spécial, mais je te tiens au courant.

En tout cas, l'essentiel est que je sois innocenté. Je vais pouvoir faire plein de choses maintenant. Narcissa a pris contact avec moi et je vais sans doute accepter de la rencontrer. Je dois également contacter Andromeda. Je vois aussi Remus en "homme libre" dans quelques jours. Ensuite il faut qu'on discute de ce qu'on fait pour l'opération Puzzle. Je suis d'avis qu'on tienne Rufus, Amelia et Remus au courant, mais je veux savoir ce que tu en penses.

Je te tiens au courant.

Sirius Orion Black

La Noble et très ancienne famille des Black

Toujours Black

PS : je joins un paquet de Suçacides pour ton amie Luna, pour la remercier.

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– Tiens Luna, c'est de la part de Sirius, dit Harry en lui tendant le petit paquet de bonbons.

– Ce sont mes préférés ! s'exclama la Serdaigle. Tu diras merci à Stubby.

Harry sourit simplement en relisant la lettre de Sirius. Il pouvait ressentir sa joie et son soulagement. Ils s'étaient quitté il y a deux jours, mais il lui manquait déjà. Sauf que, cette fois, il pouvait en parler sans crainte qu'il ne se fasse arrêter. Son parrain était libre.

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