PARTIE DEUX – La troisième année de Harry commence. Sirius et Harry se battent sur tous les fronts : prouver l'innocence de Sirius, lui accorder la garde exclusive de son filleul et former une équipe pour éliminer les Horcruxes. La guerre se prépare et il est temps de se faire de nouveaux alliés.

N/A : Merci à tous pour vos merveilleux retours. Ce chapitre est le plus long que j'ai écrit puisqu'il fait presque 19.000 mots mais je ne voulais pas le couper en deux donc je l'ai laissé tel quel. J'espère qu'il vous plaira. La semaine prochaine sera posté le dernier chapitre de la partie deux. Bonne lecture !


Partie 2. Chapitre 18.

"Testament et demande de garde"

Sirius et Remus arrivèrent au Ministère de la Magie par l'entrée des visiteurs. Ils déposèrent leurs baguettes à l'entrée, avec réticence pour Sirius qui ne pouvait s'empêcher d'avoir des palpitations à l'idée d'être sans défense au milieu de personnes qui l'avaient emprisonné sans procès.

– Anxieux ? demanda Remus en voyant le visage de Sirius se figer dans une expression qu'il connaissait bien.

C'était une expression de sang-pur inaccessible que Remus avait toujours détestée voir sur son ami, toujours si souriant.

– Un peu, et toi ?

– Pareil, souffla Remus. Tout le monde me regarde, tu crois que j'ai quelque chose sur le visage ?

Sirius esquissa un sourire crispé en comprenant que Remus essayait de détendre l'atmosphère. Ils mirent quinze bonnes minutes à rejoindre l'ascenseur, Sirius étant sollicité de toute part. Tout le monde semblait vouloir parler, féliciter ou même simplement voir Sirius.

– La prochaine fois je métamorphose mon visage, grommela Sirius quand ils furent à l'abri.

– La femme semblait définitivement te vouloir dans son lit, ricana Remus. Pas intéressé ?

Sirius eut un mouvement de recul en se souvenant de la vieille dame qui lui avait attrapé le bras, lui demandant s'il voulait boire un verre après tant d'années à être seul parmi les détraqueurs.

– Non merci. Je n'ai pas besoin d'une harpie qui en veut à mon argent.

– Ton argent ? Tu crois ? s'amusa Remus. Ah oui, tu parles de la Gazette qui a parlé de ton incroyable fortune ? Ou de Sorcière Hebdo qui t'a élu sorcier au sourire le plus charmeur ?

Sirius toussota de gêne, sans répondre. Tout cela était assez humiliant comme ça. Après avoir été considéré comme un ancien prisonnier, on le considérait comme un bon parti, tout ce qu'il avait toujours détesté.

– Je comprends pourquoi Harry déteste sa célébrité, soupira Sirius. Je ne comprenais pas ce qu'il vivait avant aujourd'hui.

– Tant mieux, comme ça tu arrêteras de lui dire que c'est génial d'avoir autant de filles qui veulent sortir avec lui.

– Tu parles, il est incapable de voir si une fille lui fait de l'œil ou non, ricana Sirius. Tu le connais un peu maintenant, il est pire que James... Je ne pensais pas que c'était possible, mais si.

Remus pouffa en se souvenant de James. S'il savait qu'il était populaire et en jouait beaucoup, il avait toujours eu beaucoup de mal avec les filles (notamment avec une jolie rousse). Il ne savait pas quand une fille était intéressée par lui, ni comment lui parler pour ne pas passer pour un prétentieux, ce qui était très amusant pour ses amis.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le Ministre de la Magie qui se figea en voyant Sirius, avant qu'un sourire amical ne fende son visage.

– Mr Black ! dit Fudge avec bonhommie. Vous êtes là pour voir Amelia ?

Sirius grimaça intérieurement en se demandant combien de personnes connaissaient sa vie privée et les amitiés qu'il avait tissées. Il en venait presque à regretter sa vie de fugitif.

– Non, Monsieur le Ministre, je suis là pour l'ouverture du testament des Potter, expliqua Sirius en lui serrant la main.

Le Ministre s'introduit auprès de Remus Lupin avant de babiller sur des choses futiles. Sirius s'était crispé et répondait laconiquement au Ministre. Il se rendait compte d'à quel point il détestait parler aux gens à présent.

Avant son emprisonnement, il avait toujours été le premier à parader, à essayer de plaire aux autres, à charmer les gens. Il se souvenait des réunions de sang-pur auxquelles il avait assisté. Malgré le fait qu'il détestait tout ce qu'il s'y disait, il avait toujours tenu à être présentable et charmant. Personne n'était indifférent à la présence de Sirius Black. Il avait quelque chose de désinvolte et de terriblement séducteur qui pouvait attirer n'importe qui.

Sirius avait toujours su qu'il pouvait plaire et il ne s'en était jamais privé. Son père avait toujours trouvé ça très positif puisque Sirius réussissait à conclure n'importe quel contrat avec n'importe qui. Même si, plus tard, quand Sirius avait utilisé son influence pour tenter de changer les choses, ça avait été plus difficile à gérer.

Aujourd'hui, il ne se sentait plus capable de charmer quiconque. Il se sentait bousillé, brisé. Il avait oublié son sourire charmeur et il était crispé, tendu. Il ressemblait à son père et ça ne lui plaisait pas. Il voulait retrouver son insouciance. Il voulait retrouver son pouvoir, il ne voulait plus qu'on s'arrête devant lui parce qu'il était un ancien prisonnier, mais parce qu'il était séduisant, charmant et intéressant. Il voulait sourire de nouveau sans se crisper dès que quelqu'un lui parlait, sans se figer de peur qu'on ne le renvoie en prison. Il voulait juste se sentir heureux et il ne l'était pas.

Il avait bien géré sa sortie d'Azkaban, avec Harry et le plan gruyère, mais maintenant, il avait l'impression que tout retombait et il se sentait fatigué. Fatigué en pensant à la prison et à ce qu'il avait vécu. Il devait encore faire le deuil de James et Lily, de son ancienne vie, accepter la trahison de Peter. Tout cela lui paraissait encore insurmontable et gérer des politiciens et des femmes vénales ne l'aideraient sûrement pas à aller mieux. Il avait juste envie de rester chez lui et ne voir personne.

– À bientôt Mr Black, Mr Lupin, lança le Ministre en arrivant à son étage.

Sirius ne savait même pas de quoi ils avaient parlé, mais Remus dardait sur lui un regard impressionné.

– Comment tu fais ça ? demanda Remus.

– De quoi ?

– Réussir à impressionner le Ministre alors que tu ne l'écoutais même pas.

– Je ne l'ai pas impressionné, répliqua Sirius en songeant que Remus le connaissait si bien qu'il savait quand il n'était pas attentif à une conversation.

Remus ricana sans rien dire. Parce qu'il se doutait que Sirius se sentait diminué par son emprisonnement. Mais lui il voyait que, même si Sirius avait changé, il pouvait toujours séduire n'importe qui. Il y avait une aura qui se dégageait de lui. Black ou non, riche ou non, innocenté ou non, il y avait quelque chose chez Sirius Black qui pouvait attirer n'importe qui. S'il était beaucoup plus froid qu'avant, il impressionnait et il avait gardé des réflexes d'ancien sang-pur.

Il lui manquait cette formidable insouciance qui avait été la sienne à Poudlard, mais Remus savait qu'il lui faudrait du temps pour retrouver la sérénité. Il avait vu Sirius évoluer en quelques mois et il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que Sirius n'aille mieux. Il ne serait plus jamais le même, mais une nouvelle version qui avait grandie, évoluée, une version prête à tout pour protéger Harry. Une version adulte de Sirius Black qui pouvait déplacer les montagnes par amour, même si jamais il ne l'aurait avoué à haute voix.

– On est arrivé, constata Sirius avec appréhension.

Ils descendirent à l'étage du Département de la Justice Magique et furent surpris de voir Dumbledore qui attendait devant le Service du Notariat magique.

– Ah, messieurs ! dit Dumbledore en s'approchant d'eux en souriant paisiblement.

Sirius hocha simplement la tête en lui serrant la main. Il était tendu et il n'avait pas envie d'écouter un discours grandiloquent d'Albus Dumbledore. Il se retenait de lui casser la figure, sa rencontre avec le public l'ayant mis de très mauvaise humeur. Le directeur dut sentir qu'il était totalement fermé, puisqu'il se contenta de discuter avec Remus des cours qu'il donnait à Poudlard.

– Êtes-vous prêts ? demanda finalement Dumbledore.

– Un peu tendus, admit Remus. Vous savez comment ça va se passer ?

– Bien sûr, dit Dumbledore avec un sourire serein. Mr Garlnof va nous lire le testament qu'ont établi James et Lily. Ensuite, il procèdera à l'attribution des biens et prendra contact avec les gobelins pour exécuter le testament.

– Pourquoi vous êtes là, en fait ? demanda Sirius sans s'inquiéter de paraître grossier.

– Parce que Mr Garlnof m'a convié, répondit Dumbledore avec douceur, comme s'il craignait une crise de colère.

Sirius leva ses yeux au ciel. Il ne ferait pas d'esclandre, parce qu'il ne voulait surtout pas que Dumbledore le pense dégénéré. Il devait être irréprochable et il allait l'être. Il ne devait lui donner aucune raison de contester la demande de garde. Sirius hocha la tête et récita les noms de tous les joueurs de Quidditch qu'il connaissait pour se retenir de frapper Dumbledore. Remus avait un sourire ironique aux lèvres, comme s'il avait compris ce que Sirius faisait. Dumbledore l'observait du coin de l'œil, avec une lueur ennuyée dans le regard, comme peinée, et Sirius n'aimait pas ça. Il fit plusieurs tentatives pour lui parler, mais Sirius resta froid et fermé. Il ne voulait rien entendre. Il était là pour le testament et c'était tout.

– Non. Je veux ça sur mon bureau dès ce soir ! s'exclama une voix sèche.

– Madame...

– Pas de Madame. Ce soir, siffla la voix visiblement agacée.

Les trois hommes se tournèrent vers l'origine de la voix et furent surpris de voir Amelia Bones sortir d'un bureau en furie. Elle se figea en les voyant, rougit légèrement, avant qu'un sourire sincère n'étire ses lèvres quand elle reconnut Sirius.

– Bonjour, dit-elle chaleureusement.

Elle salua Remus et le directeur avant d'enlacer rapidement Sirius comme un vieil ami. Elle lui fit un signe de tête et ils s'éloignèrent de quelques pas, sous le regard inquisiteur du directeur.

– C'est le grand jour, souffla Amelia.

– Je suis stressé, avoua Sirius. Tu viens chez moi ce soir ?

– C'est un rendez-vous ? demanda malicieusement Amelia, avant d'éclater de rire en voyant le regard stupéfait de Sirius.

– Bien sûr, répondit finalement Sirius en entrant dans son jeu.

– Alors non.

– Tu es tellement méchante, soupira faussement Sirius. Mais non, c'est un rendez-vous professionnel.

– Pour la garde ? demanda-t-elle en chuchotant si bas le dernier mot que Sirius dut le lire sur ses lèvres.

– Oui.

– Je serai là, assura-t-elle. Je ne vais pas finir tard, je viendrais après la lecture du testament. Comment tu te sens ?

Amelia le couva d'un regard inquiet. Elle savait que l'audience de réparation, même si elle avait eu lieu il y a quelques semaines, avait beaucoup affecté Sirius. Il avait accepté de sortir à visage découvert plusieurs fois, notamment avec Rufus lors du match de Quidditch, et avait décidé de ne plus parler de tout ça, mais elle voyait bien qu'il n'était pas au mieux de sa forme.

Sirius se contenta de hausser ses épaules, incapable de lui répondre, la gorge enrouée. Il n'avait pas dormi de la nuit et savoir qu'il allait lire quelque chose que James et Lily avaient écrit lui retournait l'estomac.

– Je vois Mihai plus souvent, admit-il après un temps d'hésitation.

– C'est bien. Je t'assure que c'est normal, dit-elle d'une voix douce. Tu as besoin d'un temps d'adaptation, comme toutes les personnes sortant d'Azkaban.

– J'ai aussi besoin de conseils éducatifs, grommela Sirius. Je suis complètement perdu. Je me demande si je fais bien de demander la garde de Harry.

– Tu es fou ? siffla Amelia en écarquillant ses yeux. Tu es la meilleure personne pour t'occuper de lui !

– J'ai l'impression de tout rater, je sais être un parrain... Mais être un parent ? Je suis complètement bousillé après l'emprisonnement, est-ce que c'est vraiment la bonne chose à faire ? dit Sirius la voix tremblante.

Il se sentait vraiment mal depuis quelques semaines et Mihai lui avait dit que c'était normal. Il se sentait diminué, perdu et il n'avait jamais pensé que la sortie d'Azkaban serait si difficile à gérer.

– Tu sais, j'ai récupéré Susan quand j'avais dix-neuf ans, après la mort de mon frère. Je ne savais pas ce que je faisais la plupart du temps, entre m'occuper d'elle et m'occuper de mon travail... soupira Amelia en comprenant ses doutes. Mais je ne l'ai jamais regretté. Et puis, toi, tu es déjà parfait avec lui. Tu vas t'en sortir, c'est sûr. Il te faut juste du temps, tu ne vas pas devenir un papa parfait comme ça.

– Si j'ai la garde.

– Tu l'auras, assura Amelia les yeux flamboyants, comme une promesse.

– Madame la Directrice, dit une voix grave qui les fit sursauter.

– Mr Garlnof, dit Amelia en lui tendant la main d'une manière très professionnelle. Je vous laisse. On se voit ce soir, Sirius !

Amelia lui fit un signe de la main, sous les regards surpris de Garlnof et de Dumbledore qui semblaient n'avoir jamais vu Amelia Bones agir ainsi. Sirius leur sourit simplement sans faire de commentaire, fixant Garlnof qui reprit rapidement ses esprits.

– Mr Black, enchanté. Je suis Alexandre Garlnof et c'est moi qui m'occupe de la lecture des testaments. Suivez-moi tous les trois.

Les trois hommes entrèrent dans un bureau de taille moyenne jonché de dossiers, Mr Garlnof étant obligé de se faufiler entre son bureau et les montagnes de papiers posées à même le sol.

– Désolé pour le bazar, dit-il en ôtant les feuilles des chaises d'un geste négligent de la baguette.

– Je ne te savais pas aussi proche d'Amelia Bones, fit Dumbledore à Sirius, alors que Garlnof remettait de l'ordre sur son bureau.

– Depuis le procès, répondit Sirius d'une voix égale, c'est une bonne amie.

– Une jeune femme charmante.

– Une directrice compétente, rectifia Sirius avec ironie.

Dumbledore hocha sa tête en signe de confirmation, avant que Garlnof ne se racle la gorge.

– Bien. Je vous ai convoqué pour vous lire le testament établit par James et Lily Potter le 15 octobre 1981.

D'un coup de baguette, Garlnof fit léviter un long parchemin devant ses yeux pour pouvoir le lire. Au dos du parchemin étaient gravées les armoiries des Potter : un sorcier avec une baguette et un chapeau pointu qui tendait la main pour attraper un Vif d'or. Remus et Sirius se sourirent en se souvenant de James qui passait son temps à dessiner ce sorcier sur ses feuilles de cours quand il s'ennuyait.

– Vous êtes tous les trois cités comme bénéficiaires du testament, expliqua Garlnof. Trois autres personnes sont citées, mais ne sont pas présentes aujourd'hui. Tout d'abord, Mr Harry James Potter qui est actuellement à Poudlard. Une copie du testament lui sera envoyée dès aujourd'hui. Ensuite, Mrs Pétunia Angelina Evans...

Sirius fronça ses sourcils en se demandant ce que pouvait avoir reçu Pétunia dans le testament des Potter. Il commença à avoir peur que Lily ait changé d'avis et ait voulu que Pétunia soit la tutrice de Harry. Remus regarda Sirius à la dérobée, les mêmes inquiétudes visibles sur son visage.

– ... qui est une moldue et qui n'a donc pas accès au Ministère de la Magie. Une copie du testament lui sera envoyée dès aujourd'hui. Enfin, Mr Peter Pettigrow, actuellement emprisonné à la prison d'Azkaban. Une copie du testament lui sera communiquée dès aujourd'hui. Vous êtes prêts ?

Les trois hommes hochèrent la tête, très intrigués à l'idée de découvrir le contenu du testament.

– Je dois tout d'abord vous informer que le testament avait été bloqué suite à la demande du Président du Magenmagot ici présent, Mr Albus Dumbledore, dit Garlnof en fixant le directeur. Pour raison impérieuse, en raison de la fin de la guerre et de la nécessité de protéger Mr Harry James Potter des représailles d'éventuels Mangemorts. C'est exact ?

– Tout à fait, répondit Dumbledore sans voir la fureur de Sirius qui ne digérait pas le fait qu'il ait boqué l'ouverture pour envoyer Harry chez les Dursley.

– Le testament est donc ouvert aujourd'hui.

Garlnof commença à lire d'une voix monocorde, remplaçant le mot de "Voldemort" par "Vous-Savez-Qui" dans un souci de commodité, même si les trois personnes qui écoutaient devaient être, à l'exception de Harry, les seules qui osaient prononcer le nom maudit.

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TESTAMENT DE JAMES ET LILY POTTER

Nous, soussignés,

Lily Julianne Evans, épouse Potter, née le 30 janvier 1960 à Londres,

James Fleamont Potter, né le 27 mars 1960 à Manchester,

Domiciliés à Godric's Hollow,

Établissons le testament qui suit, qui remplace le testament établit le 1er septembre 1980.

À titre préliminaire, nous informons les lecteurs de ce testament que nous avons décidé de nous cacher, pour échapper au dénommé Voldemort, suite à l'attaque que nous avons subie au Flâneur, le Manoir des Potter. Nous avons échappé de peu à la mort et souhaitons établir de nouvelles dispositions.

Nous indiquons faire partie de l'organisation secrète nommée Ordre du Phénix, luttant contre l'ascension de Voldemort. Nous savons qu'il y a un traitre parmi nous et nous devons nous protéger, ayant découvert que Voldemort cherchait à nous tuer.

C'est pourquoi nous allons nous réfugier en lieu sûr et pratiquer le sortilège du Fidelitas que Lily va réaliser

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– Mm. À ce moment, Mr et Mrs Potter ont mis des apartés, expliqua Garlnof qui pouffa en relevant la tête de son parchemin. Je vous indiquerais quand ils écrivent entre parenthèses. Je reprends.

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C'est pourquoi nous allons nous réfugier en lieu sûr et pratiquer le sortilège du Fidelitas que Lily va réaliser (Ma merveilleuse épouse) (James ! C'est un testament pas une déclaration d'amour) (Oui, ma chérie. Je t'aime).

Pour ceux qui l'ignoreraient, le sortilège du Fidelitas est un procédé magique destiné à cacher un secret au cœur d'un être unique. L'information est dissimulée à l'intérieur même de la personne choisie, nommée Gardien du Secret. Il est donc impossible de découvrir le Secret -ici, le lieu où nous habitons-, sauf si le Gardien le divulgue (Comme c'est technique...) (James !)

Nous avions prévu de faire de Sirius Black, ami... (Ce n'est pas un ami, c'est un frère !) (James, c'est un testament officiel, tu ne peux pas dire ça, même si tu le penses) (C'est mon frère et je veux que ça soit noté ! Tu dis toi-même qu'il fait partie de notre famille).

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Sirius se sentit bizarrement ému d'entendre les apartés de James et Lily, même lues par Garlnof. Il avait l'impression de voir James en train d'argumenter avec Lily et cela lui fit chaud au cœur. Lui aussi considérait James comme un frère. Le fait que ce dernier ait tenu à l'inscrire dans un testament officiel le touchait bien plus qu'il n'aurait pu l'admettre.

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Nous avions prévu de faire de Sirius Black, ami et frère de cœur, le Gardien du Secret.

Toutefois, nous indiquons faire de Peter Pettigrow le Gardien du Secret,

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Garlnof s'interrompit à ce moment, légèrement troublé. Il regarda Sirius qui avait fermé ses poings violemment et semblait prêt à assassiner quelqu'un. Dumbledore eut le mérite de se sentir très gêné.

– Sirius, je... commença Dumbledore.

– Continuez, demanda Sirius à Garlnof avec difficulté.

Il ne croisa pas le regard de Dumbledore. Il sentit la main de Remus sur son épaule, ce qui le tranquillisa légèrement. Il ne voulait pas penser au fait que son innocence aurait pu être prouvée il y a douze ans si Dumbledore n'avait pas bloqué l'ouverture du testament. Il avait sa preuve à présent. Si le testament avait été ouvert, il aurait eu un procès, il aurait été innocenté et Harry n'aurait jamais été envoyé chez les Dursley.

– Bien sûr, Mr Black, dit Garlnof comprenant que ce qu'il venait de lire était d'une importance capitale.

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Nous indiquons toutefois faire de Peter Pettigrow le Gardien du Secret, dans l'espoir de tromper Voldemort. Nous pensons que le traitre va croire que le vrai gardien est Sirius, sans se douter que nous avons changé de Gardien (Très Maraudeur comme plan, n'est-ce pas ?)

James Potter tient à mentionner qu'il fait confiance à chacun des Maraudeurs.

Nous indiquons qu'il est impossible que Voldemort ait pu nous attaquer dans notre maison à Godric's Hollow, sauf si Peter Pettigrow a trahi le Secret. Nous indiquons que ce testament ne n'exécutera pas à l'égard de Peter Pettigrow s'il a volontairement trahi le Secret. Si Peter a trahi volontairement le Secret, l'ensemble des donations seront affectées à Harry James Potter, fils (Petit ange, fils rêvé, l'amour de notre vie...) (Lily, il me semblait qu'il s'agissait d'un testament officiel...)

Cela étant fait, nous espérons que tous nos amis vont bien et que personne n'a trahi personne.

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Sirius eut un ricanement amer qu'il ne put contrôler. Tout cela était tellement risible, douze ans après. Tant de douleur, tant de pertes, tant de décès... Et James qui arrivait encore à proclamer faire confiance à chacun des Maraudeurs. C'était à la fois touchant, naïf et très difficile à entendre.

Remus lui-même semblait avoir du mal à se contrôler, comprenant que ce testament, en n'ayant pas été ouvert, avait condamné Sirius et avait surtout privé Harry de l'enfance heureuse que James et Lily aurait souhaitée pour leur fils. Tout cela était si injuste qu'il avait envie d'en crier de frustration.

– Il y a deux parties dans le testament, expliqua Garlnof qui était visiblement très gêné et n'osait plus regarder Sirius, comprenant à quel point ce testament aurait pu changer les choses. La première concerne le testament à proprement parler et la seconde concerne la garde de Mr Harry James Potter.

Sirius se crispa parce qu'il savait que tout pouvait se jouer sur ce qui était inscrit dans la seconde partie. Et si James et Lily avaient changé d'avis ? Après tout, il n'était que son parrain, il n'avait pas légalement de droits sur Harry pour le moment. Il savait que, si les Potter ne l'avaient pas inscrit comme tuteur, il allait être très compliqué pour lui d'obtenir la garde. Il ne savait pas s'il pourrait le supporter, après la révélation qu'il aurait pu être blanchi il y a douze ans si Dumbledore n'avait pas fourré son nez dans les affaires Potter.

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Ainsi,

S'agissant des biens :

Léguons à Sirius Orion Black, ami et frère de cœur, né le 3 novembre 1959 :

-Patdure, le poisson rouge de Lily (Prends-en soin, tu sais à quel point j'y tiens) (Heureusement que Patmol n'est pas un chat...)

-10.000 galions provenant du coffre des Potter, dans l'espoir que tu puisses couper définitivement les ponts avec ta famille, continuer tes recherches et prendre soin de notre fils

-Les carnets de Sortilèges de Lily qui sont placés dans ton coffre, dans l'attente que Harry soit assez grand pour en avoir connaissance et que tu peux utiliser pour poursuivre tes propres recherches

-Le Miroir à Double Sens de James Potter qui est placé dans ton coffre

-Le carnet secret des Maraudeurs, dans l'espoir que tu le lègues à Harry quand il sera plus grand (BEAUCOUP plus grand, comme à trente ans) (Lily-jolie, je t'aime, mais c'est n'importe quoi, c'est à Poudlard que ces sorts lui seront utiles, tu lui lègues bien tes carnets de Sortilèges) (Les Sortilèges sont une matière très sérieuse) (Il y a des sorts de Magie Noire dedans, donc excuse-moi de penser que ceux des Maraudeurs sont plus inoffensifs !) (Bon, tu as sans doute raison... Mais pas avant ses quinze...) (Treize ans ! Troisième année, c'est bien la troisième année) (Très bien, mais je reste contre et je veux que ça soit noté) (Sirius fera le bon choix) (Je suis d'accord sur ce point)

-Des livres et biens dans la boîte nommée "à Sirius" qui se trouve dans le coffre des Potter, dans l'espoir que tu y trouves des choses intéressantes pour tes recherches

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Sirius ne cessa de sourire quand Garlnof lut les apartés ; c'était du James et Lily tout craché. Il songea avec tristesse que Patdure, le poisson de Lily, avait sans doute péri dans l'explosion de leur maison. Il était heureux de voir que James et Lily semblaient avoir acté qu'il allait être présent dans la vie de Harry. Cela le rassurait un peu, même s'il attendait la confirmation qu'il était nommé tuteur de Harry dans le testament. C'était capital, il fallait qu'ils l'aient désigné comme tuteur légitime pour que la demande de garde aboutisse.

– Le carnet des Maraudeurs, souffla Remus avant que Garlnof ne reprenne, est-ce que c'est... ?

– Oui, je pense, sourit Sirius énigmatiquement ne voulant pas que Dumbledore sache de quoi il était question.

Remus et Sirius ne pouvaient s'empêcher de se rappeler James, qui prenait le soin d'écrire chaque tour qu'ils avaient fait au cours de leurs années à Poudlard. La vision d'un James et d'une Lily, chacun écrivant leurs meilleurs sorts dans un carnet, les fit voyager un court moment.

– Je pense que Harry va adorer, sourit Remus. Il y a de très belles techniques dedans.

Sirius sourit encore plus largement parce qu'il savait que James avait écrit dans ce carnet toutes les étapes pour devenir un Animagus, avec ses propres astuces, ayant toujours eu un don pour la Métamorphose. Il ne savait pas si c'était quelque chose qui pouvait intéresser Harry, mais il savait surtout que son filleul voulait en découvrir plus sur ses parents. Après les carnets de Sortilèges de Lily, il allait pouvoir se plonger dans les aventures rocambolesques de son père.

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Léguons à Remus John Lupin, ami et Maraudeur, né le 10 mars 1960 :

-10.000 galions provenant du coffre des Potter, dans l'espoir que cela puisse t'aider. Ton "problème de fourrure" n'est pas un obstacle, tu es un homme formidable et tu mérites tout le bonheur que tu puisses avoir. Nous savons qu'il n'est pas simple pour toi de trouver un travail et espérons que cette somme pourra t'aider

-Les livres de Lily dans la boîte nommée "à Remus", dans le coffre de Lily Potter, dans l'espoir qu'ils puissent te guider

-Bambou, notre chat, qui a toujours compris quelle personne extraordinaire tu es

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Remus se figea à son tour. Dix mille galions était une somme si importante qu'il failli défaillir. Jamais il n'avait eu autant d'argent de sa vie. Il avait toujours eu du mal à trouver un travail, depuis sa sortie de Poudlard, expliquant pourquoi il s'était éloigné de ses amis, ne supportant pas leurs regards remplis d'inquiétude et leur sollicitude.

Il savait que, s'il avait eu cette somme il aurait pu faire autre chose depuis douze ans, quelque chose d'utile, avoir un travail. Il avait eu tant de projets à Poudlard, tant d'envies. L'école pour enfant que Lily avait imaginée, une librairie à Pré-au-Lard, des cours privés... Tant de possibilités qu'il aurait pu s'offrir.

Il se tourna vers Dumbledore qui s'était décomposé, ayant compris la terrible erreur qu'il avait faite il y a plus de douze ans en bloquant l'ouverture du testament. Remus détourna le regard, ne souhaitant pas lui parler ou même le regarder.

– Bambou, grimaça Sirius en prononçant le nom avec dégoût. J'ai toujours détesté ce stupide chat.

– Parce qu'il savait que tu étais un chien, s'amusa Remus.

– Mais toi, c'est vrai qu'il t'a toujours aimé, dit Sirius avec nostalgie.

Remus sourit car il savait que c'était rare qu'un animal s'approche de lui. Il était un loup et les animaux pouvaient le sentir. Mais Bambou était une rare exception. James et Lily avaient insisté pour avoir un chat et il s'était tout de suite plu avec eux. Harry passait son temps à lui courir après et, à leur grande surprise, Bambou se lovait facilement sur les genoux de Remus.

– Tu penses qu'il est mort ? s'enquit Sirius.

– Je préfère imaginer qu'il a pu s'enfuir avant l'explosion et qu'il a trouvé une bonne petite famille pour s'occuper de lui, sourit tristement Remus.

Sirius fit un petit signe de tête à Garlnof pour qu'il continue sa lecture.

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Léguons à Peter Pettigrow, ami et Maraudeur, né le 1er janvier 1960

-10.000 galions provenant du coffre des Potter, dans l'espoir que tu en fasses bon usage et que tu puisses accomplir ce dont tu as toujours rêvé (Une boulangerie magique, pitié, fais une boulangerie magique !) (James, il fera ce qu'il en veut) (Tu as déjà goûté ses gâteaux au chocolat pour dire ça ?)

-Quelques biens qui se trouvent dans la boîte "à Peter", dans le coffre des Potter, dans l'espoir qu'ils t'inspirent

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– Cette partie du testament ne s'exécutera pas, puisqu'il est établi que Peter Pettigrow a volontairement trahi le Secret des Potter, dit Garlnof au soulagement de tout le monde.

Remus sourit tristement en se souvenant d'à quel point Peter était doué en pâtisserie. Comment avait-il pu passer à côté de son rêve d'ouvrir son commerce pour suivre un mégalomane et trahir ses amis ? À quel moment avaient-ils échoué ? Peter les trahissait-il déjà à Poudlard ou était-ce venu après ? Auraient-ils pu l'aider s'il avait partagé ses peurs ? Tant de questions, aucune réponse.

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Léguons à Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, ami et professeur, né le 3 août 1881,

-La somme de 5.000 galions pour son organisation l'Ordre du Phénix, dans l'espoir qu'il n'en ait pas besoin. Si l'Ordre du Phénix n'a plus de raison d'exister, nous supposons qu'il saura quoi en faire.

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– Je pense que cet argent va aller dans le fonds d'aide aux enfants orphelins et en difficulté de Poudlard, pour leur permettre d'obtenir des fournitures scolaires gratuitement, dit doucement Dumbledore.

Sirius ne put s'empêcher d'hocher la tête pour donner son accord. Il savait que, chaque année, des élèves n'avaient pas les moyens d'aller à Poudlard. Cette montagne d'argent allait permettre à bon nombre d'étudiant d'effectuer leur scolarité et ça ne pouvait qu'être positif. Aussi détestable soit Dumbledore avec lui, Sirius savait qu'il était un bon directeur, qui avait à cœur d'aider ses élèves du mieux qu'il le pouvait. Il se souvenait qu'après avoir quitté sa famille, Dumbledore lui avait proposé une bourse d'étude pour sa dernière année. Il l'avait refusé, puisque son oncle lui avait légué une somme d'argent conséquente, mais avait été touché par la proposition.

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Léguons à Pétunia Angelina Evans, épouse Dursley, sœur de Lily Potter, née le 31 novembre 1958,

-Une partie des photos de Lily, représentant pour la plupart leur enfance et leurs parents, qui se trouvent dans le coffre de Lily Potter

-La somme de 5.000 livres en souvenir de nos belles années de sœurs (Dans l'espoir que tu quittes ton bouffon de mari, surtout...) (James, enfin ! C'est ma sœur) (Une harpie, tu veux dire ? Son mari ne connaît même pas les Nimbus !) (Il n'est pas si affreux...) (C'est un monstre. Et ta sœur n'est pas mieux. Ils te font du mal, moi je cherche juste à te protéger) (Je t'aime aussi) (On a dit pas de déclaration d'amour dans le testament).

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Sirius leva ses yeux au ciel. C'était bien le style de Lily de léguer de l'argent à une sœur qui la détestait pour ce qu'elle était.

– Lily, souffla Sirius d'un ton désabusé à Remus qui rit légèrement.

– Elle aimait Pétunia.

– Et dire que cette folle, en plus de maltraiter Harry, va recevoir de l'argent, s'agaça Sirius sans même s'inquiéter que Dumbledore ne l'écoute.

– Je sais Sirius. Mais Lily reste Lily.

– Comment fait-elle pour m'agacer même en n'étant plus là ? grommela Sirius dans sa barbe.

– C'était un de ses grands talents, pouffa Remus.

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Léguons à Harry James Potter, fils, né le 31 juillet 1980, la totalité des biens mobiliers et immobiliers restants, incluant, notamment :

-La cape d'invisibilité de James Potter (Je l'ai confiée à Albus Dumbledore, il saura te la donner le moment venu) (Le plus tard sera le mieux, Albus !) (Lily, notre fils est un Maraudeur, il faut que tu l'acceptes)

-Toutes les maisons des Potter, auxquelles Harry James Potter pourra accéder dès notre décès

-Les coffres de la famille Potter, de James Fleamont Potter et de Lily Julianne Potter, née Evans, auxquels Harry James Potter ne pourra accéder qu'à sa majorité (Désolé, mon fils, ta mère a insisté) (Je ne veux pas que mon fils devienne un pourri-gâté comme toi) (Outch, je suis blessé dans mon cœur) (Dans ton égo, oui. Je suis persuadée que Harry le comprendra, surtout quand il saura que nous lui laissons une somme indécente dans son coffre personnel) (C'est au cas-où. Tu ne voudrais pas que notre fils soit dans le besoin quand même ?) (Pas la peine de me faire culpabiliser, James, Harry sera parfaitement heureux avec la somme que nous lui laissons)

-Le coffre personnel de Harry James Potter auquel il pourra accéder dès à présent

Pour voir la liste complète des biens, voir la liste annexée par les Gobelins.

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– J'ai effectivement donné la cape d'invisibilité à Harry, dit Dumbledore en sentant le regard de Garlnof sur lui. Je crains toutefois n'avoir pas respecté la volonté de Lily et la lui avoir donnée en première année.

Sirius et Remus rirent en songeant, qu'effectivement, Lily aurait été folle de rage en apprenant tout ce que son fils avait pu faire avec cette cape. Mais ils ne pouvaient cacher qu'ils étaient contents que Harry l'ait récupéré. La cape était un héritage familial et Harry méritait de l'avoir, aussi jeune soit-il.

– Bien, nous pouvons à présent passer à la seconde partie du testament, indiqua Garlnof.

Sirius se redressa imperceptiblement. Sa future vie avec Harry allait dépendre de ce qui serait dit dans ce testament et tout le monde le savait. S'il n'était pas inscrit, il pouvait presque dire adieu à la garde de Harry. S'il l'était... et bien un autre combat allait s'enclencher.

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S'agissant de Harry James Potter :

Si nous décédons avant que Harry James Potter n'ait atteint sa majorité,

Demandons à ce que les mesures suivantes soient prises :

S'agissant de la garde de Harry James Potter

Indiquons que notre fils doit être confié à son parrain, Sirius Orion Black (Le meilleur choix et de loin !) (Je suis d'accord avec James. Sirius tu seras un parent fantastique pour Harry, nous t'en avons déjà parlé. Nous croyons en toi) (Tu vas être parfait, Patmol. Protège-le et apprends-lui plein de blagues) (Pas seulement !) (Oui, apprends-lui aussi les passages secrets de Poudlard) (James, enfin ! Sirius sait qu'il doit être sérieux) (Soit sérieux, Sirius)

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Sirius soupira de soulagement sans pouvoir se retenir. Il pouvait être le tuteur de Harry. C'était marqué dans le testament. Lily et James lui faisaient confiance. Lily et James voulaient qu'il s'occupe de Harry. Lily et James. Ils lui avaient fait confiance dès le départ, lui avaient confié leur fils en sachant qu'il saurait le protéger. Sirius avait failli la première fois et il se promit que cette fois, il n'échouerait pas. Il ferait tout pour respecter les dernières volontés de ses amis.

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Subsidiairement, si Sirius Orion Black ne pouvait pas assurer cette charge et dans l'ordre de préférence :

-Remus Lupin et/ou Peter Pettigrow (si ce dernier n'a pas trahi le Secret) : indiquons à Remus que sa condition ne sera pas un obstacle et qu'il doit se faire confiance (Tu serais un super père Lunard, donc ne commence pas à dire que tu ne le mérites pas, c'est acté dans notre testament !)

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Remus sourit avec timidité en comprenant que, malgré le fait qu'il soit un loup-garou, James et Lily lui avaient fait assez confiance pour qu'il s'occupe de Harry.

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-À toute famille sorcière qui sera jugée apte à s'occuper de notre fils par le conseil du notariat du Ministère de la Magie (de préférence : une famille connue comme amie de la famille Potter et anti-Voldemort)

Dans tous les cas, nous indiquons refuser totalement l'octroi de la garde à Pétunia Angelina Evans, sœur de Lily (Quand on dit refus, on dit refus. Total. Interdiction. Niet) (On a compris James) (C'était juste pour être sûr... Jamais ! Nada ! Never !) (Tu vas le dire dans toutes les langues que tu connais ?) (Non, ça va durer trop longtemps) (Mais quel prétentieux. Je suis toutefois d'accord avec mon mari, Pétunia ne serait pas la personne la plus à même de s'occuper de Harry. Elle déteste la magie)

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Sirius fusilla Dumbledore du regard.

– Vous avez entendu, monsieur le directeur ? dit-il avec tout le mépris qu'il pouvait mettre dans sa voix. Jamais. Never. Niet. Pas chez les Dursley. Et où est Harry à présent ?

– Sirius, calme-toi, dit Remus doucement. Ce n'est pas le moment.

– Je vous assure que... commença Dumbledore dont les joues avaient rougi de gêne.

– Peu importe, dit sèchement Sirius. Vous vous expliquerez plus tard. Reprenez, s'il vous plait, dit-il en se tournant vers Garlnof qui les observait sans rien dire, devant être habitué aux disputes lors des lectures des testaments.

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S'agissant du tuteur magique de Harry James Potter :

Indiquons que Sirius Orion Black sera nommé tuteur magique, dans l'espoir que ton éducation de Sang-Pur te soit utile pour éduquer notre fils et faire fructifier l'argent (Je n'ai pas de doute sur ça, un sourire et tu remportes un contrat, Patmol)

Subsidiairement, indiquons que les gobelins s'occuperont des comptes de Harry jusqu'à sa majorité.

Fait à Gringotts, le 15 octobre 1981,

En présence de Bogrod, gobelin-conseiller des Potter et de Ragnok, directeur de Gringotts.

Testament établi en trois exemplaires remis : à Gringotts, au Ministère de la Magie au service du Notariat Magique et dans le coffre n°39 de la famille Potter.

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Sirius avait du mal à contenir sa rage et voulait partir du Ministère immédiatement. Il était soulagé parce qu'il savait que ce testament était positif pour lui, mais il se sentait mal de savoir qu'il avait vécu tout ça à cause de Dumbledore.

– Mr et Mrs Potter ont également laissé quatre lettres. L'une est à l'attention de Mr Harry James Potter qui lui sera envoyée. Une autre est à destination de Peter Pettigrow et sera détruite, comme le souhaitaient les Potter si ce dernier trahissait volontairement le Secret.

Il tendit une lettre à Sirius et une à Remus, ce dernier la serrant contre son cœur, tremblant.

– C'est tout ? demanda Sirius un peu figé.

– Oui, Mr Black.

– Merci de nous avoir reçu. Bonne journée, dit Sirius en se levant sans attendre d'être congédié.

Garlnof n'essaya pas de l'arrêter.

– Sirius, je...

Sirius ne daigna pas regarder Dumbledore et s'enfuit littéralement du bureau, talonné par Remus. Il savait que, s'il regardait Dumbledore une seconde de plus, il allait le frapper.

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Kreattur leur prépara un grand plateau de thé, accompagné de scones, pour le grand plaisir de Remus. L'elfe, même s'il regardait toujours Remus avec peur et dégoût, semblait lutter contre ses préjugés et lui préparait toujours ses desserts préférés quand il venait leur rendre visite.

– Je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort, grimaça Sirius qui semblait se retenir d'exploser depuis qu'ils avaient quitté le bureau. Non mais tu te rends compte ?!

Remus se rendait compte, mais il avait du mal lui aussi à mettre de l'ordre dans ses pensées.

– Douze ans... Douze ans... répéta Sirius qui hésitait entre frapper quelque chose et s'effondrer en pleurant. Douze ans.

Remus se leva et prit Sirius dans ses bras, voyant qu'il avait du mal à revenir à la réalité. Remus l'avait rarement vu perdre pied, mais il sentait que Sirius avait eu beaucoup de choses à gérer ces derniers temps, entre le procès, l'audience de réparation qui avait été un cauchemar et la lecture du testament. Il avait tendance à oublier que Sirius n'était plus le même. Il était fragile, angoissé, et il fallait le ménager. Il devait se réhabituer à sa vie, se reposer, ce qu'il ne pouvait pas faire depuis ces derniers mois.

– Ça va aller, assura Remus. Ça va aller.

Sirius mit de longues minutes à se calmer, s'accrochant à Remus comme à une bouée. Il finit par s'écarter de Remus, détournant le regard pour qu'il ne voit pas sa faiblesse. Remus leva ses yeux au ciel en sachant à quel point Sirius détestait se montrer vulnérable. Il se retint de lui dire qu'il l'avait vu faire des cauchemars, pleurer à la mort de Mary MacDonald et crier de rage après une dispute avec son frère dans les couloirs de Poudlard. Il s'en fichait de voir Sirius mal en point, il était juste triste à l'idée que toute cette souffrance lui ait été imposée.

– Je dois contacter mon avocat, dit Sirius en griffonnant une lettre à son attention. Il saura quoi faire. Comment tu te sens toi ? souffla-t-il en voyant la pâleur de son meilleur ami, après avoir envoyé sa lettre.

– Je suis en colère par rapport à toi. Ce qu'il a fait... Douze ans inutiles, dit à son tour Remus en soupirant. Tout ça pour un fichu testament qu'il n'a pas voulu ouvrir.

– Tout ça pour mettre Harry chez ces Dursley.

Sirius avait de la haine dans la voix et cela fit frissonner Remus. Il ne donnait pas cher de la peau des Dursley si Sirius les croisait dans la rue. Aussi gentil soit-il, personne ne touchait à ceux qu'il aimait.

– Ils voulaient que je m'occupe de Harry, soupira Remus la voix pleine de tremolos.

– Et ça t'étonne ? Il n'y a que toi qui ne voit pas à quel point tu es une personne merveilleuse, sourit Sirius en comprenant que Remus ne s'en estimait pas capable.

– Ça rend encore plus difficile les dernières années. J'aurai pu m'occuper de lui.

– C'est fait maintenant, coupa Sirius en voyant la culpabilité s'immiscer dans les yeux de Remus. Tout ce qui compte c'est qu'ils te faisaient assez confiance pour te laisser Harry. Tu ne pouvais pas savoir, personne ne le pouvait. Et Dumbledore s'y serait opposé.

– Tu as sans doute raison... souffla Remus de dépit.

Sirius fixa la lettre que lui avait donnée Garlnof et l'observa comme si elle allait le tuer dès qu'il allait l'ouvrir.

– Allons-y, dirent-ils d'une même voix.

Sirius attrapa sa lettre avec un mélange de peur et d'excitation. Il se souvenait quand Harry avait reçu les carnets de Lily. Il n'avait pas été capable de lire le mot qu'elle lui avait écrit, notamment parce qu'il ne lui était pas destiné, mais aussi parce qu'il était terrifié. À ce moment, il avait encore plus peur de ce qu'il allait y lire. Il avait peur de souffrir encore plus.

Mais il ne pouvait plus avoir peur. C'était la dernière chose que James et Lily lui avaient laissé, une lettre d'eux et il ne pouvait pas l'ignorer.

Il vit Remus commencer à lire la sienne, l'air concentré et ému. Sirius prit une inspiration et ouvrit sa propre lettre.

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Patmol,

Je ne sais pas par où commencer. Lily me harcèle depuis des jours pour que j'écrive cette lettre avant que nous n'allions faire le testament, mais qu'est-ce que je peux te dire sans virer dans le sentimental ? J'ai l'impression que nous avons passé notre vie à faire des blagues, à rire. Ce genre de lettre d'adieu ne nous ressemble pas et je ne sais pas quoi te dire.

Tu as été la meilleure personne que j'ai rencontré dans toute ma vie. Depuis qu'on s'est rentré dedans sur le quai 9 3/4, on ne s'est jamais quitté. Jamais, parce que depuis ce jour, tu es devenu mon frère. Tu sais que j'adore Remus et Peter, mais toi et moi, ça a toujours été différent.

C'est sans doute pour ça que t'écrire cette lettre me fend le cœur. Je m'imagine lire la lettre que tu m'aurais laissée après ta mort et ça me fait si peur. Comment a-t-on pu passer de cette joyeuse insouciance à cette peur terrible ? J'ai peur pour toi, pour Lily et Harry, pour tout le monde... Tout ça à cause de ce troll de Voldemort...

La seule chose que je te demande, c'est de ne pas être triste. Nous sommes des Maraudeurs et les Maraudeurs sont des battants. On ne s'effondre pas devant l'adversité, on combat. Et tu es le meilleur combattant que je connaisse, la personne la plus courageuse que j'ai rencontré.

Je veux que tu te souviennes de tous les bons moments que nous avons passés ensemble, pas les derniers remplis de tristesse, juste les bons moments. De toutes nos explorations du château (tu te souviens de notre première nuit où on s'était fait pincer par McGonagall ?), de nos fous-rires, de notre transformation en Animagi, des étés que tu as passés avec nous (mes parents t'ont toujours considéré comme leur fils), mon mariage, ton travail avec Lily... Je n'ai que des bons souvenirs avec toi et je veux que ça reste comme ça. Je veux que tu te souviennes de moi comme ça et que tu continues de vivre ta vie, comme on se l'est promis il y a quelques jours.

Tout ce que j'espère c'est que, quand tu liras ces mots, Voldemort sera enterré et que Harry sera en sécurité avec toi.

J'ai laissé la difficile tâche à Lily de te parler plus sérieusement de choses importantes. Moi je n'en ai pas la force. Voldemort veut nous tuer, mais il ne sait pas que les Maraudeurs sont éternels, quoi qu'il se passe.

Le fait que tu acceptes de faire croire que tu es le Gardien pour nous protéger c'est plus qu'on n'aurait jamais pu te demander. Je sais que tu n'es pas le traitre et je te confierais ma vie, sans aucune hésitation.

Je sais aussi que tu t'occuperas parfaitement bien de Harry. C'est pour cela qu'on t'a nommé parrain, pas seulement parce que tu es mon meilleur ami, non, on l'a fait parce qu'on savait que tu serais la meilleure personne pour s'occuper de Harry s'il nous arrivait quelque chose.

Je sais que tu t'occuperas de Harry comme ton fils et c'est ce que je veux. Je ne veux pas que tu sois moi. Tu es toi et c'est déjà parfait. Tu crois sans doute que tu ne seras pas à la hauteur, mais tous les parents le pensent. Harry t'adore déjà et je ne doute pas que vous apprendrez tous les deux à être heureux, à vous faire confiance et à être une famille. Fais-toi confiance.

Je n'oublierais jamais tout ce que nous avons vécu ensemble et, si je dois mourir, alors j'aurai au moins eu la chance de t'avoir connu.

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

Cornedrue.

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Cher Sirius,

James t'a sans doute dit dans sa lettre que je l'avais obligé à terminer la sienne. Je t'avoue honteusement que c'est la dixième fois que j'écris la mienne. J'ai tant de choses à te dire, tant de choses à prévoir et, pourtant, je ne sais plus quoi te dire au moment de le faire.

La chose la plus importante que je veux te dire c'est que je te fais une entière confiance avec Harry. Nous en avons souvent parlé et je sais que tu as peur de ne pas être un bon parrain, mais tu ne seras pas un bon parrain. Tu seras un père formidable pour Harry et je n'ai aucun doute à ce sujet.

Au moment où je t'écris tu es dans le salon avec James, en train de jouer avec Harry. Tu es transformé en Patmol et tu le laisses monter sur son dos (dans une totale insécurité que je tolère pour pouvoir écrire ma lettre). J'entends les rires de Harry, j'entends tes aboiements, j'entends à quel point mon fils t'aime.

Et nous t'aimons, nous aussi. Et c'est pour ça qu'on pourrait laisser notre vie entre tes mains. Tu es la meilleure personne que je connaisse (à l'exception de James, évidemment), intelligente, drôle et avec un cœur énorme. Ne prends pas la grosse tête, mais il faut que tu saches que j'ai été ravie d'avoir la chance de travailler à tes côtés et de passer ces quelques années avec toi.

Mais tu sais déjà tout ça, donc je vais passer au plus important de cette lettre que James m'a galamment laissé écrire. (Dans une totale lâcheté de Serpentard si tu veux mon avis) (Je suis outré par ton accusation !) (James, c'est ma lettre, retourne écrire la tienne).

Comme tu le sais, Voldemort est à notre recherche. Si tu lis cette lettre c'est que nous sommes morts et j'espère simplement que Harry est vivant. Je ne peux pas imaginer qu'il ne soit plus là...

Ce que je vais te révéler est d'une importance capitale et doit rester secret. N'en parle qu'à des personnes de confiance.

Voldemort n'est pas à notre recherche, mais il cherche à éliminer Harry... C'est Albus qui nous en a informé. Il y a une prophétie qui a été rendue (quelque chose de complètement tordu), mais Voldemort y croit assez pour nous rechercher.

L'un de ses mangemorts a entendu le début de la prophétie (les deux premières phrases), lui a communiqué, puis en a informé Albus. Il n'a pas voulu nous dire qui avait changé de camp, (si tu veux mon avis c'est un gros troll !). Désolée pour l'interruption, mais tu sais comment est ton meilleur ami. Bref, nous ne savons pas qui est le Mangemort, mais là n'est pas la question, ces renseignements nous ont permis de nous cacher avant d'être attaqués (même s'ils nous ont trouvé au Flâneur, nous étions prêts).

Nous avons réussi à convaincre le professeur Dumbledore de nous donner la prophétie, après beaucoup d'insistance. Je t'écris la prophétie ci-dessous :

"Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois..."

Comme tu le vois, c'est tout ce qu'il a de plus fumeux. De ce que nous a dit Albus, l'enfant visé est soit Harry, soit le fils des Longdubat, qui se sont caché eux aussi. Albus n'a pas caché son inquiétude, indiquant que ce serait sans doute nous qui serions visés plutôt qu'eux... (sans doute un renseignement de celui qui a changé de camp)

Tu es le seul à être au courant. Il n'y a rien à ce sujet dans la lettre que nous avons écrite à Harry, parce que nous ne savons pas à quel âge il pourra la lire. Nous avons peur qu'il soit trop jeune et, surtout, nous ne croyons pas à ces sornettes !

Pourquoi un enfant arriverait à tuer un Mage Noir comme Voldemort ? Et puis, cette branche de la magie n'est vraiment pas fiable. Nous ne pensons pas que Harry soit destiné à vaincre Voldemort et il est plus que probable que la prophétie ne se réalise jamais.

James et Albus se sont violemment disputés quand nous avons compris qu'il semblait au contraire croire que Harry était destiné à le vaincre. Je t'avoue que nous sommes inquiets et c'est pour cela que je voulais t'en parler dans cette lettre. Parce que, si jamais nous ne nous en sortons pas, nous avons besoin que tu protèges Harry.

Tu dois l'entraîner, au cas-où Voldemort soit toujours à sa recherche (je te fais confiance avec tes talents en duels), mais il n'est qu'un enfant. Nous ne voulons pas qu'il soit entraîné dans une guerre qui le dépasse. Je veux qu'il profite de son enfance et je suis sûre que tu seras d'accord avec moi sur ce point. J'espère surtout que, quand tu liras cette lettre, Voldemort ne sera qu'un lointain souvenir...

Quoi qu'il en soit, protège notre fils. Tu peux lui parler de la prophétie quand tu l'estimeras nécessaire, mais je ne veux pas qu'il prenne la grosse tête. Je veux qu'il soit le plus éloigné de Voldemort possible et, surtout, que personne ne l'utilise. Vaincre Voldemort n'est pas une excuse pour entraîner un enfant dans une guerre et Albus doit le comprendre. Il s'engagera dans la lutte contre Voldemort s'il le souhaite, mais pas parce qu'on l'a forcé, surtout pas par une voyante à la noix !

Je crois avoir fait le tour de ce que je voulais te dire. C'est toujours difficile pour moi de terminer, mais je dois le faire. Crois en toi, Sirius. Je te confie la prunelle de mes yeux, je sais que tu ne me décevras pas. Continue nos recherches, si tu le souhaites, mais surtout continue de vivre. Nous serons toujours là, à tes côtés.

Avec tendresse,

Lily.

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Sirius constata avec tristesse que, dans leurs lettres, James et Lily partaient du principe que Harry était vivant et ça lui tordait le cœur. Ils n'avaient jamais douté qu'ils protègeraient Harry. Sirius savait que c'était sans doute parce qu'ils ne pensaient pas être trahis un jour. Ils avaient confiance en Peter à cent pourcent, ce qui rendait sa trahison encore plus terrible.

Il releva la tête et se rendit compte qu'il pleurait. Remus ne semblait pas mieux et avait le regard dans le vague, serrant la lettre contre lui en retenant difficilement ses sanglots.

– Ça va aller, Lunard ? demanda Sirius d'une voix enrouée.

– Ils sont... C'est... Je ne sais pas quoi dire.

– Je sais, assura Sirius qui ne savait pas comment réagir non plus.

– Ils m'ont dit des choses... j'avais l'impression de les avoir devant moi.

– Pareil.

Sirius et Remus se sourirent tristement avant de lever leurs verres à leur mémoire.

– Il y a quelque chose dans ma lettre, dit finalement Sirius après un temps d'hésitation.

Une prophétie.

Il aurait voulu ne jamais lire cette partie, il aurait préféré ne pas savoir. Mais, en même temps, il savait à présent qu'il était à arme égale avec Voldemort et Dumbledore. Il avait un coup d'avance et ça ne pouvait lui être que profitable. Et il savait enfin pourquoi Dumbledore obligeait Harry à retourner chez les Dursley pour ces fichues protections. Ce n'était pas seulement parce qu'il craignait que Harry soit une cible pour Voldemort, mais parce qu'il voulait que Harry tue Voldemort et qu'il pensait que les protections pouvaient l'aider.

– Quoi ? demanda Remus en voyant le regard de son meilleur ami se voiler.

– Tu connais des choses sur les prophéties ?

– Mm. C'est une branche assez obscure de la magie, grimaça Remus.

– Une prophétie a été faite sur Harry.

– Une prophétie ? répéta Remus.

– Oui.

Sirius hésita un court moment puis expliqua à Remus ce qu'il venait de lire.

– Donc... dit Remus d'une voix sourde.

– Oui, Dumbledore a mis Harry chez les Dursley pour le protéger parce qu'il pense que c'est lui qui doit tuer Voldemort.

– Mais c'est un enfant ! éructa Remus fou de rage. Comment peut-il penser que...

– Je ne sais pas, Remus. Et puis, est-ce qu'on ne peut pas déjà dire que la prophétie s'est accomplie ? Théoriquement, il l'a déjà tué une fois.

– Il y a différentes manières de lire une prophétie, soupira Remus en recopiant sur un parchemin la prophétie. C'est pour cela que c'est un peu...

– Fumeux ?

– Exact.

Remus fronça ses sourcils en lisant de nouveau la prophétie, une plume à la main.

– On est sûr que ça concerne Harry ? demanda Remus.

– Oui. Lily et James ont bien défié Voldemort trois fois, en entrant dans l'Ordre du Phénix et lors de deux batailles où ils l'ont affronté. Ensuite et bien, ils m'ont dit que ça pouvait concerner soit Harry, soit le fils Longdubat.

– Ses parents ont été torturés par Bellatrix, releva avec précaution Remus. Ils ont perdu la tête et sont à Ste Mangouste.

– Je sais bien, grimaça Sirius. Tu penses que c'est pour ça ?

– Sans doute que Voldemort a voulu être sûr d'éliminer les deux garçons.

– Peut-être. Dans tous les cas, Dumbledore semblait persuadé que c'était Harry qui était visé et, de ce que je comprends, Voldemort aussi.

– Une prophétie ne se réalise que parce qu'on y croit, dit Remus d'une voix professorale. Voldemort a choisi Harry, donc c'est bien lui qui est visé. Mais ça, ce n'est pas le plus fumeux. On va dire que c'est même plutôt clair, c'est la suite qui me chiffonne. "Il le marquera comme son égal"...

– Ça désigne sa cicatrice ?

– Je pense. Et le fait qu'avec, il semble lui avoir transmis certains de ses pouvoirs comme sa capacité à parler aux serpents. Mais ce qui m'inquiète le plus c'est "l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit".

– Tu ne crois quand même pas que Harry doit tuer Voldemort ? s'exclama Sirius.

– Non, dit Remus sans aucune hésitation. Enfin, ça peut être le sens auquel on pense en premier. Mais ça peut prendre un autre sens si on découvre un Horcruxe dans la cicatrice de Harry.

– Il n'y a que Voldemort qui peut détruire son Horcruxe ? demanda Sirius inquiet.

– Non, il ne faut pas le prendre au sens littéral je pense. S'il y a bien un Horcruxe, c'est en gros pour dire que cette part d'âme doit être enlevée de Harry. Et puis, ça ne veut pas forcément dire que Harry doit tuer Voldemort, mais qu'il doit simplement tuer la partie d'âme de Voldemort.

– Ça se tient...

– Et le "pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore", je pense que c'est le fait que Lily se soit sacrifiée pour lui. Harry m'a dit qu'elle n'était pas destinée à mourir, indiqua Remus avec appréhension ne sachant pas si Sirius était au courant. Quand il entend les détraqueurs, il...

– Je sais, dit Sirius en se tendant, il entend Voldemort tuer James et Lily.

– Il m'a dit que Voldemort a demandé à Lily de se pousser. Il ne voulait pas la tuer.

– Mais pourquoi ? Je veux dire, c'était une née-moldue...

– Je ne sais pas, soupira Remus. Mais en tout cas, elle n'était pas... Il lui a laissé le choix et elle a donné sa vie pour sauver Harry. Ce qui l'a protégé, c'est de la vieille magie.

– Tu penses vraiment que ça a suffit ? s'étonna Sirius. De juste donner sa vie pour lui ?

– Je ne sais pas, c'est ce que pense le directeur en tout cas, énonça Remus.

– Il n'y a pas d'autres personnes qui se sont sacrifiées pour leur famille ? Lily faisait des recherches sur les protections magiques, elle aurait pu trouver quelque chose, proposa Sirius.

– Peut-être.

– En tout cas, si Voldemort a entendu le début de la prophétie, il pense que Harry a le pouvoir de le vaincre... continua Sirius d'une voix inquiète.

– Il va chercher à éliminer la seule menace qui se dresse devant lui, conclut Remus en comprenant où voulait en venir Sirius. C'est pour ça que Dumbledore veut que les protections restent actives, pour que Voldemort ne puisse pas le toucher. Et il y avait aussi les risques de représailles de anciens mangemorts.

– Sans doute, souffla Sirius en se massant les tempes.

– Il va falloir l'entraîner, énonça Remus avec précaution.

– Oui, assura Sirius un peu anxieux à l'idée d'entraîner un enfant de treize ans à se protéger contre un mage noir qui semblait décidé à le tuer. On sait qu'il va être une cible de choix pour Voldemort. Mais jamais, jamais il ne fera partie de l'Ordre des Maraudeurs en tant qu'actif. Hors de question.

– Je vais chercher ce que je peux sur les prophéties, dit gentiment Remus. Tu vas lui en parler ?

– Comment je pourrais le lui dire ? soupira Sirius en se prenant la tête entre ses mains. Il a treize ans, il est si jeune... Je n'ai même pas sa garde. J'ai l'impression que des obstacles n'arrêtent pas de se mettre en nous et ça me fait peur.

– C'est parfaitement normal. Laisse Harry vivre quelques mois tranquillement. La fin de l'année approche et si tu veux lui dire, il faudra lui dire en face. Pour le moment, concentre-toi sur ta demande de garde et sur vos vacances.

– Tu as sans doute raison.

– Et pour Amelia et Rufus ? demanda Remus.

– Je pense que je vais attendre la prochaine réunion, souffla Sirius. J'ai peur que... imagine qu'ils veuillent que Harry reste protégé ?

– Amelia te soutiendra, assura Remus. Elle sait que des protections existent pour le protéger contre Voldemort et pourtant elle veut qu'il parte.

– Oui, mais si elle croit la prophétie ? Et puis, est-ce qu'on fait le bon choix ? Si rester chez les Dursley lui permet d'être vraiment protégé contre Voldemort...

Remus soupira en comprenant le dilemme qu'avait Sirius.

– On ne peut pas le laisser là-bas, affirma Remus. Oui, il y a des protections, mais clairement Harry n'était pas censé être attaqué par Voldemort. Il aurait dû être protégé dès le début. Et puis, ce qu'il vit là-bas... Ce n'est pas une vie pour lui. On va l'entraîner pour qu'il sache se protéger, on va détruire les Horcruxes, détruire Voldemort et Harry n'aura plus jamais l'occasion de se retrouver face à lui.

Sirius souffla de soulagement en voyant que Remus le soutenait sur ce coup et semblait sûr de lui. Il fallait sortir Harry de chez les Dursley. Savoir que Voldemort chercherait forcément à tuer Harry le faisait frissonner. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'en partant de chez les Dursley, Harry serait sans protection. Il suffisait d'une attaque, une seule...

– Voldemort n'est même pas de retour, dit Remus en voyant ses doutes. Tu fais le bon choix. Tu te vois le laisser chez eux ?

– Non. Non, répéta Sirius plus déterminé. Tu as raison. Je vais faire des recherches sur les protections. Peut-être que Lily avait un rituel ou quelque chose comme ça qui pourrait se transmettre, je ne sais pas. Je vais regarder ça.

– Bien. La priorité c'est que tu aies la garde complète de Harry. Je vais faire des recherches de mon côté et on parle à Rufus et Amelia après, si c'est ce que tu veux ?

– Je pense que c'est une bonne idée, souffla Sirius. Est-ce que tu penses que...

Il fut interrompu par un hibou qui pénétra dans la maison, déposant une lettre sur les genoux de Sirius.

– C'est une lettre de mon avocat, expliqua Sirius après l'avoir ouverte. Il vient de faire la demande de garde. Il a pris contact avec Amelia et ils sont d'accord sur le fait qu'on ne dit rien à la presse pour le moment, s'agissant du testament.

– Ils veulent faire un dossier contre Dumbledore, s'il y a un procès, devina Remus amusé de voir qu'Amelia aidait à ce point Sirius.

– Il faut croire.

– Amelia est gentille, non ? demanda Remus d'un ton faussement détaché.

– C'est la meilleure, sourit largement Sirius avant de croiser le regard malicieux de Remus. Je sais ce que tu penses, mais non.

– C'est sûr qu'elle n'est pas du genre à te tomber dans les bras comme ça.

– Tu m'as vu ? Je suis un ancien prisonnier, qui voudrait de moi ? souffla Sirius.

– Beaucoup de personnes. Il n'y a que toi qui ne le voit pas, assura Remus.

– Mm, si tu le dis. Mais tu sais, je dois d'abord élever un adolescent et éliminer Voldemort qui veut tuer l'adolescent que je vais élever. Les relations amoureuses pour le moment, non merci.

Sirius ne pouvait pas lui avouer qu'au fond de lui il se sentait mort. Que le souffle des détraqueurs sur sa nuque le hanterait à jamais et qu'il ne savait pas si une femme était capable de supporter ses angoisses, ses cauchemars. Et lui ? Pourrait-il supporter de faire de la place à une femme dans sa vie ? Il préférait ne pas y penser. Il avait d'abord beaucoup de choses à régler ; retrouver sa place dans la société magique, avoir la garde de Harry, s'occuper de Harry, gérer l'opération puzzle... Non, les relations étaient loin d'être à l'ordre du jour.

– Mais tu sais...

– Remus, gronda Sirius.

Remus capitula en voyant que Sirius n'était pas prêt à en parler. Il était inquiet pour son ami, mais il savait qu'il devait le laisser gérer sa sortie d'Azkaban de son côté. Il ne pouvait pas redevenir celui qu'il était avant et ne pensait même pas cela possible. Il allait simplement devoir gérer sa nouvelle vie et il fallait lui laisser le temps de se remettre. À son rythme.

– Et puis je suis déjà incapable de m'occuper de Harry donc bon...

– N'importe quoi ! s'exclama Remus, l'air sévère. Harry t'adore.

– Je ne sais pas... Je ne sais pas comment faire, grimaça Sirius. Regarde avec cette histoire des Serdaigles... Je n'ai pas su gérer. Comment je vais faire s'il fait des bêtises ? Et s'il me dit qu'il me déteste et qu'il regrette d'habiter avec moi ? Et puis... Il ressemble à James parfois et ça me plaît quand même. Je sais qu'ils ne sont pas pareil, mais... Ça me fait du bien de revoir une partie de James en lui. Le fait qu'il se venge contre ces garçons... J'ai trouvé ça drôle moi. Je suis nul comme parent.

– Tu n'as juste pas confiance en toi, répliqua Remus en levant ses yeux au ciel. Tu veux être parfait tout de suite. Mais tu ne peux pas. Tu ne seras jamais un parent parfait quoi que tu fasses...

– James et Lily auraient été parfaits. Je ne comprends pas pourquoi ils ont voulu que ça soit moi... Je suis de toute évidence, psychologiquement déviant.

Remus éclata de rire parce que cette insulte était la préférée de James quand son meilleur ami l'agaçait. Les Maraudeurs savaient que Sirius avait des problèmes avec sa famille et qu'il avait parfois des comportements particuliers, mais aucun d'eux n'avait de doute s'agissant de son incroyable sens de l'amitié. Si Sirius avait du mal à se lier avec les autres, dès qu'il aimait quelqu'un il faisait tout pour le protéger.

Sirius était loin d'être psychologiquement déviant et, malgré tout ce qu'il avait pu vivre, il n'avait jamais perdu sa capacité à se relever et à se battre pour ceux qu'il aimait, ce qui était l'une des qualités que Remus appréciait le plus chez lui. Il perdait souvent le contrôle, était impulsif, mais Sirius Black n'abandonnait jamais. Sirius Black se battait toujours pour les causes qu'il estimait justes.

– Je pense que tu ne dois pas te comparer à James, assura Remus. Ni à Lily. Tu sais comme moi qu'ils étaient aussi paniqués que toi quand ils ont eu Harry. Tu ne te souviens pas de la fois où Lily l'a fait tomber ou quand James lui a lancé le ballon un peu fort et qu'il s'est cogné la tête ? Et puis, il arrivait aussi à Lily d'être dépassée. James avait peur que Harry soit aussi prétentieux que lui... Ils avaient peur, ils n'ont pas été parfaits et tu sais quoi ? Ce n'était pas la fin du monde, parce que personne ne peut l'être.

– Je ne suis pas convaincu et puis...

– Et puis quoi ? Tu sauves Harry des Dursley, tu lui donnes une maison où il se sent aimé, tu luttes contre Voldemort parce que tu as peur qu'il s'en prenne à Harry, tu le soutiens quand il fait des cauchemars... Tu as raison, tu as l'air absolument horrible comme parent, ironisa Remus.

– Mais je l'ai laissé tomber. Il y a douze ans, gémit Sirius en posant sa tête sur la table fraiche.

– Sirius, coupa Remus. Tu as fait des erreurs et tu vas en refaire. Mais ce n'est pas ça qui est important. Ce qui est important c'est que tu aimes Harry et que tu veux le protéger. Alors oui, tu vas te tromper, sans doute que tu ne sais pas encore comment le punir, que tu ne sais pas comment tu veux l'éduquer, et alors ? Harry t'adore. Et je te signale que, lui aussi, il ne sait pas comment faire.

– Il n'a rien à faire, s'étonna Sirius en relevant sa tête.

– De la même manière que toi, il pense qu'il doit faire des efforts, qu'il n'est pas un bon fils ou je ne sais pas trop ce qu'il pense en fait. Il a peur que tu l'abandonnes.

– Ça n'arrivera jamais ! assura Sirius fortement.

– Je le sais, soupira Remus. Je sais Sirius, mais lui aussi il a peur. Alors oui, vous n'êtes pour le moment pas encore une vraie famille, mais ça va venir, vous allez vous adapter. Laissez-vous du temps, ça ne fait que quelques mois que vous vous connaissez.

– Tu ne voudrais pas m'aider ? demanda Sirius les yeux brillants d'espoir.

– Je serai toujours là pour t'aider, assura Remus avec détermination. Mais je ne serais jamais le tuteur de Harry. Tu es son parrain, son futur tuteur et tu dois agir comme tel. En te trompant, en essayant... C'est ça être parent.

– Comment tu peux savoir autant de choses ?

– J'ai beaucoup parlé à Lily quand elle était enceinte. Elle avait peur de ne pas être une bonne mère. Parce qu'elle avait vu que ses parents avaient fait des différences entre elle et sa sœur, elle avait peur de trop gâter Harry ou pas assez, elle avait peur d'être trop sévère, pas assez drôle par rapport à James, elle avait peur de plein de choses.

– Je n'en avais aucune idée...

– C'est parce qu'elle n'osait pas en parler, s'amusa Remus. Mais finalement, elle a été une mère géniale. Je veux juste te dire... ne prends pas modèle sur eux. Tu ne seras jamais James et Lily et je pense que Harry le sait. Il ne veut pas le spectre de James, il te veut toi. Sirius.

– Et s'il refait des bêtises ?

– Tu sauras lui dire qu'il va trop loin, assura Remus en souriant.

– Et toi, tu seras là pour m'aider ?

– Bien sûr. Mais c'est toi qui doit poser des limites. Harry est un garçon adorable. Il a vécu beaucoup de choses difficiles et je sais que tu as la tentation de tout lui laisser passer à cause de ça. Mais tu sais que ce n'est pas la bonne solution. Tu dois lui dire quand il va trop loin, tu dois l'interdire de faire partie de l'Ordre des Maraudeurs si tu ne veux pas qu'il s'implique, tu dois l'aider à grandir et tu vas très bien t'en sortir.

– Tu n'as pas d'autres conseils comme ça ?

– Parle-lui. Tu sais, il me parle beaucoup de toi, il t'admire tellement. Il a déjà envie que tu t'occupes de lui, c'est déjà une bonne chose. Ensuite... et bien tâtonnez ensemble et vous trouverez un moyen de devenir une vraie famille.

Sirius soupira en songeant qu'il avait encore un grand chemin à faire avant d'être un vrai parent. Il ne se sentait pas forcément légitime, mais il serait sans doute meilleur que les Dursley. Il savait simplement qu'il ne serait jamais aussi bon que James et Lily et ça lui faisait du mal. Harry méritait mieux.

– Laisse-toi du temps, dit gentiment Remus en voyant que ça le minait. Dans quelques mois tu pourras te dire que tu es un super parent, je te le promets.

– Si tu le dis.

Sirius s'apprêtait à lui demander comment il avait vécu le fait de punir Harry quand la sonnette du Square Grimmaurd retentit.

– Ah, vous êtes là ! lança Amelia qui pénétra dans le salon avec un grand sourire, visiblement heureuse de finir sa journée.

– Tu finis tôt, remarqua Sirius en fixant la grande horloge murale et se levant pour l'accueillir.

– Je sais, mais ton avocat m'a passé un coup de cheminette pour discuter de la demande de garde et je voulais te voir pour discuter de la manière dont on va gérer un procès.

– Tu penses qu'il va y avoir un procès pour la garde ? soupira Sirius en s'affalant dans son fauteuil, dépité.

– Oui. Avec ce que tu m'as dit de Dumbledore et des protections, c'est presque sûr. On est d'accord avec ton avocat pour garder le maximum de choses au cas-où. Mais ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. Ça va Remus ? demanda-t-elle en attrapant un petit gâteau.

– Nous sommes en pleine crise de parentalité, ricana Remus en fixant Sirius qui le fusilla du regard.

– Encore ? Sirius je t'ai dit que tu allais être génial !

– Mais si je me trompe et que...

– Tu vas forcément faire des erreurs, rit Amelia. Ne pas savoir comment faire, quoi lui dire, surtout à cette période de leur vie. Regarde-moi, je m'occupe de Susan depuis des années et pourtant il m'arrive de ne pas savoir quoi faire avec elle. Il y a quelques semaines, elle m'a envoyé une lettre en me disant qu'elle s'était disputé avec un ami. Donc je lui conseille d'en discuter, vous voyez ? Et là elle me dit que non, que je ne comprends rien et blablabla. Finalement ils ont parlé et ça s'est arrangé. Non mais, quelle plaie les enfants !

Remus éclata de rire alors que Sirius semblait soulagé de voir que même Amelia avait parfois des problèmes de communication ce qui n'empêchait pas Susan d'aimer sa tante.

– Tu n'as pas l'impression d'être dépassée parfois ? s'enquit Sirius.

– Dépassée ? Mais tout le temps. Et imagine quand elle va commencer à sortir avec des garçons. Que Morgane me vienne en aide. Je me sens si nulle comme tutrice, soupira Amelia. J'ai toujours pensé que j'étais trop jeune quand je l'ai récupéré, mais je ne pouvais pas la laisser.

– Et comment tu fais ?

– Je me rappelle de toutes les fois où Susan me dit qu'elle m'aime, sourit tendrement Amelia. Je me souviens de chacun de nos moments et que, à chaque fois qu'on se dispute, on se réconcilie. Je sais que je ne suis pas parfaite, et je ne le serais jamais, mais je sais que Susan ne manque de rien et qu'elle a toujours quelqu'un à qui parler si ça ne va pas.

– C'est exactement ce que je disais, dit Remus. Tu ne seras pas parfait, Sirius, mais Harry t'aime.

– Ça c'est sûr ! confirma Amelia. Au procès, je peux t'assurer que tout le monde l'a vu, même Dumbledore. Vous êtes vraiment mignons. Et puis même si tu te trompes ce n'est pas grave. C'est l'avantage d'être un parent, ils sont coincés avec nous jusqu'à leurs dix-sept ans et tu as le temps de te faire pardonner.

– Je ne sais pas si ça me rassure, grimaça Sirius.

– De toute façon vous n'avez vécu ensemble que quelques semaines, tu ne pouvais pas vraiment être un parent. Ça viendra avec le temps, assura Amelia. Tu crois que j'étais parfaite au début ? J'en ai fait des boulettes ! soupira-t-elle. Et Susan n'en est pas morte. On en rigole même maintenant.

– Je l'espère, consenti Sirius qui était soulagé de voir que ses amis croyaient en lui.

– Et puis, jamais Lily et James ne t'auraient confié la garde de leur fils s'ils ne t'avaient pas fait confiance, assura Remus ce qui eut le mérite de le faire sentir plus confiant.

– Laisse-toi du temps. Bon, sinon le testament, enchaîna Amelia. Ton avocat m'a simplement dit que tu avais été nommé tuteur, tu peux m'en dire plus ?

– Je vais vous laisser, intervint Remus en voyant l'heure. J'ai des cours à préparer et un directeur à éviter.

– Mm, mets-lui une claque pour moi, grinça Sirius en se levant pour le raccompagner.

– Je vais surtout l'éviter, soupira Remus qui n'avait pas digéré le fait qu'il aurait pu être à l'abri du besoin de très longues années avec la somme que lui avait laissée Lily et James.

Il n'avait jamais voulu de l'aide de ses amis. Mais réfléchir à ses douze années passées à trimer pour avoir un travail, pour être engagé quelque part, pour manger et dormir... oui, il aurait voulu avoir cet argent dès le départ, pour se lancer dans quelque chose, pour se sentir en sécurité. Mais le directeur l'en avait empêché. Il avait fait ce qu'il croyait juste et avait simplement blessé tout le monde, de façon irréversible. Et ça, Remus avait du mal à l'encaisser.

– J'espère que tu viendras m'aider, souffla Sirius quand ils furent devant la porte d'entrée.

– Je te l'ai dit, je serai là.

– Non, mais pendant les grandes vacances. Tu pourrais venir habiter à la Villa Bleue, si ça te dit ?

– Je ne sais pas Sirius, je...

– S'il te plaît, supplia Sirius avec des yeux de chien battu. On a besoin d'un adulte. Et puis, Lily et James voulaient que tu t'occupes de Harry aussi.

– Ce n'est pas pareil, c'était avant tout ça. Et puis, vous avez besoin de vous retrouver tous les deux.

– Harry a besoin d'être entraîné, tu l'as dit toi-même...

– Il ne peut pas pratiquer la magie en-dehors de Poudlard, sermonna Remus.

Sirius posa sur lui un regard rempli de malice.

– Je ne sais pas, soupira Remus. Et puis, j'ai toujours mon...

– Ton problème de fourrure n'est pas un souci, on te trouvera une place au Square Grimmaurd pour les soirs de pleine lune, assura Sirius. Promets-moi juste d'y réfléchir.

Remus hocha la tête, sachant que Sirius allait le harceler avec ça. Mais il ne pouvait pas lui dire non comme ça. Sirius avait les yeux brillants d'espoir et il ne pouvait pas gâcher ses espoirs. Remus ne voulait simplement pas dépendre de quelqu'un et surtout pas de son meilleur ami, mais il se promit d'y réfléchir malgré tout.

– À bientôt, salua Remus en sortant de la maison.

– Enlève des points aux Serpentards ! cria Sirius à Remus qui éclata de rire avant de transplaner.

Sirius retourna vers Amelia qui l'attendait patiemment, parcourant du regard la grande bibliothèque du salon.

– Je n'en reviens pas de toute cette magie noire, souffla-t-elle les yeux écarquillés. Les potions de grands pouvoirs, ça fait tellement...

– Sang-pur ? ricana Sirius. Oui. Il me semble que tu as une potion pour mettre le cœur de quelqu'un dans une bouteille, c'est drôle non ?

– Hilarant, frissonna Amelia.

Rufus était absolument sous le charme de la vieille maison des Black, admirant les livres anciens et les objets de magie noire, appréciant même de parler avec Kreattur de l'histoire de la famille. Il avait été interloqué par l'arbre généalogique des Black et y avait passé de longues heures à observer chaque ramification.

Au contraire de Rufus, Amelia détestait cette maison autant que Sirius. Elle ne s'y sentait pas à l'aise. Kreattur l'aimait beaucoup car elle représentait la famille Bones, l'une des plus anciennes familles de sang-pur de l'Angleterre, mais elle était mal à l'aise, elle frissonnait dans chaque pièce qui, même rénovée, laissait une impression désagréable d'être remplie de magie noire.

– Allez suis-moi, dit Sirius en la poussant avec son coude.

– Où ça ?

– Je t'invite chez moi, répondit malicieusement Sirius.

– C'est chez toi, remarqua Amelia avec prudence.

– C'est la maison de mes parents, mais je ne vis pas ici. Et si tu veux qu'on parle des enfants, il vaut mieux être dans un environnement plus agréable.

Amelia le regarda avec étonnement. Jamais Sirius ne leur avait dit qu'il n'habitait pas ici. Il semblait s'y être installé pour ses recherches et elle ne s'était pas posée de question, mais il est vrai que cette maison était un peu sombre et lugubre et ne lui correspondait pas forcément.

– Je ne voulais pas que Harry vive ici, expliqua Sirius en la prenant par le bras.

Il avait longtemps hésité avant de montrer son véritable lieu de vie à Amelia, mais Harry avait donné son accord. Il attendait un peu avant d'y emmener Rufus. Il ne savait pas comment il allait récupérer Harry avec la garde mais, au cas-où, il valait mieux que le Chef des Aurors ignore où se trouvait la Villa Bleue pour être sûr qu'il ne puisse pas les retrouver.

– Et donc tu veux m'inviter chez toi ? comprit Amelia en haussant les sourcils.

– Oui, je sais que tu n'aimes pas cette maison, sourit Sirius. Je te comprends, parce que moi aussi je la déteste. On sera mieux près de la mer.

– Tu habites à la mer ? demanda-t-elle les yeux brillants se retenant de sautiller de joie.

– Eh oui. Ça te tente ?

– C'est en toute amitié, évidemment ?

– Mais oui, dit Sirius en levant ses yeux au ciel.

– Alors d'accord, sourit Amelia très excitée à l'idée de découvrir la maison de Sirius.

– J'habite à la Villa Bleue, dit Sirius en fixant Amelia.

– Fidelitas... murmura-t-elle en comprenant ce qu'il venait de se passer.

– Je suis prudent.

– Je vois ça.

Sirius attrapa la main d'Amelia, puis Kreattur les fit transplaner à la Villa Bleue dans un pop sonore.

.

Mon ange,

Bambi, (c'est ta mère qui m'a fait découvrir ce qu'on appelle une ténévinion, elle m'a montré un film qui s'appelle Bambi, c'est drôlement triste, tu ne trouves pas ? Mais c'est le petit d'un cerf, donc ça t'allait bien) (James...) (Je lui explique simplement le contexte, ma chérie)

Notre fils,

Nous espérons de tout cœur que jamais tu ne liras cette lettre. Si c'est le cas, tu dois tout d'abord savoir que nous t'aimons du plus profond de notre cœur. Tu étais un petit garçon si aimé, si désiré. Tu es la prunelle de nos yeux et la plus belle chose qui nous soit arrivée dans la vie. Nous t'aimons si fort.

Même si nous ne sommes plus là, nous serons toujours prêts de toi, dans ton cœur. Nous espérons que tu pourras être élevé par Sirius, qui saura prendre soin de toi. Vous serez heureux tous les deux, nous le savons.

Nous avons si peu de temps pour t'écrire, tellement de choses à te dire... Tu dois profiter de ton enfance, de ta vie, même si nous ne sommes plus là. Nous voulons seulement que tu sois heureux.

Tu trouveras dans ton coffre de l'argent qui sera suffisant pour ta scolarité à Poudlard, ainsi que des à-côtés (Comme un balai haut de gamme) (James, Harry n'aimera peut-être pas le Quidditch) (Il utilise déjà son balai-jouet comme un pro, c'est un futur joueur, Lily !). À ta majorité, tu accèderas aux coffres où tu trouveras des biens, précieux ou sentimentaux. Nous avons mis quasiment toutes nos affaires dans les coffres avant de nous cacher.

Comme tu le sais sans doute, nous avons dû nous cacher à cause de Voldemort. Nous espérons avant tout que tout ça soit de l'histoire ancienne. Si ce n'est pas le cas, sache que nous ne voulons pas que tu t'engages dans la guerre, sauf si tu le souhaites personnellement. Tu es indépendant et personne ne doit jamais te forcer. Tu dois profiter de ta vie, de ton enfance (Et faire des tas de blagues) (Bien travailler à Poudlard, aussi) (Tu es si sérieuse Lily) (Peu importe, fais ce qu'il te plaît mon ange, tant que personne ne t'oblige à rien).

N'hésite jamais à parler à Sirius ou aux autres Maraudeurs qui sauront t'aiguiller. Sirius a toute notre confiance. Il a un grand cœur et tu l'aimes déjà beaucoup (ton doudou est une peluche chien nommée Patty). Sirius sera un père pour toi, nous en sommes persuadés.

Fais attention à toi, sois heureux, c'est tout ce que nous voulons pour toi.

Nous t'aimons de tout notre cœur,

Tendrement,

Tes parents (James et Lily le plus beau couple de Poudlard, avec le fils le plus beau du monde) (Tu es tellement objectif, James) (Avoue simplement que tu m'aimes) (Oui, je t'aime. Et j'aime notre famille) (Moi aussi, je vous aime)

.

Après avoir lu le testament, lire la lettre de ses parents fendit le cœur de Harry. Il se leva de la Salle Commune où il s'était installé, pris sa cape d'invisibilité puisque le couvre-feu était dépassé, avant de se faufiler à l'extérieur. Il se dirigea vers le terrain de Quidditch et se posa sur les gradins, allongé, regardant le ciel qui scintillait. Il repéra instantanément l'étoile Sirius et sentit son cœur se réchauffer en la voyant. Il attrapa son miroir pour appeler son parrain.

Salut petit. Tu es dehors ? fit Sirius alarmé.

– J'avais besoin d'air, expliqua Harry en grimaçant.

– Oh... Comment tu... ?

– J'ai pris ma cape, il faut bien qu'elle serve, n'est-ce pas ?

Sirius sourit doucement, n'ayant pas le cœur à fâcher son filleul. Il ne faisait rien de mal et il voyait, sur son visage, que ça n'allait pas.

– J'ai reçu le testament et la lettre de mes parents, expliqua Harry. J'avais besoin d'air. Tu as eu une lettre toi aussi ?

Oui, soupira Sirius. Difficile à lire, ajouta-t-il la voix enrouée qu'il cacha en toussant.

– Comment s'est passée la lecture du testament ?

Très difficile, avoua Sirius après un temps d'hésitation. Dumbledore était là et il a compris que, si le testament avait été ouvert il y a douze ans, j'aurai été innocenté immédiatement.

– Je suis désolé.

– Ne le sois pas. Ce n'est pas de ta faute. Je suis juste tellement en colère contre tout ça. Mais je sais aussi que je dois avancer.

"Nous t'aimons de tout notre cœur" les derniers mots de ses parents faillirent faire pleurer Harry. Il n'avait aucun souvenir de ses parents lui disant qu'ils l'aimaient. En fait, personne ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait. C'était ce qu'il avait attendu toute sa vie, pourtant il se sentait mal. Il avait envie de pleurer, sa gorge était enrouée et il sentait un sentiment de tristesse qui se propageait dans tout son corps.

– Et toi, comment tu te sens ? osa demander Sirius en voyant que Harry avait fermé ses yeux.

– C'est compliqué, avoua Harry à son tour. Je suis content d'avoir une lettre d'eux, mais en même temps...

– En même temps tu te sens triste parce qu'ils ne peuvent pas te le dire en face ?

– Comment tu le sais ?

– Parce que je ressens la même chose que toi.

– Et puis, commença Harry, tu te rends compte que, si on l'avait ouvert, je n'aurais pas été chez les Dursley ?

Sirius prit une grande inspiration, sentant à quel point ce testament était un coup de massue pour tous les deux.

– Je sais, Harry.

– Sirius... Est-ce que...

– Oui, dit Sirius sans même lui laisser le temps de finir. J'ai fait la demande de garde. Quoi qu'il arrive, je viens te chercher à la fin de l'année. On passe les vacances ensemble, même si je dois te kidnapper pour ça.

– Je ne veux pas que tu retournes à Azkaban.

– Tu parles, j'y ai passé douze ans pour rien, j'ai pris de l'avance, je peux commettre un petit crime, ricana Sirius ce qui eut le mérite de faire sourire Harry.

– Donc, la demande est envoyée ? demanda Harry d'une voix inquiète.

– Oui. Alan et Amelia se sont concertés.

– Alan et Amelia ? releva Harry. Ils ne travaillent pas l'un contre l'autre normalement ?

– Un peu, mais je crois qu'Amelia veut vraiment que tu sois retiré de chez les Dursley. Elle a pris contact avec Alan il y a quelques semaines et ils parlent souvent pour savoir comment présenter les choses. Elle a beaucoup aidé.

– C'est bien. Qu'est-ce qu'ils ont dit pour la demande ?

– Ils ont mentionné le fait que je sois désigné comme ton tuteur dans le testament, que je suis toujours ton tuteur magique, que tes parents refusaient que tu ailles chez les Dursley et ils ont aussi parlé du fait que nous avions passé un mois ensemble et qu'on s'entendait bien. Alan m'a aussi dit que tu avais rédigé une lettre...

– Oui, sourit Harry. Ton avocat m'a contacté il y a une semaine pour savoir si j'acceptais de donner mon accord pour la demande de garde.

– Il ne me l'a pas fait lire, mais il m'a dit que ça pourrait avoir de l'importance.

– C'est super, souffla Harry soulagé. Tu penses que ça va marcher ?

– J'espère Harry. On attend la réponde du service du Ministère.

– Ils pourraient refuser ?

– Oui. Les Dursley sont ta famille par le sang, c'est important dans le monde magique.

– Mais les Dursley sont affreux !

– Je sais bien. Mais pour le moment nous n'en avons pas parlé, parce qu'on n'a pas de preuves, continua Sirius en voyant Harry essayer d'argumenter.

– Mais pourquoi quelqu'un s'opposerait à ça ?

– Pour "raison impérieuse", dit Sirius d'une voix tendue.

– Et tu penses que Dumbledore va s'y opposer ? comprit Harry en grimaçant.

– Oui. Pour les protections que ta mère a laissées sur toi. Parce qu'il veut te protéger contre Voldemort. D'ailleurs, tu es sûr que toi c'est bien ce que tu veux ? Tu sais que, si tu ne retournes pas chez ton oncle et ta tante, tu n'auras plus de protection contre Voldemort ?

– Oui, je le sais. Mais ce n'est pas important, assura Harry. Je ne veux pas retourner chez eux.

– Je le sais, assura Sirius. Je voulais juste être sûr que tu saches à quoi t'en tenir.

– Je suis sûr, répéta Harry.

– Parfait, souffla Sirius qui semblait visiblement soulagé.

– Mais si quelqu'un s'y oppose ?

Ne t'inquiète pas, dit Sirius d'un ton plus doux, s'il y a opposition, nous ferons appel et il y aura un procès et là on pourra faire valoir ce que les Dursley t'ont fait subir. On voulait juste te protéger le plus possible.

– J'espère que ça suffira.

– Moi aussi Harry. Moi aussi.

– Tu as dit que tu voyais un psychomage ?

Évidemment, dit Sirius. Il fallait que je montre que j'étais une personne responsable. J'ai également dit que j'avais un lieu où t'accueillir et Amelia a mis une note en disant que c'était un lieu de vie tout à fait convenable.

– Tu as invité Amelia à la Villa Bleue ? s'étonna Harry.

Sirius hocha la tête.

– C'est super.

– Elle a trouvé ça magnifique, sourit Sirius qui avait passé un moment charmant avec Amelia, parlant de leurs difficultés parentales et de Poudlard.

– Vous êtes drôlement proches, non ? ricana Harry.

On dirait Remus, murmura Sirius en grommelant dans sa barbe. Oui, mais pas comme tu l'entends. C'est une amie super. Et Rufus aussi.

– C'est ce que je vois. Je suis content que tu t'entendes bien avec eux, dit Harry qui sourit en voyant que Sirius semblait aller mieux de jour en jour.

– Moi aussi. D'ailleurs, je retrouve Rufus ce soir pour un verre dans un bar moldu.

– Je vais te laisser, du coup.

– Mais non ! s'exclama Sirius en comprenant que ses paroles pouvaient mettre Harry mal à l'aise. Je suis tout à toi.

– Je vais bien, assura Harry en voyant que Sirius s'inquiétait.

– Je ne veux pas...

– Je t'assure. J'avais juste envie de te parler et ça va mieux maintenant. Je vais rentrer, Hermione et Ron vont s'inquiéter.

– Ne te fais pas attraper.

– Tu me prends pour qui ? rétorqua Harry avec un sourire malicieux.

– Fais attention à Remus, s'amusa Sirius. Tu sais qu'il a un odorat développé.

– Je vais utiliser le sort que tu m'as appris pour cacher mon odeur, répliqua Harry en levant ses yeux au ciel.

C'est mon garçon, ça ! rit Sirius.

– Allez va t'amuser, dit Harry en sentant son cœur se serrer de joie à l'entente des paroles de son parrain. Bonne soirée.

Reste avec tes amis ce soir, amuse-toi bien ! sourit Sirius.

– Tu me manques.

Toi aussi, petit.

.

Sirius entra dans le cabinet d'Alan sans même s'annoncer. Amy releva brusquement sa tête de son dossier et vit tout de suite qu'il n'allait pas bien. Aucune trace de sourire, il était tendu et ses mâchoires étaient si contractées qu'il ne semblait pas pouvoir parler.

– Il est dans son bureau, dit-elle avec douceur.

Sirius se dirigea vers le bureau de son avocat qui releva la tête d'un air étonné de le voir débarquer dans son bureau.

– Mr Black ?

– Je viens de recevoir la lettre du Ministère.

Alan attrapa la lettre que Sirius déposa avec une telle force que le pot à crayon roula sur le bureau avant de tomber par terre.

.

Mr Sirius Black,

Vous avez sollicité l'attribution d'une demande de garde en la personne de Harry James Potter, dont la garde est actuellement détenue par Mrs Pétunia Angelina Dursley, née Evans, moldue.

Si l'ouverture du testament de James et Lily Potter a effectivement laissé un doute s'agissant de la garde de Mr Harry James Potter, nous sommes au regret de refuser votre demande.

Le Président du Magenmagot, Mr Albus Dumbledore, s'est opposé à votre demande d'attribution de garde pour "raison impérieuse" en nous communiquant les éléments suivants :

- la garde a été attribuée à Mrs Pétunia Dursley née Evans en raison d'une protection de sang qui permet de protéger Mr Harry James Potter contre d'éventuelles attaques

- Mrs Pétunia Dursley est la sœur de Mrs Lily Potter, née Evans, et a à cœur les intérêts de son filleul

- vous avez été emprisonné douze ans à Azkaban, ce qui peut conduire à des troubles qui nécessitent au moins un an de psychothérapie que vous n'avez pas encore atteint.

Vous pouvez faire appel de cette décision. L'appel sera traité dans un délai de six mois et sera fixé à une audience restreinte du Magenmagot.

Respectueusement,

Le Service de la Famille du Ministère de la Magie.

.

– Je ne comprends pas, éructa Alan. On a Amelia Bones de notre côté, un dossier en béton, comment il a pu faire passer une raison impérieuse avec tous les éléments qu'on a communiqués ?!

– Je ne sais pas, mais je sais juste qu'il nous met encore des bâtons dans les roues ! Ça ne lui a pas suffi de m'envoyer à Azkaban pendant douze ans ?! cria Sirius, les poings serrés, visiblement furieux.

– Calmez-vous, Mr Black, nous allons trouver une solution, dit Alan d'une voix plus douce.

– Mais quand ? Dans six mois ? Harry sera chez moi pendant les vacances, quoi qu'il se passe.

Alan soupira en voyant que Sirius était très sérieux. Il savait que les appels pouvaient prendre un temps fou et il ne savait pas s'il pourrait faire avancer le procès, surtout si Dumbledore s'y opposait.

– Je vais faire appel immédiatement et voir si on peut faire accélérer le procès. Je vais contacter Amelia Bones qui nous a été très utile. Je ne vous cache pas que...

– Je vais le kidnapper, interrompit Sirius qui semblait être parti dans ses pensées.

– Qui ça ? Dumbledore ? fit Alan interloqué.

– Harry. Si je n'ai pas sa garde, je vais le kidnapper.

Alan soupira un long moment pour savoir comment expliquer à son client qu'il était fou, sans le froisser.

– Nous allons essayer de ne pas brûler les étapes. Je vais faire appel et essayer d'avoir une date de procès convenable. Avant toute chose, vous devez rester calme, c'est essentiel. Ça peut prendre un peu de temps.

– J'en ai marre d'attendre, soupira Sirius qui semblait dépité.

– Vous saviez que ça serait difficile.

– Pas autant, admit Sirius. Je veux dire le testament...

– Le problème principal ce sont ces protections de sang, soupira Alan. Si Dumbledore arrive à montrer que Harry est vraiment en danger, alors il pourra repousser le procès et laisser la garde aux Dursley, au moins pour cet été.

– Qu'est-ce que je dois faire ?

– On va frapper un grand coup. Il faut montrer que Harry est en danger chez les Dursley.

– Mais ?

– Mais pour le moment on doit attendre, soupira Alan en invitant Sirius à s'asseoir. Vous m'avez dit que Harry ne serait examiné par un médecin qu'en juillet. Or ça serait la seule façon de montrer les maltraitances.

– Et si quelqu'un va voir les Dursley pour enquêter ? proposa Sirius.

– C'est possible, admit Alan du bout des lèvres. Mais il y a des chances pour qu'ils ne disent rien et ça serait contre-productif.

– Et la presse ?

– Si j'étais vous, j'attendrais déjà de savoir quand est le procès, ensuite je m'assurerai au dernier moment de prévenir la presse.

– Pourquoi pas avant ?

– Parce qu'il faut qu'on réunisse des preuves. Pour le moment nous sommes en infériorité. Attendons un moment, peut-être que le procès sera rapproché et que nous n'aurons pas de problème. Mais je vous dis que, sans preuve des maltraitances de Harry, ça va être compliqué d'avancer le procès.

– Je vois... grommela Sirius. Comment je vais annoncer ça à Harry ?

– Vous lui dites la vérité. C'est un garçon intelligent, il comprendra. Je vais faire tout mon possible, assura Alan, mais attendez-vous à attendre avant d'avoir la garde de Harry. Après tout, ce n'est que l'affaire de quelques semaines.

Sirius s'apprêtait à lui rétorquer quelque chose quand une chouette se posa dans le bureau d'Alan et tendit sa patte vers Sirius. Il décacheta la lettre avec appréhension, ne reconnaissant pas l'animal.

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Cher Sirius,

Je sais que ma lettre peut te sembler incongrue, mais tu dois comprendre que je m'oppose à ta demande de garde en raison de circonstances impérieuses. Harry DOIT retourner chez les Dursley.

Vois-tu, le jour du décès de Lily et James, Lily a donné sa vie pour protéger Harry et a...

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Sirius ne termina pas sa lecture. Il prit la lettre et lui jeta un incendio puissant pour la réduire en cendres.

– Dumbledore ? supposa Alan en ricanant.

– Exact. Bon, qu'est-ce je peux faire maintenant ?

– Prévenir Harry et attendre la date du procès.

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– Il a l'air d'aller mieux, glissa Harry à Fred en regardant George qui riait à gorge déployée avec Lee.

Fred hocha la tête, visiblement heureux, en regardant son frère.

– Il m'a dit qu'il te l'avait dit, sourit Fred. Je savais que tu t'en ficherais.

– Je ne comprends pas comment vos parents peuvent réagir comme ça, soupira Harry.

– Je ne sais pas non plus, dit Fred en grimaçant.

Harry ne pouvait s'empêcher de penser à sa propre mère. Elle n'avait eu qu'une année avec lui. Il était sûr qu'elle n'en aurait rien eu à faire de savoir s'il aimait les garçons ou les filles, parce qu'elle aurait voulu avoir une année de plus, une heure, une minute, pour profiter de son fils.

– Harry, je voulais te remercier, dit finalement Fred d'un air grave.

– Je n'allais pas le laisser tomber pour ça.

– Je sais. Mais je n'ai jamais douté que tu réagirais comme ça, sourit le roux. Non, je te remercie pour les footings. Ça a fait un bien fou à George. Il a adoré ça et j'ai bien vu qu'il les attendait avec impatience, donc merci à toi. Il va beaucoup mieux.

– Comment tu penses que ça va se passer cet été ?

– Je ne sais pas, avoua Fred qui montrait des signes d'inquiétudes. Ma mère lui a envoyé une lettre. Elle a fait comme si rien ne s'était passé et c'est déjà bien. Mais bon, il faut voir s'ils sont revenus à la raison.

– J'espère que tout ira bien.

– Moi aussi, dit Fred.

– Ah, Harry. J'ai croisé le professeur Babbling à la bibliothèque qui m'a dit qu'elle voulait te voir pour un devoir, interrompit Hermione qui s'assit à leur table.

– Super, elle dû corriger ma traduction, sourit Harry.

– Tu as des devoirs supplémentaires ? s'étonna Fred.

– Eh oui, Harry est devenu un Je-Sais-Tout en Runes, ricana Hermione.

Harry leva ses yeux au ciel, s'apprêtant à lui faire une remarque quand il remarqua le livre d'Histoire de la Magie qu'elle avait sorti.

– C'est le livre de Luna, non ?

– Quoi ? Oh, oui, rougit Hermione en le lui montrant.

– Tu as parlé à Luna ? s'étonna Harry.

– Oui, on a parlé de Mrs Tourdesac, elle avait plein d'anecdotes à me raconter. Et elle m'a gentiment prêté le livre avec des annotations personnelles de l'autrice, tu te rends compte ?

– Fantastique, ironisa Fred qui regardait Hermione comme si elle était folle.

– Et donc, Luna ? demanda Harry les yeux brillants d'espoir alors que Hermione fusillait le roux du regard.

– Luna... est sympathique, admit Hermione du bout des lèvres. Mais ne me dis pas que tu crois aux Ronflacks Cornus, sinon je ne réponds plus de rien !

Harry éclata de rire en songeant que, malgré tout, Hermione restait Hermione. Il était content qu'elle ait fait un effort, même si ça lui coûtait. Peut-être qu'en lui parlant, elle arriverait à voir ce que Harry voyait en Luna.

– Je vais aller voir le professeur Babbling.

– Elle veut peut-être te parler de certains sorts, s'amusa Hermione qui savait que Harry s'entraînait sur les carnets de sa mère avec ses professeurs.

– Sans doute. À tout à l'heure.

Harry se dirigea vers la salle de son professeur quand il entendit des rires qu'il connaissait bien. Il tourna à droite au lieu de partir à gauche et tomba sur Susan et Hannah qui se dirigeaient sans doute vers la bibliothèque.

– Le lion est là, s'amusa Hannah. Je vous laisse je dois aller à la bibliothèque.

Harry et Susan pouffèrent en voyant à quel point elle n'était pas subtile.

– Elle n'a pas laissé tomber je suppose ? ricana Harry.

– Oh non. Pourtant je lui ai dit que nous n'étions qu'amis et elle avait semblé le comprendre, mais bon, c'est Hannah, s'amusa Susan. Tu veux venir avec nous ?

– Non, j'allais voir le professeur Babbling.

– C'est pour ta traduction ?

Harry n'eut pas le temps de répondre qu'Hedwige passa par une fenêtre ouverte pour se poser sur son épaule.

– Salut ma belle, sourit Harry en attrapant la lettre qu'elle lui tendait. Tu es en avance pour le courrier.

Elle lui mordilla le doigt, hulula gentiment vers Susan qui la caressa alors que Harry attrapait la lettre de son parrain avec inquiétude. Ils communiquaient beaucoup moins par lettre depuis qu'ils avaient les miroirs. Il sentait que ce n'était pas bon.

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Harry,

Je t'envoie une lettre parce que je ne peux pas te l'annoncer par miroir. Je ne sais pas comment te le dire. Je sais que tu vas être déçu et en colère. Tu peux me passer un coup de miroir dès que tu reçois cette lettre pour qu'on en discute, mais je suis incapable de te le dire sans casser plein de truc (d'ailleurs, je crois que j'ai incendié une table centenaire qui appartenait à mon arrière-arrière-grand-père).

J'ai fait la demande pour obtenir ta garde, mais Dumbledore a bloqué ma demande en arguant d'une raison impérieuse, d'une part, du fait des protections de ta mère et, d'autre part, du fait de mon séjour à Azkaban. Il a aussi ajouté que les Dursley étaient une bonne famille...

Je pense qu'il cherche à te protéger de Voldemort parce qu'il sait que les protections peuvent te sauver, mais il fait n'importe quoi et ne se rend pas compte que les Dursley sont si horribles...

J'ai fait appel immédiatement. Lors du procès d'appel nous pourrons sans aucun doute obtenir ta garde en montrant que les Dursley sont une mauvaise famille pour toi.

Mais le procès n'a été fixé qu'au milieu du mois de juillet...

Je ne sais pas comment ça va se passer, Alan et Amelia sont mobilisés pour faire avancer le procès, mais ça semble compliqué puisqu'on ne peut pas prouver les maltraitances des Dursley. Je te tiens au courant.

Dans tous les cas, je ne te laisse pas retourner chez les Dursley, c'est une promesse. Ne t'inquiète pas pour tout ça.

Sirius.

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Harry froissa la lettre de son parrain sans s'en rendre compte, le regard vide, ressentant la douleur dans chaque mot que son parrain avait écrit. Il se sentait mal et il avait envie de pleurer.

Tout ça pour les protections de sa mère. Il ne pouvait nier qu'elles lui avaient sauvé la vie une fois, en première année. Mais Harry s'en fichait. Il était prêt à apprendre à se protéger si ça signifiait pouvoir quitter les Dursley. Il ne voulait pas y retourner, plus jamais. Sirius lui avait promis...

– Harry ? fit Susan en posant une main sur son bras pour le réveiller de sa torpeur.

– Dumbledore. Il refuse que Sirius ait ma garde, lâcha-t-il la gorge noué.

– Quoi ? Mais pourquoi ? fit Susan les yeux écarquillés.

– Apparemment, les Dursley sont une famille géniale et puis, Sirius a passé douze ans à Azkaban, soupira Harry en omettant l'histoire des protections. Il a dit que c'était pour me protéger.

– Sirius a fait appel ? demanda Susan avec expertise.

– Oui, mais le procès n'est qu'au mois de juillet. Sirius m'a dit qu'il essayait d'avoir un procès plus rapidement. J'espère qu'il aura lieu avant les grandes vacances.

– Ne t'inquiète pas, dit Susan d'une voix tranquille. Le procès n'aura peut-être pas lieu tout de suite, mais je suis sûre que ma tante va l'aider.

– Ils sont en relation depuis quelques semaines pour la garde, dit Harry.

– Oui, elle m'en a parlé. Ils feront tout pour que tu passes une partie de tes vacances avec ton parrain. Et puis, Dumbledore a sans doute peur pour toi.

Harry sourit en voyant l'air candide de Susan qu'il aimait tant. Il savait que Hermione allait être folle de rage en l'apprenant et décida de ne pas lui en parler tout de suite. Il n'était pas prêt à la voir réagir furieusement en disant que le directeur outrepassait ses droits. Harry voulait juste que toute cette histoire soit réglée et qu'il puisse passer de vraies vacances avec quelqu'un qui tenait à lui.

– Sans doute.

Harry espérait sincèrement que procès aurait lieu le plus rapidement possible et qu'il ne serait pas obligé de retourner vivre chez les Dursley. Après avoir eu un aperçu de ce que pouvait être la vie avec Sirius, il ne savait pas s'il pourrait supporter d'être renvoyé au 4, Privet Drive.

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