PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.
N/A : Bonne lecture à tous !
Partie 3. Chapitre 4.
"Conséquences"
Harry ouvrit ses yeux avec difficulté. Tout était blanc autour de lui et il avait l'impression que la lumière allait le rendre aveugle. Il referma brusquement ses yeux et gémit en sentant sa tête bourdonner. Il avait l'impression que l'intégralité de son corps lui faisait mal, ce qui lui rappelait fortement la fois où il était tombé de balai à cause des Détraqueurs.
Il sentit une pression sur sa main droite et il reconnut immédiatement l'odeur de Sirius qui l'enveloppait. Elle n'était pas florale, comme celle de sa mère, mais boisée et masculine. Elle ressemblait beaucoup à celle de son père et Harry eut envie de pleurer de désespoir. Il savait qu'il avait fait le bon choix, en revenant, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir triste.
Il aurait voulu passer plus de temps avec ses parents, être avec eux encore une minute, un instant, une seconde. Il aurait eu tellement de choses à leur demander, à leur dire... Il aurait voulu les étudier jusqu'à les connaître par cœur, savoir s'ils étaient heureux, leur poser des questions, savoir si...
– Harry, murmura Sirius à ses côtés, la voix tremblante.
– Salut, réussit à croasser Harry.
Il réussit à ouvrir ses yeux de nouveau pour croiser ceux, gris, de son parrain et il comprit pourquoi il était revenu. Ses parents étaient morts, alors que Sirius était là, bien vivant. Son parrain qui s'inquiétait pour lui. Son parrain qui lui avait dit qu'il l'aimait. Son parrain qui ferait tout pour le protéger. « Sirius sera un père pour toi » avait dit son père. Et, pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontré, Harry se dit qu'il aimait bien cette idée.
– Tu dors depuis une journée, expliqua Sirius qui souffla de soulagement en le voyant se réveiller.
– Ça fait des heures qu'on te cherche un autre surnom, intervint Stefan d'une voix remplie de sarcasme.
– Un autre surnom ? répéta Harry en se redressant.
Sirius posa une main sur son épaule pour l'empêcher de se relever, mais Harry se sentait en pleine forme. Il avait des douleurs dans tout le corps, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir vraiment bien. Comme s'il avait eu une bonne nuit de sommeil ou s'il avait pris une potion énergisante. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il avait l'impression de se sentir vivant, entier.
– Sirius a proposé le-garçon-qui-ne-veut-pas-mourir, Mihai était plus sur l'homme-qui-a-vaincu-la-mort-plusieurs-fois, mais je trouve ça un peu trop long. Moi je pense que le garçon-qui-a-survécu-deux-fois est un surnom fantastique.
Harry éclata de rire. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il avait des bouffées de bonheur qui l'envahissaient et qui étaient presque douloureuses, lui donnant envie de rire, de chanter, de sourire sans s'arrêter, mais aussi de pleurer de joie à l'idée d'être réuni avec son parrain et d'être en vie. Il était en vie, il avait survécu.
– J'aime bien la proposition de Sirius, dit finalement Harry.
– Oh, Harry, dit Sirius qui s'effondra en le prenant dans ses bras, comme s'il n'était pas capable de supporter une conversation légère après ce qu'il venait de se passer. Plus jamais... plus jamais... Si tu ne t'en étais pas sorti, je...
Harry tapota maladroitement le dos de son parrain. Stefan les regardait avec un sourire en coin et ne fit pas mine de venir l'aider, malgré les regards implorants de Harry, qui ne savait pas trop quoi faire, sentant Sirius sangloter contre lui. Harry savait que son parrain avait pris sur lui depuis quelques jours par rapport à tout ça et qu'il fallait qu'il se relâche, qu'il accepte que tout était derrière eux.
– Sirius, dit finalement Stefan, je pense que tu peux laisser Harry respirer. Il ne faudrait pas que tu l'étouffes.
– Je croyais qu'il ne pouvait pas mourir, réussit à grogner Sirius en essuyant ses larmes.
– C'est un peu plus compliqué que ça. Je ne pense pas que quiconque puisse réellement être immortel. Il y a plusieurs possibilités. Harry pourrait détruire la pierre, évidemment. Peut-être que les effets vont s'estomper avec le temps. Je ne sais pas trop, mais on a le temps d'y réfléchir.
– Peut-être qu'enlever le collier pourrait suffire aussi, non ? proposa Harry un peu incertain.
– C'est une théorie intéressante, admit Stefan. Tu as trouvé ça pendant ton sommeil ?
Harry haussa les épaules sans croiser le regard de Sirius. Il ne voulait pas leur parler de ce qu'il avait vu quand il était mort, et surtout pas à Stefan. Il voulait garder cette rencontre dans un coin de son cœur. C'étaient ses parents, c'était sa première rencontre avec eux, ce moment lui appartenait à jamais et il ne voulait pas qu'on lui pose des questions. Il n'avait eu que quelques minutes avec eux et il voulait les garder pour lui.
Il toucha sa joue avec sa main et il eut l'impression que le fantôme de sa mère était avec lui. Il se souvint que Luna lui avait dit qu'il sentait le lys quand elle était proche de lui et il comprit à ce moment qu'elle avait eu raison. Sa mère était avec lui. Elle l'enveloppait, le réconfortait, le protégeait. Par son sang, par le biais de ce collier, elle était avec lui.
– Pour le moment tu le gardes sur toi, intima Sirius. Au moins je me sentirai plus rassuré. L'immortalité, on verra plus tard.
– Tu as mal quelque part ? s'enquit Stefan en s'approchant de lui.
– J'ai un peu mal à la tête et je me sens fatigué, mais sinon ça va.
– Ça doit être à cause de la seringue. Et puis, le venin de Basilic est quand même assez agressif, ça ne m'étonnerait pas que tu aies besoin de dormir encore un long moment pour que ton corps se remette de tout ça. Ça a envahi tout ton système en quelques secondes.
– Donc j'ai du venin de Basilic en moi ? demanda Harry en sentant son cœur s'accélérer.
– Non, assura Stefan. On avait des larmes de Phénix que j'ai utilisées dès que tu es revenu à toi. Ça a complètement enlevé le venin de Basilic de ton système. Tu es complètement sain, à présent. Tu seras sans doute engourdi un long moment. Autre chose ?
– Eh bien... Je me sens un peu... Brouillon ? Je ne sais pas comment l'expliquer. Comme si j'étais... balbutia Harry.
– Tu as l'impression que tu pourrais tout emporter sur ton passage ? D'être rempli de Magie et d'avoir la sensation que tu ne contrôles rien ? De te sentir balancé entre plusieurs émotions, comme si tu étais secoué ? demanda avidement Stefan.
– Euh... ouais, c'est totalement ça, dit Harry les yeux écarquillés. Comment tu le sais ?
– C'est tout à fait normal. J'avais une théorie dans ce sens. Avant que je t'explique, je vais te donner un philtre de paix.
Harry soupira de soulagement en sentant son corps se détendre et cette sensation d'être secoué dans tous les sens disparaître. Il se sentait toujours bien, mais plus calme. Sirius le regardait avec inquiétude, comme s'il allait disparaître sous ses yeux. Harry attrapa sa main pour le rassurer et son parrain se détendit légèrement.
– Mihai viendra t'ausculter après notre conversation, pour le moment il est en train de donner naissance à un bébé, expliqua Stefan en s'essayant face à lui. Il y a plusieurs choses qui expliquent ton état. D'abord, c'est le fait que tu te fasses soigner. Ta Magie t'a toujours soutenu et, aujourd'hui, elle n'en a plus besoin. Il faut donc qu'elle reprenne une place normale, mais cela peut prendre du temps. Ta Magie va continuer de compenser, alors que ce n'est plus nécessaire. C'est tout à fait normal et il me semble que Mihai a une potion pour gérer ça.
– Oui, c'est la potion bleue que tu prends trois fois par semaine, indiqua Sirius qui avait suivi avec attention le traitement de Harry.
– Ensuite, et c'est sans doute ça qui accentue ton ressenti, je suis persuadé que l'Horcruxe mobilisait une partie de ta Magie. Comme on l'a vu pendant les tests, l'Horcruxe était vraiment lié à ton centre magique, et ça reste de la magie très noire, il ne serait pas étonnant qu'elle ait bloqué certaines choses en toi. Je pense que ça a notamment bloqué ta Magie la plus pure, qui te permet de...
– Ce n'est pas possible, coupa Sirius avant de rire en voyant l'air surpris de Stefan. Je comprends ton raisonnement sur la Magie et tout ça, mais la Magie pure de Harry n'a pas été bloquée puisqu'il a fait un Patronus cette année.
– Un Patronus ? répéta Stefan en regardant Harry avec les yeux écarquillés. Corporel ?
– Euh, oui... C'est un cerf.
– Oh. Impressionnant.
– Pas plus que le Basilic, s'amusa Sirius qui semblait s'être détendu en voyant que Harry allait bien.
– Mmmh. Si, un peu plus. Harry a combattu le Basilic avec une épée, façon moldue, tu vois. Le Patronus c'est l'acte de Magie blanche par excellence. Il n'existe rien de plus pur qu'un Patronus.
– Comment ça ? demanda Harry.
– Un Patronus est une forme de magie très pure. Ça vient de son soi profond, et on ne peut pas le modifier ou imiter le Patronus d'une personne. En Roumanie, on dit même qu'un sorcier au cœur impur est incapable de faire apparaître un Patronus.
– Donc, ton diagnostic ? demanda Sirius.
– Soit l'Horcruxe ne prenait pas trop de place ou bloquait une autre partie de la Magie de Harry, soit Harry a un vrai talent en Sortilèges, ce qui ne m'étonnerait pas quand on connait ses parents. En tout cas, ce qui est sûr et certain, c'est que ta Magie veut reprendre sa place et que, pour l'instant, elle ne sait pas trop comment faire. D'où la sensation d'être un peu balloté dans tous les sens ou d'avoir l'impression d'avoir trop de magie en toi.
– Oh, dit Harry sans savoir quoi lui répondre de plus.
Il se sentait effectivement ballotté, comme s'il était dans un endroit remplit de vent. Il pouvait presque sentir sa Magie entre ses doigts et la sensation était à la fois grisante et inquiétante. Il avait l'impression qu'il suffisait d'une seconde pour qu'il perdre le contrôle et détruise tout sur son passage.
– Donc, il va falloir que tu apprennes à contrôler ta magie, conclut Stefan.
– Contrôler sa magie ? répéta Sirius.
– Oui, il faut qu'il se l'approprie, qu'il arrive à la contrôler pour lui dire qu'elle n'a pas besoin de le soutenir ou de fournir un effort supplémentaire pour l'aider à rester en vie.
– Harry a déjà... commença Sirius avant de se tourner vers Harry, incertain.
– J'ai déjà perdu le contrôle de ma Magie, avant, dit Harry qui n'avait aucune honte à en parler. J'ai réussi à me calmer, mais là j'ai l'impression que ça va être beaucoup plus difficile à gérer. Je sens ma Magie.
Stefan le regarda comme s'il était un sujet particulièrement intéressant à étudier.
– Donc tu connais les sensations, c'est une bonne chose. Évidemment que ça va être plus difficile à gérer à présent, mais tu vas t'en sortir. Si tu as réussi à faire un Patronus, c'est que tu avais déjà un contrôle important sur elle, même sans t'en rendre compte.
– Comment il doit faire pour contrôler sa Magie ? demanda Sirius.
– D'abord, tu dois limiter tes émotions. C'est important, notamment au début. Il faut que ta Magie comprenne que tu peux être en colère ou triste, sans qu'elle n'ait besoin d'intervenir pour te protéger. Mais pour ça, il faut que tu te calmes. Par la suite, ça sera plus simple. L'urgence c'est de montrer à ta Magie que tu vas bien et essayer de la réduire au minimum pour que, si tu exploses, ça fasse moins de dégâts. Pour cela, tu as deux options...
– Le sport ou un entraînement magique, dirent Sirius et Harry d'une même voix.
– C'est ça, dit Stefan amusé. Je vois que vous savez déjà comment gérer. Avec de l'entraînement et du temps, ta Magie va peu à peu se calmer. On va t'aider avec la potion de Mihai. Une fois qu'elle se sera calmée, tout ira bien.
– Donc une fois que ma Magie a repris sa place ça sera bon ? demanda avidement Harry.
– Pas vraiment soupira Stefan. C'est une chose importante, certes, mais le problème c'est qu'une partie de ta Magie a été bloquée, soit pour te maintenir en vie, soit à cause de l'Horcruxe. Ce qui veut dire, qu'aujourd'hui, tu as beaucoup plus de puissance magique qu'avant et c'est ça qui peut être dangereux. Tu dois apprendre à ne pas mettre trop de puissance dans tes sorts. Je suppose que Sirius pourra t'entraîner ?
– Ça serait super, assura Harry en se tournant vers Sirius qui sourit, visiblement soulagé de voir qu'il voulait passer du temps avec lui.
Harry se sentait un peu coupable d'avoir mis de la distance entre eux la semaine passée et espérait qu'il ne lui en voulait pas.
– Sur le long terme, la seule manière de vraiment te contrôler, de gérer tes émotions et ta Magie, c'est d'apprendre la méditation ou l'occlumancie. Je suis persuadé que tu maîtriseras ta Magie d'ici à quelques semaines. Le seul risque, ce sont tes émotions. Si tu as une forte émotion que tu n'es pas capable de gérer, ta Magie peut réagir violemment et tu peux perdre le contrôle. Et ça, il faut absolument l'éviter.
– Pourquoi ?
– Parce que ça peut être dangereux. Une Magie instinctive lâchée comme ça verra comme une menace tous ceux qui sont autour de toi. Et surtout, ça peut vider ton centre magique. Tu n'auras plus de Magie pendant quelques jours, jusqu'à ce que ta Magie revienne.
Harry se renfrogna en se disant que perdre sa Magie était sans doute la pire chose qui puisse lui arriver. Il se demanda si, un jour, il serait normal.
– Harry a déjà essayé, intervint Sirius. Il gère bien la méditation maintenant, mais l'occlumancie ça ce n'est pas très bien passé.
– Un vrai désastre. Je suis complètement nul pour ça.
– C'est tout à fait normal, tu ne pouvais pas faire d'occlumancie avec un Horcruxe en toi, répondit Stefan d'un ton évident.
– Quoi ? fit Harry très étonné. Donc, ça ne vient pas de moi ?
– Absolument pas ! C'est un objet de magie noire qui cherchait, malgré tout, à prendre le contrôle. Rassure-toi, il n'a jamais réussi, mais il était quand même dans ta tête et bloquait toute possibilité de faire des magies de l'esprit. Et puis, même si tu avais pratiqué des heures, ta connexion avec Voldemort était tellement forte qu'il aurait été impossible de la couper totalement. Et il faut dire que l'occlumancie reste une matière difficile à apprendre, ajouta Stefan.
– Oh, c'est une super nouvelle, sourit Sirius. Est-ce que quelqu'un peut lui apprendre ici ? On connaît quelqu'un en Angleterre, mais je ne sais pas si...
– Je pourrais lui apprendre, dit finalement Stefan après une courte hésitation. Je suis un spécialiste. C'est essentiel quand on travaille avec des secrets, je suppose que tu sais pratiquer, Sirius ?
– Évidemment, mais je serai bien incapable de le faire apprendre, dit Sirius en haussant ses épaules.
– Super, encore plus de travail, grommela Harry sans pouvoir masquer son sourire rassuré à l'idée de savoir que ce n'était pas de sa faute s'il n'avait pas réussi ses cours. Sinon, je vais pouvoir me lever quand ?
– Dès que Mihai sera passé pour te faire un contrôle. Mais je peux déjà te dire que tout va bien chez toi. J'ai fait tous les tests de Magie Noire que je connaissais et tu n'as plus rien en toi. Tu es parfaitement sain, donc ça veut dire qu'on peut commencer l'entraînement d'occlumancie dès demain. Rendez-vous à six heures, lâcha Stefan en sortant de la salle, un sourire sournois aux lèvres.
– Je le déteste, murmura Harry à Sirius.
– C'est normal, c'est un imbécile.
– J'ai entendu ! hurla Stefan au bout du couloir, faisant éclater de rire Harry et Sirius.
.
– Lance un marshmallow !
Stefan lança le bonbon à Sirius qui l'attrapa aisément avant de l'accrocher à une petite broche pour le faire fondre sur le feu de camp. Ils avaient pris l'habitude de se trouver dehors, autour d'un feu, chaque soir. Stefan adorait raconter ses aventures et Harry était impressionné par tout ce qu'il avait affronté. Son parrain trouvait ça encore plus fantastique et l'avait supplié de rester jusqu'à leur départ de Roumanie pour en apprendre plus sur son travail, ce que Stefan avait accepté avec plaisir.
– C'est vraiment très bon, admit Stefan du bout des lèvres. Je ne pensais pas que les moldus avaient des inventions aussi étonnantes.
– Et encore, tu n'as rien vu, s'amusa Sirius.
Harry regarda son parrain en souriant légèrement. C'était Sirius qui avait insisté pour qu'ils se regroupent ce soir autour du feu, avec une poche remplie de marshmallow qu'il était allée acheter dans une supérette moldue. Stefan avait été plus que dubitatif à l'idée d'y goûter, avant d'admettre que les moldus pouvaient être ingénieux.
– Encore un convaincu du monde moldu, rit Harry.
Harry avait été étonné en apprenant que Rufus tentait démocratiser les Miroirs à Double Face, mais il trouvait ça fantastique. Les téléphones moldus étaient tellement pratiques et il s'était toujours demandé pourquoi les sorciers n'avaient pas fait de recherches à ce sujet, avant de se rappeler que le monde sorcier restait très replié sur lui-même. Il trouvait ça dommage que les deux mondes ne communiquent pas plus. Les sorciers avaient tendance à croire que les moldus étaient archaïques, alors qu'ils étaient plus avancés qu'eux sur certains poins.
– C'est la mère de Harry qui m'a montré tout ça, expliqua Sirius. Je crois que j'étais plus réceptif au monde moldu que James.
– Tu voulais aussi faire ça pour énerver tes parents, non ? ironisa Harry.
– Il y a de ça. Mais ta mère avait surtout le don de passionner n'importe qui quand elle parlait.
Harry posa une main sur son collier qui ne le quittait plus, bien caché sous ses vêtements, songeant que ses parents n'étaient pas loin. Depuis que Stefan avait révélé la présence du collier, Harry avait l'impression qu'il faisait entièrement partie de lui. La pierre contre sa peau diffusait toujours une douce chaleur enveloppante et il n'était pas rare qu'il pose une main dessus en pensant à ses parents.
– Je n'arrive pas à croire que tu puisses la toucher, souffla Stefan en le voyant faire.
Mihai aussi écarquillait ses yeux à chaque fois qu'il la touchait, comme s'il n'en revenait toujours pas. Harry avait vite compris que la pierre était vraiment vivante et ne laissait pas n'importe qui la toucher. Stefan s'y était risqué, en pensant qu'il s'agissait d'une fausse, et avait reçu une telle décharge dans le doigt qu'il avait eu une marque rouge pendant plusieurs heures.
– Mais attends, dit Sirius en fronçant ses sourcils, je viens de penser à quelque chose.
– Tous aux abris, ironisa Stefan.
– Lily portait toujours le collier, donc comment elle faisait avec James ? Vous savez, pour se faire des câlins ?
Harry rougit légèrement, n'ayant pas envie d'avoir de telles images dans la tête.
– Juste pour des câlins, ricana Sirius en voyant son filleul se faire tout petit. Ils ont toujours été proches, physiquement. James était toujours près d'elle et jamais il ne m'a parlé du collier. Je ne suis même pas sûr qu'il savait que c'était une pierre magique.
– Je ne sais pas, admit Stefan en haussant ses épaules. Il y a si peu de personnes qui portent ces pierres...
– Je pense que ça à avoir avec la Magie, intervint Mihai.
– Toujours la Magie, grimaça Sirius en levant ses yeux au ciel.
– Et oui, désolé d'insister sur la Magie. Selon moi, soit Lily ôtait le collier, ce qui me paraît improbable, soit la pierre disparaissait comme celle de Harry. Elle devait sentir que James n'était pas une menace, proposa Mihai. Je ne sais pas si elle faisait ça avec tout le monde ou uniquement avec James parce qu'il était reconnu par la pierre comme quelqu'un d'important pour Lily.
– Mmmh, un genre d'âme-sœur ? dit Sirius en fronçant ses sourcils.
– Peut-être. Tu ne pouvais pas toucher la pierre et je doute que James le puisse, la seule chose que je vois c'est que la pierre disparaisse ou qu'elle se calme pour James.
– Il faut attendre que Harry sorte avec une fille pour savoir, dit Sirius avec un petit sourire en coin qui fit soupirer Harry.
– Arrête.
– Tu rigoles ? Ça fait des mois que j'attends de pouvoir t'embêter avec ça, rit Sirius.
Stefan et Mihai se regardèrent, amusés, en voyant Harry rougir de gêne.
– Je vous tiendrai au courant, assura Sirius. Quand Harry sortira avec son âme-sœur.
– Par Merlin je vais te tuer, murmura froidement Harry ce qui n'eut que pour effet de redoubler les rires autour de lui.
Sirius lui lança un clin d'œil amusé avant de changer de sujet, voyant que ça le mettait mal à l'aise.
– Tu sais, tu pourrais faire l'objet d'une étude ici, dit Mihai, pour la pierre.
– Je crois que j'ai assez fait l'objet d'études pour le reste de ma vie, grommela Harry.
– Je me doute qu'en ce moment, ça ne t'intéresse pas. Mais si tu as questions plus tard, tu pourras toujours venir en Roumanie pour la faire examiner. Cela pourrait répondre à d'éventuelles questions.
– J'y réfléchirai, dit Harry en songeant qu'il ne voulait plus faire l'objet d'examens de toute sa vie.
Cela faisait plusieurs jours que l'Horcruxe avait été retiré et il ne s'était jamais senti aussi bien. Il avait un planning très rempli, mais ça lui allait très bien, l'empêchant de penser à trop de choses difficiles.
Tous les matins, il prenait un cours d'occlumancie avec Stefan, à six heures, qui se passait beaucoup mieux qu'avec Remus. S'il n'était pas encore un expert, il pouvait dire qu'il maîtrisait les bases.
Après son cours, il faisait du sport avec Sirius, ayant vite découvert que le CMD disposait de plusieurs complexes. Ils avaient surtout fait du tennis et des footings dans la forêt, mais Harry avait louché sur le terrain de basket et il avait réussi à réunir assez de pensionnaires pour organiser un tournoi, à son plus grand plaisir. Il ne s'était pas spécialement lié avec les autres malades, mais il appréciait parler à certains, bien que la communication soit compliquée, ne parlant pas la même langue.
Après leur sport, Harry passait toute la matinée avec Irina, sa psychomage. Les séances étaient difficiles, dures et il n'était pas rare que Harry pleure pendant des heures. Irina était tout simplement géniale et Harry s'était demandé comment il avait fait avant de la connaître. C'était une femme à la peau sombre et aux cheveux coupés très courts, qui avait un sourire franc et un nez de travers qui lui donnait un certain charme. Elle était à l'écoute et très rassurante.
Harry se souvenait avoir été terrifié avant sa première séance, craignant qu'elle ne fasse que l'écouter et qu'un blanc ne s'installe entre eux. Pourtant, ça ne s'était pas passé comme ça. Irina était souvent celle qui initiait la conversation, lui parlant de choses et d'autres, avant d'aller dans le vif du sujet. Elle lui posait des questions, tournait autour des sujets sensibles, le poussait dans ses retranchements. C'était une vraie discussion et Harry adorait ça.
Au départ, il n'avait pas voulu parler et c'était elle qui avait eu l'idée de l'emmener en randonnée pendant deux jours. Il avait beaucoup appris sur lui-même, adorant l'effort physique et le côté méditatif. Il avait tenu des heures sans parler avant que la vision d'un aigle protégeant ses bébés ne le fasse s'effondrer dans les bras d'Irina et qu'il lui dise tout ce qu'il avait sur le cœur. Jamais il ne s'était senti aussi libre de pouvoir parler à quelqu'un. Savoir qu'il pouvait tout dire, sans peur d'être jugé ou d'inquiéter l'autre, était quelque chose qui l'avait beaucoup libéré. Après ça, Harry s'était beaucoup confié et il sentait que ça l'aidait beaucoup, les cauchemars s'atténuant peu à peu.
– Quand est-ce que tu m'invites en Angleterre ? demanda Stefan en se tournant vers Sirius. J'ai hâte de découvrir la bibliothèque des Black.
– Il y a aussi ma mère, ricana Sirius. Mais viens quand tu veux, tu pourras même y dormir. Voyage gratuit dans la maison de l'horreur.
– C'est quand même beaucoup mieux depuis les rénovations de Kreattur, indiqua Harry d'une voix rassurante. Et ta mère est géniale, je suis sûre qu'elle serait fan de Stefan.
Harry massa son poignet douloureux. Tous les après-midis, il suivait un cours de magie avec Sirius qui commençait à le faire souffrir, à cause de son surplus de Magie.
Sirius et lui avaient rapidement compris que Stefan n'avait pas menti. La Magie de Harry était à la fois plus puissante et plus incontrôlable. Harry n'avait pas compté le nombre de fois où il avait envoyé son parrain contre un mur, sous l'effet d'un sort qu'il n'avait pas maîtrisé. Le début avait été vraiment difficile, tant il se sentait surmené et coupable.
Il n'était pas rare qu'il ressorte des entraînements épuisé et que sa Magie ne lui picote désagréablement le bout des doigts. Pourtant, il ne s'en plaignait pas. Il préférait devoir gérer sa Magie qu'avoir un Horcruxe qui la limitait.
S'il avait encore du mal à gérer sa puissance, il sentait que sa Magie se calmait. Il lui avait fallu une bonne semaine pour qu'il sente sa Magie se remettre en place. S'il n'était pas rare qu'il la sente essayer de sortir pour le protéger, elle se calmait peu à peu et Stefan avait été très encourageant en lui disant qu'à la fin de l'été il aurait une maîtrise parfaite.
Harry était surtout heureux de sentir aussi bien. Il sentait que sa Magie coulait en lui, que lancer des sorts était beaucoup plus simple, s'étant rendu compte des efforts qu'il avait dû produire avant d'être soigné. Il s'était enfin rendu compte qu'il avait été bloqué énormément de par sa condition physique et par la présence de l'Horcruxe.
Sirius était aussi très content de ses progrès, mais surtout de passer du temps avec lui. Ils n'avaient jamais été aussi proches. Harry avait du mal à laisser son parrain et il sentait qu'il en était de même pour lui. Ils avaient besoin d'être toujours ensemble, de se voir, de discuter et de rire. Il avait l'impression que son parrain aussi était heureux, plus détendu, comme si le poids qu'il avait semblé porté sur ses épaules depuis le début des vacances s'était enfin enlevé.
Après leur entraînement, ils se rendaient tous les deux dans le bureau de Mihai pour leur rendez-vous quotidien et Harry était content de voir qu'il allait de mieux en mieux. Mihai était optimiste et leur avait promis qu'ils pourraient partir d'ici à une semaine, ce qui enchantait Harry. Il adorait Mihai et aimait beaucoup entendre les histoires de Stefan, mais il avait aussi envie de profiter de ses vacances. Il ne voulait pas les passer dans un Centre Médical.
– Mais en fait, vous avez des cours de Magie Noire en Roumanie ? demanda Harry à Mihai en voyant Stefan discuter avec son parrain des différents sorts qu'il avait pu utiliser dans sa vie.
– Oh oui, c'est une matière très importante ici. C'est une matière passionnante. Je pense que, si ça t'intéresse, Sirius pourrait te montrer des livres.
– Mais c'est mauvais la Magie Noire, non ?
– Pas vraiment. Déjà, il faut savoir que ce qu'on apprend ce n'est pas la pratiquer, mais la reconnaître, ce qui est essentiel pour pouvoir la combattre. Après, elle a une connotation négative et est souvent utilisée à mauvais escient, mais elle peut aussi être utilisée pour faire le bien. Comme la Magie dite Blanche peut être utilisée d'une manière noire.
– Je ne comprends pas trop, admit Harry.
– Comment t'expliquer... Si tu lances un Wingardium Leviosa, tu le définis comme un sort de Magie Blanche, non ?
– Euh... oui.
– Mais si je fais léviter une grosse pierre sur toi, tu peux mourir. On peut tuer avec de la Magie Blanche alors qu'on peut protéger avec de la Magie Noire.
– Donc il n'existe pas vraiment de Magie Blanche ou Noire ? comprit Harry. C'est simplement l'usage qu'on en fait.
– C'est exact ! sourit Mihai. C'est simplement qu'en Angleterre vous avez une vision très binaire des choses, le bien et le mal. Mais il y a aussi une zone grise. La Magie est un tout.
– Mais les sorciers qui l'utilisent, insista Harry, ce sont des mauvais sorciers, non ?
– Pas vraiment, intervint Sirius qui avait écouté leur discussion. Il n'existe pas techniquement de bons ou de mauvais sorciers. On peut tendre vers l'un ou l'autre, mais chacun de nous a une part de lumière et de noirceur. Il faut juste choisir celle qu'on veut montrer. Bon, peut-être que Voldemort est vraiment très noir, mais généralement on peut tous choisir d'être blanc ou noir.
– Sans aucun doute, confirma Stefan. Regarde-moi, tu me considères comme un mauvais sorcier ?
– Pas du tout ! dit Harry en rougissant, un peu inquiet à l'idée de l'avoir vexé.
– Pourtant, j'ai déjà utilisé de la Magie Noire pour mon travail. Parfois, la Magie Noire est la seule chose qui peut être utilisée pour combattre une autre Magie Noire. Après, il faut différencier la Magie très noire comme les Horcruxes, d'une Magie Noire plus douce dira-t-on.
– Mmmh, fit Harry en haussant un sourcil ne voyant pas quelle Magie Noire pouvait être douce.
– La Magie est une question de choix et d'émotions. C'est ce qui est compliqué à gérer, admit Sirius. Pour lancer un sort de Magie Noire il faut ressentir une émotion très forte. Par exemple pour tuer quelqu'un, il faut vraiment le vouloir. Pour créer un Horcruxe aussi. C'est ce qui la distingue de la Magie Blanche. Mais en fait, tu peux aussi avoir une émotion positive comme l'amour.
– La Magie Noire est souvent utilisée par jalousie, haine, peur. Mais il y a des sentiments positifs qui peuvent être utilisés comme l'amour, la protection, l'amitié. Tout est une question de dosage, dit Stefan.
– Ma mère...
– Oui, ta mère, confirma Mihai en voyant où il voulait en venir. Elle a utilisé son sang pour te protéger et son amour, ce qui en fait techniquement de la Magie Noire. Dès qu'on utilise du sang c'est de la Magie Noire, parce que le sang est un concentré magique d'émotions et de Magie pure.
– Lily a souvent utilisé des sorts de Magie Noire dans ses recherches, et moi aussi je l'ai fait, dit Sirius. C'est essentiel de la connaître, pour savoir la combattre. Malheureusement tu n'apprends pas ça à Poudlard.
– Mais c'est quoi cette histoire de dosage ? s'enquit Harry.
– Oh. La principale difficulté avec la Magie Noire c'est que, comme on utilise des émotions, on peut facilement être submergé. Il est très difficile de la maîtriser et de n'éprouver que des sentiments positifs. Nous sommes tous humains... enfin, certains moins que d'autres, ajouta Stefan en regardant Sirius qui se transforma rapidement en Patmol en aboyant. Donc on peut facilement se laisser emporter par la haine et la peur. C'est pour cela qu'elle doit être très contrôlée et que peu de sorciers la maîtrisent vraiment, on peut facilement passer dans le côté obscur.
– Je vois, dit Harry les yeux écarquillés en comprenant que la vision binaire qu'il avait eue n'était pas très juste.
– Bien sûr je ne te conseille pas de t'entraîner en Magie Noire, dit Stefan. C'est une étude très complexe. Et même si on peut l'utiliser pour le bien, la majorité des sorciers l'utilisent pour faire le mal.
– Ta mère était très douée en Magie Noire, dit Sirius.
– Toi aussi tu devais bien gérer, non ? demanda Stefan très intéressé.
– En effet, j'étais le meilleur, dit Sirius avec vantardise. C'est pour ça que j'ai été recruté par le Ministère. En fait, je contrôlais plutôt bien mes émotions et je n'ai jamais eu envie de l'utiliser pour mon propre besoin, donc je pense que ça devait aider. Et j'ai baigné dedans depuis tout petit, pour moi c'était presque normal.
– Et mon père ? demanda avidement Harry.
– Ton père était incapable de lancer un sort de Magie Noire, même s'il l'avait voulu, ricana Sirius comme s'il se souvenait d'un souvenir particulièrement drôle. Il était trop blanc pour ça, on va dire. Il faut quand même une part sombre pour en lancer, je pense, non ?
– C'est sûr, admit Stefan.
– Ton père a eu une vie fantastique, un petit garçon adorable, il aimait la vie et il n'avait aucune envie d'aller vers ce genre de magie. Lily... ta mère... elle avait de fortes émotions, elle pouvait perdre le contrôle de sa Magie... Elle était surtout curieuse, un peu comme toi en fait. Et personne n'aurait pu l'empêcher d'essayer, elle était trop têtue pour ça, ricana Sirius.
Harry sourit légèrement. Il adorait quand Sirius lui parlait de sa mère, mais aussi de ses failles. Elle semblait être une personne parfaite, mais pourtant, elle était aussi capable que lui de perdre le contrôle et n'avait pas hésité à aller du côté de la Magie Noire pour protéger les siens.
– J'aurai aimé la rencontrer, dit Stefan.
– Tu l'aurais adoré, assura Sirius. C'est la seule que je connaissais qui pouvait lancer des sorts comme ça, sans ciller.
– C'est pour ça que vous vous entendiez bien, indiqua Mihai. Vous étiez très semblables en fait.
– Au début, je pensais comme tout le monde que c'était une fille parfaite, qui ne brisait jamais le règlement. Et quand j'ai appris à la connaître, j'ai compris qui elle était vraiment. Elle avait ses défauts et un caractère affreux, mais elle ressentait pleinement la Magie. C'était une sorcière étonnante. Elle fonctionnait énormément aux émotions, aux sensations. James était beaucoup plus franc alors que Lily, elle cachait bien son jeu, rit Sirius. Je me souviens la première fois où elle a inventé un sort à la limite de la Magie Noire, ça ne l'a même pas choqué, alors que James était horrifié, un peu comme toi Harry.
– Peu de personnes comprennent vraiment que la Magie Noire peut être positive.
– Oui, James a mis du temps avant d'accepter que je l'entraîne dans mes aventures, admit Sirius. Il me faisait confiance, mais il avait peur pour elle. Alors qu'entre nous deux c'était Lily qui gérait plus que moi.
– Vous fonctionniez ensemble, si je me souviens bien, dit Mihai. Tu apportais les connaissances et Lily lançait les sorts.
Sirius avait les yeux dans le vague et Harry sut qu'il repensait aux moments vécus avec ses parents.
Harry s'apprêtait à poser une question sur le travail de Stefan et comment il faisait pour utiliser la Magie noire, quand il entendit une voix.
« Faim. J'ai faim. »
Harry sursauta brusquement, faisant tomber son marshmallow sur le sol sans même s'en inquiéter, regardant autour de lui pour trouver l'origine de la voix. Il était sûr que ce n'était pas une voix qu'il connaissait. Ils étaient au bord de la forêt du CMD et personne ne venait jamais par ici.
– Harry ? s'enquit Sirius en le voyant agir comme ça.
– Vous avez entendu cette voix ?
– Une voix ? Quelle voix ? demanda doucement Mihai.
Harry vit cependant que Stefan et Sirius s'étaient levés et avaient sorti leurs baguettes, aux aguets, prêts à se battre contre quiconque viendrait par ici.
« Manger. J'ai sssi faim. Ccchaleur. »
– Là ! Encore ! Non ? Vous n'entendez rien ? s'étonna Harry en voyant les adultes se regarder, interloqués.
« Oh, des humains. Moi manger les humains. »
C'est au moment où un serpent arriva près d'eux que Harry percuta. C'était un petit serpent tout rouge qui sifflait et ondulait en leur direction. Harry se détendit immédiatement, en comprenant que c'était lui qu'il avait entendu et pas quelqu'un qui cherchait à les attaquer.
« Tu as faim ? » demanda Harry en attrapant un bout de viande qui restait dans le plat.
« Un Parleur ! » s'exclama le serpent en le fixant de ses yeux jaunes.
« Oui, je sssuis un Parleur » répondit Harry en sentant son sang se glacer à l'idée que l'Horcruxe soit toujours en lui. « Tu manges de la viande ? »
« Oui. Merccci mon ami. »
Le serpent disparut presque aussi vite qu'il était venu après avoir attrapé le bout de viande.
– Nom d'un hippogriffe ! cria Sirius qui fixait Harry avec des yeux ronds comme des gallions.
– C'est la chose la plus terrifiante que j'ai entendue de ma vie, souffla Mihai tout aussi stupéfait.
Stefan étudiait Harry avec un regard presque professionnel et intrigué.
– Tu viens de parler au serpent ? demanda Sirius.
– Il faut croire, dit Harry en haussant ses épaules un peu mal à l'aise. Il avait faim.
– Tu as gardé ton don de Fourchelang, c'est inattendu, indiqua Stefan avec intérêt.
– Est-ce que ça veut dire que... commença Harry avant de sentir sa voix faiblir.
– Pas du tout ! assura Stefan avec tellement de certitude que cela rassura Harry. J'ai fait tous les tests possibles et l'Horcruxe n'est plus là.
– Mais alors pourquoi je parle toujours Fourchelang ?
– Je pense que, comme tu as passé treize ans avec l'Horcruxe, ce don est simplement devenu le tien. Je sais que certains peuvent comprendre le Fourchelang même sans avoir le don, donc je pense que c'est un peu comme une langue étrangère. Ce don t'a permis d'acquérir les bases, même inconsciemment et une fois que tu maîtrises tu ne peux pas oublier.
– Mais si je parle Fouchelang alors... commença Harry en se triturant les mains
– Repense à notre conversation sur la Magie Noire, dit Stefan en comprenant où il venait en venir. Le fait de parler Fourchelang ne fait pas de toi un mage noir, tant que tu ne l'utilises pas pour faire du mal. Ok ?
– Oui, d'accord.
– Tu vas parfaitement bien.
Harry fixa Stefan un long moment, avant de soupirer de soulagement. La possibilité qu'il reste une partie de Voldemort en lui le terrifiait, mais il devait avouer que parler aux serpents n'était pas la pire chose du monde. Si Stefan lui disait qu'il allait bien, il pouvait le croire.
– Allez, viens manger, dit Sirius qui semblait s'être remis de sa surprise, sauf si tu veux discuter avec tes nouveaux amis les serpents ?
– Non merci, rit Harry.
.
Harry entendit Irina arriver avant même de la voir. Il avait pourtant réussi à trouver un endroit à l'abri des regards, entre deux arbres de la forêt, là où personne ne pouvait le trouver. Mais il avait oublié que Irina était pratiquement née dans ce Centre et connaissait toutes les cachettes comme sa poche.
– Comment vas-tu, Harry ? s'enquit Irina avec douceur.
Harry haussa simplement ses épaules, sans répondre.
– Je sais que c'est un choc pour toi.
– Ce n'est pas pire que d'habitude, dit Harry l'air défait. Je veux dire, est-ce qu'il a encore des mauvaises nouvelles à m'annoncer ?
– Non, je pense que Sirius t'a dit tout ce qu'il savait pour le moment.
– Il a attendu des mois pour me parler de ça ! siffla Harry, agacé. Il le sait depuis qu'il a lu le testament. On a parlé ce soir-là. Il le savait et il ne m'a rien dit !
– Et qu'est-ce que ça aurait changé de le savoir ? demanda Irina en continuant de le fixer.
Ce que Harry aimait par-dessous tout chez Irina, c'est qu'elle n'avait pas besoin de prendre de notes. Elle se contentait de lui parler dans n'importe quel lieu, sans aucun rituel précis. Elle s'était assise sur l'herbe mouillée sans ciller et l'écoutait avec attention. Harry était à côté d'elle et gardait son visage droit, regardant le CMD de loin, des sillons de larmes présents sur ses joues.
– Je ne sais pas, mais... ils sont morts à cause de moi.
Irina posa une main sur son épaule et Harry frémit à ce contact, peu habitué.
– Ils ne sont pas morts à cause de toi !
– Bien sûr que si. Sans la prophétie jamais...
– Harry, tes parents étaient déjà des cibles pour Voldemort, dit Irina.
Harry la regarda en haussant un sourcil, visiblement peu convaincu. Il avait toujours du mal à voir que les roumains n'avaient aucune peur à prononcer le nom de Voldemort.
– Ta mère était une née-moldue et ton père s'est clairement opposé à lui dès le début. Prophétie ou non, ils auraient été des cibles. C'est Voldemort qui a choisi d'y croire.
Harry avait l'impression qu'un étau l'enserrait. Depuis que Sirius lui avait annoncé le contenu de la prophétie, il se sentait très mal. Il se souvenait que sa mère lui avait dit que ce n'était pas de sa faute s'ils étaient morts, mais il ne pouvait s'empêcher d'y penser. Ses parents étaient morts à cause de lui. À cause d'une stupide prophétie !
– On est sûr qu'il s'agit de moi ?
– Malheureusement, oui, répondit Irina. Je n'ai pas tout compris, mais Sirius m'a expliqué qu'en essayant de te tuer quand tu étais bébé, Voldemort avait donné corps à la prophétie, ce qui fait que c'est toi qui est concerné.
– Mmmh.
– Je pense que tu ne peux pas en vouloir à Sirius de vouloir te protéger.
– Il m'avait promis de ne rien me cacher, dit piteusement Harry en sentant son ventre se contracter de déception.
– Harry... soupira Irina. Sirius t'aime. Il tient à toi et tu ne peux pas lui en vouloir. Tu es un enfant, quoi que tu penses.
– J'ai affronté bien plus que...
– Je le sais. Nous le savons tous. Et c'est justement pour ça que Sirius veut t'épargner. Il veut que tu restes un enfant et toutes ces histoires de prophétie, d'Horcruxe et de Voldemort c'est beaucoup trop pour toi. Il te l'a dit parce qu'il ne voulait rien te cacher, justement.
– C'est un peu tard, rétorqua-t-il hargneusement.
– Tu le penses vraiment ? Comment aurais-tu réagi si tu avais connu la prophétie et que tu avais toujours eu l'Horcruxe en toi ? Tu n'es pas un super-sorcier Harry, tu es un humain et tu as des sentiments. Tu aurais pu t'effondrer, ta magie aurait pu exploser... on ne sait pas, mais je pense que ne rien te dire n'était pas pour te mettre à l'écart, mais pour te protéger.
Harry se renfrogna en repensant à sa réaction. Harry devait avouer qu'il avait très mal réagi. Il savait que son parrain avait été blessé, mais il n'avait pas pu s'empêcher d'être en colère à l'idée d'être encore mis à l'écart.
– Dis-moi plutôt ce qui ne va pas.
Harry regarda Irina en fronçant ses sourcils.
– Ce n'est pas le fait qu'il t'ait caché ça qui te pose problème, je me trompe ?
Harry tourna sa tête vers la maison en rougissant. Il savait qu'il avait suréagit et que ce n'était pas seulement l'annonce de la prophétie qui le rendait malade, qui lui donnait envie de vomir. Sans savoir pourquoi, il était plutôt soulagé de savoir enfin pourquoi Voldemort les avait traqués, lui et ses parents. Ça ne rendait pas l'annonce plus simple à gérer, mais ce n'était pas ça qui le mettait dans un état de sidération et de colère sans nom.
– Si c'est par rapport au fait que « aucun ne peut vivre tant que l'autre survit », tu sais bien que les prophéties peuvent être interprétées de multiples façons.
– C'est-à-dire ? fit Harry en fronçant ses sourcils.
– La Divination n'est pas une matière fixe. Elle évolue, elle change en fonction des comportements et des situations. Et puis, on peut l'interpréter de plein de manières différentes. Il est possible que la prophétie se soit déjà réalisée. Après tout, tu as détruit un morceau d'âme de Voldemort, ce qui signifie que tu l'as déjà tué.
– Je suis déjà un meurtrier de toute façon, grommela Harry.
– On a déjà parlé de ça, non ? dit Irina avec inquiétude. Tu sais bien que ce n'est pas de ta faute si Quirrell est mort. C'était de la légitime défense et tu n'as rien fait pour le tuer, c'est juste arrivé.
– Mmmh, sans doute.
– Oui, sans doute. Harry, tu n'es pas un tueur et tu ne vas pas le devenir à cause d'une prophétie. Tu ne m'avais pas dit que cette Tralwoni était folle ?
– Trelawney... corrigea Harry en étirant son visage en un sourire amusé. Si, c'est vrai qu'elle est folle.
– Alors ne va pas croire que tu vas devenir un meurtrier juste parce qu'elle l'a prédit.
– Mais Voldemort, il croit à la prophétie, donc il va chercher à me tuer.
– Tu sais, si Voldemort revient, je pense qu'il cherchera à tuer tout le monde, dit Irina en riant légèrement. Il ne m'a pas l'air d'être une personne très équilibrée. Il aurait grand besoin d'un psychomage à ses côtés, si tu veux mon avis. Et puis, Sirius t'entraîne au cas-où.
– Il ne veut pas que je me batte, grommela Harry.
– Tu veux te battre ?
– Il a tué mes parents, il a essayé de me tuer. Je ne peux pas juste...
– C'est exactement pour cela qu'il ne t'a pas parlé de la prophétie, assura Irina. Tu es un enfant, Harry. Si tu dois te battre parce que tu es attaqué, alors oui. Mais personne ne veut que tu sois en première ligne. Ce n'est pas à toi de t'occuper de Voldemort, mais aux adultes, à Sirius, aux membres du Ministère. Tu dois profiter de ton enfance. Tu as lu la lettre de ta mère, non ? Qu'est-ce qu'elle a dit déjà ?
Harry leva ses yeux au ciel.
– Que je ne devais pas me battre, sauf si je suis majeur et que je le veux vraiment.
– Mais ça ne te convient pas ?
– Je trouve ça juste difficile de laisser des personnes risquer leur vie pour moi, grommela Harry en arrachant des brins d'herbe.
– C'est ça ! dit Irina en le regardant. C'est ça, n'est-ce pas ? Ce n'est pas le fait que tu sois soi-disant destiné à combattre Voldemort qui t'inquiète. C'est le fait que Sirius prenne des risques et que, s'il lui arrivait quelque chose, tu te sentirais coupable.
Harry hocha sa tête en se demandant comment elle arrivait à aussi bien lire en lui alors qu'ils ne se connaissaient que depuis deux semaines.
– Harry, tu pourras en parler avec Sirius, mais il ne risque pas sa vie pour toi. Lui aussi a perdu beaucoup pendant la première guerre. Il te protège, c'est évident, mais il protège aussi les autres et lui-même. Il ne veut pas que Voldemort revienne parce qu'il sait que personne ne sera en sécurité.
– Mais je dois l'aider. Si je suis le seul à...
– On ne va pas revenir là-dessus, coupa Irina. Tu n'es pas destiné à devenir un meurtrier, tu veux que je te le fasse écrire ?
– Non, rougit Harry.
– Sirius est un grand garçon. Il sait se battre, ils ont un plan. Oui, c'est dangereux, mais Sirius est assez intelligent pour savoir se protéger. Il va très bien.
– J'ai peur qu'il m'abandonne, lâcha Harry.
– Bien sûr que tu as peur, dit Irina d'une voix plus douce. Tu as été abandonné toute ta vie par les adultes, tu n'as pas encore entièrement confiance en lui, ce qui est normal. Mais ça viendra peu à peu.
– Je déteste ressentir ça.
– Je peux le comprendre, mais c'est aussi ça qui montre que tu tiens à lui.
– En fait, dit Harry un peu hésitant. Quand je me suis éloigné de lui... Ce n'est pas parce que j'avais peur qu'il s'attache trop à moi si je mourrai... C'était l'inverse.
– Tout à fait, dit Irina en souriant victorieusement. Harry, tu as peur de t'attacher trop à Sirius parce que tu as peur qu'il disparaisse de ta vie. C'est normal que tu ressentes ça et il te faudra du temps pour te rendre compte qu'il ne va pas t'abandonner. Il est là pour toi.
– Mais s'il lui arrive quelque chose ou si je l'énerve ? Je lui ai dit des choses horribles tout à l'heure... Et s'il ne veut plus avoir ma garde ?
– Harry, tous les parents et enfants se fâchent à des moments. Ça ne veut pas dire qu'ils ne s'aiment plus. Tu penses que tu n'aimerais plus ton parrain s'il se disputait avec toi ?
– Non, bien sûr que non ! affirma Harry. Mais Sirius il est...
– Sirius est comme toi. Il a tout aussi peur de te perdre. Alors, oui, vous allez vous disputer, mais ce n'est pour ça qu'il va te laisser tomber.
Harry haussa ses épaules un peu perdu. Il aimait tellement son parrain. Il avait été celui qui lui avait donné une maison, une famille. Et s'il perdait tout à cause de sa stupidité ? S'il perdait tout parce que Sirius affrontait Voldemort pour lui ? Harry avait à la fois peur de le perdre à cause de Voldemort, mais aussi peur que Sirius ne s'éloigne de lui, en se rendant compte qu'il ne valait pas le coup, qu'il ne ressemblait pas son père.
– Seul le temps pourra te permettre de te sentir en sécurité, dit Irina en le voyant enrouler ses bras autour de ses jambes.
– Dumbledore connaissait la prophétie, n'est-ce pas ? demanda finalement Harry en changeant de sujet.
– Oui.
– Est-ce que... est-ce qu'il pense que je dois tuer Voldemort ?
– C'est ce que tes parents pensaient, répondit Irina. Je n'ai pas lu leur lettre, mais ton parrain m'a dit que qu'ils craignaient que Dumbledore ne la prenne au mot.
– Est-ce que c'est pour ça qu'il m'a fait affronter Voldemort en première année ? Qu'il m'a laissé chez les Dursley sans s'inquiéter ? Pour être sûr que je puisse l'affronter ?
– Je ne sais pas, Harry, dit simplement Irina en fronçant ses sourcils. Si tu veux des réponses, il faudra lui demander.
– Non, merci, frissonna-t-il. Je ne suis pas obligé, n'est-ce pas ?
– Bien sûr que non. Tu as tout à fait le droit de refuser ses explications. Ce choix te revient personnellement.
– Il ne veut pas que Sirius ait ma garde parce qu'il veut me garder sous son contrôle, non ? Parce qu'il sait que Sirius n'acceptera jamais que je me batte.
– Je ne sais pas Harry.
Mais Harry en était persuadé. Dumbledore pensait qu'il était destiné à tuer Voldemort et, pour cela, il fallait que Harry accepte de se battre. Dumbledore était assez intelligent pour savoir que Sirius, qui était ami avec ses parents, refuserait que Harry soit mêlé à tout ça.
Harry devait avouer qu'avoir Sirius derrière lui, qui lui avait interdit de se battre, avait quelque chose de réconfortant. Savoir que ses parents n'auraient pas voulu qu'il s'implique le rassurait aussi. Même s'il se sentait coupable à l'idée de ne pas pouvoir aider, il devait avouer qu'avoir quelqu'un qui se batte pour lui lui procurait un grand soulagement.
– Je lui en veux tellement, murmura Harry. Est-ce qu'il savait pour mes problèmes de santé ?
– Harry, je ne peux évidemment pas parler pour Dumbledore, mais il est plutôt évident que tu avais des problèmes de santé. Tu étais vraiment maigre et il aurait dû vérifier, c'est son travail de directeur de s'assurer que ses élèves soient en bonne santé. Bien sûr, il n'y a pas que lui qui est responsable. Tes autres professeurs auraient dû s'en rendre compte également.
– Je suis un peu perdu... Je ne sais pas ce que je ressens trop par rapport à ça. Je lui en veux, mais en même temps... je ne sais pas trop, en fait.
– Tu as tout à fait le droit d'être confus.
Harry repensa à la façon dont Sirius brûlait les lettres qui provenaient de Dumbledore, à la façon dont il prononçait son nom avec haine. Il avait vu son parrain se battre pour le protéger, pour s'assurer qu'il soit en bonne santé, heureux. Il se battait pour Voldemort parce qu'il savait qu'il allait venir le tuer. C'était à la fois terrifiant et absolument rassurant de savoir qu'il y avait quelqu'un derrière lui, prêt à tout;
Sirius lui avait montré qu'il était digne de confiance et qu'il l'aimait vraiment. Sirius ne cherchait pas à le manipuler ou à le faire devenir un meurtrier. Non, Sirius cherchait simplement à ce qu'il ait une enfance normale, chose que Harry n'avait jamais eue jusqu'à présent.
– Je dois voir Sirius, dit Harry en se levant brusquement. Je peux ?
– Il est sur le terrain de tennis, informa Irina.
– Merci, Irina.
Harry fila vers le terrain de tennis. Il devait s'excuser et s'assurer que Sirius sache qu'il était désolé pour ce qu'il lui avait dit. Il avait encore peur... il avait peur d'avoir mal, d'être seul, de lui faire confiance, que Sirius disparaisse un jour et l'abandonne. Mais il était sûr qu'il aimait Sirius et il devait s'assurer que son parrain ne l'abandonne pas à cause de son mauvais caractère.
.
– Waouh ! s'exclama Harry, les yeux écarquillés, en pénétrant dans le Passage Enchanté.
L'entrée vers le Passage Enchanté se faisait par une épicerie roumaine que les moldus ne pouvaient pas voir. Au fond de la boutique, il fallait taper avec sa baguette sur un chandelier, trois fois, avant de traverser le mur, comme sur la plateforme 9 3/4.
– Bienvenue ! dit Sirius en souriant largement, heureux de son effet.
Tout était à la fois semblable et différent du Chemin de Traverse. Il y avait une grande allée pavée qui serpentait à perte de vue. Elle était séparée par des magasins dont l'aspect était bien différent des magasins anglais.
Les marchands profitaient de la chaleur pour être dehors, assis sur leurs chaises, avec un étalage de produits devant eux. Il y avait beaucoup d'animation. Les vendeurs interpellaient directement les passants et plusieurs chorales d'enfants mettaient de l'animation.
Ce qui frappa Harry fut l'afflux magique qu'il ressentit en y entrant. Il avait l'impression que tout était enchanté. Il y avait peu de monde dans les allées, mais ça n'empêchait pas Harry de ressentir chaque pulsion magique, comme si les étals des vendeurs étaient enchantés.
Harry écarquilla ses yeux en voyant les boutiques de tapis volants et de pierres magiques qui n'existaient pas en Angleterre. Il y avait aussi énormément de vendeurs de fruits et de légumes, qui proposaient des dégustations gratuites, leurs tables entourées de tresses d'ail et de fruits rouges.
– C'est magnifique, siffla Harry en voyant les roumains et leurs capes traditionnelles, toutes en couleurs.
– Ça a son charme, admit Sirius, mais je préfère le Chemin de Traverse.
Harry ne pouvait pas en dire de même. Il avait l'impression qu'il n'avait pas assez d'yeux pour regarder autour de lui. Il y avait des chats qui se courraient après en miaulant, des dizaines de restaurant avec des parasols colorés pour profiter de la chaleur, des vendeurs qui criaient pour attirer du monde, d'autres qui discutaient avec des passants.
Harry comprit bien vite que la sensation de magie qu'il ressentait était bien due aux étals qui disposaient tous d'un sort de refroidissement, permettant de lutter contre les fortes chaleurs du mois de juillet.
– Regarde, dit Sirius en désignant un grand bâtiment blanc qui disait quelque chose à Harry. C'est Gringotts.
– Gringotts est aussi en Roumanie ?
– Oui, et c'est tellement pratique ! assura Sirius. Tous les pays qui font partie de la Confédération Internationale des Sorciers ont signé un pacte bancaire pour implanter Gringotts dans chaque pays. Ça permet de prendre de l'argent directement ici, il y a des transferts qui sont fait. Moi j'avais pris de l'argent avant qu'on arrive ici, parce que les virements peuvent prendre plusieurs heures, mais c'est vraiment très utile.
– C'est aussi tenu par des gobelins ?
– Oh non, les roumains ne leur font pas confiance, grimaça Sirius. C'est tenu par des sorciers, mais je t'assure qu'ils sont tout aussi sournois. Tu veux y entrer ?
– Non, pas vraiment, murmura Harry en voyant l'air peu aimable des gardes à l'entrée. Par quoi on commence ?
– Shopping, évidemment, répondit Sirius en l'attrapant par le bras.
Harry soupira de dépit en voyant que son parrain était très sérieux. Il les entraîna d'un pas décidé vers la boutique de « Mr Croitor » que Sirius savait être, grâce à son roumain hésitant, un magasin de vente de prêt-à-porter. Il y avait des cintres dehors, mais ils préférèrent entrer dans le magasin, pour y découvrir un immense espace remplit de vêtements en tous genres, pour sorciers et moldus.
Harry regarda les prix et pâli en comprenant que ce n'était pas un magasin de seconde main, mais un endroit de luxe.
– Sirius tu es sûr que...
– Mais oui, petit, dit Sirius qui avait les yeux qui pétillaient presque de joie. C'est le magasin de mes rêves. On va pouvoir tout acheter ici.
– Je n'ai besoin de rien, tenta Harry.
Il portait un short que Sirius avait acheté en allant au CMD et un tee-shirt de l'année dernière, quand il avait fait ses courses sur le Chemin de Traverse.
– Je crois, au contraire, que tu as besoin de vêtements.
Un homme sortit de nulle part et s'approcha d'eux, un mètre magique enroulé autour de son avant-bras. Il portait un costume moldu parfaitement bien taillé.
– Bună ziua ! s'exclama un homme aux cheveux blanc en s'approchant d'eux.
– Bună ziua, répondit Sirius avec un accent hésitant. Vous parlez anglais ?
– Bien entendu, Monsieur. Que puis-je faire pour vous ? demanda l'homme avec un accent parfait.
Harry vit son parrain le regarder avec un sourire en coin qu'il n'aimait pas du tout.
– Garde-robe complète pour le jeune homme ! lança gaiement Sirius en attrapant Harry par le bras pour qu'il ne puisse pas s'enfuir. Et moi je me prendrai bien des lunettes de soleil.
L'homme, qui s'avérait être le directeur du magasin et le tailleur, se fit un plaisir de répondre à sa demande. Harry se prêta rapidement au jeu en voyant la délicatesse des tissus et tous les enchantements qui pouvaient y être ajoutés, comme un sort anti-transpiration et anti-tâches. Il avait eu un peu peur, voyant que les capes roumaines étaient remplies de couleurs, mais Mr Croitor ne lui proposa que des tissus aux couleurs sobres, dans une coupe très occidentale. Sa gamme moldue était bien plus fournie que celle d'Angleterre et il leur expliqua que sa femme, née-moldue, était américaine et se renseignait sur la nouvelle mode.
Harry eut un véritable coup de cœur pour les polos moldus qu'il pris dans plusieurs coloris. Sirius lui fit acheter un nouveau maillot de bain, des tenues plus légères pour leurs vacances et une paire de lunettes de soleil qui coûtait cinq gallions.
– Parfait, dit Sirius en regardant le rendu d'un œil appréciateur. Même ma mère n'y trouverait rien à redire. Heureusement que tu n'as plus besoin de lunettes, c'est beaucoup plus pratique pour acheter des lunettes de soleil.
Harry hocha la tête pour dire qu'il était d'accord avec lui. Il avait rapidement adopté les lentilles sorcières après la consultation de Mihai et s'était demandé comment il avait fait pour supporter ses lunettes aussi longtemps. C'était un vrai plaisir de pouvoir voir autour de lui sans avoir à remonter constamment ses lunettes sur son nez.
– Qu'est-ce que tu penses du tissu ? demanda Sirius en regardant un tissu jaune vif.
– Tu veux te transformer en Dumbledore ? ironisa Harry.
Sirius le regarda, la main sur le cœur, outré, et se détourna complètement des tissus excentriques pour se contenter d'acheter une garde-robe moldue complète arguant qu'il n'avait « plus rien à se mettre » et une cape sorcière d'été.
– N'essaye même pas de dire non, prévint Sirius d'une voix sourde en payant le montant astronomique de leurs emplettes sans sourciller.
Harry ravala sa remarque sur le bout de sa langue et remercia son parrain pour le cadeau.
– Le cadeau, grommela Sirius en levant ses yeux au ciel. C'est le minimum vital. Je me rattrape pour tout ce que j'aurai dû t'acheter pendant treize ans.
– Le minimum vital, s'étrangla Harry, on a acheté quatre jeans, des dizaines de polos et...
– Et quoi ? C'est mon minimum vital. Tu vas voir quand on va aller à Paris.
Sirius remercia chaleureusement Mr Croitor qui semblait aux anges et qui leur promis d'envoyer leurs achats directement au CMD pour leur éviter de s'encombrer avec leurs sacs.
– Paris, répéta Harry les yeux brillants.
– Meilleure ville du monde, assura Sirius.
– Hermione m'en a beaucoup parlé.
– On y est allé avec tes parents, Lily et moi on a passé notre semaine à faire les magasins. Il y a aussi le Louvre, c'est un musée, qui a une partie sorcière absolument fantastique. Ton père avait beaucoup aimé. On pourra y aller l'année prochaine, si tu veux. On récupèrera ta petite-copine en même temps.
Harry leva ses yeux au ciel et ne chercha pas à entrer dans son jeu, préférant ignorer sa remarque.
– Oh, regarde ! s'exclama Sirius en s'arrêtant au milieu de la rue. C'est là où ta mère a récupéré ta pierre, viens voir.
Harry suivit le regard de son parrain et vit une petite échoppe. Une dame était installée devant un étal impressionnant où étaient étalées des dizaines de pierres précieuses, soit brutes, soit montées en colliers, bracelets ou boucles d'oreilles en tous genres. Harry vit qu'il y avait un petit magasin derrière et il était sûr qu'il y avait tout autant de pierres à l'intérieur.
La dame, qui n'était pas celle que Sirius avait rencontré il y a treize ans, leur sourit simplement alors que Harry laissait son regard vagabonder sur l'étal, sa pierre chauffant doucement contre sa peau. Elle était cachée sous son tee-shirt et ça lui allait très bien. Il avait été heureux de pouvoir se promener sans que les vendeurs ne l'interpellent à cause de sa cicatrice, mais la vision de la pierre semblait avoir le même effet alors il l'avait vite mise à l'abri.
Harry fut tout de suite attiré par un collier à la chaine argentée dont le pendentif était rose et en forme de soleil.
– Quartz rose, dit la vendeuse en voyant son regard.
La vendeuse lui tendit un livre d'explication sur les pierres, rédigé en anglais et Harry lut que cette pierre avait des vertus pour lutter contre le stress, apporter de la sérénité et était lié au chakra du cœur. Harry n'y comprenait pas grand-chose, mais il songea que ce devait être une pierre plutôt intéressante et surtout très jolie.
– Ça serait bien pour Hermione, ça, non ?
– Prends-lui, ça lui fera plaisir, confirma Sirius en regardant son filleul avec un sourire en coin que Harry manqua.
– Très puissant, lui dit la dame en attrapant le collier et le livre pour en faire un paquet cadeau. Rune. Protection.
– Et c'est reparti, souffla Sirius en levant ses yeux ciel. Si c'est encore une pierre que personne ne peut toucher je ne réponds plus de rien.
– Non tout le monde peut la toucher celle-ci, s'amusa Harry. Et elle a raison, il y a une Rune dessinée au dos du pendentif, c'est la Rune roumaine de la protection, qui correspond presque à un soleil, comme la forme du pendentif, ce qui renforce la protection.
– Comment tu sais ça ? s'étonna Sirius, incrédule.
– J'ai trouvé un livre de Runes roumaine dans la bibliothèque du CMD.
– Mmmh, pour te détendre, c'est ça ?
– C'est ça, rit Harry.
– Tu lui prends le livre aussi ?
– Bien sûr, si je lui offre une pierre et que je lui dis ses propriétés, elle voudra tout savoir à ce sujet. Ce sera pour son anniversaire.
Sirius hocha la tête et salua la vendeuse d'un signe de tête.
– Viens, je vais te montrer le bar où ta mère s'est évanouie avant qu'elle n'apprenne qu'elle était enceinte. Tu sais que je n'ai jamais bu ma consommation.
– Et tu lui en veux ? ironisa Harry.
– Oh non. J'ai juste compris à ce moment que tu avais le même don que ton père.
– Lequel ?
– Celui d'attirer l'attention sur toi, répondit Sirius en lui lançant un clin d'œil complice.
Harry et Sirius s'installèrent dans le bar avec un soulagement évident. Il faisait une chaleur étouffante et le grand verre de jus de framboise frais était un délice.
– Tu ne m'as pas trop parlé de Hermione, fit Sirius d'une voix innocente. Je sais qu'elle était très stressée cette année, est-ce qu'elle a réussi à se calmer un peu ?
– Oh oui, dit Harry en hochant la tête. Elle était contente de finir l'année, mais je crois qu'elle va réduire son emploi du temps pour l'année prochaine. Elle aura plus de temps comme ça, elle était juste surchargée.
– Sans aucun doute, confirma Sirius. Elle avait beaucoup de travail.
– Tu m'étonnes, rit Harry. Elle assistait à tous les cours, pas étonnant qu'elle n'ait pas supporté. Et puis ça ne devait pas être simple pour elle de gérer tout ça. Heureusement, elle a rendu le Retourneur de Temps.
Le verre que Sirius avait dans la main se brisa, mais il sembla ne pas s'en rendre compte, fixant Harry les yeux écarquillés.
– Ta main ! cria Harry en se levant.
Sirius reprit ses esprits et vit que sa main était en sang. Il ôta les bouts de verre qui s'étaient logés dans sa main, accepta les soins d'une cliente du bar qui était infirmière et un nouveau verre du patron. Après ses soins et remerciements, il se tourna vers Harry, avec l'air de ne pas y croire.
– J'espère que tu rigoles, siffla Sirius.
– Euh... À quel propos ?
– Ils ont donné un Retourneur de Temps à une enfant ?
– Oui. Apparemment, le professeur McGonagall a dû envoyer des tas de lettres pour dire que Hermione était une fille qui sérieuse qui ne l'utiliserait pas pour son usage personnel, mais...
– Je suis sous le choc, coupa Sirius. Elle l'a utilisé toute une année ?
Harry hocha la tête sans comprendre pourquoi son parrain semblait si stupéfait.
– Tu sais ce que c'est ?
– Bien sûr. Ils sont créés au Département des Mystères, expliqua Sirius. Ce n'est pas un secret, mais on ne le cri pas sur tous les toits non plus. Ce n'est pas étonnant qu'elle n'ait pas supporté la pression. Elle a dû passer plus de deux journées en une pendant plus d'un an. Une utilisation quotidienne est très déconseillée, surtout si jeune. Si tu me dis qu'elle ne dormait pas en plus... Dès qu'on rentre, je contacte les parents de Hermione pour qu'elle se fasse examiner.
Harry se figea brusquement, l'air très inquiet.
– Oh, ne t'inquiète pas ! Il faut juste vérifier si elle est en forme et elle l'est sans doute. Mais il lui faudrait du repos et peut-être une petite potion pour lui permettre de récupérer. Je ne comprends pas comment le Ministère a pu accepter une telle chose. Surtout venant de McGonagall. Elle est censée s'occuper de vous, mais elle laisse Hermione s'embourber dans ses cours et toi... eh bien... voilà... dit Sirius en devenant plus sombre.
– C'est une bonne prof, tenta Harry.
– Elle l'est, c'est sûr, mais tu sais, elle cumule énormément de postes. Professeur, Directrice-adjointe et Directrice de Gryffondor, je ne sais pas comment elle trouve le temps. C'est elle qui aurait besoin d'un Retourneur de Temps.
– Après je ne sais pas si elle aurait pu vraiment savoir, on ne la voit qu'en cours.
– Comment ça ? s'étonna Sirius. Je me souviens que, quand j'étais à Poudlard, elle venait chaque semaine pour voir si tout le monde allait bien. Elle aidait pour les devoirs, voyait si tout le monde supportait la pression... Elle ne fait plus ça ?
– Elle n'a jamais fait ça, dit Harry en écarquillant ses yeux.
– C'est étonnant. Il me semble que les autres Directeurs de Maison le faisaient... Ça a peut-être changé. Ça explique sans doute pourquoi elle n'a rien vu pour toi et Hermione, si elle ne vous voit qu'en cours, elle ne pouvait pas savoir... Ça montre qu'ils sont tous devenus complètement fous.
Harry vit que son parrain avait serré ses poings et semblait visiblement en colère.
– Quand je pense qu'ils n'ont rien vu, continua Sirius en serrant ses dents.
– J'ai tout fait pour que personne ne voit rien, tenta Harry. Et puis, je ne pensais pas que c'était si grave.
– Ça l'était. Je peux comprendre qu'ils ne le voient pas sur tout le monde, mais je l'ai vu alors que je sortais d'Azkaban, tu trouves ça normal ? Et avec le nombre de séjours que tu as passé à l'infirmerie... Combien de fois déjà ?
Harry rougit essayant de compter dans sa tête. C'était plus de dix, il en était certain.
– Je ne sais pas trop...
– Tu y es allé au moins trois fois cette année. Ton bras a complètement repoussé et l'infirmière n'a même pas pensé à regarder si tu allais bien ! Je trouve ça vraiment inquiétant. Si tu ne te sentais pas bien à Poudlard, je t'aurai retiré de cette école de fous.
– Pourquoi ? Je vais bien maintenant.
– Oui, tu vas bien, maintenant. Mais combien d'enfants sont comme toi ? demanda Sirius sans attendre de réponse. Tu ne dois pas être le seul à avoir une famille comme les Dursley. Il y a beaucoup de nés-moldus à Poudlard et on sait que les moldus ne savent pas trop gérer les manifestations magiques, alors je me demande si... Ils n'ont rien vu sur toi, donc ils ont pu louper d'autres élèves.
– Comme Tom... murmura Harry, avant de voir le regard inquisitif de Sirius. Tu sais, Voldemort, il vivait dans un orphelinat aussi et je crois que... Il ne voulait pas non plus retourner là-bas pendant les vacances. Je me dis juste que si quelqu'un l'avait aidé... peut-être qu'il n'aurait pas fini comme ça, je ne sais pas.
– Je comprends, dit Sirius en frissonnant légèrement à l'idée que Harry s'inquiète pour Voldemort. Il a fait des mauvais choix et on ne pourra jamais savoir ce qui aurait pu se passer s'il avait été aimé. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a sans doute d'autres enfants en difficulté.
– Tu veux les aider ? devina Harry. Et après c'est moi qui ait le complexe du héros.
– Tais-toi, fit Sirius en levant ses yeux au ciel. Je vais y réfléchir. Mais ça tombe bien qu'on en parle. J'aimerais te parler de ce qu'on va faire pour toi.
– À quel sujet ?
– Il faut que les professeurs connaissent ton état.
– C'est vraiment obligé ? geignit Harry.
– Oui. Ils doivent s'assurer que tu prennes les potions et il te faut un suivi régulier, quoi que tu en penses. Mihai m'a dit que tu devras voir l'infirmière toutes les semaines pour vérifier si les potions sont bien assimilées.
– C'est nul.
– Je sais bien, s'amusa Sirius. Mais il faut vraiment leur en parler. Surtout avec le risque que ta Magie s'emballe.
– Dumbledore n'en aura pas parlé ?
– Non, il est sous le sceau du secret avec le procès.
– Vas-y, soupira Harry en comprenant qu'il n'aurait pas gain de cause.
En voyant le soupir soulagé de son parrain, Harry comprit qu'il avait pris la bonne décision, même si elle ne lui plaisait pas. Les professeurs étaient en droit de savoir ce qu'il se passait, surtout si sa Magie avait un risque d'exploser et de blesser les autres.
– Allez, on va parler d'autre chose, dit Sirius en voyant que Harry s'était renfrogné. On y retourne ? Si tu veux on peut passer dans le Bucarest moldu aujourd'hui ou demain. Il y a plein de choses à voir comme le Palais du Parlement, l'Arc de Triomphe... Ce sont des monuments très impressionnants.
– Ça serait super.
– Cool ! sourit Sirius en lui ébouriffant ses cheveux dans un geste affectif qui fit sourire Harry. Je connais une boutique moldue à tomber dans le Bucarest moldu, on va y passer pour que je prenne un cadeau à Amelia pour tout ce qu'elle a fait pour nous aider. Je te paye une glace ?
– Uniquement s'il y a du chocolat, sourit Harry.
.
Hermione fronça ses sourcils quand une chouette lapone qui lui était inconnue se posa devant elle. Elle attrapa la lettre, plutôt épaisse, que lui tendait l'animal et commença à la lire avec inquiétude.
Chère Hermione,
J'espère que tes vacances se passent bien et que tu en profites pour te reposer après cette rude année.
Passe le bonjour à tes parents.
J'ai besoin que tu me rendes un petit service. Je dois délivrer une lettre au professeur McGonagall, mais je voudrais que ce soit Hedwige qui s'en charge. Je sais que les professeurs se réunissent le 15 juillet pour une dernière réunion de service. Il faudrait, si tu le peux, que tu transmettes la lettre aux Weasley pour qu'ils la donnent à Hedwige en lui demandant de délivrer la lettre pendant la réunion. Il faut qu'ils lui disent que c'est de la part de Harry et que le professeur Dumbledore a fait du mal à Harry, je suis sûre qu'elle comprendra et qu'elle s'exécutera avec plaisir. (J'espère qu'elle mordra Rogue, mais Harry m'a fait promettre de ne pas le demander à Hedwige... Il est si sérieux parfois !). Merci à toi !
Pour répondre aux nombreuses questions que tu te poses, Harry et moi allons très bien. On te remercie énormément pour ton témoignage, pour le procès. Je ne sais pas si tu es au courant, mais j'ai obtenu la garde totale pour Harry ! Nous sommes dans un lieu tenu secret, où nous reprenons des forces. Harry a appris beaucoup de choses déplaisantes et il va mettre du temps à se remettre physiquement, mais nous faisons tout pour qu'il aille mieux.
Nous rentrons en Angleterre le 30 juillet, pour son anniversaire. Je pense que Harry voudra faire quelque chose de très simple et nous serions ravis de vous avoir à dîner, toi et tes parents, pour fêter ça. Il n'est pas au courant, mais je pense qu'il sera content de te voir. Je ne peux pas te dire où nous habitons par lettre, mais je passerai le 30 pour vous emmener là-bas, si ça vous convient. Ton père est un habitué du transplanage maintenant, même si je vais essayer de négocier avec Amelia Bones pour vous obtenir un Portoloin.
De plus, je t'annonce que j'ai réussi à obtenir des places pour la Finale de la Coupe du Monde de Quidditch qui aura lieu le 23 août ! Je sais que tu n'aimes pas spécialement le Quidditch, mais je t'assure qu'une Coupe du Monde ne se rate pas ! Harry n'est pas au courant, donc ne lui dis rien. Je lui donnerai les places le jour de son anniversaire. Les Weasley nous rejoindront sûrement là-bas.
Si tu le souhaites, tu peux venir passer quelques jours chez nous, je pourrai t'emmener sur le Chemin de Traverse pour faire tes courses de rentrée avec Harry. On parlera de tout ça fin juillet.
Je sais que tu vas peut-être passer quelques jours chez les Bones. Si c'est le cas, n'hésite pas à demander à Amelia de nous passer un petit coup de Miroir, Harry sera ravi de discuter avec vous. Il n'a pas pu t'écrire parce qu'il est parti toute la journée dans la montagne pour marcher (une idée affreuse si tu veux mon avis), pendant que je me prélasse au soleil.
En attendant, passe de bonnes vacances ! Et repose-toi ! (Harry m'a parlé de ton petit outil magique. Nous en discuterons quand nous nous verrons, mais au moindre signe de fatigue inhabituelle, perte de mémoire ou étourdissement, cours voir un médicomage. Tu peux contacter Remus Lupin si ça ne va pas, il saura quoi faire).
Sirius Orion Black
La Noble et Très ancienne maison des Black,
« Toujours Black »
La première chose que fit Hermione fut d'attraper la lettre destinée au professeur McGonagall, de griffonner des instructions à Ron sur un bout de papier moldu et de donner les lettres à la chouette qui s'envola dans un hululement joyeux vers le Terrier. Elle regarda l'oiseau avec un sentiment d'inquiétude, se demandant ce qui justifiait que la lettre soit lue en pleine réunion. Elle se doutait que ça avait à voir avec Harry et ce n'était pas pour la rassurer. Elle soupira légèrement, espérant avoir des réponses rapidement, avant de relire la lettre de Sirius.
D'abord, et c'était la première chose qui l'avait marqué, Harry n'allait pas bien. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais elle était sûre que les Dursley n'y étaient pas étrangers. Elle mourrait d'envie de savoir ce qu'il se passait. Elle était un peu triste que Harry n'ait rien envoyé, mais elle comprenait qu'il ait besoin de se remettre. Elle espérait que ce n'était pas trop grave, mais elle trouvait la lettre de Sirius très alarmante. Ce qui ne l'étonnait pas tellement, puisque Harry lui avait parlé du traitement des Dursley et que son année avait été très compliquée... Harry avait bien besoin de vacances et elle était contente de lire que Sirius était là pour lui.
Ensuite, elle allait à la Coupe du Monde ! Hermione n'aimait pas spécialement le Quidditch, mais pouvoir assister à un tel évènement était exceptionnel et sans doute source de beaucoup d'apprentissages. Il devait y avoir des sortilèges repousse-moldus, des mesures exceptionnelles prises pour accueillir des personnes venues du monde entier, des sortilèges d'agrandissement... Elle regarda autour d'elle dans l'espoir de trouver un bon de commande pour Fleury et Boot. Elle allait dévaliser la boutique pour trouver des livres parlant de l'organisation des Coupes du Monde dès que possible. Elle était aussi impatiente à l'idée de passer plusieurs jours avec Harry, curieuse de savoir où il vivait.
Enfin, et ce qui l'inquiétait presque autant que l'état de Harry, c'était le petit mot d'avertissement de Sirius. Harry lui avait dit qu'il avait travaillé au Département des Mystères et elle se demanda s'il avait déjà utilisé un Retourneur de Temps. Elle se demanda si cet outil pouvait réellement entraîner ces symptômes ou si Sirius s'inquiétait pour rien. Elle avait un peu peur à l'idée d'avoir mis en jeu sa santé. Heureusement, elle ne se reconnaissait dans aucun symptôme, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète.
Sa troisième année avait été très mitigée. Elle se rendait compte que l'état dans lequel elle s'était mise pour ses cours n'était pas normal. En arrivant chez elle, elle avait presque dormi quinze heures pendant plus d'une semaine pour se remettre. Elle avait compris que le Retourneur de Temps avait été une très mauvaise idée, mais savoir que Sirius était en plus inquiet pour elle rajoutait un peu d'angoisse.
Mais, malgré cet état de stress, elle devait avouer que sa troisième année avait été l'une des meilleures qu'elle avait passées jusqu'à maintenant. Elle s'était énormément rapprochée de son meilleur ami Harry, ils avaient beaucoup discuté et leurs liens étaient devenus très forts, à sa grande joie.
Si ses relations avec Ron s'étaient distendues, il restait un ami proche qu'elle aimait beaucoup. Mais surtout, elle avait fait la connaissance de Hannah et Susan qui étaient deux perles et deux vraies amies. C'était les premières amies filles qu'elle avait. Elle se souvenait avait eu si peur de les faire fuir au début. Pourtant, les Poufsouffles l'avaient rapidement accepté et Hermione n'avait jamais été aussi heureuse. Elle adorait Harry, mais ce n'était pas pareil. Elle parlait de choses différentes avec les filles et avait de nombreux points communs avec elles.
Elle avait hâte qu'une nouvelle année commence. Sans les cours en double et avec ses nouvelles amies, elle savait que ce serait une bonne année. Elle espérait simplement que cette nouvelle année serait plus tranquille et qu'ils pourraient enfin profiter de leur adolescence sans Voldemort, Basilic ou Retourneur de Temps.
Hermione se leva pour prévenir ses parents, espérant qu'ils accepteraient la proposition de Sirius.
.
– Bonjour, bonjour à tous, dit Albus en ouvrant ses bras comme s'il voulait enlacer chacun des professeurs. Nous tenons aujourd'hui la dernière réunion de l'année. Je voudrais remercier chacun d'entre vous pour cette formidable année que nous avons passée.
Albus posa ses yeux de chacun de ses professeurs, appréciant chacune de leurs réactions. Binns semblait être inconscient de ce qu'il se passait autour de lui. Severus reniflait avec dédain, se demandant visiblement ce qu'il faisait là alors que l'année était terminée. Minerva et Flitwick étaient toujours très attentifs, prêts à prendre des notes, alors que Bathsheda et Aurora discutaient avidement des dernières nouveautés sorcières.
Sybille n'avait pas souhaité venir, sa boule de cristal l'ayant prévenu qu'une terrible nouvelle serait annoncée le quinze de juillet, au grand plaisir de Minerva. Poppy était également présente pour faire un point sur les séjours qui avaient eu lieu pendant l'année et prévoir le renouvellement des stocks de potions. Elle discutait avec Hagrid, relativement fier d'avoir été convié cette année. Les autres professeurs étaient attentifs, bien qu'impatients que l'année soit définitivement clôturée.
Albus aimait pourtant cette dernière réunion, qui était pleine d'enrichissements et clôturait quelque chose, une sorte de mise au point. Ils parlaient des résultats de leurs élèves, comparaient les résultats des BUSE et ASPIC qui avaient été communiqués, commençaient à prévoir des approches différentes pour aider des élèves en difficulté et attribuaient les badges de Préfets et de Préfet-en-Chef.
– Quelqu'un souhaite-t-il évoquer un point particulier avant que nous commencions ?
Les professeurs interrompirent leurs conversations, comprenant que la réunion commençait, mais personne ne prit la parole. Albus hocha sa tête et prit une feuille sur laquelle il notait tous les points qu'ils devaient aborder. Il s'apprêtait à demander aux professeurs ce qu'ils avaient pensé des résultats d'ASPIC de leurs anciens septièmes années quand un hululement l'interrompit.
Toutes les personnes présentes dans la salle de réunion fixèrent la chouette blanche de Harry Potter qui passa par la fenêtre avant de se poser fièrement face au directeur.
– Bonjour Hedwige, dit Albus, qui s'obligeait chaque année à connaître le nom de tous ses élèves et de leurs compagnons.
Il tendit sa main pour attraper la lettre, secrètement ravi d'avoir des nouvelles de Harry, mais Hedwige claqua son bec et tenta de le mordre en le regardant avec ce qui ressemblait être de la colère. Albus eut un mouvement de recul et fronça ses sourcils quand elle claqua méchamment du bec une dernière fois, avant de s'envoler vers Minerva.
– En vacances et encore embêté par Potter fils, grommela Severus avec dépit.
Hagrid lui envoya un regard furieux et il continua ses récriminations en silence, sans que personne ne prenne la peine de l'écouter. Minera attrapa la lettre que lui tendait Hedwige avec une appréhension palpable. Hedwige s'envola par la fenêtre, après avoir tournoyé autour d'Albus en lui jetant des regards mauvais. Bathsheda avait un sourire amusé sur les lèvres en la voyant faire.
– De quoi s'agit-il, Minerva ? s'enquit Albus.
– C'est une lettre qui est adressée aux professeurs de Poudlard et à Poppy.
Elle eut à peine le temps de décacheter la lettre que cette dernière s'envola au-dessus de la table, se déformant en une espèce de bouche, telle une Beuglante. Albus fronça ses sourcils en se demandant comment Sirius avait fait pour ensorceler la lettre. Ce n'était pas une Beuglante, puisqu'il n'y avait aucun cri et que l'enveloppe était blanche, mais l'enchantement était vraisemblablement destiné à lire le contenu d'une lettre à voix haute. Le Directeur commença à s'inquiéter de ce que Sirius (parce qu'il était persuadé que la lettre venait de Sirius) allait leur dire.
« Chers professeurs, Mrs Pomfresh » dit la voix claire de Sirius, alors que Severus grimaçait, semblant avoir avalé un citron entier.
« Je vous transmets ci-joint un rapport détaillant les blessures qu'a subies Harry, à la fois chez les Dursley la famille dans laquelle le professeur Dumbledore l'a envoyé sans vérifier s'il allait bien, mais également à Poudlard. Comme vous le savez, Harry a passé plus de temps dans l'infirmerie que dans son dortoir, vous ne serez donc pas étonnés de lire l'état de ses blessures après trois années passées ici. »
Poppy frémit sur sa chaise. Elle savait à quel point Harry était un habitué de son infirmerie. Elle le connaissait bien à présent et n'hésitait plus à lui laisser le même lit à chaque fois qu'il venait ; celui le plus éloigné de l'entrée et un peu à l'écart pour qu'il soit tranquille quand ses amis venaient lui rendre visite. Elle trouvait ça horrible de savoir qu'un enfant de son âge avait un lit attitré dans une infirmerie.
« Je suppose que le Directeur ne vous a pas informé du procès qui s'est déroulé cet été, puisqu'il était sous le sceau du serment. Je vous informe donc que la garde de Harry m'a été confiée, après que le tribunal ait constaté des abus de la part de la famille moldue de Harry. Tout est écrit dans le rapport, mais vous verrez que Harry a dû dormir dans un placard pendant dix ans, a été privé de nourriture, frappé par son cousin, insulté de monstre et traité comme un esclave. Les blessures sont détaillées, le rapport indique notamment que Harry a eu beaucoup de chance. En raison de sa malnutrition sévère, le médicomage qui l'a suivi, nous a informé que, sans sa Magie, Harry serait déjà décédé. »
Minerva laissa échapper une exclamation de stupeur alors que Bathsheda mettait ses mains devant sa bouche, choquée. Les professeurs étaient devenus soudain très silencieux et Albus vit que même Severus semblait ébranlé par ce que Sirius venait de leur annoncer. Hagrid avait sorti un mouchoir de la taille d'une nappe et pleurait à gros sanglots.
« Compte tenu de son état, Harry doit prendre environ dix potions chaque jour. Nous allons les réduire à cinq pendant les vacances et il devra les prendre pendant au moins six mois. J'ai transmis dans la lettre la liste des potions à lui donner. Mrs Pomfresh, je suppose que vous pourrez assurer le suivi de Harry. »
Poppy hocha la tête d'un air entendu en grimaçant. Elle se doutait que ce n'était pas bon. Le nombre de potions et la prédiction de six mois signifiaient que la malnutrition de Harry devait être sévère. C'était grave, très grave.
Albus ne put s'empêcher de soupirer de soulagement en comprenant que Harry était soigné. Il avait beau ne pas faire confiance à Sirius, il voyait bien qu'il faisait de son mieux. Il n'en revenait pas de n'avoir rien vu. Il savait qu'il s'en voudrait, à jamais, d'avoir laissé ce pauvre petit chez les Dursley. Il espérait réussir à se faire pardonner, tout en sachant que ce serait difficile. La seule chose qui le rassurait était de savoir que Harry allait aller bien.
« Comme je l'ai dit, c'est la Magie de Harry qui l'a soutenu. Il va beaucoup mieux, ce qui signifie que sa Magie doit retrouver une place normale. Harry a pour le moment beaucoup de mal à contrôler sa Magie, mais nous y travaillions. Il se peut qu'il mette un peu trop de puissance dans ses sorts ou qu'il puisse exploser. Je vous demande expressément de faire attention. J'ai déjà expérimenté une pulsion magique de Harry et je peux vous assurer que ce n'est pas plaisant. S'il fait une crise magique, la seule solution est de lui donner un philtre de paix ou d'arriver à le calmer par un entraînement magique. »
Filius fronça ses sourcils, se rappelant que Remus lui avait dit que Harry avait déjà eu des pertes de contrôle de sa Magie. Il avait déjà entendu parler du fait que la Magie pouvait devenir incontrôlable après des abus, mais c'était bien pire que ce qu'il avait pensé. Il pensa immédiatement que ce petit aurait besoin d'entraînements réguliers pour canaliser sa Magie et se promis de tout faire pour l'y aider.
Bathsheda réfléchissait déjà à des Runes qui pourraient être utilisées en cas de crise trop intense qui pourraient aider Harry à se calmer. Elle se promit de lui envoyer des livres à ce sujet pour qu'il puisse commencer à y réfléchir de son côté.
« En tant que tuteur officiel de Harry et parrain, je dois dire que je suis scandalisé à l'idée qu'un enfant ait été maltraité, malnourrit, blessé et qu'aucun de ses professeurs ne se soit assuré qu'il aille bien. Harry a passé des jours à l'infirmerie et personne n'a cru bon de vérifier pourquoi il paraissait aussi maigre. Je vous annonce donc que, si Harry a le moindre problème cette année, je le retirerai de Poudlard. »
– Quel toupet ! siffla Severus.
Mais personne ne semblait d'accord avec lui. Bathsheda avait hoché la tête en signe d'assentiment, se demandant même comment Sirius pouvait avoir assez confiance en Poudlard pour y laisser Harry de nouveau.
« À l'attention spécifique du Directeur. Je vous informe que Harry est en sécurité avec moi. Je comprends votre inquiétude quant à sa sécurité, mais nous sommes à l'abri. Vous n'avez pas réussi à nous trouver, je doute donc que des Mangemorts de seconde main puissent le faire. Comme vous l'avez compris, je me suis assuré qu'il soit en bonne santé, ce que vous n'avez pas fait, alors que c'est vous qui l'avez placé chez les Dursley, en contradiction totale avec le souhait de James et de Lily. »
Albus sentit les regards brûlants de Minerva et Severus sur lui.
Il savait que sa Directrice Adjointe avait toujours été horrifiée à l'idée qu'il ait laissé Harry chez les Dursley. Savoir qu'ils l'avaient maltraité et qu'il avait été placé là contre la volonté de ses deux élèves préférés allait être difficile à encaisser pour elle.
Severus allait aussi lui poser problème. Parce qu'Albus savait qu'il était toujours amoureux de Lily et que l'idée même qu'il ait trahi ses dernières volontés allait être inconcevable pour son Maître des Potions.
« Harry ne veut pas vous parler, je vous conseille donc de ne pas chercher à le contacter, que ce soit pour vous excuser ou non. Je veux que vous laissiez mon filleul tranquille. Il a vécu des choses difficiles ces derniers mois et c'est entièrement de votre faute. Il a besoin de repos. Si vous acceptez mes conditions, j'accepterai de vous rencontrer lors d'un rendez-vous, à partir du 31 juillet.
« Bien à vous. Sirius Orion Black. La Noble et Très ancienne maison des Black. Toujours Black »
La lettre se déplia et se posa délicatement devant Minerva qui avait les mâchoires si crispées qu'elles semblaient prêtes à exploser. Elle attrapa le rapport de Mihai dans l'enveloppe d'une main tremblante et gémit en le lisant. Elle posa sa main sur son cœur et passa le rapport à Filius, avant d'enfouir sa tête entre ses mains.
Le rapport passa silencieusement entre les mains de chaque professeur et même Severus ne trouva aucune remarque sarcastique à faire. Hagrid semblait abattu, n'arrêtant pas de dire que c'était de sa faute, qu'il n'aurait jamais dû l'emmener chez les Dursley, mais personne ne semblait l'entendre.
Poppy fut la dernière à lire le rapport et blanchit tellement que Filius dû faire apparaître un verre de Whiskey pur Feu pour qu'elle se remette.
– Je vous avais dit de ne pas laisser Harry chez les Dursley ! hurla Minerva en regardant Albus avec une colère froide.
Elle avait les yeux rouges de rage et semblait prête à se lever pour lui jeter un sortilège dont Albus était sûr qu'il se souviendrait longtemps.
– Minerva, voyons, jamais je n'aurai pensé qu'ils pourraient faire une telle chose. Il s'agissait de leur neveu et j'ai pensé que l'amour...
– L'amour, l'amour, toujours l'amour ! s'exclama Minerva. Où est l'amour là-dedans ?
Elle attrapa le rapport des mains de Poppy et le jeta à la figure d'Albus, sous les regards stupéfaits des autres professeurs qui n'avaient jamais vu Minerva élever la voix contre leur respecté Directeur.
– Et pourquoi vous n'avez rien fait quand nous vous avons signalé que Harry était trop maigre pour son âge ? Vous n'avez rien fait ! hurla Minerva en sautant sur ses pieds, le poing serré lancé en direction d'Albus.
Filius posa sa main sur le bras de Minerva, qui sembla ne pas s'en rendre compte et continuait de fusiller le directeur du regard.
– Je ne pouvais pas savoir, plaida Albus. Comment aurai-je pu ? Poppy, vous n'avez rien...
– Ne mettez pas ça sur le dos de Poppy, surtout pas ! siffla Minerva en se plaçant de façon à s'interposer entre Albus et l'infirmière qui commençait à sangloter.
– Nous ne faisons pas d'auscultation complète sur les élèves, expliqua Poppy la voix entrecoupée de sanglots. Je ne pouvais pas... Mr Potter n'a jamais rien dit... ce n'était pas visible... Je ne pouvais rien faire... Et je...
– Poppy, ce n'est pas de ta faute, dit doucement Filius en se précipitant vers elle pour lui apporter son soutien.
– Tout le système est à revoir, dit Poppy la voix tremblante. Je ne pouvais... Je ne savais pas... Comment ai-je pu...
Poppy s'effondra dans les bras de Filius qui lui tapota maladroitement le dos.
– Ce pauvre petit. Toujours si gentil, balbutia Hagrid avant de regarder Albus avec un regard qu'il n'avait jamais posé sur lui ; la déception. Harry est un garçon adorable. Vous avez dit qu'il était heureux chez les Dursley. Mais je vous avez dit que ces Dursley étaient des vieux pruneaux ! Je vous avez dit qu'ils avaient menti à Harry depuis le début sur qui il était et vous m'avez promis de vérifier. Vous n'avez rien fait ! C'est un scandale, monsieur le Directeur !
Hagrid se leva en renversant la chaise sur laquelle il était assis.
– Viens Poppy, dit doucement Hagrid en soutenant l'infirmière.
Ils partirent de la salle de réunion sans un regard pour Albus.
– Je sais que je suis entièrement responsable, tenta Albus.
– Oui, vous l'êtes. Ce n'est plus de la responsabilité à ce point. Vous étiez le seul à pouvoir vous assurer que Harry soit bien traité par les Dursley, dit Minerva d'une voix tranchante. Vous êtes allé à l'encontre des souhaits de James et Lily. Vous avez empêché Sirius d'avoir la garde alors que c'est sans doute la seule personne qui se soit vraiment intéressée à Harry !
– Je sais que j'ai mes tords. Je m'en voudrais toute ma vie de l'avoir confié aux Dursley et ce qu'il s'est passé là-bas est entièrement de ma faute. Mais vous n'avez pas non plus aidé Harry, dit Albus d'une voix plus froide. Vous êtes sa Directrice de Maison, Minerva. Si vous aviez des doutes, vous pouviez vous entretenir avec lui.
Minerva se figea et regarda Albus avec stupéfaction.
– Je... J'ai fait des signalements.
– Minerva, je suis peut-être le Directeur, mais je ne peux pas veiller sur tous les élèves de cette école. Vos signalements n'ont rien donné, parce que je n'avais aucune preuve. En avez-vous parlé à Poppy ou simplement à moi ? Je ne suis que Directeur, pas médicomage. Comment aurai-je pu le savoir ? C'est pour cela que j'ai des Directeurs de Maison. J'assume totalement ma responsabilité dans cette affaire et je présenterai mes excuses à Harry quand il sera prêt à les entendre, mais je ne suis pas le seul à n'avoir rien fait. Poppy n'avait pas besoin d'une autorisation pour contrôler Harry et vous n'en aviez pas besoin pour lui parler. Est-ce que quelqu'un ici a demandé à Harry s'il était heureux ? demanda Albus avec une trace d'agacement dans la voix.
Les professeurs se regardèrent un long moment, un peu coupables en se rendant compte que personne n'avait vraiment pris l'initiative de parler à Harry. Minerva avait pâli dangereusement, sachant que sa gestion de cette affaire n'était pas non plus la meilleure. Elle avait su que les Dursley étaient horribles, avait vu la maigreur de Harry, mais n'avait pris aucune initiative, ne l'avait pas soutenu. Elle n'avait demandé des explications à Harry que cette année, après qu'il ait laissé filtré l'information que ses moldus le haïssaient. Minerva croisa le regard désolé de Filius, qui semblait être d'accord avec le directeur sur ce point.
– Nous avons tous nos torts, dit Filius dans un geste d'apaisement. L'important, ce n'est pas ce qui s'est passé, mais ce que nous allons faire pour éviter que ça ne se reproduise.
– Je pense qu'un rendez-vous obligatoire à l'infirmerie pour les élèves serait une bonne chose, proposa Bathsheda d'une voix hésitante, espérant briser la tension dans la pièce.
Minerva n'avait pas bougé, le regard figé sur le Directeur, qui semblait tout aussi en colère qu'elle.
– Et pour Potter ? demanda froidement Severus. Hors de question qu'il ait un traitement de faveur.
– Ce n'est pas de ça dont il s'agit ! s'exclama Bathsheda, agacée. Il va devoir prendre des potions régulièrement et il faudra mettre en place un protocole de soins au cas-où il perdrait le contrôle de sa magie.
– Pour le peu d'aptitudes qu'il montre.
– Enfin, Severus ! fit Filius. Mr Potter s'est énormément amélioré cette année et, compte tenu de ses blessures, c'est plutôt incroyable qu'il ait réussi à utiliser sa Magie. Il a même fait un Patronus cette année, vous vous rendez compte de la puissance qu'il doit avoir ? Ce n'est pas étonnant que Sirius ne craigne une explosion de magie.
– C'est plutôt dangereux, non ? demanda Aurora concernée.
– On constate ça chez les enfants, généralement, mais ils ont beaucoup moins de puissance qu'un adolescent, donc les conséquences sont moins importantes. Mais oui, ça peut être dangereux. Je connais ce phénomène, indiqua Filius, je serai ravi de travailler en collaboration avec Poppy pour créer un protocole de secours. Je pourrai évidemment entraîner Harry pour qu'il contrôle son flux magique s'il en a besoin.
– Qu'est-ce que ça signifie ? demanda Pomona.
– La Magie a normalement une place en chacun de nous et elle y reste. Le problème de Mr Potter c'est qu'elle va vouloir sortir pour le protéger, dès qu'elle sentira qu'il est plus faible ou attaqué, parce qu'elle a pris l'habitude de le soutenir, expliqua Filius. Il faut que sa Magie apprenne à rester à sa place et cet apprentissage peut prendre du temps.
– Je suppose que Sirius pourra l'y aider, dit Albus sans quitter Minerva des yeux.
– Tout à fait, confirma Filius avec un sourire. Il va l'aider à apprendre à contrôler sa Magie. Le problème, c'est que Mr Potter est un adolescent, soumis à de fortes émotions. Même si sa Magie a repris sa place, il suffit d'une émotion forte ou d'un évènement traumatisant pour qu'il perdre le contrôle, envoyant des ondes de magie hors de lui, ce qui peut blesser les personnes qui sont autour de lui. Pour éviter ces crises de Magie, il peut notamment épuiser sa Magie.
– Épuiser sa Magie ? répéta Aurora. Qu'est-ce que ça signifie ?
– En fait, plus on lance de sort, et plus notre Magie intérieure s'affaiblit, ce qui est tout à fait normal. Pour éviter que, lors d'une crise, il y ait trop de Magie qui sorte ou la calmer totalement, il faut épuiser le corps magique. Pour cela, la meilleure façon est de faire un entraînement magique. On utilise souvent la Défense ou les Sortilèges puisque ce sont des matières qui utilisent une grande partie du corps magique.
– Ça me paraît très incertain comme méthode, dit Pomona.
– Ça l'est. Mais c'est la seule que nous ayons.
– Est-ce qu'il est vraiment sûr pour les élèves de continuer à avoir Potter ici ? Il pourrait blesser les autres élèves, remarqua Severus.
– Je pense que Harry sera prêt à la rentrée, dit Filius avec un sourire. Il a beaucoup de ressources et je sais que Remus avait déjà commencé à apprendre à Harry à contrôler sa Magie. Le Directeur pourra en discuter avec Sirius et je serai ravi de participer à votre entretien pour voir si Harry est prêt à revenir, mais je ne me fais aucun souci.
Severus fit une moue de déception, comme un enfant à qui on avait enlevé un bonbon.
– Minerva pourra m'aider pour parler à Mr Potter, n'est-ce pas ? Il faudrait que nous...
Minerva interrompit Filius d'un geste de la main. Elle n'avait pas bougé de l'endroit où elle était, regardant toujours le Directeur, comme si la massue d'un troll lui était tombée sur la tête.
– Albus a raison, dit Minerva d'une voix tremblante. Je n'ai pas été là pour Harry. J'aurai dû voir que quelque chose n'allait pas, j'aurai dû lui demander des explications... Surtout quand nous avons appris qu'il avait gonflé sa tante comme un ballon ou quand nous l'avons vu arriver si maigre. Je... J'ai failli à ma mission de Directrice de Maison.
– Tu n'as pas à t'en vouloir, dit Pomona inquiète. Tu es très occupée et...
– Et c'est justement le problème, confirma Minerva. Je n'ai pas été là pour Harry, mais surtout, je n'ai été là pour aucun de mes élèves. Combien sont dans la même situation que lui ? Combien d'élèves auraient eu besoin d'une Directrice de Maison plus présente ? Si je n'ai rien vu, c'est parce que je n'ai pas prêté attention à mes élèves. Albus a raison. Nous avons tous nos torts, mais je suis celle qui en a le plus parmi vous, en tant que Directrice de Gryffondor.
– Minerva, dit Albus d'un ton plus doux, personne ne remet en cause votre implication à Poudlard. Vous êtes une excellente professeure, les élèves vous adorent et...
– Ce n'est pas la question, soupira Minerva qui baissa sa tête et semblait avoir vieilli en l'espace de quelques minutes. Albus, j'ai failli à ma mission de Directrice de Maison et vous le savez.
– Où est-ce que tu veux en venir ? demanda Filius qui avait l'impression de déjà le savoir.
– Je démissionne de mon poste de Directrice de Gryffondor, lâcha Minerva. Je suppose que la réunion d'aujourd'hui est annulée. Je vais voir Poppy pour établir un nouveau protocole de soins pour chaque élève de Poudlard. Il n'y aura plus de nouveau Potter dans cette école tant que je serai Directrice Adjointe.
Minerva avait l'air grave, mais déterminé, et personne ne chercha à la retenir alors qu'elle s'enfuyait de la pièce. C'était la dernière fois qu'elle foulait Poudlard en tant que Directrice de Gryffondor et son cœur était lourd à cette idée. Mais elle savait qu'elle faisait le bon choix. Elle allait aider ses élèves autrement, et cela passait par réduire son temps de travail et s'assurer que chaque élève soit heureux, peu importe leur Maison.
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Sirius se réveilla en sursaut après un cauchemar particulièrement affreux. Il était en sueur, il avait le souffle court et il avait l'impression de sentir le souffle des Détraqueurs sur sa nuque. Il se sentait fiévreux et le verre d'eau glacée qu'il but ne lui fut d'aucun secours. Il utilisa sa baguette pour voir qu'il était deux heures du matin. Il hésita à se lever pour aller voir Mihai, mais savait qu'il était fatigué après avoir fait une opération particulièrement compliquée dans la soirée.
Il se releva pour se passer de l'eau froide sur le visage. Il se regarda un long moment, se sentant nauséeux. Cela faisait quelques semaines qu'il faisait des cauchemars et il était persuadé que la vision de Harry en train de mourir allait le hanter toute sa vie. Il revoyait son filleul se faire injecter le venin de Basilic et fermer les yeux. La seconde qu'avait duré la mort de Harry avait été la plus longue et la plus douloureuse de sa vie. Il aurait voulu l'oublier, mais il ne pouvait pas.
Tout était si compliqué pour eux et il se demanda si les étoiles voulaient vraiment qu'ils soient ensemble. Ils avaient mis les Horcruxe, Voldemort et une fichue prophétie sur leur passage et Sirius se demanda si, un jour, Harry et lui pourraient avoir une vie normale.
Il était très inquiet pour son filleul et ne savait pas trop comment gérer la situation. Il savait que ça avait été dur pour lui. Il se souvenait bien de ses mots accusateurs quand il lui avait parlé de la prophétie, de la douleur qu'il avait vue dans son regard, de la déception de n'avoir pas été tenu au courant. Mais Sirius ne pouvait pas l'impliquer là-dedans. Ce n'était pas son combat, malgré tout ce que Harry pensait. Il voulait et il allait lui donner une adolescence paisible. Et si, pour ça, il devait lui cacher des choses, alors il le ferait.
Heureusement, Irina était une personne formidable qui aidait beaucoup Harry. Ça le rassurait un peu, mais ce n'était pas pour ça qu'il n'était pas inquiet à l'idée que Harry n'aille pas bien. À son grand soulagement, ils s'étaient beaucoup rapproché pendant les vacances et, malgré quelques tensions et le décès imprévu pour Harry, Sirius était heureux de la relation qu'ils étaient en train de construire.
Sirius aimait Harry si fort que ça lui flanquait la frousse. Il avait peur tout le temps pour lui. Et pourtant, il l'avait déjà tué. Il se demanda ce qu'en aurait pensé James. Est-ce qu'il était un bon parent pour Harry ? Est-ce qu'il l'aidait vraiment ou est-ce que Harry aurait eu mieux fait d'aller chez quelqu'un d'autre ? Il avait peur de se planter, tout le temps, de faire des erreurs, de le blesser... Il ne savait pas comment élever un adolescent et espérait que Harry ne lui en voudrait jamais. Il avait peur que Harry ne le laisse, qu'il ne veuille plus de lui et qu'il se décide qu'il n'était pas assez bien pour lui.
Mihai lui avait dit que c'était ridicule et que Harry avait justement peur que ce soit lui qui l'abandonne, mais jamais Sirius ne pourrait faire ça. Il protègerait Harry jusqu'à sa mort à présent, il se l'était promis et l'avait promis à James et Lily. Mais ce n'est pas pour ça qu'il n'avait pas peur que Harry ne l'abandonne.
– Encore debout ? fit une voix dans son dos.
Sirius sursauta. Il avait quitté sa chambre pour s'asseoir devant la piscine et n'aurait pas pensé qu'une autre personne ait cette idée.
– Je me suis réveillé, en fait, indiqua Sirius en grimaçant. Et toi ?
– Je ne dors pas beaucoup la nuit.
– Tu es quoi, un vampire ?
Irina éclata de rire en s'asseyant sur une chaise longue aux côtés de Sirius et lui tendant un philtre de paix.
– Prends-en, tu en as besoin.
La potion le calma immédiatement. Il avait réussi à ne prendre aucune potion pour le stress ou le sommeil, à sa grande fierté, mais des nuits comme celles-ci étaient difficiles à gérer et un philtre de paix était souvent nécessaire.
– Comment tu trouves Harry ? demanda Sirius pour rompre le silence.
– C'est un garçon étonnant. Très courageux. Avec tout ce qu'il a vécu.
– Je ne sais pas comment il tient debout.
– Les enfants ont une capacité d'adaptation plus importante que nous, expliqua Irina. Ne t'inquiète pas, il va s'en sortir. Il est très équilibré. D'ici à quelques mois, il ira beaucoup mieux. Physiquement déjà, il a repris du poids.
Sirius sourit légèrement, heureux d'entendre que Harry allait s'en sortir.
– Et toi, comment tu te sens ? demanda-t-elle d'une voix inquiète.
– Plutôt bien, avoua Sirius. C'est juste que j'ai l'impression de faire n'importe quoi avec Harry. Je me sens nul avec lui.
– Pourquoi tu penses ça ?
– J'ai la garde depuis à peine deux semaines et je l'ai déjà tué, je lui ai caché la prophétie et je suis complètement mort de trouille à l'idée qu'il lui arrive quelque chose.
Irina lui sourit doucement.
– Sirius, tu n'as pas tué Harry, tu lui as sauvé la vie. Tu te rends compte de ce qui se serait passé si tu n'étais pas entré dans sa vie ? Il aurait continué d'avoir ses problèmes de santé, sans que personne ne s'en rende compte. Et l'Horcruxe... Qui sait ce que ça aurait pu lui faire au cerveau.
– James et Lily auraient été horrifiés...
– Ils auraient été heureux de voir que tu as été là pour lui, contra Irina. Sans toi, je ne sais pas ce que serait devenu ce petit.
– J'ai l'impression de tout rater.
– C'est le lot des parents, dit placidement Irina. Tous les parents ont l'impression d'avoir tout raté et d'avoir mal éduqué leurs enfants. L'important c'est que tu fasses de ton mieux, et je t'assure que tu le fais.
– Pour la prophétie...
– Il est venu te parler, non ? Harry s'énerve facilement, mais ce n'est pas pour ça qu'il te déteste. Vous avez le droit de vous disputer sans que ça ne veuille dire qu'il ne veut plus de toi.
– Mmmh, on m'a déjà dit ça, admit Sirius. J'ai juste l'impression qu'il aurait été mieux avec une personne que moi. Plus équilibrée.
– Qui ça ? Les Dursley ? Dumbledore qui n'a pas vu ses problèmes et qui veut l'envoyer tuer le plus grand mage noir de tous les temps ? ironisa Irina. Franchement, je pense que tu es le moins pire de tous.
– Merci, rit franchement Sirius.
– Alors oui, tu as été en prison, mais tu le gères plutôt bien, non ? Je me doute que ce n'est pas simple tous les jours, mais tu es sans doute plus équilibré que toutes les personnes que je côtoie.
– Ce n'est pas simple tous les jours. Mais j'oublie peu à peu, expliqua Sirius avec difficulté. C'est juste difficile de... Faire le deuil de mon ancienne vie. J'ai beaucoup changé aussi et ça me fait peur. J'ai du mal encore à me reconnaître, à me regarder dans le miroir... C'est juste difficile. Je ne serai plus jamais le même. J'ai l'impression d'être brisé et de ne pas me reconnaître. Je me sens si différent. Physiquement, mentalement.
– Je comprends, assura Irina. Mais Sirius, ce que tu vois dans le Miroir, c'est ton toi qui est sorti de prison. Il faut juste que tu acceptes que tu ne sois plus en prison. Tu as passé un an en liberté. Tu n'es plus le même que le Sirius qui s'était échappé d'Azkaban. Il faut que tu te voies tel que tu es vraiment.
– C'est n'est pas si simple.
Sirius referma ses bras autour de son corps, qu'il trouvait toujours trop maigre. Il n'avait jamais été gros, mais il n'avait pas été habitué à voir ses côtes, la pâleur de sa peau, ses cernes énormes. Irina n'avait pas tort en disant qu'il se voyait encore comme il l'était il y a un an quand il s'était échappé d'Azkaban. Il avait toujours l'impression d'avoir les traits tirés comme quand il était en prison. Il avait toujours l'impression de sentir Azkaban, comme si l'odeur de peur et de mort ne voulait pas le quitter.
– Rien n'est simple dans la vie. Mais je t'assure que ça viendra. Laisse-toi du temps, Sirius. Tu ne peux pas être parfait dans tous les domaines juste en le voulant. Laisse-toi du temps pour te remettre, laisse-toi du temps avec Harry.
– J'aimerai que tout soit plus simple.
– Je dois avouer que, tous les deux, vous êtes des aimants à problèmes.
Sirius éclata de son rire qui ressemblait à un aboiement de chien.
– Tu n'es plus un prisonnier, Sirius. Tu es un homme, un père qui doit s'occuper d'un adolescent adorable à qui il arrive beaucoup de choses. Il faut que tu l'acceptes. Quand tu comprendras que tu n'es plus Sirius-prisonnier, mais Sirius-papa, ça ira beaucoup mieux.
– Papa, répéta Sirius les yeux ronds. Harry ne pense pas à moi comme ça. Je suis son parrain.
– Aujourd'hui, oui. Mais bientôt Harry te verra comme sa figure paternelle. Et ça sera à toi de lui montrer que tu l'es.
– J'ai peur.
– On a tous peur, Sirius, dit Irina en levant ses yeux au ciel. C'est ça être parent. Il faut juste que tu demandes si c'est ce que tu veux.
– Bien sûr que c'est ce que je veux ! dit Sirius brusquement avec sincérité. C'est juste que... je ne sais pas trop si...
– Le temps, toujours le temps, chantonna la psychomage.
Sirius leva ses yeux au ciel en se demandant pourquoi tout était si compliqué. Il aurait tant voulu avoir les conseils de James et Lily, pour savoir s'il faisait les bons choix.
– Si je peux te rassurer, tu peux toujours plaire, si c'est ça qui t'inquiète, dit Irina sur le ton de la confidence. Quoi ? Tu ne vois pas tous les regards qui se posent sur toi dès que tu vas quelque part ?
Sirius fit un signe de tête négatif. Il avait provoqué ce genre de regard avant. Mais maintenant ?
– Je te promets que c'est vrai ! Severine, l'infirmière, tu vois qui c'est ? Elle te regarde à chaque fois que tu entres dans une pièce. Et Harry m'a dit que c'était pareil quand vous vous promeniez. Il m'a dit que la serveuse du bar où vous avez pris un jus de framboise t'avait dragué !
– Pas du tout.
Irina haussa un sourcil, visiblement peu convaincue.
– Je te promets que je te dis la vérité.
– Je l'aurai vu.
– Non. Tu vois ce que tu veux voir. Comme tu penses que tu ne peux pas séduire, tu as l'impression que personne ne te remarque. Il n'y a que toi qui ne voit pas.
– Et comment je fais pour voir ? soupira Sirius.
– Il faut simplement que tu reprennes confiance en toi. Tu as changé oui. Physiquement un peu, mais tu as surtout changé au fond de toi. Tu n'es plus le même que tu étais et il faut juste que tu acceptes ton nouveau toi. Il a sans doute beaucoup à t'apporter.
– Quoi ? demanda Sirius d'un ton plaintif.
– Ça c'est à toi de le trouver. Mais ce que tu as vécu, si ça ne te définit pas, ça t'a changé. Accepte ces changements et prends leur côté positif.
– Tu es presque aussi évasive que Mihai, rit Sirius en brisant l'atmosphère sérieuse de la conversation.
– C'est lui qui m'a formé, répondit simplement Irina. Je vais dormir, ça ira ?
– Oui. Merci, Irina.
– C'est mon boulot, dit-elle en lui lançant un clin d'œil avant de s'en aller.
Sirius posa son regard dans la forêt un long moment, avant qu'un bruissement ne le fasse sursauter. Il fixa un arbre au loin et, soudain, un cerf fit son apparition. Grand, majestueux. La vision du cerf coupa le souffle de Sirius. Le cerf inclina sa tête, sans doute pour chercher quelque chose à manger, avant de se figer. Il releva sa tête et vit Sirius. Il le regarda quelques secondes, avant de s'enfuir dans la forêt.
Sirius, qui n'avait pas eu l'impression de retenir son souffle, prit une grande inspiration tremblotante. Il toucha ses joues et se rendit compte qu'il pleurait. Il était rempli de doutes, de peurs. Mais Cornedrue était là. Sirius en était persuadé maintenant, c'était un signe que son frère venait de lui envoyer. Il y avait de l'espoir. Harry et lui allaient s'en sortir, ensemble.
– Je te promets que je vais le protéger Cornedrue, murmura Sirius en regardant les étoiles.
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