PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.

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Partie 3. Chapitre 2.

"Procès II"

Albus Dumbledore avait l'habitude de discuter avec les tableaux représentant les Directeurs de Poudlard. S'ils avaient la fâcheuse tendance de se disputer, n'étant jamais d'accord, ils lui permettaient de se poser les bonnes questions et de remettre en question certaines de ses décisions. Ils avaient aussi l'œil sur toute l'école et pouvaient facilement l'aider à savoir tout ce qu'il s'y passait, ce qui était un avantage non négligeable quand on dirigeait une école aussi grande que Poudlard.

L'année scolaire était enfin finie et, alors qu'Albus discutait des possibilités de renforcement des barrières autour de l'école pour accueillir la venue des écoles de Beauxbâtons et de Durmstrang pour le Tournoi des Trois Sorciers, un objet sur une commode se mit à trembler. Phineas, qui était en train de suggérer de les loger dans les cachots, s'interrompit brusquement.

Tous les yeux se posèrent sur un objet en argent, en forme de cône, qui avait l'habitude de cliqueter d'un son doux et apaisant, presque comme une clochette. L'objet commença à trembler de plus en plus fort et tomba sur le sol dans un bruit sourd et sonore. Il continua de vibrer jusqu'à ce que, soudain, il s'illumine et s'arrête.

Il n'y avait plus aucun son et Albus eut l'impression que Poudlard même venait de s'éteindre. Il y eut un reniflement de surprise d'un tableau et le temps sembla reprendre son cours normal. Albus se leva pour ramasser l'objet et le regarder comme s'il le voyait pour la première fois de sa vie.

Albus ? dit Armando Dippet en rompant le silence. Qu'est-ce que ça signifie, Albus ?

C'est Potter, dit Phineas en souriant d'un air sournois.

– En effet, il semble que ce soit Harry. Cet objet est directement relié à lui. Vous savez quelque chose, Phineas ? demanda Albus en se tournant vers le tableau du Directeur le plus détesté de Poudlard.

Savoir quelque chose ? répéta Phineas de sa voix flutée, une main sous son menton comme s'il faisait mine de réfléchir. Non. Mais, même si je le savais, je ne dirais rien.

Il fit semblant de bâiller longuement, alors que les tableaux commençaient à s'agiter.

Insubordination, monsieur ! rugit Basil, un sorcier corpulent au nez rouge. Manquement au devoir !

Nous devons nous mettre au service de l'actuel directeur de Poudlard, il y va de notre honneur ! s'écria Armando. Honte à vous, Phineas !

Voulez-vous que j'emploie des arguments plus convaincants, Dumbledore ? demanda Elizabeth avec des yeux perçants en brandissant une baguette magique d'une taille si exceptionnelle qu'elle ressemblait plutôt à une cravache.

Oh, très bien, répondit Phineas en regardant la baguette avec une certaine appréhension. Non, je ne sais rien, je vous le promets. Mais je vais me renseigner.

Il se dirigea vers le bord du cadre et disparut.

Dumbledore contempla l'objet avec inquiétude. Harry allait-il bien ? L'objet ne s'était jamais arrêté depuis qu'il avait placé Harry à Privet Drive. Il avait continué de cliqueter et de bourdonner, inlassablement, depuis près de treize ans. Que s'était-il passé ?

Albus soupira en se massant les tempes. Tout d'abord, il était sûr que Harry était parti avec son oncle et sa tante, il s'en était assuré. Il avait été à Privet Drive, puisque le Poudlard Express était arrivé il y a plusieurs heures. Harry n'avait pas été enlevé par Pettigrow, Albus en aurait mis sa main à couper, même s'il lui faudrait vérifier cette théorie.

Il savait que la seule façon de rompre les protections était, soit de tuer Harry (ce qui n'était pas possible puisque un objet en forme ovale lui indiquait qu'il était vivant), soit que ce dernier ne considère plus Privet Drive comme chez lui. Le fait d'avoir juste été enlevé n'aurait pas réduit au silence son précieux artefact.

Non, Albus était sûr que Harry ne considérait plus Privet Drive comme sa maison. Et il ne voyait qu'une personne qui puisse lui faire oublier Privet Drive. Sirius Black.

Enfin, grommela Basil en voyant Phineas revenir devant la bannière de Serpentard de son tableau.

Les cheveux de Phineas, d'ordinaire parfaitement bien coiffés, étaient ébouriffés, il était rouge et s'essuyait le front. Ses vêtements étaient débraillés, comme s'il avait été victime d'une attaque particulièrement violente.

Quelle soirée, mais quelle soirée ! grommela Phineas. Mourir ! J'ai été victime d'une attaque, Dumbledore ! Ça n'en restera pas là ! Je demande le droit d'être protégé !

Elizabeth renifla avec dédain en montrant de nouveau sa baguette à Phineas qui sauta d'un bond dans son tableau, terrifié.

– Est-ce que Sirius est toujours dans la maison de ses parents ? demanda Albus.

Je ne pense pas, Albus, répondit Phineas avec dédain. Il n'y avait personne. J'ai croisé cette harpie de Walburga, qui m'a attaqué. J'ai failli mourir, Dumbledore. Mourir ! J'exige un châtiment !

Les tableaux soupirèrent d'un même souffle, se retenant visiblement de l'attaquer de nouveau, mais furent calmés par un geste apaisant de la main d'Albus.

– Que vous a-t-elle dit ? s'enquit Albus.

Elle a surtout hurlé, à vrai dire, dit Phineas avec un rictus d'effroi. Elle m'a dit qu'ils n'étaient pas là. Avant de m'attaquer.

– Harry n'est plus chez son oncle et sa tante. Il est sans doute parti volontairement. Ce qui signifie que...

Que mon arrière-arrière-petit-fils a enfin compris qu'il fallait prendre les choses en main, dit Phineas avec un ton qui ressemblait à de la fierté. Quoi, je suis le seul à avoir vu que ce petit ne voulait pas retourner chez ces sales sangs-de-bourbe répugnants ?

– Phineas, dit Albus sans faire attention aux cris d'indignation des autres tableaux, vous savez bien que la protection de sang est essentielle pour Harry. Surtout avec Pettigrow qui a disparu, il faut que Harry soit protégé de Voldemort.

Vous êtes une honte pour la profession de Directeur ! hurla Everard

Je suis simplement le seul à être lucide sur vos manipulations, Dumbledore.

Cette fois, Phineas dut courir dans son autre tableau pour éviter les autres Directeurs qui se levaient pour le pourchasser.

Une fois parti, les autres Directeurs fixèrent Albus avec un silence inquiétant.

Black pourrait-il vivre ailleurs ? proposa un autre tableau.

– Oui, c'est possible. Mais je n'ai aucune idée d'où ils pourraient se trouver... Je pensais qu'il serait resté dans la maison de ses parents. Phineas nous avait dit qu'il s'y était réfugié il y a des mois. Je n'ai jamais pu y accéder, bien entendu. Mais, je n'ai jamais pensé qu'il puisse vivre ailleurs.

Phineas a encore failli à ses devoirs ! hurla Elizabeth.

Si je me souviens bien, dès que Sirius a vu Phineas, il lui a lancé un sortilège l'empêchant de révéler quoi que ce soit, tempéra une sorcière au menton proéminent. Cela explique qu'il n'ait pas pu nous dire qu'il n'habitait plus là-bas.

Il a sans doute déménagé, ajouta un homme aux cheveux très longs. D'après ce que dit Phineas, cette maison est d'une horreur. Et les Black n'ont jamais manqué d'argent.

Ça s'est vrai, renchérit Armando. Je me souviens encore des robes des filles Black, quel...

– Nous avons compris, coupa Albus un peu agacé. Les Black ont de l'argent et il pourrait se trouver n'importe où sur la planète.

Cela veut dire que les protections sont tombées ? s'horrifia soudain Dilys.

– C'est le cas, Dilys, j'en ai peur, soupira Albus d'un geste de la main las. Harry ne considère plus Privet Drive comme sa maison. La seule explication, c'est que Sirius l'ait emmené chez lui. Si ce n'est pas dans la maison de ses parents, c'est qu'il est ailleurs.

Les tableaux se mirent à chuchoter vivement, semblant argumenter sur ce point. Albus ne les écouta que d'une oreille, avant de se lever d'un geste fluide. Il griffonna sur un morceau de parchemin et s'approcha de Fumseck.

– Transmets ce message à Sirius, s'il te plait. Et fais un tour du côté de Privet Drive.

Fumseck hocha légèrement la tête avant de s'envoler par la fenêtre. Albus était inquiet, mais il préférait être sûr que Harry soit avec Sirius. Il ne pouvait pas contacter Severus, qui avait pris une semaine de vacances pour chercher des ingrédients pour ses potions, alors il décida de contacter l'autre personne à laquelle il pouvait se fier et passa sa tête dans la cheminée.

– Minerva, appela Albus alors que sa directrice-adjointe se baissait face à l'âtre.

– Albus ? Tout va bien ? s'étonna Minerva en voyant son air inquiet.

– Harry n'est pas rentré à Privet Drive.

Minerva écarquilla ses yeux.

– Vous en êtes sûr, Albus ?

– Absolument.

– Depuis combien de temps ?

– Quelques heures, je n'en sais pas plus, dit Albus. Harry ne considère plus Privet Drive comme chez lui et il n'est pas mort, ce qui signifie que...

Albus ne termina pas sa phrase.

– Vous pensez que... Sirius ? supposa Minerva avec hésitation.

– Sans aucun doute, souffla Albus. Il est certain que Harry n'est pas en danger de mort et je ne vois pas pourquoi les protections seraient tombées s'il n'était pas parti de son plein gré. Et il n'y a qu'une personne qui puisse venir chercher Harry comme ça.

– Je pensais que la garde lui avait été refusée, releva Minerva. Pourquoi viendrait-il chercher Harry ?

– C'est justement le problème. Sirius n'a pas la garde et pourrait avoir de gros problèmes si quelqu'un l'apprend. Il vient de kidnapper Harry !

Minerva écarquilla un peu plus ses yeux.

– Enfin, Albus ! Vous pouvez sans doute faire quelque chose.

– J'ai pris contact avec Sirius. Pendant ce temps, je vais essayer de les chercher. Sinon, il faudra prévenir les Aurors.

– Les Aurors... blanchit Minerva. Ce n'est sans doute pas la peine. Albus, j'ai vu Sirius avec Harry, ils sont très heureux et...

– La protection est rompue, Minerva. Harry risque sa vie si on ne le retrouve pas. Sirius n'est pas sain d'esprit, je crains réellement pour sa sécurité.

– Sirius me semble très en forme, rétorqua Minerva en claquant sa langue contre son palais. Ces moldus sont répugnants. Peut-être qu'il a bien fait d'enlever Harry de sa famille.

– Minerva, vous savez comme moi qu'Azkaban change un homme, c'est d'ailleurs pour cela que la garde lui a été refusée.

– Mais les Aurors... ça me paraît... vous êtes sûr que c'est nécessaire ?

– Harry est une personnalité et, avec Pettigrow dans la nature, je crains que les Aurors ne s'emparent de l'affaire. La police magique n'est pas de taille pour gérer un kidnapping. Qui sait où se trouve Harry, à présent.

Minerva hocha sa tête d'un air résigné.

– Tenez-moi au courant, Albus.

Albus sortit sa tête de l'âtre pour retrouver Fumseck, sa lettre toujours dans son bec. Il soupira de frustration en comprenant que Sirius avait, soit refusé de prendre la lettre, soit était parti à l'étranger ou dans un endroit bien caché, là où Albus ne pouvait pas l'atteindre.

– Tout va bien à Privet Drive ?

Fumseck hocha sa tête de bas en haut et, à ce moment, Albus fut persuadé que Sirius avait enlevé Harry.

Albus ? fit Armando.

– Si les Dursley n'ont pas été attaqué, cela signifie que Harry est avec Sirius.

Et Albus n'avait plus qu'une seule idée en tête : retrouver Harry, le plus vite possible. Il allait tout faire pour les retrouver et protéger Harry. Et si, pour cela, il devait parler à Rufus Scrimgeour, alors il le ferait.

.

– Vous allez bien, Mrs Bones ?

Amelia reposa le rapport de Mihai Duca sur son bureau, les mains tremblantes. Elle se leva, fit quelques pas, puis se rassit sur sa chaise. Elle n'arrivait même pas à masquer sa fureur intérieure. Sa jambe droite tremblait tellement qu'elle dut poser sa main droite dessus pour la contenir.

Alan Maxwell, qui était en face d'elle (et semblait s'inquiéter de la voir aussi blanche), semblait avoir, lui aussi, pris un coup de massue de troll sur la tête. Mais il parvenait mieux à contrôler ses émotions qu'elle, sans doute grâce sa formation d'avocat.

– Je vais bien, oui. Un thé ?

– Volontiers.

Amelia fit apparaître deux tasses de thé fumantes devant eux et but la sienne d'une traite, appréciant la brûlure dans sa gorge. Elle hésitait entre se lever pour tuer quelqu'un ou rester à ruminer dans son coin.

– C'est pire que ce que je pensais, finit-elle par articuler.

– Ces Dursley sont vraiment des gens de la pire espèce, confirma Alan. Je ne pensais pas que c'était à ce point non plus. Harry n'a jamais vraiment parlé de tout ça, pas à moi en tout cas. Et je crois que les résultats des tests ont été un grand choc pour Sirius et Harry.

– Ce n'est pas étonnant, dit Amelia la mâchoire serrée. Ce petit ne se rend même pas compte de ce qu'il a vécu. Il a subi tellement de choses... Et il voulait encore les protéger. Pourquoi ai-je mis des protections chez eux, déjà ?

– Parce que vous êtes une bonne Directrice de la Justice Magique. Quoi ? s'amusa Alan en voyant ses yeux se plisser. Vous avez apporté beaucoup à la justice magique. Je ne suis pas d'accord avec toutes vos décisions, mais je sais le reconnaître.

– Merci, Maître, dit fièrement Amelia. Pour en revenir aux Dursley, est-ce que vous pourriez me défendre si je tuais ces gens ?

– Impossible, répondit pragmatiquement Alan. Les Dursley ont disparu.

– Disparu ? répéta Amelia en haussant un sourcil. Comme ça ? Sans prévenir ?

– Étonnant, non ? s'amusa Alan.

– Il n'a rien fait d'illégal, rassurez-moi.

– Non, bien sûr que non, assura Alan. Il ne m'a pas tout dit, mais ils sont en vie.

– Je ne sais pas si je dois être rassurée. Je connais assez Sirius pour savoir qu'il peut trouver des malédictions à la limite de la légalité. Mais je préfère ne rien savoir, souffla Amelia en se promettant de demander des explications à Sirius.

– Vous mourrez d'envie de le savoir, corrigea Alan.

Amelia rougit légèrement, mais n'ajouta rien.

– La garde doit être accordée à Sirius, dit Alan pour recentrer le débat. Rapidement. J'aimerai qu'ils profitent de leurs vacances.

– En effet, sourit Amelia. Sirius avait l'air si content de passer du temps avec Harry. Je vais contacter Daisy Rodrigues, la Directrice du Département de la Famille. Il y a toujours le problème de Pettigrow, mais les protections sont sans doute tombées, donc il n'y a plus vraiment de raison de le laisser chez les Dursley.

– Ils n'auront pas le choix, on va montrer que les Dursley sont loin d'être une famille « charmante et aimante » comme Dumbledore semble le penser, dit Alan. Ensuite, ils pourront juste profiter de leurs vacances.

– Je l'espère vraiment, Maître, soupira Amelia.

Amelia savait que les vacances de rêve qu'avait prévu Sirius avaient vite tourné court. Ils s'étaient envolés pour la Roumanie il y a deux jours et les nouvelles que lui avait transmises Sirius étaient plutôt inquiétantes. Le rapport de Mihai montrait que Harry n'allait pas bien du tout, rien que physiquement, et qu'il lui faudrait des mois pour s'en remettre. Amelia n'osait pas imaginer comment allait Harry mentalement.

Mais la nouvelle qui avait terrifiée Amelia avait été celle de savoir que Harry était un Horcruxe. Amelia s'était précipité au Square Grimmaurd pour y trouver Remus et lui raconter tout ce qu'elle savait. Ils avaient fait des recherches de leur côté dans la bibliothèque bien fournie des Black, mais ils avaient fait chou blanc. Sirius avait de toute façon déjà fait le tour des livres dès que la possibilité que Harry soit un Horcruxe avait été évoquée. Et seul lui serait à même de pouvoir trouver une solution. Amelia et Remus ne connaissaient pas particulièrement la magie noire et surtout pas cette magie si noire.

Amelia savait que c'était le combat de Sirius, mais ça la rendait malade de ne pas pouvoir l'aider. Elle avait l'impression d'abandonner Sirius et Harry à leur sort. Et si Harry ne s'en sortait pas ? Sirius lui avait dit qu'il devait mourir et Amelia savait à quel point un mort restait mort. Personne ne revenait du royaume de la Mort. Personne. Comment allaient-ils gérer la situation ?

Alors, Amelia s'était plongée dans le travail et dans le « Dossier Potter ». Elle avait monté tout un dossier avec Alan Maxwell et ils étaient près à se lancer dans une nouvelle bataille juridique pour la garde. Amelia ne pouvait pas retirer l'Horcruxe de Harry, mais elle pouvait s'assurer que la garde de Sirius lui soit accordée et qu'ils profitent de leurs moments ensemble, sans s'inquiéter d'être recherchés.

– Il faut que ce rapport reste secret, dit finalement Amelia. Harry ne supportera pas si on l'apprend.

– Je suis tout à fait d'accord. Je vais demander un huis clos pour le procès et m'assurer que toutes les personnes présentes prêtent serment de ne rien révéler.

– Bonne idée, confirma Amelia légèrement rassurée.

– Mais ça n'empêchera pas de parler, malheureusement. On ne pourra pas cacher que la garde du célèbre Harry Potter a été donnée à Sirius Black.

– Je suppose que c'est inévitable. Mais, en même temps, c'est une bonne chose, non ? Tout le monde connaît Sirius et je pense que le public va plutôt bien réagir.

– Sans doute. Je parlerai à Harry quand il sera de retour pour lui indiquer une ligne de défense si quelqu'un lui pose des questions. Et pour Dumbledore, qu'est-ce que...

– J'en fait mon affaire, coupa Amelia les yeux brillants de rage.

Alan hocha la tête. Il connaissait assez Amelia Bones pour savoir qu'il ne fallait surtout pas se trouver sur son passage quand elle était comme ça.

– Est-ce que Dumbledore vous a contacté ? demanda Alan.

– Pas encore, dit Amelia. Mais j'ai coupé ma cheminée et je ne lis aucun courrier venant de lui. Sans doute qu'il viendra me voir dans quelques jours, quand il découvrira la disparition de Harry. Et vous ?

– Pareil que vous, en fait nous...

– JE VAIS LE TUER ! cria Rufus en pénétrant dans le bureau, faisant claquer la porte contre le mur avec fracas.

Amelia sursauta et renversa sa tasse de thé sur ses papiers, une main sur son cœur battant à la chamade. Elle jeta un regard courroucé à Rufus qui n'y prêta aucune attention, fou de rage. Rufus se calma légèrement en voyant l'avocat de Sirius qui l'observait avec un sourire en coin, visiblement très amusé de le voir s'énerver.

Rufus avait toujours été le plus calme des Aurors. Il ne s'énervait jamais, parlait avec calme et avait le don d'énerver tous les avocats qu'il croisait. Alors, le voir s'énerver comme ça, montrer ses émotions, montrer qu'il était peut-être comme tout le monde et avait ses moments de faiblesse, était sans doute la meilleure chose qu'Alan ait apprise aujourd'hui.

– Vous avez reçu le rapport sur Harry Potter, Mr Scrimgeour ? supposa Alan.

– Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez, Maxwell, siffla Rufus en le dévisageant du regard.

– Je suppose personnellement qu'il s'agit de Dumbledore, proposa Amelia en souriant à son tour.

Dumbledore ! répéta Rufus avec tout le dédain qu'il pouvait mettre dans un mot. Vous n'allez pas croire ce qu'il vient de me dire !

– Il porte plainte pour kidnapping ? supposa Alan.

– Parce que Harry a disparu et qu'il soupçonne Sirius, compléta Amelia.

– Comment vous le savez ? s'étonna Rufus en se tournant vers l'avocat.

– Je suis avocat, j'ai toujours un coup d'avance.

Rufus regarda Alan un long moment, avant de grimacer, comme si la seule possibilité de rester et de parler avec un avocat lui était insupportable.

– Qu'est-ce que vous avez fait ? demanda rageusement Rufus. Pourquoi Albus Dumbledore vient porter plainte pour kidnapping ? Qu'est-ce que je suis censé faire ?

– Qu'est-ce que tu lui as dit ? s'enquit Amelia, le cœur tambourinant.

Rufus lui jeta un regard sévère, en comprenant qu'elle en savait beaucoup plus qu'elle ne le disait.

– Que j'allais mener l'enquête, qu'est-ce que je pouvais dire ? Que je vous soutenais ? Enfin, Amelia ! Tu ne peux pas aider Sirius à kidnapper un élève, surtout un élève comme Harry Potter ! Si les journalistes l'apprennent...

– Je m'occupe des journalistes, coupa Alan, j'ai des contacts à la Gazette qui me tiendront au courant si quelque chose fuite.

– Dumbledore est remonté comme un hippogriffe insulté ! continua Rufus sans même prêter attention à l'avocat. Je ne peux pas vous laisser tous les deux cinq minutes ! Kidnapping ! Je dois arrêter Sirius, tu te rends compte de la position dans laquelle tu me mets ? Si je ne fais rien, je perds ma place.

– Tu as mis quelqu'un sur le dossier ? demanda Amelia d'une petite voix.

Rufus semblait fou de rage et elle ne savait pas si c'était parce que Sirius avait kidnappé Harry ou si c'était parce qu'ils ne lui avaient pas parlé de leur plan.

– J'ai mis Jackson, bon élément. Il a commencé les recherches tout à l'heure, mais pour le moment il n'a rien trouvé.

– Comment ça ? demanda Alan les yeux écarquillés.

Il savait que la fuite de Sirius avait bien été préparée, mais il ne s'attendait pas à ce que même les Aurors ne trouvent rien. Il avait surtout espéré que Mrs Bones puisse convaincre le Chef des Aurors d'arrêter les recherches ou que la Police Magique soit mise sur le coup. Elle avait beaucoup moins de moyens, permettant à Sirius et Harry de s'enfuir tranquillement.

– On ne sait pas d'où ils sont partis, dit Rufus avec un petit sourire en coin qui montrait qu'il était content de savoir Harry et Sirius en sécurité. Je pensais qu'ils partiraient de chez ses parents, mais je n'ai rien trouvé. Je pense donc qu'ils ont une autre localisation.

Amelia toussa dans sa tasse en évitant son regard. Il la regarda un long moment avant de soupirer.

– Rétention d'information sur un criminel, souffla Rufus.

– Comme on l'a fait avant qu'il n'ait un procès ! siffla Amelia agacée. Tu veux que je porte plainte contre toi ?

Rufus lui jeta un regard glacial.

– Nous pensons qu'ils ont probablement pris des portoloins, mais apparemment, un homme a commandé plus de dix portoloins internationaux le jour de la disparition de Sirius et Harry. Chaque portoloin mène à une destination différente, ce qui fait environ cinquante endroits où ils pourraient se trouver. Sans parler des transports moldus. Un homme qui correspondrait à Sirius a réservé des vols un peu partout, des bateaux aussi, donc... En fait, il pourrait être partout dans le monde.

– Ce garçon est décidemment très intelligent, dit simplement Alan impressionné.

– Je sais, et c'est bien le problème, soupira Rufus.

– Tu n'as aucune idée de là où ils sont ? s'enquit Amelia.

– Je pense qu'ils sont en Roumanie, non ? suggéra Rufus amusé de voir Amelia se tendre. Je sais qu'il voit son psychomage et je suis sûr qu'il veut y emmener Harry, parce qu'il nous en a parlé. Mais Jackson l'ignore et ce n'est pas à moi de lui dire.

– Merci Rufus, dit Amelia avec douceur, comprenant qu'il essayait de les protéger.

Alan avait écarquillé ses yeux, visiblement circonspect à l'idée de faire confiance au Chef des Aurors pour retenir une information sur un potentiel kidnappeur.

– Tu as intérêt de lui donner rapidement la garde, je ne sais pas combien de temps on va mettre pour les trouver. Si Jackson est intelligent, il prendra la demande de garde et verra que Mihai Duca a signé le papier indiquant qu'il suivait des séances de psychomagie depuis plus d'un an. Dumbledore veut les trouver, je sais aussi qu'il va sans doute les chercher là-bas s'il n'est pas trop bête, ce qu'il n'est pas, dit Rufus avec réluctance.

Amelia se figea, n'ayant pas pensé à cette possibilité.

– Je dois planifier le procès cette semaine, dit Amelia, il faut que la garde de Sirius soit régularisée pour que personne ne puisse les approcher. Je sais qu'ils sont en sécurité là où ils sont, mais on ne sait jamais.

– Vous ne pouviez pas attendre une semaine ? soupira Rufus. Kidnapper Harry... Quand je vais revoir Sirius, il va passer un mauvais quart d'heure !

Amelia regarda l'avocat de Sirius qui lui donna son accord d'un signe de tête.

– Tiens, dit simplement Amelia en tendant à Rufus le rapport de Mihai. C'est pour cela qu'on ne pouvait pas attendre une semaine.

Rufus parcourut rapidement le dossier et pâli dangereusement.

– C'est encore pire que ce qu'on pensait, murmura Rufus visiblement choqué.

Il savait que les moldus de Harry étaient des gens de la pire espèce, mais voir les conséquences physiques que ça avait pu avoir sur Harry était franchement horrifiant.

– Ils ont signé l'abandon de garde, indiqua Amelia. Je suis allée chez eux, j'ai constaté tout ce qu'ils lui ont fait et j'ai signé un retrait de garde temporaire pour la donner à Sirius. Ce n'est pas la chose la plus régulière, mais ce n'est pas non plus interdit. Je suis persuadée qu'en lisant ça, Daisy, du Département de la Famille, va confirmer ma décision. Donc, techniquement, Sirius n'a pas kidnappé Harry. Est-ce que tu penses que ça suffira ?

Rufus la regarda et semblait osciller entre son envie de l'étrangler et sa fierté de la voir se démener pour les aider.

– Ça peut marcher, dit-il avec réluctance. Il faut un procès et vite. Je vais m'occuper de Jackson et superviser les recherches.

– Je vais voir Daisy, dit Amelia en attrapant le rapport. Je vais lui donner une copie et lui faire signer une garde temporaire pour Sirius.

– Tu penses qu'elle va accepter ?

– Elle a déjà conclu que Sirius serait un bon gardien, rappela Amelia. Ce qu'il fallait, c'était une bonne raison de retirer la garde aux Dursley. On l'a, même temporairement. Elle va sans doute avancer le procès dans la semaine.

– Amelia, tu as intérêt d'avoir des informations concrètes. Un rapport de médicomage, c'est bien, mais il faut aussi des témoins. Enfin, je suppose que Maître Maxwell le sait tout aussi bien que moi, ajouta Rufus avec ironie.

– En effet, Mr Scrimgeour, répondit Alan avec politesse. J'ai fait une liste de témoins que vous aimeriez interroger, Mr Potter m'a personnellement donné son accord pour que vous leur posiez des questions, même s'il aurait préféré l'éviter.

– On va interroger Mrs Figg qui était la cracmol qui était chargée de s'occuper de Harry, ainsi que Hagrid qui est venu chercher Harry pour lui donner sa lettre de Poudlard, expliqua Amelia en attrapant la liste. Vous êtes sûr que ces personnes pourront nous aider, Maître ?

– J'en suis persuadé, affirma Alan. Vous verrez, ils ont beaucoup de choses à dire sur Mr Potter.

– Avec les témoignages, tout devrait bien se passer, assura Amelia en souriant légèrement.

– Bien, je dois vous laisser, j'ai une audience, dit Alan en se levant souplement.

– Un criminel à faire sortir de prison ? suggéra Rufus avec ironie.

– En effet, répliqua Alan en riant. Mais, vous savez tout aussi bien que moi que les droits de chaque accusé sont essentiels. Et que, sans moi, votre travail serait ennuyeux.

Rufus le fusilla du regard en le regardant partir.

– Tu as vu passer sa demande de réforme ? grommela Rufus. On ne va plus rien pouvoir faire. Un avocat pour chaque personne, leur donner leurs droits, il ne veut même plus que les Aurors parlent au procès !

– Ce n'est pas ça, dit Amelia en levant ses yeux au ciel. Il veut simplement que les Aurors soient simples témoins, comme tout le monde, et que leur parole ne soit pas toujours acceptée sans preuve. C'est une grande avancée pour les droits de la défense.

– J'étais sûr que tu supporterai sa stupide réforme.

– Stupide, répéta Amelia avec hauteur, je te ferais savoir que, si cette réforme stupide avait été en vigueur il y a treize ans, on ne serait pas en train de se battre pour les droits de Sirius !

Rufus soupira en hochant la tête. La réforme d'Alan Maxwell allait passer et il le savait. Il avait le soutien de Sirius Black et tout le monde était d'accord sur le fait que personne ne devait subir ce qu'il avait subi. Ses propositions étaient intéressantes, mais elles allaient compliquer le travail des Aurors. Rufus détestait le changement et savoir que sa parole compterait tout autant que l'accusé le rendait fou de rage. Il ne pouvait cependant pas nier que cette réforme était essentielle, même si, jamais, il ne l'avouerait.

– On parlera de tout ça plus tard. Je n'en reviens pas que vous ne m'ayez rien dit, siffla Rufus. Et son autre maison ?

– Fidelitas, répondit malicieusement Amelia. On ne voulait pas te mettre en difficulté. On savait que Dumbledore ferait quelque chose comme ça. On voulait être sûrs que tu puisses ne rien te reprocher et que tu gardes ton poste.

– Pourquoi tu as fait ça ? C'était très dangereux de ta part.

– Ils le valaient bien, répliqua Amelia.

– Amelia, tu sais que ce n'est pas de ta faute ce qu'il s'est passé avec Sirius et Croupton. Pourquoi est-ce que...

– Tu as vu Harry, non ? Tu n'as pas vu les Dursley. Ils sont juste horribles, et lui tout ce qu'il voulait savoir c'est si on allait les protéger... murmura Amelia la voix tranchante. Aucun enfant ne devrait vivre ce qu'il a vécu, Sirius ou non, je refuse qu'un enfant retourne dans une famille qui le maltraite.

– Est-ce que c'est par rapport à Sirius ? Tu as pris énormément de risques pour lui, remarqua Rufus sur le ton de la conversation.

– Sirius est mon ami, dit simplement Amelia. Ce n'est pas ce que tu crois.

– Je ne crois rien, dit Rufus en ricanant. Je trouve ça juste étrange que tu mettes ton poste en jeu deux fois pour lui.

Amelia prit une grande inspiration en évitant son regard.

– Oui, je me sens coupable de l'avoir jugé comme ça. Je trouve ça injuste... tout ce qu'il a vécu. Et puis, j'ai connu James et Lily... Je me dis... Je me rappelle tant mon frère, Edgar... Si je n'avais pas été là, est-ce que le directeur l'aurait aussi envoyé dans une famille sans s'inquiéter de savoir si Susan était heureuse ? Je suis juste en colère et... J'aime bien Harry, il m'a touché... Il est...

– Mais tu as fait ça pour Sirius, pas seulement pour Harry. Je veux dire, bien sûr que tu as pensé à Harry, mais depuis le début, tu fais tout pour que Sirius se rétablisse, je me trompe ? Tu l'as aidé bien plus que...

– Sirius est mon ami et je veux l'aider, comme je t'aurais aidé si tu avais été dans cette situation, coupa Amelia.

– Ami, oui, répéta Rufus avec toute l'ironie dont il disposait.

– Oui, Sirius est mon ami.

– Non. Nous sommes amis, dit Rufus en les désignant d'un geste de la main. Sirius et toi, vous êtes loin d'être uniquement des amis. Il y a une tension sexuelle entre vous qui est presque gênante.

– Absolument pas ! s'exclama Amelia en rougissant jusqu'à la racine des cheveux.

– Tu es si aveugle que ça, Amelia ? soupira Rufus d'un air dépité. Mais peu importe, je peux comprendre pourquoi vous ne m'avez rien dit. C'était juste stupide de faire ça.

– Je n'ai rien fait de mal, dit Amelia d'une voix assurée. J'ai contourné les règles.

– Tu es pire qu'une Serpentard, rit Rufus.

– Je sais bien.

– Je veux juste te dire que Sirius ne t'en veux pas et qu'il n'a pas besoin que tu risques ton poste pour être ton ami.

Amelia fit semblant de ne pas voir les sourcils de Rufus haussés dans un mouvement suggestif quand il prononça le terme « ami ».

– Je sais... soupira Amelia.

– Tu l'as déjà beaucoup aidé, donc plus de kidnapping, entendu ?

Amelia hocha sa tête, comprenant l'inquiétude de Rufus.

– Promis.

– Bien, maintenant tu vas prendre tes affaires et tu vas venir manger chez moi. Ma femme n'arrête pas de me demander de t'inviter. Et je suis persuadé qu'elle a plein de questions sur Sirius.

– Pourquoi ? s'étonna Amelia et elle vit Rufus lever ses yeux au ciel.

– Tout le monde pense que vous allez finir ensemble, ricana Rufus.

– Ils ne connaissent pas l'amitié ? gémit Amelia.

Rufus la regarda comme si elle était folle.

– Entre toi et lui, ce n'est clairement pas de l'amitié. Vous êtes beaux, influents et des sangs-purs, forcément que les gens parlent.

– Parfois je déteste les gens, grommela Amelia. Et puis, Sirius n'a clairement pas envie d'une relation amoureuse.

– Tu crois ? Je ne suis pas si sûr que toi, dit Rufus avec réflexion. C'est sûr qu'il lui faudra du temps, mais il a l'air de plutôt bien gérer sa sortie d'Azkaban. Je le trouve beaucoup plus détendu depuis quelques semaines, malgré tout ce qu'il s'est passé, je pense que sortir avec nous lui a fait du bien.

– Mmmh. Il a l'embarra du choix, de toute façon, dit Amelia d'un ton badin. Sorcier au sourire le plus charmeur, tu sais.

– Tu es jalouse ? rit Rufus.

– Pas du tout ! rougit Amelia en relevant son menton dans un geste de défi. Je sais bien que, si j'en avais envie... (Et je n'en ai pas du tout envie !) Je sais bien que je n'aurai aucune chance.

– Pourquoi ? demanda Rufus, très étonné par sa réflexion.

– Tu ne connais pas Sirius comme je le connais. Il n'a jamais été sérieux avec une fille. Pourquoi il voudrait s'engager alors que ça fait treize ans qu'il était enfermé à Azkaban ? Tu le vois bien quand on sort ensemble, non ? Il a toutes les filles à ses pieds. Il peut sortir avec qui il veut.

– C'est drôle, dit Rufus avec un sourire en coin.

– Qu'est-ce qu'il est drôle ?

– Je l'ai beaucoup observé quand on sortait. Tu sais qu'on se retrouve souvent.

– Oui, je sais, dit Amelia. Vous êtes les meilleurs amis du monde.

Rufus éclata de rire.

– On peut dire ça. Mais, peu importe. Donc, je l'observe pour voir s'il réagit bien aux sorties et au monde. Et je peux t'assurer que la seule fille qu'il regarde vraiment, c'est toi.

.

George soupira en jouant avec la nourriture de son assiette. Il n'avait pas très faim et il sentait une boule au fond de sa gorge qui semblait ne pas vouloir partir. Il observa sa famille avec appréhension en se demandant pourquoi il avait révélé son homosexualité. Il se sentait si bête à présent. Ça faisait à peine une semaine qu'ils étaient rentrés au Terrier et il avait déjà envie de s'enfuir. À présent, passer les vacances chez sa tante Muriel lui apparaissait comme un rêve éveillé.

Il voyait bien que ses parents essayaient de faire des efforts pour qu'il se sente inclus, pour lui montrer qu'ils ne l'avaient pas oublié et qu'ils l'acceptaient, mais il sentait leur hésitation. Il voyait bien que son père n'était pas à l'aise et que sa mère ne savait pas comment lui parler. Et c'était sans doute ce qui peinait le plus George. Il aurait voulu que tout soit comme avant. Il ne voulait pas que ses parents ne sachent pas comment lui parler ou aient peur de faire une bourde. Il aurait simplement voulu que tout soit normal et qu'il n'existe pas cette tension ambiante insupportable.

Il sentit Fred serrer son genou dans un geste de soutien et il réussit à lui lancer un maigre sourire.

Il devait avouer que l'accueil qu'il avait reçu avait été plus chaleureux qu'à noël. Il sentait que Ginny était derrière lui et Percy et Ron faisaient comme si tout était normal, n'ayant pas changé, ce qui rassurait George. Ron, même s'il commettait parfois des impairs, semblait s'accommoder de la situation plutôt bien et lui avait même demandé s'il sortait avec quelqu'un en ce moment.

Ses parents semblaient s'être fait à l'idée, mais si sa mère lui posait des questions sur son année et que son père avait un comportement normal, il sentait qu'il y avait une tension, une gêne. Il voyait qu'ils ne savaient pas comment le prendre. Il sentait bien que tout n'était plus comme avant et qu'ils auraient préféré ne rien savoir.

– Passe-moi le plat, mon chéri, demanda sa mère à Fred en souriant.

George souffla de nouveau en voyant que sa mère osait à peine le regarder, comme si elle avait peur de quelque chose. De toute évidence, même si tout le monde avait accepté le fait qu'il aimait les hommes, leurs relations ne seraient plus jamais les mêmes.

Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi cette annonce avait tant bouleversé la famille Weasley. Après tout, l'homosexualité n'était pas une tare comme il savait qu'elle l'était dans le monde moldu. Beaucoup de familles l'acceptaient comme quelque chose de normal et les familles de sangs-purs préféraient largement que leurs enfants épousent une personne du même sexe sang-pur plutôt qu'un né-moldu.

– Ce n'est pas Hedwige ? dit Ginny en rompant le silence, regardant par la fenêtre.

Une chouette blanche, aisément reconnaissable, volait en effet vers la maison des Weasley. Elle passa par la fenêtre en hululant gaiement, se posant devant George et tendant sa patte fièrement. George sentit tous les regards sur lui et il songea que ce devait être la première fois que ses parents le regardaient aussi longtemps depuis son arrivée.

– Salut toi, dit George en lui tendant un bout de bacon qu'elle attrapa au vol. Qu'est-ce tu as pour nous ?

George détacha la lettre et le petit paquet que lui tendaient la chouette, alors que cette dernière s'envolait vers Ginny pour réclamer des caresses.

– Il y a une lettre pour la famille Weasley, indiqua George secrètement ravi de voir qu'Hedwige l'avait considéré comme le destinataire de la lettre.

Il la parcourut rapidement du regard, avant de sourire de soulagement.

– Harry nous informe qu'il est parti avec Sirius en vacances jusqu'à la fin du mois de juillet, il nous demande si on peut s'occuper de Hedwige jusqu'à son retour.

Il ouvrit le petit paquet pour dévoiler une ration plus que suffisante de nourriture pour hiboux.

– Il nous souhaite de bonnes vacances. Il y a aussi un petit mot de Sirius pour nous dire qu'il a réservé des places pour la Coupe du Monde de Quidditch pour Harry et Hermione et qu'il espère nous voir là-bas. Il dit qu'il sait que papa a réservé des places pour la famille, ajouta George. Mais Harry n'est pas au courant, c'est une surprise pour son anniversaire.

– C'est adorable de sa part, dit Arthur qui souriait à son tour. Je suppose qu'on peut trouver une place à Hedwige pour les vacances.

– Elle peut partager ma chambre avec Coq, si ça te va Hedwige ? proposa Ron alors que la chouette hululait d'approbation et s'envolait par la fenêtre. C'est super pour Harry ! Il va enfin avoir de vraies vacances. Je ne sais pas comment Sirius s'est débrouillé. Je me demande si Hermione est au courant.

– Harry dit qu'il lui a laissé une lettre, dit Fred qui avait attrapé la lettre à son tour. Il a dû demander à Hedwige de la lui déposer avant de venir ici. C'est pour cela qu'elle a mis cinq jours à arriver ici.

– C'est une bonne nouvelle que Harry nous rejoigne à la Coupe du Monde, dit Arthur, j'enverrai un hibou à Sirius pour savoir s'ils dorment là-bas. Je ne sais pas si nous serons dans les mêmes tribunes, mais nous pourrions les retrouver avant le match.

– Enfin, Arthur ! dit Molly visiblement folle d'inquiétude, coupant les exclamations enjouées de la famille. Que s'est-il passé ? Je croyais que Harry devait retourner dans sa famille. Sirius n'a même pas la garde ! Comment a-t-il fait ? Il ne l'aurait pas enlevé quand même ?

– Enlevé, répéta Ron en ricanant avant de se baisser pour éviter un coup de torchon. Enfin, maman, ses moldus sont horribles ! Il a bien fait de partir ! Sirius ne l'a pas enlevé, à mon avis, Harry était plus que ravi d'enfin les quitter. Sirius est génial.

– Tu ne le connais pas, répliqua sèchement Molly.

– Non, mais il rend Harry heureux, coupa George agacé par sa mère.

– Maman, ne t'inquiète pas, je suis sûr que Harry va très bien, tempéra Ginny en voyant sa mère se crisper. Il sera sans doute bien mieux avec Sirius.

– Sans aucun doute. Enfin débarrassé de ses affreux moldus, affirma Ron en brandissant le poing en l'air. J'espère que Sirius leur a lancé un sort.

George et Fred approuvèrent d'un signe de tête et rigolèrent avec leur petit-frère en imaginant les Dursley ensorcelés.

– Mon garçon, dit Molly d'une voix menaçante, Harry n'aime peut-être pas sa famille, mais ce n'est pas une raison. Il aurait de très gros problèmes avec le Ministère, tu sais bien que c'est interdit de lancer des sorts à des moldus.

Les jumeaux et Ron se regardèrent un long moment, se souvenant certainement de leur mission de sauvetage il y a deux ans. George sentit une connexion se faire avec Ron qu'il n'avait pas eue depuis longtemps. Leurs parents ne les avaient jamais vraiment cru. S'ils voyaient à quel point Harry était maigre, les enfants Weasley étaient sûrs que leurs parents n'avaient jamais compris à quel point les Dursley étaient les pires humains du monde.

– On ne connait pas Sirius, c'est un ancien prisonnier, continua Molly en se rongeant les sangs. Et puis, le professeur Dumbledore avait de bonnes raisons d'envoyer Harry là-bas, non ? Ron nous parlait de protections de sang. Ça n'inquiète personne d'autre que moi de savoir que ce pauvre petit puisse être en danger ? siffla Molly, rougissant de colère.

– Molly, je suis sûr que Harry est en sécurité, dit Arthur d'un ton apaisant. Sirius est...

– C'est un ancien criminel !

– Il a été innocenté, répliqua George.

– Il a passé douze ans à Azkaban, indiqua Molly avec fureur. Ce n'est pas sain pour Harry, on ne connaît pas les conséquences. Vous savez aussi bien que moi ce que vous font les Détraqueurs. C'est pour cela qu'on ne pouvait pas donner la garde à Sirius comme ça. Il y a des procédures et...

Molly étouffa un sanglot d'angoisse, visiblement très inquiète à l'idée que Harry ne soit pas en sécurité. Les enfants Weasley se regardèrent, un peu coupables, en comprenant que leur mère était juste inquiète pour Harry.

– Je suis sûr qu'il va bien, Molly, dit Arthur d'une voix rassurante.

– Mais si... reprit Molly avant d'être coupée par des coups portés à la porte d'entrée. Vous attendez quelqu'un ?

La famille Weasley fixa la porte avec surprise. Arthur se leva pour ouvrir et sauta presque de surprise en voyant Amelia Bones, la Directrice de la Justice Magique, accompagnée de Daisy Rodrigues, Directrice du Département de la famille et un homme qui devait être, au vu de sa cape prune, un membre des Aurors.

– Bonjour Mr Weasley, dit Amelia avec un sourire professionnel, nous nous excusons de vous déranger pendant votre jour de repos.

– Euh... Non, vous ne me dérangez pas, assura Arthur d'une voix inquiète. Qu'est-ce que...

– Ne vous inquiétez pas, nous sommes là uniquement pour vous poser des questions, mais je vous assure que vous n'avez rien à craindre, le rassura Amelia.

– Des questions, à quel propos ?

– À propos de Harry Potter, dit Amelia. J'aimerai parler à vos enfants.

– Mes enfants ?

– Ils n'auront pas d'ennuis, expliqua Amelia en voyant Arthur pâlir. Nous avons été informés que Fred, George et Ronald Weasley avaient été en contact avec la famille moldue de Harry Potter et nous aimerions avoir leur témoignage.

– Oh, euh... oui, bien sûr... Entrez, balbutia Arthur rougissant de gêne.

Les trois membres du Ministère entrèrent dans la cuisine pour voir les Weasley les regarder avec des yeux écarquillés. Percy sauta à moitié de sa chaise, en saluant protocolairement les membres du Ministère, se courbant presque en deux. George ricana dans sa tasse en le voyant bomber le torse. Percy avait commencé son nouveau travail au Ministère de la Magie, auprès de Mr Croupton, depuis quelques jours et tout le monde (à l'exception de leur mère) en avait déjà marre de l'entendre se vanter des responsabilités qui lui étaient confiées.

– Mr Weasley, salua Amelia visiblement amusée par sa réaction. J'ai entendu dire que vous aviez été engagé par Mr Croupton ?

– En effet, Madame la Directrice de la Justice Magique, c'est un honneur de pouvoir travailler avec quelqu'un comme Mr Croupton, dit pompeusement Percy.

– J'ai travaillé avec lui quelques années, indiqua Amelia sur le ton de la conversation, plongée dans ses souvenirs. Vous apprendrez beaucoup à ses côtés.

– Je vous remercie, Madame la Directrice de...

– Mrs Bones sera suffisant, assura-t-elle en riant légèrement. Mrs Weasley, nous nous excusons de vous déranger.

– Aucun problème, dit Molly en rougissant, un thé ?

– Volontiers.

Arthur fit apparaître trois chaises supplémentaires autour de la table.

– Vous voulez parler uniquement à... commença Arthur un peu anxieux de voir trois représentants du Ministère chez lui.

– Nous voudrions nous entretenir avec Fred, George et Ronald Weasley, répéta Amelia alors que les trois garçons se regardaient un peu inquiets. Ne vous inquiétez pas, nous voudrions parler de Harry Potter.

Ron se redressa tout de suite, intrigué. George fixait Amelia avec inquiétude, se demandant si Harry avait des problèmes.

– Ginny, Percy, dehors, dit Molly d'une voix sévère.

Ginny semblait vouloir se plaindre, mais croisa le regard grave de son père et se leva en traînant les pieds. George et Fred se regardèrent en souriant. Ils pouvaient comprendre qu'elle soit agacée de se faire évincer pour que les grands puissent avoir une conversation. Ils se souvenaient eux-mêmes avoir été envoyé dans leurs chambres de nombreuses fois. Mais George connaissait sa sœur par cœur et il savait qu'à l'instant où la porte serait refermée, Ginny se glisserait hors de sa chambre pour écouter aux portes.

– Je m'appelle Amelia Bones, commença Amelia en regardant les enfants, je suis la Directrice de la Justice Magique. Je vous présente Daisy Rodrigues qui dirige le Département de la famille au Ministère et Craig Jackson qui est un Auror.

– Auror... répéta Molly en pâlissant.

– Ne vous inquiétez pas, Mrs Weasley, nous venons simplement vous poser des questions sur Harry Potter, vos enfants n'ont rien à craindre.

– C'est à propos de... devina Molly les yeux écarquillés avant de se taire brusquement, comme si elle avait peur de dire quelque chose qu'il ne fallait pas.

Amelia hocha la tête, semblant comprendre que les Weasley avaient été informés par Harry de son départ avec Sirius.

– Comme vous le savez sans doute, Sirius Black est le parrain de Harry. Mr Black a emmené Harry avec lui en vacances, sourit Amelia.

George vit qu'elle semblait très amusée par la situation et il se demanda si le fait que Susan soit amie avec Harry faisait qu'elle savait des choses qu'ils ignoraient.

– J'ai personnellement donné une autorisation temporaire de garde à Mr Black, confirmée par Mrs Rodrigues.

Daisy hocha la tête.

– Donc... comprit Arthur en souriant à son tour. Le départ de Harry avec Sirius est régulier ?

– Tout à fait. Bien sûr, nous allons devoir tenir un procès pour savoir à qui va être donnée la garde définitive et c'est pour cela que nous sommes là. Nous cherchons à savoir si la famille Dursley est une bonne famille pour Harry, expliqua Amelia en se tournant vers les enfants.

– Pas du tout, dirent George et Fred d'une même voix.

– Ils sont horribles, confirma Ron.

Amelia sourit légèrement, ravie d'entendre cela, alors que Molly leur jetait un regard sévère pour avoir interrompu des membres du Ministère.

– Vous allez nous dire tout ce que vous savez.

– Excusez-moi, Mrs Bones, dit Arthur en fixant Jackson, mais pourquoi est-ce que les Aurors...

– C'est normalement un travail pour la Police Magique, comprit Amelia, mais le professeur Dumbledore a déposé une plainte pour kidnapping et, au regard de la popularité de Mr Potter, ce sont les Aurors qui ont pris en charge le dossier. De plus, nous sommes quasiment sûrs que Mr Black a emmené Harry à l'étranger, ce qui entraîne automatiquement la compétence des Aurors. Leur saisine a été faite avant que nous régularisions la garde temporaire, ajouta-t-elle. Messieurs Weasley, je vais vous demander de me dire tout ce que vous savez sur la famille Dursley. Est-ce que vous m'autorisez à utiliser une Plume de Vérité ?

Les Weasley acceptèrent alors qu'Amelia posait une Plume Rouge sur son papier, permettant de retranscrire tout ce qui serait dit pendant cet entretien au mot près.

– Il a été porté à notre attention que vous aviez déjà rencontré la famille Dursley, est-ce exact ? demanda Amelia en regardant les enfants.

George fronça ses sourcils et comprit que Harry avait dû parler à Amelia Bones. Il ne voyait pas comment elle aurait pu savoir ça. Personne, à l'exception de la famille Weasley n'était au courant.

– Urm, oui, commença Ron en rougissant alors que tous les regards étaient posés sur lui. Harry et moi sommes amis depuis la première année à Poudlard. Lors de l'été après notre première année, j'étais inquiet, parce qu'il ne m'envoyait pas de lettres. Ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas de nouvelles...

– Il aurait pu ne pas vouloir vous parler, répliqua Jackson.

– Hermione n'avait pas de nouvelles non plus, c'est notre autre amie de Gryffondor, indiqua Ron. Et puis, Harry m'avait parlé du fait que sa famille ne l'aimait pas trop, donc...

– Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? demanda Amelia doucement.

– Je... Il m'a dit qu'ils ne s'entendaient pas trop et que sa famille détestait la magie, dit Ron avec hésitation, ayant sans doute l'impression de trahir Harry. Déjà à noël... J'avais demandé à maman de lui faire des cadeaux parce qu'il s'attendait à ne rien recevoir. Ils lui ont envoyé une lèvre pour noël !

– Une lèvre ? répéta Amelia en haussant un sourcil.

– Vous voulez dire une livre ? La monnaie ? dit Daisy les yeux écarquillés. C'est l'équivalent d'une demi-noise, indiqua-t-elle en voyant Ron hocher la tête.

Amelia se renfrogna alors que Daisy semblait visiblement choquée par un tel traitement. Ce garçon était le Survivant et il ne recevait aucun cadeau pour noël ? George lui-même s'était figé, ne sachant pas que les Dursley détestaient Harry au point de ne rien lui offrir pour noël. Cela rendait son air surpris et heureux quand il recevait le pull tricoté par sa mère plus compréhensible.

– D'accord, est-ce qu'il vous a dit autre chose ?

– Pas trop, Harry n'aime pas qu'on parle de sa famille. Je sais qu'il n'était pas heureux là-bas, dit Ron en baissant la tête. Il n'en parle pas, mais il était toujours triste quand on parlait des grandes vacances. Quand on a pris le Poudlard Express cette année pour rentrer, il était vraiment mal... Il a même demandé au professeur Dumbledore de ne pas y retourner.

– Il lui a demandé de ne pas retourner chez les Dursley ? insista Amelia. Quand ?

– Lors de notre première année, dit Ron après une longue hésitation. Il était près à rester à Poudlard pendant les vacances. Et cette année il lui a demandé plusieurs fois. Il ne voulait pas rentrer chez les Dursley, mais il voulait aller chez Si... Enfin, son parrain. Mais le professeur Dumbledore a insisté pour qu'il y retourne parce que... enfin, pour qu'il y retourne.

– Nous savons pour les protections de sang, Mr Weasley, dit Amelia en voyant qu'il n'osait pas leur en parler.

– Oh. Alors oui, donc... Voilà. Il a été obligé d'y retourner tous les étés pour les protections, dit Ron avec visiblement beaucoup de rancœur. Mais il ne voulait pas y retourner.

George vit ses parents froncer leurs sourcils, se demandant sans doute pourquoi Harry avait spécifiquement demandé à Dumbledore de ne pas y retourner.

– Comment avez-vous rencontré les Dursley ? demanda Amelia.

– Et bien... L'été entre ma première et ma deuxième année, comme Harry ne répondait pas... on a décidé d'aller le chercher.

– Qui est ce « on » ? s'enquit Amelia.

– Moi et les jumeaux.

George vit Ron lui jeter un coup d'œil interrogateur, comprenant qu'il ne savait pas comment parler de la voiture enchantée sans compromettre le poste de leur père.

– Nous savons pour la voiture, Mr Weasley, dit doucement Amelia en comprenant son inquiétude. Votre père ne sera pas embêté.

Arthur rougit furieusement en voyant les regards se tourner vers lui pour avoir enchanté la Ford Anglia. Arthur avait déjà fait l'objet d'une enquête et cette histoire s'était conclue rapidement du fait de ses excellents états de service, mais George savait que cette histoire aurait pu se conclure différemment.

– Oh, cool, sourit Ron, alors du coup... eh bien...

– Ron est venu nous voir parce qu'il s'inquiétait pour Harry, continua George en voyant que son petit-frère avait du mal à s'expliquer. On a décidé de prendre la voiture et de voler jusqu'à chez lui pour savoir si tout allait bien.

– Vous avez rencontré les Dursley là-bas ? demanda Amelia.

– Pas vraiment, sourit tristement Fred. Quand on est arrivé c'était la nuit. Et on a vite trouvé sa chambre parce qu'il y avait des barreaux à sa fenêtre.

Jackson et Daisy glapirent alors que Molly s'appuyait contre le mur, se sentant faiblir.

– Des barreaux ? répéta Amelia sans paraître surprise. Nous avons en effet constaté l'existence de barreaux à la fenêtre de Mr Potter. Savez-vous pourquoi il y avait des barreaux à sa fenêtre ?

– Un elfe de maison avait fait de la magie dans la maison, dit Ron, les Dursley étaient en colère donc ils ont puni Harry.

– Un acte de magie involontaire a en effet été détecté cet été-là, expliqua Amelia en tendant une feuille à ses collègues. Donc, ils ont puni Harry en mettant des barreaux à sa fenêtre ?

George se détendit légèrement en voyant Amelia qui ne pouvait plus masquer sa fureur. Elle l'avait appelé « Harry » et il comprit qu'elle était de leur côté.

– Ils ont mis des barreaux pour l'empêcher de revenir à Poudlard, expliqua Ron. Ils avaient même mis Hedwige... C'est sa chouette, dans une cage avec un cadenas pour que Harry ne puisse contacter personne.

– Qu'est-ce que vous avez fait ?

– On a enlevé les barreaux, expliqua George, on voulait que Harry parte avec nous tout de suite, mais ses moldus avaient enfermé ses affaires sous un placard en bas.

– Vous êtes donc descendus chercher ses affaires ? insista Amelia.

– Oui, dit Fred d'une voix plus assurée, on s'est faufilé dans la maison pour aller chercher sa malle. Ensuite, on a emmené Harry avec nous. Ses moldus ont essayé de l'en empêcher, mais on a réussi à le faire partir.

– Je pensais que vous exagériez, murmura Molly visiblement sous le choc. Que vous cherchiez une excuse...

– Non, maman, répondit Ron tristement, il y avait vraiment des barreaux. Et une trappe.

– Une trappe !? s'exclama Daisy, une main sur son cœur.

– Oui, je l'ai vu quand les jumeaux sont partis chercher la malle. Il y avait une trappe dans la porte, je suppose... Enfin, on a supposé, rougit Ron, que c'était comme ça qu'ils lui faisaient passer la nourriture. Mais Harry n'en a jamais parlé, donc ce n'est qu'une supposition.

– Vous avez tous été très courageux, assura Amelia qui voyait que ses deux collègues étaient sous le choc. J'aimerais savoir une dernière chose, qu'est-ce que vous avez vu dans le placard ?

George croisa son regard et il comprit qu'elle savait. Elle avait été dans sa maison. Elle savait ce qu'il y avait dans ce placard et elle voulait qu'ils le disent. Il regarda Fred qui lui fit un petit signe de tête encourageant.

– Il y avait un petit papier sur la porte... avoua George en baissant la tête alors que tous les regards étaient posés sur lui.

– Oui, Mr Weasley ? insista Amelia. C'est très important que je sache ce que vous avez vu là-bas.

– Il y avait marqué « chambre de Harry » et on a trouvé un petit matelas sur le sol, continua Fred en posant une main sur l'épaule de son frère. On pense qu'il s'agissait de sa chambre. Harry a refusé de nous en parler, mais... on est persuadé que Harry vivait là, avant.

Molly laissa échapper un glapissement d'horreur, alors que les adultes semblaient sous le choc.

– Vous confirmez, Mr Weasley ? demanda Amelia en se tournant vers George.

– Oui. Il m'a aussi dit que ses moldus le haïssaient donc ça ne m'étonnerait pas. Il a une fois dit que sa chambre était petite, mais que c'était mieux qu'avant, j'ai juste relié les points. Donc je pense qu'il vivait dans le placard avant... Je ne sais pas quand il a changé.

George vit que tous les adultes avaient du mal à encaisser le choc. Sa mère semblait abattue à l'idée de n'avoir rien vu et de ne pas les avoir cru quand ils lui en avaient parlé.

– Bien, dit Amelia en recentrant le débat. Vous savez qu'il a également fait gonfler sa tante comme un ballon, est-ce que vous avez eu des informations à ce propos ?

– Il n'en a pas parlé, mais je crois qu'elle était particulièrement horrible avec lui, grinça Ron. Je crois que Harry en a parlé avec Hermione, je ne sais pas si...

– Miss Granger est en effet la prochaine personne que nous devons rencontrer, informa Amelia. J'aimerais également vous demander si vous avez vu quelque chose d'autre qui pourrait nous éclairer ?

– Harry était très maigre, dit Molly d'une petite voix, et ses lunettes... Elles étaient rafistolées avec un espèce de papier collant moldu. Il a toujours été petit et... J'ai simplement pensé... Si j'avais su...

– Ce n'est pas de votre faute, Mrs Weasley, rassura Daisy. Vous ne pouviez pas savoir.

– Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? demanda George d'une voix froide.

Amelia se tourna vers le roux, un peu incertaine. Ce n'était pas à elle de tout raconter, mais elle savait aussi que les Weasley avaient soutenu Harry et avaient le droit de savoir que, non, Harry n'allait pas bien.

– Est-ce qu'ils l'ont frappé ? insista Ron qui était tout aussi inquiet que son frère.

– Je ne peux rien vous dire, mais Harry a vécu des choses compliquées avec sa famille.

– Vous allez retirer leur garde ? demanda froidement Arthur.

– Nous allons tenir un procès, Mr Weasley, expliqua Daisy en souriant tristement. Mais les Dursley ont déjà signé un abandon de garde et ne sont plus considérés comme les tuteurs de Mr Potter. Mr Black sera sans aucun doute son prochain tuteur.

Les Weasley soupirèrent de soulagement. Molly se tourna vers Daisy, un peu incertaine.

– Vous êtes sûr que Sirius est la meilleure personne pour s'occuper de Harry ? demanda Molly très inquiète.

– Nous en sommes persuadés, Mrs Weasley, assura Daisy. J'ai personnellement mené des entretiens avec Mr Black qui est en parfait état pour s'occuper de Mr Potter.

George vit sa mère souffler de soulagement, visiblement rassurée par la Directrice du Département de la famille. Il savait que sa mère avait une foi inébranlable en le Ministère et que, s'ils disaient que Sirius était en état, elle le croyait. George soupçonnait aussi le fait qu'elle soit soulagée que quelqu'un ait pris les choses en main et ait retiré Harry de sa famille.

– Je vous remercie, les garçons, pour vos informations, dit Amelia en se levant.

George soupira de dépit en pensant à ce que Harry avait du vivre, alors que son père discutait avec Daisy et l'Auror. Amelia s'était approchée de sa mère pour la rassurer et George s'approcha d'elles.

– Est-ce que Harry va bien ? demanda-t-il.

Amelia posa son regard sur ses collègues, avant de le regarder fixement, se mordant la lèvre inférieure comme si elle hésitait à lui répondre.

– Il ne va pas très bien, mais Sirius s'occupe de lui.

George soupira de soulagement, comprenant qu'il avait eu raison et qu'Amelia était de leur côté. Il était inquiet à l'idée que Harry n'aille pas bien, mais le savoir avec son parrain le rassurait beaucoup. Harry lui en avait tellement parlé qu'il avait l'impression de le connaître.

– Si on peut faire quelque chose, dit Molly en retenant ses larmes.

– Quand vous le verrez, soutenez-le, dit simplement Amelia. Mais ne vous inquiétez pas trop, tout va bien se passer.

– Est-ce que les enfants devront assister au procès ?

– Ce ne sera pas la peine, leur témoignage est suffisant. Je vous remercie pour votre hospitalité. Bonnes vacances, les enfants.

George regarda les membres du Ministère partir avec une boule dans le creux du ventre. Harry n'allait pas bien, c'était évident. Et leur visite ne faisait que confirmer ce point. Sa mère semblait au bord des larmes et elle regarda longuement George.

– Je me sens si coupable de ne pas vous avoir écouté.

– Ce n'est pas grave maman, dit George en haussant ses épaules.

– Si, c'est grave.

Elle l'attira dans un câlin étouffant et George, qui pourtant n'en était pas fan, sourit contre sa mère. Jamais il n'aurait avoué que ça lui avait manqué.

– C'était très révélateur, dit Jackson alors qu'ils sortaient du Terrier.

– Vous allez vraiment continuer vos recherches ? s'enquit Amelia.

– Je pense que les Aurors vont attendre le procès, dit Jackson avec un sourire complice. De toute façon, techniquement, Mr Black n'a pas kidnappé Mr Potter, ce n'est donc pas de notre ressort.

– Le seul problème reste Dumbledore, dit Daisy avec inquiétude. Il va chercher Black, même avec la garde temporaire.

– Daisy, tu dois avancer le procès. Une fois que Sirius aura la garde totale, il ne pourra plus rien faire.

Les trois membres du Ministère se regardèrent un long moment, unis par ce moment très particulier. Tous savaient que ce qu'ils avaient découverts était pire que tout. Le Survivant, un enfant, un membre de leur communauté, avait été abusé et maltraité toute sa vie. Cela devait cesser et rapidement.

– Bon, au tour de Miss Granger, souffla Daisy.

– J'espère qu'elle va pouvoir nous dire des choses positives, dit Jackson avant de voir les regards interloqués de ses collègues. Quoi ? J'ai le droit d'espérer. Il a bien été heureux un jour dans sa vie, non ?

– Oui, quand Sirius l'a récupéré, dit sèchement Amelia.

– On fera en sorte qu'il soit heureux le reste de ses jours, alors, dit doucement Daisy. Allons-y.

.

Amelia ! s'exclama Sirius à travers le Miroir.

Malgré l'expression enjouée qu'il avait plaquée sur son visage, Amelia vit tout de suite que Sirius n'allait pas bien. Il avait sa tête des mauvais jours. Il était pâle et il avait des cernes impressionnants, qui lui rappelaient ceux qu'elle avait vus sur Remus, un jour de pleine lune.

– Sirius... souffla Amelia. Je ne te demande pas comment tu vas ?

Non, s'il te plait.

– Comment va Harry ?

Mal. Je pense.

– Tu penses ?

Il parle beaucoup avec sa psychomage, mais je crois qu'il cherche à m'éviter, dit Sirius en réussissant à grimacer un sourire.

– Il lui faudra du temps, le rassura Amelia. C'est normal qu'il soit un peu chamboulé.

Oui, sans doute. Il vient de comprendre que les Dursley l'ont presque tué et qu'il est un d'Horcruxe. Je ne sais pas comment il tient encore debout.

– Tu sais, je pense que ce n'est pas étonnant qu'il s'éloigne de toi. Il doit se sentir mal et il a besoin de temps. De ce que j'ai vu, Harry est un garçon très courageux. Il a sans doute peur que tu penses qu'il est faible.

Sans doute, soupira Sirius. C'est juste difficile. Il veut aider tout le monde, mais il ne veut pas être aidé.

– Laisse-lui le temps.

Je n'ai pas de temps ! siffla Sirius avant de soupirer. Désolé, Amelia. Je suis juste sous tension. Et puis, il y a tellement de choses... Les Horcruxes, Dumbledore, la prophétie... Comment est-ce qu'il va gérer ça ?

– Tu ne peux pas lui dire pour la prophétie, remarqua Amelia. On ne sait même pas ce qu'elle contient.

Amelia ne manqua pas le rougissement de Sirius.

– Tu sais ce qu'elle dit, n'est-ce pas ? demanda Amelia en sentant son ventre se tordre à la perspective qu'il lui ait caché une telle chose.

Oui. Je...

– Tu ne m'en a pas parlé ! s'exclama-t-elle, vexée qu'il ne l'ait pas estimée digne de confiance.

Je sais, je suis désolé ! dit Sirius avec une moue coupable sur le visage.

– Comment tu sais ce qu'elle contient ? demanda Amelia en contenant sa rage au fond d'elle.

Lily m'a laissé une lettre après la lecture du testament.

– Et tu n'as rien dit ? insista-t-elle d'un ton accusateur.

J'avais peur, ok ? J'avais peur ?

– Pourquoi ?

Parce que la prophétie... Elle dit que Harry doit...

Sirius étouffa un sanglot et Amelia se sentit légèrement coupable.

La prophétie dit « celui qui a le pouvoir de vaincre le seigneur des ténèbres approche ». Ensuite, ça parle du fait que c'est un enfant qui est né de parents ayant défié trois fois Voldemort né au mois de juillet. Donc, Harry. Et après il y a le fait que Voldemort va le marquer comme son égal, « mais il aura un pouvoir que le seigneur des ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... », récita Sirius.

Amelia posa une main sur son cœur, choquée.

– Tu... Tu es sûr ?

Oui.

– Mais tu ne crois pas à ça quand même ? dit Amelia en haussant un sourcil retenant son ricanement moqueur. Ce sont des... Je veux dire, la divination..., ce sont tous des charlatans. C'est une partie de la magie très incertaine, franchement, qui peut croire une chose pareille ? Il y a au moins vingt interprétations possibles.

Sirius écarquilla ses yeux, visiblement surpris, avant de sourire.

Je suis content de te l'entendre dire.

– Quoi ? Tu avais peur que je te dise d'entraîner Harry pour qu'il tue Tu-Sais-Qui ?

Le rire d'Amelia se fana, quand elle vit l'air coupable de Sirius.

– Ok. Je vois.

Elle raccrocha le Miroir sans même regarder Sirius, profondément affectée par ce manque de confiance. Elle essaya d'ignorer la sensation de brûlure, de tristesse qui la remplissait. Elle avait envie de casser quelque chose.

Il ne fallut qu'une demi-seconde à Sirius pour tenter de la recontacter. Amelia songea qu'elle n'allait pas répondre, avant que Sirius ne se fasse trop insistant. Elle prit une grande inspiration.

– Quoi ? siffla-t-elle en décrochant. Tu as besoin de moi maintenant ?

Amelia... Je suis désolé, dit sincèrement Sirius. Je voulais t'en parler, vraiment. Mais oui, j'ai eu peur. Dumbledore y croit.

– Il croit à quoi ? demanda Amelia avec fureur.

À la prophétie. Il pense que Harry doit tuer Voldemort et j'ai eu peur que... Je veux dire, Dumbledore est intelligent, non ? Alors s'il pense que Harry... J'avais peur que... Je sais que ce n'était pas juste pour toi, mais il fallait que Harry parte de chez les Dursley.

– On est d'accord sur ce point, dit Amelia en se radoucissant légèrement. Je suis juste agacée que tu aies cru que je puisse mettre en danger un enfant pour une stupide prophétie ! Je le dis depuis le départ, Harry n'a pas de rôle à jouer là-dedans. C'est un travail pour les Aurors et les têtes-brûlées comme toi !

Sirius éclata de rire.

– Et puis, c'est ridicule, renifla Amelia avec dédain. Est-ce que la prophétie ne s'est pas déjà réalisée ? Je veux dire, il a déjà tué Voldemort techniquement. Et puis ce truc de l'un ne peut vivre tant que l'autre survit, c'est simplement l'Horcruxe, non ? Si on détruit l'Horcruxe, Harry tue Voldemort. Donc la prophétie est remplie et il n'a pas besoin d'aller le tuer, littéralement.

Tu as toujours été plus intelligente que moi. Ça fait des jours que ça me prend la tête, mais tu as sans doute raison. Si on enlève l'Horcruxe, la prophétie peut être considérée comme remplie. J'avais juste peur que Dumbledore ait raison.

– Dumbledore peut se tromper aussi, ce n'est pas Merlin non plus, dit sèchement Amelia. Et puis, franchement, s'il espère qu'un gamin de treize ans affronte Voldemort, je me demande s'il est vraiment sain d'esprit. Rufus avait raison depuis le début, non ?

C'est sûr, rit Sirius qui semblait plus léger. Alors, tu me pardonnes ?

– Mm. Oui, sans doute. Je me sens juste triste que tu ne m'en as pas parlé, après tout ce que...

Je ne pourrais jamais te remercier assez pour ça, Amelia, dit Sirius sincèrement. Mais la prophétie. Je t'assure que je voulais t'en parler... et j'allais le faire à la prochaine réunion. Mais j'avais aussi besoin d'y réfléchir et d'en parler à Harry.

– Il est si jeune, Sirius. Tu es sûr que...

Je préfère lui dire plutôt que Dumbledore n'en profite, coupa Sirius. Imagine si Dumbledore arrive pour lui mettre des idées dans la tête comme quoi il doit tuer Voldemort... Il est capable de lui retourner le cerveau et il l'a déjà fait.

– Dans quel sens ?

Harry m'a dit qu'il pensait que Dumbledore l'avait laissé affronter Voldemort pour récupérer la pierre philosophale en première année.

– Tu n'es pas sérieux ? s'horrifia Amelia, oubliant qu'elle était en colère contre lui.

Je suis Sirius, pas sérieux, ricana le brun avant de déglutir difficilement quand il croisa le regard agacé d'Amelia. Mais oui, il l'a fait sans doute fait pour qu'il sache que Voldemort était toujours là.

– Et Tu-Sais-Qui, il connaît la prophétie ?

Que le début, donc il sait que Harry a le pouvoir de le vaincre. Mais est-ce qu'il va penser que la prophétie est déjà remplie ou non, je ne sais pas.

– Mais est-ce que cet enfant va être tranquille un jour ? soupira Amelia en plongeant sa tête dans sa main gauche.

Je l'espère.

– Et pour l'Horcruxe ?

On fait des recherches, dit Sirius en soupirant. Pour le moment on n'a rien. Je te tiendrai au courant. Si tu le veux, bien sûr.

– Bien sûr que je le veux, imbécile, dit Amelia sèchement. Mais ne me cache plus un truc comme ça, ok ?

Oui, chef. Promis. Merci, Amelia. Tu es géniale, vraiment.

Amelia ne vit que la sincérité dans le regard de Sirius et sourit légèrement. Elle savait qu'elle le pardonnait trop facilement, mais elle savait aussi qu'il avait énormément de choses à penser. Sa position n'était pas la plus simple et elle le savait bien. Il voulait protéger Harry, ça avait toujours été son but premier, et elle aussi aurait caché des informations sur Susan si ça lui avait permis de la sauver de moldus comme les Dursley.

– Amis ? demanda Sirius en lui faisant les yeux doux.

Amis, confirma Amelia.

Le visage de Sirius se détendit immédiatement et il lui lança un sourire si resplendissant que son cœur rata quelques battements.

Tu te sens prête pour demain ? demanda Sirius pour changer de sujet.

– Je suis toujours prête pour une bataille, dit Amelia avec un regard de défi. Ne t'inquiète pas tout va bien se passer. On a des témoignages, des témoins, le rapport de Mihai, tout ira bien.

Tu as été voir les Weasley et Hermione ?

– Oui. Ils nous ont donné beaucoup d'informations que nous n'avions pas et qui vont permettre de discréditer totalement les Dursley et Dumbledore. La petite Hermione est une jeune fille très intéressante.

Oui, elle est super, sourit Sirius. C'est une amie de Susan, non ?

– En effet. Je pense qu'elle viendra passer quelques jours chez nous pendant les vacances. Très maline. Les Weasley ont été utiles, mais Hermione était celle qui en savait le plus.

Vraiment ? Je ne savais pas que Harry lui en avait parlé.

– Si. Il lui a presque tout dit ce que tu m'avais dit, en fait, expliqua Amelia. Ce qui est bien pour le procès, puisque ça évite que ça vienne de toi.

Et Remus ?

– Il ne viendra pas. Il a peur que sa condition ne desserve le procès.

Sirius soupira.

Je suppose qu'on ne peut pas le faire changer d'avis ?

– Non. Mais ne t'inquiète pas, le dossier est en béton. Tu veux que je t'explique ma ligne de défense ?

Raconte-moi tout.

Amelia craignait que Sirius ne s'ennuie, mais il l'écouta avec une telle attention qu'elle avait envie de le serrer dans ses bras. Il faisait de bons commentaires, proposait des améliorations ou lui indiquait comment mieux présenter un témoignage pour que ce soit plus clair.

À la fin de leur conversation, même si elle se sentait encore un peu en colère contre lui, elle savait qu'elle était prête à se battre pour lui et Harry.

.

– L'audience est ouverte, veuillez-vous asseoir, intima Daisy Rodrigues qui dirigeait le procès du jour.

Amelia s'assit du côté gauche de la salle d'audience. Cela faisait bizarre de se trouver du côté des témoins et non du côté de ceux qui jugeaient, mais il avait été convenu qu'elle et Dumbledore se retireraient de la formation de jugement du Magenmagot, étant parties dans l'histoire.

Dumbledore se trouvait du côté droit et semblait très serein quant à l'issue du procès. Il était venu saluer Amelia, qui avait dû se retenir pour ne pas le frapper. Elle n'arrivait pas à croire que cet homme puisse penser Harry capable de tuer Voldemort.

Amelia serra ses poings et pria Morgane, Helga Poufsouffle et tous les sorciers des cartes de chocogrenouilles pour que tout se passe bien.

La formation de jugement était restreinte puisqu'il s'agissait d'un procès mené par le Département de la famille et que l'avocat de Sirius avait demandé un huis clos, accordé immédiatement par Daisy. Cette dernière avait également fait prêter serment toutes les personnes présentes de ne rien révéler à la presse. Tout le monde avait été d'accord, comprenant que cette histoire était très politique et que rien ne devait fuiter.

– Nous sommes ici pour juger de la garde de Mr Harry James Potter. Mrs Bones, vous êtes la représentante des intérêts de Mr Potter, n'est-ce pas ?

Amelia se leva, alors que les yeux bleus surpris de Dumbledore se posaient sur elle.

– En effet, Madame la Présidente. Harry m'a donné une autorisation de représentation pour que je parle en son nom.

– Très bien. Maître Maxwell, vous êtes le représentant de Mr Sirius Black qui a souhaité ne pas être présent à cette audience, continua Daisy en se tournant vers l'avocat qui confirma d'un signe de tête. Vous avez déposé en avril une demande de retrait de garde et avez proposé Mr Black comme nouveau tuteur de Mr Potter. Cette demande a été refusée et vous avez décidé de faire appel.

– En effet, Madame la Présidente, dit Alan en se levant souplement. Mon client souhaite obtenir la garde de Mr Potter. Nous avons également recueilli de nouveaux éléments depuis notre demande en avril que nous aimerions vous communiquer.

– Bien entendu.

Daisy récapitula le dossier à la formation de jugement, indiquant les trois raisons impérieuses qui avaient été invoquées par Dumbledore pour refuser la garde : la protection de sang de Mr Potter, le fait que les Dursley soient une famille aimante et, enfin, la capacité mentale de Sirius qui avait été remise en question.

– Quels chefs souhaitez-vous contester, Maître Maxwell ?

– Tous, Madame la Présidente.

– Nous vous écoutons.

– Je souhaiterais tout d'abord appeler Mr Albus Dumbledore pour rappeler les conditions de placement de Mr Potter, dit Alan en se tournant vers le Directeur qui se leva avec grâce pour s'installer dans le fauteuil réservé aux témoins.

– Allez-y, Maître, dit Daisy les yeux piqués de curiosité.

Elle avait déjà son avis sur l'issue de ce procès, mais souhaitait savoir comme Alan allait tourner les choses.

– Mr Dumbledore, dit Alan en se redressant ravi de ne pas avoir à l'appeler Président-Sorcier, vous êtes celui qui a placé Mr Potter chez son oncle et sa tante le 1er novembre 1981, c'est exact ?

– En effet.

– Ce n'est pas la procédure habituelle, si je ne m'abuse ? Il me semble que, quand un enfant se retrouve orphelin, il est confié au Département de la famille, qui s'occupe ensuite de placer l'enfant.

– Comme vous le savez, Mr Potter était quelqu'un de particulier, expliqua Dumbledore l'air serein. Après avoir fait disparaître Lord Voldemort (l'assemblée frissonna de peur) j'ai craint pour sa sécurité. Même si Voldemort était parti, ses adeptes étaient toujours là et pouvaient s'en prendre à Harry. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit quelques jours plus tard avec les Londubat.

Jackson, l'Auror, se tendit en se souvenant de cette nuit terrible où il avait trouvé ses collègues torturés à la folie. C'était sans doute la scène qui l'avait le plus traumatisé de toute sa carrière et il était sûr que la vision de ses amis Alice et Frank aussi diminués le hanterait à jamais.

Amelia posa une main réconfortante sur son épaule, sachant à quel point ce jour avait été difficile pour la communauté sorcière, qui fêtait encore la fin de Voldemort, et avait été profondément choquée en apprenant leur sort.

– C'est donc pour cela que vous avez bloqué l'ouverture du testament des Potter ? s'enquit Alan en savourant son effet de surprise.

– Oui, avoua Dumbledore qui ne voyait pas comment il pouvait contourner la vérité. Il fallait que Harry soit placé le plus rapidement dans un endroit où il était protégé.

– Pourquoi était-il protégé chez les Dursley ? Après tout, ce sont des moldus, remarqua Alan. Il aurait été tout aussi bien protégé dans une famille sorcière.

Dumbledore prit de longues minutes pour expliquer comment Lily, en mourant pour sauver son fils, l'avait protégé. Il expliqua qu'il avait installé des protections qui ne pouvaient fonctionner que s'il se trouvait proche du sang de sa mère, et donc de Pétunia. Il indiqua que le 4 Privet Drive était le seul endroit où Harry était protégé de toute attaque. Certains membres de l'assistance hochèrent la tête en signe d'assentiment, alors que Daisy fronçait ses sourcils.

– C'est donc vous qui avez empêché l'ouverture du testament, en qualité de Président-Sorcier ? interrompit-elle.

– Oui, Madame la Présidente, dit poliment Dumbledore.

– J'ai reçu le testament, dit Daisy, et il est inscrit par les Potter qu'en aucune manière la garde ne doit être confiée à Mrs Pétunia Dursley, comment expliquez-vous cela ?

– Je sais que Lily et Pétunia ne se parlaient plus tellement, admit Dumbledore. Ils ont également dû mettre cela en songeant que Harry serait mieux parmi une famille sorcière. Malheureusement, ils n'avaient aucune idée de ce qui allait leur arriver. Et je suis persuadé que les Potter auraient approuvé ce placement, en sachant qu'il pouvait sauver leur fils d'éventuelles attaques de Mangemorts.

Daisy hocha la tête pour faire signe à Alan de continuer. Son argument pouvait se tenir.

Amelia était contente de voir certains juges discuter entre eux, sans doute choqués à l'idée qu'un testament ait été bloqué autant de temps.

– Les Potter voulaient que la garde revienne à Mr Black, indiqua Alan, d'ailleurs le testament permettait également d'innocenter Mr Black. Quel dommage que vous l'ayez bloqué pendant plus de treize ans.

Les membres du Magenmagot froncèrent encore plus les sourcils.

– Une erreur qui me hantera toute ma vie, admit Dumbledore du bout des lèvres. J'ai pensé faire au mieux, pour protéger Harry. Je ne pouvais pas savoir que Sirius... J'étais persuadé qu'il était le Gardien du Secret.

– Oui, mais...

– Ce n'est pas le sujet, Maître Maxwell, continuez, intima Daisy.

Amelia sourit légèrement car elle connaissait assez l'avocat pour savoir qu'il avait fait fuiter cette information uniquement pour déstabiliser Dumbledore et la confiance que certains lui portaient. Il ne serait pas étonnant qu'il ait déjà communiqué l'information à des journalistes.

– Excusez-moi, Madame la Présidente, dit Alan d'un air tout sauf désolé. Donc, vous avez placé Mr Potter chez les Dursley pour qu'il soit protégé. J'aimerais savoir comment a réagi Mrs Dursley à l'annonce de la mort de sa sœur ? Est-ce qu'elle voulait s'occuper de Mr Potter ? Vous avez dit que Pétunia et Lily ne se parlaient plus. Je suppose que cela a été compliqué pour Mrs Dursley d'accepter la présence de Mr Potter et de faire son deuil en même temps ?

Dumbledore se figea, l'air beaucoup plus blanc que d'ordinaire. Il se racla la gorge, l'air gêné.

– Et bien... Pétunia était la sœur de Lily, il était évident que l'amour était plus fort tout et qu'elle allait s'occuper de Harry. Après tout, les liens fraternels sont les plus...

– Ce n'est pas ma question, Mr Dumbledore, coupa Alan. Je vous demande comment a réagi Mrs Dursley quand vous lui avez donné la garde de Harry. Car c'est ce que vous avez fait, n'est-ce pas ? Vous avez donné la garde à Mrs Dursley ?

– Oui je l'ai fait, mais...

– Mais vous ne savez pas, coupa Alan. Vous ne savez pas comment Mrs Dursley a réagi, parce que vous n'avez jamais parlé à Mrs Dursley, n'est-ce pas ?

Dumbledore ne répondit rien, alors que tous les yeux étaient posés sur lui. Alan avait l'air triomphant et se tourna vers Daisy.

– Madame la Présidente ? J'aimerais entendre Mrs Amelia Bones, qui a interrogé la famille Dursley. Puis-je ?

– Allez-y.

Amelia se leva pour expliquer que Pétunia leur avait dit que Harry avait été déposé sur le pas de sa porte, avec une simple lettre lui expliquant que sa sœur était morte et qu'elle devait s'occuper de Harry. Elle rappela que Pétunia n'avait eu aucune nouvelle des sorciers depuis ce jour. Cette fois, les murmures du Magenmagot se firent plus pressés. Daisy avait les yeux écarquillés.

– Vous avez déposé Harry Potter sur le pas d'une porte en plein mois de novembre ? demanda Daisy d'une voix sourde en se tournant vers Dumbledore. Un bébé de un an ?

– Je...

– Vous avez donné un bébé à des moldus, sans leur demander s'ils voulaient s'en occuper ? Vous les avez mis devant le fait accompli en pensant qu'ils seraient ravis de s'occuper d'un enfant qu'ils ne connaissaient pas, alors qu'il était établi que Pétunia Dursley et Lily Potter ne s'étaient plus parlé depuis des années ? siffla Daisy, folle de rage.

– Je sais que... Je lui ai tout expliqué dans une lettre, tenta Dumbledore.

– Mmm. Il est certain que tout le monde aimerait apprendre la mort d'un membre de sa famille par lettre, ironisa Daisy.

– L'amour de Pétunia était... commença Dumbledore.

– Vous pensez vraiment que l'amour est plus fort que tout, n'est-ce pas ? s'agaça Alan, dépité en voyant le directeur acquiescer.

– Bien sûr. Pétunia aimait sa sœur et elle aime son neveu. La protection de sang était nécessaire pour Harry. Et elle l'est toujours car, je vous le rappelle, un Mangemort s'est échappé et va chercher à tuer Harry. De plus...

Amelia leva ses yeux au ciel quand il joua la carte de Pettigrow. Elle le savait, bien sûr, mais ça la tuait de voir qu'il utilisait la peur pour faire admettre ses combines.

– Bien, je vous remercie, dit Alan en coupant son monologue. Nous avons donc établi que Mr Dumbledore avait placé Mr Potter comme un vulgaire déchet sur le pas de la porte d'une femme qui détestait les Potter.

– Ce n'est pas pour cela qu'elle ne s'est pas occupée de Harry, répliqua froidement Dumbledore. Après tout, elle l'a recueilli, non ?

– Avez-vous pris des nouvelles de Mr Potter avant qu'il n'entre à Poudlard ? Car, je vous le rappelle, personne ne savait où il se trouvait. Personne, à l'exception de vous, ne pouvait vérifier s'il allait bien.

– J'ai placé Mrs Figg, une cracmol, dans le quartier de Harry. Elle me faisait des rapports réguliers et n'a jamais rien eu à dire. Elle s'est plusieurs fois occupée de Harry.

Alan hocha la tête, d'un air entendu.

– Vous avez mis une cracmol pour protéger Harry Potter ? s'étonna Daisy.

– Les protections étaient suffisantes pour assurer sa protection. Et, comme l'a dit Maître Maxwell, personne ne savait où se trouvait Harry, personne ne pouvait le trouver, assura Dumbledore.

– Donc, vous pensez vraiment que les Dursley étaient la meilleure famille pour s'occuper de Harry ? demanda Alan en tirant sa dernière carte.

– J'en suis intimement convaincu.

– Merci pour votre témoignage, conclut Alan avant de se tourner vers la Cour. Puis-je appeler mon autre témoin ? Mihai Duca, psychomage.

Dumbledore fronça ses sourcils en voyant Mihai se lever dans la salle d'audience. Ce dernier semblait très timide à l'idée de s'avancer vers la Cour, mais avait une tête plutôt sympathique et Amelia lui jeta un regard encourageant. Il n'avait pas été difficile pour Sirius de le convaincre de venir témoigner. Au départ, ils avaient simplement voulu lire son rapport, mais une explication en chair et en os était sans doute la meilleure chose pour faire adhérer les juges à leur cause.

– Mr Duca, vous êtes psychomage en Roumanie, mais je tiens à informer la Cour de ce que vous avez été envoyé à Sainte Mangouste cette année pour traiter les maladies liées à la magie noire, c'est exact ? demanda Alan.

– En effet.

– Pouvez-vous nous dire comment vous connaissez Mr Potter ?

Mihai hocha la tête en regardant chaque juge avec attention, l'air paisible et rassurant.

– Je l'ai rencontré par le biais de Sirius... enfin, Mr Black, expliqua Mihai.

– Vous pouvez l'appeler Sirius, assura Alan en souriant.

– Oh. D'accord. Alors, Sirius et moi nous nous sommes rencontré en 1979. J'ai travaillé avec lui et Lily Potter sur leurs recherches.

– Mrs Potter et Mr Black faisaient en effet des recherches communes pour le Ministère en Roumanie, ajouta Mihai même s'il était sûr que tout le monde était au courant de ce fait, après la médiatisation du procès de Sirius.

– Exact. Sirius a repris contact avec moi pour que je le suive après son emprisonnement et...

– Vous avez donc communiqué avec un criminel ? coupa Dumbledore.

– Mr Dumbledore, je vous prierais de ne pas couper la parole des témoins, dit froidement Daisy.

– Je tiens à préciser que Mr Duca est un ressortissant roumain et qu'aucune charge ne peut être retenue contre lui, indiqua Alan avec dureté à Dumbledore. Sauf à ce que vous contactiez le Président roumain qui, je le pense, ne sera pas ravi d'être dérangé quand il saura que Mr Black a été reconnu innocent après avoir été innocenté à tort.

Amelia souffla de soulagement, n'ayant pas pensé à la possibilité que Mihai puisse être arrêté en raison de ces contacts avec Sirius.

– Continuez, docteur, dit plus doucement Alan.

– Oui... euh... balbutia Mihai un peu perturbé par l'interruption. Donc... oui... je me suis occupé de soigner Sirius en Angleterre. J'ai malheureusement dû repartir en Roumanie après mon année de recherche et Sirius s'est rendu chez moi pour un dernier contrôle. Il était accompagné de Harry... enfin, Mr Potter.

Amelia fronça les sourcils en voyant l'air triomphant de Dumbledore, qui avait compris où se trouvaient Harry et Sirius et où commencer ses recherches. Elle savait que le Centre Médical avait des protections suffisantes, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'idée qu'il ne les trouve. Il faudrait qu'elle passe un coup de Miroir à Sirius pour s'assurer que les protections soient renforcées dès que possible.

– Sirius était très inquiet pour Harry, continua Mihai. J'ai donc procédé à une auscultation complète, avec une méthode roumaine. On prend le sang d'un sorcier, on le mélange avec une potion qui permet de connaître tous les antécédents et éventuelles blessures que le sorcier a subi.

– Vous pouvez nous en dire un peu plus sur le pourquoi Mr Black était inquiet ? s'enquit Alan.

– Oui. La première chose que Sirius m'a dite quand nous avons commencé nos séances est qu'il était inquiet pour Harry car il le trouvait trop maigre. Il a cru bon de l'emmener avec lui pour que je puisse l'ausculter. J'ai effectivement trouvé Harry très maigre quand je l'ai rencontré. Sirius l'a convaincu d'accepter la consultation...

– Après l'avoir kidnappé, murmura Dumbledore suffisamment fort pour que le Magenmagot l'entende.

– Mr Dumbledore, je vous fais sortir de la salle si vous continuez, siffla Daisy. Vous n'avez pas eu ma lettre ? Je vous rappelle que Mr Black n'a pas kidnappé Mr Potter puisque je lui ai accordé garde temporaire.

Dumbledore se renfrogna.

– Bien, Mr Duca, pouvez-vous nous parler de l'état de santé de Mr Potter ? Je vous indique que tout ce que vous direz ici est sous le sceau d'un serment magique.

– Bien sûr, dit Mihai en attrapant son rapport, je tiens également à mentionner que j'ai obtenu l'accord de Harry pour vous divulguer ces informations. Très bien, alors, suite au scan que j'ai fait, j'ai tout de suite remarqué de nombreux problèmes chez Harry.

Au fur et à mesure que Mihai listait les blessures de Harry, les personnes présentes dans la salle palissaient. Dumbledore semblait s'être pris le Magicobus en pleine tête, alors que Mihai parlait des problèmes de malnutrition, des problèmes de vue causés par une absence de lumière, des coups de soleil qui avaient brûlé sa peau parfois au troisième degré, des carences, des os cassés et mal réparés...

Amelia, qui avait pourtant lu le rapport et en avait longtemps parlé avec Sirius, dû rassembler toute sa prestance pour ne pas s'effondrer en sanglots. À la fin du témoignage, on aurait pu entendre une mouche voler.

– Bi-bien, dit Alan en se raclant la gorge, lui aussi ébranlé.

Il avait lu le rapport, évidemment, mais c'était différent de l'entendre en vrai, avec des termes médicaux et l'air inquiet de Mihai.

– Comment se passe sa convalescence ? réussit à demander Alan.

– Bien, assura le médicomage. Harry doit prendre une dizaine de potions chaque jour, mais j'ai bon espoir qu'il soit remis d'ici à quelques mois. Il doit avant tout remercier sa Magie qui l'a protégé.

– Sa Magie ? répéta Alan interloqué.

– Oui. Il faut savoir que les sorciers ont une capacité de guérison supérieure à celle des moldus. Cela s'explique par la Magie qui aide à guérir, plus rapidement et plus efficacement. Au regard des blessures de Harry, il fallait une magie très puissante pour l'aider. Heureusement, il a une magie supérieure à la moyenne, sourit tristement Mihai. Elle l'a protégé, lui a permis de réparer du mieux que possible ses blessures, tout en lui laissant la possibilité de faire de la magie.

– Dans quel sens ?

– Si la Magie est trop sollicitée, le sorcier ne peut plus lancer de sort, puisque sa Magie est entièrement concentrée sur la guérison.

– Je vois, dit Alan en souriant, nous pouvons donc être content que Mr Potter soit puissant ?

– En effet, je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que, si Harry n'avait pas eu une telle puissance magique, il serait décédé.

Amelia laissa échapper un sanglot en plaquant ses mains contre sa bouche, mais personne ne sembla faire attention à elle. Daisy avait les larmes aux yeux et Dumbledore avait plongé sa tête entre ses mains, visiblement abattu.

– Comment ont-ils pu faire ça ? murmura Daisy, sous le choc.

– Je ne peux pas vous dire, Madame la Présidente, dit poliment Mihai dont les yeux froids montraient sa propre fureur. Je peux vous dire que les Dursley n'ont jamais frappé leur neveu, à l'exception de son cousin, expliquant ses os cassés, mais que les coups ne sont pas les seules choses qui marquent.

– Est-ce qu'il aura des séquelles ? demanda Alan.

– Physiquement, nous devrions pouvoir rétablir Harry. Il commence déjà à reprendre du poids, mais je crains qu'il soit toujours un peu plus maigre que la moyenne. Sa vue a pu être arrangée avec des lentilles sorcières, mais malheureusement, a été aggravée par les mauvais traitements et un manque de soins.

– Et mentalement ? s'enquit Alan.

Mihai eut un instant d'hésitation.

– Mentalement, je crains que seules des séances régulières de psychomagie ne puissent l'aider. Mr Potter n'a pris conscience de ce qu'il avait vécu que très récemment.

– Comment ça ?

– Il pensait que c'était normal, dit Mihai, il pensait qu'il était un monstre avant qu'il ne soit envoyé à Poudlard. Il pensait que ses parents étaient morts dans un accident de voiture, parce qu'ils étaient alcooliques.

Certains membres du Magenmagot commencèrent à s'agiter furieusement.

– Ce n'est que quand Sirius lui a fait comprendre que ce qu'il avait subi n'était pas normal qu'il en a pris conscience. Il lui faudra du temps pour se remettre.

Alan hocha la tête, incapable de parler et il se tourna vers la Présidente.

– Quelqu'un souhaite ajouter quelque chose ? souffla Daisy. Bien, nous vous remercions pour votre témoignage, Mr Duca.

Mihai hocha la tête et se déplaça aux côtés d'Amelia en attendant la suite. Il posa une main sur son épaule, alors qu'elle essuyait rageusement ses larmes.

– Je vais les découper en petits morceaux, les brûler, les ressusciter et ensuite recommencer, lâcha-t-elle dans un souffle.

– Ne vous inquiétez pas, Mrs Bones, Harry va s'en sortir, dit Mihai d'une voix si assurée qu'elle rassura immédiatement Amelia.

– Vous êtes sûr ?

– J'en suis certain, dit Mihai. Il a Sirius à présent. Et tout un tas de personnes qui s'inquiètent pour lui.

– Dumbledore, interpella sèchement Daisy les mains tremblantes, est-ce que vous étiez au courant ?

– Non, bien sûr que non, dit piteusement le directeur en montrant ses yeux remplis de larmes. Jamais je n'aurais cru que... Je ne pouvais pas savoir...

– Étrange que vous n'ayez rien vu alors qu'un homme qui a passé douze ans en prison a tout de suite vu que quelque chose n'allait pas chez Mr Potter, dit Daisy d'un ton dur. Est-ce qu'il faut vous envoyer à Azkaban pour que vous diagnostiquiez les problèmes de vos élèves ?

Dumbledore commença à parler, mais Daisy agita sa main pour l'en empêcher.

– Peu importe. Je crois que rien de ce que vous pourrez dire ne pourra être utile. Continuez, Maître.

– Je souhaite appeler Mrs Bones, intervint Alan. C'est elle qui a recueilli les témoignages des amis de Harry Potter. Puis-je ?

– Allez-y, Maître.

Amelia se leva à son tour, les mains tremblantes, et croisa le regard assuré d'Alan.

– Mrs Bones, vous êtes la Directrice de la Justice Magique et vous avez procédé à plusieurs entretiens avec des personnes proches de Harry Potter, est-ce exact ?

– Tout à fait. En compagnie de Madame la Présidente et de l'Auror Jackson qui sont présents. Nous avons utilisé une Plume de Vérité pour retranscrire les interrogatoires.

– Parfait, nous vous écoutons.

Elle commença d'abord par lire le témoignage de Mrs Figg indiquant qu'elle savait que les Dursley avaient honte de Harry, qu'ils ne l'emmenaient jamais en vacances et qu'elle devait lui faire passer de mauvais moments pour être sûre qu'ils l'envoient chez elle.

Elle enchaîna avec les professeurs de Harry Minerva, Filius, Remus et Hagrid qui avaient tous indiqué que Harry ne semblait pas heureux chez lui, mais qui n'avaient pas eu d'autres informations. Hagrid avait cependant ajouté que les Dursley haïssaient plus que tout la magie et qu'il avait dû les retrouver au milieu d'une île pour récupérer Harry, qui n'avait aucune connaissance du monde magique avant de recevoir sa lettre.

Elle parla un long moment du témoignage des Weasley et de Hermione Granger qui avaient tous été unanimes : les Dursley n'étaient pas une bonne famille. Elle parla des barreaux à la fenêtre de Harry, de l'absence de cadeaux de noël et du fait que Hermione leur avait dit que Harry était parfois enfermé des jours dans sa chambre, sans manger.

Amelia livra le témoignage des Dursley, qui fut sans doute le plus dur à écouter, quand elle indiqua que Harry était traité de « monstre ». Lorsqu'elle évoqua la chasse au Harry, le placard sous l'escalier, la trappe pour manger et les moments où Harry était affamé, elle fut sûre que chaque personne du Magenmagot avait les larmes aux yeux.

– Merci à vous, Mrs Bones, dit Alan le visage impassible. Mr Dumbledore, vous avez bien dit, quand vous avez refusé notre demande de garde, que les Dursley avaient « à cœur les intérêts de Mr Potter », n'est-ce pas ?

– Je ne pouvais pas savoir, dit Dumbledore le visage figé par la douleur.

– Pourtant, intervint Amelia durement, Harry vous a demandé de nombreuses fois de ne pas y retourner parce que sa famille le haïssait, pourquoi n'avez-vous rien fait ? Pourquoi n'avez-vous pas vérifié ? Vous saviez que vous étiez le seul à pouvoir aller chez eux, nous n'avions pas accès, pourquoi n'avez-vous rien fait ? Vous auriez pu simplement l'envoyer voir Mrs Pomfresh, mais non, vous n'avez absolument rien fait !

– Je pensais que Harry exagérait, qu'il ne s'entendait pas avec sa famille comme cela peut arriver. Je ne pouvais pas me douter que Pétunia... J'étais persuadé qu'elle l'aimerait et le traiterait comme son propre fils. J'ai, de toute évidence, eut tort.

Amelia soupira en voyant que Dumbledore semblait furieux et aussi très peiné à l'idée de ce que Harry avait traversé. Daisy dû le voir aussi puisqu'elle rappela tout le monde à l'ordre et fit rasseoir Amelia sur le côté.

– Madame la Présidente, si je puis me permettre, je pense que nous avons établi que, protection ou non, Mr Potter ne doit jamais retourner chez les Dursley, conclut Alan.

– Je pense, Maître, que vous avez raison, assura Daisy sans même s'inquiéter de demander l'avis de ses collègues.

Il était clair qu'il y avait des abus et que jamais personne n'autoriserait Harry à retourner chez les Dursley.

– J'aimerais donc proposer Mr Sirius Black comme tuteur officiel.

– Une autre famille pourrait-elle être envisagée ? intervint Dumbledore à la grande exaspération d'Amelia. Mr Black sort d'Azkaban et...

– Il est sorti d'Azkaban oui, et vous savez la première chose qu'il a faite ? Il s'est occupé de Harry comme son fils, siffla Alan en lui jetant un regard glacial. Il a emmené Harry se faire soigner, il s'est occupé de le retirer de chez les Dursley après que vous l'ayez une nouvelle fois envoyé là-bas. Alors, non, je ne vois pas qui serait mieux que Mr Black pour s'assurer des intérêts de Mr Potter.

Le Magenmagot hocha la tête, visiblement en accord avec l'avocat.

– Nous connaissons les effets d'Azkaban sur une personne, tenta Dumbledore. Mr Black...

– Mr Duca ici présent a fourni un rapport très détaillé à la Cour indiquant que Mr Black était plus qu'apte à s'occuper d'un enfant. Il a évoqué son traitement et le fait qu'il suive trois séances de psychomagie par semaine, depuis plus d'un an, pour gérer ses problèmes, expliqua Alan en se tournant vers Mihai qui se leva.

– En effet, Sirius est tout à fait apte à s'occuper de Harry. Son traitement se passe très bien et il a quasiment récupéré totalement de ses années d'emprisonnement. Si je puis me permettre, Harry est très heureux avec lui.

– Je peux également confirmer ce fait, dit Amelia en se levant. Harry m'a personnellement confié qu'il souhaitait que Sirius ait sa garde. Ils sont très proches et toutes les personnes qui les ont rencontrés peuvent témoigner du fait qu'ils s'aiment profondément.

– Nous avons également le témoignage de Miss Hermione Granger, dit Alan en se tournant vers la Cour, qui a également indiqué que Mr Black et Mr Potter s'entendaient parfaitement bien.

– Je tiens aussi à répondre à Mr Dumbledore, dit Daisy sous les regards surpris. J'ai procédé à trois entretiens avec Mr Black s'agissant de l'éventuelle garde de Mr Potter et j'ai conclu qu'il était sans doute la meilleure personne pour s'occuper de lui. Il a à cœur ses intérêts, était celui qui était désigné dans le testament des Potter et, comme l'a indiqué le médicomage Duca, sain d'esprit. Il est le seul à avoir découvert les problèmes de Mr Potter, ce qui montre qu'il a à cœur sa protection et fait attention à lui. De plus, Mrs Bones a versé au dossier la preuve que le lieu de vie de Mr Black était plus que convenable. Nous avons également une lettre de Mr Potter lui-même qui indique qu'il souhaite que Mr Black s'occupe de lui car il n'existe pas de « meilleur parrain au monde », cita-t-elle en souriant.

– Mais Mr Black n'est pas présent aujourd'hui, remarqua Dumbledore en souriant, quel genre de tuteur est-il s'il ne prend pas la peine de venir représenter son filleul ?

Sirius est le genre de tuteur qui préfère s'occuper de son filleul qui souffre, qui est malade et qui suivra un traitement pendant des années pour se remettre du traitement que vous lui avez infligé, dit Amelia d'une voix acide en sautant sur ses pieds.

– Je n'ai pas...

– C'était à vous de le protéger ! cria Amelia qui avait atteint le point de non-retour. Vous deviez le protéger ! Vous avez dit à tout le monde que Harry était heureux, et quoi ? On se rend compte qu'il a été maltraité pendant plus de treize ans ? Mais qu'est-ce qui se serait passé si Sirius n'avait pas été là ? Si Sirius ne lui tenait pas la main en ce moment ? Il souffre. Il souffre depuis plus de treize ans parce que tous les adultes à qui il a demandé de l'aide ne l'ont pas écouté. Vous savez ce que ça fait de prendre des potions de nutrition tous les jours ? Il prend dix potions par jour. Dix ! Vous connaissez la douleur d'un os qu'on doit recasser pour le remettre en place ? Parce que, si vous voulez, je peux vous casser le bras pour vous montrer à quel point il souffre. La seule personne qui lui fait du bien, c'est Sirius et c'est lui qui doit s'occuper de Harry parce qu'il est le seul à s'inquiéter pour lui ! Si Harry est mal c'est à cause de vous et j'espère que vous vous en voudrez toute votre vie pour ce que vous lui avez fait subir !

Dumbledore se figea sous le choc de la véhémence d'Amelia, qui avait toujours été une personne plutôt pacifique, alors que le Magenmagot tombait dans un silence de plomb. Jamais Amelia Bones n'avait été vu perdre pied à ce point. Amelia savait qu'elle n'avait pas bon caractère, elle était exigeante, parfois fatigante, mais jamais elle ne criait contre quelqu'un comme ça. Jamais.

– Ce petit a déjà trop souffert, murmura Amelia en tremblant. Vous savez ce qu'on a dû faire pour sortir Harry de ce cauchemar ? On a dû faire signer un abandon de garde aux Dursley. Ils ont tout de suite accepté, ravis de se débarrasser du monstre. Mais on a dû signer un abandon de toutes les charges. Parce que, sinon, ils refusaient de laisser partir Harry. À cause de votre brillante idée de le remettre là-bas, on a dû dire à Harry que jamais ces monstres ne seraient poursuivis. Alors vos conseils à la noix vous pouvez vous les garder, Dumbledore.

Elle cracha son nom avec une telle haine que Dumbledore recula sous le choc.

– Ceux qui sont en faveur de l'octroi de la garde à Mr Sirius Black, dit Daisy en rompant le silence.

Amelia souffla de soulagement en voyant toutes les mains se lever. Pas une seule ne soutenait Dumbledore.

– Je suis désolé, murmura Dumbledore en brisant le silence. Jamais je n'aurai cru...

– Vous auriez dû l'écouter, vous auriez dû vérifier si Harry allait bien, surtout quand il vous a dit qu'il ne voulait pas y retourner, ça aurait dû vous interpeller, dit sèchement Amelia. En fait, votre gestion de cette affaire est un scandale.

– Amelia, je...

– Non, il n'y pas d'Amelia qui tienne, coupa-t-elle sèchement alors que tout le monde retenait sa respiration en regardant le face à face. C'est Madame la Directrice de la Justice Magique, pour vous. Vous avez perdu le droit de m'appeler Amelia quand vous avez mis en danger de mort un enfant sans ciller. Je profite de cette audience pour demander la convocation du Magenmagot au complet, ajouta-t-elle en se tournant vers Daisy.

Les membres du Magenmagot présents froncèrent leurs sourcils. Il était très rare qu'une telle demande soit faite. D'ordinaire, le Magenmagot au complet était réuni uniquement plusieurs fois par an pour des affaires courantes ou exceptionnellement dans le cas de grands procès.

– Pourquoi, Mrs Bones ? demanda Daisy, elle aussi étonnée.

– Je demande la révocation d'Albus Dumbledore au poste de Président-Sorcier pour abus de pouvoir.

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