PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.

N/A : Je suis de retour ! Un peu en retard par rapport à ce que j'avais prévu, mais je suis enfin là, avec un chapitre plutôt long puisqu'il fait plus de 17.000 mots ! Je voudrais d'abord vous remercier pour l'accueil que j'ai reçu sur mon dernier chapitre. J'ai eu plus de 40 reviews et tout autant de commentaires positifs, d'ajouts dans les favoris, de visites, donc merci merci merci ! Les chapitres sortiront le vendredi (voire le samedi, si je suis vraiment en retard). Assez de blabla, je sais que vous êtes tous impatients de lire la suite, donc la voilà. Bonne lecture !


Partie 3. Chapitre 1.

"Kidnapping"

Harry observait le paysage défiler à travers les vitres de la voiture de son oncle Vernon. Il ne savait pas comment allait se passer son retour au 4, Privet Drive, mais il était très anxieux. Il aurait voulu rester avec ses amis, à Poudlard, ou n'importe où, pourvu que ce ne soit pas chez les Dursley.

Sa famille n'avait rien dit en venant le chercher, mais Harry avait vu le regard de l'oncle Vernon ; un mélange de terreur et de fureur. Harry ne savait pas ce qui l'attendait une fois à la maison, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur. La dernière fois qu'il les avait vu, il avait gonflé la tante Marge comme un ballon et des employés du Ministère avaient été obligés d'intervenir pour lui modifier la mémoire. Malheureusement pour Harry, ils n'avaient pas modifié la mémoire des Dursley.

Il se demanda ce que Vernon avait prévu comme punition. Après tout, Marge était sa sœur, Vernon détestait plus que tout la magie et était celui qui passait son temps à le punir, pour tout et n'importe quoi. Harry eut la vision fugace de Sirius et se demanda s'il pouvait jouer sur ça en leur disant que son parrain était un vrai criminel qui pourrait passer les voir s'ils lui causaient trop d'ennuis.

Harry espérait simplement que l'année écoulée ait atténué leur rancœur et qu'ils n'allaient pas de nouveau l'enfermer dans sa chambre, sans manger, ou pire, dans le placard sous l'escalier...

– Ces fichus vélos ! gronda Vernon en évitant d'un coup de volant un cycliste qui avait surgi sur sa droite.

Les paysages se firent plus urbains et Harry sut qu'ils étaient bientôt arrivés dans la maison de l'horreur. Quand Vernon se gara devant la maison à l'herbe verte parfaitement coupée et aux volets blancs, il ne put s'empêcher de frissonner de terreur.

En un an, beaucoup de choses avaient changé. Il avait rencontré Sirius. Et cela lui avait permis de prendre conscience que cette maison était la cause de tous ses cauchemars. Il la haïssait, il la détestait. Il avait envie de vomir rien qu'en la voyant. Il se sentait figé, oppressé, et il se demanda comment il allait trouver le courage d'affronter les Dursley pendant l'été.

Sirius n'avait pas dit combien de temps il allait passer ici, mais c'était déjà beaucoup trop long. Bien sûr, ce n'était pas la faute de son parrain, qui n'avait pas réussi à avoir sa garde, mais rien que l'idée d'être envoyé dans sa chambre, enfermé, sans possibilité de sortir, le faisait se sentir très petit, presque serré en lui-même.

Il prit une grande inspiration en sentant une crise de panique venir, tentant de se rappeler des cours de méditation avec Remus. Cette année avec été émotionnellement compliquée. Entre les détraqueurs et les cours d'occlumancie ratés, il avait fait face à ses pires peurs et, aujourd'hui encore, il se sentait faible.

Il ne voulait pas retourner au 4, Privet Drive et, le fait que le professeur Dumbledore l'y ait obligé, était pire que tout. Il savait qu'il allait être traité comme un moins que rien, comme un monstre, comme quelqu'un qui ne méritait pas de vivre et Harry ne savait pas s'il allait pouvoir le supporter. Comment faire alors qu'il avait goûté au bonheur de vivre avec son parrain ?

– Dépêche-toi, grogna Vernon en frappant contre la vitre.

Harry sursauta en voyant qu'il était resté figé pendant plusieurs minutes sans oser sortir de la voiture. Il prit son courage de Gryffondor en main et descendit de la voiture, sans regarder Vernon dans les yeux. Il sortit avec difficulté sa malle du coffre. Il avait réussi à prendre un peu de muscles et de poids pendant cette année à Poudlard, mais il voyait bien que ce n'était pas suffisant. Il savait aussi qu'il allait être contraint à un régime sec pendant les vacances et que tout ce poids allait vite fondre, à son plus grand déplaisir. Il détestait la sensation d'être faible, d'être incapable de porter des choses lourdes à cause de sa petite taille, d'avoir toujours faim... Il sentait déjà son estomac grogner de frustration.

– Et fais taire ce maudit pigeon ! siffla Vernon, rouge de colère, alors que Hedwige calquait du bec, offensée.

– Oui, oncle Vernon.

Son oncle regardait autour de lui, comme s'il craignait que les voisins n'aient remarqué son arrivée, alors que Pétunia et Dudley se réfugiaient rapidement dans la maison, comme si Harry était contagieux. En traînant sa grosse valise derrière lui, Harry se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de s'enfuir d'ici pendant qu'il était encore temps. Il savait qu'une fois entré dans la maison, il ne pourrait sans doute plus en sortir pendant des jours.

– Dans le salon, dit fermement Vernon quand ils arrivèrent dans le vestibule.

Harry soupira en se disant que tout cela n'inaugurait rien de bon. D'ordinaire, l'oncle Vernon lui hurlait de monter dans sa chambre et de ne plus en sortir. Mais les conversations dans le salon étaient les pires, car Harry savait que Vernon ne se contenterait pas de hurler. Il allait lui répéter qu'il était un monstre, qu'il était chanceux qu'ils l'aient élevé et qu'il était un poids pour eux, sous les ricanements de Dudley. À choisir, Harry préférait cent fois être envoyé dans sa chambre et être ignoré par les Dursley.

– Oui, oncle Vernon, murmura Harry en pénétrant dans le salon, avant de se figer face à la vision qu'il avait devant lui.

Son parrain, Sirius Black, prenait un thé avec Amelia Bones, la Directrice de la Justice Magique et tante de son amie Susan.

Sirius tourna sa tête vers lui et fendit son visage d'un sourire sincère et soulagé.

– Enfin ! s'exclama Sirius en soupirant faussement. Des heures que je t'attends avec Amelia. On a cru qu'on allait y passer la nuit.

– Tu exagères tellement, fit Amelia en roulant ses yeux. Ça doit être un trait caractéristique des Gryffondors.

– À part le charme fou, tu as sans doute raison, reconnut Sirius.

Harry était figé sur place, sans pouvoir détacher son regard de son parrain, incapable de bouger ou même de respirer. Il vit du coin de l'œil les Dursley qui s'installaient tous serrés sur le canapé en face de celui sur lequel étaient installés Amelia et Sirius. Ils avaient l'air terrifié et Pétunia était assise si proche du bord qu'elle semblait prête à s'enfuir en courant.

– Tu es venu, croassa Harry, la gorge sèche.

– Je te l'avais promis, non ? dit Sirius avec un sourire en coin.

Les paroles de Sirius eurent le mérite de réveiller Harry de sa torpeur, alors qu'il se précipitait dans ses bras, se fichant de passer pour un enfant. Il avait trop besoin de Sirius. Il avait l'impression de rêver. Que faisait-il ici ? Tout cela n'était pas du tout prévu et il ne savait pas si Sirius allait lui annoncer qu'il devait rester encore un peu plus longtemps ici ou s'il venait réellement le chercher. Mais était-ce possible ? Il n'avait même pas passé une minute au 4, Privet Drive !

– Je ne te laisse pas une minute de plus ici, murmura Sirius à son oreille et Harry dut rassembler toutes ses forces pour ne pas s'effondrer de joie.

– Bonjour Harry, dit Amelia en se levant à son tour, visiblement touchée par leurs retrouvailles. Je suis enchantée de te rencontrer, Sirius m'a beaucoup parlé de toi.

– Merci, Mrs Bones, dit timidement Harry en se détachant de Sirius qui garda son bras autour de ses épaules. Je... Susan m'a aussi parlé de vous.

Harry lui sourit un peu gêné, sachant qu'Amelia était sans doute une personne à ne pas se mettre à dos. C'était la Directrice de la Justice Magique, la seule parente en vie de Susan, une amie de son parrain et, surtout, celle qui cherchait à les aider depuis plus d'un an. Rufus lui avait également dit qu'elle était surnommée la Tornade et qu'il ne fallait surtout pas l'énerver. Sirius disait souvent que, pour une Poufsouffle, elle connaissait assez de sorts pour être une Serpentard.

– Mrs Bones, répéta Amelia effarée, je vais si vieille que ça ? se plaignit-elle.

– Quoi ? Euh... Non pas du tout... C'est juste que... Pour la politesse, vous savez, je... balbutia Harry en rougissant jusqu'à la racine des cheveux.

– C'est exactement ce que je disais, ricana Sirius en voyant les joues rouges d'embarras de son filleul. Tu es trop sérieuse, tu fais dix ans de plus.

– Imbécile, marmonna Amelia en donnant un coup dans les côtes de Sirius.

Harry se détendit en voyant Amelia lui faire un clin d'œil complice. Elle l'impressionnait énormément, mais le fait de rire avec Sirius lui donnait un air beaucoup plus doux qui ressemblait à l'expression qu'avait toujours Susan sur le visage. Il savait qu'Amelia avait toujours dû montrer un sérieux et une maturité suffisantes pour justifier sa position au sein du Ministère.

– Installe-toi, Harry, dit doucement Amelia en désignant le canapé d'un geste de la main. Nous devons discuter des arrangements pour cet été et pour ta vie future.

Harry s'affala à moitié sur le canapé, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique, ses mains tremblantes posées sur ses genoux. Il ne savait pas à quoi allait mener cette discussion, mais il comprit qu'elle serait importante, puisque Sirius se redressa et fixa les Dursley avec une haine que Harry avait rarement vue chez son parrain ; c'était le même regard qu'il avait quand il pensait à Pettigrow.

C'est à moment que Harry regarda véritablement les Dursley. Il avait évité de le faire depuis leurs retrouvailles sur le quai, trop tendu. Pétunia semblait au bord de la crise de panique, alors que Dudley avait le même air stupide sur le visage qu'il avait toujours eu. Mais, surtout, c'était la marque violacée sur la joue de son oncle Vernon qui l'interpella, ne l'ayant pas encore remarqué. Il fronça les sourcils en se demandant comment son oncle avait pu se faire ça, avant de voir le sourire amusé de Sirius, qui avait vu ce qu'il regardait.

– J'ai beaucoup moins de self-control que je ne le pensais, murmura Sirius à son oreille.

Harry écarquilla ses yeux avant de retenir son éclat de rire. Il remercia Sirius du regard, incapable de parler pour le moment. Sirius avait tenu sa promesse il était venu l'aider. Et ça, c'était la plus belle chose qu'on ait faite pour lui. Un adulte qui tenait ses promesses, un adulte qui était venu pour l'aider, c'était bien plus que tout ce qu'on avait fait pour lui. Il ne savait pas s'il allait repartir avec Sirius ou non, mais ce qui était sûr c'est qu'il savait à présent qu'il pouvait lui faire confiance. Il n'avait pas menti.

– Harry, tu dois te poser beaucoup de questions sur notre présence ici, commença Amelia sans accorder aucune attention aux Dursley.

– Euh, oui... un peu, admit Harry.

– Nous sommes venus te chercher. Ton oncle et ta tante ont accepté de signer un abandon de garde, expliqua-t-elle en fixant Harry, comme pour être sûre qu'il comprenne tout ce que ses paroles impliquaient. Jusqu'au procès qui doit décider de l'attribution officielle de ta garde, j'ai signé une garde temporaire pour Sirius. Il va être celui qui va s'occuper de toi jusqu'au procès, est-ce que tu es d'accord avec ça ?

– Oui, oui, oui ! s'exclama Harry sans pouvoir s'empêcher de répéter le mot plusieurs fois.

Harry pensa soudain que son cœur allait finir par sortir de son corps s'il continuait à battre à la chamade comme ça. Il sentit Sirius se détendre et Harry se demanda s'il pensait encore qu'il allait refuser de vivre avec lui.

– Ce n'est que temporaire pour le moment, mais nous avons bon espoir que la garde soit totalement accordée à Sirius, continua Amelia, rassurée de le voir aussi content à l'idée de partir d'ici. Tu vivras donc avec Sirius et tu ne reviendras plus ici, est-ce que ça te va ?

– Un million de fois oui, assura Harry sans pouvoir s'empêcher de fendre son visage d'un sourire soulagé.

– Tu sais qu'en partant d'ici, la protection mise en place par le professeur Dumbledore qui empêchait quiconque de te faire du mal dans cette maison va cesser ? demanda Amelia. Sirius a ajouté des protections chez vous, mais la protection spécifique liée au sang va s'arrêter.

– Peu importe, assura Harry trop excité à l'idée d'être libéré des Dursley à jamais. Est-ce que c'est vrai ? Je vais habiter avec toi ? demanda-t-il en se tournant vers Sirius.

– Oui, Harry. Je t'emmène avec moi.

Harry vit que son parrain luttait visiblement avec un trop plein d'émotions.

– Est-ce que quelqu'un s'oppose à cette décision ? demanda Amelia aux Dursley qui firent un signe de tête léger, trop terrifiés pour bouger. Non. Bien, Harry va récupérer tes affaires, tu ne reviendras plus ici, c'est une promesse.

– Merci, Mrs... Euh... Amelia, se rectifia-t-il en voyant son regard sévère.

Harry n'avait jamais monté aussi vite les marches de la maison pour se rendre dans sa chambre. Il ne mit pas longtemps à récupérer ses maigres possessions, les principales étant dans sa malle. Il laissa tous les anciens vêtements de Dudley et récupéra simplement d'anciens dessins qui traînaient dans la chambre et le calendrier sur lequel il marquait les jours qui le séparaient de la rentrée. Il regarda une dernière fois sa chambre, observa les barreaux, la trappe dans la porte qu'utilisait sa tante Pétunia pour lui donner à manger quand il était puni, et souffla de soulagement à l'idée de ne plus jamais revenir dans cette pièce.

Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre le salon, la vision de la porte du placard sous l'escalier le fit vaciller. Il prit une grande inspiration et se décida à y faire un dernier tour. Il frissonna d'angoisse en voyant à quel point il était petit. Aujourd'hui, tout ça lui paraissait si lointain, mais il n'oubliait pas qu'il y avait dormi jusqu'à la réception de sa lettre de Poudlard. Dix ans dans ce placard. Dix ans dans cet espace restreint, à pleurer la mort de ses parents, à se sentir comme un moins que rien, comme un monstre, comme un anormal. Dix ans d'angoisses et de peurs, menant à des cauchemars terribles.

Harry prit une grande inspiration, haletant, avant de récupérer des livres de cours qui avaient été enfermés ici par les Dursley (à l'abri des regards indiscrets), quelques pièces de monnaie et un petit soldat de plomb avec lequel il jouait quand il était enfant. Ensuite, il referma la porte et pensa avec un soulagement extrême que c'était la dernière fois qu'il verrait ce placard.

– Tu as tout récupéré, Harry ? demanda Amelia avant de froncer ses sourcils en voyant le peu de choses qu'il emmenait avec lui.

Harry hocha la tête, posant ses affaires dans le sac que lui tendait Sirius.

– Kreattur ! appela Sirius avec un sourire mauvais.

L'elfe apparut immédiatement et Pétunia poussa un hurlement de terreur. Nul doute qu'elle n'avait jamais vu quelque chose d'aussi étrange qu'un elfe de maison. Dudley avait relevé ses pieds sur le canapé, comme s'il avait peur que la créature ne l'attaque. Le fait que Kreattur les regarde avec ses grands yeux globuleux et un sourire sournois n'aidait sans doute pas.

– Moldus, sales moldus, méritent de mourir... Oh, si ma maîtresse était là... cruelle souffrance... Attachés par les pieds... Torturés... Malédiction, marmonnait Kreattur sans cesser de les regarder.

Pétunia défaillit à moitié contre son mari, toute trace de sang disparaissant de son visage, alors qu'Amelia luttait visiblement contre un fou-rire.

– Ça ira, Kreattur. Emporte les affaires de Harry, s'il te plait. Désolé pour ça, il n'est pas très équilibré, dit Sirius en se tournant vers les Dursley, même si son sourire machiavélique indiquait qu'il était loin d'être désolé.

Harry retint un ricanement en voyant Pétunia, les mains sur sa bouche, dans un mouvement de pure terreur. Vernon était blanc et semblait se retenir pour ne pas exploser de rage, la baguette qu'avait Amelia à la main devant l'aider à garder un semblant de calme.

– Nous partons, Harry, dit simplement Sirius en lui tendant son bras.

Harry regarda une dernière fois les Dursley, sans savoir quoi leur dire. Vernon avait le regard fixé droit devant lui et, si Dudley le regardait avec des yeux remplis de questions, il ne fit pas de geste pour tenter de lui dire au revoir.

– Au revoir, dit simplement Harry.

Harry croisa le regard de Pétunia qui semblait sur le point de lui dire quelque chose, avant qu'elle ne secoue sa tête, comme prise d'un spasme. Elle hocha simplement la tête et détourna son regard de son neveu.

– Mon bras, dit Sirius qui avait les mâchoires serrées et semblait puiser dans ses dernières forces pour ne pas assassiner les Dursley sur le champ.

Harry attrapa le bras de son parrain et, en un clignement d'œil, ils disparurent de Privet Drive, à tout jamais.

Quand Harry cligna des yeux et qu'il vit la Villa Bleue au loin, il sentit des larmes affluer au bord de ses yeux. Sirius l'entraîna dans un câlin qui lui brisa pratiquement toutes ses côtes et lui coupa le souffle.

– Tu ne retourneras plus jamais chez eux, je te le promets.

C'était tout ce que Harry avait besoin de savoir. Il n'y retournerait plus. Il était libre.

.

– Maître Harry ! cria joyeusement Dobby en les voyant entrer dans la maison. Dobby est content de revoir son Maître Harry !

– Moi aussi Dobby, sourit Harry.

– Qu'est-ce qui ferait plaisir à Maître Harry pour fêter son retour ?

– Un chocolat chaud ? proposa Harry en se tournant vers Sirius qui hocha la tête.

– Il me semble que Kreattur a préparé une tarte à la mélasse.

Les yeux de Harry se mirent à briller, avant que Sirius ne l'entraîne sur la terrasse pour profiter des rayons du soleil. Ils s'installèrent sur les chaises longues, face à la mer. Harry prit une grande inspiration d'air salé, en se demandant comment cet endroit pouvait être aussi paradisiaque. La mer était très calme et le bruit des mouettes lui donnait l'impression que rien ne pouvait plus jamais l'atteindre. Il se sentait comme dans un cocon enchanté, le bruit des vagues l'apaisant immédiatement, l'air marin lui donnant un coup de fouet et l'odeur salée lui donnant envie de s'allonger sur le sable pour profiter des rayons du soleil. Il ferma ses yeux un long moment, sans se rendre compte que Sirius le fixait avec émotion.

– Maître Harry, croassa Kreattur qui apparut sur la terrasse en se courbant en deux, portant un plateau dans la main droite.

– Bonjour, Kreattur. De la tarte à la mélasse ! s'exclamant Harry en se léchant les lèvres. Merci, c'est super. Et tu as été génial là-bas, j'ai cru que tante Pétunia allait avoir une attaque.

Sirius éclata de rire en remerciant à son tour son elfe.

– Tout ce qu'il vous plaira, Maîtres, dit l'elfe en se rayonnant de fierté de les avoir satisfait, avant de disparaître au Square Grimmaurd.

Harry sourit à son parrain. Si Dobby était un bon elfe, s'occupant parfaitement de la Villa Bleue, la cuisine était le domaine réservé de Kreattur. C'était ce dernier qui faisait parvenir les repas à Sirius chaque jour et Harry devait avouer que l'elfe faisait des plats délicieux, meilleurs que ceux de Poudlard et égalant même ceux de Mrs Weasley.

– Alors, surpris ? demanda Sirius en buvant une lampée de chocolat chaud.

– Plus que surpris, admit Harry. Je n'en reviens pas que tu sois venu me chercher... d'être là... Je pensais que...

Harry détourna son regard, en rougissant, mais Sirius avait parfaitement compris ce qu'il voulait dire. Harry vit son parrain sourire tristement, comme s'il s'en voulait de lui avoir fait subi ça, de ne pas avoir eu la garde, alors que ce n'était pas de sa faute.

– Oui, je sais. Tu pensais que j'allais te laisser chez ces trolls de Dursley. Mais non, je suis là.

– Et c'est super, sourit Harry. Donc, les vacances...

– Rien que nous deux, répondit immédiatement Sirius.

Harry lui lança un sourire si heureux qu'il vit son parrain flancher de bonheur.

– Et Dumbledore ? demanda hargneusement Harry.

– On en discutera avec Amelia. Les choses sont un peu compliquées, je t'avoue. Je sais que ce n'est pas idéal pour toi, mais...

– Tant que je suis avec toi, tout va bien, coupa Harry.

Sirius hocha la tête d'un air satisfait, alors que Harry peinait encore à comprendre ce qu'il se passait. Il avait l'impression d'être dans un rêve et qu'il allait se réveiller trop rapidement.

Il était débarrassé des Dursley !

– Bon, le temps qu'Amelia finisse son devoir de Directrice de la Justice Magique, tu peux me raconter ta fin d'année ? Je crois que notre dernière conversation date de ton match de Quidditch. Raconte-moi tout, demanda avidement Sirius.

Harry regarda Sirius un court instant, avant de babiller sur sa fin d'année, ravi de savoir que son parrain voulait vraiment tout savoir et que ça ne l'ennuyait pas du tout d'entendre parler de ce qu'il avait fait en détail.

Il n'en revenait pas d'être là, à la Villa Bleue, à discuter de ses cours, de ses amis, avec son parrain. Il avait l'impression d'être enfin heureux. Il était chez lui, il allait passer tout l'été avec Sirius, loin des Dursley, loin de Dumbledore... Il n'en revenait pas. Il avait l'impression de n'être qu'une boule de bonheur. Après la déception et la colère qu'il avait ressenties il y a quelques jours, il se sentait enfin bien.

Sirius l'écoutait attentivement, rebondissant sur chacune de ses phrases, sur chaque chose qu'il avait vécu et Harry songea qu'il n'aurait pas pu rêver meilleur parrain pour lui. Comment Sirius pouvait-il penser qu'il ne ferait pas un bon parent, alors qu'il était le seul adulte à l'avoir un jour écouté et aidé ?

Il avait encore cette peur profonde que Dumbledore ne l'oblige à retourner chez les Dursley ou ne fasse du mal à Sirius, mais Amelia l'avait rassuré un petit peu. Sirius avait une garde temporaire et il lui avait promis de s'occuper de ça rapidement. Il avait tenu sa promesse en venant le chercher, donc, il pouvait lui faire confiance pour devenir son tuteur officiel. Harry espérait sincèrement que la garde lui serait accordée, il ne se sentirait en sécurité qu'à ce moment, mais, pour le moment, il pouvait se contenter d'une garde temporaire.

– Mon avocat m'a envoyé sa proposition de réforme de la justice, dit Sirius en faisant apparaître un rapport d'une centaine de page.

– Ouah ! siffla Harry les yeux écarquillés. Il a fait ça en six mois ?

– Oh, non, je crois qu'il a prévu cette réforme depuis un sacré paquet de temps, mais que personne ne l'a jamais écouté. Le fait que mon histoire ait eu tant de répercussions médiatiques fait qu'il a une audience importante, les gens vont l'écouter. J'ai commencé à lire ses propositions et c'est plutôt intéressant. Je sais qu'il défend quelques personnes dans le monde moldu, tu sais, comme des cracmols ou des sorciers qui ont des affaires des deux côtés, et il a pris exemple sur eux. Par exemple... dit Sirius en attrapant le rapport, avocat obligatoire pour une personne qui est interrogée par les Aurors ou la Police Magique, droit de se taire... Il voudrait aussi des avocats spécialisés pour représenter la société magique, à la place des Aurors, pour faire deux corps distincts. Enfin, voilà, c'est très intéressant et il y a pas mal de choses.

– Ce sont de bonnes idées, assura Harry. Tu vas le soutenir ?

– Sans doute. Je sais qu'il va envoyer ses propositions à un journal. J'ai rédigé une lettre de soutien et... Je pense que ça va aller devant le Magenmagot donc, pourquoi pas montrer mon soutien officiel. Ce serait une bonne chose pour lui.

– Qu'est-ce qu'en pense le Ministère ? Les Aurors ?

– Pour le moment, rien. C'est un projet secret. Mais sans doute que ça ne sera pas très bien accueilli, admit Sirius. Les Aurors ont une compétence presque illimitée. Ils peuvent lancer des sorts impardonnables sans enquête, envoyer des gens en prison comme ça et leur parole est considérée comme une preuve suffisante. Sans doute que l'idée d'un avocat à chaque entretien va être difficile à accepter pour eux. Mais surtout, je crois qu'Alan veut changer tout le système du jugement. Comme tu le sais, le Ministre de la Magie assiste parfois aux audiences, ce qui est... inconcevable dans le monde moldu. Donc, je pense que le Ministère va aussi avoir du mal à l'accepter.

– C'est vrai que ça va faire du changement, mais par rapport aux moldus, on est très en retard au niveau des droits des accusés, dit Harry qui se souvenait de ses cours sur le système judiciaire anglais.

– Je pense que tout ne passera pas, mais je suis persuadé qu'Amelia va le soutenir et que les réformes vont se faire peu à peu. Malheureusement, le Ministère est tellement corrompu qu'on ne peut être sûr de rien.

– C'est une bonne chose. Il faut éviter... tu sais... balbutia Harry. Que ce que tu as vécu se reproduise.

– En effet.

Sirius frissonna légèrement, pensant sans doute à ses années à Azkaban, avant de sourire légèrement à Harry.

– Enfin bref. Parlons d'autre chose.

– On peut parler de ton titre de sorcier au sourire le plus charmeur ? ironisa Harry. Je n'en reviens pas que tu aies piqué la place de Lockhart !

Sirius se racla la gorge, visiblement très gêné.

– On peut aussi éviter totalement ce sujet.

– C'est juste hilarant, rit Harry. Hermione a réussi à récupérer le journal pour garder une copie. Elle m'a dit qu'on pourrait l'agrandir pour l'accrocher dans la Villa ou la vendre aux filles de Gryffondor. Apparemment, tu as beaucoup de succès chez les écolières.

– Tu n'as pas osé, soupira Sirius en prenant sa tête entre ses mains. C'est mon travail de t'embarrasser ! Et Hermione, je la retiens ! dit-il avec un regard qui oscillait entre la stupeur et l'amusement. Elle cache bien son jeu, Miss parfaite.

Harry ricana dans sa tasse. Il connaissait assez Hermione pour savoir qu'il ne fallait surtout pas la sous-estimer ou se la mettre à dos.

– Est-ce que tu as eu des nouvelles de Remus ? demanda plus sérieusement Harry.

– Remus... répéta Sirius en soupirant. Remus, c'est compliqué. Je l'ai vu dès son départ de Poudlard, il y a quelques jours et... Il était triste, forcément. Je ne comprends pas comment il peut encore excuser Servilus.

– Tu veux dire, Rogue, corrigea Harry, cachant son amusement.

– C'est exactement ce que j'ai dit, dit Sirius avec une mauvaise foi évidente. Mais bon, tu connais Remus maintenant... Il a été jusqu'à me dire qu'il avait eu raison de le dénoncer, parce qu'il aurait pu attaquer quelqu'un, qu'il était dangereux et toutes les bêtises qu'il peut dire à chaque fois qu'il a l'impression d'être un monstre.

Harry fronça ses sourcils, sachant que Remus avait toujours peur d'être vu comme un monstre, alors que c'était sans doute l'homme le plus gentil et humble que Harry ait rencontré de sa vie.

– Je peux comprendre Serv... Rogue, je veux dire... il a été traumatisé à cause de moi, dit piteusement Sirius. Mais Remus est le meilleur professeur que vous auriez pu avoir, il est compétent et ça me met juste en rogne de savoir qu'il a fait ça par vengeance. S'il veut se venger, il vient me voir, moi, mais pas Remus... Il a assez souffert comme ça.

Harry hocha la tête, sans savoir quoi dire. Il pouvait comprendre la colère de Sirius, parce qu'il voyait à quel point c'était un nouveau coup dur pour Remus.

Mais il pouvait aussi comprendre Rogue. Il savait ce que c'était d'avoir été harcelé. Il savait qu'il aurait aimé pouvoir faire autant de mal aux Dursley qu'ils lui en avaient fait subir pendant son enfance. Rogue avait juste profité de sa position pour se venger de la blague de Sirius et ce comportement, bien qu'horrible pour Remus et injuste, il pouvait le comprendre.

Il se garda bien d'en parler à son parrain, sachant à quel point il pouvait être protecteur vis-à-vis de son meilleur ami.

– Sans compter que des lois anti-loups-garous ont été votées il y a quelques jours, soupira Sirius.

– Des lois anti loups-garous ?

– Oui, une femme nommée Ombrage, frissonna de dégoût Sirius. Elle a fait voter une loi qui lui interdit pratiquement de trouver du travail, donc c'est un peu compliqué à encaisser.

– Qu'est-ce qu'elle a contre les loups-garous ? demanda Harry avec colère.

– J'imagine qu'elle en a peur, répondit Sirius qui souriait devant son indignation. Apparemment, elle déteste les hybrides. C'est la sous-secrétaire d'État de Fudge, donc elle a le pouvoir de faire passer toutes les lois qu'elle veut.

– Et on ne peut rien faire ?

– Malheureusement, non. Tu sais, la peur contre les loups-garous est plutôt ancienne et il faudra du temps avant de changer les mentalités.

– Mais la potion tue-loup ?

– C'est encore une potion assez méconnue, soupira Sirius, elle est très chère et peu de personnes peuvent se l'offrir. Et puis, la majorité des gens ont peur des loups-garous. Pendant la guerre, il y a eu de nombreuses morsures. À l'époque, être mordu était presque une condamnation à mort. Les gens ont simplement peur d'être contaminé. Je sais que c'est injuste, mais c'est comme ça.

– Comment il va faire ?

– Tu sais qu'il a reçu de l'argent de tes parents à l'ouverture du testament, dit Sirius en souriant légèrement, ça va beaucoup l'aider. Je ne sais pas quels sont ses projets, mais il avait plusieurs idées qui lui permettraient de trouver du travail. Tu pourras lui en parler, si tu veux.

– Il va nous rejoindre cet été ? comprit Harry les yeux remplis d'espoir.

– Normalement oui, sauf s'il change d'avis comme il le fait tous les deux jours, rit Sirius. Pour le moment, il va prendre du temps pour lui, mais il m'a dit qu'il nous rejoindrait sans doute à la fin du mois de juillet. Je pense qu'il voulait nous laisser du temps tous les deux.

– Et pour la potion tue-loup ?

– Remus peut se l'offrir à présent, avec son nouvel argent, mais j'ai proposé de couvrir les frais, dit Sirius en souriant légèrement. Ça a été une bataille très difficile, mais il a fini par accepter, au moins jusqu'à ce qu'il trouve un travail qui le paye.

Harry hocha la tête, soulagé de savoir que Remus ne souffrirait plus autant à chaque pleine lune.

– C'est super. Tu t'es adressé à qui ?

– À un Maître des potions qui connaissait bien la famille Black. Remus recevra sa potion tous les mois à présent et il m'a déjà dit qu'il irait au Square Grimmaurd les soirs de pleine lune.

– Est-ce que Patmol passera la soirée avec lui ? demanda Harry amusé.

– Sans doute qu'il passera de temps à autre, répondit aussi malicieusement Sirius. Avec la potion tue-loup, Remus est beaucoup moins dangereux pour lui-même, mais un peu de compagnie ne lui fera pas de mal. Enfin, ça ne sera pas avant la pleine lune d'août maintenant.

– C'est bien, que tu aies fait ça, dit Harry.

– Il était... Tu sais comment il est... Je pense qu'il était content et gêné. Et il a vraiment envie de rester avec nous. Je pense qu'il avait peur de nous déranger.

– Je lui ai dit qu'il était le bienvenu ! soupira Harry en levant ses yeux au ciel.

– Remus... C'est Remus, rit Sirius. Mais on aura réussi à le convaincre. Il m'aura fallu dix soirées pour ça, mais au moins j'ai réussi. Ça te convient ?

– Évidemment ! J'adore Remus ! Et puis, on sera une vraie famille, comme ça, sourit Harry.

– Oui, une famille.

Harry croisa le regard ému de son parrain et il comprit que ses paroles avaient beaucoup plus d'impact qu'il n'aurait plus le penser.

Sirius n'eut pas le temps de répondre qu'Amelia fit son apparition au bout de la plage.

– Et voilà la patronne.

Harry s'étouffa dans sa tasse de chocolat chaud et toussait encore quand Amelia arriva sur la terrasse et s'affala sur une chaise longue, l'air épuisé.

– Ces Dursley sont une vraie plaie, grommela-t-elle. Harry, tu es beaucoup plus calme que Sirius. Et dire que tu n'as fait que gonfler ta tante comme un ballon, je les aurais tous transformé en crapauds si j'avais pu.

Harry éclata de rire en imaginant trois gros crapauds à la place des Dursley.

– J'ai aussi lâché un serpent sur mon cousin.

Amelia siffla avec impression.

– J'adore ce petit, murmura-t-elle à Sirius assez fort pour que Harry l'entende. Bon, comment tu te sens, Harry ? Je me doute que tout ça doit être un peu confus pour toi.

– Oh. Ça va, assura Harry timidement. Je suis content d'être avec Sirius. Mais est-ce que je vais vraiment rester avec lui toutes les vacances ?

– C'est fort probable, dit Amelia d'une voix rassurante.

– Fort probable, répéta Harry en fronçant ses sourcils. Donc, ce n'est pas sûr ?

Sirius ricana en voyant les joues rougies d'Amelia.

– Comment te dire ça... commença Amelia un peu gênée.

– On t'a kidnappé, lâcha Sirius en souriant comme un enfant. Tu te rends compte, c'est le premier crime que j'ai vraiment commis !

– Vous m'avez kidnappé !? s'exclama Harry en sentant son cœur tambouriner si fort qu'il avait l'impression qu'il allait défaillir. Mais vous allez avoir des problèmes, tu vas retourner à Azkaban et puis...

Harry tenta de prendre une grande inspiration, mais il avait l'impression que ses poumons s'étaient vidés. Il tenta vainement de respirer, mais des points noirs apparurent devant ses yeux, alors qu'une boule grossissait dans sa gorge. Ses mains commencèrent à trembler et son cœur commença à battre de plus en plus vite, l'empêchant de réfléchir.

– Harry, calme-toi, dit Sirius en se précipitant vers lui. Ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas vraiment kidnappé, personne n'ira à Azkaban. Calme-toi.

Harry sentit le bras de Sirius l'entourer alors qu'il tentait vainement de prendre de l'air. Il mit quelques secondes à comprendre les paroles de son parrain et le regarda avec interrogation, sentant son cœur se calmer et le souffle lui revenir peu à peu.

– Pro-promis ?

– Je te le promets, dit Sirius la voix étranglée. Tu restes avec moi. Et je n'irais pas à Azkaban.

– Franchement Sirius, regarde ce que tu as fait ! cria Amelia, visiblement en colère.

– Ça... ça va, balbutia Harry rouge de gêne.

Il respirait encore difficilement, son corps était tout tremblant, alors qu'il essuyait rageusement des larmes qui avaient coulées au coin de ses yeux.

– Tu n'as pas à te sentir désolé, Harry, dit calmement Amelia en s'agenouillant près de lui, après avoir lancé un dernier regard furieux vers Sirius. C'est normal que tu sois un peu chamboulé. Sirius raconte n'importe quoi, parce qu'il trouve ça marrant. Mais ne t'inquiète pas, il n'ira pas à Azkaban.

– Mais le kidn...

– Ce n'est pas un kidnapping, coupa Amelia d'une voix si assurée que Harry se détendit immédiatement.

Harry serra plus fortement sa main sur le bras de Sirius, comme s'il avait peur que son parrain ne s'éloigne de lui.

– Ton oncle et ta tante ont signé un abandon de garde. Ils ne pourront plus s'occuper de toi à présent. Sans parler du fait que j'ai moi-même constaté des dysfonctionnements dans leur éducation, dit-elle.

Harry vit une lueur de rage passer dans ses yeux marron.

– De ce fait, j'ai pu te placer chez quelqu'un d'autre, en l'occurrence Sirius, puisqu'il était celui désigné dans le testament de tes parents. C'est normalement le Département de la Famille qui s'occupe de ça, mais j'ai courcircuité le parcours, admit-elle en rougissant. Je vais aller voir la Directrice du Département de la Famille qui signera la garde temporaire quand elle saura ce que tu as subi chez les Dursley.

– Je n'ai pas...

Harry s'interrompit en voyant le regard de Sirius et hocha la tête. Il lui avait promis de ne plus minimiser ce qu'il s'était passé là-bas.

– Donc la garde n'est que temporaire ?

– Oui, jusqu'au procès qui décidera de l'attribution de la garde définitive. Comme les Dursley ont signé un abandon de garde, il va falloir t'attribuer un nouveau gardien et nous ferons tout pour que ce soit Sirius. Le fait qu'il ait eu la garde temporaire montrera qu'il est plus que qualifié pour ce rôle.

– Mais je ne comprends pas... dit Harry d'une voix hésitante. Je croyais que le Département de la Famille ne voulait pas que Sirius ait ma garde donc... Si vraiment il me fallait un tuteur temporaire, pourquoi ils accepteraient de désigner Sirius ?

Harry sentit Sirius rigoler contre lui.

– J'ai dû passer des tas d'entretiens, expliqua Sirius. Avec la Directrice du Département de la Famille. Comme elle savait que je voulais la garde, pour le procès, elle a demandé à me rencontrer pour savoir si j'étais apte. Je crois qu'elle m'aime bien.

– Sirius a réussi à la convaincre plutôt facilement je dois dire, admit Amelia en levant ses yeux au ciel. Ils ne laissent pas la garde d'un enfant à n'importe qui, surtout dans des cas comme celui-là. Elle savait que Sirius voulait la garde, elle l'a donc rencontré pour savoir s'il serait un potentiel gardien.

– Ils font ça pour tout le monde ?

– Oui, pour toutes les personnes qui veulent récupérer une garde. Ça se compose de divers entretiens avec la Directrice du Département et, ensuite, il y a plein d'autres choses à faire, mais Sirius voit déjà un psychomage et puis, il a été désigné dans le testament de tes parents. Il fallait simplement que la Directrice confirme qu'il était sain d'esprit et qu'il pouvait s'occuper de toi.

– Et j'ai passé le test brillamment, tu te rends compte ? Je suis sain d'esprit, ricana Sirius.

– On se demande bien quel sort tu lui as jeté pour qu'elle t'approuve, murmura Amelia sous les rires de Harry.

– Un sort ? Je suis outré. Tu es la seule qui ne vois pas mon charme naturel, dit Sirius en lui lança un clin d'œil complice.

– Mais pourquoi est-ce qu'il faut un procès ? demanda Harry.

– L'entretien n'est que la première partie et Daisy... c'est la directrice, expliqua Amelia, a simplement conclu que Sirius pourrait être un bon gardien, c'est pour cela qu'elle autorisera le transfert temporaire de garde vers lui. Mais il faut une décision officielle d'un tribunal, pour acter que Sirius peut devenir ton tuteur. Et, pour cela, il faut un procès. Surtout que Dumbledore s'est opposé à Sirius et va forcément demander un procès. Nous sommes malheureusement obligés de passer par cette voix.

– Il pourrait demander aux Dursley de reprendre ma garde ? comprit Harry.

– Il va essayer, dit sournoisement Amelia, mais personne ne te laissera y retourner. La seule chose qu'il peut faire, c'est proposer une autre famille que Sirius. Mais ne t'en fais pas, une fois qu'on aura prouvé que les Dursley sont les pires humains de la création, il n'y aura aucun problème à ce que Sirius ait ta garde. Il a passé tous les tests et il n'a pas tort en disant que Daisy l'adore.

– Oh, super, alors... dit Harry un peu incertain. Donc, il va avoir ma garde totale ?

– Très certainement, assura Amelia. Je dois quand même te le demander, Harry, est-ce que tu souhaites vraiment que Sirius soit ton tuteur ? Je peux demander à Sirius de partir quelques secondes, si tu veux me répondre plus...

– Mille fois oui ! coupa Harry. Quand est-ce qu'on peut rendre ça officiel ?

– Après le procès, sourit Amelia qui semblait touchée de le voir réagir aussi positivement. Le procès va sans doute être rapproché.

– Pourquoi ?

– Parce que j'ai constaté des dysfonctionnements sévères chez les Dursley et que Daisy voudra que le procès ait lieu rapidement. Mais aussi parce que Dumbledore va chercher à te trouver, il voudra que le procès ait lieu pour contrer la garde temporaire de Sirius.

– Mais ? devina Harry en voyant son air malicieux.

– Mais, il ne sait pas tout ce qu'on a fait. Il ne sait pas que les Dursley ont signé l'abandon de garde, il ne sait pas que Sirius a passé des entretiens... En fait, il ne sait pas que la garde de Sirius est quasiment assurée. Tu n'as vraiment pas à t'inquiéter.

– Donc il ne peut pas m'obliger à retourner chez les Dursley ?

– Il y a bien sûr l'histoire des protections, mais je t'assure que quand on saura que les Dursley t'ont fait dormir dans un placard, les protections seront vite oubliées, dit Amelia avec hésitation ne sachant pas comment lui dire une telle chose sans le blesser.

Mais Harry hocha la tête, visiblement très soulagé.

– Il va sans doute proposer une autre famille, comme les Weasley, exposa Amelia, mais ne t'inquiète pas, comme je l'ai dit, il n'y a que Sirius qui puisse être un gardien potentiel. Il t'a donné un toit, il a une sécurité financière, il est sain d'esprit... plus ou moins... murmura-t-elle amusée, et toutes les personnes qui vous connaissent savent que vous êtes très proches. Je dois simplement te rappeler que tu bénéficiais d'une protection chez les Dursley, mise en place par Dumbledore, qui te permettait d'être totalement en sécurité au 4, Privet Drive. En partant, tu vas la perdre. Je te l'ai déjà demandé, mais...

– Peu importe les protections, coupa Harry. Non ?

Il se tourna vers Sirius.

– C'est à toi de voir. Tu dois savoir que, si Voldemort ou un Mangemort cherche à t'atteindre, il pourrait techniquement le faire, puisqu'il pourrait entrer dans la Villa Bleue, alors qu'à Privet Drive tu étais vraiment protégé totalement. Il n'existe rien de mieux qu'une protection de sang. Après, si tu viens vivre ici, je m'assurerais personnellement de mettre des protections efficaces et que tu aies un entraînement adapté. J'ai déjà mis des protections ici, mais j'en rajouterais si nécessaire, expliqua Sirius.

– Je comprends, dit Harry qui réfléchit une demi-seconde. Je me fiche des protections. Je suis prêt à me défendre.

– J'en étais sûr, murmura Sirius fièrement.

– Sirius a déjà mis en place un Fidelitas, expliqua Amelia, ce qui, en soi, est déjà une protection importante. Mais je suis sûre qu'il connait d'autres sortilèges impénétrables.

– Je viens d'une famille de mages noirs, dit machiavéliquement Sirius. Je vais mettre une petite malédiction sympathique pour ceux qui essaieraient d'entrer sans permission. Je suis sûr que Kreattur connaît deux-trois choses amusantes.

– Dans tous les cas, tu seras protégé ici, dit simplement Amelia, même si les protections ne sont pas aussi fortes que celles chez les Dursley, personne ne va réussir à vous trouver. Personne ne sait vous habitez, alors que tout le monde peut trouver l'adresse des Dursley et attendre que tu sortes prendre l'air.

– Donc, les protections ne seront plus efficaces chez mon oncle et ma tante ? demanda Harry.

– Non, une fois que tu auras considéré que ce n'est plus ta maison, les protections vont s'arrêter, dit Amelia. Ça ne m'étonnerait pas qu'elles ne soient déjà plus en place, puisque tu considères la Villa Bleue comme ta maison depuis noël.

Harry hocha la tête pour montrer qu'il avait compris. Il savait que les protections chez les Dursley étaient particulièrement efficaces mais, comme l'avait dit Amelia, elles ne le protégeaient plus quand il sortait dans la rue. La Villa Bleue était parfaitement protégée, il faisait confiance à Sirius sur ce point. Ils avaient aussi la possibilité de se réfugier dans d'autres maisons s'ils étaient attaqués, ce qui n'était pas négligeable.

– Et, avec de la chance, dit Sirius d'un ton badin, Voldemort ne reviendra jamais.

– De toute façon, ce n'est pas à Harry de s'occuper de ça, dit sèchement Amelia. Normalement, tu n'auras pas l'occasion de l'affronter de nouveau, entendu ?

– Oui, Mrs... Amelia. J'ai juste une petite question...

– Vas-y Harry, dit doucement Amelia.

– Les protections vont tomber donc, les Dursley ne seront plus protégés ?

– Ils t'ont fait souffrir toute ta vie et tu t'inquiètes pour eux ? dit Sirius, visiblement choqué.

– Je te l'avais bien dit, répliqua Amelia. Tu as parfaitement raison, Harry. C'est pour cela que j'ai fait appel à des Briseurs de Sorts qui sont venus renforcer les protections autour de leur maison pour qu'ils soient en sécurité. C'était une de leur condition pour l'abandon de garde. Ils...

Amelia s'arrêta, incertaine, se tournant vers Sirius, qui soupira.

– Harry, dit doucement Sirius qui ne l'avait toujours pas lâché, pour que la garde leur soit retirée le plus rapidement possible il fallait qu'ils signent un abandon de garde. Sans ça, on aurait dû attendre le procès, tu comprends ? Bien, dit-il après avoir vu Harry hocher la tête. Ils ont accepté de signer l'abandon à une seule condition... C'est que personne ne vienne jamais poser de questions sur toi. Donc... Aucun policier ne pourra... Tu ne pourras pas porter plainte contre eux, résuma-t-il avec difficulté.

– Ce n'est pas grave, assura Harry. Je m'en fiche. Je veux juste... Je veux juste ne plus rien avoir à faire avec eux... Ça me va très bien.

Sirius se renfrogna, visiblement en désaccord avec lui, mais ne le contredit pas.

– Est-ce qu'on devra aller au procès ? demanda Harry.

– Non, je ne pense pas, dit Amelia après avoir regardé Sirius. Maître Maxwell va représenter Sirius et il a déjà transmis au dossier ta lettre qui disait que tu voulais que Sirius ait ta garde. De plus, ce que tu viens de me dire vaut comme témoignage officiel, je pourrais donc, si tu le souhaites, rapporter notre conversation au procès et représenter tes intérêts.

– Avec plaisir, dit Harry en hochant la tête. Je vous... te fais confiance pour ça.

– Parfait. Je serai ravie de parler en ton nom, Harry. Est-ce que tu as d'autres questions ?

Harry hocha la tête en signe de dénégation. Rassuré, il se détacha de Sirius et attrapa les papiers que lui tendait Amelia. Il signa une déclaration selon laquelle il souhaitait que Sirius ait sa garde et qu'Amelia parle en son nom au procès.

– Je dois y aller, dit Amelia en se levant après s'être assurée que Harry ait tout compris, j'ai beaucoup de travail. Je vous souhaite de bonnes vacances à tous les deux, je pense que nous nous reverrons très vite.

– Fais attention à toi, dit Sirius. Bon courage pour tout ça.

– Je ne sais pas si c'est le procès ou la perspective que Rufus me tue qui m'inquiète le plus, ironisa Amelia. Il n'a pas été informé, expliqua-t-elle à Harry qui fronçait ses sourcils.

– Pourquoi ?

– Il ne fallait pas qu'il puisse vous trouver et il valait mieux qu'il puisse sincèrement dire à Dumbledore qu'il ne savait où vous étiez. Comme ça, il ne sera pas embêté.

Amelia disparut rapidement en emportant ses papiers, laissant Harry et Sirius seuls pour leurs vacances. Harry prit une grande inspiration, un peu chamboulé par tout ce qui venait de se passer.

– Merci, Sirius, dit Harry d'une petite voix, pour tout ce que tu as fait.

– C'est normal, petit, répondit Sirius d'une voix étranglée. Jamais je... Plus jamais chez eux.

Sirius l'entraîna dans un câlin, comme s'il avait aussi besoin que lui de savoir qu'ils étaient vraiment réunis pour deux mois de vacances et que Harry n'allait pas repartir.

– Après le procès, ça ira beaucoup mieux, dit Sirius. Pendant ce temps, ne t'inquiète pas trop, d'accord ? Ce n'est qu'une question de jours avant que tu ne sois enchaîné définitivement avec moi.

– Ça me va très bien, rit Harry.

– Super, parce que je vais te demander de faire tes valises. Ne t'encombre pas trop, prends des affaires d'été, mais on fera du shopping là-bas.

– Là-bas ? Pourquoi ? demanda Harry qui sentait son cœur battre d'impatience.

– On part en vacances, évidemment, dit Sirius sur le ton de l'évidence.

– En vacances ? Tous les deux ? Pendant combien de temps ? Où ?

Harry vit Sirius éclater de rire sous l'avalanche de questions.

– Alors, oui, on part en vacances tous les deux. Nous ne revenons ici que fin juillet, si tout se passe bien. Pourquoi ? Parce que tu as vraiment besoin de vacances, et aussi pour mettre de la distance entre Dumbledore et nous. Tu ne dois dire à personne où nous partons, seule Amelia et Remus sont informés de notre destination, entendu ?

– Bien sûr ! dit avidement Harry en sautant sur place, trop heureux de partir en vacances pendant près d'un mois et demi.

– J'ai essayé de convaincre Remus, je pense qu'il nous rejoindra une semaine au mois de juillet, si ça te convient.

– Tu as vraiment besoin de poser la question ? demanda Harry en roulant ses yeux en l'air. Où est-ce qu'on part ?

– Alors, commença Sirius un peu anxieux, d'abord, on va en Roumanie. Je veux qu'on passe au Centre Médical de Mihai, si ça te va ?

– Tu es encore malade ? s'enquit Harry.

– Je dois faire un dernier check up complet avec Mihai qui est retourné en Roumanie. C'est pour la garde, dit évasivement Sirius, et je dois aussi voir avec lui comment on s'arrange pour nos séances de psychomagie, comme il va rester en Roumanie. Et, j'aimerai bien, si tu le souhaites bien sûr... qu'il t'ausculte aussi.

Harry se figea en comprenant pourquoi Sirius avait été aussi anxieux ; il avait peur de ta réaction ou de son refus.

– Tu as le droit d'y réfléchir jusqu'à notre arrivée et de refuser, dit précipitamment Sirius sans sembler savoir comment le lui dire, mais je pense que ça serait bien. Tu es vraiment maigre et... J'ai besoin... on a besoin de savoir ce qu'on fait les Dursley, si... Pour la garde, tu vois.

– Je comprends, dit Harry en sentant son cœur battre à la chamade. Je... Je vais y réfléchir.

Harry ne savait pas trop s'il avait envie que quelqu'un l'ausculte.

– Et ensuite ? demanda Harry pour changer de sujet.

– Ensuite, c'est une surprise, sourit Sirius. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il y a du soleil et la mer. Ça te va ?

– Si ça me va ? Bien sûr que oui ! Mais, comment on va savoir ce qui se passe ici pour le procès et si Dumbledore fait un mouvement qui...

– J'ai donné mon Miroir à Amelia, le rassura Sirius, comme ça elle pourra tout nous raconter de vive voix, sans passer par les hiboux internationaux.

– C'est une super idée. Et pour les entraînements, est-ce que tu veux continuer ?

– C'est même essentiel, dit Sirius en fronçant ses sourcils, on ne sait jamais... Je préfère que tu saches te défendre au cas-où les protections de la Villa tomberaient. Mais je veux quand même que tu aies des vacances. Je pense qu'on se fera un programme au mois d'août, comme l'année dernière. Pour le moment, on va juste profiter du soleil. Ça te va ?

– Ça me semble être un super programme, sourit Harry.

– Super, direction la Roumanie !

.

Harry s'effondra à moitié devant le Centre Médical Duca, ou CMD, blanc comme neige, à moitié affalé sur Sirius.

– Je te déteste, murmura hargneusement Harry.

Sirius éclata de rire en relevant Harry comme s'il ne pesait pas plus qu'une plume.

– On est arrivé, dit joyeusement Sirius sans sembler voir le regard furieux de son filleul.

– Enfin, grommela Harry qui secoua sa tête pour se remettre les idées en place.

Sirius avait, de toute évidence, vraiment envie d'éviter Dumbledore. Ils savaient tous les deux que le directeur de Poudlard ne mettrait pas longtemps à comprendre que Harry n'était pas de retour à Privet Drive et ils avaient dû prendre des mesures avant que les Aurors ou que la Police Magique ne soient envoyés à leurs trousses.

Amelia leur avait conseillé de faire profil bas le temps qu'elle clarifie la situation auprès du Département de la Famille, tout en sachant que Dumbledore pouvait aussi passer au-dessus du Ministère et les chercher par ses propres moyens.

Sirius avait expliqué qu'une fois au CMD ils seraient protégés. Le CMD, quoiqu'ouvert à tous, avait des protections qui faisaient qu'aucune personne étrangère ne pouvait y pénétrer sans autorisation. Une fois à l'intérieur, ils étaient cachés et personne ne pouvait les trouver. Sirius avait dit à Harry qu'ils ne pourraient sans doute pas se promener dans les rues tout de suite et, qu'une fois partis de Roumanie, tout serait plus simple.

Sirius craignait que Dumbledore ne les trouve en Roumanie, puisque tout le monde savait que Mihai était son psychomage, et avait tout fait pour brouiller les pistes et le retarder le plus longtemps possible. Avec de la chance, il ne saurait jamais qu'ils étaient en Roumanie.

Sirius avait tout d'abord transformé leurs visages pour qu'ils passent inaperçus. Ensuite, ils avaient pris un bus de la Villa Bleue vers une ville voisine, avant que Sirius ne les fasse transplaner dans un quartier moldu, d'où ils avaient pris le métro, pour arriver au centre des portoloins internationaux. Sirius avait réservé plusieurs portoloins pour brouiller les pistes, chacun menant à d'autres portoloins.

Ils avaient d'abord utilisé une boîte de conserve qui les avait fait transiter en France, ensuite un journal les avait mené en Pologne, avant qu'une bouteille vide ne les transporte en Roumanie. En Roumanie, Sirius avait préféré utiliser les transports moldus et ils avaient fait une heure de bus, avant de pouvoir transplaner dans plusieurs endroits de la Roumanie, pour atterrir au CMD. Harry n'avait pas du tout apprécié cette avalanche de transports magiques et était prêt à tuer son parrain pour ça.

– Bienvenue, bienvenue ! lança Mihai Duca qui les avait vu attérir, s'approchant d'eux pour donner une potion revigorante à Harry.

Harry l'attrapa sans se poser de question, son mal des transports magique passant immédiatement. Il releva la tête pour fixer Mihai Duca. C'était un homme très grand, plus grand que Sirius qui le dépassait pourtant d'une bonne tête. Il avait de longs cheveux attachés en un catogan, de grands yeux bleus et un sourire très avenant qui rassura immédiatement Harry.

– Merci.

– Pas de quoi, j'ai aussi le mal des transports et cette petite potion m'a souvent sauvé la vie, assura Mihai. Bienvenue au CMD, Harry. Sirius m'a beaucoup parlé de toi, je suis heureux de te rencontrer.

– Euh... Moi aussi... Sirius m'a parlé de vous, aussi, répondit Harry un peu crispé.

– Salut, doc, dit Sirius en serrant la main de Mihai.

– Bonjour, Sirius. Vous êtes arrivés plus tard que prévu, non ? demanda le médicomage en regardant sa montre.

– C'est normal, il nous a fait prendre trois portoloins, sans parler des transplanages, du bus et du métro... Tout ça pour brouiller les pistes. On fait ça depuis plus de deux heures, c'est affreux ! se plaignit Harry encore un peu vaseux.

Mihai haussa un sourcil en direction de Sirius.

– Il se peut que je n'aie pas eu la garde de Harry et que des autorités cherchent à nous retrouver pour kidnapping. Mais rassure-toi, Amelia m'a aidé et j'ai une garde temporaire, c'est juste que Dumbledore n'est pas au courant.

– Je pense que tu as plein de choses à me raconter, sourit tranquillement Mihai sans sembler s'inquiéter de la situation. Vous êtes ici en sécurité, personne ne peut vous trouver sans votre autorisation. Suivez-moi. Tu te souviens des lieux, Sirius ?

Harry vit son parrain hocher la tête, partant dans ses souvenirs. Harry posa sa main sur son bras pour le soutenir. Il savait que son parrain revoyait les semaines qu'il avait passées ici avant son emprisonnement, sa mère qui avait été présente et toutes les recherches qu'ils avaient pu mener à terme après la Roumanie. Sirius avait passé plus d'un mois ici et Harry était sûr que les souvenirs étaient difficiles à supporter. Mihai sembla le comprendre également, puisqu'il n'insista pas.

Harry fut soufflé par l'aspect du CMD, ayant pensé naïvement qu'il s'agirait d'un simple hôpital. L'aspect extérieur ressemblait à une immense maison rustique, avec des murs en pierres et des poutres en bois. Il remarqua une immense terrasse semi-ouverte remplie de fauteuils à l'air confortable et l'esquisse d'une piscine.

Tout le CMD semblait être entouré de verdure, comme s'ils étaient dans une forêt, complètement isolés et Harry s'y sentit tout de suite bien. Ça ne ressemblait pas du tout à la Forêt Interdite qui était impressionnante et froide, mais plus à un havre de paix, très lumineux.

L'intérieur du CMD était immense, bien plus que ne le laissait penser l'aspect extérieur et Harry était persuadé que le bâtiment avait subi un sort d'extension. Les murs étaient chargés de tentures brodées, notamment aux fenêtres, permettant de filtrer la lumière. Si les sols étaient immaculés, les nombreux tapis aux couleurs chatoyantes donnaient une sensation de confort et de chaleur bienvenues.

Harry tomba tout de suite sous le charme d'une mosaïque en forme de soleil en plein centre de ce qui semblait être le hall d'entrée. Mihai les entraîna dans son bureau qui reflétait totalement l'aspect chaleureux du CMD. Son œil fut attiré par les nombreux tableaux de plantes, sans doute utiles pour des potions, aux traits fins et délicats, qui se reflétaient élégamment sur le bureau en verre derrière lequel le psychomage s'installa.

– Comment allez-vous ? demanda Mihai en les détaillant du regard.

Harry se tortilla sur son fauteuil, mal à l'aise sous son regard, ne sachant pas trop à quoi s'attendre. Il savait que Sirius l'avait fait venir pour que Mihai s'occupe de lui, sous prétexte de vérifier sa propre santé, et il ne savait pas trop quoi en penser.

– Bien, assura Sirius, ces derniers mois ont été compliqués, mais on est enfin ensemble. Je te raconterai le périple de la garde tout à l'heure.

– Je meurs d'impatience, dit Mihai en souriant. Tes histoires sont toujours passionnantes à découvrir.

Harry comprit rapidement que Sirius et Mihai essayaient de détendre l'atmosphère en babillant sur des choses futiles, pour le mettre à l'aise. Il remercia son parrain du regard, mais il savait qu'il ne serait rassuré que quand cet entretien serait terminé. Il ne savait toujours pas s'il voulait être ausculté et s'il en avait vraiment besoin.

Son enfance chez les Dursley n'avait pas été la meilleure, mais il n'avait pas non plus été maltraité ou battu. Il était, certes, un peu petit, mais ce n'est pas pour ça qu'il avait un problème. Après tout, il avait passé de nombreux jours à l'infirmerie et jamais l'infirmière ne lui avait dit qu'il n'allait pas bien. Il était sûr que cette auscultation ne déboucherait sur rien et ne voulait pas faire perdre son temps à Mihai.

– Bien, Sirius, dit Mihai en interrompant leur conversation sur les portoloins. Comment tu te sens ?

– Beaucoup mieux, dit Sirius en souriant largement. Après, je ne sais pas trop comment l'expliquer... Ce n'est pas simple pour moi de me promener dans la rue... J'ai peur qu'on me renvoie à Azkaban... et je me sens toujours un peu en décalage, mais sinon, physiquement, je me sens bien. J'ai repris du poids et ça va. Enfin, je crois.

Mihai fit léviter un dossier sur son bureau.

– Comment tu supportes les potions de soins ?

– Mal, grimaça Sirius. Elles ont un goût infect, pire que du jus de chaussette, si tu veux mon avis.

– Je me doute, je me doute. Est-ce que tu souhaites que Harry reste pour notre consultation ?

– Oui, si tu veux, bien sûr, dit Sirius en se tournant vers Harry.

– Oh, euh, oui, d'accord, répondit Harry touché par la confiance que lui témoignait son parrain.

– Bien, sourit Mihai, je vois que tu as l'air d'aller beaucoup mieux. Tu permets que je te prélève un peu de sang pour les tests ?

Sirius tendit son doigt immédiatement et Mihai y fit une coupure avec sa baguette pour laisser tomber une goutte de sang dans un récipient en terre cuite, dans lequel il ajouta une potion couleur or. Il tourna la potion dans le sens des aiguilles d'une montre, avant de la verser sur une feuille de parchemin vierge.

– C'est une technique roumaine qui permet de faire un état des lieux complet du corps du sorcier, expliqua Mihai en voyant les yeux interrogateurs de Harry. Comme un scanner moldu. Je sais que vous ne faites pas ça en Angleterre, mais le sang contient énormément d'informations, ce qui permet d'avoir un rapport complet des blessures et des antécédents du patient.

Harry hocha la tête en signe de compréhension, alors que Mihai lisait le parchemin qui s'était rempli d'informations.

– Je suis très content, lâcha Mihai en souriant largement à Sirius. Tu as très bien assimilé les potions de soins. Tu n'as aucune carence. Je vois que tu n'as plus aucune trace de déshydratation ou de manque de sommeil. Et tu as pris un peu de poids, ce qui est une bonne chose. Tu sembles avoir totalement récupéré d'Azkaban.

– Donc... ça veut dire... supposa Sirius en sautillant sur sa chaise.

– Ça veut dire plus de potions, conclut Mihai riant de voir Sirius lever son poing en l'air en signe de victoire. Attention toutefois, c'est une victoire, mais il te reste du chemin à parcourir. Je te trouve encore un peu maigre, donc je vais te faire un programme alimentaire et sportif très précis pour te permettre de récupérer totalement. S'il n'y plus aucune trace de l'effet des détraqueurs dans ton système, tu sais que nous devrons vérifier régulièrement si ton corps supporte le retour à la vie normale.

– Oui, je sais, dit Sirius qui semblait ravi de savoir que tout allait bien chez lui.

– Pour le sommeil, comment tu te sens ?

– Ça dépend des moments, admit Sirius. Mais dans l'ensemble, je dors bien. Juste quelques cauchemars de temps en temps. Le plus difficile c'est d'être dehors et de rencontrer des gens qui me demandent des explications.

– Je pense qu'on peut te laisser comme ça pour le moment. Tu as toujours la potion de sommeil sans rêves, mais tu ne dois pas en abuser. Si tu as trop de réveils nocturnes, on pourra envisager un traitement un peu plus lourd, entendu ?

– Parfait, souffla Sirius.

– Mais il faudra vraiment que tu suives mon programme, sinon je te remets sous potion. Ça veut dire beaucoup de sport et aussi beaucoup de soleil, tu en as besoin après avoir passé douze ans enfermé.

– Ça me va bien comme traitement, dit Sirius avec un sourire en coin. Ne t'inquiète pas, j'ai prévu les vacances au soleil et puis, la Roumanie est plutôt ensoleillée en ce moment.

– Est-ce que tu te sens un peu stressé ? Avec l'annonce de ta libération, le refus de la garde de Harry, je comprends que ça ait été un peu difficile à gérer.

– Je gère plutôt bien, ce n'est pas toujours facile comme on en a déjà parlé, dit Sirius avec hésitation. Mais je pense que le sport aide beaucoup.

– C'est un formidable outil. Nous en discuterons plus tard, mais tu sais aussi qu'on peut te mettre sous traitement pour les angoisses ou le stress. Je vais essayer de te laisser tranquille cet été pour voir comment tu réagis, mais il faudra contrôler régulièrement.

– Je me doute bien, soupira Sirius. Mais tu es optimiste ?

– Je suis plus qu'optimiste. Tu es presque totalement guéri physiquement, ce qui est plutôt impressionnant quand on sait que tu as commencé le traitement il y a moins d'un an.

– Je suis impressionnant, se vanta Sirius sans pouvoir masquer son sourire victorieux.

Harry leva ses yeux au ciel et Mihai éclata de rire.

– Il faut aussi qu'on parle de tes séances de psychomagie. Tu sais que, si tu es guéri physiquement, il te faudra un suivi encore longtemps.

– Je sais et je l'ai accepté quand on a commencé nos séances.

– Parfait. Je ne retournerai pas en Angleterre avant longtemps, donc tu as le choix de continuer avec moi ou de prendre un psychomage en Angleterre.

– Je veux continuer avec toi, dit Sirius sans aucune hésitation. Je peux payer les portoloins. Combien de séances ?

– Je ne sais pas combien de temps vous allez rester ici, dit Mihai après un temps d'hésitation alors qu'il fixait Harry qui fit semblant de ne rien voir. Je te propose qu'on reste sur trois fois par semaine pendant ce temps. Je te laisserai tranquille pendant vos vacances, mais une fois de retour en Angleterre, je voudrais te voir peut-être une à deux fois par semaine. Au regard de ta progression, je pense qu'une séance par semaine, puis toutes les deux semaines, serait une option envisageable dans les mois qui arrivent, ça te va ?

– Ça me semble parfait, souffla Sirius.

Harry vit qu'il était soulagé, comme s'il avait eu peur de ne plus avoir de séances de psychomagie. Il savait à quel point son parrain appréciait ces séances, lui permettant de parler de toutes ses angoisses, ses peurs et constituaient une pause bienvenue quand il se sentait submergé par les émotions.

– Bien sûr, ma porte est toujours ouverte si tu ne vas pas bien ou si tu as besoin de conseils.

– Tu es génial, dit Sirius. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans toi.

– Tu aurais trouvé un autre psychomage.

– Aucune chance, coupa Sirius en levant les yeux au ciel. Et toi, ça te va de continuer avec moi ?

– J'en serai enchanté. Nous pourrons discuter des modalités pendant l'une de nos séances, si tu as toujours des questions. Je te ferai également une auscultation une fois par mois pour contrôler ton poids et d'éventuels problèmes, entendu ?

Alors que Sirius hochait la tête en signe de confirmation, Harry vit les yeux bleus de Mihai se poser sur lui et il flancha légèrement, sentant que c'était à son tour.

– Harry, j'aimerai savoir si tu as déjà eu un rendez-vous avec un médicomage ?

Harry se figea, étonné par la question.

– Euh, non. J'ai été souvent à l'infirmerie à Poudlard, mais je n'ai jamais vu de médicomage.

– Et un médecin moldu ?

– Non plus, dit Harry en fronçant ses sourcils, ou alors je ne m'en souviens pas. Pourquoi ?

– En Roumanie, tous les enfants sont testés à la rentrée scolaire, notamment les nés-moldus, afin qu'ils soient vaccinés contre d'éventuelles maladies sorcières, ce qui permet de détecter d'éventuels problèmes. Tu vois, les enfants nés-moldus tentent souvent de cacher leur magie par peur, ce qui peut conduire à des petits désagréments physiques, comme des os cassés ou encore une Magie trop faible puisqu'elle se contient et cherche à passer inaperçue. Le même test que j'ai fait à Sirius permet de vérifier si tout va bien. C'est pour cela qu'il est étonnant pour moi que tu n'aies jamais vu de médicomage, mais je sais que l'Angleterre fonctionne différemment.

Harry haussant ses épaules, sans savoir quoi répondre.

– Je souhaiterai savoir si tu accepterais de faire une auscultation avec moi.

– Mais... Vous n'êtes pas un psychomage, normalement ? demanda Harry un peu incertain.

– Ce n'est pas ce que tu m'as dit quand on s'est rencontré ? s'amusa Mihai en regardant Sirius. Que je n'étais pas compétent ?

– Je n'ai pas... balbutia Harry.

– Ne t'inquiète pas, Harry, dit Mihai plus doucement en voyant qu'il l'avait mis mal à l'aise. Tu as tout à fait raison de poser la question. J'ai longtemps été médicomage, avant de me spécialiser dans la psychomagie. De plus, le CMD accueille tous types de pathologies et il est nécessaire que je puisse gérer tous les cas possibles, qui arrivent souvent en urgence. Je peux donc sans problème m'occuper de toi, mais si tu ne te sens pas à l'aise, je peux aussi appeler un de mes collaborateurs qui est un médicomage.

– Non, non ! Pas de soucis. Je... Oui, pourquoi pas, balbutia Harry.

– Je ne ferais rien si tu n'en as pas envie, entendu ? dit Mihai d'une voix sérieuse. Ton consentement est essentiel pour cette séance.

– D'accord. Je vais le faire, accepta Harry.

– Est-ce que tu souhaites que Sirius assiste à la consultation ? demanda le médicomage.

– Oui, répondit Harry sans aucune hésitation.

– Avant qu'on ne commence, est-ce que tu veux me parler de quelque chose en particulier sur ton état de santé ou ta vie en général ? demanda évasivement Mihai en attrapant un bout de parchemin pour constituer son dossier.

Harry soupira, ne sachant pas trop quoi dire. Il savait que toute cette approche de Mihai était faite pour qu'il accepte la consultation, mais il ne savait pas ce qu'elle pouvait révéler. Il se rappelait avoir eu beaucoup de blessures au cours de sa vie. Il n'avait pas été heureux chez les Dursley, c'était certain, mais il ne pensait pas que leur comportement ait pu entraîner des désagréments physiques sur le long terme.

Sirius lui avait dit que ce n'étaient pas des comportements normaux, et il l'avait accepté, mais il n'avait pas l'impression d'avoir besoin de soins particuliers, à l'exception de manger un peu plus pour prendre du poids. Et il ne voulait pas spécialement raconter son traitement chez les Dursley, craignant de voir de la pitié dans le regard de Mihai. Il avait déjà évoqué ce qu'il s'était passé à Sirius, une fois, et ça lui avait suffi.

– Tout va bien se passer, rassura Mihai en voyant son souffle devenir plus court. Nous ne sommes pas là pour te juger, Harry. Quoi que les tests révèlent, nous t'aideront.

Harry hocha sa tête en signe d'assentiment.

– Non, je n'ai rien à dire.

Sirius souffla imperceptiblement et Harry sut qu'il aurait voulu qu'il parle des Dursley, mais il ne se sentait pas d'en parler. Il allait faire la consultation, tout allait bien se passer et, ensuite, il pourrait profiter de ses vacances. Après tout, l'infirmière de Poudlard l'aurait vu s'il avait des problèmes de santé, non ?

– Bien. Je vais commencer par prélever ton sang, d'accord ? Ensuite, en fonction de tes résultats, je pourrais t'ausculter.

– J'y ai eu droit aussi, indiqua Sirius comme pour le rassurer.

Harry tendit sa main sang et ne flancha pas quand Mihai coupa son doigt.

Mihai étudia le parchemin de Harry un long moment, l'air imperturbable, même si le froncement de ses sourcils était plutôt inquiétant.

– Alors Harry, commença Mihai en fixant toujours le parchemin, je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Il y a beaucoup d'informations, ce qui est étrange pour un garçon de ton âge.

– Les Dursley ne m'aimaient pas beaucoup, expliqua Harry avec difficulté. Ils n'ont jamais... Enfin, ça allait, c'est juste que je n'allais jamais chez le docteur.

– Je comprends. Les Dursley c'est la famille qui t'a élevé, c'est ça ?

– Oui.

– Ce sont des monstres, murmura Sirius à ses côtés.

– Je... Ils ne m'ont jamais fait de mal, tenta Harry. C'est juste qu'ils n'aimaient pas trop la magie donc... Ils ne s'occupaient pas trop de moi.

– Je vois, dit Mihai sans aucune trace de jugement. Je veux juste te dire, Harry, que ce n'est pas parce que ta famille ne t'a jamais battu que tu n'as pas subi des abus ou de la maltraitance.

Harry détourna le regard. Il savait que son historique médical était important, notamment depuis Poudlard, mais ça ne pouvait pas être si affreux que ça.

– Qu'est-ce que ça montre ? soupira Sirius en désignant le parchemin, prenant visiblement sur lui.

– Harry, tu es en très mauvaise santé, lâcha Mihai qui s'évertuait à ne parler qu'à lui, même s'il ne le regardait pas. Tu souffres d'une malnutrition sévère.

Harry accusa le coup difficilement.

– Je ne mange pas beaucoup, s'excusa Harry.

– Harry, souffla Sirius, les Dursley te donnaient un repas par jour et parfois rien de la journée ! Ce n'est pas étonnant. Regarde-toi ! Tu es si maigre que je pourrais te porter avec un bras. Ne minimise pas ça, s'il te plaît.

– Mais je mange bien à Poudlard ! s'exclama Harry. Alors, oui, je ne mange pas beaucoup chez les Dursley, mais ce n'est pas grave. Je ne suis chez eux que deux mois.

– Malheureusement, des années de privations ne peuvent pas être rattrapées en trois ans, entrecoupées de moments de malnutrition, expliqua Mihai. Tu as passé dix ans chez les Dursley sans manger, ce qui fait que ton estomac a beaucoup rétréci. Cela explique le fait que tu n'aies pas besoin de manger beaucoup pour te sentir rassasié. La malnutrition dont tu as souffert pendant dix ans a entraîné de nombreuses carences, une maigreur importante et un problème de croissance en général. Il faut vraiment que l'on traite ce problème, et rapidement.

– Pourquoi ? murmura Harry.

– Parce que cet état de malnutrition a des conséquences sur tout ton corps. Il doit lutter pour rester éveiller, pour subvenir à tes besoins essentiels. Ton corps souffre, Harry. Et le fait qu'il ne soit pas au repos fait qu'il est toujours sous tension, ce qui doit entraîner des problèmes de concentration, étourdissements ou encore des migraines, je me trompe ?

Harry acquiesça avec difficulté, se reconnaissant dans chacun des symptômes. Il avait pensé que le fait de bien manger à Poudlard permettait à son corps d'emmagasiner et de lui permettre d'affronter les étés chez les Dursley, mais il se souvenait bien de son été entre la première et la deuxième année, où il avait été nourri à la soupe froide une fois par jour et où il avait été au bord de l'évanouissement de nombreuses fois, sans jamais parvenir à se reposer complètement.

– Je vois que tu as des problèmes de vue. Est-ce que tes lunettes sont adaptées ? demanda Mihai.

– Oui, répondit Harry en se souvenant du mois d'août qu'il avait passé avec Sirius. Je suis allé m'en faire de nouvelles l'année passée.

– Parfait. Je peux toutefois te conseiller le port de lentilles magiques, si tu souhaites les laisser tomber.

Harry regarda Mihai avec envie.

– Ça serait super !

– Nous pourrons voir ça plus tard. Alors, je sais que c'est génétique, mais le fait de ne pas avoir vu de médecin et d'avoir porté des lunettes non adaptées a sans doute joué sur l'accentuation de ta myopie. De plus, je vois que tu as eu beaucoup d'os cassés pendant ton enfance...

– Je tombais beaucoup, coupa Harry en rougissant.

Il ne mentait pas en disant qu'il tombait beaucoup. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il tombait sous les coups de son cousin ou en essayant d'échapper à la « chasse au Harry ».

– Je vois, dit Mihai en jetant un regard sévère à Sirius qui voulait intervenir. Ta Magie a permis de réparer les os cassés, malheureusement, certains ont été mal ressoudés puisque ta Magie a agi dans l'urgence, ce qui a pu entraîner des douleurs. Tu n'as jamais de sensation d'essoufflement ou de douleurs ?

– Pas spécialement, dit Harry en haussant les épaules. Je joue au Quidditch et ça a l'air d'aller. Je cours aussi et, au départ, j'avais un peu de mal, mais maintenant je tiens plutôt bien. Je n'ai jamais sentit de douleur particulière.

– C'est étonnant, car tu as plusieurs os mal ressoudés, dont une côte qui devrait te couper le souffle ou rendre ta respiration douloureuse, d'autant plus pendant un effort intensif.

Harry ne savait pas quoi répondre car, s'il se sentait parfois essoufflé, il ne sentait pas que c'était un problème au quotidien.

– Je vois aussi quelques brûlures, qui pourront facilement se traiter, mais je pourrai y regarder pendant l'auscultation, si ça te va.

– Je sors beaucoup en été, expliqua Harry sans dire qu'il avait été forcé à jardiner tous les jours sous un soleil brûlant, sans crème solaire.

– En fait, Harry, je ne sais pas comment tu tiens encore debout, exposa Mihai d'un ton grave alors que Sirius plongeait sa tête entre ses mains. Je suppose que tu es habitué à la douleur, mais tu devrais souffrir le martyr.

– Je ne sais pas, je vais bien pourtant, plaida Harry un peu choqué par les conclusions de Mihai.

– Sans doute parce que tu as passé dix mois à Poudlard et que ça a permis à ton corps de se régénérer, mais tes problèmes sont toujours là. Je suppose aussi que tu es tellement habitué à vivre avec la douleur que tu ne la remarque même plus. Et je pense ne pas me tromper en disant que tu peux expliquer l'absence de douleurs par ta Magie.

– Ma Magie ? s'étonna Harry, alors que Sirius relevait la tête, intrigué.

– Oui. Tu as l'air d'avoir une Magie plutôt puissante, si j'en crois ce que m'a dit Sirius. C'est elle qui t'a permis de guérir de la plupart de tes blessures, comme les os cassés, ou te protéger contre d'éventuelles infections, tout ça sans voir de médecin. Elle t'a aussi aidé à guérir plus rapidement. Elle remplace les fonctions principales de ton corps qui ne fonctionnent pas, comme te maintenir debout à cause de la malnutrition et t'aide sûrement à atténuer les douleurs. C'est fréquent chez les sorciers qui vont moins à l'hôpital que les moldus, puisque leur Magie répare les problèmes.

– Donc c'est une bonne chose ? comprit Sirius.

– En général oui. Par exemple, Sirius, tu as aussi une Magie très forte et c'est ça qui fait que les traitements ont été bien assimilés par ton corps. Ta Magie a sans doute aidé à accélérer ta guérison, expliqua Mihai. Le problème avec Harry c'est que ta Magie est beaucoup trop sollicitée. Avec le nombre de blessures à réparer, la douleur et surtout cette malnutrition, elle ne fait que te soutenir.

– Et c'est grave qu'elle soit trop sollicitée ? Si elle permet à Harry de ne pas souffrir, dit Sirius en fronçant ses sourcils.

– Ta Magie ne peut pas faire autre chose que t'aider pour tes blessures. C'est comme si une partie de ta Magie était bloquée, puisqu'elle est utilisée pour te soutenir. Ça peut expliquer de mauvais résultats scolaires, mais je sais que tu es très doué à l'école, donc tu as vraiment une Magie puissante. Normalement, tu ne devrais même plus pouvoir jeter de sorts avec ce qu'elle utilise pour t'aider.

– Je ne comprends pas bien, admit Harry.

Mihai prit une grande inspiration, semblant hésiter sur la façon de lui dire ce qu'il avait diagnostiqué.

– Harry, ta Magie te maintien en vie. Sans elle... Comment te dire... Sans elle, tu ne pourrais pas tenir debout. Cette malnutrition et les blessures que tu as subies sont plutôt sévères. Sans ta Magie, je pense que tu ne serais plus en vie.

Harry accusa difficilement le coup, se demandant comment cela était possible. Même si Dudley l'avait souvent frappé, jamais son oncle et sa tante n'avaient posé la main sur lui. Ils n'avaient rien fait et, si c'était sans doute le problème, il ne voyait pas comment il aurait pu mourir de ça.

– Comme je l'ai dit, ce n'est pas les coups qui montrent que tu es un enfant qui a subi des abus. La maltraitance passe également par l'indifférence. Tu es presque dans un état de famine, ton poids est affolant pour un enfant de ton âge et la malnutrition a entraîné un retard de croissance, ce qui explique que tu sois assez petit. Ton corps souffre, Harry. À chaque nouvelle blessure, ton corps accuse le coup et ne peut pas récupérer puisqu'il doit gérer un état permanent de faiblesse. Tu dois aussi beaucoup dormir, mais ça ne permet pas de te sentir vraiment reposé puisque ta Magie fonctionne sans arrêt, entraînant un épuisement et une fatigue extrêmes. Et, comme tu souffres et que tu es fatigué, ta Magie prend encore plus de place pour t'aider. C'est un cercle vicieux.

– Comment est-ce que... Je n'ai juste pas beaucoup mangé chez les Dursley, mais...

– Je te l'ai dit, Harry, la malnutrition peut entraîner des troubles très graves. Si tu n'es pas nourri correctement, tes organes ne fonctionnent pas bien, ton cerveau peut avoir du mal à traiter les informations. Cela entraîne un retard de croissance, des faiblesses qui peuvent conduire à des infections, des carences...Ton corps ne peut pas lutter, il ne peut pas se réparer tout seul, ce qui le sollicite encore plus. Un repas par jour n'est clairement pas suffisant. Sirius m'a dit que tu ne mangeais parfois pas pendant des jours, ce n'est pas normal. Le fait de ne pas te nourrir, alors que tu étais très maigre, c'est catastrophique. Ton corps n'avait aucune réserve, ce qui fait qu'il était faible et qu'il n'aurait pas pu, sans ta Magie, continuer à fonctionner. Manger est essentiel pour des tas de choses. Le traitement que t'ont infligé les Dursley aurait pu être très grave et il l'est, au regard de ton état de santé.

Mihai avait un ton un peu plus froid, sans doute parce qu'il était énervé, ou parce qu'il essayait de faire comprendre à Harry qu'il aurait pu mourir face à cette indifférence. Harry peinait à comprendre les paroles du psychomage.

– Heureusement, tu as été envoyé à Poudlard, ce qui a permis à ton corps de reprendre des forces, d'être mieux nourri et ta Magie a pu se reposer, mais ça ne semble pas non plus être le meilleur endroit pour toi.

– Pourquoi ? s'étonna Harry.

– Je vois que les os de ton bras droit ont totalement disparu, avant de repousser. Sans doute grâce au Poussos. C'est exact ?

– Euh... oui, rougit Harry. Lockhart... enfin, mon professeur de Défense, c'était un incompétent. Je me suis cassé le bras au Quidditch et il les a faits disparaître au lieu de réparer mon bras.

– Tu as été mordu par un basilic au même bras, dit Mihai, un sourcil haussé.

– Oui.

– Puis-je te demander par quel miracle tu es encore en vie ? demanda Mihai les yeux remplis d'interrogations.

– Euh... C'est grâce à Fumseck... Le Phénix de Dumbledore, il a pleuré et... Voilà, j'étais encore en vie.

– Ton bras gauche a été touché par une blessure d'hippogriffe, lut Mihai qui semblait désespéré au fur et à mesure qu'il lisait le parchemin. Tu as aussi eu des fractures cette année...

– J'ai fait une chute de balai.

– Il est tombé de vingt mètres, grimaça Sirius.

– Je vois aussi un grand manque de sommeil, ce qui n'est pas étonnant, mais aussi une exposition aux détraqueurs qui a sans doute perturbé ton sommeil et a engendré un grand stress. Est-ce que tu penses vraiment que ton corps peut se remettre avec tout ça ? demanda Mihai.

– Pas vraiment, admit Harry en souriant faiblement. Mais c'est moins pire que chez les Dursley.

– Je vois, dit simplement Mihai. Dans tous les cas, ce n'est pas normal. Ta Magie est ultra-sollicitée et il faut que nous l'aidions immédiatement pour qu'elle puisse reprendre sa place normale.

Harry vit que son parrain était pétrifié et que ses mains étaient accrochées aux accoudoirs, ses jointures blanches.

– Je pense qu'il va te falloir un traitement immédiatement, si tu es d'accord.

– Je... Oui. D'accord, accepta Harry qui avait vu le regard suppliant et triste de Sirius.

Mihai souffla légèrement, visiblement rassuré qu'il accepte la proposition.

– Qu'est-ce que tu conseilles ? réussit à articuler Sirius.

– Je vais d'abord t'ausculter, Harry, et on va discuter des différentes potions que tu vas prendre. Tu peux t'installer sur le lit ?

Harry se leva et son corps se crispa d'appréhension, alors qu'il suivait Mihai vers le lit médical, dans un coin du bureau.

– Est-ce que tu es confortable à ce que Sirius reste ici ?

– Oui, répondit Harry sans l'ombre d'une hésitation.

Mihai demanda à Harry de soulever son tee-shirt et d'ôter son pantalon. Si Harry était gêné de se découvrir, ce ne fut rien quand il vit le regard terrifié de Sirius, qui pâli, et s'effondra à moitié sur sa chaise en voyant sa maigreur. Harry savait qu'il n'était pas épais, mais il ne trouvait pas ça très choquant. Mihai, toujours très professionnel, ne dit rien et commença à ausculter Harry.

– Je vois que tu as plusieurs brûlures sur ton dos et sur ta nuque, il faudra que tu appliques un onguent tous les soirs pendant une semaine, dit Mihai. Je vais m'occuper de tes os qui ont été cassés ou fracturés et ont mal guéri. Tu as une côte cassée qui doit te couper le souffle, ainsi qu'un os dans ton bras gauche, sans doute accentué par la blessure d'hippogriffe qui a dû te faire énormément souffrir et, enfin, un dernier dans la cheville, qui menace de se briser. Cette fragilité dans ta cheville a sans doute été accentuée par tes footings quotidiens, mais on va pouvoir la réparer.

– Oh, dit Harry en se crispant.

Sirius sembla se reprendre et se précipita vers eux pour serrer la main de Harry.

– Je ne comprends pas... dit Harry un peu hésitant, avant de continuer sous le regard intrigué de Mihai. Mrs Pomfresh m'a fait prendre des potions pour réparer mes os pendant ma scolarité, pourquoi ça n'a pas réparé les anciennes blessures ?

– Parce qu'elles sont trop anciennes. Tes os sont techniquement réparés, donc la potion ne pouvait pas agir. Comme elle n'a pas vu tes anciennes blessures, elle ne pouvait pas te donner les potions adéquates. Malheureusement pour les réparer totalement, il n'y a qu'une seule solution. Il faut que je recasse les os et, ensuite, tu boiras une potion de réparation. Ça risque de faire mal, admit Mihai.

Harry soupira en se demandant si, un jour, il arriverait à ne plus souffrir le martyr.

– Ne t'inquiète pas, ce n'est pas pire que de faire repousser tous les os d'un bras ou même qu'une blessure de basilic, tempéra Mihai avec un sourire en coin.

Harry réussit à rigoler faiblement, avant que Mihai ne commencer à casser ses os. Il regretta bientôt d'avoir cru Mihai car se faire recasser les os était bien pire que le Poussos en deuxième année. Il eut l'impression de s'être cassé la voix à force de hurler et Sirius, qui eut le mérite de se tenir droit pendant tout le traitement, ne put masquer ses tremblements et sa pâleur.

Trente minutes plus tard, Harry se rendit compte qu'il pouvait respirer comme il n'avait jamais respiré auparavant.

– Je... C'est...

– Plus confortable, non ? devina Mihai en souriant largement. Tu te sens mieux ?

– Beaucoup, merci !

Harry prit une grande inspiration et se rendit compte que la douleur sourde qu'il avait toujours connue en-dessous de sa poitrine avait complètement disparu. Il avait l'impression que chaque bouffée d'air l'emplissait complètement. Il posa sa cheville au sol et se rendit compte qu'elle ne flanchait pas. Il ne ressentait aucune douleur. Il se sentait simplement bien. Comment n'avait-il pas pu se rendre compte qu'il souffrait à ce point ?

– Les autres douleurs que tu ressens sont dues en majorité à ta malnutrition. Il faut absolument traiter ça, dit Mihai en faisant rhabiller Harry. Je suis désolé de te dire que tu vas devoir prendre plusieurs potions.

– C'est obligé ? murmura Harry avec difficulté.

– Je le crains. Tu auras une potion pour permettre à ton estomac de retrouver une taille normale, une potion qui va t'ouvrir l'appétit un peu plus, une autre pour éviter les vomissements qui pourraient être entraînés par la reprise d'une alimentation normale, des potions pour les nutriments essentiels qui te manquent, une contre la déshydratation et, enfin, une potion qui va te permettre de reprendre de la masse musculaire et de régler ton problème de croissance. Je vais ajouter une potion pour que tu puisses dormir, pour que ta Magie récupère, même si on devra l'arrêter avant que tu ne t'y habitues. Et une autre pour gérer ton niveau de stress qui est excessivement élevé, sans doute à cause des détraqueurs.

– C'est beaucoup, grimaça Harry.

– Je sais, dit Mihai d'un air désolé, mais c'est essentiel si tu veux aller mieux. Je peux t'assurer que tu sentiras la différence et que ta Magie te remerciera.

– Combien de temps ?

– Tu dois reprendre au moins quinze kilos. Je pense que je peux te laisser une année pour les prendre, ça te semble faisable ?

Harry hocha la tête, un peu incertain. Il se demandait comment il pourrait reprendre autant de poids.

– Je te donnerai, comme à Sirius, un programme alimentaire. Pour les potions, je propose que tu les prennes pendant six mois et que l'on fasse le point pendant les vacances de noël, ça t'irait ? On pourra sans doute réduire les potions à trois ou quatre d'ici la fin de votre séjour.

– Combien de temps doit-on rester ici ? demanda Sirius.

– Il faut que Harry ait pris au moins cinq kilos avant votre départ. Je pense que trois semaines ne seront pas de trop, dit Mihai en espérant qu'ils voudraient rester.

– Ça te va, Harry ? demanda Sirius.

– S'il le faut, soupira Harry qui détestait se sentir aussi faible.

– Oui, il le faut, assura Mihai.

– Alors, d'accord, dit Harry. Mais nos vacances est-ce que... je suis désolé que...

– Harry, dit doucement Sirius en le forçant à le regarder dans les yeux, mes meilleures vacances, c'est quand tu es avec moi. Qu'on soit au soleil, en Roumanie ou en Angleterre, je m'en fiche. La seule chose que je veux, c'est que tu ailles bien. Et si, pour ça, on doit passer un mois en Roumanie, alors on passera un mois en Roumanie.

Harry hocha la tête, mais il espérait qu'ils pourraient partir le plus rapidement possible, ne voulant pas passer ses vacances dans un hôpital.

– Est-ce que tu as des questions, Harry ?

– Pas vraiment.

– Pendant le temps que tu seras là, je serai disponible pour répondre à toutes tes questions. Je m'occuperai personnellement de ton suivi physique, si cela te convient. Nous nous retrouverons tous les soirs pour discuter de ton traitement et j'adapterai les potions en fonction de tes ressentis et besoins. La journée, je suppose que tu suivras Sirius. Vous pourrez évidemment vous balader, ce n'est pas une prison. Mais je veux que vous soyez rentrés chaque soir à dix-sept heures pour votre rendez-vous, compris ?

Sirius et Harry hochèrent la tête en signe d'assentiment.

– Je vais m'occuper de vos programmes. Vous découvrirez, surtout toi Harry, que le CMD propose de nombreuses activités.

– Il y a d'autres personnes ici ?

– Oui, il y a d'autres résidents ici, de longue durée ou non. Vous pourrez parler avec eux, si vous le voulez, mais ce n'est pas une obligation. Il n'y a pas de règle spécifique. Harry je vais surtout te demander de manger trois repas par jour, c'est important, tu ne dois louper aucun repas et finir ton assiette à chaque fois, même si tu prends du temps. Ne loupe aucun rendez-vous et aucune potion, c'est une question de confiance, dit Mihai avec douceur. Sinon, tu es relativement libre de tes mouvements. Ça te va ?

– Ça me paraît super, souffla Harry qui était prêt à tout pour partir le plus rapidement de cet endroit.

– On aura une chambre ici ? devina Sirius.

– En effet. Je vous y conduirai après. J'ai une dernière recommandation, pour tous les deux, dit Mihai.

– Laquelle ?

– Profitez du soleil pour bronzer un peu, vous êtes trop pâles pour la Roumanie.

– On est anglais, plaida Sirius en soupirant de tristesse. Je suis sûr que Harry sera comme James, il va être tout bronzé et moi, comme Lily, je vais rester tout blanc, la vie est si injuste.

La remarque de Sirius eut le mérite de faire rire Harry qui se détendit légèrement, bien que toujours choqué par les révélations que lui avaient faites Mihai. Il avait encore du mal à les comprendre, mais se doutait que le choc allait bientôt le heurter.

– J'ai une dernière suggestion à te faire, Harry, dit Mihai en se tournant vers lui. Tu es libre d'accepter ou non, ce n'est pas obligatoire, mais c'est conseillé au regard de ce que tu as vécu. Il y a une psychomage ici, qui se prénomme Irina. Elle est spécialisée dans le traitement des enfants et adolescents et je serais rassuré si tu acceptais de la rencontrer, au moins une fois, pour discuter.

Harry se tourna vers Sirius, l'air incertain.

– C'est à toi de voir, Harry. On ne t'obligera à rien. Mais la rencontrer une fois ne peut pas te faire de mal, proposa Sirius.

Harry n'était pas opposé à l'idée de parler à quelqu'un, mais il devait pour ça surmonter son problème de confiance envers les adultes et sa peur de parler de ce qu'il avait vécu. Il n'était pas sûr de pouvoir le faire. Mais Remus et Sirius lui avaient tous les deux dit qu'il était essentiel qu'il parle avec quelqu'un, pour éviter ses explosions de magie. Et il ne se voyait pas vraiment parler de tout ça avec eux. Sans doute qu'une personne extérieure serait plus à même de tempérer les choses et de ne pas s'énerver en voulant tuer les Dursley dès qu'il prononcerait une phrase, comme le faisait Sirius.

– Pourquoi pas, je veux bien la rencontrer, dit Harry après une longue réflexion.

Mihai hocha sa tête, avant de reprendre le parchemin et de fixer Sirius un long moment, incertain.

– Il y a autre chose, non ? supposa Sirius. Franchement, est-ce que tu peux nous annoncer une bonne nouvelle ? Harry va aller bien, non ?

– Oui, bien sûr, dit Mihai avec une rapidité et une honnêteté qui les rassura tous les deux. Après son séjour ici, et s'il prend bien ses potions, Harry va s'en remettre. Mais il y a effectivement autre chose et c'est plus inquiétant.

Sirius soupira de dépit.

– Dites-moi, dit Harry avec inquiétude. Ça ne peut pas être pire que tout ça, non ?

– En fait, je crains que si, dit Mihai avec hésitation. Il y a quelque chose dans ta cicatrice.

Harry porta instinctivement sa main sur sa cicatrice en fronçant ses sourcils.

– Personne ne t'a jamais ausculté ?

– Je dois vraiment répondre à cette question ? ironisa Harry en roulant des yeux.

Mihai sourit légèrement, alors que Sirius laisser échapper un ricanement dédaigneux.

– Je n'arrive pas à croire que personne n'ait rien fait, se crispa Sirius. Dumbledore, l'infirmière... Je veux dire, personne ne t'a jamais observé ? C'est plutôt évident et... Ça me met en rogne, désolé. Donc, qu'est-ce que tu as trouvé, Mihai ?

– Il va falloir que je fasse des analyses complémentaires, évidemment, mais c'est ce que nous craignions, dit simplement Mihai en regardant Sirius.

Sirius blanchit et serra ses poings, observant la cicatrice de Harry avec attention. Ce dernier le regarda avec interrogation, voulant des explications.

– Qu'est-ce que vous avez trouvé ? demanda Harry. Tu sais quelque chose ?

– Je n'étais pas sûr, se défendit Sirius qui avait entendu son ton accusateur. C'était juste une théorie et je ne voulais pas t'embêter avec ça.

– On avait dit pas de secret ! s'exclama Harry, blessé par le manque de confiance de Sirius.

– Ce n'est pas un secret, c'est une rétention d'information pour ton bien-être personnel, répliqua Sirius. Et puis, je ne pouvais rien te dire tant que je n'étais pas sûr.

– C'est pour ça que tu voulais que je vienne ? Pour ma cicatrice ? comprit Harry.

– En plus du fait que tu as l'air d'un enfant de onze ans à cause de ta maigreur, oui, répondit franchement Sirius. Ne m'en veux pas, je...

– Je ne t'en veux pas, dit Harry en levant ses yeux au ciel. Je comprends, mais juste... Dites-moi ce qu'il se passe.

Harry comprenait que Sirius avait cherché à le protéger et que tout cela n'aurait mené qu'à des questions sans réponse. Il ne pouvait pas lui en vouloir de chercher à le protéger d'une information potentiellement délicate dont il n'avait aucune certitude, mais, à présent, il voulait savoir. Il fixa son parrain dans l'attente d'une réponse.

– Tu as... dit Sirius en se raclant la gorge. Comment dire ça...

– Dis-le simplement, fit Harry agacé par tant de précaution.

– Quand Voldemort est mort... Il... On pense qu'il voulait que ta mort lui serve pour créer un nouvel Horcruxe, expliqua Sirius sans le lâcher du regard. Une partie de son âme s'est décrochée et s'est rattachée à la seule chose... et bien... à la seule chose vivante dans la pièce, c'est-à-dire... toi.

– Je suis un Horcruxe, comprit Harry d'une voix blanche. C'est... C'est pour ça que j'ai mal quand il est près de moi... ou que je parle fourchelang... Je suis un Horcruxe ?

– Nous le pensons, oui, dit Mihai. Mais je vais faire venir un spécialiste pour le confirmer. Nous avons déjà discuté avec lui de cette possibilité et il sera le plus à même de confirmer le diagnostic.

– Tu ne t'énerves pas ? demanda Sirius un peu étonné par la réaction de Harry.

– Je suis un peu sous le choc, admit le brun. C'est juste... Il y a un peu trop d'informations pour une seule journée, je crois.

– Harry va prendre quelques jours pour digérer tout ça, dit Mihai avec inquiétude. Je vais demander à Irina de prêter un serment magique et, ainsi, tu pourras discuter librement avec elle de ce sujet.

Harry hocha la tête, un peu nauséeux à l'idée de savoir qu'il était un Horcruxe. Il se sentait sale. Il avait envie de vomir à l'idée qu'une partie de l'homme qui avait tué ses parents était en lui. Est-ce que cette partie d'âme l'avait changé ? Est-ce que ses réactions, sa personnalité, étaient lui ou était-ce simplement l'Horcruxe qui avait pris le contrôle ? Allait-il devenir un monstre comme Voldemort ?

Les Dursley avaient eu raison en lui disant qu'il était un monstre, parce qu'il l'était. Il avait une part de noir en lui, une part sombre, dangereuse... Qui sait ce qui allait se passer, ce qu'il allait ressentir, s'il continuait de grandir avec ça dans la tête. Était-il déjà fou ?

– Calme-toi, intima Sirius l'air inquiet. Ça va aller, Harry.

– Est-ce que... murmura Harry la voix cassée. Est-ce qu'on peut l'enlever ?

Mihai et Sirius soupirèrent de concert et leurs expressions ne rassurèrent pas du tout Harry.

– Il faut que tu comprennes que Sirius et moi nous cherchons des informations depuis des mois, depuis qu'il m'a parlé de ses doutes, dit Mihai. J'ai contacté un expert en magie noire, qui nous a aidé à faire des recherches et c'est lui qui va venir t'examiner.

Harry pâli encore plus en comprenant que Sirius avait gardé une telle information pour lui pendant de longs mois. Il se demanda si ça avait été difficile pour lui de lui cacher ses doutes. Ou alors, peut-être que Sirius avait déjà compris qu'il était un Horcruxe et ne voulait pas le regarder ou lui en parler, par peur ou par dégoût. Après tout, il avait une part de Voldemort en lui. Peut-être craignait-il qu'il puisse le trahir ou qu'il devienne un futur mage noir...

– Et qu'est-ce qu'il a dit ? demanda Harry qui voyait l'air très inquiet des deux hommes face à lui et qui voulait arrêter de penser au fait que son parrain puisse avoir peur de lui.

– Il n'est pas... Il faut que tu saches qu'il n'a jamais été reporté un cas d'Horcruxe humain, exposa Sirius. On tâtonne pour le moment et on cherche un moyen de... On cherche depuis des mois... Le moyen de l'enlever.

– Enlevez-le moi, supplia Harry qui sentait les murs autour de lui se rapprocher et son souffle se faire plus court. Je me fiche si ça fait mal ou si je... Quoi ? demanda-t-il en voyant Sirius au bord des larmes. On ne peut pas l'enlever, c'est ça ? Voldemort ne pourra jamais être tué à cause de moi et...

– Harry, coupa Mihai d'une voix tremblante, notre expert pense savoir comment l'enlever. En fait, on sait parfaitement comment détruire cet Horcruxe, c'est simplement la suite qui nous pose problème.

– La suite ? répéta Harry, perplexe. Quelle suite ?

– La seule manière de détruire l'Horcruxe, expliqua Mihai en parlant avec une douceur infinie, c'est de te tuer.

.

.