PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Comme d'habitude, je voudrais remercier tout le monde. Je viens de passer les +50.000 visites, c'est juste incroyable donc merci à vous de continuer à suivre cette histoire comme ça !

Ensuite j'aimerai juste faire un petit aparté : il n'y a pas de Lord dans mon histoire. Alors, oui, Sirius fait partie d'une grande famille de sorcier très riches, mais ce n'est pas un Lord, Harry non plus. J'aime bien ce genre d'histoires, mais je ne me sentais pas de l'intégrer ici.

J'espère que vous aimerez ce chapitre, la fin a été plutôt difficile à écrire... Il est aussi très long puisqu'il fait presque le même nombre de mots que ceux de noël.

Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 15.

"Réparation"

– Ah, Sirius ! Entre, entre !

Sirius pénétra dans le bureau d'Amelia en lui tendant un paquet cadeau. Elle le regarda avec un mélange d'étonnement et de crainte.

– Ouvre-le, il n'est pas piégé, se moqua Sirius en voyant son petit nez se froncer.

Amelia leva ses yeux au ciel en s'emparant du paquet. Elle découvrit un joli châle doré, dont les fils étincelaient de mille feux.

– Waouh, dit-elle en survolant l'étoffe de la main. Pourquoi ?

– Pour te remercier d'avoir réouvert mon affaire, de m'avoir supporté et... juste merci, expliqua Sirius un peu gêné.

Amelia enlaça rapidement Sirius pour le remercier. Elle avait les yeux brillants alors qu'elle mettait le châle sur ses épaules. La couleur était magnifique, faisant ressortir ses cheveux châtains parfaitement bien coiffés.

– C'est très joli, dit Amelia en regardant Sirius visiblement très touchée par l'attention.

– Je sais faire plaisir aux femmes.

Le charme fut rompu quand Sirius lui lança un clin d'œil suggestif et qu'Amelia le frappa dans l'épaule, étant trop petite pour atteindre l'arrière de sa tête.

– Tu as réussi à séduire des filles avec ce type de phrases ? s'étonna-t-elle avec une moue dégoûtée.

– Il faut croire, rit Sirius.

– J'ai été dans ta promo à Poudlard, ça ne devrait pas m'étonner, soupira-t-elle en se souvenant des nombreuses filles qui étaient amoureuses de Sirius. Pour en revenir à ton cadeau, je te remercie, mais je n'ai pas été seule à te sortir de là.

– Je sais que tu as beaucoup aidé, assura Sirius. C'est toi qui m'a organisé un procès alors que tu n'avais aucune raison de le faire, tu as mis Rufus sur le coup et, sans toi, rien de tout cela n'aurait été possible. Et puis, j'ai envoyé une caisse de vin à Rufus et un petit quelque chose à Tonks.

– Elle est douée, confirma Amelia en indiquant à Sirius une chaise pour qu'il prenne place. Mais elle est si maladroite !

– C'est ce que j'ai cru comprendre, ricana Sirius. Je trouve ça adorable.

– Pour une Auror, pas tellement. Mais son don de métamorphogie est vraiment utile et elle a le nez pour sentir les gens, souffla Amelia.

– J'ai entendu dire qu'elle avait été formée par Fol Œil.

– Exact. Ce n'était pas simple au début. Rufus était très réticent, mais elle a passé les tests facilement. Et puis, Fol Œil l'a prise sous son aile. Et il ne forme pas n'importe qui. Donc, les gens ont commencé à comprendre qu'elle avait sa place et se sont intéressés à elle.

– Ça ne doit pas être évident d'être une femme et une Auror, dit Sirius sur le ton de la confidence.

– Si tu essaies de me charmer en me montrant que tu connais les problèmes que peut rencontrer une femme dans notre monde, tu te mets le doigt dans l'œil, dit sèchement Amelia.

– Je n'oserai pas draguer la Directrice de la justice magique, s'amusa Sirius en levant ses mains au ciel en signe de son innocence.

Amelia servit un thé à la menthe à Sirius en levant ses yeux au ciel.

Ils discutèrent un court moment de Susan et Harry, de Poudlard et des retentissements du procès, avant qu'Amelia ne sorte un gros dossier qu'elle posa sur la table avec un petit soupir de fatigue.

– J'espère que tu as du temps devant toi, grinça Amelia.

– Je suis tout à toi, assura Sirius en soupirant devant le tas de papier.

– Tu te rends compte du double sens de cette phrase au moins ? s'amusa Amelia.

Sirius se contenta de lui lancer un sourire charmeur dont il avait le secret.

– Et ça, ça marche ? s'étonna Amelia qui éclata de rire. C'est ridicule.

– Tu es la deuxième à qui ça ne fait rien, je suis déçu, bouda Sirius en voyant que son sourire Black n'avait aucune incidence sur elle.

– Qui est l'heureuse élue ?

– La meilleure amie de Harry, Hermione Granger.

– Je vais faire comme si je ne savais pas comment tu as fait pour rencontrer la meilleure amie de ton filleul alors que tu étais un condamné en fuite depuis juillet, grimaça Amelia.

Sirius éclata de rire devant le ton outré d'Amelia. Elle semblait hésiter entre, être impressionnée par le fait qu'il soit passé entre les mailles des Aurors depuis des mois et sa conscience professionnelle qui lui interdisait d'encourager une violation de la loi.

– Bon, on commence par quoi ? demanda Sirius en soufflant bruyamment.

– Tu es allé à Gringotts ? demanda Amelia en attrapant sa plume préférée.

Elle attrapa une liste de choses dont elle devait discuter avec Sirius et entreprit de sortir les papiers correspondants.

– Oui, ce matin. Je m'occupe déjà de mes comptes depuis quatre mois, mais on avait deux-trois choses à voir pour les successions. Notamment au niveau des maisons des Black, ainsi que pour quelques investissements.

– Tu avais accès à tes comptes ? s'étonna Amelia. C'est hautement irrégulier ! Tu étais en fuite et tu étais considéré comme coupable d'un crime à perpétuité. Les gobelins auraient dû fermer tes comptes.

– Je sais. Mais les gobelins m'ont toujours cru innocent, assura Sirius. Et ils savaient que je n'avais pas eu de procès donc il n'y avait pas de possibilité de me priver de l'accès à mes comptes. Ils ont géré mes comptes comme si j'étais toujours le représentant des Black et le tuteur magique de Harry.

– Tu es son tuteur magique ? releva Amelia impressionnée. Ça va te faciliter les choses pour la garde. Mais comment ont-ils su que tu étais réellement innocent ?

– Ils ont une copie du testament des Potter. Dedans il est inscrit que je ne suis pas le Gardien du secret.

Amelia se figea alors qu'elle tentait d'attraper un bout de parchemin. Elle se tourna si vivement vers Sirius que son cou craqua.

– Le testament des Potter n'a pas été ouvert ? Pourquoi ?

Sirius lui lança un regard éloquent.

– Tu me poses vraiment la question ?

– Je vois, dit Amelia les lèvres pincées. Dumbledore. Donc, il a placé cet enfant dans une famille maltraitante sans prendre le temps de vérifier ses conditions de vie, bloquant le testament pour être sûr qu'il soit envoyé là-bas et empêchant ton innocence d'éclater. C'est bien ça ?

– Exact.

Incompréhensible... Incompétent... Dumbledore... murmura Amelia pour elle-même sous le regard amusé de Sirius.

Amelia semblait prête à se lever pour aller parler à Dumbledore. Ses yeux étaient brillants de rage, alors qu'elle semblait essayer de se contenir pour ne pas aller tout détruire sur son passage.

Elle ne pouvait s'empêcher de se souvenir du petit Harry qu'elle avait vu au tribunal. Aux côtés de Rufus, si musclé et imposant, Harry paraissait encore plus vulnérable. Il était petit, très mince –trop mince– et portait encore les traces d'une tristesse dans les yeux. S'il semblait être un garçon normal, Amelia l'avait vu défendre son parrain avec une détermination peu commune. Il lui avait rappelé Rufus, qui avait dû se battre pour ses convictions, au mépris des politiques, pour ce qu'il estimait être juste. Elle avait été touchée en voyant le petit Harry et s'était promis de tout faire pour aider Sirius à obtenir la garde.

– Bon, on va voir ça après, dit sèchement Amelia en prenant une grande inspiration pour se détendre. Tu as fait une demande de garde ?

– Alan est en train de la rédiger, expliqua Sirius en attrapant le papier que lui tendait Amelia.

– Super. Au niveau de tes biens et de ton argent, ce sont les gobelins qui s'en occupent. Tu aurais normalement dû remplir une déclaration de rétablissement de tes droits, mais il semble que tu n'en aies pas eu besoin, sourit Amelia en mettant sur le côté une dizaine de parchemins. Au niveau du Ministère, on doit s'occuper de te rendre accès à tous tes droits et à tout ce qui t'a été subtilisé lors de ton emprisonnement.

– Et c'est toi qui t'occupe de ça à chaque fois ? s'enquit Sirius.

– Non, bien sûr que non, s'exclama Amelia en grimaçant. J'ai beaucoup trop de choses à faire. C'est le Service de l'application des peines qui s'occupe de tout ce qui est sortie Azkaban. Mais comme tu es un cas particulier, c'est moi qui m'occupe de toi.

– J'en suis très touché, dit Sirius avec un grand sourire. Tu peux t'occuper de moi quand tu veux.

– Tu es impossible, soupira Amelia en croisant son regard gris. Et dire que j'ai insisté pour m'en occuper.

Sirius posa une main sur l'épaule d'Amelia pour lui montrer qu'il était vraiment touché et content qu'elle ait fait ça pour lui.

– Je sais, Amelia. Je te remercie de prendre tout ça en charge, je sais que c'est beaucoup de travail pour toi.

– Ce n'est rien, assura-t-elle en riant doucement. Je ne voulais pas que ce soit quelqu'un d'autre. Bon, je vais déjà te faire signer des tas de papiers pour que tu retrouves tous tes droits.

Amelia ne mentit pas, il y avait des dizaines de papier à signer : suppression des crimes dont on l'avait accusé de son dossier, autorisation de publication du jugement, liste des biens qui lui avaient été subtilisés, demande de restitution des biens, autorisation de demander la garde de Harry, accès au Ministère sans restriction d'accès, autorisation de détenir une baguette magique...

– C'est tout pour l'instant, dit Amelia après trente bonnes minutes de signatures.

– Tu es sûre ? grinça Sirius en se massant le poignet.

– Je sais que c'est contraignant. C'est bientôt fini. J'ai aussi récupéré quelque chose pour toi dans la salle des objets confisqués.

Elle souleva d'un coup de baguette un gros carton qu'elle posa sur la table. Sur le côté était écrit en gros "Sirius Black".

– Dedans tu as tout ce que l'on avait pris lors de ton arrestation. Que ce soit la tenue que tu portais ou même les objets qui ont été pris lors de la perquisition de ton appartement. Il n'y a pas grand-chose. Je pense que certains objets ont été perdus après un incendie au Ministère il y a sept ans, j'espère que tu n'y tenais pas trop. Je pense aussi que...

– Ne t'inquiète pas, coupa Sirius qui fixait la boîte avec difficulté. Ça ira. J'ai déjà tout ce qu'il me faut. Je peux... Ça ne te dérange pas si je regarde ça plus tard ?

Amelia vit qu'il tremblait légèrement.

Sirius ne voulait pas ouvrir cette boîte parce qu'il savait ce qu'il allait y trouver. Les affaires d'un autre Sirius qui n'était plus lui. Un Sirius rempli d'illusions, d'espoirs et d'amour. Un Sirius qui rigolait, un Sirius heureux. Un Sirius qui n'aurait jamais pensé perdre deux de ses meilleurs amis. Il ne pouvait plus être ce Sirius et il ne voulait pas que cette boîte lui rappelle ce qu'il avait été.

– Oh non, bien sûr que non, dit-elle horrifiée en comprenant que ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Prends le temps qu'il te faudra.

– C'est tout ce que j'avais à faire ? soupira Sirius en détournant son regard de la boîte en carton.

– Oui, je crois, dit Amelia en attrapant la liste qu'elle avait faite avant son arrivée. A présent, tu es rétabli dans tous tes droits, la Gazette va publier le jugement officiel et pas leurs comptes rendus partisans. Voilà, tu es officiellement un homme libre.

Sirius sourit largement en sentant son cœur palpiter de plaisir. Bien sûr, il savait qu'il avait été déclaré innocent, mais le fait de savoir qu'il était vraiment libre le soulageait. Depuis le procès, il avait eu le temps de comprendre qu'il était vraiment innocenté et qu'il allait pouvoir reprendre une vie normale. S'il savait qu'il y avait encore du chemin à faire, il était soulagé de mettre un terme à douze ans de cauchemar.

– A présent, je pense que la meilleure chose à faire est de demander l'ouverture du testament, dit Amelia en réfléchissant. Comme ça, ça permet d'avoir une base pour ta demande de garde. Si les Potter voulaient que tu sois le tuteur de Harry, ils n'auront plus le choix de te nommer.

– Dumbledore ne pourra pas s'y opposer ?

– Il lui faudrait une raison impérieuse, dit Amelia. Je ne sais pas s'il va essayer de bloquer ton accès.

– Il a l'air de tenir à ses protections.

– Tu sais qu'il y a des chances que ça finisse en procès, n'est-ce pas ?

– Oui. Mais j'espère qu'il changera d'avis avant que ça n'arrive, soupira Sirius en serrant ses poings. Je n'imagine pas la tête de Harry si Dumbledore lui demande de retourner chez les Dursley.

Amelia grimaça à son tour. Elle savait que Harry aimait beaucoup le directeur et l'estimait. Apprendre qu'il s'opposait à ce que la seule personne qui ait tenu à lui puisse avoir sa garde allait être compliqué à encaisser pour lui. Ce pauvre petit avait déjà eu tant de déceptions.

– Mais on n'en est pas là, sourit Sirius en reprenant espoir. Peut-être que Dumbledore fera le bon choix en comprenant qu'on peut se passer des protections.

– Je peux simplement te conseiller quelque chose, dit Amelia avec des pincettes ne sachant pas comment aborder le sujet. Tu as passé des années à Azkaban et...

– Je vois un psychomage depuis septembre, dit Sirius en voyant où elle voulait en venir.

– Oh, s'étonna Amelia en écarquillant ses yeux. C'est une bonne chose, vraiment. Ça va peser dans la décision du juge.

– C'était essentiel, pour Harry.

Amelia comprit qu'il ne voulait pas en parler et n'insista pas.

– Tu te sens prêt pour l'audience qui arrive ?

Sirius avait été convoqué dans quelques jours à l'audience de réparation. Elle allait consister à interroger les responsables de son emprisonnement et le rétribuer pour ses douze années à Azkaban. Sirius n'en attendait pas grand-chose et aurait voulu qu'elle n'ait pas lieu.

– Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, admit Sirius. J'aimerai juste que tout soit déjà terminé. Mais bon, de toute évidence, je vais voir des tribunaux encore longtemps.

– Je vais t'expliquer comme ça va se passer, dit gentiment Amelia.

– Tu peux me l'expliquer autour d'un repas ? demanda Sirius en regardant l'heure qui défilait et se sentant un peu mal à l'idée de parler de tout ça. Je t'invite.

– Grand prince, ricana Amelia avant d'acquiescer pour le repas.

– Tu penses que Rufus peut se joindre à nous ?

Amelia sourit en voyant à quel point Sirius et Rufus avaient tissé des liens. Elle ne se souvenait pas avoir vu Rufus aussi proche de quelqu'un à part elle. Elle savait que Rufus était très taciturne et qu'il n'aimait pas rencontrer de nouvelles personnes, se contentant du peu d'amis qu'il avait. Tout semblait différent avec Sirius, qu'il avait soutenu lors du procès. Les journaux avaient largement commenté leur relation et même Amelia s'était demandée ce qu'avait pu voir Rufus en Sirius, lui donnant envie de s'en faire un ami.

– Je vais lui envoyer une note de service, dit Amelia en tapotant avec sa baguette sur un bout de parchemin. Je connais un super restaurant, mais c'est sur le Chemin de Traverse, est-ce que ça te va ou tu préfères quelque chose de moins... voyant pour une première sortie ? s'enquit-elle.

Elle avait remarqué que Sirius s'était métamorphosé le visage avant de venir dans son bureau, craignant de se faire reconnaître. Sirius hésita un long moment, pesant le pour et le contre. Il n'était encore jamais sorti dehors en Sirius –à l'exception de la sortie à Pré-au-Lard avec Harry qui ne comptait pas. Il était un peu anxieux à l'idée que quelqu'un ne cherche à l'arrêter ou ne lui dise qu'il aurait dû rester à Azkaban.

– Le Chef des Aurors sera avec nous, releva Amelia qui avait compris son dialogue intérieur. Si ça peut t'aider à prendre ta décision.

– Tu sais quoi, pourquoi pas, sourit finalement Sirius. Je suis libre après tout. Et il faudra bien que je sorte un jour.

– Exactement ! dit Amelia ravie.

Rufus les attendait dans le hall du Ministère, les mains dans les poches de sa cape prune caractéristique des Aurors, avec un regard froid qui faisait fuir quiconque le croisait. Il dégageait quelque chose de si puissant que cela poussait tout le monde à baisser les yeux en sa présence. Rufus sourit d'un air satisfait en voyant qu'il avait toujours le pouvoir de faire cet effet.

Il s'était toujours imposé de ne jamais mélanger sa vie personnelle et professionnelle. Il avait fait une seule entorse à cette règle quand il avait rencontré l'ambitieuse Amelia Bones. Il se souvenait avoir mis plus de cinq ans à lui adresser la parole, parce qu'il pensait qu'elle ne voulait que monter en grade, sans aucune conscience professionnelle. Puis, à force de discussions, de disputes et de cris, ils étaient devenus amis.

Personne n'avait jamais compris pourquoi, mais Rufus avait vu en Amelia quelqu'un qui lui ressemblait ; ambitieuse, voulant faire ses preuves et incroyablement juste. Mais surtout, Rufus appréciait le fait qu'elle soit la seule de le remettre à sa place, elle disait ce qu'elle pensait et cela l'avait aidé à progresser dans son travail –même s'il ne lui avouerait jamais. Le travail qu'elle avait fait au Département de la justice Magique avait confirmé à Rufus qu'elle était la meilleure et il n'avait jamais regretté d'être devenu ami avec elle. Amelia était la seule personne du Ministère à venir déjeuner régulièrement chez lui.

– Rufus ! cria une voix.

Rufus s'apprêtait à insulter la personne qui l'appelait aussi familièrement quand il vit Sirius Black débouler dans le hall en lui faisant de grands gestes de la main pour lui dire bonjour, sans se rendre compte que la moitié des personnes de l'atrium les fixait. Rufus le fusilla du regard.

– Je suis libre ! dit Sirius en s'approchant de lui et en l'entraînant dans une étreinte.

Rufus se dégagea en grommela, alors qu'Amelia éclatait de rire. Le Chef des Aurors répéta dans sa tête tous les sortilèges paralysants qu'il connaissait avec sa formation d'Auror, avant de croiser le regard pétillant de Sirius, rempli de joie et il ne put lui en vouloir. Il avait passé douze ans à Azkaban, il était enfin libre et Rufus ne se sentait pas de lui dire d'aller se faire cuire un œuf de dragon avec sa bonne humeur de Poufsouffle.

– C'est bien, dit Rufus avec précaution avant de saluer Amelia qui retenait visiblement son fou-rire.

– Je suis content que tu viennes manger avec nous, sourit Sirius.

Rufus hocha sa tête avant de se rendre compte qu'il était tout aussi content que lui. Il n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait être devenu ami avec cet homme, aussi rapidement. Ils s'étaient vu plusieurs fois, pour préparer le procès, mais aussi dans un bar moldu deux jours avant le procès. Après cette soirée où ils avaient bu, s'étaient raconté leurs vies et avaient beaucoup rigolé, une sincère amitié était née entre eux. Rufus ne savait toutefois pas ce qui faisait qu'il s'entendait si bien avec un ancien prisonnier. Comment Sirius pouvait garder son humour et sa bonne humeur après ce qu'il avait vécu ? Rufus ne le savait pas, mais ça l'avait impressionné.

– On y va ? proposa Amelia qui vit qu'ils étaient le centre de l'attention.

Sirius vacilla légèrement en voyant que tout le monde les fixait. Rufus prit pitié et l'entraîna à sa suite pour prendre la cheminette qui les fit arriver directement au Chemin de Traverse (privilège des employés du Ministère). Sirius était secrètement soulagé d'éviter le Chaudron Baveur, ne se sentant pas de revoir Tom ou de sentir les regards sur lui, dans ce petit bar très exiguë. Leur arrivée sur le Chemin de Traverse ne fut toutefois pas très discrète.

Les regards étaient fixés sur l'étrange trio, mais plus particulièrement sur Sirius qui fut alpagué par de nombreuses personnes venant lui témoigner leur joie de le revoir. Certains lui dirent qu'ils n'avaient jamais cru en sa culpabilité, d'autres étaient outrés qu'il n'ait jamais eu de procès, certains venant toutefois lui demander s'il avait vraiment pratiqué de la magie noire pour s'en sortir.

Sirius croisa un ancien camarade de classe et s'efforça de lui parler légèrement, ressentant toutefois le malaise caractéristique de quelqu'un qui a passé douze ans en prison et qui ne sait plus comment parler avec des personnes, comment être heureux pour eux à l'idée qu'ils aient des enfants et une vie bien rangée. Il fut sauvé par Amelia qui prit son bras en lui intimant de se dépêcher.

– Merci, souffla Sirius.

– Je sentais que tu étais en détresse.

– Je crois que je ne sais plus comment agir en société, grimaça Sirius. J'ai l'impression d'être en décalage complet. Ils me parlent de choses que je ne connais pas, ils sont tous heureux et...

– C'est normal, assura Amelia. Tu as vécu douze ans en prison, tu ne peux pas tout savoir. Ce sont plutôt les gens qui devraient se calmer. Mais je ne m'en fais pas pour toi, tu vas vite te refaire ta réputation de petit sang pur adepte de magie noire et bientôt personne n'osera d'importuner.

– Il faut juste retrouver des automatismes, rajouta Rufus visiblement très amusé. Le regard noir, les insultes. Un comportement de Black quoi. Tu pourrais peut-être lancer un sort sur un enfant pour te faire respecter ?

– C'est une bonne idée, rit Sirius. Je crois que si ma mère me voyait agir comme ça elle me tuerait. Vous imaginez le nombre de mains impures que je viens de serrer ?

Amelia rit doucement en entraînant ses deux amis dans un petit restaurant qu'elle connaissait bien, assez à l'écart pour ne pas être embêté. Le patron regarda Sirius avec quelques secondes d'insistance, avant de leur proposer une table à l'abri des regards, sous les voutes du restaurant. Sirius s'y installa avec un soulagement évident, ravi d'échapper aux regards pesants et remplis de questions.

– Alors, qu'est-ce que ça fait d'être la nouvelle coqueluche de ses dames ? demanda Amelia en se souvenant des gloussements qui avaient suivi le passage de Sirius.

– Oh, tu sais, j'ai l'habitude, ironisa Sirius. Tous les détraqueurs tombaient pour moi.

Rufus éclata de rire. Il savait qu'il aimait bien Sirius parce qu'il avait la capacité de rire de tout, même de son emprisonnement. Amelia semblait plus crispée, ne sachant pas comment réagir quand Sirius évoquait cette partie de sa vie.

– Avoue-nous tout. C'est comme ça que tu t'es échappé, mais tu as trop honte pour en parler, renchérit Rufus.

– Enfin, Rufus ! s'exclama Amelia en lui faisant des gros yeux.

– Ne t'inquiète pas, je t'assure qu'on peut en parler, dit Sirius. Je préfère en rire qu'en pleurer.

Rufus hocha la tête, étant dans le même état d'esprit que lui.

– Comment va Susan ? s'enquit Sirius en voyant qu'Amelia était mal à l'aise.

– Elle va bien, dit Amelia visiblement soulagée de changer de sujet. Elle m'écrit régulièrement mais je sais qu'elle est très occupée. Avec Harry, notamment.

– Tu penses qu'ils sortent ensemble ? siffla Sirius.

– Je ne sais pas, avoua-t-elle. Je pense qu'elle l'aime bien et que Harry...

– Harry l'aime bien aussi, affirma Sirius. Mais je ne sais pas s'il l'aime bien amicalement ou sentimentalement. Il ne m'en parle pas beaucoup.

– Je dois avouer que je suis aussi mitigée pour Susan. Je sens qu'elle l'adore, mais ils ont plus l'air d'être de très bons amis.

– C'est à eux de jouer maintenant, dit Sirius. Bon, est-ce qu'ils servent de la tarte à la citrouille ici ?

– Enfin ! fit Amelia outrée. Ce n'est pas un restaurant de comptoir. Nous sommes à la Cave des Sorciers. C'est l'un des meilleurs restaurants du Chemin de Traverse.

Sirius attrapa la carte en fronçant son nez.

– Je t'invite et toi tout ce que tu trouves à faire c'est me ruiner ? siffla-t-il en voyant les prix.

– Tu ne vas pas m'inviter, dit Amelia en levant ses yeux au ciel. C'est moi qui invite.

– Bien sûr que non, je vous invite, dit Rufus. En réparation pour les années à Azkaban.

– Tu ne m'as pas mis en prison, grogna Sirius. On ne va pas se battre. Je paie parce que je n'ai rien payé pendant douze ans. Je pose la carte Azkaban sur la table.

– La carte Azkaban ? dit Amelia outrée. Justement, c'est nous qui posons cette carte en te disant qu'on t'invite parce que tu n'as eu aucun salaire et aucun repas digne de ce nom en douze ans.

– Amelia, cela va peut-être te surprendre, mais je suis riche, se vanta Sirius.

– Et alors ? C'est le geste qui compte, dit-elle fermement.

– On verra à la fin, grogna Sirius sachant qu'il allait se battre pour payer.

– Tu as raison, on va plutôt parler de l'audience à venir.

Alors qu'Amelia expliquait les tenants et aboutissants de l'audience qui allait avoir lieu, Rufus se faufila aux toilettes et en profita pour régler l'intégralité de la note, au nom des Aurors, songea-t-il amusé, s'attendant à recevoir les foudres de ses amis.

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Les jours qui suivirent le procès de Sirius furent compliqués à gérer pour Harry qui se trouvait au centre des regards. Les journaux avaient fait leurs choux gras en publiant le compte-rendu intégral du procès, en partageant l'interview unique que Sirius avait faite au Chicaneur et en déballant des dizaines d'articles à son sujet.

Ils avaient indiqué que Sirius et Harry avaient passés de longs mois ensemble, discutaient depuis que Sirius s'était échappé et que Harry l'avait aidé à prouver son innocence. Il avait été également exposé que Sirius Black souhaitait obtenir sa garde. Le fait que le garçon-qui-a-survécu puisse être élevé par Sirius Black, ancien criminel, semblait passionner le monde magique, tout le monde ayant son mot à dire.

Harry fut harcelé de questions, mais il réussit à les éviter habilement. Il avait établi une ligne de conduite, approuvée par l'avocat de Sirius, pour dire à ses camarades que, oui, Sirius était innocent et était son parrain, que, oui, il l'avait aidé, que, oui, il demandait sa garde, mais qu'il ne souhaitait pas en dire plus.

Hermione l'avait beaucoup soutenu et les sortilèges cuisants qu'elle avait envoyés à ceux qui l'embêtaient avaient beaucoup aidé Harry à être tranquille. Susan, avec sa bonne humeur de Poufsouffle, avait réussi à éloigner tous ceux qui venaient déranger Harry à bibliothèque. Hannah avait simplement menacé certains de dévoiler leurs plus sombres secrets, ce qui avait beaucoup touché Harry.

Une semaine après le procès, si Harry était toujours le centre de l'attention, personne ne venait plus lui parler de Sirius Black, à son grand soulagement.

Les professeurs n'avaient fait aucune remarque, mais Harry avait vu que le professeur McGonagall semblait très satisfaite.

Les cours de Potions étaient devenus pires que tout ce que Harry avait déjà subi. Le professeur Rogue semblait le détester encore plus qu'avant. A chaque fois qu'il le regardait, un tic agitait le coin de sa bouche et il ne cessait de remuer les doigts comme s'il avait rêvé de les serrer autour de son cou. Sans doute que le fait que Harry ait aidé son ennemi juré n'avait pas dû aider leurs relations déjà tendues.

Dans la semaine qui suivit le procès, alors que Rogue leur avait donné une potion très complexe à préparer, Drago se tourna vers Harry.

– Félicitations pour Black, chuchota le blond en grimaçant, embarrassé à l'idée de lui dire cela.

– Oh. Merci, Malefoy, répondit Harry, lui aussi très gêné.

– Je voulais te dire que ma mère a écrit une lettre à Black.

– Vraiment ? s'étonna Harry en tournant la mixture de son chaudron avec attention. Ta mère veut bien discuter avec Sirius ?

– Il faut croire. Ils ont gardé le contact pendant longtemps même après que ma mère soit partie de Poudlard.

– Même s'il était à Gryffondor ?

– Oui. Une maison ça ne change rien. Evidemment, Serpentard est une meilleure maison, se vanta Drago.

– Bien sûr, dit Harry d'une voix remplie d'ironie qui fit sourire Drago.

– Tu sais si Black va reprendre sa place ? demanda Drago concentré sur sa découpe des pousses de Mopre.

– Quelle place ?

– De Black, évidemment.

– Et ça consiste en quoi exactement ?

– Tu sais, porter le nom des Black fièrement, utiliser son influence pour conclure des partenariats, utiliser son nom à bon escient, tu vois ce que je veux dire ?

– Mhm, fit Harry qui trouvait ça très complexe, mais qui se souvenait un peu de ce que Sirius lui avait raconté à noël. Je ne sais pas trop. Et le fait qu'il n'ait pas eu de procès...

– C'est un scandale, affirma Drago qui, pour la première fois, parut horrifié. Tous les Sangs Purs sont en colère à l'idée que l'héritier d'une si grande famille n'ait pas eu de procès.

– Il va y avoir une audience pour savoir qui est responsable.

Drago coula vers Harry un regard rempli d'ironie et de pitié.

– S'il y a une chose que je sais dans la politique, c'est que personne ne s'excuse jamais d'avoir fait une erreur. Tu ne devrais pas en attendre grand-chose, prévint Drago alors que Harry soupirait de frustration.

Drago attrapa la figue que Harry voulait mettre dans son chaudron pour la remplacer par une fleur séchée, en lui faisant de gros yeux.

– Tu as loupé une étape.

– Comment tu peux gérer mon chaudron et le tien en même temps ? souffla Harry impressionné.

– Le talent, Potter. Il va vraiment demander ta garde ? demanda finalement Drago très intéressé.

– Oui, répondit Harry.

– Pas trop triste de quitter tes moldus ?

Harry fut étonné que Drago se souvienne qu'il vivait chez des moldus, avant de se rappeler que les journaux en avaient largement parlé.

– Ce n'est pas une grosse perte, répondit hargneusement Harry en utilisant le pilon avec force.

La vision des Dursley était encore là, chaque jour. Plus le temps passait et plus Harry se rendait compte d'à quel point cette famille avait fait de sa famille un enfer. Bien sûr, il savait qu'ils ne l'aimaient pas. Mais avant de rencontrer Sirius, jamais Harry n'avait pensé que se puisse être de la maltraitance. Les cauchemars de Dudley le poursuivant, du placard sous l'escalier et des privations revenaient de plus en plus à l'approche de la demande de garde de Sirius.

Drago, lui, se figea, avant de poser sur lui un regard interloqué. Son visage s'étira finalement en un sourire rempli d'ironie.

– Le garçon-qui-a-survécu, grand défenseur de Dumbledore, qui n'est pas un amoureux des moldus.

– Ces moldus-là ne valent pas la peine, rétorqua Harry d'une voix sèche. C'est comme les sorciers, il y en a des bons et des mauvais.

Drago ricana légèrement en se demandant surtout comment des moldus pouvaient être "bons".

– LONDUBAT ! hurla Rogue en se précipitant vers le chaudron qui venait d'exploser.

Harry regarda sa propre potion et fut content de voir qu'elle avait la bonne couleur violette. Finalement, travailler avec Malefoy n'avait pas que des aspects négatifs.

.

A la fin d'une de leur séance de méditation, Harry eut la surprise de voir Remus lui tendre un grimoire très usé.

– Tiens, ça devrait te plaire. Maintenant que tu es un expert de la méditation.

Le Guide avancé de l'occlumancie. C'est quoi l'occlumancie ? s'étonna Harry en commençant à feuilleter le livre.

– C'est une discipline qui consiste à bloquer son esprit contre ceux qui voudraient y pénétrer.

– Euh... Des gens qui lisent dans les pensées ? ricana Harry.

– Exact. Ça s'appelle la légilimancie, expliqua Remus très sérieusement. Pour lutter contre ces personnes, on bloque son esprit, avec de l'occlumancie.

– Oh... Et il y a beaucoup de gens qui peuvent lire dans nos pensées ?

– C'est une discipline très complexe et méconnue, rassura Remus. Je sais que le professeur Dumbledore est un légilimens. Il me semble que le professeur Rogue a également quelques notions.

– C'est pour ça qu'ils semblent toujours savoir ce qu'on pense ? s'enquit Harry un peu inquiet à l'idée que quelqu'un pénètre son esprit.

– C'est une pratique qui est interdite sur les élèves, assura Remus amusé. Mais je pense que, quand on est un légilimens puissant, on le fait sans s'en rendre compte... Et puis, vous êtes des enfants, vos pensées sont faciles à lire. En tout cas, pour être sûr que personne ne sache ce que tu penses, tu peux pratiquer l'occlumancie.

– Tu sais faire toi ? s'enquit Harry.

– En effet, se vanta Remus. J'ai appris avec les Maraudeurs. On devait être sûr que personne ne saurait jamais qu'ils étaient des Animagus. C'est Sirius qui nous a donné l'idée, c'est très prisé chez les Sangs Purs.

– Et... Est-ce que je peux apprendre ?

– Evidemment, sourit Remus, c'est pour ça que je t'en parle. Mais c'est beaucoup plus complexe que la méditation. Lis le livre et on pourra essayer de faire des séances si tu le souhaites. Je ne suis pas un expert, mais j'ai quelques notions. Ça peut également t'aider pour tes cauchemars.

– Super ! souffla Harry qui cherchait tout ce qu'il pouvait pour les faire cesser. On peut commencer maintenant ? demanda-t-il impatient.

– Plutôt dans deux semaines, dit Remus en regardant son calendrier. La pleine lune est la semaine prochaine et il te faut le temps de lire le livre avant.

– Merci Remus, fit Harry très impressionné par le fait que son professeur puisse lire dans les pensées.

– C'est normal, dit le loup-garou un peu gêné. Allez, c'est l'heure de déjeuner.

– Oh ! Je suis en retard ! s'exclama Harry en regardant l'heure avant d'attraper son sac à la volée. A plus tard !

Harry fila comme une flèche vers la Grande Salle.

– Bonjour Luna, dit Harry en s'installant sur le banc des Gryffondors à côté son amie.

– Bonjour Harry, répondit Luna qui ne semblait pas lui en vouloir pour son retard.

– Je suis en retard.

– Pas de soucis, Harry, dit Luna.

– Salut Luna, Harry, salua Ginny en s'installant face à eux.

Luna et Harry avaient pris l'habitude de déjeuner ensemble au moins deux fois par semaine. Ginny les rejoignait souvent et Harry la découvrait sous un nouveau jour. Alors qu'il l'avait toujours connu timide, bafouillant et rougissant, elle semblait prendre plus confiance en elle à mesure qu'ils parlaient. Elle n'avait pas peur de tenir tête à quelqu'un pour défendre Luna, était très critique même à l'égard de ses frères et avait un sacré tempérament. Harry retrouvait des traits de caractère typiques de la famille Weasley qu'il n'avait encore jamais vus chez elle.

– Les Serdaigles ont subi une attaque de joncheruine aigue, dit Luna d'une voix rêveuse.

Ginny et Harry se regardèrent avant de pouffer discrètement. Il y a quelques jours, une dizaine de Serdaigles avaient été frappés d'un mal inconnu. Ils avaient vomi pendant trois jours avant que l'infirmière ne puisse trouver un remède. Cette maladie inconnue ressemblait fortement à celle qu'avait subie Miles Bletchley, gardien des Serpentards, avant le premier match de Quidditch de l'année.

Harry avait souri, satisfait, en comprenant que les jumeaux avaient trouvé des cobayes pour leurs expériences. Ginny leur avait donné la liste de ceux qui avaient harcelé Luna et les jumeaux s'étaient bien appliqués à leur faire regretter. Les blagues avaient, depuis, frappé les Serdaigles à intervalle régulier et Harry avait lui-même aidé les jumeaux pour piéger Flaks, qu'il trouvait de plus en plus horripilant.

– Hermione n'est pas là, constata Ginny en grimaçant.

Harry hocha la tête en signe de dénégation. Quand Hermione avait su que Harry avait participé et était l'initiateur des sorts lancés sur les Serdaigles, elle avait marqué sa désapprobation, lui disant qu'ils avaient déjà été punis et que ce n'était pas à Harry de se venger.

Harry n'avait rien voulu entendre et ils avaient passé quelques jours sans se parler, avant que Harry ne fasse le premier pas de la réconciliation. Ils avaient décidé d'un commun accord de ne plus en parler, mais Hermione semblait toujours furieuse quand elle voyait Flaks se faire suspendre par la cheville dans un couloir.

– Salut tout le monde, fit Ron en s'installant auprès d'eux. C'est le dernier numéro du Chicaneur ? demanda-t-il à Luna.

– Exact, dit Luna en lui tendant.

– Merci !

A la grande surprise de Harry, Ron avait été très agréable avec Luna. Il semblait beaucoup apprécier ses théories loufoques et était devenu un inconditionnel du Chicaneur. Harry aimait bien lire quelques articles, mais il trouvait tout de même ça tiré par les cheveux. Il savait que Hermione ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait croire que les Ronflacks existaient vraiment, mais Harry s'en fichait de ce qui était vrai ou non. Il voulait juste avoir la possibilité de l'imaginer.

– Harry tu devrais lire l'article sur Croupton, s'amusa Ron en lui montrant.

"Croupton, comment il a utilisé la magie noire pour asseoir son empire", lut Harry avant d'éclater de rire. Tu sais quoi, ça ne m'étonnerait même pas. Je pense que Sirius va trouver ça très drôle.

Percy non loin de là leur jeta un regard courroucé. Ginny lui rendit un regard dont elle avait le secret signifiant "ne t'occupe pas de nos affaires".

– Tu écris des articles, parfois ? demanda Ron à Luna.

– Parfois, affirma Luna. Papa aime mes articles sur les créatures magiques.

– Tu vas prendre Soins aux Créatures Magiques l'année prochaine ?

– Oh oui, j'adore ça, sourit Luna.

Ron lui parla des cours de Hagrid avec emphase, sous le regard amusé de Ginny.

– Ce n'est pas vraiment comme ça, soupira Harry.

– Quoi ? s'étonna faussement Ron. Je me souviens bien de toi, te plaçant devant l'hippogriffe en criant "contre la magie noire", avant de faire un salto arrière.

Ginny et Luna éclatèrent de rire devant la mine contrite de Harry.

– Tout ça pour un Malefoy, soupira Ron.

– J'espère que nos cours seront aussi intéressants, sourit Luna. Monsieur Hagrid est vraiment très doué avec les animaux.

– Oui, mais il n'a aucune notion du danger, souffla Harry.

– Je trouve ses cours très intéressants maintenant, dit Ron. Il y a des choses ennuyeuses, mais il a repris confiance en lui. Le cours sur les Niffleurs était génial.

– Ce sont des animaux très intelligents, confirma Luna rêveusement. Et ils sont tellement mignons.

– Hermione l'a aidé à revoir tout son programme, expliqua Harry à Ginny. Maintenant il suit notre livre de cours et il s'y connaît vraiment donc il nous raconte plein d'anecdotes sur les animaux dont il s'est occupé.

– Est-ce que Hermione arrive à dormir ? demande Ginny étonnée.

– J'en doute, confirma Ron amusé.

– Elle est passionnée, rétorqua Harry en défendant son amie. Mais elle en fait trop.

– Du grand Hermione, finirent Harry et Ron d'une même voix.

– Et toi, Ginny, tu vas prendre Soins aux Créatures Magiques l'année prochaine ?

– Je ne pense pas, grimaça Ginny. Je ne suis pas comme Charlie. Je pense plutôt aller vers les Runes et la Divination.

– La Divination, dit Harry d'une voix remplie de dégoût.

– On a entendu dire que tu n'étais pas le plus grand fan de Trelawney, ricana Ginny.

– En effet. Ron, tu en penses quoi ?

– Que si tu sais bien inventer des catastrophes, tu as de super notes, dit-il de façon pragmatique.

– Au fait, Luna, tu as réussi le sortilège qui te posait problème ? demanda Harry.

– Pas encore, soupira Luna. Je crois que je ne fais pas le bon mouvement. Ginny a réussi hier.

La rousse rougit sous les regards de Ron et Harry avant d'agiter sa baguette pour montrer qu'elle savait le faire.

– Je peux t'aider si tu veux, proposa Harry.

– Ça serait adorable, dit Luna. J'ai bien compris la théorie, le professeur Flitwick m'a mis une très bonne note, mais c'est simplement le mouvement qui ne va pas.

Harry avait découvert, à mesure qu'ils se parlaient, que Luna pouvait aussi être très sérieuse et ne pas parler de créatures imaginaires à tout bout de champ. Elle était très intelligente et Harry, qui avait eu l'occasion de lire un de ses devoirs de sortilèges, avait été impressionnée par sa clarté, loin des trois rouleaux supplémentaires que faisait Hermione à chaque devoir. Mais elle ne montrait cette facette de sa personnalité qu'à certaines personnes, qu'elle estimait de confiance.

Harry soupçonnait qu'elle en rajoutait parfois avec les gens qu'elle n'aimait pas ou qui la sous-estimait. Il voyait que, quand elle était avec Hermione, elle parlait très souvent des Ronflacks et des fées, parce qu'elle voyait que cela l'énervait.

– Montre-moi comme tu le fais.

Luna sortit sa baguette d'un mouvement fluide et fit le geste.

– Il faut que tu tournes ton poignet plus vers la droite en faisant un demi-cercle, dit Harry en prenant le poignet pour lui montrer comment se positionner. Comme ça, essaies.

Periculum, dit Luna.

Ses yeux s'écarquillèrent en voyant les étincelles rouges jaillirent de l'embout de sa baguette. Ginny applaudit.

– Waouh, super. Merci Harry, sourit la blonde en refaisant le sort. Tu es très fort en Sortilèges.

– J'aime bien, dit Harry.

Ginny et Ron se lancèrent dans une conversation sur le Quidditch et Harry glissa une remarque à Luna sur le ton de la confidence.

– Ma mère était très douée en Sortilèges et en Runes, expliqua-t-il en chuchotant. Elle m'a laissé des carnets et du coup...

– Tu te sens proche d'elle quand tu fais ce qu'elle aimait, comprit Luna en posant sur lui un regard rempli de sollicitude. Je te comprends. Ma mère adorait fabriquer des potions. A chaque fois que j'en fais une, je pense à elle.

Harry sourit tristement en se souvenant que Luna avait assisté à la mort terrible de sa mère, alors qu'elle n'était qu'une petite fille.

– Elle te manque ? osa demander Harry.

– Parfois, dit Luna. Mais je pense qu'elle est toujours là près de moi.

Harry n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qu'on devenait après la mort. Avant son entrée à Poudlard il ne connaissait rien de ses parents, sa tante lui ayant répété qu'ils n'avaient été que des bons à rien. Harry n'avait pas pu imaginer que ses parents veillaient sur lui, ne les connaissant pas. Mais, avaient-ils été là alors qu'il souffrait chez les Dursley ? Etaient-ce eux qui l'avaient protégé de là où ils étaient quand il avait affronté Voldemort, puis le basilic ? Ses parents avaient-ils laissé une part d'eux en lui avant de mourir ?

– Ils sont là, assura Luna en pointant avec sa baguette le cœur de Harry. Tu n'en as pas conscience c'est tout. Ils sont cachés par les Noctis.

– Les Noctis ?

– Oui, ce sont les esprits de la Nuit, expliqua-t-elle. C'est eux qui nous retirent le pouvoir de discuter avec ceux qui sont partis. C'est une sorte de voile de la mort entre tes parents et toi, mais ils sont de l'autre côté du voile. Tu ne peux simplement pas les voir.

– Oh...

– Le voile est plus fin lors de Samain. Certaines personnes peuvent entrer en contact avec les morts parce qu'ils ont un lien avec les Noctis.

– Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre, dit Harry en se souvenant de sa conversation avec Walburga.

– Quand je suis près de toi, je sens le lys, constata simplement la blonde.

Harry se figea en entendant les paroles de Luna alors qu'elle changeait de sujet. Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Parce qu'il savait que sa mère lui avait laissé des protections en mourant, par la seule force de son amour. Est-ce ça que pouvait ressentir Luna ? Avait-elle un quelconque don pour ça ? Il n'avait aucune idée si tout cela était vrai, mais il décida de ne pas se poser de questions. Il préférait penser que ses parents étaient là, quelque part, à veiller sur lui.

– Comment vont les Sombrals ? demanda Harry.

– Oh très bien, sourit Luna. Monsieur Hagrid s'en occupe très bien.

Harry sursauta quand Hannah lui sauta pratiquement dessus lors du repas.

– Harry !

– Tu affrontes le rugissement des lions ? s'amusa Harry en lui faisant de la place.

Hannah piqua une frite dans son assiette en saluant chaleureusement Luna avec sa courtoisie de Poufsouffle habituelle.

– Il faut croire. Salut, Ron, dit-elle avec plus de réticences.

– Hannah, dit Ron courtoisement.

Leurs relations ne seraient sans doute jamais amicales mais Harry était content de voir que Hannah faisait des efforts pour que tout se passe bien.

– Tu es dans la meilleure maison, comme tu peux le voir, même les Serdaigle le savent, ricana Harry en désignant Luna.

Hannah marmonna un "prétentieux" assez fort pour que tout le monde l'entende. Harry porta sa main à son cœur, comme s'il était blessé.

– Tu es une Poufsouffle affreuse, dit-il.

– Je sais, je suis une Serpentard refoulée, ricana Hannah. Ecoute, demain c'est l'anniversaire de Susan et...

– Je le sais, dit Harry amusé.

– Tu le sais ? souffla Hannah dépitée.

Elle qui pensait annoncer à Harry une grande nouvelle, elle s'était trompée.

– Hermione m'en a parlé, expliqua Harry. Je ne sais pas comment elle fait pour retenir toutes ces dates.

– Tu lui as pris un cadeau ? s'enquit Hannah.

– Bien sûr, dit Harry avant de lui jeter un regard sévère. Mais je ne te dirais rien.

– Mais pourquoi ? Je garderai le secret. Promis ! Dis-moi, supplia-t-elle en faisant une moue adorable avec ses lèvres, les yeux brillants.

– Non, je te connais. Il suffit que Susan insiste et tu vas tout raconter.

Hannah dut sentir que ça ne servirait à rien d'insister et soupira théâtralement.

– Tu n'es vraiment pas drôle. Bientôt c'est toi qu'on va traiter de Poufsouffle avec tes bons sentiments.

– Je préfère qu'on me dise que je suis un Poufsouffle plutôt que tous les autres surnoms qu'on me donne, grimaça Harry.

– Comme Héritier de Serpentard, Garçon-qui-a-survécu, le Survivant... énonça platement Luna.

– Saint Potter, ajouta Hannah.

– Potty, renchérit Ginny.

– Le plus-jeune-attrapeur-depuis-un-siècle, continua Ron en ricanant.

Harry leva ses yeux au ciel en claquant sa langue contre son palais. Il détestait tous ces surnoms et aurait simplement voulu qu'on le connaisse sous le nom de Harry Potter ou un autre qui lui aurait permis de passer inaperçu.

– Vous avez fini ? soupira Harry sous les rires de ses amis.

– Tu es vexé ? rit Hannah.

– Qu'est-ce que tu voulais me dire ? demanda Harry en changeant de sujet.

Hannah reprit son sérieux, mais garda un petit sourire ironique sur ses lèvres.

– On organise une fête pour son anniversaire et tu es chaleureusement invité avec Hermione.

– Oh cool, sourit Harry son cœur se serrant de joie à l'idée d'être invité à un anniversaire. Ça se passe où ?

– Dans notre salle commune.

– Je croyais qu'on ne pouvait pas aller dans une salle commune qui n'était pas la nôtre, dit Harry.

– Si on t'invite et que tu ne caftes pas tu peux, dit Hannah en levant ses yeux au ciel. Nous sommes accueillants. Les Poufsouffles ont souvent des amis dans d'autres maisons et on a une tolérance pour les anniversaires. Je dois juste prévenir les Préfets. Donc, tu viens ?

– Avec plaisir.

– Tu ne diras rien, Susan ne sait pas que vous venez.

– Je sais garder les surprises moi, répliqua Harry.

– Super. On se retrouve devant le tableau de Barnard le Follet demain à seize heures tapantes. Si tu es en retard je viens te chercher moi-même. Salut, Luna.

Hannah repartit aussi vite qu'elle était arrivée et fit comme si de rien n'était alors que Susan entrait dans la Grande Salle avec Hermione. Harry su que tout ce plan avait soigneusement été préparé par Hannah qui souriait de toutes ses dents. Susan lui fit un coucou de loin.

– C'est ta petite-amie ? demanda finalement Luna alors que Ron s'étouffait dans son jus de citrouille en rigolant.

– Qui ?

– Susan.

– Oh, non, dit Harry en rougissant jusqu'à la racine des cheveux.

– Tu l'aimes bien, constata Luna en attrapant son exemplaire du Chicaneur. Elle aussi elle t'aime bien.

Ginny cacha son fou-rire derrière son magazine, alors que Harry regardait Luna interloqué. Ron, dont le sourire ne l'avait pas quitté, changea de sujet, ce que Harry apprécia grandement.

.

– Elle est en retard, soupira Hermione alors qu'ils attendaient depuis dix bonnes minutes devant le tableau de Barnard le Follet, un homme qui avait combattu lors des guerres gobelines.

– Je sais. Et dire qu'elle m'a pratiquement menacé, si on avait le malheur d'être en retard, soupira Harry.

– Elle est impossible, dit Hermione dont le ton était toutefois devenu plus doux.

Harry constata à son plus grand plaisir que son amie était plus détendue et presque heureuse à l'idée de passer une bonne partie de la journée chez les Poufsouffle, alors même qu'elle devait avoir beaucoup de travail à faire. Ils avaient laissé Ron entre les mains de Dean, qui était un adversaire redoutable aux échecs. Il leur avait souhaité un bon après-midi et ne s'était pas offusqué du fait de ne pas être invité.

– Ron l'a plutôt bien pris, dit Hermione.

– Je crois qu'il s'est beaucoup calmé depuis l'histoire avec Croûtard, fit Harry qui avait été inquiet à l'idée de distendre leurs liens.

– Sans doute. Je crois aussi qu'être devenu ami avec Seamus, Dean et Neville l'a beaucoup aidé.

– Je pense que tu as raison, sourit Harry.

Les deux amis se regardèrent un peu gênés. Ils n'avaient pas reparlé de leur dispute, mais Harry voyait que Hermione se retenait visiblement de lui en parler de nouveau.

– Ah, vous êtes là ! dit Hannah en courant vers eux.

– Tu es en retard, souligna Harry.

Hannah leva ses yeux au ciel en leur tendant deux bandeaux.

– C'est vraiment obligatoire ? souffla Harry qui détestait être dans le noir.

– Les préfets ont été clairs. Ils sont d'accord pour que vous veniez, mais vous ne devez pas savoir où se trouve notre Salle Commune ni comment entrer.

– Tu sais qu'on pourrait aussi demander à Fred et George ? souligna Harry.

– Harry, gronda Hannah en lui jetant un coup d'œil sévère.

Harry soupira et mit son bandeau avec réticence.

– Allez, avancez.

Hermione avait agrippé ses mains au bras droit de Harry, anxieuse à l'idée de marcher sans rien voir. Hannah continuait de babiller comme si tout était normal, sans voir à quel point les deux amis n'étaient pas rassurés.

– On arrive quand ? soupira Harry. Ça fait au moins un quart d'heure qu'on marche.

– Je sais, je vous ai fait tourner à de mauvais endroits pour vous perdre, assura Hannah sous les soupirs agacés de Hermione. On y est !

Ils entendirent Hannah frapper quelque chose plusieurs fois, puis elle leur prit la main et les entraîna à sa suite si énergiquement que le bras de Harry craqua.

– Allez, on est en retard !

– A qui la faute, grogna Hermione. Tu étais en retard.

– Un Poufsouffle n'est jamais en retard, ce sont les autres qui sont en avance, assura Hannah avec une évidente mauvaise foi.

– Harry ! Hermione ! Vous êtes là ! cria une petite voix fluette.

Harry sentit une main se poser sur son bras et lui ôter son bandeau. Il tomba nez à nez avec Susan Bones qui lui souriait de toutes ses dents. Elle semblait très heureuse de les voir et en avait presque les larmes aux yeux.

– Surprise, dit Harry un peu gêné en voyant que la Salle Commune de Poufsouffle était remplie. Joyeux anniversaire !

Susan lui fit un rapide câlin, le faisant rougir jusqu'à la racine des cheveux. Puis, il put observer le décor de la Salle Commune des Poufsouffles. Le mot qui lui vint en la regardant fut "accueillante". C'était une pièce ronde remplie d'objets en cuivre, inondée de soleil. Elle avait de gros fauteuils un peu partout, permettant à des petits groupes de discuter. La décoration était jaune et noire. Les meubles étaient en bois et les portes rondes comme des couvercles de baril devaient mener aux dortoirs des élèves.

Ce qui frappa Harry fut la prolifération de plantes, dans tous les coins de la pièce, sans doute apportées par le professeur Chourave. Au-dessus de la cheminée, Harry remarqua un portrait qui devait représenter Helga Poufsouffle portant un toast aux élèves avec une coupe en or. Les petites fenêtres laissaient voir des pelouses ondulantes parsemées de pissenlits.

Harry s'y sentit tout de suite très bien, comme si une sorte de chaleur et de sensation de bien-être l'entouraient. Il adorait plus que tout sa Salle Commune, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire que celle-ci était magnifique et bien plus agréable que celle des Serpentards. Il se demanda combien de personnes avaient eu la chance de visiter plusieurs Salles Communes pendant sa scolarité.

– Waouh ! fit Hermione elle aussi impressionnée.

– C'est très beau, confirma Harry qui ne pouvait s'empêcher de regarder tout autour de lui.

Hannah et Susan semblaient très fières de leur petit effet.

– Les Poufsouffles sont définitivement sous-estimés, dit Harry. Vous avez la plus belle Salle Commune de Poudlard.

– Merci Harry, dit Hannah avec prétention.

– Comment tu peux le savoir ? demanda Susan suspicieuse. Tu ne connais que celle des Gryffondors.

– Je connais celle des Serpentard, murmura Harry à l'oreille de Susan.

La Poufsouffle écarquilla ses yeux de surprise et le regard qu'elle lui lança fit comprendre à Harry qu'ils auraient une conversation sur comment il avait pu aller là-bas. Elle semblait prête à le bombarder de questions, quand Justin fourra dans sa main une bouteille de Bièraubeurre.

– Merci Justin, dit Harry.

– Bienvenue chez nous, dit le blond en saluant Hermione. Comment tu trouves notre Salle Commune ?

– Magnifique, dit Harry alors que Justin s'en pâmait de fierté.

– Les plantes viennent du professeur Chourave, expliqua Justin.

Hermione fut entraînée par Susan et Hannah qui voulaient lui montrer leurs dortoirs qui valaient apparemment le détour. Harry n'eut pas le temps de se sentir abandonné que Justin l'entraînait vers un petit groupe de Poufsouffle.

– Harry, bienvenue ! dit chaleureusement Cedric Diggory en lui serrant la main.

– Merci d'avoir accepté que je sois là avec Hermione, dit Harry en voyant le badge de Préfet sur la poitrine de Cedric.

– C'est normal, dit le blond en souriant largement. Les amis des Poufsouffles sont nos amis.

– Et puis, on sait que vous n'allez pas révéler nos secrets, dit un autre Poufsouffle que Harry ne connaissait que de vue.

– Comment se passent les entraînements ? demanda Cedric, intéressé.

Les Poufsouffles avaient vu leurs espoirs de gagner la Coupe disparaître quand Serpentard les avait vaincus lors du dernier match. Cedric semblait le prendre plutôt bien.

– Bien. Dubois est encore plus fou que d'habitude, rit Harry.

– Il veut passer professionnel, non ?

– Oui, dit Harry. Il nous fait travailler dur.

– Ça serait bien que vous ayez la Coupe, dit Cedric. On sait que vous êtes la meilleure équipe de Poudlard.

– Et les Serpentard ont besoin de redescendre ! fit Emilia Fawley qui était l'une des Poursuiveuses de l'équipe de Poufsouffle. Ils jouent comme des malotrus et ils gagnent. C'est scandaleux !

Cedric rigola en voyant la véhémence d'Emilia.

– Elle n'a pas supporté que Flint lui pique le Souaffle, chuchota Cedric sur le ton de la confidence.

– Ne me cherche pas, Diggory, dit Emilia sèchement. Le Quidditch c'est sacré !

Les Poufsouffles s'assurèrent que Harry soit bien installé et discutèrent un long moment des équipes de Quidditch. Harry ne s'était jamais senti aussi bien accueilli. A Gryffondor chacun avait tendance à être dans son coin et à ne parler qu'à leurs amis. Chez les Poufsouffles au contraire, tout le monde discutait avec tout le monde sans préoccupation d'année ou de groupes d'amis. Harry trouvait ça très chaleureux mais aussi un peu angoissant. Il aimait bien avoir sa tranquillité et songea qu'à Poufsouffle la vie privée devait être minime.

– Comment va Luna ? demanda Cedric plus sérieusement.

Tout Poudlard avait compris que Harry avait joué un rôle dans l'histoire de Luna quand on les avait vu discuter et déjeuner ensemble. Cedric était venu voir Harry un matin pour en discuter et l'informer que les Préfets et les deux Préfets en Chef allaient être plus vigilants.

– Mieux, dit Harry.

– Elle est si étrange, dit Emilia sans aucune trace d'animosité.

– Elle fonctionne différemment, assura Harry. Mais quand on la connait, elle est très intelligente.

– J'en suis sûre, sourit Emilia. Les esprits les plus brillants ne sont pas toujours les plus conformes.

Au fur et à mesure de la discussion, Harry se rendit compte qu'Emilia était tout aussi adorable que les autres Poufsouffles et s'y connaissait parfaitement en Quidditch. Hannah vint s'asseoir sur son accoudoir.

– Où est Hermione ? s'enquit Harry.

– Avec Justin, dit Hannah en montrant les deux jeunes qui discutaient dans un coin. Ils parlent des différences entre le monde moldu et le monde sorcier.

– Il y en a tellement, confirma Harry qui était parfois perdu dans ce monde. Et Susan ?

– Elle discute avec Ernie.

Susan était en effet en face d'Ernie qui parlait avec de grands gestes de la main qui le caractérisaient si bien.

– Au fait, tu n'es pas courant, dit Hannah les yeux brillants d'un nouveau potin. Pansy et Drago sont séparés.

– Tu m'en vois dévasté, ironisa Harry.

– Susan et moi on pense qu'il l'a quitté parce qu'il s'est rendu compte qu'il aimait les garçons.

– Je suis d'accord ! lança Emilia en riant. C'est évident.

– Merci, Emilia, dit Hannah ravie de quelqu'un approuve sa théorie.

– Et alors ? dit Harry en levant ses yeux au ciel. De toute façon, tu ne vas pas aller lui demander.

– Non, mais toi tu pourrais.

Harry s'étouffa dans sa Bièraubeurre.

– Moi ? fit Harry en écarquillant ses yeux.

– Oui, maintenant que tu es devenu ami avec lui, répliqua Hannah.

Harry sentit les regards interloqués de quelques Poufsouffle qui écoutaient attentivement leur conversation. L'animosité entre Drago et Harry n'était plus à prouver. L'année passée, il n'avait pas été rare qu'ils se lancent des sortilèges et des insultes dans les couloirs.

– Je ne suis pas ami avec lui, ricana Harry, horrifié.

– Oh... Ce n'est pas ce que Hermione m'a dit. Apparemment vous parlez beaucoup en cours de potions.

Harry jeta un regard agacé à Hermione en se promettant de lui dire d'arrêter de parler de lui. Hermione croisa son regard et lui fit un petit signe de la main qui fit sourire Harry. Il n'arrivait pas lui en vouloir, même quand elle l'agaçait prodigieusement.

– On est juste plus courtois, tenta d'expliquer Harry. Mais on n'est pas amis.

– C'est une bonne chose, affirma Emilia qui avait écouté la conversation. On a tous vu que les relations entre les deux Maisons sont plus apaisées.

– Ça ne peut pas venir simplement de nous, s'étonna Harry.

– Non, mais ça aide. Vous êtes deux fortes têtes, dit Hannah. En tout cas pour nos années c'est important. Drago a une grande influence à Serpentard. Le fait qu'il fasse une trêve avec toi, ça encourage les autres à en faire autant.

– Peut-être pas pour les sixièmes et septièmes années, confirma Emilia, mais pour les plus jeunes c'est positif. Nous avons quelques Poufsouffles qui osent discuter avec leurs camarades Serpentards maintenant.

– On a juste fait une trêve, répéta Harry qui se sentait le besoin de se justifier, on n'est pas amis.

– Peut-être pas maintenant, dit Emilia amusée. Mais on voit bien que vous ne vous faites plus la guerre. Cette trêve a une grande influence sur Poudlard.

Harry grogna de frustration en songeant qu'il ne pouvait décidément rien faire sans que tout le monde ne l'observe et ne décortique chacun de ses faits et gestes.

– Désolée Harry, s'amusa Hannah qui avait compris sa réaction. Mais tout le monde te regardera toujours. Tu as de l'influence, c'est pour ça que tu dois faire attention à ce que tu fais.

– Comme ne pas parler en Fourchelang devant toute l'école ? grinça Harry avec dégoût.

Les Poufsouffle rigolèrent, même si Ernie qui s'était rapproché d'eux rougit de gêne. Il avait été l'un de ceux qui l'avaient accusé de vouloir pétrifier Justin l'année passée. Harry lui fit un signe de tête pour lui dire qu'il ne lui en voulait pas.

– Tu n'as plus qu'à devenir ami avec Drago et tout sera pour le mieux, conclut Hannah.

– Je ne serai jamais ami avec Drago, dit sèchement Harry.

– Ohhh, s'amusa Hannah. Tu l'appelles Drago !

Harry secoua sa tête, dépité, et vit Susan qui lui faisait un petit signe de tête.

– Je crois que je vais clore la conversation, grimaça Harry en tirant sa langue à Hannah qui continuait de murmurer une litanie de "Drago" pour l'agacer. Tu passes un bon anniversaire ? s'enquit-t-il en s'approchant de Susan.

– Parfait ! Et tu sais, Hannah a raison. Cette trêve a une importance capitale.

– On peut parler d'autre chose que Drago Malefoy ?

Susan éclata de rire en l'entraînant dans un coin de la pièce pour discuter.

– Hermione a l'air détendue, remarqua Susan.

– Ça doit lui faire du bien de parler avec Justin. Ils peuvent critiquer les plumes, les parchemins et toutes les bizarreries sorcières.

– Ça doit être difficile pour eux de s'intégrer, dit Susan. A Poufsouffle on essaie au maximum d'aider les nouveaux sorciers.

– A Gryffondor... et bien on ne fait pas grand-chose. On espère avoir un ami qui nous explique tout, dit Harry en se souvenant de tout ce que Ron lui avait appris.

– Ou on lit l'Histoire de Poudlard cinquante fois.

Harry et Susan sourirent en pensant à Hermione qui pouvait réciter des passages entiers par cœur.

.

Susan souffla ses bougies sur un gâteau énorme, amené par les elfes de maison qui semblaient adorer tous les Poufsouffle. Il était en forme de blaireau et des bougies magiques lançaient des étincelles jaunes et noires.

– C'est génial, dit Hermione les yeux brillants en tapant dans ses mains.

– C'est sûr. J'ai vu que tu avais parlé avec Justin.

– Il est adorable, dit Hermione. On a pu parler de plein de choses, tu sais les différences entre les sorciers et moldus. C'est très instructif et je suis soulagée de voir qu'on n'est pas les seuls à être perdus.

– Il est gentil oui, confirma Harry. Tu te sens bien ici ?

– Très, confirma Hermione. Je ne pense pas que je supporterais toute cette attention tous les jours, mais c'est agréable.

Harry sourit, ravi de voir que Hermione s'amusait. Elle semblait très détendue et il songea que la sortir de ses livres un après-midi ne pouvait qu'être positif. Susan ouvrit quelques cadeaux que ses amis Poufsouffle lui avaient offert, avant que Harry ne réussisse à l'attirer près de lui.

Susan l'entraîna dans un renfoncement dans la Salle Commune, caché par des plantes qui permettait à deux personnes de s'installer dans un petit canapé très confortable pour discuter à l'abris des regards.

– Etrange, dit Harry quand les plantes bougèrent pour bloquer le passage et les isoler.

– Essentiel, surtout. On adore être tous ensemble, mais on a aussi besoin d'être tranquilles.

Harry le comprenait très bien et était soulagé. Tout à Poufsouffle semblait être fait pour que tout le monde soit en communauté et il trouvait ça légèrement anxiogène.

Un peu anxieux, il lui tendit un petit paquet qu'il avait caché dans sa robe sorcière.

– Harry ! Tu n'étais pas obligé ! s'exclama Susan très étonnée.

– Ouvre-le, tu n'aimeras peut-être pas.

Susan sourit en ouvrant délicatement le petit paquet. Elle découvrit à sa plus grande surprise deux petites boucles d'oreilles, dépareillées, comme elle aimait les porter. L'une d'elle représentait un soleil doré et l'autre un blaireau aux couleurs de sa maison. Au bout de la queue du blaireau scintillait un joli petit diamant.

– Waouh, Harry ! Elles sont splendides ! Tu es fou ! s'exclama-t-elle en ôtant les boucles qu'elle portait pour les remplacer par les nouvelles.

– Ce n'est rien, assura Harry très heureux de voir que ça plaisait à Susan.

– Où est-ce que tu as trouvé ça ?

– Je les ai commandées dans la boutique que tu aimes bien sur le Chemin de Traverse. C'est Hermione qui m'a donné l'adresse.

Susan avait les larmes aux yeux, très touchée.

– Comment elles me vont ? s'enquit-elle n'ayant pas de miroir.

– Ça te va très bien, dit Harry en sentant son cœur tambouriner.

Susan s'approcha de lui pour lui faire un câlin de remerciement. Harry sentit son ventre se contracter alors qu'elle s'écartait légèrement pour le remercier de nouveau. La lumière de la Salle Commune faisait briller les boucles d'oreille qui illuminaient le joli visage de Susan, encadré par ses cheveux bruns. Elle lui lança un sourire resplendissant, très touchée.

Ils se regardèrent un long moment. Harry éprouvait un ardent désir de s'enfuir de la pièce, mais en même temps, il était incapable de bouger. Harry ne pouvait détacher son regard de Susan et il lui semblait qu'on avait stupéfixié son cerveau. Il était incapable de réfléchir. Une sorte de fourmillement le parcourait, lui paralysant les bras, les jambes et le cerveau.

Harry prit son courage à deux mains, se sentant sur le point de défaillir, et posa ses lèvres sur celles de Susan.

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L'audience de réparation organisée par le Département de la Justice Magique arriva rapidement et Sirius entra dans la salle avec appréhension. Ce n'était pas Amelia qui y siégeait, en raison des liens d'amitié qui les unissaient, mais une juge qu'il ne connaissait pas. Elle semblait plutôt aimable et fit asseoir Sirius à sa place avec sollicitude. Alan prit place à ses côtés, le rassurant sur le fait que cette audience serait plus rapide que celle du procès.

– Je suis stressé, admit Sirius. Plus que pour le procès.

– Je me doute. Ça va être difficile à entendre, confirma Alan. Mais c'est essentiel pour que vous soyez enfin indemnisé pour ce qu'ils ont fait.

– Je sais que je ne dois pas en attendre grand-chose.

La presse était encore présente, mais Sirius n'en avait que faire. Il était très anxieux et n'avait pas dormi de la nuit, réveillé par des cauchemars d'Azkaban. Dumbledore et Croupton allaient être interrogés et Sirius savait déjà que ça n'allait pas lui plaire. Il s'attendait à être déçu et ce n'était pas un sentiment agréable.

Il se sentait mal, comme s'il n'était pas à sa place. Il en avait longuement parlé à Mihai qui lui avait expliqué qu'il était normal d'être en colère ou mal à l'aise par rapport à ce qu'il avait vécu. La sollicitude avec laquelle on le traitait, comme s'il n'était encore qu'un enfant, le gênait prodigieusement. Il voulait être traité comme un adulte, comme quelqu'un capable de se défendre seul.

Il ne voulait pas paraître faible, pourtant c'était tout ce que les autres semblaient retenir de lui. Le pauvre innocent envoyé à Azkaban. Mais il ne voulait pas être cet homme. Il voulait être fort, être puissant. Il voulait montrer à tout le monde qu'il allait se battre, qu'il allait protéger Harry quoi qu'il lui en coûte. Aujourd'hui il avait l'impression d'être sous-estimé et ça, il ne pouvait pas le supporter. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait rien faire pour le moment, devant subir cette audience inutile.

Sirius ne comprenait pas pourquoi un procès était nécessaire pour dire que le Ministère avait foiré quelque part. C'était plutôt évident ; il était innocent, avait été envoyé à Azkaban sans procès. Il devait encore se battre pour faire valoir ses droits, pour exiger des explications, et il ne trouvait pas ça normal. Ne pouvaient-ils pas le laisser tranquille ?

Alan semblait confiant, arguant qu'il ne s'agissait que d'une formalité, mais il ne pouvait pas le comprendre. Sirius s'en fichait de l'argent. Il voulait que les responsables paient pour ce qu'ils avaient fait et il savait que ça n'allait pas être le cas. Il allait devoir parler de ce qu'il avait vécu et il n'en avait pas du tout envie. Il ne voulait pas se confier devant tous ses gens. C'était privé et il ne voyait pas pourquoi c'était encore à lui d'expliquer qu'il avait souffert. C'était évident qu'il avait souffert, pourquoi devoir s'expliquer ? Ce n'était pas à lui de s'expliquer. C'était aux responsables de répondre de leurs actes.

– Ça risque d'être très court, dit Alan qui jaugea les juges du regard.

Sirius ne put pas lui répondre, craignant de vomir son déjeuner.

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La juge introduit l'audience en rappelant les tenants et aboutissants de l'affaire Black, avant d'appeler à la barre Barty Croupton Sénior.

– Mr Croupton, dit la juge d'une voix claire. Vous étiez en charge du Département de la justice magique à l'époque de l'arrestation de Mr Black, c'est cela ?

– En effet.

– Vous avez été sur les lieux du crime ?

– Oui.

– Pouvez-vous nous dire comment s'est déroulée l'enquête ?

Croupton ne semblait pas avoir envie de discuter et parla très succinctement de ce qu'il s'était passé entre l'arrestation de Sirius et son emprisonnement. Il n'y avait de toute façon pas grand-chose à dire. Croupton avait l'air de trouver cette audience inutile et semblait pressé de retourner à ses dossiers.

– Avez-vous sciemment condamné Sirius Back à la prison à vie sans procès ? demanda la juge.

– Oui.

L'assemblée rugit de colère face à ces mots. Les juges qui composaient le tribunal eux-mêmes semblaient ébranlés en voyant la facilité avec laquelle il avait avoué les faits, sans même ressentir de remords.

– Pourquoi avoir fait cela ?

Barty Croupton expliqua que toutes les preuves concordaient, que Sirius Black avait reconnu les faits et qu'il avait été absolument certain qu'il était coupable.

– Donc, vous avez décidé de l'envoyer en prison sans même l'interroger ?

– Oui, dit Barty sans ciller.

– Vous savez que les Lestrange ont eu un procès, alors qu'ils avaient avoué leurs crimes. Pourquoi Mr Black n'y a pas eu droit ?

– C'était des temps difficiles. Nous avions peu de temps. Il fallait être efficace.

– Efficace, certes, mais ça n'empêche pas un procès.

Barty le reconnut tout en expliquant le contexte de la fin de la guerre, les procès qui s'étaient enchaînés, l'envie de justice d'une partie de la population.

– Mr Black a passé douze ans en prison par votre faute, dit sèchement Alan en se levant. Alors qu'il était innocent.

– Je ne savais pas qu'il était innocent, dit Croupton qui semblait plus tendu. Il avait avoué.

– Si vous aviez simplement regardé le dossier vous l'auriez su. Une apprentie Auror a vu que ça ne concordait pas. Vous n'avez même pas regardé le dossier. Vous l'avez condamné parce qu'il s'agissait d'un Black, d'un parent de Bellatrix Lestrange et que ça vous arrangeait bien de ne pas organiser de procès.

– Tout concordait, répéta Croupton.

Sirius décrocha à ce moment, incapable de fixer cet homme sans vouloir le frapper. Il n'avait pas envie de l'écouter. Il savait que tout cela ne servait à rien.

Croupton répondit aux questions d'Alan, sans montrer une seule trace de remords. Il assumait l'avoir envoyé là-bas, uniquement en raison de la guerre, sans aucune envie de s'excuser. Mais qu'attendre de plus de la part d'un homme capable d'envoyer son fils en prison ?

Croupton ne le regarda pas une seule fois. Il répétait que les circonstances exigeaient un procès rapide, qu'il y avait beaucoup de Mangemorts à emprisonner et que toutes les preuves étaient contre Sirius Black qui n'était qu'une victime malencontreuse. Il rappela les très bons résultats de la Justice Magique. Il fit valoir que toutes les personnes à Azkaban étaient coupables, avaient eu un procès et que Sirius n'était qu'une simple erreur.

Une simple erreur. Par rapport à tous les autres prisonniers, certes, mais une erreur terrible. Une erreur qui avait envoyé un homme innocent en prison pendant douze ans. Un seul Sirius était déjà de trop.

Sirius avait envie de vomir et il se concentra sur le parchemin en face de lui pour se calmer. Il n'eut le temps de dessiner que trois petits cerfs quand l'interrogatoire de Croupton fut terminé. Ça avait duré une quinzaine de minutes. Quinze minutes contre douze ans à Azkaban. Quinze petites minutes contre une vie brisée.

Sirius songea à partir du tribunal à ce moment, mais Alan, qui semblait lire dans ses pensées, lui lança un regard sévère. Pourtant, il semblait lui-même énervé en voyant que la juge n'avait pas insisté et avait laissé partir Croupton sans rien lui dire. Il songea que Sirius avait raison et qu'il ne fallait rien attendre de cette audience.

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Dumbledore fut la deuxième personne à être interrogée. Quand il arriva, la foule l'observa d'un regard appréciateur. Il était puissant, majestueux et souriant. Tout le monde ne pouvait qu'être impressionné par la prestance d'Albus Dumbledore. Il salua Sirius d'un signe de la main qu'il ne lui rendit pas. Il ne le vit même pas, trop occupé à fixer son parchemin, le goût amer de la déception dans la bouche.

– Mr Dumbledore, vous étiez le Président du Magenmagot lorsque Sirius Black a été envoyé à la prison d'Azkaban ?

– En effet.

– Sirius Black faisait bien parti de votre organisation secrète, l'Ordre du Phoenix ?

– Oui.

– Pourquoi n'avez-vous pas donné de procès à Sirius Black ?

Dumbledore soupira légèrement, comme accablé par le poids de ses fonctions.

– Comme l'a si bien rappelé Mr Croupton, c'étaient des temps difficiles. Il y avait beaucoup de procès à organiser. De plus, j'étais persuadé sans l'ombre d'un doute que Sirius était bel et bien le Gardien du Secret des Potter. Je savais qu'il y avait un traitre et, quand Lily et James ont été tués, j'ai été persuadé que Sirius les avait trahis.

– Oui, nous avons lu le dossier. Mais même si vous étiez persuadé qu'il était coupable, pourquoi ne pas avoir organisé de procès ?

– Parce que c'était plus simple, avoua finalement Dumbledore. Quand je me suis rendu compte que Sirius n'avait pas eu de procès, cela faisait déjà des mois qu'il était à Azkaban. Je ne me voyais pas organiser un nouveau procès. La population sorcière avait déjà assez souffert comme cela pour qu'on ne ravive pas les plaies. J'ai discuté avec Mr Croupton qui m'a assuré que toutes les preuves coïncidaient. J'ai donc laissé couler.

– Comme c'est commode, dit Alan d'une voix suffisamment forte pour que tout le monde l'entende.

Dumbledore posa ses yeux bleus sur l'avocat qui eut le mérite de soutenir son regard.

– J'ai fait ce qu'il y avait de mieux pour la communauté sorcière. S'il y avait eu le moindre doute sur la culpabilité de Sirius, j'aurai bien évidemment organisé un procès. Comme il n'y en avait pas, j'ai estimé que c'était la meilleure chose à faire. La population sorcière avait le droit à la paix. L'heure n'était plus à la vengeance.

– Vous avez fait ça parce que vous vouliez placer Harry chez les moldus, dit sèchement Alan en se levant. Le fait que Sirius ne soit pas dans l'équation pour réclamer la garde était si simple.

– Pas du tout, expliqua Dumbledore calmement. Harry n'a rien à voir là-dedans. J'ai fait ça pour le bien de la...

– Mais oui, le bien de la communauté sorcière, ricana Alan qui semblait être gagné par l'agacement en voyant que ce procès ne servait à rien. Mais aussi pour votre propre bien. Nous savons que Harry aurait été confié à Sirius et que vous ne vouliez surtout pas que quelqu'un s'interroge sur le lieu où se trouvait Harry. Vous avez fait croire qu'il était en sécurité, mais vous l'avez caché et vous l'avez laissé tomber, dit sèchement Alan alors que Dumbledore se figea face à l'accusation. Un procès aurait mis en exergue ce que vous avez fait à ce pauvre garçon.

– Maître Maxwell ! dit sèchement la présidente. Nous ne sommes pas ici pour parler de Harry Potter, mais pour savoir qui sont les responsables de cette fâcheuse histoire.

Sirius serra les poings et sembla prêt à se lever avant de voir Alan se redresser et fusiller la présidente du regard. Il semblait avoir atteint son pic de patience.

– Fâcheuse ? Mais fâcheuse pour qui ? Le Ministère c'est ça ? Mais vous savez pour qui c'est fâcheux ? Pour mon client qui a passé douze ans à Azkaban. Qui n'a pas vu son filleul grandir, qui a été privé de tous ses droits les plus fondamentaux. Vous l'avez traité comme un animal et vous pensez vous en sortir comme ça ? Mais je vais vous dire, Mr Dumbledore, ricana Alan froidement en se tournant vers le vieux sorcier, vous devriez avoir honte. Plus que tout. Sirius vous faisait confiance, il était membre de votre organisation, il aurait donné sa vie pour vous. Et vous, qu'est-ce que vous avez fait pour le remercier ?

– J'ai fait tout ce que j'ai pu, dit Dumbledore très peiné. Si j'avais eu le moindre doute, j'aurais organisé un procès. Mais, en effet, je reconnais qu'il était plus simple de ne pas en organiser un. Tout montrait qu'il était coupable. C'était pour le bien de tous. La guerre a déchiré des familles, Maître. Je voulais que la paix revienne, un procès n'aurait fait que raviver des douleurs.

– Tout ce que vous avez pu ? répéta Alan effaré, semblant oublier tout son self-control. Vous avez soutenu de nombreuses personnes après la guerre, n'est-ce pas ? Vous avez dit qu'ils n'étaient pas des dangers pour la société, parce que vous leur aviez donné une seconde chance. Est-ce vraiment la peine que je les nomme ? Et vous savez quoi ? Tout le monde vous a cru parce que les gens ont confiance en vous. Vous avez donné des centaines de deuxièmes chances, vous avez accordé la possibilité à chacun de s'amender, mais qu'est-ce que vous avez donné à Sirius Black ? Qu'est-ce que vous avez donné à cet homme qui aurait tout fait pour vous ? Il vous a donné sa vie, ses connaissances, et qu'est-ce que vous avez fait pour le remercier ? Rien. Vous l'avez laissé pourrir là-bas parce que c'était plus commode, pour "le bien de la communauté sorcière" imita-t-il avec dégoût. Mais vous savez où vous pouvez vous le mettre votre plus grand bien ?

– Maître Maxwell ! Si vous continuez je vous fais évacuer !

– Pas besoin, j'ai terminé.

Alan, jeta un regard de pur dégoût à Albus Dumbledore qui eut le mérite de se sentir gêné, avant de se rasseoir en soufflant bruyamment.

– Je me suis emporté, je suis désolé, soupira l'avocat.

– Peu importe, assura Sirius qui réussit à sourire légèrement. Je voulais juste qu'il se sente coupable et vous avez réussi. De toute façon ce n'est qu'une mascarade.

– Vous avez raison, soupira Alan. Je suis désolé, je pensais vraiment que cette audience pourrait aider. Mais ça n'arrange rien.

Sirius balaya ses excuses d'un signe de la main. Ce n'était pas à lui de s'excuser. Dumbledore tenta de se justifier et essaya d'adresser la parole à Sirius qui ne se tourna pas vers lui, le visage fermé. Il n'écouta pas ses vaines explications sur le contexte de la guerre, sur le pourquoi il pensait vraiment Sirius coupable, sur le fait qu'il ne savait pas qu'il n'avait pas eu de procès avant un long moment.

Il voyait que les juges étaient impressionnés par la stature de Dumbledore et il sut que jamais il n'aurait gain de cause contre lui. Dumbledore avait une aura de puissance, de force. Lui n'était qu'un prisonnier innocent, une goutte d'eau par rapport aux succès de l'homme. Dumbledore était le puissant sorcier ayant renversé Grindelwald, celui qui s'était levé contre Voldemort, le seul que ce dernier n'ait jamais craint.

Sirius comprit à ce moment qu'il n'était rien par rapport à lui et que jamais il ne serait tenu responsable pour une "simple erreur". Parce que, c'était la guerre. Personne ne voyait à quel point cette absence de procès s'expliquait par la volonté de placer Harry chez les Dursley. Personne ne voyait que Dumbledore l'avait utilisé avant de le laisser tomber quand il ne lui était plus utile. A quel point il avait été manipulé. Personne ne voulait le voir, parce que c'était Dumbledore. Et que, lui, il n'était rien.

Tout ça ce n'était qu'une mascarade et tout le monde le savait. Personne n'allait être déclaré responsable, parce que la guerre, parce que ce n'était pas grave pour eux, parce qu'ils voulaient que le Ministère s'en sorte indemne, parce que tout n'était qu'une question de pouvoir et que, pour le moment, il n'en avait pas.

Son père avait eu raison sur toute la ligne. Avec le pouvoir, on faisait de grandes choses. Si Sirius était resté dans sa famille, s'il était resté un Black, tout ceci ne serait jamais arrivé.

Il savait que Lucius Malefoy s'en était facilement tiré, sans même un procès, juste avec l'aura qui précédait le nom des Malefoy et l'appui des Black. Bellatrix avait eu un procès équitable parce que sa famille avait été derrière elle, malgré ce qu'elle avait fait. Elle avait été condamnée, mais elle avait eu droit à une défense.

Lui, il avait été envoyé en prison parce que c'était un Black, mais un Black sans ressources, sans soutien, ni pouvoir. Parce qu'il avait refusé de prendre le nom des Black. Lui, il n'avait rien eu, parce qu'il n'avait plus de famille. Son meilleur ami était mort. Dumbledore s'était détourné de lui. Personne n'avait été là. Personne ne l'avait aidé.

A ce moment, alors que Dumbledore parlait avec emphase de cette période compliquée, Sirius se promit de tout faire pour redevenir un Black. Parce que plus jamais il ne voulait se sentir inférieur et faible. Il voulait que, là où il passe, les gens sachent qui il était. Pour que plus personne ne puisse l'emprisonner sans le laisser parler. Pour qu'il puisse récupérer Harry et le protéger quoi qu'il lui en coûte. Pour que, plus jamais, on ne le traite comme un moins que rien.

Il savait qu'il allait perdre aujourd'hui, mais il s'en fichait. Ce n'était qu'une première bataille. Il allait se battre. Il allait s'armer et les faire tous tomber, foi de Black.

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Quand Sirius fut appelé, il se leva avec difficulté. Il avait déjà perdu toutes ses illusions et était très réticent à l'idée de parler de ce qu'il avait vécu. Ça ne servait à rien. Il ne voulait pas en parler, il voulait oublier. Mais personne ne semblait décidé à lui faire oublier ce qu'il avait vécu. On le voyait comme un ancien prisonnier et il n'appartenait qu'à lui de redevenir Sirius Black.

– Mr Black. Nous sommes ici pour estimer le préjudice que vous avez subi, expliqua calmement la juge. Pouvez-vous nous en dire plus ?

– Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? dit hargneusement Sirius agacé par tout ce cinéma. J'ai passé douze ans en prison pour quelque chose que je n'ai pas fait. Je n'ai pas eu la possibilité de m'exprimer, jamais. On m'a laissé là-bas comme un animal. Alors, oui, les preuves semblaient me désigner, mais on ne m'a même pas laisser parler. On m'a mis en prison et on m'a oublié.

"Aujourd'hui, je suis brisé. Azkaban n'est pas un camp de vacances. J'ai beau être un Animagus, je me réveille encore chaque nuit en rêvant de ma cellule. Il y avait deux détraqueurs postés devant ma cellule. J'avais juste de quoi m'allonger sur le sol. Ma cousine folle n'était pas loin, à rigoler, parce qu'elle savait que je n'avais rien fait. Bellatrix Lestrange a été la seule à me croire, vous trouvez ça normal vous ?

"Je suis brisé et rien ne pourra reprendre les années perdues. Ce que j'ai vécu, ce que j'ai subi... Les abus, les privations... La peur... La culpabilité de ne pas pouvoir aider mon filleul. Je vais devoir suivre un traitement toute ma vie. Combien ça vaut à votre avis ? Ça ne vaut rien. Ces douze années elles sont irremplaçables. Elles sont perdues, à jamais. Et aucune excuse, aucune somme d'argent ne pourra les reprendre.

"Donnez-moi ce que vous voulez, je m'en fiche. Ce que je veux ce sont des excuses. Ce que je veux c'est être avec mon filleul et qu'on me laisse tranquille. Mais apparemment, même après avoir vécu l'enfer, on m'oblige encore à assister à cette fichue audience. On m'oblige à raconter ce que j'ai vécu, mais à votre avis, qu'est-ce que j'ai vécu ?

"Je déteste le Ministère pour ce qu'il m'a fait. Rien ne pourra réparer ça. Vous avez brisé ma vie et, ça, c'est entièrement votre faute. J'espère que vous vous sentirez coupable toute votre vie pour ça, conclut sèchement Sirius en fixant Croupton qui n'osait pas le regarder, puis Dumbledore qui semblait très peiné.

Sirius n'attendit pas qu'on l'invite à s'asseoir et retourna près d'Alan qui posa une main sur son épaule, sans avoir le cœur à le rabrouer pour son impertinence. On avait pu sentir la peine, la douleur, dans chaque mot qu'il avait prononcé. Certaines personnes du public avaient les larmes aux yeux et même les juges eurent du mal à reprendre l'audience.

Sirius lui-même n'en menait pas large et semblait au bord des larmes. Il était blanc, pâle, tremblant. Il regarda dans le vide jusqu'à la fin du procès et sembla ne pas se rendre compte de la suite des évènements.

Il avait l'impression qu'un étau lui serrait la poitrine. Il avait envie de vomir, il se sentait mal et très mal à l'aise. Il voulait rentrer chez lui, là où personne ne pouvait l'embêter. Il voulait être rassuré. Il voulait voir la mer, s'emmitoufler dans un plaid et ne parler à personne. Il y avait trop de monde, trop de poids sur lui, trop de regards, trop d'amertume. Il se sentait vraiment très mal et ce fut son éducation Black qui lui permis de garder une face neutre. Au fond de lui, il était dévasté.

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– Le Ministère endosse la responsabilité de cet emprisonnement, dit finalement la juge après une courte délibération. Toutefois, Mr Croupton et Mr Dumbledore ne peuvent être considérés comme responsables. En effet, en raison du contexte du guerre, ils ont fait une erreur, compréhensible en ces temps troublés. Mr Black a subi une terrible injustice, mais on ne peut nier que Mr Croupton et Mr Dumbledore ont apporté beaucoup à notre communauté. Le Ministère se chargera de réparer financièrement le préjudice de Mr Sirius Black.

Les journalistes et le public parlèrent entre eux, désapprouvant visiblement la décision. Sirius ne ressentit rien à l'annonce de l'absence de sanction parce qu'il s'y était attendu. Il n'avait plus aucun espoir à ce sujet.

– Après délibération, nous avons décidé d'accorder à Mr Sirius Black la somme de 100.000 galions en dédommagement de ses douze années à Azkaban, dit la juge. Bien que nous sachions que cela ne rattrapera jamais ses années perdues, nous espérons que cela pourra compenser une partie de ce qu'il a vécu.

Alan semblait très satisfait de cette somme astronomique. C'était la plus haute jamais accordée depuis que le système judiciaire avait été établi. Le public semblait lui aussi abasourdi à l'idée qu'une telle somme lui soit accordée.

– C'est une bonne chose, assura Alan à la fin de l'audience en parlant aux journalistes. Bien sûr nous aurions aimé une condamnation des responsables, mais le statut de victime de mon client a été reconnu et c'est l'essentiel. A présent, il va pouvoir essayer de reprendre une vie normale et s'occuper de son filleul.

Sirius eut un sourire amer en sortant du tribunal, sans même attendre son avocat. Il n'avait qu'une envie ; rentrer chez lui et se saouler toute la nuit pour oublier.

Personne ne s'était excusé.

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