PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.


Partie 2. Chapitre 17.

"Révélations"

– Maître Sirius, Remus Lupin est arrivé, informa Kreattur en se courbant.

Remus apparut dans le salon du Square Grimmaurd, l'air gêné.

– Remus ! s'exclama Sirius avant de saluer chaleureusement son ami. Je suis content que tu aies pu te libérer.

– J'ai un week-end sur deux, expliqua le loup garou. Le reste du temps, je dois patrouiller dans les couloirs.

– Comme c'est barbant quand tu connais déjà tous les recoins du château, soupira faussement Sirius avant de lui lancer un clin d'oeil complice.

– Tu ne peux pas tout connaître, s'agaça Rufus qui était assis dans l'un des fauteuils un livre sur les genoux.

Remus et Sirius échangèrent un regard rempli de souvenirs.

– Je pense qu'on en connait plus que le directeur, s'amusa Sirius. On connaît le château par coeur.

Rufus leva ses yeux au ciel devant tant de vantardise, avant de se lever souplement et de s'introduire auprès de Remus.

– Rufus Scrimgeour. Chef des Aurors.

Rufus lui tendit sa main le détaillant d'un regard expert. Sirius ricana devant tant de solennité et en voyant Remus se tortiller, mal à l'aise, sous le regard inquisiteur du Chef des Aurors.

– Tu lui fais peur, dit Sirius en poussant Rufus du coude, se mettant légèrement devant Remus comme pour le protéger.

– Je sais me défendre, fit Remus en levant ses yeux au ciel. Remus Lupin. Euh... Professeur à Poudlard ?

Cela sonnait plus comme une question, mais Rufus eut l'air de s'en satisfaire. Il hocha la tête avant de lâcher sa main, sans cesser de le détailler. Rufus n'était pas du genre à faire confiance facilement et il préférait connaître les personnes avec lesquelles il allait passer du temps.

– Remus ! s'exclama Amelia en poussant Sirius de son chemin, sans aucune délicatesse.

– Bonjour, Amelia.

Amelia n'hésita pas et l'entraîna dans une étreinte rapide. Remus se figea avant de sourire légèrement. Remus savait qu'Amelia et Rufus avaient été informé du fait qu'il était un loup-garou, Sirius l'ayant expliqué pour justifier sa transformation en animagus. Il était heureux qu'elle ne lui en fasse pas ombrage. Il savait à quel point son statut pouvait déranger et faire peur. Amelia en grande Poufsouffle n'avait jamais prêté attention à ce genre de détails.

– Tu as l'air en forme, dit-elle en le détaillant du regard. Susan ne me dit que du bien que toi. Elle est ravie d'avoir un professeur de Défense qui tient la route.

– Oh. Merci. C'est une élève très intelligente, dit-il en rougissant sous le compliment.

– Ne t'inquiète pas, nous sommes nombreux à nous ficher de ton "problème de fourrure", comme l'appelle Sirius, assura Amelia sans aucun tact.

Sirius fit un clin d'œil amusé à Remus comme pour lui dire que tout allait bien, avant d'entraîner le petit groupe autour d'un thé et de scones préparés par Kreattur.

Amelia et Rufus avaient été étonnés par la convocation de Sirius et encore plus quand ils avaient découvert le Square Grimmaurd. Amelia avait été impressionnée par le tableau représentant la mère de Sirius. Walburga l'avait détaillé du regard avant de dire qu'elle était "ravie que son fils sorte enfin avec une sang pur". Rufus, lui, s'était intéressé aux différents livres de la bibliothèque, comme tout bon Serdaigle qui se respecte. Sirius lui avait prêté avec plaisir La magie de l'esprit et il l'avait vu loucher sur des ouvrages de magie noire.

– Ton elfe est décidément un dieu de la cuisine, fit Rufus en avalant deux petits gâteaux.

– Je sais, j'ai de la chance.

– Heureusement, renchérit Remus, parce que tu es incapable de te faire à manger.

– Éducation de sang pur, s'excusa Sirius en levant ses mains au ciel.

– Tu n'as jamais fait à manger ? s'étonna Amelia.

– J'ai tenté avec la mère de Harry, expliqua-t-il en grimaçant. Mais non, c'était désastreux. La façon moldue comme sorcière.

– Je confirme, approuva Remus en riant. Immangeable. Et donc, Amelia, tu es la Directrice de la justice magique, félicitations, enchaîna-t-il en fixant son ancienne camarade.

– Merci Remus, c'est un travail absolument passionnant, répondit Amelia les yeux brillants.

Rufus et Sirius soupirèrent en voyant leurs deux amis discuter du travail, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Amelia avait les yeux brillants qu'elle avait quand elle était partie pour parler pendant des heures de son "formidable travail". Sirius cherchait encore le moyen de la stopper. Seul Rufus semblait être capable de lui faire entendre raison, souvent en lui proposant un pari.

– J'ai un plan pour aller voir la finale de la Coupe de la Ligue, ça te dit ? glissa Rufus à Sirius.

– Tu as pensé à moi, je suis touché, ricana Sirius.

– Ça te dit ou non ? Mon aîné est en formation ce jour-là et l'autre est à Poudlard.

– Avoue juste que tu préfères y aller avec moi.

Le silence de Rufus fut éloquent et Sirius en fut très touché. Il aimait beaucoup Rufus lui aussi. Il ne savait pas trop pourquoi, ni comment, mais ils étaient devenus très amis depuis qu'ils s'étaient rencontré. Sirius savait que jamais Rufus ne pourrait remplacer James. Ce dernier était son meilleur ami, son frère. Mais avec Rufus il parvenait à oublier l'image de James et ça lui allait très bien. Ça lui permettait de se changer les idées et c'était tout ce qu'il lui fallait. Harry lui manquait, ils n'avaient pas pu passer les vacances de Pâques ensemble et la maison lui paraissait bien vide. Ses soirées avec Rufus étaient un vrai régal et avaient le mérite de lui faire penser à autre chose.

– Ce serait avec plaisir, ça fait si longtemps que je n'ai pas vu de match, dit Sirius les yeux brillants.

– Je t'ai proposé par pitié, expliqua Rufus.

– Je vais faire semblant de te croire, ricana Sirius. Mais, merci. Qui joue ?

– Les Tornades contre les Pies de Montrose.

– Je suis simplement déçu que les Flèches ne soient pas en finale, soupira Sirius.

– Moi aussi. Mais ils étaient vraiment nuls cette année.

– Ce n'est pas une question de performance sur une année. C'est une histoire de performance sur le long terme, expliqua sérieusement l'ancien prisonnier.

– Ils ont été bons pendant des années, ils ont créé de splendides figures, mais depuis quelques années le niveau est faible, dit piteusement Rufus. C'est mon équipe préférée, mais ils vont finir par être aussi nuls que les Canons.

– Je vais essayer de convaincre Harry de jouer pour eux. Ça remontera le niveau, fit Sirius prit d'une illumination. Je sais que leur attrapeur ne tient pas la route.

– En effet, Millers est plutôt nul, ils ont perdu leurs derniers matchs parce qu'il n'a pas réussi un simple piquet. Mon fils m'a dit que Harry était doué, confirma Rufus. Il joue comme batteur à Serdaigle.

– Il est sacrément doué, affirma Sirius avec fierté. Bon, je sais que je ne suis pas objectif, mais quand même. Il a le niveau professionnel.

– Intéressant, dit Rufus en mesurant ses mots fixant Sirius de son regard pénétrant. Est-ce que je te demande comment tu peux le savoir alors que tu étais en fuite depuis six mois et que les adultes ne sont pas autorisés à assister aux matchs ?

– Je suis entré à Poudlard sous ma forme d'Animagus, chuchota Sirius.

Rufus écarquilla ses yeux, semblant ne pas le croire.

– Je t'assure que c'est vrai ! Tu pourras demander à Harry.

Rufus éclata de rire, faisant sursauter Amelia qui lui jeta un regard agacé.

– Quand je pense que tu as passé tous les contrôles comme ça, je suis à la fois impressionné et déçu par notre capacité à t'appréhender, siffla Rufus. Sinon, je suis sûr que tu veux convaincre Harry de jouer pour les Flèches parce que tu ne veux pas qu'il devienne Auror.

– Je sais que tu essaies de le recruter et ça ne marchera pas, exposa Sirius avec détermination.

– Je suis persuadé que Harry saura faire le bon choix entre l'intelligence et les muscles, dit franchement Rufus.

– Comment tu as fait toi qui n'a ni l'un ni l'autre ?

– On se demande pourquoi tu n'étais pas à Serpentard, dit Rufus d'un ton insultant.

– Je me serai fait assassiner dès le premier jour par les pro sang-pur, rit Sirius.

– Est-ce que le monde ne s'en serait pas mieux porté ? soupira faussement Rufus.

Sirius lui lança un scone à la figure, que Rufus rattrapa aisément avant de le tartiner allègrement de confiture de fraises maison.

– Tu n'aurais pas une troisième place à tout hasard ? demanda Sirius.

– Pour la Coupe de la Ligue ? Non, mais je peux arranger ça. C'est Verpey qui commente et il m'en doit une. Pourquoi ? Lupin serait intéressé ? demanda Rufus en regardant le loup-garou.

Il devait avouer qu'il n'était pas très rassuré à l'idée de côtoyer un loup-garou. Depuis tout petit on lui avait dit à quel point les loups-garous étaient dangereux, fous et qu'il fallait les éliminer. Savoir qu'un professeur à Poudlard était loup garou l'avait terrifié avant qu'Amelia ne lui assure que Remus Lupin était à la fois compétent et très gentil. Elle avait réussi à le rassurer, surtout quand il la voyait aussi à l'aise, mais il ne tenait pas plus que ça à le côtoyer pour le moment. Il avait encore besoin de l'observer et d'être sûr qu'il ne représentait aucun danger.

– Non. Un ami à moi. C'est un moldu, ça pose problème ? demanda innocemment Sirius.

Rufus s'étouffa dans sa tasse attirant les regards d'Amelia et Remus sur lui.

– Un moldu ? répéta Rufus les yeux écarquillés. Par Merlin, tu es sorti d'Azkaban il y a six mois, tu es innocenté depuis quelques semaines et tu as déjà un ami moldu ?

– C'est le père de Hermione Granger, une amie de Harry. On a bien sympathisé. Il m'a bien aidé et il ne connaît rien du monde magique. Je veux juste qu'il se sente intégré, pour en discuter avec sa fille, tu vois ce que je veux dire ?

– Tu sais que c'est risqué, souleva Rufus. Un moldu en pleine rencontre sportive. Je ne suis même pas sûr que ça soit autorisé.

– Tu es le Chef des Aurors, tu dois bien pouvoir arranger ça, souligna Sirius d'une voix remplie de flatterie.

Rufus ne se laissa pas impressionner.

– Amelia ? demanda Rufus en se tournant vers la brune qui les observait avec attention.

– Je ne sais pas, répondit-elle en fronçant ses sourcils. C'est inhabituel, mais pas interdit. S'il connaît déjà le Secret, il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas venir.

– Mais les sortilèges repousse-moldus ?

– Un simple charme de persuasion pourra lui permettre de dépasser les barrières, assura Amelia.

– Pourquoi pas, dit finalement Rufus avec réticence.

– Par contre, intervint Amelia, je ne peux que te conseiller de l'habiller en sorcier. Il passera inaperçu comme ça.

– Bonne idée ! dit Sirius ravi. Tu es sûr que ça te va, Rufus ?

– Oui, grommela Rufus. Je n'en reviens pas que tu aies réussi à me faire ça. Je n'ai jamais parlé à un moldu de ma vie. Tu es trop manipulateur pour être à Gryffondor.

– Je suis persuasif.

– Je suis sûr que c'est un trait de caractère de ta famille de manipuler les gens, grommela Rufus.

– Sans aucun doute, confirma Sirius en hochant sa tête. Une chose dont je suis ravi d'avoir hérité. Si tu savais le nombre de contrats que j'ai pu conclure avec mon charme fou.

– Je n'en doute pas, dit Rufus qui paraissait tout de même dubitatif.

– Des contrats professionnels et personnels, dit Sirius en lui lançant un clin d'œil qui fit éclater de rire Rufus.

– Je comprends mieux à présent.

– Bon, Sirius, coupa Amelia en levant ses yeux au ciel. Tu ne nous as pas fait venir ici pour parler de tes conquêtes.

– Non, en effet, dit Sirius d'une voix plus sérieuse.

Sirius observa un à un ses amis qui étaient face à lui. Ils allaient être les trois premiers à faire partie de l'opération Puzzle. Il prit son air le plus sérieux, sortit le carnet offert par Harry qu'il posa sur ses genoux et les regarda d'un air grave.

– C'est très sérieux. Ce que je vais vous révéler est un secret absolu et c'est quelque chose de vraiment moche, qui dépasse l'entendement.

Rufus se releva légèrement, prenant sa posture de Chef des Aurors. Amelia avait déjà attrapé un bout de parchemin pour y noter des informations et Remus l'écoutait avec attention.

– Personne ne doit être au courant de ce que je vais vous révéler, prévint Sirius d'une voix sourde.

– Entendu, dirent les trois d'une même voix.

Sirius se sentit rassuré parce qu'il savait qu'il pouvait faire confiance à chacun d'entre eux. Amelia et Rufus étaient devenus de vrais amis qui l'avaient aidé, au péril de leur poste, pour prouver son innocence. Ils l'avaient aidé à remonter la pente après son emprisonnement et il ne savait pas comment il aurait fait sans les soirées avec Rufus et les déjeuners réguliers avec Amelia. Remus avait déjà prouvé qu'il était prêt à garder un secret de Maraudeur en ne révélant pas sa condition d'Animagus aux Aurors, malgré le fait qu'il le croyait coupable à l'époque.

– C'est à propos de Voldemort, révéla-t-il faisant sursauter Amelia et grimacer Rufus.

– Encore lui ! souffla Rufus de dépit en se passant la main derrière la nuque.

– Je sais pourquoi il est toujours en vie, affirma Sirius avec assurance.

Ses amis l'observèrent avec une attention encore plus accrue.

– Tu sais pourquoi il est encore en vie ? répéta Rufus en haussant un sourcil qui disparut presque parmi sa touffe de cheveux.

– Oui. Nous sommes ici tous d'accord pour dire que Voldemort va revenir et se cache quelque part ?

– Oui, dirent les trois amis de Sirius d'une même voix.

– Comment il a fait ? s'enquit Rufus, très intéressé.

– Il a créé des Horcruxes, lâcha Sirius.

Il s'attendait à une grande réaction de surprise, des cris horrifiés, des exclamations, des protestations, mais il fut déçu en voyant Amelia et Remus le regarder avec incompréhension. Rufus le fixait sans savoir comment réagir, cherchant visiblement ce que ça pouvait être.

– Mais encore ? insista Amelia les sourcils froncés.

– Vous ne savez pas ce que c'est ? souffla Sirius de dépit.

– Euh... Non.

– Rufus ? demanda Sirius la voix pleine d'espoir. Tu es le Chef des Aurors, nom d'un hippogriffe !

– Le nom me parle, mais je ne sais pas spécifiquement ce que c'est, avoua-t-il sincèrement. C'est de la Magie noire ?

– Très noire, confirma Sirius en soupirant.

Il n'avait pas prévu que personne ne sache ce que c'était. Il songea alors que cela devait être une branche très obscure de la magie dont peu de personnes avaient connaissance. Peut-être même que Dumbledore ignorait ce que c'était. Il frissonna un instant en se disant que cette branche de la magie lui avait été enseignée quand il avait treize ans et que sa famille était vraiment dérangée.

– Concrètement, un Horcruxe est un objet qui contient une partie de l'âme d'une personne.

Amelia grimaça de dégoût et reposa son scone sur la table.

– L'âme d'une personne ? répéta-t-elle alors que Rufus écarquillait ses yeux de stupeur, semblant avoir compris ce que ça signifiait.

– Oui. Celui qui fait un Horcruxe sépare son âme en deux et enferme une partie dans un objet ou même un être-vivant, expliqua Sirius en la regardant.

– À quoi ça sert ? demanda Amelia les yeux écarquillés.

– Eh bien, celui qui a créé l'Horcruxe ne peut plus mourir. S'il est atteint par un sortilège sa partie d'âme dans l'Horcruxe est toujours là donc...

– Il devient immortel, termina Rufus en frissonnant de dégoût.

– Quelle horreur ! cria Amelia les mains sur sa bouche.

– Donc, si je comprends bien, reprit Remus calmement les mains tremblantes. Voldemort est bien mort cette nuit-là à Godric's Hollow, mais il ne pouvait pas mourir parce qu'il avait créé un Horcruxe ?

– Exact, dit Sirius heureux de voir que son ami suivait.

– Comment tu connais cette forme de magie ? s'enquit Rufus.

– Mes parents me l'ont apprise, expliqua Sirius.

– Donc c'est vrai, les Black pratiquent la magie noire... fit Rufus en sifflant avec impression.

– On ne la pratique pas, dit Sirius agacé, on l'apprend. Ma mère était horrifiée quand je lui ai appris ce qu'il avait fait. C'est une abomination, même pour nous.

– C'est dégoûtant, confirma Amelia qui était toute blanche. Donc on ne peut rien faire, il est immortel ?

– Pour le moment oui. Si on veut tuer Voldemort...

– Il faut détruire l'Horcruxe, comprit Remus l'air secoué.

– Comment on créer un Horcruxe ? s'enquit Rufus. C'est pédagogique, se défendit-il en croisant le regard rempli d'horreur d'Amelia.

– On tue quelqu'un, dit Sirius d'une voix sourde. De sang-froid. Je pense qu'il y a aussi un rituel ou une formule, mais je vous avoue que je n'ai jamais essayé.

Amelia semblait sur le point de vomir ses trippes et Remus n'en menait pas large non plus. Que Voldemort revienne était une chose, mais qu'il soit immortel en était une autre. Rufus semblait être le seul à le prendre plutôt bien, comme rassuré de connaître le secret du plus grand mage noir de tous les temps.

– Donc, Harry l'a bien tué ? demanda Rufus.

– Je ne pense pas, exposa Sirius en fronçant ses sourcils, ne souhaitant pas que son filleul soit impliqué là-dedans. Je pense que c'est le sacrifice de Lily qui a créé une protection. Le sort de Voldemort a ricoché sur lui et en fait...

– Il s'est tué lui-même ? comprit Rufus. D'accord. Donc Harry n'est pas le garçon-qui-a-tué-le-grand-méchant ?

– C'était un bébé, dit sèchement Sirius. Je suis persuadé que c'est un enfant brillant, mais qui ne devrait pas avoir à s'occuper de Voldemort.

– Je suis parfaitement d'accord, confirma Remus.

Ils se regardèrent tous l'air incertain, un peu sonnés par la nouvelle. Amelia était figée et semblait ne pas se remettre de la nouvelle.

– Comment tu es au courant qu'il a créé un Horcruxe ? demanda Remus avec pertinence.

– C'est mon frère qui m'a aidé, expliqua Sirius en sortant un carnet.

Il leur raconta comment il avait trouvé le carnet de Regulus, comment Kreattur lui avait expliqué ce qu'il s'était passé dans la grotte et comment son frère y avait laissé sa vie, en découvrant le plus gros secret de Lord Voldemort.

Sirius fit léviter une boîte qu'il posa sur la table.

– Le médaillon est là-dedans, expliqua-t-il. C'est Kreattur qui l'a ramené.

– Oh, fit Amelia avec de faire un mouvement de recul involontaire. Eurk, l'âme de Voldemort.

– Tu ne l'as pas détruit ? demanda Remus.

– Tu es fou, grimaça Sirius. Il faut être au moins deux, je ne sais pas comment ça va réagir, mais ça m'étonnerait qu'il se laisse faire. C'est l'âme de Voldemort, je suppose que ça ne doit pas être accueillant.

Rufus approuva d'un signe de tête, rassuré de voir que Sirius avait toute sa tête et n'avait pas fait quelque chose d'inconsidéré.

– Et surtout, je ne veux pas que Voldemort sache que l'on sait. Je ne sais pas s'il peut sentir qu'un Horcruxe est détruit ou non, donc il vaut mieux faire attention.

– Comment on détruit un Horcruxe ? demanda Amelia.

Sirius sortit son petit carnet et le feuilleta.

– Il faut une "substance tellement destructrice qu'il ne peut se réparer de lui-même". Ce n'est pas explicité, mais j'ai quelques pistes, dit Sirius.

– Ok. Donc, tout va bien, sourit Amelia qui semblait rassurée. On le détruit et on tue Voldemort. Fin de l'histoire.

Sirius se tendit, ce qui n'échappa à Remus.

– Pourquoi tu nous as réuni ? demanda Remus. Si tu as déjà l'Horcruxe, ce n'est pas pour ça.

Sirius prit une grande inspiration en se demandant comment ils allaient réagir.

– Parce qu'il n'a pas créé qu'un Horcruxe, lâcha-t-il en regardant Rufus.

Amelia eut un haut de cœur et Remus verdit.

– Plusieurs ? souffla Rufus blanc comme neige. Combien ?

– On ne sait pas.

– Par "on", tu parles de qui ? demanda Amelia en fronçant ses sourcils.

– Harry et moi.

– Tu as prévenu Harry ! s'exclama Amelia. Mais tu es fou. C'est de la Magie noire, il est trop jeune.

– Il a déjà détruit un Horcruxe, donc non, il n'est pas trop jeune.

Cette fois, Amelia se figea. Elle le regardait comme s'il allait lui dire que tout ça n'était qu'une vaste blague. Mais le regard de Sirius était très sérieux. Amelia serra compulsivement ses bras autour de son corps, son regard figé sur la boîte qui contenait un morceau de l'âme de Voldemort.

– Il a détruit un Horcruxe ? répéta Remus avant de comprendre soudainement. Le journal de Jedusor...

Sirius hocha la tête avant de raconter à Remus et Amelia ce qu'il s'était passé pendant la deuxième année de Harry et qu'il avait passé sous silence la première fois. Amelia était outrée que le Ministère n'ait pas été informé de ce que le jeune Harry avait fait, mais Rufus était impressionné.

– Il a tué un Basilic ? demanda-t-il pour être sûr.

– Exact.

– Et il n'est pas mort ?

– Non. Enfin, il a failli, dit Sirius en rigolant nerveusement. Le Basilic l'a mordu, mais le Phénix de Dumbledore l'a sauvé.

– Je le veux chez les Aurors, dit brusquement Rufus. Et dire que beaucoup disent qu'il n'est pas si impressionnant que ça. J'aimerai bien voir la moitié de mes Aurors affronter un Basilic, par Merlin !

– Oui, c'est très impressionnant, dit sèchement Amelia. Mais je ne comprends pas pourquoi le Ministère n'a pas été informé.

– Nous avons été informé que Harry avait aidé, rectifia Rufus. On nous a dit que Voldemort avait possédé une petite, grâce à un objet, mais personne n'a jamais rien dit sur la cause des pétrifications.

– Je pense qu'il a voulu épargner la petite Weasley, dit Remus en expliquant qu'elle avait la victime collatérale de tout ça.

– Sans doute, concéda Rufus. Mais tout de même. Et Harry comment il va ?

– Il me dit que ça va, mais il fait des cauchemars. Les adultes ne lui ont jamais reparlé de tout ça. Ça a juste été...

– Étouffé, conclut Remus la rage dans la voix.

– Je suis sous le choc, dit Amelia en se servant un verre. Je ne comprends pas... Il est si petit. Comment ont-ils pu le laisser faire ça ? Il n'avait pas assez souffert comme ça ?

– Apparemment non, dit sèchement Sirius.

– Ce pauvre petit, souffla Amelia presque effondrée à l'idée de ce que Harry avait dû affronter.

– En tout cas, ce qui est sûr c'est qu'il y avait au moins deux Horcruxes, reprit Sirius qui ne voulait plus penser à ce que Harry avait traversé. Et je pense qu'il y en a d'autres.

– D'autres ? releva Remus.

– Je ne sais pas combien, mais il y en a d'autres.

Rufus souffla brusquement, sentant un grand poids peser sur ses épaules. Lui qui avait espéré que ses prochaines années seraient tranquilles, il s'était bien trompé.

– Après tout ça, je démissionne, dit-il rageusement sous les rires des autres qui se détendirent légèrement.

– Tu aimes trop ton travail, assura Amelia. Tu t'ennuierais sans mage noir à combattre.

– C'est vrai que l'activité est plus réduite depuis que Vous-Savez-Qui a disparu, avoua Rufus. Mais je m'en passerais bien. C'est donc pour ça que tu nous as réunis... Pour qu'on trouve les Horcruxes.

– Oui. Et je ne veux pas que les autres Aurors soient au courant. C'est vraiment de la magie très noire.

– Je comprends, dit instantanément Rufus. Je ne comptais en parler à personne. Il ne faudrait pas que ça donne des idées à d'autres personnes.

Amelia frissonna d'angoisse à l'idée que quelqu'un puisse avoir connaissance de cette possibilité de devenir immortel.

– On a appelé ça l'opération Puzzle, dit Sirius sur un ton plus léger.

Sirius leur expliqua comment Harry avait trouvé le nom et Remus sourit avec nostalgie en se souvenant de la manie qu'avait Sirius de donner un nom de code à chacune de leurs farces. Amelia trouva cela très approprié.

– Il y a autre chose, n'est-ce pas ? devina Remus en croisant le regard de Sirius qui soupira, agacé de voir que son ami le connaissait si bien.

– Qu'est-ce qui peut être pire que ça ? demanda Amelia en levant ses yeux au ciel. Tu viens de nous dire que le plus grand mage noir du siècle est immortel et va revenir, je ne vois pas ce qui peut être pire.

– Je suis inquiet par rapport à Harry, lâcha Sirius avec réticence.

– Harry ? répéta Amelia. Encore Harry ? On ne peut pas le laisser tranquille ?

– J'aimerai mieux, soupira Sirius qui semblait à présent vraiment peiné. Je pense qu'il y a quelque chose de pas clair dans sa cicatrice.

Amelia se mordit la lèvre au sang en comprenant ce que ça signifiait.

– Tu ne penses quand même pas que... ?

– Je ne sais pas, admit Sirius. Harry m'a dit que sa cicatrice le brûlait quand Voldemort était à proximité, il parle le Fourchelang comme lui. Et... Ça m'a interpelé dès qu'on a parlé des Horcruxes. Je ne suis pas un expert, mais il y a quelque chose d'étrange.

– Personne ne l'a jamais examiné ? s'étonna Rufus avant de voir le regard éloquent de Sirius. Bien sûr que non, quelle question, rumina-t-il.

– Qu'est-ce que tu veux faire ? s'enquit Amelia.

– Mon psychomage est spécialisé dans les maladies de l'esprit. Il est sous serment, affirma-t-il en voyant leurs regards sévères sur lui. Il connaît un expert en magie noire roumain, ils ont pris contact et ils cherchent à établir un rituel. Mais c'est juste au cas-où. On va les voir pendant les grandes vacances avec Harry.

– Si tu arrives à avoir sa garde, remarqua Amelia.

– C'est pour ça que j'ai besoin d'avoir sa garde, expliqua Sirius sérieusement en fixant Amelia.

Amelia hocha la tête, comprenant que c'était plus que l'envie d'avoir son filleul près de lui qui motivait Sirius. C'était aussi une question de vie ou de mort. Parce que si Harry était un Horcruxe, cela signifiait que Voldemort ne pouvait pas mourir tant que la partie d'âme n'était pas éliminée.

– Harry n'est pas au courant, dit Sirius. Je veux juste vérifier.

– On verra ça quand tu seras allé en Roumanie, conclut Rufus. Mais il faut absolument trouver les autres Horcruxes avant que Voldemort ne revienne.

– Mais ça pourrait être n'importe quoi ! s'exclama Amelia dépitée.

– Je ne pense pas, affirma Sirius. Déjà, Voldemort est prétentieux, je ne pense pas qu'il a mis un bout de son âme dans une boîte de conserve. On voit bien avec le Médaillon de Serpentard et son journal, ce sont des choses qui ont compté pour lui ou qui ont une grande valeur. Et ensuite, savoir ce que c'est n'a pas d'importance. Le plus important c'est de savoir ils sont.

Rufus hocha la tête en signe d'assentiment.

– Donc, j'ai commencé à faire des recherches sur Voldemort, expliqua Sirius en montrant son petit carnet. Et j'ai appris des choses très intéressantes, comme le fait que Voldemort est un sang-mêlé. Son père était un moldu.

Sirius fut satisfait de son petit effet en voyant Amelia ouvrir sa bouche de stupeur et Rufus écarquiller ses yeux.

– Tu es sûr ? s'étonna Remus.

– Comment tu peux savoir ça ? demanda Rufus.

– Il se trouve que ma mère est allée à l'école avec Tom Jedusor, qui est aussi connu sous le nom de Voldemort.

– C'est une information capitale, admit Rufus dans un sifflement impressionné.

– Oui. J'ai déjà récupéré plein de choses sur lui. Mais il faut encore affiner et je pense qu'il y aurait des gens à interroger pour en savoir plus sur sa vie. Il était très proche d'un de ses professeurs, vous l'avez tous connu d'ailleurs... Quoique, quel âge tu as Rufus ?

Sirius évita le lancer de scone en se baissant agilement.

– Qui ? demanda Amelia amusée en voyant leurs chamailleries.

– C'est le professeur Slughorn.

– Slughorn ? dirent-ils tous d'une même voix.

– Eh oui. Apparemment, il faisait partie de son club et ils étaient proches. Je me dis que si le petit Tom avait des questions sur les Horcruxes, il aurait été en parler à son professeur préféré.

– Slughorn ne me semble pas être un adepte de la magie noire, dit Rufus avec dédain en se souvenant de l'homme.

– Non. Mais je pense qu'il s'y connaît un minimum. Il connaissait de nombreuses potions à la limite de la magie noire et ça ne m'aurait pas étonné qu'il en sache un rayon là-dessus. Je vous rappelle qu'il y avait plein de Serpentards dans son cercle qui ont dû lui parler de choses qu'ils ont apprises chez leurs parents. Ça vaut le coup de lui passer une petite visite de courtoisie.

– C'est une bonne idée, admit Rufus. Pour avoir un point de départ.

– Je vais aussi m'entretenir avec Lucius Malefoy, à propos du journal.

Remus approuva d'un signe de tête.

– Je ne pense pas qu'il savait ce que c'était, mais bon j'ai besoin de savoir où est sa loyauté.

Rufus grommela parce qu'il n'aimait pas les Mangemorts en liberté et surtout parce qu'il détestait ce Malefoy qui se pavanait dans les couloirs du Ministère comme si le monde lui appartenait.

– C'est un Mangemort, grinça Rufus.

– C'est aussi le mari de ma cousine, rétorqua Sirius. Cissy n'a jamais prit la marque. Elle mérite d'être protégée.

Rufus haussa un sourcil, visiblement très dubitatif à cette idée.

– Et puis, il a peut-être d'autres informations sur les Horcruxes.

– Tu sais qu'avec ce que tu viens de me dire je pourrais aller l'arrêter ? intervint Rufus.

– Tu n'as aucune preuve, ricana Sirius. C'était il y a un an et personne n'a vu Lucius donner le journal. Et s'il y a une chance qu'il sache quelque chose, il vaut mieux l'avoir de notre côté.

Rufus grommela dans sa barbe contre les Mangemorts en liberté.

– Et Dumbledore ? s'enquit Remus. Tu penses qu'il est au courant ? Après tout, il a vu le journal.

– Je n'espère pas, grimaça Sirius.

– Je ne pense pas, dit Amelia. Tu l'as dit toi-même, c'est une forme de magie inconnue de beaucoup, il l'aurait dit au Ministère quand même. Non ?

Rufus posa sur elle un regard désespéré devant tant de candeur.

– Bien sûr qu'il le sait, dit sèchement Rufus. Ce n'est pas n'importe qui, c'est un très grand sorcier. Je ne l'aime pas, mais je ne peux pas le nier. Si quelqu'un s'y connait, c'est sans doute lui. Tu es aveuglée par Dumbledore !

– Pas du tout ! rougit Amelia. C'est toi qui est aveuglé parce que tu le détestes !

– Moi ? N'importe quoi. Je trouve juste ça commode qu'il nous cache autant d'informations. Je suis objectif.

– Objectif ? ricana Amelia sous les regards amusés de Remus et Sirius. Tu as parié sur l'innocence de Sirius parce que tu voulais que Dumbledore ait tort. Je n'appelle pas ça être objectif.

– Vous avez parié ? intervint Sirius les yeux écarquillés.

– Eh oui, s'amusa Rufus en dévoilant ses dents. Amelia a perdu, évidemment. Elle pensait que tu étais coupable.

Amelia rougit en évitant son regard.

– Mm. En effet, mais c'était avant Pettigrow et puis...

– Ne t'inquiète pas, dit Sirius doucement. Je ne vous en veux pas. Je suis juste surpris de savoir que le Chef des Aurors et la Directrice de la justice magique parient sur l'innocence d'honnêtes citoyens.

Remus pouffa dans sa tasse. Il n'aurait pas qualifié Sirius "d'honnête citoyen".

– Mais je crois en toi maintenant, assura Amelia comme si elle avait peur d'avoir blessé Sirius.

– Merci, dit Sirius d'un ton amusé. Pour en revenir à Dumbledore, on n'est sûr de rien pour le moment, donc ne faisons pas de spéculations.

– Le plan c'est quoi alors ? demanda Remus.

– On cherche tout ce qu'on peut sur l'enfance de Tom Jedusor. On interroge Slughorn, j'interroge Lucius. On cherche les Horcruxes. On les détruit. Et...

– Et on tue Vous-Savez-Qui, asséna Rufus fortement.

Sirius et Rufus se tapèrent dans la main avec détermination.

– C'est un bon plan, reconnut Amelia. Je pense pouvoir faire des recherches dans les Archives Magiques.

– Et moi à Poudlard, pour récupérer ce que je peux sur Jedusor, dit Remus sous le regard d'œil appréciateur de Rufus qui n'avait pas pensé à cette possibilité.

– Avant toute chose, dit Sirius, je veux savoir si vous voulez vraiment en être. Ça va être sans doute très dangereux, je ne veux pas que...

– Black, si on est tous là c'est qu'on te fait confiance, assura Rufus.

– Je veux en être ! assura Amelia.

– On va t'aider, dit Remus en souriant gauchement. Tu n'es pas tout seul là-dedans, on veut tous que Voldemort soit éliminé.

Sirius soupira de soulagement, heureux de savoir que ces personnes allaient l'entourer pour cette périlleuse opération.

– Bien, nous pouvons donc ouvrir notre première réunion. Je propose, avant toute chose, qu'on se donne un nom.

Remus leva les yeux au ciel devant cette manie de Sirius de tout nommer, mais Amelia tapa dans ses mains l'air ravi.

– Comme l'Ordre du Phénix ?

– Exact.

– Mais un nom moins pompeux, grinça Rufus. Hors de question de m'affilier à cet homme !

– J'ai le nom parfait, dit finalement Remus les yeux brillants. L'Ordre des Maraudeurs.

.

– Les ventes du Chicaneur ont presque doublées, indiqua Luna.

– Oh, super. Comment va ton père ?

– Très bien. Il est en voyage au Népal, il cherche des elfes des mers.

Harry hocha la tête en écoutant les explications de Luna. Il avait rejoint cette dernière à la table des Serdaigles pour le déjeuner. Harry avait besoin de la fantaisie qu'avait Luna et des créatures enchanteresses dont elle lui parlait pour oublier le double cours de Potions qu'il avait dans l'après-midi.

Il croisa le regard de Flaks qui avait semblé furieux à l'idée qu'il n'ait pas eu de retenu. Harry et les jumeaux avaient arrêté leur vendetta et le Serdaigle n'avait plus cherché à le croiser dans un couloir. Remus patrouillait plus régulièrement et il avait dû sentir qu'il ne valait mieux pas surprendre Harry de nouveau s'il ne voulait pas être exclu. Harry faisait toutefois attention à l'odeur de ses plats, au cas-où une potion s'y serait glissée.

À leur grande surprise, Susan vint prendre place en face d'eux lors du déjeuner, après son cours de sortilèges.

– Susan ? s'étonna Harry.

– Je peux manger avec vous ?

– Bien sûr, dit Harry en souriant largement, heureux de voir qu'il n'y avait aucun malaise entre eux après leur bref interlude amoureux.

– Bonjour, je suis Susan Bones, tu es Luna, c'est ça ? demanda-t-elle à la blonde sans aucune trace de moquerie. Harry m'a beaucoup parlé de toi.

Luna sourit d'un air satisfait, en hochant la tête pour confirmer.

– Tu es une amie de Harry, constata simplement Luna.

Susan, avec sa bonne humeur de Poufsouffle, se lia rapidement à Luna en lui posant des tas de question sur la maison de Serdaigle qu'elle connaissait peu. Harry était content que Susan fasse des efforts pour la connaître.

Luna semblait aussi apprécier Susan puisqu'elle lui décrocha un sourire rêveur, avant de lui parler plus sérieusement, à la surprise de la Poufsouffle. Harry savait qu'elle faisait ça quand elle était à l'aise. Susan avait cette capacité de poser des questions pertinentes, remettant parfois en question ce que les autres pensaient, sans aucune trace de jugement. Luna semblait accepter le fait qu'elle ne soit pas totalement d'accord avec elle sur certains points et discuta posément de certaines créatures avec elle.

– Prêt pour le match, Potter ? dit un garçon en posant sa main sur son épaule.

Harry sursauta en renversant son verre d'eau sous les rires de Susan et Luna. Harry se dit que, finalement il n'aimait pas qu'elles soient amies. Il leur jeta un regard furieux, avant de se tourner vers Terry Boot.

– Oui, on est prêts, assura Harry en souriant.

Les Serdaigles avaient disputé leur dernier match il y a une semaine et étaient sûrs de ne pas gagner la Coupe cette année. Tout se jouait entre Gryffondor et Serpentard, la première maison ayant davantage de supporters. Serpentard avait de l'avance et Olivier était devenu fou à l'idée qu'ils pourraient enfin gagner la coupe "que nous méritons depuis trois ans, parce que nous sommes la meilleure équipe". Il avait augmenté le nombre de séances, mais tout se passait si bien qu'il les laissait parfois partir avant minuit.

– On compte sur vous pour écraser les Serpentards, renchérit Anthony Goldstein qui prit place à côté de Susan. Je ne veux plus voir l'air triomphant de cet abruti de Malefoy.

Harry devait avouer qu'il ne connaissait pas trop les Serdaigles. Il vit que Michael Corner, qui était très ami avec Anthony et Terry, rigolait plus loin avec Mandy, Padma et Lisa, d'autres élèves de Serdaigles. Il connaissait tous les Serpentards pour s'être déjà pris le bec avec eux, une majorité de Poufsouffle depuis qu'il était ami avec Susan et Hannah, même s'il parlait peu aux autres filles de leur maison. Mais les Serdaigles restaient dans leur coin. Évidemment, sa prise de position et son amitié avec Luna n'avaient pas aidé, tout le château ayant appris qu'il était le responsable de la perte des points, expliquant sa surprise en voyant ses camarades venir lui parler spontanément.

– On espère tous qu'ils soient écrasés, affirma Susan en brandissant sa cuillère vers Harry en signe de défi. Vous êtes la meilleure équipe de Poudlard.

– Les Serdaigles sont doués aussi, dit Anthony vexé.

Susan lui lança un sourire large si communicatif qu'Anthony sourit à son tour.

– Tu suis le Quidditch, Susan ? demanda Anthony d'une voix plus posée.

– Oui, j'adore ça.

– Tu joues ?

– Je sais voler, assura-t-elle à la surprise de Harry. Mais je n'ai jamais vraiment joué, et toi ?

– Je joue batteur, dit Anthony.

– Tu n'as pas postulé cette année ?

– L'année prochaine les batteurs de notre équipe quittent Poudlard, je vais postuler avec Michael. On s'entraîne régulièrement. Tu devrais venir t'entraîner avec nous.

Harry regarda son assiette pour s'empêcher de rigoler, alors que les joues de Susan se coloraient. Elle accepta sa proposition, dans sa grande bonté de Poufsouffle. Anthony semblait ravi et le sourire goguenard que lui lança Terry fit comprendre à Harry que les amis étaient surtout venus pour parler à la Poufsouffle.

– Oh, c'est une édition collector ? fit Terry les yeux écarquillés en regardant le livre de Luna.

– Oui, répondit Luna.

Harry regarda le livre Histoire de la Magie de Bathilda Tourdesac qui ne ressemblait effectivement pas au livre qu'il avait lui-même acheté lors de sa première année. Il semblait plus ancien, abimé et la reliure était dorée.

– Mrs Tourdesac est une amie de la famille, expliqua Luna en tendant son livre à Terry qui le prit religieusement entre ses mains.

Il l'ouvrit et sembla se délecter en voyant la note que Mme Tourdesac avait faite à Luna, à même la couverture. Terry tourna les pages avec une précaution immense qui fit ricaner Susan.

– Waouh, tu as peur de l'abimer ? demanda-t-elle.

– C'est un livre, il doit être traité avec respect, répondit Terry.

– C'est drôle, Harry gribouille sur ses livres, lui.

Les Serdaigles, y compris Luna, dévisagèrent Harry avec effarement.

– Tu écris sur tes livres ? fit Anthony les yeux écarquillés.

– Les Gryffondors, marmonna Terry qui avait éloigné le livre de Harry comme s'il allait le salir en posant ses yeux dessus.

– C'est juste plus simple, se défendit le Gryffondor, comme ça quand je le lis j'ai mes annotations dessus. Je fais surtout ça pour les Runes.

Il sortit un livre de contes en Runes et montra ses traductions. Anthony siffla en le voyant, oubliant l'aspect livre abimé.

– Waouh, c'est du niveau avancé ça.

– J'adore les Runes, expliqua Harry. Et toi ?

– Je préfère la Métamorphose, sourit Anthony. Je trouve les Runes très compliquées.

– Je suis d'accord, fit Susan. Heureusement que Harry me donne un coup de main.

Harry rougit sous le compliment. Ils discutèrent un long moment des cours et Harry sourit ironiquement en voyant Anthony tenter d'attirer l'attention de Susan. Il fut soulagé de ne ressentir aucune jalousie et songea qu'ils avaient pris la bonne décision de se séparer. Il ne voulait que son bonheur et il savait que ça ne passait pas par lui.

– Harry, dit Hermione en passant près de leur table. On a rendez-vous pour le thé avec Hagrid, tu es prêt ?

– Oh, oui. J'arrive.

– Oh, c'est une édition collector ?! s'exclama Hermione en regardant par-dessus l'épaule de Terry.

Elle avait les yeux qui brillaient et semblait prête à sautiller sur place. Harry ne comprenait pas qu'un livre puisse lui faire cet effet. Il ne s'y habituerait jamais. Il songea qu'elle devait être aussi dubitative que lui quand il lui parlait de son Éclair de Feu.

– C'est à Luna, expliqua Terry.

– Waouh, c'est génial, dit sincèrement Hermione à Luna très impressionnée. Et elle t'a fait une dédicace ?

Hermione tapa dans ses mains, comme si elle se retenait de crier de joie devant la beauté du livre.

– Tu peux me l'emprunter, si tu le souhaites, dit gentiment Luna.

Hermione sembla très touchée par l'attention et presque coupable en voyant que Luna ne semblait pas lui en vouloir pour les remarques qu'elle avait pu lui faire sur les Ronflacks.

– Ça serait un grand honneur, dit Hermione en soupirant de joie. Je te remercie, Luna. C'est très gentil de ta part.

– À une seule condition. Je veux que tu sortes un de tes livres, exigea la blonde.

Hermione écarquilla ses yeux devant la demande incongrue de Luna, mais sortit son exemplaire de l'Histoire de Poudlard.

– Tu te promènes avec ça dans ton sac ? fit Susan amusée. Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

– C'est pour me détendre entre deux cours, rougit Hermione.

– Hermione Granger, soupira faussement Terry en la fixant avec impression. Tu sais qu'on est encore à se demander pourquoi le Choixpeau ne t'a pas envoyé chez nous ?

– Le Choixpeau a hésité, avoua-t-elle en rougissant sous le compliment. Mais finalement, Gryffondor.

Elle ouvrit son livre et Luna sembla contente de ne voir aucune trace de rayure ou d'écriture. Le livre était immaculé et aucune page n'était pliée ou abimée, malgré le fait que Hermione le transportait partout avec elle et que c'était un livre qu'elle avait dû lire au moins vingt fois.

– C'est parce que Harry nous a montré ses livres remplis d'annotations, expliqua Susan en voyant l'air interloqué de Hermione.

– Oh, j'essaie de lui faire respecter les livres, mais c'est peine perdue, soupira-t-elle en jetant à Harry un regard affectueux.

– Je suis un cas désespéré, admit Harry en se levant à son tour. Susan, on se voit en Runes ? Bonne journée, Luna. Terry, Anthony.

– Bonne journée Harry, répondit Luna en se tournant vers Terry pour discuter de l'Histoire de la Magie.

Harry ignorait que Terry était passionné d'histoire, mais fut rassuré de le voir discuter sans aucune animosité avec Luna.

– Enfin ! dit Ron en les voyant arriver. Hagrid nous attend depuis dix minutes.

– Je pense qu'il ne va pas se formaliser... N'est-ce pas ? Vous pensez qu'il va nous en vouloir ? dit Hermione les yeux écarquillés.

Ron et Harry échangèrent un regard malicieux.

– Oh oui, dirent-ils d'une même voix sous le regard d'une Hermione effarée qui les tira par la main pour les faire se dépêcher.

– Je vous déteste, dit-elle en comprenant qu'ils se moquaient d'elle.

– Mais non, tu nous adores, dit Ron en avançant d'un pas rapide pour arriver à la suivre.

– Tu serais perdue sans nous, enchaîna Harry.

Hermine leva ses yeux au ciel, mais son sourire amusé voulait tout dire.

.

Après son cours de Runes, Harry eut la surprise de retrouver Ron dans la Salle Commune affublé de cornes de diable sur la tête, ses tâches de rousseurs brillant à intervalles réguliers d'une jolie couleur rose fuchsia.

– Ron ? s'étonna-t-il en tentant de ne pas rigoler.

Hermione était cachée derrière un livre et ses épaules qui tressautaient montraient qu'elle n'avait pas su résister.

– Ne dis rien, souffla Ron agacé.

– Ce sont les Serpentards ?

– Non.

Le regard de Ron dévia sur les jumeaux. Fred lui lança un regard rempli d'ironie, alors que George avait le nez plongé dans un parchemin, sans sembler se rendre compte de l'agitation.

– Les jumeaux t'ont fait ça ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Rien. Rien, répéta Ron. J'ai fait une remarque à George et il n'a pas apprécié. Fred s'est vengé.

– Une remarque sur quoi ?

– Peu importe, coupa Ron agacé. Ce n'était rien. Il a juste mal compris ce que je voulais dire.

Harry vit que Ron se sentait plutôt mal et lui proposa une partie d'échecs pour lui changer les idées, ce que le roux apprécia grandement. À leur grande surprise, Hermione accepta de faire une partie une fois son fou-rire terminé. Ron put alors constater qu'elle était une bien meilleure adversaire que Harry. Harry était surtout content de voir que Hermione avait laissé ses livres de côté pour passer la soirée avec eux.

.

Le lendemain matin, Harry retrouva George pour leur footing habituel. Harry commençait à aimer cette nouvelle routine. George et lui avaient un rythme similaire et si, parfois, ils discutaient, ils pouvaient aussi courir en silence ce qui leur plaisait beaucoup. Ils appréciaient courir tôt le matin pour avoir la chance de voir le soleil se lever sur le lac. L'air y était aussi plus frais, ce qui était appréciable.

Ils avaient un rythme plus soutenu qu'en début d'année et Harry était content de voir qu'il se sentait beaucoup moins essoufflé à présent et qu'il avait gagné de la puissance et de l'agilité lors des entraînements de Quidditch. Mais surtout, il faisait beaucoup moins de cauchemars. Le combo footing et méditation marchait vraiment bien, à son plus grand soulagement. Il avait repris des forces et, s'il faisait toujours des cauchemars, il arrivait à faire des nuits complètes.

Le dernier match de l'année approchait et Dubois les faisait travailler de manière acharnée. Jamais Gryffondor n'avait été aussi proche de gagner la Coupe depuis que Charlie, le frère de Ron, avait quitté l'école et Harry sentait que George était anxieux. Il le voyait parce que son pas était plus rapide, son souffle plus haché et que ses sourcils étaient froncés. Jamais il n'avait vu George aussi stressé.

Leur entraînement de la veille ne s'était pas très bien passé. Les jumeaux et Olivier s'étaient hurlés dessus, Angelina avait jeté à Dubois un sort de mutisme tant elle avait été agacée par son comportement. Olivier était parti au bord de la crise de nerfs et, finalement, l'équipe entière était rentrée sans s'adresser la parole.

– Tu es inquiet pour le match ? demanda Harry en voyant les mâchoires de George se contracter. Ce n'était qu'un entraînement, tu sais. Olivier va se calmer et il ne pensait pas tout ce qu'il a dit.

– Je suis homosexuel, lâcha George sans répondre à sa question.

Harry tourna brusquement sa tête vers le roux. Il resta silencieux un long moment en tentant d'assimiler les paroles de Georges, continuant de courir à un rythme plus soutenu. "Je suis homosexuel", c'était plutôt clair.

Harry -qui essayait déjà de comprendre les relations entre les hommes et les femmes qu'il trouvait très compliquées- ne s'était jamais réellement posé la question de ce qu'il pensait des relations entre les personnes de même sexe. Son oncle Vernon les nommait des "erreurs de la nature" et Pétunia avait toujours un air pincé quand elle voyait un couple se promener main dans la main dans la rue.

Mais Harry savait aussi que son oncle l'appelait le "monstre" et que Pétunia portait le même regard de dégoût et de mépris sur lui. Alors, il s'était toujours dit qu'il était comme eux. Qu'il faisait partie des gens bizarres, des gens anormaux qui ne plaisaient pas à son oncle et sa tante. Il y a longtemps, il aurait eu envie d'être comme il le fallait. Un parfait neveu, qui ne serait pas traité avec indifférence et qui ne dormirait pas dans un placard. Aujourd'hui, c'était différent, parce qu'il savait que son oncle et sa tante étaient dangereux et que ce n'était pas lui qui avait un problème, mais eux.

Et il savait aussi qu'il était différent ; un sorcier, sang mêlé, élevé par des moldus, qui voulait qu'un ancien prisonnier ait sa garde, qui parlait aux serpents et avait une cicatrice au front en forme d'éclair. Lui aussi avait été traité de différent, d'anomal, avait été harcelé pour ce qu'il était, pour qui il était.

Qui était-il pour juger quelqu'un de différent ? Luna aussi était différente et il s'était placé à ses côtés pour la protéger sans même la connaître. Et il savait qu'il ferait pareil pour tous ses amis, quoi qu'il lui en coûte. Pour George qui était venu le chercher en deuxième année quand les Dursley l'avaient enfermé dans sa chambre, George qui l'avait soutenu dans tout ce qu'il faisait même quand il avait découvert qu'il pouvait parler aux serpents, George qui venait courir avec lui tous les matins, qui avait protégé Luna en la vengeant des gens qui lui avaient fait du mal juste parce qu'il savait que ça tenait à cœur à Harry.

Oui, George pouvait être considéré comme différent des autres, et alors ? George était son ami. Et Harry protégeait ses amis.

– Ok, dit finalement Harry après avoir repris sa respiration. Tu sors avec quelqu'un ? J'espère que tu ne viens pas me voir pour que je te donne des conseils. Parce que je suis nul avec tout ça.

George le regarda incertain, comme s'il n'était pas sûr d'avoir bien compris ce que ça impliquait. Il dût voir que Harry était sérieux et laissa apparaître un mince sourire sur ses lèvres.

– Rien de sérieux. Mais oui, je vois quelqu'un.

– Cool.

George continuait d'observer Harry à la dérobée, un peu perplexe.

– Tu n'es pas choqué ?

– Non, assura Harry si franchement que George souffla de soulagement. Tant que tu es heureux, enfin, que tu as quelqu'un que tu aimes bien... Bref... balbutia-t-il.

George ricana en voyant Harry rougir jusqu'à la racine des cheveux. Les relations n'étaient clairement pas la tasse de thé du garçon-qui-a-survécu, ce qui était à la fois touchant et tordant.

– Ma mère n'est pas aussi compréhensive, lâcha George les mâchoires tendues alors qu'ils s'arrêtaient de courir pour discuter.

Ils s'installèrent à même le sol, le regard sur le lac noir. Le soleil commençait tranquillement à apparaître et scintillait sur l'eau paisible du lac noir. George entoura ses genoux de ses bras et posa sa tête dessus, le regard dans le vague.

– C'est pour ça que tu n'étais pas très bien depuis la rentrée ? comprit Harry.

– Oui.

Harry se souvenait des tensions qu'il avait ressenties entre les Weasley, la tristesse de George, les regards inquiets de Fred. Oui, tout cela prenait sens à présent. Il avait vu que George était vraiment mal, mais qu'il semblait plus souriant depuis quelques temps. Harry espérait que leurs footings l'avaient aidé un petit peu pour gérer la situation.

– Elle ne comprend pas. Elle se demande où est-ce qu'elle a fait des erreurs, soupira George. Elle ne veut plus me parler. Elle a compris que je ne travaillerais jamais au Ministère et qu'en plus je ne lui ramènerais pas de belle-fille.

– Elle est sous le choc...

– Depuis huit mois ? ricana amèrement George.

– Comment a réagi Fred ? demanda Harry en voyant que Molly était un sujet sensible pour le roux.

– Il est déçu qu'on ne puisse pas échanger nos copines pour voir si elles s'en rendraient compte, ricana George, qui avait pris une voix beaucoup plus douce pour parler de son jumeau.

– Échanger de copines ? s'exclama Harry sous le choc avant de rigoler en songeant que ça ressemblait beaucoup aux jumeaux de faire une telle chose.

– Oui, on arrive vers la copine de l'autre pour voir si elle sait nous reconnaître, rit George. C'est un truc de jumeau.

– Connaissant Fred, garçon ou non, il est capable de le faire quand même.

– Tu as raison, confirma George. Mais, pour répondre à ta question, je pense qu'il l'avait compris avant moi. Et puis, il me soutient.

– Tu es son jumeau, forcément qu'il te défend ! Et ton père ?

– Il n'a rien dit, soupira George la voix tremblante. Tu sais comment il est, il ne parle que de ses moldus. Il laisse maman faire tout ce qu'elle veut. Je pense qu'il a été surpris. Il ne sait pas comment réagir alors il fait ce qu'il fait toujours ; il ne dit rien.

Harry vit que l'absence de réaction de son père le peinait plus que celle de sa mère.

– Tu l'as annoncé pendant vos vacances, n'est-ce pas ?

– Oui, en Égypte. Tout le monde était réuni, donc... C'était l'occasion, souffla George. Bill, mon frère qui habite en Égypte, semblait très content pour moi. Il est super cool.

– Et les autres ?

– Je ne sais pas trop, admit George. Dès que ma mère a commencé à criser, ça a jeté un froid et personne n'en a plus reparlé. Je pense que Percy s'en fiche. Tu sais bien qu'il n'y a que ses ASPIC qui comptent. Et c'est sans doute lui qui a eu la meilleure réaction ; juste rien. Comme si c'était normal, rit-il nerveusement. Tu te rends compte, Perce a eu une meilleure réaction que ma mère.

– Et Ron ? C'est pour ça qu'il a des oreilles de diable ? supposa le brun.

– Ron ne sait pas quoi en penser, je suppose. Il adore ma mère et il a toujours suivi son avis. C'est difficile pour lui... il ne s'y attendait pas. Je ne pense pas qu'il soit comme ma mère, il est juste...

– Perdu ? supposa Harry qui savait que Ron ne savait parfois pas comment réagir à certaines situations, mais finissait toujours par l'accepter après quelques jours de réflexion.

– Oui, il ne sait pas comment réagir alors il fait n'importe quoi, grinça George. Et comme Fred est très protecteur...

– Il ne laisse rien passer.

– Voilà. Mais il finira par s'y faire, il a juste besoin de temps, assura George. Je ne lui en veux pas. C'est un enfant et bon, on connait tous son tact légendaire.

– Et tes parents ? Ils ont peut-être besoin de temps aussi.

– Je leur ai laissé du temps. Je savais que ça ne serait pas simple, avoua George d'une voix triste. Mais pas à ce point.

– Tu regrettes de leur avoir dit ?

– Peut-être. J'aurai dû attendre. Il me restait deux ans avant de partir de chez moi. Si c'est le même cirque pendant les vacances, je ne réponds plus de rien.

– Tu ne peux pas changer qui tu es, assura Harry avec détermination. Il va falloir qu'ils s'y fassent. On sera là pour t'aider !

George sourit avec plaisir en comprenant que Harry le soutiendrait. George savait que Harry était très attaché à ses parents, parce qu'ils avaient été les premiers à prendre soin de lui l'année dernière et qu'il avait trouvé une vraie famille au Terrier. Le fait qu'il soit prêt à laisser cela de côté pour le soutenir le touchait beaucoup.

– Merci, Harry. De me comprendre.

– Je sais ce que c'est d'être différent, murmura Harry si bas qu'il crut que George ne l'avait pas entendu.

George serra ses poings un moment, se souvenant des barreaux à la fenêtre de Harry et de ce que Ron leur avait raconté sur l'enfance de Harry. Ils se regardèrent un court instant, comprenant chacun qu'ils avaient plus en commun que ça n'en avait l'air. George se sentait soutenu, par quelqu'un qui pouvait comprendre ce que ça faisait d'être "à côté", de ne pas satisfaire sa famille, d'être différent.

– Mais je t'assure qu'ils s'y feront, assura Harry d'une voix plus déterminée.

– Tu crois ?

– Je les connais, dit Harry. Ta mère est comme Ron, elle réagit au quart de tour, mais ensuite elle se calme. Elle vous aime. Laisse-lui du temps. Bon, maintenant j'ai une question importante.

– Laquelle ?

– Avec qui tu sors ? demanda sérieusement Harry en fixant George les yeux remplis d'interrogation.

– Oh, rit George qui ne s'attendait pas à une telle question. Il est de mon année à Serdaigle.

– Un Serdaigle ? répéta Harry en haussant un sourcil. Toi, tu sors avec un Serdaigle ?

– J'ai l'impression que ça t'étonne plus que le fait que j'aime les garçons.

– Les Serdaigles sont si calmes... Je me demande simplement comment il fait pour te supporter... dit sincèrement Harry.

– Je ne sais pas non plus, je suis adorable sans doute, répondit George en riant.

– Allez, on le fini ce tour de parc ?

George se releva en couvant Harry d'un regard d'amitié sincère. Il avait eu peur de lui dire, parce qu'il avait vu que sa famille, que sa propre mère, s'étaient détournées de lui. Fred lui avait assuré qu'il pouvait faire confiance à Harry, mais George avait quand même eu peur, parce qu'il ne pouvait pas savoir comment il allait réagir. Le fait qu'il reste son ami, malgré tout, montrait à quel point Harry n'était pas seulement le meilleur ami de Ron. C'était aussi son ami, et ça, ça comptait beaucoup.

.

Sirius et Lucius se dévisagèrent un long moment, dans le canapé du manoir des Malefoy. Sirius était arrivé il y a quelques minutes et il avait tout de suite senti qu'il n'y était pas le bienvenu.

– Qu'est-ce que tu veux ? demanda Lucius en le regardant avec dédain.

De toute évidence, Narcissa avait insisté pour qu'ils aient cette conversation, ce qui ne ravissait pas Lucius. Sirius fut toutefois soulagé de voir que Lucius avait une telle affection pour sa femme qu'il était prêt à le recevoir, malgré son refus apparent.

– Moi non plus je ne suis pas heureux d'être là, répondit Sirius agacé. Mais c'est important.

– Important ? répéta Lucius avec tout le mépris qu'il pouvait mettre dans un mot.

– Il faut qu'on parle du journal de Voldemort, lâcha Sirius.

Lucius sursauta en regardant Sirius avec un étonnement perceptible, avant de replacer son masque de neutralité. Sirius sourit victorieusement, ravi de son petit effet.

– Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. Et ne prononce pas son nom !

– Tu le sais très bien, Lucius.

– Ne m'appelle pas comme ça, grimaça le blond, outré.

– C'est ton prénom, remarqua Sirius en souriant avec ironie.

– Ne m'appelle pas par mon prénom. C'est Malefoy pour toi.

– Ok. Malefoy, dit Sirius d'une voix remplie de sarcasmes. Donc, le journal. Et ne cherche pas à nier. Harry m'a tout raconté. Tu as donné le journal à la petite Weasley qui s'est faite posséder par l'esprit de Voldemort. Ensuite, tu as essayé de tuer Harry.

– Je n'ai pas essayé de le tuer, répondit-il sèchement. Il a libéré mon elfe. J'avais de quoi être énervé.

– Sans doute, admit Sirius. Tu perds facilement ton calme, non ?

Lucius lui décrocha un regard noir qui ne fit pas ciller Sirius.

– Je ne l'ai pas touché, ton petit protégé. Il allait très bien quand je suis parti. Je n'allais pas le tuer devant Dumbledore, je ne suis pas stupide.

– Oh, je suis sûr que tu es très intelligent, sourit Sirius. Surtout quand on sait que le journal s'est retrouvé dans les mains d'une fillette de onze ans. Une fillette qui s'avère être la fille d'Arthur Weasley que tu détestes.

– Pourquoi je devrais t'en parler ? demanda Lucius en le regardant d'un air mauvais.

– Parce que si tu ne m'en parles pas, je t'envoie les Aurors.

– Les Aurors ne savent rien, ricana Lucius.

– Tu veux parier ? suggéra malicieusement Sirius. Je connais bien Rufus Scrimgeour et je sais que ce qu'il déteste le plus ce sont les Mangemorts en liberté.

– Je ne suis pas un Mangemort.

Sirius lui jeta un regard éloquent.

– Je pense qu'on peut être assez francs, en tant que cousins par alliance, pour...

– Nous ne sommes pas... commença Lucius avec un air de pur dégoût à l'idée d'être relié à lui.

– Pour dire que tu es un Mangemort, coupa Sirius. Mais je suppose aussi que la parole du garçon-qui-a-survécu pourrait entraîner des questions de la part des Aurors. Si Harry parlait de ce qu'il s'est passé... Quel dommage pour tes affaires si on apprenait que le journal de Voldemort avait été dans les mains du respectable Lucius Malefoy et qu'il avait tenté de tuer l'innocent Harry Potter.

Lucius le regarda avec un air de pure haine et semblait imaginer toutes les possibilités pour cacher son corps après l'avoir assassiné.

– Donc, soit tu m'en parles, soit je fais appel à des instances hautes placées.

– Tu n'es rien Black.

– Tu te trompes, Malefoy, renchérit Sirius. J'ai le Chef des Aurors derrière moi, la Directrice de la justice magique et un paquet de gens qui seraient prêts à te faire tomber, quoi que tu en penses. Mais je sais aussi que, bien que tu aies été un Mangemort, tu le regrettes.

– Je ne dirais rien à ce sujet, j'ai été blanchi, dit sèchement Malefoy.

– Il va revenir et tu le sais.

Lucius soupira un long moment.

– Oui, je sais qu'il va revenir, finit-il par admettre du bout des lèvres.

– Et qu'est-ce que tu penses qu'il va te faire quand il va comprendre que tu n'as pas cherché à le retrouver ?

Lucius frissonna de peur, ce qui n'échappa pas à Sirius.

– Il va vouloir ton fils, asséna Sirius l'air mauvais. Petit Drago face à Voldemort. Ça ne te donne pas trop de cauchemars ?

Tais-toi, dit Lucius en se leva brusquement l'air menaçant. Ne parle pas de mon fils.

– Tu sais, ton fils, il n'est pas comme toi. Il ne supportera pas de tuer des gens.

– Tu ne connais pas mon fils.

– C'est vrai. Mais Harry le connait et je peux t'assurer que son choix sera rapidement fait entre un ami et un fou qui veut lui lancer des Doloris.

Sirius savait que ce n'était pas totalement vrai et qu'il ne connaissait pas Drago, mais il comptait sur le fait que Lucius tienne plus à sa famille que Voldemort.

– Et Narcissa ? enchaîna Sirius. Tu sais comme moi qu'elle a toujours refusé que tu t'associes à Voldemort. Qu'est-ce que tu vas lui dire quand, en plus de toi, c'est votre fils qui va être menacé ? Tu as oublié les Doloris, la peur ? Tu crois que je ne sais pas ce que c'est que d'être un Mangemort ? Je te rappelle que j'ai partagé ma cellule avec certains d'entre eux.

Lucius avait perdu toutes ses couleurs et se rassit sans rien dire.

– Je sais que tu tiens à ta famille, dit Sirius d'une voix plus douce. Je sais aussi que nous avons des divergences d'opinions. Mais je suis persuadé que toi non plus tu ne veux pas que Voldemort revienne.

Lucius grimaça et finit par hocher la tête avec difficulté.

– Alors, parle-moi du journal.

– C'est lui qui me l'a donné, il y a des années, souffla Lucius. Je ne savais pas ce que c'était. Quand il est mort, j'ai juste rangé le journal. Mais l'année dernière, une loi est passée.

– La loi d'Arthur Weasley ?

– Exact. Elle autorisait la Brigade Magique et les Aurors à faire des perquisitions surprises. Je sais que Scrimgeour n'est pas mon plus grand fan, donc j'ai assuré mes arrières. J'ai vendu certains objets, mais celui-ci... Je ne pouvais pas le faire sans éveiller des soupçons. Narcissa était folle de rage quand elle l'a vu.

– Elle savait ce que c'était ? s'enquit Sirius.

– Elle m'a dit que c'était un objet de magie très noire, mais elle ne m'a rien dit de plus, grimaça Lucius qui semblait horrifié en se souvenant de l'état de sa femme quand elle l'avait découvert. Elle m'a dit qu'il fallait absolument s'en débarrasser. Elle était bouleversée et... j'ai fait ce qu'elle m'a dit. Je ne savais pas que... Je ne savais rien de ses effets.

– Je me doute, admit Sirius.

Sirius avait compris que Narcissa savait ce qu'était le journal. Elle savait que c'était un objet de haute Magie Noire, parce qu'elle était une Black. Elle avait assez de connaissances pour savoir que c'était dangereux et qu'il ne fallait surtout pas que quelqu'un du Ministère tombe dessus. Lucius, aussi adepte de magie noire qu'il était, n'avait pas les connaissances que la famille Black pouvait avoir. Ce n'était pas étonnant qu'il n'ait pas compris sa dangerosité.

– Donc tu l'as donné à la petite Weasley parce que tu te fichais qu'elle soit possédée ?

– Pas du tout ! se défendit Lucius. On a parlé longuement avec Narcissa. On voulait envoyer anonymement le journal aux Aurors, mais on craignait que ça remonte jusqu'à nous. Il s'est trouvé que, le jour où nous sommes allés sur le Chemin de Traverse, j'avais le journal avec moi. Je suis tombé sur Weasley, expliqua-t-il en prononçant ce nom avec tout le dédain qu'il pouvait, et on s'est battus. J'y ai vu ma chance.

– Mais pourquoi une fille de onze ans ?

– Ce n'était pas elle qui était visée spécifiquement, dit Lucius agacé. Je pensais qu'elle en parlerait à son père. Je ne pensais pas qu'elle allait écrire dedans. Quelle petite sotte. Son père travaille au ministère et s'occupe des détournements de l'artisanat moldu, par Salazar ! Je pensais qu'il avait prévenu ses enfants des dangers des objets qui pensent par eux-mêmes et qu'elle le lui donnerait.

– Tu ne voulais pas qu'elle l'utilise ? s'étonna Sirius.

– Bien sûr que non, dit sèchement Lucius. J'ai beau ne pas être un amoureux de Weasley, cette petite ne m'avait rien fait.

– Et quand la Chambre a été ouverte ?

– J'ai compris que ça venait du journal. Je l'avais déjà compris pendant les vacances en comprenant qu'elle n'avait pas donné le journal à son père. Narcissa était horrifiée, mais on ne pouvait rien faire. Donc nous sommes restés en retrait.

– Et que deux ou trois nés-moldus de moins n'étaient pas importants.

– Aussi, admit franchement Lucius. J'ai toutefois été soulagé que Mr Potter s'occupe de tout cela et que Drago ait pu revenir dans son école.

– Des élèves auraient pu mourir !

– Et alors ? fit Lucius d'un ton égal.

– Bon... souffla Sirius difficilement. Est-ce que tu sais si ton pote aurait pu donner d'autres objets à ses Mangemorts ?

– Je refuse de parler de ça avec toi.

Lucius et Sirius se foudroyèrent du regard.

– Est-ce que tu savais que j'étais innocent ? demanda finalement Sirius en voyant qu'il ne tirerait rien du blond.

Lucius soupira.

– Non, avoua-t-il. J'ai été étonné à l'idée que tu trahisses les Potter, vous sembliez proches et tu détestais la magie noire. Mais tu sais, j'ai vu des personnes se tourner vers le Seigneurs des Ténèbres pour moins que ça. Personne ne connaissait cet espion secret dont le Seigneur des Ténèbres nous parlait. Jamais je n'aurai pensé à cette vermine de Pettigrow, grimaça Lucius en retroussant ses lèvres.

– Bellatrix était au courant, dit Sirius d'une voix froide. Elle me l'a dit.

– Oh. Bella était la favorite du Seigneur des Ténèbres, admit Lucius du bout des lèvres. Elle savait sans doute plus de choses que nous.

– Mm. Tu sais que Harry et Drago se parlent ?

– C'est ce que j'ai cru comprendre, répondit Lucius.

– Pas trop déçu que ton fils traîne avec un sang-mêlé ? glissa Sirius sur le ton de la conversation alors que Lucius le foudroyait du regard. Ou alors, tu t'en fiches parce que Harry est le garçon-qui-a-survécu ?

Le silence de Lucius fut éloquent.

– Voldemort va revenir, asséna Sirius en voyant que Lucius ne voulait pas parler des amitiés de son fils. Il va falloir que tu choisisses ton camp.

– Ce ne sont pas tes affaires, dit sèchement Lucius.

– Si. Parce qu'avec tes choix tu impactes ma cousine.

– Vous ne vous êtes pas parlé depuis des années, ricana Lucius.

– Et c'est là où tu te trompes, dit sournoisement Sirius. Nous nous sommes régulièrement parlé quand elle est partie de Poudlard. Personne n'était au courant. Tu crois que ça me faisait quoi de lire qu'elle était terrifiée parce qu'elle te trouvait à moitié mort après une petite séance de torture ? Tu crois que ça me faisait quoi de savoir qu'elle avait peur pour toi, pour son fils, pour elle ?

– Tu mens ! s'exclama Lucius d'une voix glaciale.

– Tu en es vraiment sûr ? demanda Sirius d'une voix clame. Tu sais que j'ai raison. Narcissa n'a jamais pris la marque parce que tu t'y es opposé et, pour ça, je te dois une fière chandelle.

– Il n'était pas intéressé par elle.

– Bien sûr, dit ironiquement Sirius. Il n'était pas intéressé parce que tu as fait en sorte qu'il ne le soit pas. Nous savons tous les deux que Narcissa est un formidable atout.

Lucius sourit légèrement en songeant à sa femme, peut-être pas la plus puissante des sorcières, mais avec une force et une connaissance qui auraient pu être utiles au Seigneur des Ténèbres.

– Exact, admit-il du bout des lèvres.

– Elle viendra de mon côté s'il revient, affirma Sirius.

– Elle ne viendra pas du côté des sangs de bourbe.

– Ne les appelle pas comme ça, grimaça Sirius. Sinon tu devrais renier les trois quarts de la population sorcière. Tu ne peux pas ignorer qu'on a tous du sang moldu quelque part.

Lucius eut une moue de dégoût.

– Et qu'en est-il du côté Tu-Sais-Qui ? dit Sirius sur le ton de la conversation.

– Mon côté est le meilleur, affirma Lucius d'un ton suffisant. Nous voulions éliminer ces voleurs de magie, tous ces traites à leur sang qui pactisent avec les sangs de bourbe et les moldus. Tous ces...

– Voldemort était un Sang-Mêlé. Son père était un moldu et sa mère une cracmolle.

Lucius blanchit légèrement.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles ! éructa-t-il en se mettant sur ses pieds.

– Tu es sûr ? Cherche des informations sur Tom Jedusor, conseilla Sirius. Tu veux une idéologie qui lutte contre les nés-moldus, mais regarde ton précieux petit chef et tu verras à quel point il est tout ce que tu détestes.

– Tu n'es qu'un traitre à ton sang !

Sirius se leva à son tour, les poings serrés.

– Je ne te mens pas, tu peux vérifier ! Tu n'aimes pas les nés-moldus, d'accord. Et donc, tu as besoin de t'agenouiller devant un sang-mêlé pour ça ? ricana-t-il. Tu as besoin de te sentir inférieur ?

– Tu ne peux pas comprendre, dit sèchement Lucius. Ce n'est pas un homme à qui on dit non.

– Que dirais ton fils s'il savait que suivre Voldemort équivaut à devenir un petit esclave ? Ça fait rêver.

– Il voulait ramener la grandeur des sangs purs, expliqua Lucius.

– Oui. Et tout ce qu'il a fait c'est monter les familles de sang-purs les unes contre les autres pour obtenir le pouvoir. Tu sais qu'il a proposé à Lily Potter, née moldue, de venir dans ses rangs ?

– Tu dis n'importe quoi, dit Lucius d'une voix blanche.

– Non, je dis la vérité. Parce que tout ce qui l'intéressait c'était le pouvoir, dit Sirius sèchement. Il détestait les moldus, oui, mais les éliminer n'a jamais été son projet principal et tu le sais bien. Ce qu'il voulait c'était le pouvoir, c'était torturer et tuer des gens parce que c'est un grand malade ! Et pour ça il a juste eu à prendre deux trois sang-pur crédibles. Avant, on ne s'aimait pas spécialement, mais on ne luttait pas à mort, on se respectait. Combien de sang-pur ont été assassinés, combien de lignées se sont éteintes à cause de ton soi-disant Lord ?

– Les Sangs de bourbe sont responsables !

– Non. Et tu le sais bien. Combien il a tué de personnes ? Regulus, les Prewett, les Potter, Selwyn et même Shafiq. Combien de pertes et pour quoi ? Pour qu'il obtienne le pouvoir et terrorise tout le monde, même ses adeptes. Waouh, génial. Très intelligent. Alors tes idées à la noix sur le sang, tu peux te les carrer là où je pense.

Lucius sortit sa baguette en même temps que Sirius. Malheureusement pour eux, Narcissa pénétra dans le salon à ce moment. Elle évalua la situation d'un seul coup d'œil et les incendia du regard.

– Lucius ! Pas de magie dans mon salon !

– Mais, chérie... plaida Lucius d'une voix beaucoup plus douce alors qu'il se tournait vers sa femme.

– Vous allez vous battre dehors ou c'est moi qui sort ma baguette, menaça-t-elle doucereusement, et je connais de très bonnes malédictions à vous lancer.

Sirius déglutit difficilement en se souvenant des sorts incisifs que Narcissa pouvait envoyer à Poudlard.

– C'est bon, c'est moi qui part, lâcha Sirius. À plus Cissy.

Il embrassa sa cousine sur les deux joues, jeta un regard mauvais à Lucius et prit la poudre de cheminette. Tout ne s'était pas exactement passé comme prévu. Peut-être que Harry avait raison et que les Malefoy étaient vraiment des trolls.

.

– Tu es prêt ? demanda Sirius avec un sourire amusé sur les lèvres.

– Ces vêtements ne sont vraiment pas agréables, grimaça Richard en se regardant de nouveau dans le miroir.

– Tu es parfait, mon chéri, assura Karen qui les observait, accoudée contre la porte du salon.

Sirius confirma d'un mouvement de tête en rajustant la cape sorcière que portait Richard. Il lui avait choisi une robe noire toute simple pour qu'il passe inaperçu. Richard avait été enchanté à l'idée d'assister à un match de Quidditch et n'avait pas rechigné à porter une robe sorcière. Karen l'avait bombardé de photos, promettant de les envoyer à Hermione. Sirius donna un bout de bois à Richard qu'il avait réussi à transformer pour faire croire à l'existence d'une baguette.

– Voilà, tu es un vrai sorcier à présent.

– C'est vraiment nécessaire ? demanda Richard interloqué en saisissant le bout de bois et l'agitant comme un sorcier.

– Non, dit Sirius en riant. Mais c'est préférable. Nous allons être observés et je préfère ne prendre aucun risque. Je suis plutôt célèbre, tu sais.

Sirius soupira faussement, alors que Karen rigolait.

– Tu te souviens de ce que tu dis si on te pose des questions ? demanda Sirius.

– Oui. Je suis un sorcier, j'ai fait mes études à Beauxbâtons en France et je suis enchanteur, récita Richard d'un ton fier.

– Parfait, dit Sirius en frappant dans ses mains. Je ne pense pas que ça sera nécessaire, mais c'est juste au cas-où.

– Et donc, vous rejoignez le chef de la police ? demanda Karen qui essayait de suivre.

– Exact. Rufus. Je vais te faire transplaner, dit Sirius pour la troisième fois. Ça ira pour toi ?

– Ça va être amusant.

– Si tu vomis c'est normal, rit Sirius.

Richard pâli légèrement, mais affronta courageusement la perspective du transplanage. Karen semblait hésiter entre l'inquiétude et la joie de voir son mari prendre part au monde sorcier.

– Quand on arrivera je te jetterais un sort de confusion pour que l'on puisse passer les protections et ensuite, et bien tu profiteras du match. Ça va être grandiose !

– Merci de m'avoir prêté le livre sur le Quidditch, dit Richard. Je pense avoir compris les règles.

– Tu es impatient ? demanda Karen à Sirius.

– Oh oui. Ça fait des années que je n'ai pas vu de match. Surtout pour la Coupe de la Ligue. C'est la finale et ça va être génial, sourit le brun.

Richard salua sa femme qui devait se rendre au cabinet dentaire, avant de s'accrocher au bras de Sirius. La secousse du transplanage le fit vaciller, mais il ne vomit pas à la grande surprise de Sirius.

– Félicitations, tu viens juste de transplaner.

Richard sourit fièrement alors que Sirius s'approchait d'un homme qui ressemblait à un lion.

– Richard je te présente Rufus le Chef des Aurors. Rufus, voici Richard le père de la petite Hermione.

– Enchanté, sourit Rufus.

Son sourire avait quelque chose de froid et d'inquiétant, mais Richard ne s'en formalisa pas quand il prit sa main. Richard était un peu étonné de voir qu'ils étaient devant une ruine.

– On y va ? proposa Rufus.

– Il n'y a qu'une ruine ici.

Rufus et Sirius ricanèrent dans leur coin, avant de jeter quelques sortilèges à Richard qui luttait, sentant qu'il avait autre chose de plus important à faire et qu'il ne fallait surtout pas aller là-bas. Quand ils eurent passé les sortilèges de protection, Richard cligna des yeux, étourdi en voyant l'immense stade qui se dressait devant ses yeux. De chaque côté du stade s'élevaient trois anneaux dorés, immenses, imposants. Richard avait les yeux qui pétillaient alors qu'ils montaient les marches.

– Waouh, murmura-t-il. C'est vraiment magique.

– Nous sommes bien placés, dit Rufus en grimpant avec agilité.

– J'espère que nous ne sommes pas dans la loge du Ministère, souffla Sirius. Je n'ai pas envie de discuter avec des politiciens.

– Mais non, je me suis assuré qu'on serait tranquille.

Richard, trop occupé à observer les bizarreries des spectateurs ne remarqua pas que les regards étaient braqués sur eux.

– Ils vont arrêter de me regarder ? s'agaça Sirius.

– Tu n'es pas le centre du monde, souffla Rufus en lui lançant un clin d'œil. Ils s'étonnent de voir un ancien criminel avec le Chef des Aurors.

– Les gens savent qui tu es ? s'étonna Sirius. Tu es si prétentieux.

Rufus le frappa dans les côtes, avant de bifurquer dans une loge. Ils étaient presque tout en haut et avaient une vue parfaite, au milieu du stade, pour observer les deux équipes qui s'affronteraient de part et d'autre.

– Alors ? demanda Sirius en voyant Richard les yeux brillants.

– C'est magnifique.

Même Rufus sourit légèrement en voyant l'excitation du moldu. Richard semblait ne pas savoir où regarder : les vendeurs de rosettes, les spectateurs aux Multiplettes, les chants des supporters, les sorts qui étaient lancés dans le ciel et pétillaient... Tout était à la fois impressionnant et merveilleusement magique.

– Ça ressemble à un stade de foot, dit Richard en voyant une banderole qui se déploya dans les gradins d'en face, supportant les Canons de Chudley.

– Le foot ? C'est quoi ça le foot ? s'enquit Rufus.

– C'est un sport moldu. Ça se joue avec un ballon, au sol. Il y a deux buts.

– Pas de balais ? fit Rufus avec une moue dégoûtée.

– Tu devrais venir voir un match, dit Sirius, c'est absolument génial.

– Je suis sûr que ça ne vaut pas le Quidditch.

– C'est sans doute différent, dit diplomatiquement Richard. Mais c'est une expérience à faire une fois dans sa vie.

Rufus et Richard échangèrent quelques instants sur les différences entre les deux sports et Rufus, dans un éclat de courage gryffondoresque, accepta de venir voir un match un jour.

– Tu vas voir, c'est génial ! assura Richard qui avait abandonné le vouvoiement à la demande Rufus.

– Tu prends des risques, ricana Sirius.

– Tu en as déjà vu ? demanda Rufus.

– Oui, avec Lily, dit Sirius en souriant doucement. Mon oncle m'a initié et ensuite, on adorait y aller. James détestait ça.

– Pas étonnant, pas de balais, grommela Rufus.

– Mais il y a toute l'ambiance aussi, dit Richard. C'est exceptionnel. Les chants des supporters, les actions...

– Mm, fit Rufus sans savoir quoi dire, ne voulant pas le froisser. Et donc qu'est-ce que tu fais comme métier exactement ?

– Je suis dentiste, souffla Richard sur le ton de la confidence.

Rufus eut un mouvement de recul.

– Je soigne les dents des gens, corrigea Richard en voyant qu'il lui avait fait peur.

– Oh. Très intéressant. Mais comment faites-vous sans magie ?

Richard rit doucement en lui expliquant son métier et la technologie moldue.

– Oh, ça va commencer ! cria Sirius en sautant sur place alors que les joueurs des deux équipes s'envolaient sur leurs balais derniers cris.

Rufus, malgré le fait qu'il attendait le match avec impatience, ne put détacher son regard de Sirius et Richard. Si le premier redécouvrait avec plaisir le jeu après douze ans en prison, Richard avait des expressions de pure surprise en voyant les joueurs évoluer sur les balais.

Sirius retrouva vite sa véhémence et insulta l'arbitre avec son flegme légendaire. Richard se fit un plaisir de l'y aider et, bientôt, les Canons de Chudley semblèrent gagner un nouveau supporter. Rufus ne pouvait s'empêcher de penser que le foot pouvait une expérience étonnante à réaliser. Il rejoignit les deux hommes dans leurs encouragements et, à la fin du match, il semblait avoir oublié que Richard n'était qu'un moldu. Il discuta des plus belles actions du match ravi de voir qu'il avait l'œil pour remarquer les fautes et les problèmes tactiques des joueurs.

Sirius avait les yeux brillants, touché d'avoir pu revoir un match. Il sentait son cœur battre de bonheur. Il se promit d'emmener Harry dès que possible, parce que les matchs professionnels n'avaient rien à voir avec ceux de Poudlard. Il se souvenait de son premier match professionnel et il en avait encore des frissons. Il voulait que Harry puisse y assister un jour. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait bizarrement à sa place. Certes, beaucoup de personnes l'observaient et voulaient lui parler, mais il pouvait sortir, il pouvait enfin vivre et ça n'avait pas de prix.

.

Legilimens !

Il avait neuf ans et Molaire, le bouledogue de Marge, le poursuivait en l'obligeant à se réfugier en haut d'un arbre, sous les rires de la famille Dursley qui observait la scène depuis la pelouse… Une centaine de Détraqueurs qui s'avançait vers lui, à Pré-au-Lard, Sirius gémissant … Les yeux jaunes du Basilic… Dudley qui lui courrait après... Le placard sous l'escalier... Voldemort.

Harry s'effondra sur le sol, le souffle court, une pellicule de sueur recouvrant son corps. Il posa une main fraiche sur son front et sa cicatrice brûlante, avant d'attraper la chocogrenouille que lui tendait Remus avec inquiétude.

– Harry, ça va ?

Harry grogna en grimaçant. Les séances d'occlumancie ne se déroulaient pas exactement comme prévu. Malgré le fait qu'il aimait beaucoup la méditation, il détestait cette discipline magique.

– Je crois que ce n'est pas fait pour moi.

Remus le couva d'un air inquiet. Harry semblait être très sensible à cette forme de magie. Remus avait lu dans son esprit pour l'entraîner à le bloquer et, s'il essayait de voir des souvenirs sans importance, il était également tombé sur des souvenirs très violents qui avaient mis Remus mal à l'aise. Harry avait semblé très gêné à l'idée qu'il ait vu de telles choses, mais c'est surtout Remus qui se sentait honteux à l'idée d'avoir violé à ce point son intimité.

– Je crois qu'on devrait se contenter de la méditation pour le moment, suggéra Remus.

Harry sembla être d'accord avec lui, étrangement soulagé. Ses cauchemars qui s'étaient améliorés avec la méditation revenaient dès qu'ils pratiquaient l'occlumancie.

Remus avait la réunion de l'Ordre des Maraudeurs en tête et se disait que le fait que la cicatrice de Harry renferme un Horcruxe était une possibilité plus que probable. Il était presque sûr que cet Horcruxe bloquait une partie de la magie de Harry et notamment celle qui maîtrisait les forces de l'esprit, l'empêchant de le fermer complètement et lui provoquant de vives douleurs à la cicatrice. Remus se promit qu'une fois l'Horcruxe enlevé, il entraînerait Harry de nouveau.

– Je suis d'accord, souffla Harry qui semblait soulagé.

– Je suis désolé, répéta Remus très inquiet.

– Pas de soucis, affirma Harry. Tu ne fais pas exprès, je me sens juste un peu... honteux, murmura-t-il.

– Tu n'as pas à te sentir comme ça, assura Remus d'une voix forte. C'est parfaitement normal de ne pas maîtriser ça à ton âge, surtout avec les souvenirs que tu as.

Remus frissonnait encore en revoyant le Basilic qu'il avait vu dans l'esprit de Harry ou Voldemort derrière la tête de Quirrell. Il était sûr qu'il allait lui-même en faire des cauchemars.

– Si tu le dis.

Harry rougit légèrement en détournant le regard.

– Sirius t'a parlé du match de Quidditch ? demanda Remus en voyant que Harry ne voulait plus parler de ses souvenirs.

– Il a adoré, dit Harry en souriant. Apparemment Richard et Rufus sont presque devenus amis, ce qui est étonnant. Mais bon, il a adoré et ça lui a fait du bien. Il m'a dit qu'il m'emmènerait sans doute à la Coupe du Monde ! Tu te rends compte ?

Remus souffla de soulagement en voyant les yeux de Harry se remettre à pétiller. Il était content que Harry ne lui en veuille pas du savon qu'il lui avait passé il y a quelques semaines. Ils s'étaient expliqués et Harry avait remercié Remus pour lui avoir fait comprendre qu'il allait trop loin, avant de reconnaître qu'il avait eu tort. Comme l'avait prédit Sirius, Remus s'était excusé et avait craint que Harry ne veuille plus faire de séances avec lui.

Ils avaient vite repris leur rythme de croisière et, si les séances d'occlumancie étaient très douloureuses, Harry semblait avoir eu assez confiance en Remus pour réessayer, ce qui avait touché ce dernier. Remus savait qu'il fallait avoir confiance en l'autre pour que les séances d'occlumancie marchent, parce qu'il lisait dans son esprit et devait l'aider à construire des barrières.

– Il me semble qu'ils vont aller voir un match de foot, dit Remus qui se souvenait de la lettre qu'il avait reçue de Sirius.

– Ça serait bien. C'est un sport intéressant. Tu aimes ?

– Pas tellement. Je suis plus Quidditch. Ton père aussi détestait les sports moldus.

– À part les balais il n'y avait rien d'autre, comprit Harry.

– C'est exact, sourit nostalgiquement Remus.

– Vous avez du nouveau pour l'opération Puzzle ?

– Pas tellement, dit Remus en grimaçant.

Il avait encore du mal à se remettre de la conversation avec Sirius. Il n'en revenait pas. Ils n'avaient pas encore eu de nouvelles réunions, parce que Sirius avait été voir Lucius et qu'il était à présent occupé à demander la garde de Harry. Il y avait encore tellement de choses à faire, à rechercher, à comprendre, avant d'envisager rechercher les Horcruxes.

– Rufus va aller voir Slughorn. Pour le moment Sirius est occupé à demander ta garde, il m'a dit qu'il espérait qu'on puisse commencer les recherches en septembre.

– Ce n'est pas un peu tard ? s'étonna Harry.

– Non. Pour le moment, on réunit des informations, il nous faut des pistes sur les endroits où ils pourraient être cachés, ça va prendre quelques mois. En septembre on pourra vraiment chercher et on aura le temps de trouver quelqu'un qui puisse nous aider à les éliminer. Rufus et Sirius sont plutôt doués en magie noire, mais il faudrait un troisième spécialiste. Amelia et moi on cherche plutôt des informations.

– C'est pour ça qu'on te voit souvent à la bibliothèque, devina Harry en souriant.

– Exact, dit Remus. Je cherche tout ce que je peux sur Tom Jedusor. Heureusement pour nous, les archives de Poudlard sont particulièrement fournies. Mais j'ai l'impression que son dossier a été... non pas supprimé, mais mis de côté pour qu'on ne le trouve pas. J'ai donc beaucoup de recherches à faire pour trouver les papiers correspondants.

– C'est bien que tu puisses le faire, dit Harry. Tu as besoin d'aide ?

– Tu en as déjà bien assez fait, ricana Remus qui pensait au journal détruit par Harry. Pour le moment on cherche chacun de notre côté. Ensuite on fera une grande réunion pour voir par où on peut commencer.

– Comment tu trouves Rufus et Amelia ?

– Amelia et moi étions de la même année, dit Remus. J'ai été étonné qu'elle ne soit pas plus critique à mon égard. Elle sait que je suis un loup-garou et ça ne semble pas la déranger. Rufus a plus de mal, mais je ne peux pas lui en vouloir.

– Je n'arrive pas à comprendre pourquoi.

– Parce que je fais peur. Je suis un monstre, Harry, dit Remus avec douceur.

– N'importe quoi ! fit Harry avec véhémence. Je ne veux pas que tu dises ça. Tu es un homme bien à qui il arrive des choses horribles une fois par mois. Tu sais, certaines personnes sont horribles toute l'année et ils n'ont pas ton excuse.

Remus éclata de rire en comprenant que Harry parlait de Rogue.

– Avec la potion tue-loup, ça commence à s'arranger pour les loups. Mais tu sais, les gens ont eu peur pendant la guerre, car il y a eu beaucoup de morsures. Souvent, les morsures équivalaient à une peine de mort. Et vivre avec cette malédiction, personne ne le souhaite.

– Oui, mais tu ne vas pas leur sauter dessus, répliqua Harry en levant ses yeux au ciel.

– Non, mais certains pensent que oui, et ils n'auraient pas tort, grimaça Remus. Le loup qui m'a mordu, Greyback, il est... Il mord même quand ce n'est pas la pleine lune. Le problème c'est que certains loups comme lui donnent une mauvaise image des loups garous et que ça entretient la peur.

– Vous êtes sous-estimés et c'est n'importe quoi. Plus on vous met de côté et plus vous aurez envie de vous venger.

– Tu pointes un problème important. Mais tu sais Harry, la peur fait faire aux gens des choses terribles.

Harry haussa ses épaules parce qu'il n'arrivait pas à comprendre comment des gens pouvaient avoir peur des loups-garous ou même des nés-moldus. Chacun devrait être capable de vivre ensemble, sans que ça ne pose de problèmes.

– J'espère que les choses vont changer, soupira Harry.

– Ça changera sans doute, dit Remus avec optimisme. Regarde les gobelins. Au départ les gobelins et les sorciers se faisaient la guerre, à présent on les laisse s'occuper de notre or et, même si les relations ne sont pas parfaites, elles sont pacifiques. Un jour, je suis persuadé qu'il n'y aura aucun problème pour qu'un enfant loup garou aille à Poudlard.

– Je suis persuadé qu'il y a plein de gens qui s'en fichent.

– Tu es comme ton père, sourit Remus. Mais non. Les enfants sont élevés dès le plus jeune âge avec la peur des loups. Il y a des contes sur le méchant loup qui vient mordre les enfants qui ne sont pas sages. Et surtout, avant la potion tue-loup, les transformations étaient terribles et pouvaient mener à la mort. C'est surtout ça qui fait peur.

– Mais pourquoi cette potion n'est pas généralisée ?

– Elle est très chère, soupira Remus. Peu de loups peuvent se l'offrir, parce qu'on ne trouve pas de travail et qu'il y a très peu de bon Maîtres des potions.

– Ce n'est pas étonnant avec la formation de Rogue.

– Je ne peux pas te contredire, s'amusa Remus. Mais c'est aussi un secteur qui n'est pas vendeur. Il y a finalement si peu de loups qui peuvent se l'offrir qu'il est parfois plus cher de la préparer par rapport aux autres potions, comme la potion de sommeil sans rêve, qui est un succès.

– C'est injuste.

– Malheureusement, oui. Bon, assez parlé de tout ça. Tu veux faire un petit entraînement de méditation pour te détendre avant d'aller au lit ?

– Oh oui. Plus d'occlumancie, hein ?

– On va te laisser tranquille jusqu'aux grandes vacances.

– Vacances ? releva Harry. Ça veut dire que tu vas venir nous voir ?

– J'y réfléchis, admit Remus. Ça serait plus simple pour l'opération Puzzle, mais bon, je ne veux pas...

– Si on te propose c'est que ça ne nous dérange pas. Ça ferait plaisir à Sirius. Et puis, on a une chambre d'amis !

Remus sourit en voyant que Harry semblait très heureux à l'idée qu'il vienne habiter avec eux.

– Je vais y réfléchir. Merci, Harry.

– J'espère que tu diras oui. Sirius est trop content quand tu es là.

– Vous avez aussi besoin de vous retrouver tous les deux.

Harry balaya d'un geste de la main les remarques de Remus.

– Je t'assure qu'on veut que tu sois là. On a besoin de tes conseils pour être une vraie famille. Et puis, si tu le laisses m'éduquer tout seul il va me teindre les cheveux tous les jours, ce n'est pas ce que tu veux, hein ? fit Harry les yeux brillants pour essayer de l'amadouer.

– Je vais y réfléchir, promit Remus, amusé. Allez, en tailleur et on ferme les yeux !

Harry se relaxa instantanément en imaginant ce que pourraient être des vacances avec une vraie famille.

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