PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.
N/A : Voici le nouveau chapitre qui arrive à l'heure et qui est aussi le plus long de l'histoire (20.000 mots) ! J'espère qu'il vous plaira car il a été très difficile à écrire pour moi. Je voulais quelque chose de cohérent, de clair et qui respecte le canon, sans partir dans la facilité. Dans cette partie, nous allons parler de l'Horcruxe. Je voulais un peu changer des fictions où ce sont les gobelins qui l'enlèvent par un rituel. J'ai essayé de me rapprocher du livre (même si ce n'était pas forcément évident).
Petite explication pour ce chapitre : d'après ce que j'ai compris en lisant le livre, le fait que Harry survive à l'Avada dans la forêt s'explique par le fait que Voldemort a pris le sang de Harry pour revenir à la vie dans la Coupe de Feu, ce qui fait que les enchantements de Lily sont présents dans le sang de Voldemort. Ces enchantements gardent Harry attaché à la vie aussi longtemps que Voldemort est vivant (puisque la protection de Lily coule dans un sang, autre que celui de Harry), comme un sorte d'Horcruxe. Dans ce chapitre, évidemment, Voldemort n'est pas encore revenu à la vie, donc il faut trouver un autre moyen de le rattacher à la vie.
J'espère que ce chapitre vous paraîtra cohérent et que mon interprétation vous plaira. Je tenais à faire cette petite précision, en espérant que le chapitre soit assez compréhensible sur ce point.
Je vous informe aussi que j'ai créé une nouvelle histoire, intitulée "Le Refuge" qui est une Drarry pour ceux qui sont intéressés par ce pairing.
Bonne lecture à tous !
Partie 3. Chapitre 3.
"Protection de sang"
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Stefan Negrescu avait toujours été attiré par la Magie Noire. Il se souvenait avoir supplié son père de lui acheter des livres à ce sujet et d'avoir avidement parcouru la section restreinte de son école pour tout savoir sur le sujet C'est donc tout naturellement qu'il en avait fait sa spécialité. Il avait suivi le cours de Magie Noire de l'école de sorcellerie de Roumanie avec assiduité. Il était rapidement devenu le meilleur étudiant, comprenant tous les rituels, toutes les failles, toutes les subtilités de la Magie Noire, sans trop d'efforts.
À sa sortie de l'école, il avait été courtisé de toutes parts et était rapidement devenu un Maître en la matière, avant d'en faire sa carrière. Il avait d'abord été Briseur de Sorts, avant de travailler comme consultant auprès du Ministère et des Aurors, puis de devenir indépendant. Il parcourait le monde à la recherche de Magie Noire et se voyait assigner des missions par des personnes voulant en être débarrassé. Il n'avait jamais failli à une mission et était rapidement devenu l'un des référent en Magie Noire à travers le monde.
C'était lors d'une intervention qui avait mal tournée qu'il avait fait la connaissance de Mihai Duca, qui avait été le seul à pouvoir le soigner d'un mauvais sort. Le sort l'avait plongé dans un coma pendant plusieurs semaines et il en gardait une cicatrice qui lui fendait le ventre en deux.
Stefan avait appris à connaître Mihai à son réveil et, pour le remercier de l'avoir sauvé, l'avait aidé à étudier les effets de la Magie Noire sur le cerveau. Ce n'était pas ce qu'il avait préféré comme sujet, mais travailler avec Mihai avait été très enrichissant. Il était rapidement reparti vers d'autres horizons, mais il ne se passait pas un mois sans qu'il ne prenne des nouvelles de son plus fidèle ami.
Stefan pensait avoir vu beaucoup de choses, dans sa courte vie. Il avait vu des horreurs qui l'avaient terrifiées, il avait utilisé des sorts incontrôlables qui auraient pu très mal tourner. Il avait vu les ravages que pouvait faire cette Magie sur le corps de certains. Il avait vu la pauvreté, la haine, la misère, le pouvoir ; tous ces sentiments qui pouvaient mener à des créations horrifiques. Il avait vu ce qu'était la vraie Magie Noire et pas seulement celle enseignée à l'école. Il l'avait apprise, il l'avait exécutée et il l'avait surtout combattue, laissant en lui des traces indélébiles.
Quand Mihai lui avait envoyé une lettre, il y a six mois, lui demandant de l'aider pour une mission très dangereuse et incertaine, sur une forme de Magie très noire, Stefan avait sauté sur l'occasion. Il avait retrouvé Mihai en Roumanie, au Centre Médical, au mois de décembre, pour qu'il lui détaille cette forme de « Magie très noire ». Stefan avait compris que c'était grave en comprenant que Mihai avait mis en pause son étude en Angleterre pour le rencontrer.
Il se souvenait de son choc quand il avait compris le cas qui lui était soumis. Un Horcruxe était, en soi, un acte inimaginable et épouvantable. Mais un Horcruxe logé dans un être-humain était pire que tout. Jamais il n'avait entendu parler de quelque chose comme ça. Si Stefan connaissait les Horcruxe de nom, jamais il n'aurait pu imaginer qu'une telle forme de Magie Noire puisse se loger dans un enfant et que cet enfant y survive.
Stefan avait été sous le choc pendant de longues minutes, incapable de réfléchir et de penser à une solution, avant d'y trouver un attrait. Il s'était demandé si l'Horcruxe avait pu changer le comportement du garçon, s'il avait, en quelque sorte, pu prendre une part de lui, s'il bloquait son centre magique, s'il lui avait donné des aptitudes particulières, mais surtout, il s'était posé des questions sur la façon de le détruire.
La première chose qu'il avait dite à Mihai, de manière instinctive, était qu'il n'y avait qu'une façon de s'en débarrasser ; tuer le garçon.
Il avait compris que ce n'était pas envisageable en voyant le regard de son ami et, depuis, il cherchait tous les moyens possibles pour ramener ce petit à la vie. Parce qu'il le savait, il fallait que Harry Potter meure pour que la part d'âme en lui ne soit détruite. C'était évident.
La seule chose qui lui manquait, c'était de trouver un moyen de ressusciter le garçon. Mais Stefan, qui semblait être le seul pragmatique dans l'équipe, savait qu'il était impossible de ramener une personne à la vie, même avec toute la Magie Noire du monde. Pourtant, il s'accrochait à la possibilité infime qu'elle existe. Il avait été grassement payé par le parrain de Harry, Sirius Black, et avait parcouru le monde pendant six mois à la recherche d'une solution.
Quand Harry était arrivé au CMD, Stefan avait été immédiatement convié pour conduire des tests. Stefan n'aimait pas les enfants, mais il devait avouer que Harry était plutôt charmant. Très vif, intelligent et courageux. Seule sa façon de le bombarder de questions l'agaçait prodigieusement. Parce que Stefan ne pouvait pas y répondre. Il était en territoire inconnu.
Il avait confirmé la présence de l'Horcruxe en Harry très rapidement et avait réalisé des tests pour savoir comment l'Horcruxe s'était comporté toutes ces années. Il avait rapidement compris que, si Harry avait acquis quelques compétences particulières, l'Horcruxe était resté relativement en retrait. Il ne voyait aucune trace noire dans la Magie de Harry, aucun parasite essayant de prendre sa place. En fait, l'Horcruxe était tranquillement dans Harry, sans rien faire de plus, sans aucune interaction, il est simplement là, presque endormi. Cela ne l'avait rassuré qu'à moitié, se demandant ce qu'il se passerait s'ils essayaient de le retirer.
Les Horcruxes étaient conçus pour résister à toute attaque et Stefan se demandait comment le corps de Harry pourrait réagir. Est-ce que le fait qu'il soit un humain voulait dire que le morceau d'âme allait résister ou non ? Est-ce qu'un Horcruxe dans un être-humain était plus dangereux que dans un objet ?
Le challenge était très intéressant et avait poussé Stefan à passer plusieurs jours à la bibliothèque centrale de Roumanie. Il avait redoublé d'efforts, de recherches et de théories, mais il n'avait rien trouvé. Rien du tout. Que des suppositions qui menaient, inévitablement, à la mort de Harry.
Et, pour la première fois de sa carrière, Stefan s'avoua vaincu en se disant qu'il ne pourrait rien y faire. Qu'il n'y avait qu'une chose à faire : tuer le garçon et passer à autre chose.
– Tu devrais faire une pause, Sirius, conseilla Stefan en s'étirant tel un chat.
Si Stefan n'avait pas arrêté ses recherches, c'était surtout en voyant que Sirius n'avait toujours pas abandonné. Il avait vite accroché avec Sirius de par sa connaissance en Magie Noire et il devait avouer qu'il n'était pas dépourvu de connaissances. Ils se comprenaient facilement, parlaient parfois des heures des formes de Magie Noire dans le monde. Sirius avait un point de vue rafraichissant qui l'intéressait beaucoup.
Malheureusement, même leurs deux cerveaux ne pouvaient pas parvenir à une solution. Ils avaient mis en commun les recherches mutuelles qu'ils avaient pu faire et ni l'un ni l'autre n'avait trouvé le semblant d'une piste.
– Je dois finir de lire ça, répondit Sirius plongé dans un ouvrage de Magie Noire avancée qu'il avait pensé à récupérer du Square Grimmaurd avant son départ.
– On a déjà lu tout ce qui était possible de lire, soupira Stefan.
Sirius ne répondit rien, ne détachant pas son regard du livre que Stefan avait déjà parcouru sans rien trouver. Il pouvait comprendre qu'il cherche encore et encore, mais Stefan ne pensait pas qu'une solution se trouve dans un livre. Après tout, c'était une forme de magie très inconnue, et un acte presque impossible à réaliser. Comment pourraient-ils trouver une solution là-dedans ? S'il y avait eu un moyen de survivre à la mort, un sorcier l'aurait déjà trouvé.
– Tu sais, plus j'y pense et plus je me dis qu'on peut aussi... Je ne sais pas moi... Trouver une autre solution ? Il y a d'autres façons de s'occuper de Voldemort. On pourrait le mettre dans un cocon anti-magie, on pourrait l'enfermer quelque part... Il ne faut juste pas qu'il revienne à la vie.
Sirius lui jeta un regard perplexe et Stefan leva ses mains en signe de reddition, comprenant que ce n'était pas ce qu'il avait envie d'entendre.
– Voldemort n'est pas encore revenu. On a un peu de temps.
– Du temps ? Harry a un morceau de l'âme d'un psychopathe dans le cerveau, comment tu peux dire qu'on a le temps ? s'agaça Sirius.
– Sirius, dit Stefan avec précaution, on sait tous les deux que, si on veut détruire l'Horcruxe, Harry doit mourir. Il n'y a pas d'autres solutions. Et si on ne trouve pas de moyen de...
– Ne dis pas ça ! gémit Sirius, les larmes aux yeux. Je viens juste de retrouver Harry ! Il ne va pas mourir maintenant !
Stefan le regarda avec inquiétude. Il avait de gros cernes sous les yeux. Il ne dormait quasiment plus depuis une semaine, cherchant sans relâche une solution. Leur arrivée en Roumanie n'avait pas eu l'effet escompté. Au lieu des vacances de rêve qui étaient prévues, Sirius attendait de savoir s'il allait avoir la garde totale pour Harry tout en essayant de trouver le moyen de le tuer et de le faire revenir à la vie, parce qu'il avait un morceau d'âme dans son cerveau. Sans parler des soins que Harry devait recevoir à cause de son ancienne famille.
Non, la situation n'était pas évidente pour lui. Mais Stefan savait que, plus le temps passait, moins ils avaient de chance de trouver quelque chose. Ils devaient s'occuper de l'Horcruxe rapidement. Il avait vu que l'Horcruxe n'avait rien fait à Harry, mais qui sait quels dommages ce morceau d'âme pourrait faire dans le futur. Et que se passerait-il si Voldemort revenait à la vie ? Harry partageait de toute évidence une connexion inexplicable avec le mage noir et Stefan ne voulait pas penser à ce que signifierait pour Harry de devoir vivre avec Voldemort dans sa tête.
Sirius soupira en rejetant le livre sur le côté, dépité à l'idée de ne rien trouver.
– Tu es vraiment sûr qu'on ne peut pas juste déplacer l'Horcruxe dans un autre objet ? s'enquit Sirius avec espoir. C'était ma première théorie et...
– On a déjà eu cette conversation, soupira Stefan. Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ?
– Répète-moi ça, histoire qu'on soit sûr que tu ne te sois pas trompé, grommela Sirius en réussissant à lui lancer un sourire en coin.
– L'Horcruxe est couplé avec le centre magique de Harry, dit Stefan d'une voix lasse. Son corps a totalement accepté sa présence, c'est une partie de lui. Si on déplace l'Horcruxe sans le détruire, il pourrait se défendre et tuer Harry sur le coup, voire nous attaquer et nous tuer, sans même être détruit. Ce qui serait contre-productif.
Sirius plongea sa tête entre ses mains, luttant contre ses larmes.
– Tu es vraiment sûr qu'il doit mourir ? On ne peut pas juste...
– J'en suis sûr, coupa Stefan agacé de devoir répéter cette partie. Cette théorie a été confirmé par le basilic. Harry a failli mourir, le poison l'a attaqué. Mais comme il a été réparé par les larmes du Phénix, il a toujours l'âme en lui. Donc, il doit mourir et c'est la seule façon.
– On ne pourrait pas utiliser une méthode moldue ? demanda Sirius avec des yeux brillants d'espoir. Je ne sais pas si tu connais les défibrilotars ? Un truc comme ça. On lui arrête le cœur, il meurt et ensuite on le faire revivre.
– Mmmh, fit Stefan plongé dans ses pensées, j'avais pensé à cette solution, mais je ne pense pas que ça va marcher. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne pense pas que ça détruise l'Horcruxe. Il va chercher à se défendre, donc il faut vraiment le détruire tout de suite. Selon moi, Harry ne peut pas simplement mourir comme ça.
– C'est-à-dire ?
– C'est-à-dire qu'il faut qu'on tue Harry comme on tuerait un Horcruxe, avec une substance « tellement destructrice qu'il ne peut se réparer de lui-même », récita Stefan en attrapant le livre sur les Horcruxes de la maison des Black.
– Donc... Ça nous laisse quoi, le venin de Basilic ? dit Sirius d'une voix blanche.
– Je pense. Il y a quoi à part ça ? Le Feudeymon pourrait marcher, mais hors de question de l'utiliser sur Harry. L'avada pourrait marcher, mais je pense que personne ici ne pourrait lui lancer. Non, le venin de Basilic c'est vraiment la seule substance qui peut vraiment détruire un Horcruxe et qu'on peut injecter dans Harry.
– Et tu le trouves comment ton venin ? ricana Sirius.
– Pas moyen d'envoyer Harry dans la Chambre des Secrets ?
– Aucune chance, souffla Sirius en levant ses yeux au ciel. C'est les vacances et hors de question de demander à Dumbledore.
– Ne t'en fais pas, on peut en acheter. Je vais me renseigner. Par contre ça sera sans doute cher. Le venin de Basilic est sans doute l'un des ingrédients les plus rares du monde.
– Pas de souci. Je serai ravi de payer pour acheter quelque chose qui va tuer mon filleul, ironisa Sirius avec difficulté. Mais je me demandais... Est-ce qu'il ne doit pas mourir de la main de Voldemort ? Tu sais, comme le dit la prophétie...
– Non, je ne pense pas, assura Stefan. Je pense que ta prophétie n'est pas à prendre au mot. Je pense qu'on peut le détruire, mais il faut utiliser une méthode vraiment certaine, d'où le venin. Ce qui est sûr c'est que la partie d'âme doit être détruite. Imagine ce qui se passerait si on tue Harry sans détruire l'Horcruxe. Il pourrait nous attaquer ou même se déplacer dans un autre être-vivant ou même partir dans la nature, et c'est la dernière chose qu'on souhaite.
Stefan devait avouer que Sirius encaissait plutôt bien leurs conversations. Il était blanc, mais il parvenait à rester stoïque sans pleurer toutes les larmes de son corps.
– Et si on le transforme en vampire ? demanda Sirius.
Stefan laissa échapper un ricanement moqueur, se retenant de lever ses yeux au ciel. Il comprenait que Sirius cherche une solution, mais tout cela était ridicule.
– Pourquoi pas un loup-garou ? Sérieusement, Sirius, tu comprends ce que je dis ou non ? Harry doit mourir. C'est-à-dire que, si tu le transformes, tu ne le tue pas. Et tu sais bien qu'une fois mort, on ne peut plus le transformer. Je suis désolé de te le dire comme ça, mais je n'ai pas de formule magique. Il doit mourir, point.
Stefan regarda les yeux de Sirius se plisser de colère et il se demanda s'il allait le frapper. Finalement Sirius frappa sa tête contre la table en bois en gémissant de douleur.
– On est sûr que personne n'a jamais ressuscité ? demanda piteusement Sirius en frottant son front rouge.
– Il y a eu des tentatives, admit Stefan, mais ce n'est pas probant. Tu connais la nécromancie, non ?
– Oui, mes parents ont deux ou trois livres sur le sujet.
– Est-ce que je peux venir chez toi ? demanda avidement Stefan.
– Si tu enlèves cette chose de Harry je te donne même la bibliothèque, dit Sirius en levant ses yeux au ciel.
– Vendu ! lança Stefan les yeux brillants d'impatience. Sinon, pour la nécromancie, on peut toujours essayer, mais ce n'est pas conseillé. Il y a des rituels, mais tu ne voudrai pas que Harry revienne comme ça.
– Pourquoi ?
– Les mondes des vivants et des morts ne doivent pas se mélanger. Harry serait, soit malheureux d'être revenu, soit complètement fou. Tu vois bien comment Voldemort a tourné en faisant ses Horcruxes, c'est ça quand on joue avec la Mort. On devient fou.
– C'est ça ! dit Sirius triomphalement. Harry doit créer un Horcruxe.
Stefan s'approcha de Sirius pour le frapper derrière la tête.
– Tu es fou ? siffla Stefan les yeux écarquillés. Tu veux annoncer à Harry qu'il doit tuer quelqu'un de sang-froid et qu'il va devenir à moitié fou ? Ou tu me laisses m'en charger ?
– Ouais. Désolé, c'est juste bête, dit Sirius en se massant l'arrière de la tête. Je suis juste... Je cherche une solution.
– Moi aussi, Sirius, mais pour le moment on n'a rien du tout. On n'a jamais vu quelqu'un revenir à la vie sain d'esprit ou revenir à la vie tout court.
– Et les créatures magiques ? Je sais que la magie des gobelins est assez puissante, ils ne pourraient rien faire ?
– J'y ai pensé. J'ai contacté des vampires, des gobelins et même des centaures. Ils m'ont tous dit qu'une personne ne pouvait pas revenir de la mort. Une fois qu'on est mort, on est mort.
– Mais quand Voldemort est venu tuer les Potter. Lily a empêché Harry de se faire tuer, non ?
– Harry n'est pas mort, cette nuit-là, coupa Stefan qui voyait où il voulait en venir. De ce que j'ai compris, la protection de Lily agissait comme un bouclier, le sort a simplement rebondi sur Harry, donc on ne peut pas dire qu'il soit revenu à la vie.
– Et si je me sacrifie pour lui ? Pour le protéger. Il pourrait...
– Je pense que ce n'est pas si simple. Déjà, Harry n'acceptera jamais ça. Ensuite, tu ne peux pas juste le décider avant. Il faut que ça soit fait naturellement, c'est un sacrifice ultime, Sirius. Et puis, ça servirait uniquement à protéger Harry d'un sort de mort et ça ne le tuerait pas. Donc on en revient au même. Harry doit mourir. Et ensuite revenir à la vie et c'est là le problème. Actuellement, le seul qui pourrait revenir à la vie c'est Voldemort. La protection de Lily ne...
Stefan s'interrompit un long moment. Assez pour que Sirius le regarde avec espoir. Stefan avait l'impression qu'une lumière venait de s'allumer dans son esprit.
– La protection de Lily... répéta Stefan à voix basse avant d'attraper le carnet qu'il avait toujours sur lui pour y chercher une information. Tu m'as bien dit que, quand Harry avait rencontré Voldemort il y a deux ans, il ne pouvait pas le toucher, c'est ça ?
– Oui, c'est comme ça que Quirell est mort, expliqua Sirius les sourcils froncés en le voyant s'afférer pour prendre quelques notes.
– Écoute, j'ai une théorie, mais ça va paraître fou.
– J'ai proposé de transformer mon filleul en vampire, est-ce que ça peut être pire ? réussit à ricaner Sirius en posant ses yeux gris sur Stefan avec attention.
– La protection de Lily, elle est dans le sang de Harry, on est d'accord ? Et cette protection l'a protégé contre un sortilège de mort. Avec cette protection, Harry n'a pas pu mourir. Et cette protection est toujours présente dans son sang, puisque Voldemort n'a pas pu le toucher. Alors... imaginons que le sang de Harry soit ailleurs. Imaginons que le sang coule dans une autre personne ou dans une chose... La protection de Lily serait présente ailleurs. Une protection qui protège Harry. Tu comprends ce que ça voudrait dire ?
– Non, pas du tout.
– Que Harry ne pourrait pas mourir. Il y aurait toujours un lien, toujours la protection de Lily quelque part.
– Mmmh, tout à fait, ironisa Sirius les yeux plissés par la concentration.
– Je sais que c'est difficile à comprendre. Mais imagine un Horcruxe. Dans un Horcruxe on met une partie de son âme. Ton idée de créer un Horcruxe à Harry n'était pas mauvaise. Mais à la place de son âme, on y met son sang. Son sang qui contient la protection de Lily contre la mort. Elle s'est sacrifiée pour lui, ce sacrifice existe toujours, il protège Harry. Et s'il est ailleurs, cela signifie que la protection est toujours là. La protection de Lily se trouve dans un autre réceptacle et garde Harry attaché à la vie aussi longtemps que le réceptable existe. Donc, il ne peut pas mourir. On doit lui créer un Horcruxe de sang, c'est évident !
– Ça... Je n'ai pas tout compris, mais... Tu es sûr que ça pourrait marcher ? siffla Sirius l'espoir visible dans ses yeux.
– Je ne sais pas. Il faudrait affiner, mais, pourquoi pas... Le seul problème c'est de mettre le sang de Harry ailleurs et ça me semble problématique.
– Pourquoi ? Si ça marche au sang, on ne peut pas, je ne sais pas faire un transfert ?
– Je ne suis pas sûr que ça marche, dit piteusement Stefan. Il faudrait beaucoup de sang, presque changer la moitié du sang de l'autre personne pour que ça prenne le dessus. Et il faut un réceptacle assez puissant... Je ne sais pas trop, en fait...
– Dans un livre de ma mère, j'ai trouvé une procédure d'adoption de sang, proposa Sirius. Ça permet de mixer le sang et de faire que l'enfant devienne... Oh, oui, je vois, ajouta-t-il en voyant le regard de Stefan. Ça ne marchera pas parce que c'est mon sang qui prendra le dessus sur celui de Harry et c'est la dernière chose que l'on veut.
– Il faut y réfléchir, dit simplement Stefan. Un humain serait parfait, évidemment, puisque c'est un organisme vivant. Je ne sais pas si ça peut marcher avec un objet, car il faudrait que cet objet puisse absorber les protections. Peut-être qu'on pourrait transférer le sang dans un animal ? Mais à quel niveau, je ne sais pas... Et puis, il faut que l'objet puisse l'absorber vraiment, il faut une grande concentration de sang, je pense. Il faut que je fasse des recherches.
– Donc, on a une piste ? souffla Sirius les yeux brillants.
– Je crois qu'on a une piste, sourit Stefan.
.
Sirius était encore plongé dans ses livres, à la recherche d'un moyen de mettre le sang de Harry et la protection de Lily dans un autre être-humain, quand Amelia lui passa un coup de Miroir. Il eut à peine le temps de voir que Rufus était avec elle, avant qu'elle ne se mette à sauter sur place, avec le sourire le plus large qu'il n'avait jamais vu sur elle.
– Tu as la garde ! cria Amelia. Tu as la garde totale, Sirius !
– Tu... tu es sûre ? fit Sirius les yeux écarquillés, sentant son cœur tambouriner à la chamade.
– À l'unanimité !
– Nom d'un hippogriffe ! siffla-t-il sous le choc.
Sirius avait du mal à réfléchir à ce que tout cela impliquait. Il avait l'impression d'être dans un grand flou, comme dans un rêve. Harry et lui étaient une vraie famille, officiellement. Sirius était aujourd'hui le tuteur officiel de Harry.
– Je... Merci, beaucoup... Merci Amelia, sans toi, je...
– Ne la remercie pas tout de suite, coupa Rufus avec un sourire en coin, tu n'as pas encore entendu la suite.
– Quelle suite ?
– Dumbledore a dû quitter la présidence du Magenmagot ! lança fièrement Amelia.
– Tu ri-go-les ! cria à moitié Sirius. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je veux tout savoir !
Amelia avait un sourire fier et se fit un malin plaisir à lui raconter en détail le déroulé du procès.
– Et, à la fin, dit Amelia, j'ai demandé une réunion exceptionnelle du Magenmagot pour destituer Dumbledore.
– C'est parfait ! assura Sirius les yeux écarquillés. Comment il a réagi ?
– Je ne sais pas, je suis partie avant. Donc, le Magenmagot a été réuni dans l'heure, les journalistes étaient fous. On a réussi à empêcher l'état de Harry de fuiter, mais les gens savent qu'il s'est passé quelque chose de grave avec sa garde.
– On peut se débrouiller de ça, soupira Sirius. Et donc, Dumbledore ?
– On a tenu une audience à huis clos pour parler du testament qu'il avait bloqué et de tout ce qu'il s'était passé pour Harry. Ça a duré des heures. À la fin, la majorité a considéré que Dumbledore avait commis un abus de pouvoir. Il n'avait pas le droit de bloquer le testament et surtout de placer Harry sans vérifier s'il allait bien. Bon, il ne va pas être poursuivi sur ça, mais il a perdu sa place de Président-Sorcier. C'est mieux que rien.
– Il n'a pas vraiment commis de crime, expliqua Rufus, donc on ne peut pas vraiment le condamner pour ça. Et puis il ne savait pas ce qu'il se passait pour Harry.
– Rufus a raison, il était vraiment mal quand il l'a appris, soupira Amelia en grimaçant. Je pense qu'il savait que Harry n'était pas heureux mais jamais il n'aurait pensé qu'il se passait ce genre de choses. Il était au bord des larmes.
– Dumbledore a juste abusé de son pouvoir et a fait des mauvais choix, malheureusement pour lui, ce n'est pas passé auprès du Magenmagot, dit Rufus qui souriait de toutes ses dents. Et donc, comme Amelia estimait que ce n'était pas suffisant comme punition de lui retirer sa place de Président-Sorcier qu'il a depuis des siècles, elle a contacté les journalistes.
– Rita Skeeter a fait un article fan-ta-stique ! s'exclama Amelia. Je te l'ai gardé. Elle a expliqué tout ce qu'il s'était passé sans parler des mauvais traitements de Harry. Elle a juste dit que ça ne se passait pas très bien, mais surtout que Dumbledore avait bloqué le testament et qu'il t'avait envoyé en prison sans jamais t'aider.
– On peut dire qu'elle l'a vraiment mis à terre, s'amusa Rufus. Elle a été très élogieuse à ton propos, c'est étonnant quand on sait que c'est une vraie langue de vipère. Tu la connais bien ?
Sirius vit Rufus hausser un sourcil amusé et il rougit légèrement.
– Elle était plus âgée que nous, je crois, dit Amelia qui avait un sourire en coin. Tu la connaissais ?
– Oui, deux ans de plus que nous, répondit Sirius en se raclant la gorge. Ok, soupira-t-il en voyant leurs regards intrigués, il se peut qu'on ait eut un flirt léger quand on était plus jeunes. Mais ça n'a débouché sur rien, j'étais jeune et voilà. Et quand on s'est revu pour parler du procès, elle a été très professionnelle.
– Je pense qu'elle pourrait être une bonne journaliste si elle arrêtait son sensationnel, indiqua Rufus alors que Sirius hochait sa tête en signe de confirmation.
– Où est Harry ? s'enquit Amelia. J'aimerais bien lui annoncer la nouvelle. Il va être si content. Et j'aimerais savoir s'il veut que j'envoie une lettre à ses amis pour les informer.
Sirius soupira en détournant son regard du Miroir.
– Harry est parti en randonnée.
– En randonnée ? répéta Amelia visiblement étonnée.
– Oui, avec sa psychomage, Irina. Elle dit que « l'air de la montagne lui fera du bien », singea Sirius avec dédain. Ils sont partis hier, ils reviennent demain soir. Je lui annoncerai la bonne nouvelle à ce moment.
– Ça ne va pas ? demanda Amelia qui vit que Sirius s'était crispé.
– C'est Harry... soupira Sirius le visage défait. Vous savez qu'il a un Horcruxe dans sa cicatrice et, entre ça et son état de santé général... Pour le moment, il ne fait que dormir, prendre ses potions et discuter avec Mihai ou Irina. Je crois qu'il a peur de devenir un mage noir... Je ne sais pas ce qui se passe dans tête, mais il a l'air d'être persuadé qu'il va devenir Voldemort. Donc il ne me parle plus, sans doute qu'il a peur que je le considère comme Voldemort... enfin, je ne sais pas trop... Je suis un peu perdu et... oui, je sais qu'il a besoin de temps Amelia, ajouta-t-il en la voyant commencer à parler. Et puis, sa psychomage est vraiment bien, mais je me sens juste inutile. Je viens juste de le récupérer et il va déjà...
Sirius s'étrangla à moitié, incapable de finir sa phrase.
– Bref, ce n'est pas vraiment ce que j'avais espéré comme vacances, tenta Sirius sans les regarder.
– Est-ce que tu veux qu'on vienne pour t'aider ? demanda Amelia. Ou que j'envoie Remus ?
– Non, je dois régler ça seul. Harry... Mihai m'a dit qu'il viendrait me parler quand il se sentirait prêt, il a juste besoin de temps, ce que je comprends, mais c'est juste difficile. Donc je passe mon temps à faire des recherches et à espérer trouver un moyen pour ressusciter mon filleul après l'avoir assassiné.
– Vous n'avez toujours rien ? demanda Rufus qui grimaça en entendant le ton désespéré de Sirius.
Il ne l'avait jamais vu comme ça. Il se souvenait avoir vu Sirius perdre pied avant le procès ou inquiet quand il n'avait pas eu la garde, mais il avait toujours eu de l'espoir. Rufus avait l'impression que Sirius avait vraiment perdu toute chance de trouver une solution. Et l'Ordre des Maraudeurs savait bien à quel point il était nécessaire de trouver une solution. Tuer Harry ne faisait plaisir à personne, mais la possibilité que Voldemort ne revienne non plus.
– On a une piste, mais on est aussi prêt de trouver quelque chose qu'il y a six mois.
Amelia grimaça de dépit et chercha un moyen de changer de conversation.
– Sur une note plus joyeuse, dit Rufus d'une voix enjouée, ces Miroirs sont vraiment pratiques. Je vais en commander pour les Aurors.
– Vraiment ? interrogea Sirius. Ça serait une bonne idée.
– C'est beaucoup plus simple que les Patronus ou les Cheminettes. Je pense que le Département de l'artisanat magique pourrait être intéressé, assura Rufus. Ça va considérablement nous aider dans notre travail.
– Je pense qu'il y a un quelque chose à faire, confirma Amelia. Tu sais, tout le monde serait intéressé par ces choses-là. Pas seulement les Aurors.
– C'est vrai que ça serait bien si tout le monde en avait un, dit Sirius. On pourrait se contacter plus facilement.
– Je connais bien le Directeur, je vais lui proposer, indiqua Rufus avec un petit sourire en coin.
– Je vois Mihai qui arrive, il va se faire un plaisir de me raconter tout le procès, dit Sirius avec un petit sourire en coin.
Mihai venait en effet de transplaner devant le CMD et se dirigeait d'un pas souple vers lui, sourire aux lèvres, sans doute impatient à l'idée de lui raconter comment s'était passé le procès.
– Je vous rappelle dès que j'en sais plus pour Harry. Et, merci Amelia, pour tout ce que tu as fait pour nous. Je te revaudrai ça un jour.
.
Sirius observait la pièce où il avait rencontré Mihai pour la première fois. C'était une salle de consultation d'urgence, qui permettait de faire les premiers soins. C'était là où Lily avait appris qu'elle était enceinte. Son filleul n'était encore qu'un embryon à cette époque, encore innocent.
Aujourd'hui, Harry se battait contre un mage noir qui cherchait à le tuer et contre une partie de son âme, logée en lui. Sirius avait encore des sueurs froides rien qu'à l'idée de penser que cette chose était en Harry.
Il avait peur. Il avait plus peur que la fois où James avait fait une chute de trente mètres sur son balai, plus que quand il avait combattu Voldemort sur un champ de bataille, plus que quand Lily avait perdu les eaux devant lui et qu'il avait dû l'emmener à Sainte Mangouste, plus que quand il avait été envoyé à Azkaban. Il était complètement terrifié. Qu'avait-il raté pour ne pas avoir protégé Harry ?
– Aidez-moi, murmura Sirius en regardant le ciel à travers l'une des fenêtres. J'ai besoin de vous.
Mais personne ne lui répondit. Il était seul. Seul avec des théories pour aider Harry, dont aucune ne semblait réalisable pour le moment. Tout le monde était perdu, personne ne savait quoi faire et Sirius avait peur que la seule façon de se débarrasser de Voldemort pour de bon soit réellement de tuer Harry, sans possibilité de retour en arrière.
Remus avait été horrifié en apprenant la nouvelle, passant également son temps dans les livres du Square Grimmaurd, sans succès. Amelia et Rufus semblaient plus résignés, attendant que Sirius ne trouve une solution. Il n'était pas concevable pour eux que Harry soit tué comme ça, sans qu'ils ne puissent trouver un moyen de l'aider.
Sirius en voulait à Dumbledore de ne jamais avoir regardé à la cicatrice de Harry, avant que la terrible pensée qu'il était au courant ne le heurte. Après tout, Dumbledore avait eu en main le journal. Sirius avait fini par penser que Dumbledore était au courant des Horcruxes, ce qui rendait tout ce qui s'était passé dans la vie de Harry d'autant plus terrible.
Il avait peur que Dumbledore, sachant que la seule façon de détruire l'Horcruxe était de tuer Harry, ne le convainque qu'il était celui destiné à tuer Voldemort. Il avait peur qu'un de ses grands plans soit de convaincre Harry de se sacrifier pour les autres. Sirius était prêt à s'y opposer et à tout faire pour que ça n'arrive jamais, mais est-ce que Harry aurait accepté cela s'il n'avait pas été là ? Harry se serait-il sacrifié au nom du plus grand bien ? Oui, sans doute. Sirius connaissait assez Harry pour savoir que la perspective de mettre ses amis en danger pouvait le conduire à faire des choses inconsidérées, comme mourir pour eux.
Sirius avait passé si peu de temps avec Harry. C'était si injuste. Il avait déjà vécu tant de choses et si peu avec Harry. Harry lui-même n'avait que treize ans et il n'avait quasiment rien vécu. Il aurait dû être en train de profiter de ses vacances, planifier sa vie future et non penser qu'elle allait s'arrêter parce qu'il fallait le tuer.
Sirius se demanda comment cet embryon qu'était Harry avait pu devenir un adolescent prêt à mourir pour tous les autres. Il l'aimait tellement. Depuis le premier jours où il avait fait son apparition dans sa vie, Sirius avait su que Harry aurait toujours une place dans son cœur.
.
Novembre 1979.
– Comme c'est joli ! murmura Lily en attrapant du bout des doigts un collier à la chaîne dorée, au bout duquel était accrochée une pierre blanche, ronde, bien taillée, presque transparente, que le soleil faisait briller de mille feux.
– Pour protection, expliqua la dame devant l'étalage avec une moue dubitative sur le visage.
Lily regarda le collier avec envie. La vendeuse l'observa toucher la pierre et la poser dans le creux de sa main, avant d'écarquiller ses yeux en marmonnant des paroles en roumain que Sirius ne comprit pas. Elle regardait Lily avec un intérêt nouveau.
– Tu as des dizaines de colliers, remarqua Sirius, avant de se taire quand Lily le fusilla du regard.
– Je n'en ai pas des comme ça.
– Mmmh, évidemment, dit Sirius amusé.
– Combien ? demanda Lily qui semblait être très attirée par cette jolie pierre.
La dame la détailla du regard et son regard se posa un long moment sur le ventre de Lily. Sirius haussa un sourcil en la voyant faire.
– Cadeau. Pour protection.
– Je ne peux pas... murmura Lily.
La dame lui sourit simplement. Elle prit la main de Lily et la referma sur le collier.
– Important. Protection importante pour deux.
Lily la remercia chaleureusement, alors que Sirius se glissait derrière elle pour lui accrocher le collier. Il grimaça en sentant un picotement dans sa main quand il toucha la pierre et il loupa le regard amusé de la vendeuse. La pierre reposait entre la poitrine de Lily et étincelait au soleil. Les cheveux roux de Lily qui encadraient le collier donnaient à la pierre un aspect encore plus transparent, presque magique.
– Magnifique ! assura Sirius, en lui faisant un clin d'œil.
– Tu crois qu'elle parlait de toi quand elle a dit une protection pour deux ? demanda Lily quand ils s'éloignèrent de la boutique.
Sirius haussa ses épaules. Il avait pris l'habitude de ne pas faire attention à ce genre de remarque. Il savait que Lily et lui étaient souvent considérés comme un couple. Ils étaient très complices et Sirius avait promis à James de la protéger. Il s'assurait qu'aucun homme ne pose ses yeux sur elle, ce qui faisait qu'ils étaient parfois très proches.
Sirius s'était assuré de ne jamais démentir les rumeurs –espérant que James ne l'apprenne jamais– pour être sûr que Lily soit tranquille. Cette dernière semblait ne jamais se rendre compte quand un homme essayait de la draguer et s'agaçait quand il la prenait par la taille pour faire fuir un prétendant. Pour le moment, Sirius avait l'impression de bien s'en sortir.
– Tu penses qu'on pourra visiter le Bucarest moldu demain ? s'enquit Lily. J'adore le côté sorcier, mais il y a tellement de belles choses à voir.
– Lily, soupira faussement Sirius, tu sais qu'on est ici pour le travail ? Si Goldberg apprend que je prends du bon temps côté moldu je vais perdre mon travail.
– Depuis quand tu suis les règles ? s'étonna Lily.
– Je suis quelqu'un de responsable, assura Sirius.
– Responsable, dit-elle avec dédain. Tu es sûr que tu parles de toi ?
– Je suis heurté dans mon cœur, dit Sirius en posant sa main sur son cœur, l'air blessé.
– Et puis, Goldberg n'en saura jamais rien, ajouta malicieusement Lily.
– Tu passes trop de temps avec nous.
Sirius leva ses yeux au ciel en se demandant où était passée la parfaite petite préfète de cinquième année qui s'évertuait à leur faire respecter les règles.
– Sirius, il y a une guerre dehors, dit gravement Lily. On va peut-être mourir demain et tu veux qu'on reste sagement dans notre chambre ? Tu sais qu'on ne va pas trouver les solutions tout de suite, alors une petite balade ne nous fera pas de mal.
– Tu as raison, admis Sirius. Je déteste quand tu as raison.
– C'est parce que tu es un macho.
– Absolument pas, j'aime toutes les femmes.
– Mmmh, toutes les femmes qui couchent avec toi, ricana Lily.
– Sans doute, reconnut Sirius.
– Tu devrais nous respecter un peu plus.
– Tu es la seule femme que je respecte dans ce monde, répliqua Sirius avec une franchise étonnante.
Lily croisa le regard de Sirius et n'y vit que de la sincérité. Elle sourit, touchée de voir que les sentiments étaient partagés.
Elle aimait son mari, plus que tout au monde. James et elle... ça avait été une histoire compliquée, passionnée, mais c'était l'homme de sa vie et elle en était persuadée. Jamais elle n'avait ressenti quelque chose comme ça pour un homme. Elle avait toujours des papillons en le regardant, elle riait dès qu'il lui parlait, elle se sentait parfois si heureuse qu'une bouffée de bonheur l'envahissait, lui donnant envie d'embrasser James et de pleurer de joie. Si elle détestait toujours son côté tête brûlée et la façon qu'il avait parfois de se pavaner, elle avait aussi vu James changer et grandir. La guerre ne l'avait pas épargné et elle savait que la maturité qu'il avait gagnée lui avait permis de tomber amoureuse.
Le seul problème dans leur relation (à l'exception du fait qu'elle avait mis six ans à accepter de sortir avec lui) avait été de se faire apprécier de ses amis. Si Remus et elle avaient toujours été très proches, elle connaissait peu Peter et savait que Sirius ne la portait pas dans son cœur. Elle avait passé des années à repousser James, à lui faire du mal et il voulait protéger son meilleur-ami-presque-frère, ce qu'elle comprenait.
Elle avait eu beaucoup de mal à s'imposer, à se faire respecter et à se faire apprécier de Sirius. Sirius était secret, fermé, il ne laissait personne venir dans son cercle d'ami. Pourtant, peu à peu, sa carapace s'était brisée et ils avaient eu des liens cordiaux.
Lily ne se souvenait pas précisément du jour où elle avait elle-même considéré Sirius comme un membre de sa famille. Sans doute le jour où elle avait coupé les ponts avec sa sœur et qu'il avait été là pour comprendre sa peine, sans doute celui où elle avait eu une crise d'angoisse à l'idée de voir James partir au combat sans elle, sans doute toutes ces fois où Sirius l'avait comprise et avait tenté de lui changer les idées.
Lily avait rapidement vu que derrière l'apparence séductrice et moqueuse de Sirius se cachait quelqu'un de sensible, qui avait souffert et qui avait tant à apporter à ceux qu'il aimait. Ils s'étaient peu à peu rapproché, à la grande joie de James, et Lily n'aurait échangé Sirius contre rien au monde. Il était devenu la personne à laquelle elle se confiait, quand ce n'était pas James, et ils avaient rapidement trouvé leur équilibre tous les trois.
– Je sais que je suis beau, mais tu n'es pas obligée de me fixer tout le temps, ironisa Sirius en voyant le regard émeraude sur lui.
Lily lui flanqua un coup de coude dans les côtes en le maudissant sur plusieurs générations, regrettant toutes les choses positives qu'elle avait pu penser de lui.
Ils déambulèrent un long moment entre les étals du Passage Enchanté de Bucarest, qui était l'équivalent du Chemin de Traverse anglais. Lily était tout de suite tombée amoureuse de la Roumanie et de ses habitants, et le Passage Enchanté ne faisait que confirmer que ce pays était merveilleux, beaucoup plus magique que l'Angleterre. Il régnait dans chaque rue, chaque pavé, un soupçon mystique, une partie de magie qui la faisait presque frissonner.
Sirius cherchait désespérément un livre sur les rituels de Magie Noire roumains, alors que Lily observait toutes les Runes qui protégeaient le Passage Enchanté, espérant y trouver l'inspiration. Cela faisait des mois qu'ils cherchaient et, pour le moment, ils ne trouvaient rien.
– Ça te dit de faire une pause ? fit Lily le souffle court.
Sirius fut à ses côtés immédiatement en voyant qu'elle pâlissait.
– Ça ne va pas ?
– Je pense que c'est le froid, je me sens un peu malade. Je dois juste m'asseoir.
Sirius enroula son bras autour d'elle pour la conduire dans un petit bar où il commanda un thé brûlant. Le froid était vraiment glaçant en Roumanie et il n'était pas étonnant que Lily ait attrapé un coup de froid. Ils portaient des vêtements chauds, mais le vent et l'humidité ambiants étaient difficiles à supporter, même pour des anglais. Lily but sa tasse d'une traite et tenta de se réchauffer en entourant son corps avec ses bras.
– Tu es toute pâle, dit Sirius avec inquiétude.
– Pas la peine de faire cette tête, soupira Lily. Je vais très bien. Arrête de faire ton James.
Sirius ricana légèrement en pensant à son meilleur ami qui ne pouvait pas s'empêcher de couver Lily comme une chose fragile – ce qu'elle n'était absolument pas, Sirius pouvait en témoigner avec le nombre de sorts qu'elle lui lançait quand elle n'était pas d'accord avec lui, ce qui arrivait souvent.
Si Sirius s'était toujours moqué de James, il comprenait ce qu'il vivait à présent. Depuis qu'ils étaient en Roumanie, il prenait le soin de s'assurer que tout se passe bien et il passait son temps à chercher Lily du regard pour être sûr qu'elle soit près de lui. Il était devenu un vrai James, aussi étouffant et préoccupé que lui. Il ne voulait pas être comme ça, mais il avait promis à James de la protéger et il allait tenir sa parole.
Lily frotta légèrement sa tête, les maux de tête s'accentuant. Elle avait envie de vomir et des points noirs commençaient à envahir sa vision. Elle savait qu'elle faisait une petite baisse de tension et que ce n'était rien de grave. Ils marchaient depuis des heures, étaient levés depuis l'aube et ne faisaient que travailler depuis des semaines. Elle était simplement fatiguée.
– Il me faut juste du sucre, je pense, réussit-elle à dire avant que les voix du bar ne lui parviennent de très loin.
– On va commander quelque chose à manger, fit Sirius en cherchant la serveuse du regard.
Il détourna la tête une fraction de seconde. Lily laissa tomber sa tête sur la table. Elle ne voyait plus rien et se sentir partir, la voix de Sirius résonnant comme un écho. Sirius se précipita près d'elle, alors qu'elle tombait dans l'inconscience.
Lily se réveilla sur le sol du bar, les jambes légèrement surélevées et un linge humide sur le front. Elle gémit de douleur en sentant son ventre se contracter, comme si elle allait vomir.
– Ça va aller, Lily-jolie, assura Sirius qui était aussi pâle qu'elle.
Il posa sur elle un regard sûr, qui la rassura immédiatement, avant qu'une bouffée d'angoisse ne la saisisse.
Lily voulait James. Mais James n'était pas là.
– Ça va aller, répéta Sirius en regardant sa montre. On a appelé des médicomages, on va te transférer dans un Centre Médical.
Lily hocha la tête, sans pouvoir parler, des larmes dévalant ses joues. Elle ne savait pas ce qu'elle avait, mais se retrouver en position de faiblesse comme ça la rendait triste. Elle voulait James.
– James, murmura Lily.
Sirius attrapa sa main et la serra compulsivement.
– Je ne te lâche pas. Je suis là, Lily.
Les paroles de Sirius entraînèrent un déferlement de soulagement dans tout son corps, alors qu'elle reprenait pied avec la réalité. Elle rouvrit ses yeux et tenta de se relever.
– Tu restes allongée, intima Sirius.
– Je vais bien, enchaîna Lily, je suis juste... c'est un coup de fatigue...
– Raison de plus pour que tu te reposes, alors, s'amusa Sirius.
Il la voyait commencer à s'énerver et il sut de suite qu'elle allait mieux. Lily allait toujours mieux quand elle pouvait crier sur quelqu'un.
– Je vais me lever, insista Lily en se redressant.
– Je suis désolé, Lily, soupira Sirius. Mais j'ai des ordres de Cornedrue.
– Tu l'as prévenu !? s'horrifia Lily.
– Tu es folle ? Non, il m'a juste demandé de veiller sur toi. Donc tu vas attendre les médicomages, sinon je te jette une malédiction.
Lily bouda dans son coin, mais elle connaissait assez Sirius pour savoir qu'il ne valait mieux pas le chercher dans ces moments. Elle devait avouer qu'elle se sentait très fatiguée et qu'un peu de repos ne lui ferait pas de mal.
Ils étaient là depuis deux semaines et ils avaient beaucoup voyagé. Elle avait l'impression de n'avoir pas dormi depuis des jours, ce qui expliquait sans doute sa baisse de tension. Elle s'en voulait de ne pas avoir déjeuner à midi, ayant insisté pour faire une dernière visite et attendre pour manger. Et elle se trouvait ici à présent, dans cette position complètement humiliante.
– Bună ziua, dit Sirius en roumain tout en se levant souplement pour accueillir le médicomage.
– Vous, anglais ? fit le médicomage amusé.
Sirius hocha la tête, rassuré de pouvoir parler en anglais. S'il maîtrisait quelques bases, il préférait de loin parler dans sa langue maternelle.
– Oui, mon amie s'est sentie mal.
– Centre Médical. Nous emmener.
Sirius hocha la tête et posa la main de Lily sur une bague que lui tendait l'homme et qui était sans doute un Portoloin. Dans un clignement d'œil, ils arrivèrent dans le Centre Médical et furent pris en charge par une infirmière qui, si elle ne parlait pas anglais, se fit un plaisir d'apporter une dose de sucre à Lily.
– Tu avais faim, remarqua Sirius, les sourcils froncés en la voyant dévorer des papanasi, la spécialité culinaire du pays.
– Je mourrais de faim, c'est pour ça que je suis tombée et que tout ça est complètement ridicule, souffla Lily, agacée, en désignant la pièce dans laquelle ils se trouvaient. On devrait déjà être parti pour le rendez-vous avec Andrès.
– Andrès attendra, grimaça Sirius. Et puis, je suis persuadé qu'il ne savait rien sur les rituels magiques. C'est un beau parleur.
– Il te ressemble je trouve, ricana Lily.
– À moi ? Ça ne va pas la tête ! C'est un goujat, s'agaça Sirius. Il voulait un rendez-vous en tête-à-tête avec toi, si tu vois ce que je veux dire.
Lily rosit légèrement et s'apprêtait à lui faire une remarque acide dont elle avait le secret quand un homme pénétra dans la salle de soins.
– Bonjour, je suis Mihai Duca, c'est moi qui m'occupe de ce Centre, dit l'homme avec un accent très prononcé.
Sirius sauta sur ses pieds pour le saluer. Il remarqua immédiatement ses yeux bleus perçants où on pouvait lire une profonde sagesse. Il avait des cheveux aussi longs que Sirius, mais un bronzage qui le faisait pâlir d'envie.
– Sirius Black, se présenta-t-il en souriant légèrement. Mon amie a fait un malaise.
– Bonjour Madame, salua Mihai avec un sourire serein en s'approchant d'elle. Je suis psychomage, mais j'ai été médicomage avant de me spécialiser. Je vais vous ausculter si vous le permettez.
Le regard de Mihai se posa un long moment sur le pendentif de Lily, mais il ne fit aucun commentaire.
– Vous n'avez pas de vrai médicomage ? demanda Sirius un peu brusquement. Vous êtes sûr d'être compétent pour ça ?
– Sirius ! siffla Lily. Couché. Sois gentil.
Sirius grommela dans sa barbe. Il voulait le meilleur pour Lily et s'en fichait de passer pour quelqu'un de malpoli. Mihai ne sembla pas s'en émouvoir et rigola.
– Malheureusement, nous avons une opération en ce moment qui mobilise les autres médicomages. Mais je peux vous faire attendre si...
– N'écoutez pas Sirius, rit Lily, je vous autorise bien évidemment à m'ausculter. C'était simplement une chute de tension, je n'ai pas mangé à midi et... Voilà. Je suis sûre que ce n'est rien. Et appelez-moi Lily.
Mihai hocha la tête en signe d'assentiment, avant de lui retourner la faveur. Sirius se rassura immédiatement en voyant ses gestes remplis de douceur, alors qu'il posait de nombreuses questions à Lily sur son état de santé en général.
– Vous êtes en Roumanie depuis longtemps ? s'enquit Mihai alors qu'il passait sa baguette au-dessus du corps de Lily.
– Depuis une semaine et demi, expliqua Sirius. Nous faisons des recherches.
– À quel sujet, si ce n'est pas indiscret ?
Lily hocha la tête vers Sirius. Ils savaient qu'ils ne devaient pas trop parler de leurs recherches, mais elle sentait quelque chose chez lui qui la poussait à lui faire confiance.
– Nous sommes à la recherche de rituels roumains, en fait, expliqua Sirius en fronçant les sourcils voyant Mihai prendre la tension de son amie. Lily est spécialisée dans les Sortilèges et moi dans la Magie Noire. On cherche des moyens de renforcer des protections contre la Magie Noire... donc on cherche des combinaisons et ce genre de choses... si vous avez des tuyaux on les veut bien. Enfin, vous êtes un psychomage, donc vous ne devez pas vous y connaître.
Sirius ricana, avant que Lily ne le frappe.
– Outch ! Tu peux arrêter de me frapper, femme ?
– Tu es impossible, soupira Lily un sourire amusé flottant sur ses lèvres. Excusez-le, il a dû tomber quand il était petit, ça a endommagé son cerveau.
– Ne vous inquiétez pas, Lily, sourit Mihai. Je suis sûr que Mr Black est parfaitement sain d'esprit.
– Appelez-moi Sirius, grommela-t-il, Mr Black c'est mon père. Et tu vois Lily, je suis sain d'esprit.
Lily se contenta d'étirer ses lèvres en un sourire moqueur, visiblement peu convaincue par Mihai sur ce point.
– Mais pour répondre à votre question, j'ai effectivement des « touyau », dit Mihai alors qu'il demandait l'autorisation à Lily de relever son pull moldu.
Sirius détourna rapidement le regard pour fixer Mihai. D'une part, parce qu'il ne voulait pas envahir l'intimité de Lily, d'autre part, parce que la remarque du médicomage n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
– Vraiment ? Vous vous y connaissez en Magie Noire ?
– En effet, assura Mihai. Je suis personnellement spécialisé dans les interférences que peut produire la Magie Noire dans le cerveau. Et il y a de nombreux spécialistes de Magie Noire en Roumanie qui pourraient vous aider avec vos protections.
Lily regarda Sirius avec avidité. Cela faisait deux semaines qu'ils parcouraient le pays sans trouver de pistes. Personne ne voulait les aider. Si les gens étaient adorables et remplis d'attentions, personne n'avait voulu les aiguiller sur un potentiel connaisseur de Magie Noire.
– Vous êtes sérieux ? fit Lily les yeux écarquillés. Outch !
– Je vous ai fait mal ? s'enquit Mihai concerné, alors qu'il retirait sa main du ventre de Lily.
– Légèrement, rien de grave.
– Ça veut dire oui, traduisit Sirius qui savait que jamais Lily n'avouerait avoir mal.
Lily rosit légèrement en confirmant d'un signe de tête. Sirius était inquiet en voyant Mihai froncer les sourcils. Il commençait à se dire que ce n'était pas un simple « évanouissement » et craignait que Lily ne soit vraiment malade. Elle était beaucoup moins pâle, mais semblait toujours aussi fatiguée, elle avait le souffle court et elle semblait lutter contre de violentes nausées qu'il savait bien reconnaître puisqu'elle en était atteinte depuis plus de trois semaines.
– Elle a souvent envie de vomir, indiqua Sirius concerné.
– Ce n'est pas vrai !
Sirius lui jeta un regard agacé.
– Tu n'es pas bien depuis trois semaines, au moins. Ça a commencé quand on est parti des États-Unis !
– Vous avez pris combien de portoloins internationaux ? demanda Mihai.
– Plusieurs, répondit Sirius, un pour partir des États-Unis. Ensuite, on a transité vers l'Angleterre, puis on a fait un saut en Suisse pour des affaires, avant de venir ici. Et à l'intérieur même de la Roumanie, on a dû en prendre deux ? C'est ça ?
– Oui, exact, dit Lily en hochant la tête. C'est plus simple pour se déplacer.
– Mmmh, fit Mihai. Et vous avez eu des douleurs après ?
– Les nausées étaient plus intenses, reconnut Lily. Mais sinon je vais très bien.
– Bien sûr que vous allez bien, dit Mihai d'une voix rassurante.
Il préleva du sang à Lily avant de le mettre dans une potion qui vira au rouge vif. Il ajouta quelques ingrédients et attendit quelques instants.
– Et oui, je suis vraiment spécialisé en Magie Noire, ajouta Mihai pour répondre à la question de Lily.
– Vous pourriez nous aider ? demanda Lily impatiemment. Ça fait des jours qu'on tourne en rond. Personne ne veut nous parler des rituels.
– Bien sûr, rit Mihai. Ce sont des rituels sacrés chez nous, qui se transmettent de générations en générations. Nous restons très secrets sur ce sujet.
– Nous pourrons parler des formidables rituels roumains plus tard, suggéra Sirius qui ne pensait qu'à Lily et à sa maladie. Qu'est-ce qu'elle a ? Elle est malade ?
Mihai le fixa avant de se tourner vers Lily en souriant.
– Vous êtes en pleine santé, Lily.
– Mais le malaise ? insista Sirius, alors que Lily attrapait sa main pour la serrer avec force, comme quand elle avait besoin de soutient.
– Vous êtes enceinte, Lily. Vous allez être parents, ajouta Mihai en les regardant à tour de rôle.
Sirius regarda Mihai, interloqué, avant que les paroles du médicomage ne fassent sens. Il éclata de rire en se tenant les côtes, incapable de s'en empêcher. L'idée qu'il allait être parent avec Lily le faisait mourir de rire. Jamais il n'avait envisagé Lily de cette façon, jamais une seule fois, même quand elle ne sortait pas avec James. Il l'avait toujours trouvé si ennuyeuse, avant d'apprendre à la connaître et de la considérer comme une sœur.
– Sirius ! siffla Lily qui rougissait. Tiens-toi bien !
– Tu as entendu ça, Lily ? Je vais être papa ! cria Sirius les bras levés au ciel en signe de victoire, avant de rigoler de plus belle.
Lily le regarda avec un mélange d'exaspération et d'amusement.
– Excusez-le, grinça Lily. Ce n'est pas le père. Mon mari est en Angleterre.
Elle se figea en comprenant que ses paroles pouvaient porter à confusion et rougit de plus belle.
– Enfin... Sirius est un ami. C'est comme un frère, vous voyez, je ne suis pas... Enfin, c'est un voyage professionnel, évidemment... On est ici pour le travail et... balbutia Lily sous les rires de Sirius.
– J'ai compris, Lily, assura Mihai en rigolant à son tour.
– Par Morgane toute puissante ! Je suis enceinte ! cria Lily en se redressant brusquement, fixant Sirius avec un mélange de peur et d'angoisse. James ! Qu'est-ce qu'il va dire ? C'est la guerre, c'est la guerre... Je... on va tous mourir et il... Il va m'en vouloir, il va me quitter et...
Le souffle de Lily se fit plus court, erratique.
– C'est... On est totalement inconscients Sirius ! criait Lily dans un mélange de cris et de sanglots. La guerre, elle...
– Chut, coupa Sirius en l'attirant contre lui.
Lily se détendit légèrement contre son torse et se mit à pleurer pour de bon. Elle avait du mal à respirer et semblait à la limite de s'effondrer.
– Calme-toi.
– La guerre...
– Tais-toi, Evans, cria Sirius en la fixant dans les yeux. Tu te calmes tout de suite. Regarde-moi.
Lily posa ses yeux dans ceux de Sirius. Il n'y avait aucune trace de moquerie. Que du sérieux. Et c'était si rare que cela coupa Lily dans son élan.
– James va être le plus heureux des hommes en l'apprenant, j'en suis sûr. Il veut des enfants depuis toujours.
– Mais la guerre...
– La guerre on s'en fiche. Il y aura toujours une excuse, toujours une guerre, toujours quelque chose de plus important. Et puis, si vous allez mourir, autant profiter de la vie maintenant, non ?
Lily hocha la tête, incertaine quant à la réaction de son mari.
– James t'aime. Il a passé quatre ans à vouloir sortir avec toi. Tu l'as vu pendant le mariage, non ? Voldemort aurait pu arriver qu'il n'aurait pas pu détacher son regard de toi. Il t'aime et il va t'aimer encore plus après ça. Compris ?
Lily avait les larmes qui coulaient sur ses joues et, bien vite, Mihai lui administra un philtre de paix. Elle s'endormit rapidement en s'enroulant contre son oreiller, le visage défait.
– Je vais contacter son mari, indiqua Sirius en caressant la chevelure de son amie. C'est un sacré choc.
– Ce n'était pas voulu ? comprit Mihai en entraînant Sirius dans son bureau pour laisser Lily se reposer.
– Pas vraiment. James et Lily... Ils s'aiment énormément. Mais en Angleterre, il y a la guerre, soupira Sirius. Ce n'est pas le meilleur climat pour avoir un enfant.
– Je peux le comprendre, dit Mihai avec inquiétude.
– Quand est-ce qu'elle pourra partir ?
– Pas avant quelques jours. Les portoloins ont certainement dû la fatiguer. Si ce n'est pas dangereux pour le bébé, ça reste déconseillé. Je pense qu'il vaudrait mieux un portoloin médical pour le retour.
– Comme celui avec lequel on a été envoyé ici ? demanda Sirius, intéressé. Je n'en avais jamais entendu parler.
– C'est une invention roumaine. Cela permet d'envelopper le malade dans un cocon pour éviter toute turbulence ou toute interférence magique.
– On va prendre ça, assura Sirius. Je veux le meilleur pour elle.
– Vous êtes très attaché à elle, je me trompe ?
– James... son mari, c'est comme mon frère et Lily... Et bien c'est Lily, sourit tendrement Sirius. Je peux vous dire qu'elle va hurler quand elle va comprendre que je la ramène en Angleterre.
– C'est la meilleure chose à faire, assura Mihai. Je crains que, si elle ne rentre pas, elle ne puisse pas le faire avant de nombreux mois. Il lui faudra beaucoup de repos. Je vais envoyer un de mes gynécomages pour l'ausculter et lui donner des potions de soins.
– Parfait.
– Allez-vous rester en Roumanie ?
– Seulement si vous m'aidez pour mes recherches, rétorqua Sirius amusé.
– Ce serait avec plaisir, assura Mihai.
Sirius sourit largement et hocha la tête, ravi d'avoir trouvé un point de départ. Il espérait que les semaines qui lui restaient ici lui permettraient d'avancer.
Quelques heures plus tard et une Lily plus calme, ils décidèrent de passer un coup de Miroir à James.
– Sirius ! s'exclama la figure joviale de James. Vous me manquez tellement. Ça se passe bien ?
– C'est pour ça que je t'appelle, en fait, souffla Sirius. Lily va rentrer dans quelques jours.
– Pourquoi, il s'est passé quelque chose ? C'est grave ? demanda James avec urgence.
– Pas du tout. Je vais te la passer, dit Sirius en tendant son Miroir à Lily qui avait pâli dangereusement.
– Lily ! s'exclama James, alarmé. Tu vas bien ? Tu veux que je vienne te chercher ? Est-ce que...
– Je vais bien, fit Lily d'une petite voix. Je suis... Je ne sais pas...
– Dis-moi, plaida James très inquiet. Tu es à l'hôpital ?
– Oui j'ai fait un malaise.
– Par les caleçons de Merlin ! jura James. J'arrive !
– Pas la peine, je rentre bientôt, tenta d'expliquer Lily.
– Je fais ma valise, je vais réserver un portoloin. Tu ne vas pas bien, je viens te chercher et...
– Je vais bien ! cria Lily agacée. Écoute-moi, je n'ai pas besoin que tu viennes. Je rentre dans quelques jours après m'être reposée.
– Tu es sûre que ça va ? gémit James les yeux brillants de peur. Je peux venir tout de suite. Je vais contacter Remus et Peter pour...
– Je suis enceinte, lâcha Lily sans oser regarder le miroir. Je sais que... Ce n'était pas prévu mais...
– Tu es enceinte ? répéta James.
Sirius le vit s'asseoir sur un fauteuil derrière lui, l'air abasourdi. Lily hocha la tête, incertaine de sa réaction, mais Sirius reconnut immédiatement l'air ravi de son meilleur ami. James commença par sourire largement, fendant son visage d'un sourire, avant que ses yeux ne se mettent à pétiller de larmes et, finalement, qu'il se relève en sautant sur place.
– TU ES ENCEINTE ? hurla James en continuant de sauter. Mais c'est fantastique ! On va être parents ! Tu te rends compte ? Oh là là, il y a tellement de choses à s'occuper. Mes parents vont être si contents. Il va falloir lui trouver une place. Je vais déplacer mon bureau pour lui laisser la chambre près du jardin, qu'est-ce que tu en penses ? On pourrait changer les couleurs des murs pour du bleu ou du rose. Et puis, il y a des enchantements à faire pour que...
– Attends, coupa Lily en fixant son mari, interloquée. Tu n'es pas fâché ?
– Fâché ? répéta James d'un air surpris. Pourquoi, je serai fâché ?
– C'est la guerre et on est si jeunes. Et puis, avec l'Ordre, mes recherches, on... Ce n'était pas le bon moment.
– Ça ne sera jamais le bon moment, Lily, soupira James. Écoute, je t'aime plus que tout. Je voulais avoir des enfants avec toi depuis longtemps... Toujours, en fait. Je suis juste content. Est-ce que tu es contente, toi ? Moi je m'en fiche que ça soit la guerre, je veux qu'on vive. Mais si toi tu...
– Non, non, dit Lily en souriant à son tour. Je suis contente moi aussi. J'avais juste peur que... Il y a tellement de choses à prendre en compte.
– Tu as raison, assura James d'une voix sérieuse, il faut prendre en compte notre amour, le fait que cet enfant sera sans doute le plus beau du monde et, surtout, il va falloir chercher un prénom.
Sirius éclata de rire et attrapa le Miroir des mains de Lily.
– Félicitations Cornedrue !
– Merci Patmol, répondit James avec un sourire en coin dont il avait le secret.
– J'ai dit à Lily que tu serais content, mais elle ne m'a pas écouté.
– Elle ne t'écoute jamais, ricana James.
– Je crois qu'elle ne me croyait pas quand je lui disais qu'en première année tu m'avais dit qu'elle serait la mère de tes enfants.
James toussa, légèrement gêné, avant que Lily ne reprenne le Miroir en levant ses yeux au ciel.
– Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? insista Lily. Je ne veux pas t'imposer ça.
– Je t'assure que tu ne me l'imposes pas. Je n'ai jamais été aussi heureux. Si tu l'es aussi, évidemment.
– Bien sûr que je le suis.
Sirius sourit avec émotion en voyant ses deux meilleurs amis se faire les yeux doux. Il s'éclipsa de la chambre pour les laisser tous les deux en amoureux. Il songea, en voyant la pierre blanche sur la peau de Lily que la femme avait eu raison ; ils avaient tous les deux besoin de protection.
.
– Perdu dans tes souvenirs ? demanda Mihai, accoudé contre l'embrasure de la porte.
– Tu te souviens d'une conversation que tu avais eue avec Lily quand on est venu la première fois ? demanda Sirius.
Sirius n'avait jamais cru à ses sornettes de protection. La pierre était jolie et Lily ne l'avait jamais quitté après l'avoir mise, mais ça s'arrêtait là pour lui. Mais pourtant, il y avait quelque chose qui faisait que cette pierre l'intriguait. Il se souvenait, qu'avant son départ, Lily avait parlé avec Mihai des pierres précieuses et il se demanda ce qu'il avait pu lui dire à ce sujet pour qu'elle ressente le besoin de ne jamais le quitter.
– Laquelle ?
– Sur son collier, fit Sirius d'une voix lointaine. Tu sais, la pierre de je ne sais plus quoi...
– Mmmh. Oui, je vois. Lily portait un cristal de roche magique. C'est une pierre de protection très ancienne et très rare, expliqua Mihai. Pourquoi tu t'intéresses à ça ?
– Je sais que vous en aviez parlé tous les deux. Je me suis souvenu de son collier et je voulais savoir ce que tu lui avais dit, dit Sirius sans comprendre pourquoi ce collier l'intéressait.
– Eh bien, c'est une pierre de protection très ancienne. Je me souviens avoir été étonné de la voir la porter car c'est une pierre très capricieuse qui choisit rarement un sorcier.
– Elle choisit son sorcier ? répéta Sirius en ricanant. Comme une baguette ?
– Exactement comme une baguette, dit sérieusement Mihai, un peu vexé par sa remarque. La science des pierres précieuses est une matière enseignée en Roumanie. C'est un sujet très sensible et sacré.
– Et pourquoi c'est étonnant qu'elle ait porté une telle pierre ? C'est une femme qui lui a donné.
– Si la femme lui a donné, c'est parce qu'elle devait être étonnée que Lily puisse la toucher. Normalement elle ne se laisse pas facilement approcher. Si on n'est pas digne, elle peut être inconfortable. Il me semble qu'elle peut même brûler une personne.
– C'est vrai que quand je l'ai prise, j'ai ressenti des genres de picotements, reconnut Sirius.
– Les pierres de cristal de roche sont très rares et peu de personne peuvent les toucher sans ressentir un inconfort ou être blessé. Mais Lily l'a porté contre sa peau pendant des jours sans que ça ne lui fasse rien. C'est ça qui est étonnant, presque magique. Ça voulait dire que la pierre l'avait choisi et c'est sans doute pour cela que la femme lui a donné le collier. Elle ne s'attendait sans doute pas à rencontrer une personne capable de toucher un cristal de roche à mains nues.
– Pourquoi est-ce si étonnant que ça ? dit Sirius en haussant les épaules. Harry portait le collier quand il a été attaqué par Voldemort et il semblait très bien le supporter.
Mihai tourna sa tête si brusquement que son cou craqua. Il fixa Sirius comme si c'était la première fois qu'il le voyait.
– Sirius, je n'ai personnellement jamais connu de personne pouvant toucher un cristal de roche, à l'exception de Lily. Je me suis dit qu'elle avait quelque chose de spécial, mais tu veux me dire que Harry aussi pouvait la toucher ? Tu es vraiment sûr ? insista avidement Mihai en le regardant avec un sérieux qu'il ne lui avait jamais connu.
– Je... C'est assez flou mais je revois la pierre sur lui quand je suis allé le récupérer. Le pendentif était très long et je me suis dit qu'il allait se faire mal et puis... Hagrid est arrivé et... Tu connais la suite. Enfin, ce n'est qu'une pierre ! dit Sirius étonné de voir Mihai si intéressé par ça.
– Quelle pierre ? demanda Stefan en pénétrant dans la pièce à son tour.
– Un cristal de roche magique, répondit Mihai. Lily avait un pendentif qu'elle portait quand on s'est rencontré et Harry le portait apparemment le jour de l'attaque.
Stefan siffla les yeux écarquillés.
– C'est la première fois que j'entends parler d'une personne qui peut juste toucher la pierre sans être brûlé. Alors deux qui portent un collier, c'est presque impossible à croire !
– Je sais on me l'a déjà dit, dit Sirius en levant les yeux au ciel. Lily ne le quittait jamais, mais je suis sûr qu'il était sur Harry au moment de l'attaque. Elle a dû lui donner.
– Si elle l'a porté pendant sa grossesse ça peut expliquer que Harry puisse le porter, dit simplement Stefan. Leurs Magies ont dû se coupler et la pierre a dû assimiler Lily et Harry.
– Mais où est le collier maintenant ? s'enquit Mihai.
– Il était sur Harry quand je l'ai laissé à Hagrid j'en suis persuadé. Après, je ne sais pas... Peut-être que Dumbledore l'a pris ? Ou alors Pétunia ?
– Aucun chance, assura Mihai d'un ton catégorique. Ce n'est pas n'importe quelle pierre, Sirius. On ne peut pas l'enlever juste comme ça. C'est une pierre magique. Pétunia n'aurait sans doute pas pu puisque c'est une moldue. Dumbledore... pourquoi pas... Mais pourquoi il aurait fait ça ?
– Il aurait pu penser que la chaine était dangereuse ? supposa Sirius. Et le garder en attendant qu'il soit plus grand.
– Et si Harry avait toujours le pendentif ? tenta Stefan.
– Il ne m'en a jamais parlé, dit Sirius.
– Peut-être qu'il ne le sait pas.
Sirius haussa un sourcil, alors que Stefan se précipitait hors de la pièce pour se diriger vers la terrasse où Harry était plongé dans sa lecture du Quidditch Magazine qu'il avait réussi à se faire envoyer. Harry se tendit en voyant les trois hommes se diriger vers lui.
– Je n'ai rien fait ! plaida Harry.
– Tu as quelque chose à te reprocher ? s'amusa Sirius.
– On a besoin de faire un test sur toi, dit Stefan.
– Encore un test ? grimaça Harry.
– Oui. C'est par rapport à un collier que ta mère portait, dit rapidement Stefan.
– Un collier ? répéta Harry, visiblement étonné.
– Oui. Elle portait un collier qu'elle avait acheté ici. Le pendentif était une pierre de cristal de roche, c'est une pierre de protection. Peu de personnes peuvent la toucher... En fait, je ne connais personne qui peut toucher une telle pierre, dit Stefan. C'est quelque chose d'incroyablement rare et, par miracle, ta mère était l'une de ces personnes.
– Euh... Ok. Et alors ? Je veux dire, pourquoi vous vous intéressez à un collier qu'elle portait ? Je n'ai rien récupéré de mes parents après l'attaque, expliqua Harry.
– Elle t'aurait mis le collier avant de mourir, expliqua Mihai plus doucement. Ce qui est très étonnant, car cela veut dire que vous auriez été deux à pouvoir toucher une telle pierre. Mais Sirius l'a vu quand il t'a récupéré et on se demande si tu ne l'as pas toujours sur toi.
Harry haussa un sourcil, visiblement peu convaincu.
– Comment marche le test ?
– C'est un simple sortilège, assura Stefan. Je peux m'en occuper, ça ne te fera pas mal.
– S'il le faut, soupira Harry en suivant Stefan dans une salle de soins. Je trouve ça ridicule. Je le saurais si j'avais une pierre de protection sur moi, non ?
– Pas si elle s'est intégrée à ta magie, dit Mihai. En fait cette pierre est très rare, très puissante. Elle se fond avec la magie du sorcier qui la porte. Il se peut qu'elle se soit sentie menacée et qu'elle ait décidé de se cacher pour continuer à te protéger.
– C'est ridicule, c'est juste une pierre, elle ne peut pas réfléchir toute seule, répliqua Harry.
Stefan et Mihai le regardèrent avec effroi.
– Ne parle pas de la pierre comme ça, malheureux ! cria Stefan, outré.
– Ne lui parle pas comme ça, gronda Sirius en s'interposant entre eux.
– Excusez-le, soupira Mihai, c'est simplement que, pour nous, ces pierres sont presque vivantes. Ce sont comme des baguettes, que vous y croyiez ou non. Mais on peut simplement faire le test pour être fixés.
Stefan sortit sa baguette et la pointa sur le torse de Harry. Sirius grimaça en se demandant comment Harry faisait pour supporter toutes ces personnes qui lui lançaient des sorts.
– Revelatie piatra !
Harry avait un sourire victorieux quand rien ne se produisit, avant que sa poitrine se mette à briller. Sirius ferma les yeux, ne pouvant regarder l'émanation blanche qui formait comme un halo. Quand la lumière s'atténua, Sirius observa avec stupéfaction la petite pierre blanche qui était posée sur le torse de Harry.
Le bijou était tel qu'il s'en souvenait. La chaîne dorée était longue et entrelacée. Au bout pendait la pierre translucide de forme ronde. Sirius sentit sa gorge se serrer et il ne put s'empêcher de s'approcher pour toucher la pierre. Il ressentit un picotement dans la main et la lâcha immédiatement. C'était la même chose qu'il avait ressenti quand il avait touché le pendentif de Lily.
– C'est lui... C'est le pendentif de Lily, murmura Sirius sous le choc.
Harry posa sa main sur la pierre et ressentit une chaleur qui se diffusa dans tout son corps, comme un câlin de sa mère. Il ne savait pas comment il pouvait s'en souvenir, mais il avait l'impression de sentir l'odeur de sa mère autour de lui, sa protection. Il comprit qu'il pleurait quand Sirius le prit dans ses bras.
– Ça va aller, murmura Sirius à son oreille. Elle sera toujours là pour te protéger.
Sirius ne vit pas le regard triomphant de Stefan.
.
Stefan entraîna Sirius dans le bureau où ils faisaient leurs recherches et le fixa avec avidité.
– Sirius, j'ai besoin que tu me répondes le plus clairement possible. Est-ce que tu souviens si Harry a saigné le jour de l'attaque contre Voldemort ?
Sirius fronça ses sourcils, étonné par cette question.
– Euh... Je crois, oui... Il me semble que la cicatrice de Harry saignait... oui, c'est sûr, je m'en souviens bien parce que je l'ai essuyé avec ma robe. Pourquoi ?
– Est-ce que le sang avait coulé sur la pierre ?
– Euh... oui. Oui, je me souviens que la pierre était rouge à cause du sang, mais je n'ai pas réussi à le nettoyer.
– Et Lily ?
– Quoi Lily ?
– Elle saignait, aussi ?
– Pourquoi est-ce qu'elle saignerait ? dit Sirius en sentant son cœur se serrer en pensant à son amie étendue à même le sol. C'est un Avada qu'elle a pris, pas un sort de découpe.
– Réfléchis, Sirius. C'est important.
Sirius se revit pénétrer dans la maison. Il revit le corps de James, son frère, étendu par terre. Il se souvenait s'être précipité vers lui en essayant de le réveiller, en vain. Il avait murmuré une litanie de « pardon, pardon, pardon » jusqu'à ce que les cris de Harry ne le sortent de sa torpeur. Il se souvenait s'être précipité dans la chambre, avoir vu le corps de Lily et avoir de suite attrapé Harry pour le calmer.
Il avait remarqué le collier de Lily sur lui et le sang qu'il avait rapidement essuyé. Il avait jeté un dernier coup d'œil à Lily, les yeux remplis de larmes, avant de s'enfuir de la maison, ne supportant pas de rester dans cet endroit.
Il se concentra sur le souvenir de Lily. S'il était resté longtemps auprès de James, il n'avait eu que quelques secondes avec Lily. Il n'avait pas pu rester. Il n'avait pas pu voir les corps de sa famille plus longtemps. Il revit Lily, étendue, la main tendue vers son fils dans son dernier geste. Une main dans une flaque de sang.
– Elle saignait... murmura Sirius la voix blanche. Lily... Elle saignait de la main. C'était comme une coupure, il y avait beaucoup de sang. Ce n'est pas Voldemort, c'est sûr. Harry m'a dit que Voldemort l'avait attaqué uniquement avec un Avada.
Stefan s'assit sur son bureau, comme sonné.
– Pourquoi ? demanda Sirius.
– Je pense que Lily a utilisé son sang pour protéger Harry, dit Stefan. Tu sais, la protection... Il fallait forcément un sacrifice pur, mais je pense, qu'en plus, Lily a mis une protection magique de sang. Et pour cela, elle s'est coupée la main. Ensuite, elle a attrapé son collier et elle l'a mis autour de Harry.
– Je m'en doutais, admit Sirius, Lily était spécialisée dans les barrières de protection, c'était étonnant qu'elle se soit contentée du Fidelitas.
– Il faudrait faire des recherches, éluda Stefan, mais ce n'est pas le propos. Tu n'as pas compris ? Je t'ai dit que la protection de Lily était dans le sang de Harry.
– Oui, et qu'il fallait que le sang soit ailleurs pour que Harry puisse survivre.
– Le cristal de roche absorbe tout, répondit simplement Stefan. Le cristal de roche protège et pour ça il absorbe toutes les énergies. Tu ne comprends pas ? Harry a saigné sur la pierre ! Lily aussi puisqu'elle s'était coupée la main avant de mettre le collier à Harry. La pierre est imprégnée du sang de Harry. Du sang de Lily et du sang de Harry, avec l'amour et le sacrifice de Lily. Harry a déjà un Horcruxe de sang, c'est la pierre.
Sirius s'assit à son tour, regardant Stefan avec incrédulité.
– Tu es sûr de toi ?
– Il faut faire des recherches, évidemment, mais je pense qu'on a trouvé un moyen de sauver Harry.
.
– Tu es sûr que tu veux faire ça, Harry ? demanda Sirius avec un pli entre les sourcils.
Harry hocha sa tête, incapable de parler. Il avait peur de rendre son déjeuner s'il n'osait que regarder Sirius. Il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie. Même quand il avait affronté Voldemort, même quand il avait affronté le Basilic, il n'avait pas eu aussi peur de ne pas s'en sortir. Sans doute que l'adrénaline l'avait empêché d'avoir peur.
Sirius posa une main sur son épaule et Harry constata avec un soulagement un peu coupable qu'elle tremblait énormément. Son parrain semblait aller aussi bien que lui.
– Sirius, croassa Harry en trouvant le courage de le regarder, je sais qu'on ne s'est pas beaucoup vu cette semaine. Je suis désolé.
– Tu n'as pas à t'excuser, Harry, répondit immédiatement Sirius. Je sais que c'était difficile à encaisser pour toi et je suis content de savoir qu'Irina est là pour t'aider.
– Elle m'aide beaucoup, assura Harry, mais elle n'est pas toi.
Sirius sourit largement à son filleul avant de l'entraîner dans un câlin.
– Je t'aime, Harry.
Harry se figea dans les bras de son parrain, les larmes aux yeux. C'était la première fois que quelqu'un lui disait ça, sauf si on exceptait la lettre de ses parents. Sirius ne parut pas se rendre compte de l'impact de ses mots mais, pour Harry, il s'agissait de mots qu'il n'oublierait jamais.
– Si jamais je ne m'en sors pas...
– Ne dis pas ça ! cria à moitié Sirius. Je... Non... Tout va bien se passer. Et puis, on pourrait attendre, on n'a pas encore...
– Tu sais qu'on doit le faire, dit tristement Harry. Si ce n'est pas maintenant, ça sera un jour, pour lutter contre Voldemort.
– On pourrait avoir plus de temps.
– Sirius, je ne veux pas rester une seconde de plus avec cette chose dans ma tête.
Sirius hocha tristement la tête. Harry savait que c'était difficile pour son parrain. Il prenait un sacré risque en acceptant de se faire retirer l'Horcruxe aujourd'hui, mais il ne pouvait pas attendre. Il se sentait sale, il avait peur que la noirceur de Voldemort ne se diffuse en lui, il avait peur de devenir Voldemort, de l'aider à revenir un jour ou l'autre. Il savait que, tant qu'il était là, il y avait une chance pour que le mage noir revienne et il ne pouvait pas le supporter.
Il avait beaucoup parlé avec Irina qui lui avait assuré que l'Horcruxe ne le définissait pas. Qu'il n'allait pas devenir Voldemort parce qu'il avait un morceau de son âme en lui, mais Harry ne pouvait s'empêcher d'y penser. Depuis qu'il l'avait appris, il se lavait dix fois par jour, se regardait dans le miroir en imaginant ses yeux devenir aussi rouges que ceux qu'il avait vus à l'arrière du crâne de Quirrell en première année. Il ne pouvait plus avoir de telles pensées. Il ne voulait pas garder ça en lui plus longtemps.
– J'ai écrit des lettres, dit simplement Harry. Tu les transmettras, ok ? Et...
Sirius l'empêcha de continuer en le reprenant dans ses bras. Harry soupira. Il savait que c'était difficile pour Sirius, mais il sentait qu'il devait le faire. Il croyait assez en son parrain et en Stefan pour être savoir qu'ils avaient bien travaillé leur sujet. Il y avait de grosses incertitudes, mais Stefan avait conduit des tests très sérieux et il était quasiment sûr que tout se passerait bien. Mais Sirius ne le voyait pas de cet œil.
Harry se souvenait avoir eu une grosse dispute avec son parrain à ce sujet. Harry avait insisté pour que l'opération se passe le plus rapidement possible, alors que Sirius avait refusé, arguant qu'il était son parent à présent. Sirius avait passé un coup de Miroir à Amelia et Remus et tout le monde avait été d'accord pour dire que c'était trop dangereux et qu'il fallait attendre.
Il avait fallu que Harry discute pendant plus de trois heures avec Sirius pour lui expliquer qu'il ne supportait pas d'avoir ça en lui, pour qu'il finisse par l'accepter, à contrecœur. Harry savait qu'il y avait un très gros risque, mais il ne pouvait plus. Il avait besoin de tourner la page et de clore cette histoire, ce qui ne serait pas possible s'ils retardaient le moment.
– Il ne t'arrivera rien, murmura Sirius comme pour s'en persuader.
Harry espérait qu'il avait raison. Il savait qu'il avait mis de la distance entre lui et son parrain justement au cas-où ça ne se passerait pas bien. Il avait peur, non pas de mourir, mais que Voldemort ne prenne le contrôle de son corps comme il l'avait fait avec Quirrell et qu'il en profite pour s'infiltrer en lui, pour faire du mal à ceux qu'il aimait. Il avait longuement passé sa main sur son crâne, en se demandant quelle sensation cela lui ferait d'avoir la tête de Voldemort collée à l'arrière de son crâne. Il se sentait si sale, si contaminé.
Il n'avait plus voulu croiser le regard de Sirius, ne voulant pas y voir la peur, se doutant qu'il ne voulait plus se trouver en sa présence, maintenant qu'il savait ce qu'il y avait en lui. Il avait alors décidé de ne pas lui infliger sa compagnie, au grand désespoir de Mihai et Irina. Mais Harry était connu pour être têtu et n'avait rien voulu lâcher. Il savait que Sirius avait été peiné, entre son éloignement et leur dispute, mais Harry ne pouvait rien y faire. Il préférait se sacrifier pour être sûr que les gens auxquels il tenait ne souffrent pas.
Il ne profiterait de son parrain qu'une fois ce parasite enlevé et si, pour cela, il devait mourir, alors tant pis. Sa vie ne valait pas la peine d'être vécue s'il avait un bout de Voldemort en lui ou s'il était condamné au sursis. Il ne voulait pas vivre avec l'idée de devoir mourir un jour prochain, ça lui était trop insupportable. Il allait en finir aujourd'hui et pour toujours.
– Bonjour Harry, tu es prêt ? demanda Stefan en interrompant leur câlin.
Sirius lui jeta un regard glacial, auquel Stefan ne prêta aucune attention.
– Oui.
Stefan lui sourit professionnellement, avant de l'entraîner dans une salle de soin, spécialement préparée pour l'occasion. C'était une salle entièrement blanche, du sol au plafond, qui avait le mérite de retenir toutes les émanations de magie. Tout ce qu'ils voulaient éviter, c'était que l'Horcruxe de Voldemort ne parvienne à s'échapper et trouve une attache ailleurs.
– Allez, vas-y, dit Harry avec un sourire rassurant, on se voit tout à l'heure.
– Tu as intérêt, grommela Sirius en enlaçant Harry une dernière fois.
– Sirius ! s'exclama Harry après un instant d'hésitation. Moi aussi, je t'aime.
Sirius fendit son visage d'un sourire heureux, mais crispé. Ils se regardèrent un long moment, se transmettant tout ce qu'ils n'avaient pas encore pu se dire, toutes ses années sans se voir, leur joie d'être réunis, la peur, aussi. Et, enfin, ils rompirent le contact et Harry s'allongea sur le lit au centre de la pièce.
Sirius sortit de la pièce et se rendit dans une pièce attenante où l'attendait Mihai, avec une vitre leur permettant d'assister au rituel sans risquer d'être touché par une attaque magique ou d'interférer avec le rituel.
– Comment tu te sens ? demanda Mihai qui paraissait lui aussi terrifié.
– Aussi bien que toi.
Les deux amis ne purent rien ajouter de plus. Stefan, qui s'affairait déjà à tout préparer, paraissait très calme, presque serein. Sirius savait que c'était le fait d'avoir quelque chose à faire, d'être dans son domaine et d'avoir un but précis qui lui permettait de ne pas trembler.
Et puis, Stefan n'avait aucune attache émotionnelle avec Harry, au contraire de Sirius. Il ne voyait Harry que comme un cas d'école, pas comme une personne avec des sentiments. Si Sirius trouvait ça affreux, il avait compris que c'était ce qui permettait à Stefan de faire son travail, une sorte de barrière émotionnelle nécessaire pour ne pas sombrer.
– Harry, il va falloir que tu te détendes le plus possible, entendu ? dit Stefan.
Harry hocha la tête en songeant qu'il était plutôt difficile de rester détendu quand on s'apprêtait à mourir. Il savait qu'ils allaient sur un terrain où peu de personnes avaient osé s'aventurer. Il posa une main sur le collier de sa mère et sentit un petit frétillement de magie au bout de ses doigts, comme si la pierre elle-même voulait le rassurer et lui dire que tout allait bien se passer.
– Je te rappelle le rituel ou...
– Ça ira, coupa Harry la gorge sèche. Je me souviens de toutes les étapes. Je veux juste que ça soit réglé le plus rapidement possible.
– Je dois encore te demander si c'est ce que tu veux, fit Stefan avec un temps d'hésitation. Je te rappelle que les risques sont plutôt importants, puisque tu peux mourir ou même être paralysé, voire perdre ta magie. On ne sait pas comment l'Horcruxe va réagir ou même si tu as une chance de t'en sortir. Tu sais qu'on pourrait repousser le rituel à quelques mois ou même ne jamais le faire si vous trouvez un autre moyen de vous occuper de Voldemort.
– Non. Je veux le faire, dit Harry d'une voix qu'il espérait assurée.
À sa grande fierté, sa voix ne flancha pas et il réussit à mettre assez de conviction pour que Stefan ne hoche la tête, visiblement soulagé qu'il ne se débine pas. Ils avaient passé deux jours complets à répéter les étapes pour s'assurer que tout se passerait bien.
– Parfait. Nous allons commencer.
Harry eut l'impression que Stefan s'adressait plus à son parrain qu'à lui.
– Ferme-les yeux.
Harry se demanda si c'était la dernière fois qu'il fermait les yeux de sa vie.
– Je vais injecter le venin de Basilic directement dans ta cicatrice. Ça risque de te faire mal.
– J'ai déjà été mordu par un Basilic, rappela Harry en essayant de détendre l'atmosphère.
– En effet, dit Stefan en levant ses yeux au ciel. Tu as tué un Basilic à douze ans, comment ai-je pu l'oublier ? Tu es prêt ?
– Oui.
Quand Harry sentit la piqure s'infiltrer dans sa cicatrice, il aurait voulu crier à Stefan d'arrêter. Il aurait voulu lui hurler qu'il ne voulait plus, qu'il avait trop peur et qu'il essaierait de s'occuper de Voldemort autrement. Il aurait voulu dire stop.
Mais il n'eut pas le temps de lui dire d'arrêter qu'il sentit un flot de sang tiède ruisseler sur son visage et une douleur fulgurante lui traverser le front. Harry aurait voulu attraper sa cicatrice, mais Stefan l'avait attaché au lit pour qu'il ne puisse pas bouger. Il commença à se débattre en hurlant alors que le venin se répandait dans son sang. Il sentit une douleur brûlante qui se diffusa lentement dans son corps.
Il ouvrit brusquement les yeux pour implorer l'aide de Stefan, mais sa vision était complètement brouillée et la chambre de soin se fondait en un tourbillon de couleurs ternes. Harry se sentait somnoler. Tout tournait autour de lui et il préféra fermer les yeux.
.
Harry était étendu face contre terre, écoutant le silence, totalement seul. Il sentit une douleur cuisante dans sa cicatrice, qui s'interrompit presque aussitôt. Ses oreilles bourdonnaient et il se sentait légèrement nauséeux. Il se rendit immédiatement compte qu'il sentait le sol contre lui. Mais surtout, il sentait son cœur battre.
Il était vivant.
Il ne comprenait pas pourquoi il était sur le ventre alors que, il y a seulement une seconde, il était allongé sur le dos de la chambre de soins.
Il ouvrit les yeux. Il était couché dans une brume claire et brillante. Le sol était encore plus blanc que celui de la chambre de soins et Harry ne savait pas comment c'était possible. C'était sans doute le blanc le plus pur qu'il avait vu de sa vie et il lui rappelait étrangement la pierre qui pendait autour de son cou.
– Harry, réveille-toi.
Harry ne reconnut pas la voix cristalline qui l'interpela et ne put qu'émettre un gémissement alors qu'il se redressait légèrement.
Une main apparut dans son champ de vision et il n'hésita pas à la saisir. Une fois debout, il fut soufflé en voyant son propre reflet. Un homme aux cheveux noirs mal coiffés, le même visage mince, la même bouche, les mêmes sourcils. Les cheveux de l'homme se dressaient en épis à l'arrière de sa tête, exactement comme ceux de Harry, et ses mains étaient semblables aux siennes.
La seule différence avec Harry, outre leur taille, c'était la couleur de leurs yeux. L'homme en face de lui avait des yeux noisette. Harry éprouva au creux de son estomac un brusque sentiment d'excitation.
– Pa-papa... murmura Harry en écarquillant ses yeux.
– Bienvenue dans l'au-delà, fiston ! dit joyeusement James Potter. Ouille !
James se frotta le bras, là où il venait visiblement de recevoir un coup.
– Franchement, James, tu es impossible. Ton fils vient de traverser l'enfer, et tu arrives encore à faire des blagues.
– Que serait la vie sans un peu de folie ? dit James avec un sourire en coin.
– Pff, on a eu assez de folie avec les Maraudeurs pour plusieurs siècles, répliqua la voix féminine qui avait demandé à Harry de se réveiller.
Harry tourna son regard vers elle et se sentit vaciller en croisant deux yeux vert émeraude. Les mêmes que les siens. Il comprenait, à présent, pourquoi tout le monde disait qu'il avait les yeux de sa mère. C'était sans doute la première chose que l'on voyait chez Lily Evans-Potter. Deux yeux verts en amande, brillants de joie. Ensuite, on remarquait ses cheveux roux foncés qui tombaient sur ses épaules. Elle était aussi grande que Harry, qui ne pouvait pas détacher son regard de sa mère.
– Maman, finit par murmurer Harry.
– Oh, mon chéri. Nous sommes si heureux de te voir, dit la voix cristalline de Lily.
Elle leva sa main, comme pour toucher la joue de Harry, avant de le regarder, incertaine. Harry fit un pas en avant et la prit dans ses bras. Il sentit son père les enlacer à son tour. Harry apprécia chaque moment de ce câlin, de toutes ses forces. Il ne voulait penser à rien d'autre qu'au fait qu'il était avec ses parents. Ils étaient enfin réunis.
Des larmes commencèrent à affluer au bord de ses yeux, alors qu'il sentait le parfum de sa mère. Il le reconnut instantanément, comme quelque chose de protecteur, comme un souvenir d'enfance longtemps oublié.
Il sentait aussi les bras de son père autour de lui et il eut l'impression de se revoir enfant, quand son père le faisait voltiger sous les rires amusés de sa mère. Il ne savait pas s'il imaginait ces souvenirs, mais il voulait penser qu'ils étaient réels.
Harry rompit leur étreinte et les observa attentivement, voulant marquer chaque détail dans son cœur.
– Mon garçon, dit Lily la voix cassée en caressant sa joue.
C'est à ce moment que Harry vit une toute petite créature, sur le sol, blessée, comme morte. Harry voulut s'approcher d'elle pour lui porter secours, mais son père lui attrapa le bras.
– Tu ne peux pas l'aider, dit James d'une voix douce.
Harry frissonna en comprenant les paroles de son père.
– Moi aussi, je suis mort ? demanda Harry.
– Non, mon chéri, tu n'es pas mort. Pas encore, assura Lily.
Ses parents étaient rayonnants. Son père avait passé un bras autour de sa femme et souriait fièrement à Harry. Lily, elle, semblait se retenir pour ne pas l'enlacer de nouveau. Harry se rapprocha d'eux et noua sa main à celle de sa mère qui se pâma de bonheur.
– Non ? insista Harry qui ne comprenait pas trop ce qu'il se passait.
Il était partagé entre la joie de voir ses parents et la peur d'être mort. Comment allait réagir Sirius s'il mourrait ? Allait-il continuer de se battre comme il lui avait demandé dans sa lettre ? Allait-il sombrer ? Pourquoi avait-il passé autant de temps éloigné de lui au lieu de profiter de son parrain ? Il s'en voulait, à présent.
– Non, confirma Lily en touchant de ses mains le pendentif que Harry avait toujours sur lui.
– Donc... Sirius et Stefan avaient raison ? devina Harry qui sentit une déferlante de soulagement l'envahir. La pierre agit comme un Horcruxe.
– C'est exact, dit James en souriant fièrement, j'ai toujours dit que Patmol était intelligent.
Il passa sa main dans ses cheveux. Harry avait remarqué, alors que ça ne faisait que quelques minutes qu'il était là, que son père avait la manie de s'ébouriffer les cheveux d'un geste de la main pour éviter qu'ils ne paraissent trop bien coiffés. Son père ne cessait de lancer des coups d'œil à sa mère, comme s'il ne supportait pas de la savoir loin de lui. Tout ce qu'il vit dans le regard de son père était l'amour qu'il lui portait.
– Ton sang, qui contenait ma protection, a imprégné la pierre. Ton sang circule encore et il te rattache à la vie, tant que ce collier existe, expliqua Lily.
– Je reste en vie tant que mon sang est dans la pierre, c'est ça ?
– Oui. L'enchantement continue d'exister.
– Donc, ça veut dire que je suis immortel ? soupira Harry. Non merci.
– C'est mon garçon, ça ! dit James en ébouriffant les cheveux de son fils.
Harry sentit son ventre se tordre de joie.
– Pas vraiment, dit Lily les sourcils froncés. Je suppose que Sirius va faire des recherches, tu lui diras qu'il regarde mes carnets, j'avais énormément recherché sur les pierres précieuses. J'ai plusieurs théories en fait.
– Ça m'aurait étonné, murmura James en levant ses yeux ciel. Tu as fait combien de rouleaux de parchemins ?
Lily ne prit même pas la peine de regarder son mari.
– Je pense que le sang contenu dans la pierre va s'estomper au fur et à mesure du temps. Mais je ne suis sûre de rien. C'est une pierre qui vit et, forcément, quand elle absorbe, elle doit aussi rendre à un moment, être purifiée... Je pense qu'il faudrait peut-être un rituel pour la purifier des mauvaises énergies, je ne sais pas... Après, elle pourrait ne marcher que si tu portes le collier, ce qui te permettrait de l'ôter quand tu te sentiras prêt et de le transmettre à tes enfants comme un héritage familial.
Harry rougit légèrement et il vit son père lui faire un clin d'œil amusé.
– Je ne sais pas non plus s'il te protège uniquement des sorts de mort ou contre les morts naturelles. En fait, je ne sais pas trop quoi te dire, mais je pense que c'est impossible de devenir immortel. Et, si vraiment elle te protège contre tout, je suppose que tu peux aussi la briser, termina Lily avec un sourire en coin.
– Oh, d'accord.
– La Mort n'est pas faite pour être éviter, dit sérieusement James. Tu as déjà prouvé que tu étais prêt à l'accueillir et je suis sûr qu'un jour, quand ce sera le moment, tu mourras aussi. Mais pour le moment, garde cette pierre. On aimerait que tu prennes ton temps avant de nous rejoindre.
– Et cette protection de sang alors, c'est quoi exactement ? demanda Harry. Est-ce que tu t'es vraiment sacrifiée pour moi ?
La voix de Harry était remplie de trémolos alors qu'il regardait sa mère qui avait à présent ses yeux remplis de larmes.
– Oh, mon chéri. Je sais que tu nous entends quand il y a des Détraqueurs et je suis tellement désolée. Je...
– Tu es morte à cause de moi.
– Je suis morte pour toi ! rectifia Lily avec un regard sévère. Ne te sens jamais coupable de ça, d'accord ? C'était mon choix.
– Mais tu aurais pu...
– Non, coupa Lily. Je n'aurai pas pu vivre dans un monde sans toi. C'était mon rôle de mère de me sacrifier. Et, je te ferai remarquer que c'est exactement ce que tu viens de faire. Tu viens de te sacrifier pour sauver tout le monde, non ?
Harry hocha la tête, en souriant légèrement, ne pouvant exprimer sa joie à l'idée d'être réprimandé par sa mère.
– Sans doute.
– Sans doute, répéta James amusé, tu étais prêt à mourir pour eux. Pour que Voldemort ne revienne pas.
– Harry, mon chéri, dit sa mère en le regardant de ses grands yeux verts. Je t'aime si fort. Nous t'aimons de tout notre cœur. Et ce que j'ai fait, c'était pour toi. Ça a toujours été pour te protéger. Je ne t'en voudrai jamais et tu ne dois pas t'en vouloir. Nous avons fait notre choix, comme tu as fait le tien, entendu ?
– Oui, maman.
Lily semblait étinceler de bonheur quand il l'appela « maman ».
– Mais pour répondre à ta question, le sacrifice n'était pas un simple sacrifice, expliqua Lily en regardant son mari. En fait, j'avais préalablement pensé à d'autres plans si le Fidelitas ne marchait pas. Comme Sirius te l'a expliqué, j'étais spécialisée dans les protections magiques. Je ne savais pas si allait marcher, mais nous étions tous les deux prêts à mourir pour te protéger. Pour ça, j'avais installé une protection de sang.
– Une protection de sang ?
– Oui, concrètement, il faut verser du sang pour être protégé. C'est quelque chose d'assez complexe, admit Lily. J'avais mis des protections en place. Pour qu'elles fonctionnent il fallait un sacrifice, que nous étions tous les deux prêts à faire, un sacrifice pur. Mais pour que ce sacrifice marche, il fallait auparavant installer ces protections de sang. On ne savait pas si ça allait marcher, mais il fallait essayer.
– Je devais le retenir, souffla James avec difficulté. Quand il est arrivé cette nuit-là, je devais le retenir pour que ta mère ait le temps de mettre en place la protection.
Lily posa une main sur le bras de son mari, comme pour le soutenir.
– Dans le laps de temps que j'ai eu, j'ai eu le temps de me couper la main pour faire tomber le sang, réciter une incantation pour activer la protection et te donner le collier. Ensuite, pour que tu sois protégé, il fallait que je meure sans lutter. Un sacrifice contre une protection. Voldemort est arrivé et tu connais la suite. Il fallait un sacrifice pur pour que tu t'en sortes.
– C'est de l'ancienne magie. Un sacrifice sans aucune arrière pensée. C'est la Magie la plus pure qui soit, dit James. Avec un petit coup de pouce des protections.
– Pourquoi le sang ? demanda Harry qui avait du mal à articuler.
– Parce que c'est de l'ancienne magie et qu'elle fonctionne avec une rétribution. Le sang. Comme une offrande à la Magie, tu vois ? En faisant couler mon sang, la Magie a su que je me sacrifiais. Certains pourraient dire qu'il s'agit de magie noire, mais c'est une magie qui fonctionne avant tout par des émotions. La protection a permis au sort de rebondir sur toi. Malheureusement, Voldemort a créé un Horcruxe à ce moment. Quand l'Horcruxe a pris sa place, il t'a fait saigner, ce qui a imprégné la pierre de ton sang.
– Donc, c'est grâce à vous deux si le sort de Voldemort a rebondi, comprit Harry en regardant son père qui sourit fièrement. Si tu ne l'avais pas retenu, maman n'aurait pas pu mettre les protections en place.
– Mon sacrifice sera à jamais oublié, ironisa James avant d'éviter un nouveau coup de sa femme. Tu vois comment ta mère me traite ?
Harry éclata de rire et sentit un poids s'ôter de ses épaules. Ils ne lui en voulaient pas. Ils l'aimaient.
– Et la partie de son âme qui était en moi... elle n'est plus là ? s'enquit Harry.
– Oh non, elle a été détruite par le venin du Basilic, dit James. Très bonne idée d'ailleurs, quoique sûrement douloureuse. Mais c'était la seule solution. S'ils t'avaient tué naturellement, l'Horcruxe n'aurait pas été détruit. Ton âme a retrouvé toute son intégrité.
– Elle t'appartient totalement, Harry, ajouta sa mère qui sourit en le voyant souffler de soulagement.
– Mais j'ai partagé... Elle a été là pendant si longtemps, est-ce que...
– L'Horcruxe n'a pas changé qui tu étais au fond de toi, répondit sincèrement Lily. Je te rappelle que Voldemort n'a jamais eu la capacité d'aimer, de pardonner, d'avoir des amis... toutes ses qualités que tu possèdes. Tu as accepté la mort, une chose que Voldemort ne comprendra jamais. Alors, oui, tu as des points communs avec Voldemort, mais ce n'est pas ce qui te définit.
– Ce qui te définit, ce sont tes différences, dit James d'une voix sortie de l'outre-tombe.
Lily semblait hésiter entre rigoler et lui jeter un regard désespéré.
– Quoi ? Vous ne trouvez pas que j'imite bien Dumbledore ? Harry, qu'est-ce que tu en penses ? demanda son père en se tournant vers lui le regard remplit d'espoirs.
– Pas mal, dit Harry en masquant son sourire moqueur.
– Regarde-le, murmura James à l'oreille de Lily suffisamment fort pour qu'il l'entende, il a le même sourire que Patmol.
– C'est parce qu'il prend exemple sur lui.
Harry rougit légèrement, sous le regard amusé de ses parents.
– Tu n'es pas mort, Harry, dit Lily avec une hésitation, mais tu as subi de grosses souffrances.
– Je me sens parfaitement en forme, assura Harry.
– Je suis désolée pour tout ce que tu as vécu.
– Ce n'est pas de votre faute, assura Harry. Vous aviez tout prévu c'est juste...
– C'est juste de la faute de Dumbledore, conclut James avec rage.
Lily semblait plutôt d'accord sur ce point, alors qu'elle continuait de fixer Harry comme si elle avait peur qu'il ne disparaisse sans prévenir.
– Où sommes nous ? demanda Harry.
– Nous allions te le demander, répondit James en observant les alentours. À ton avis ?
– On dirait la gare de King's Cross.
James haussa un sourcil, avant d'hocher la tête, comme satisfait de sa réponse.
– Nous avons tellement de choses à te dire, Harry, dit Lily. Mais si peu de temps.
– Tu dois dire à Patmol de se détendre, je le trouve un peu trop sérieux, si tu vois ce que je veux dire, dit James en lui faisant un clin d'œil qui fit immédiatement rire Harry.
La tension de leur rencontre et de tout ce qu'il avait vécu depuis quelques jours sembla s'évaporer. Harry sentit ses épaules se relâcher et il put sourire sincèrement à son père, encore un peu ému de le voir face à lui.
– Je transmettrai.
– Tu lui diras aussi que, quand il nous rejoindra, il a intérêt de se cacher pour éviter ma malédiction, dit sournoisement sa mère.
– Enfin, Lily, je pense que Patmol a assez souffert comme ça, dit James en grimaçant.
– L'un n'empêche pas l'autre. Je cogite sur son châtiment depuis treize ans maintenant.
– Si tu veux un conseil, Harry, ne mets jamais en colère ta femme, conseilla James.
Harry éclata de rire en voyant le regard exaspéré que sa mère posait sur son père. Il avait vu la lueur amusée qui y dansait et il était à présent sûr que, même s'ils avaient mis six ans à se mettre ensemble, leur amour était vraiment présent. Ils semblaient si amoureux, si complémentaires, que s'était presque difficile de les regarder.
– Nous sommes si fiers de toi, Harry, dit finalement Lily les yeux brillants. Tu es devenu un jeune homme si courageux, si empathique, malgré toutes les horreurs que tu as vécues... Jamais je n'aurai pu espérer avoir un meilleur fils que toi. Tout ce que tu as vécu, c'est... Ma sœur est...
Les yeux émeraude de Lily se voilèrent pour laisser passer une expression de pure rage.
– Je fais confiance à Sirius pour se venger, dit-elle d'une voix glaciale.
– Exactement ce que je disais, ne pas les mettre en colère, murmura James.
– Tu es si intelligent, si courageux, si beau, continua Lily, et...
– N'oublies pas que c'est aussi un excellent Attrapeur. Tu te rends compte, le plus jeune Attrapeur depuis un siècle !
James sauta sur place et Harry rougit de plaisir en croisant son regard remplit de fierté.
– Il faut que tu envisages une carrière professionnelle, dit sérieusement James.
– James, Harry fera ce qu'il a envie, ne commence pas à lui mettre des idées dans la tête, soupira Lily en levant ses yeux au ciel.
– Des idées ? Il a un don, c'est tout. Je fais mon devoir de père, il faut le pousser. Je suis sûr que Patmol a déjà fait ses plans pour que les Flèches le recrutent.
– Il m'a dit que tu étais aussi un fan, dit Harry en souriant.
James fit apparaître une flèche dans le ciel brumeux avec sa baguette, alors que Lily levait ses yeux au ciel.
– Les études sont aussi importantes, Harry. Mais je suis sûre que tu t'en sortiras parfaitement. Et quoi que tu choisisses, nous seront fiers de toi.
– Nous te faisons confiance, Harry, tu sauras faire les bons choix, enchaîna James d'un air plus sérieux.
– Vous me manquez, dit Harry la voix étranglée.
– Nous le savons, dit James qui regarda en l'air pour cacher ses propres larmes. Mais Patmol saura s'occuper de toi.
– Nous lui faisons totalement confiance. Et Remus sera là aussi, ajouta Lily visiblement soulagée. Pour compenser son côté tête-brûlée.
– Je ne veux pas vous remplacer, ajouta Harry un peu incertain.
– Harry, dit James en s'approchant de son fils pour l'obliger à le regarder. Jamais tu ne nous remplaceras. Patmol est un comme autre parent, d'accord ? Je serai toujours ton père, celui qui t'a donné la vie et qui sera toujours quelque part en toi. Mais Patmol va être celui qui va t'éduquer, qui va te protéger. Il sera un père pour toi et je pense que tu as assez de place pour nous deux.
– Nous t'aimons tellement, mon chéri, dit Lily les yeux embrumés. Ton père a raison, tu ne nous oublieras pas, mais tu dois vivre aussi.
– Et puis, Patmol est super, non ? dit James en lui donnant un petit coup de coude.
– Oui, il est génial ! confirma Harry en souriant largement. C'est juste que j'avais peur. Je ne vous ai jamais connu et je ne voulais pas vous oublier ou vous remplacer...
– Nous comprenons, assura Lily. Mais, Harry, nous ne sommes plus là. C'est Sirius qui est là pour toi maintenant. Tu dois vivre ta vie, profiter. Et tu sais qu'il sera toujours là pour te protéger. Ne nous oublie pas, mais ne te prive pas d'une famille parce que tu as peur de nous blesser.
– La seule chose que nous souhaitons, c'est que tu sois heureux, dit James d'une voix remplie de trémolos. Et Patmol peut te rendre heureux.
– Il faut que j'y retourne, n'est-ce pas ? soupira Harry qui hésitait visiblement entre apprécier ce moment et revenir à la vie pour rassurer son parrain.
– C'est à toi de décider, dit simplement Lily.
– J'ai le choix ?
– Oh oui, dit James. Tu as parlé de King's Cross. Je suppose que, si tu décides de ne pas y aller, tu pourrais montrer dans un train.
– Vers où ?
– Plus loin, dit Lily sans s'étendre sur le sujet. Mais sache que nous t'attendront toujours et que, si tu veux venir avec nous ou attendre, nous respecterons ta décision.
Harry sentit son cœur se déchirer en comprenant qu'il ne reverrait pas ses parents avant un long moment. Il avait eu si peu de temps, quelques minutes, tout au plus. C'était si injuste.
– N'aie pas pitié des morts, Harry. Aie plutôt pitié des vivants et surtout de ceux qui vivent sans amour, dit James avec la même voix lointaine qu'il avait déjà utilisée pour imiter Dumbledore.
Cette fois, Lily et Harry éclatèrent de rire.
– James, tu es impossible.
– Quoi ? Je lui dis juste qu'en y retournant il pourra vivre sa vie. Tu vas retourner là-bas mon garçon, intima James. Ta vie est là-bas. Avec Patmol, avec Lunard. Avec tes amis. Tu dois continuer à te battre. On se reverra bien assez vite, en attendant, profite de ta vie.
Harry hocha la tête et enlaça une dernière fois ses parents. Il avait l'impression qu'il avait tant de choses à leur dire, mais que rien ne voulait sortir. Sa mère s'agrippa à lui un long moment, lui murmurant qu'elle l'aimait de tout son cœur.
Puis, il se tourna vers son père qui l'entraîna de nouveau dans une étreinte. Il le serrait si fort que Harry en eut le souffle coupé, mais il n'eut pas le courage de s'éloigner de lui. Il aurait voulu que ce câlin dure toute sa vie.
– Je suis fier de toi, murmura-t-il à son oreille. Ne t'inquiète pas pour moi. Profite de ta vie avec Patmol. C'est la meilleure personne qui puisse être là pour toi. Je t'aime si fort mon fils.
Harry se détacha de ses parents et les regarda un long moment, pour être sûr de se souvenir de chaque détail. Ses parents lui souriaient paisiblement, comprenant sa décision. Il ne voulait pas les quitter, mais en même temps, il était impatient de retrouver son parrain. Ils avaient tant à partager, tant à se dire.
– J'ai une dernière question, dit Harry en fronçant ses sourcils. Est-ce que c'est réel ou c'est dans ma tête que ça se passe ?
– Bien sûr que ça se passe dans ta tête, Harry, mais pourquoi donc faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel ? dit James avec un sourire en coin.
.
Harry ouvrit brusquement les yeux, comme si la nécessité d'oxygène l'avait réveillé. Il entendit l'exclamation de surprise de Stefan, avant qu'il ne vomisse tout son déjeuner sur le sol.
– Je crois que je n'ai pas digéré le gâteau de Mihai, dit piteusement Harry en s'essuyant la bouche avec sa manche.
Stefan le regardait avec un mélange de stupeur et d'horreur, avant qu'il ne se reprenne et ne lui lance un clin d'œil complice.
– Personne ne le digère, mais ne lui dis pas que je t'ai dit ça.
– Je crois que j'ai besoin de dormir, dit simplement Harry, sans même se sentir tomber dans le sommeil.
.
.
