PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.
N/A : Bonjour à tous ! Hé oui, je suis là ce vendredi ! Je vous annonce toutefois que c'est le dernier chapitre avant un petit moment. Le prochain sera sans doute publié le vendredi 20 novembre après mes concours. Je sais que ça fait long, mais je préfère vous proposer des chapitres longs et de qualité plutôt que de me presser et de vous faire quelque chose de passable, surtout que les prochains chapitres auront un peu plus d'action, donc il faut que je me pose un peu pour les écrire.
J'espère que celui-ci va vous plaire. J'ai bien entendu les critiques sur le fait que Sirius et Harry tournaient un peu autour du pot avec leurs hésitations, mais je vous promets qu'ils vont avancer et que ça ne reviendra plus vraiment dans les prochains chapitres. J'avoue avoir relu rapidement le chapitre donc il se peut que des fautes restent encore dans le chapitre. Bonne lecture et merci à tous !
Partie 3. Chapitre 6.
"Retour en Angleterre"
Harry posa ses valises dans sa chambre en souriant légèrement. Il accrocha les deux cartes postales qu'il avait achetées : une symbolisant la Roumanie et l'autre l'Île Maurice, en souvenir de ses vacances. Il toucha la photo de mariage de ses parents que Sirius avait réussi à dupliquer et leur sourit largement. Ses parents étaient heureux là-dessus, on pouvait les voir rayonner. Et, pour la première fois depuis longtemps, cette vision ne lui tordit pas le ventre, parce qu'il n'était plus tout seul.
– Harry ! l'appela Sirius du salon.
– J'arrive !
Harry descendit les escaliers, sourit à Remus, qui était encore un peu hésitant à l'idée de s'installer dans l'une des chambres du troisième étage.
– La chambre te plaît ? s'enquit Harry.
– Oh oui, Harry. C'est parfait, vraiment, répondit Remus en rougissant. Mais vous êtes sûrs tous les deux que...
Sirius grogna et posa théâtralement sa main sur son visage, comme s'il allait défaillir.
– Je te promets que si tu finis cette phrase, je te jette dehors.
Remus rougit légèrement et hocha sa tête.
– Tu es ici chez toi, d'accord ? insista Sirius avec plus de sérieux, comme s'il avait peur que Remus ne parte dès qu'ils allaient tourner le dos.
– D'accord. Mer...
– Arrête de me remercier.
– Oui. D'accord. Tu...
– Tais-toi, coupa de nouveau Sirius en sortant sa baguette.
– Ok ! Je capitule, marmonna Remus en levant ses yeux au ciel.
– Ça va Harry ? demanda Sirius en se tournant vers lui avec un sourire léger. Content d'être de retour ?
– Oh oui ! Et toi ?
– Moi aussi. L'Angleterre est vraiment le meilleur pays du monde, pas d'humidité, pas de soleil, c'est parfait. Bon je dois te donner quelques règles avant qu'on puisse vraiment profiter du reste de nos vacances.
Sirius les conduisit sur la terrasse où les attendait un petit-déjeuner digne d'un repas d'arrivée à Poudlard. Il était à peine dix heures du matin et, si l'air restait frais, le soleil brillait sur la mer. Harry regarda la plage avec un sentiment de bonheur extrême. Ils avaient été très sollicités ces dernières semaines et pouvoir retrouver le calme de la Villa Bleue leur faisait plaisir.
– Tu veux nous faire grossir, gémit Remus en voyant les scones.
– Pas du tout. Kreattur le veut, s'amusa Sirius. Il a peur que Harry soit sous-alimenté.
– Il est pire que la mère de Ron, souffla Harry. Mais je vais bien. Et Mihai a bien dit que je devais manger équilibré, pas me goinfrer de gâteaux.
– C'est les vacances, ça ne compte pas, assura sincèrement Sirius en lançant un gâteau en l'air avant de le gober sans les mains.
– Dégoûtant, grimaça Remus en lui lançant une serviette au visage.
Sirius se transforma en Patmol avant que la serviette ne le touche et l'attrapa avec ses dents en grognant.
– Mais quel enfant ! s'exclama Remus avant de fendre son visage d'un sourire amusé.
Patmol aboya gaiement, posa sa tête sur les genoux de Harry, avant de se transformer de nouveau avec un sourire satisfait.
– Je sais, je sais, dit Sirius. Je suis adorable.
Harry regarda Remus qui levait ses yeux au ciel.
– Bon, les règles, dit Remus pour recentrer le débat.
– Quelles règles ? Ah oui, les règles ! dit Sirius en regardant Harry avec sérieux. Alors, déjà, tu dois prendre toutes tes potions chaque jour et suivre les séances avec Irina.
– Combien de fois elle va venir ? demanda Harry.
– Elle loge en Angleterre pour le mois, expliqua Sirius. Elle va continuer quelques recherches pour Mihai pendant ce temps. Elle te verra trois fois par semaine, mais elle m'a dit de te dire qu'elle est disponible dès que tu en as besoin. Comme tu pars à Poudlard en septembre, tu ne pourras plus la voir avant noël, donc n'hésite pas à la contacter. Ça te va ?
– Oui, ne t'inquiète pas, je peux supporter trois séances par semaine, dit Harry en grimaçant légèrement.
– Super. Mihai sera là une fois par semaine et il te fera passer des tests pour voir si tu vas bien.
– Tu continues tes séances, Sirius ? demanda Remus.
– Pour le moment, oui, jusqu'à ce que Harry revienne à Poudlard. Ensuite, on va espacer à une fois toutes les deux semaines.
Harry vit que son parrain semblait soulagé à l'idée de continuer à suivre les séances avec Mihai.
– Ensuite, et comme tu le sais, tu es en danger avec Voldemort et Pettigrow dans la nature. Donc, il y a des règles très simples pour ta sécurité. Remus a accepté de t'entraîner avec moi, si ça te va.
– Trop cool ! s'exclama Harry les yeux pétillants.
Il se souvenait encore du mois d'entraînement, l'été dernier, avec Sirius où ils avaient passé des heures à revoir les sorts de Défense et à faire des Duels. Sirius lui avait promis qu'il l'aiderait à intégrer la Métamorphose et les Sortilèges dans les Duels. Harry avait pu prendre de nombreux conseils du professeur Flitwick et avait hâte de pouvoir essayer. Il n'était malheureusement pas assez avancé pour utiliser les Runes, mais il avait hâte de commencer.
– Les elfes ont terminé le sous-sol, on pourra s'entraîner là-bas. J'ai regardé et ça a l'air génial. Ils ont même installé un coin salle de boxe pour toi, sourit Sirius. D'ailleurs, en parlant de boxe, si tu sens que tu perds le contrôle, tu descends immédiatement dans la salle d'entraînement, compris ? J'ai demandé à Kreattur de renforcer les protections pour que, si jamais tu exploses, la Villa ne s'écroule pas.
Harry se sentait à la fois honteux et rassuré à l'idée que de telles mesures soient prises.
– Ne t'inquiète pas, Harry, dit Remus plus doucement, c'est parfaitement normal. Ta mère avait déjà fait des aménagements en ce sens quand elle vivait ici, qui sont tombés quand ils ont été attaqués par les Mangemorts.
– Oh, super.
– Mais tu sembles contrôler un peu plus, non ? demanda Sirius. On a les entraînements et tu as des potions de secours au cas-où, donc ça devrait aller. C'est simplement en cas d'urgence. Et puis on est là pour t'aider.
– Et pour Voldemort ? demanda Harry dans l'espoir de changer de sujet.
Sirius lui tendit une petite boîte enroulée de papier cadeau avec des chiens dessus que Remus avait sans doute enchantés pour qu'ils courent tout autour du paquet.
– C'est ton premier cadeau d'anniversaire, sourit Sirius avec malice.
Harry lui jeta un regard noir qui fit rigoler Remus et Sirius. Ils l'avaient réveillé en fanfare ce matin, quand ils étaient encore sur l'Île Maurice. Ils lui avaient lancé un verre d'eau glacée sur le visage, avant de se mettre à chanter joyeux anniversaire dans toutes les langues qu'ils connaissaient. Remus avait enchanté ses cheveux pour qu'ils prennent une couleur verte Serpentard absolument terrifiante et Sirius tous ses vêtements pour qu'ils inscrivent « birthday boy » à intervalles réguliers.
– Si c'est un de vos sorts de Maraudeurs, je demande à Kreattur de vous attaquer, dit sérieusement Harry.
Le sourire de Sirius se fana.
– Tu n'oserai pas faire ça ?
– Tu me prends pour un Poufsouffle ? rétorqua Harry avec un sourire sournois.
Il sourit légèrement en voyant que son parrain semblait prendre la menace très au sérieux. Il ouvrit le paquet avec excitation. Il avait déjà reçu des cadeaux pour son anniversaire, l'année passée, mais ce n'était pas la même chose de savoir qu'il allait avoir une vraie journée d'anniversaire et des vraies personnes avec lui pour le fêter.
La boîte contenait une magnifique montre, noire, avec des vifs d'or qui tournaient autour du cadran en guise d'aiguilles.
– Tu m'as un jour demandé la devise des Potter. Il n'y a pas de devise, mais les Vifs d'or sont un des symboles des Potter, expliqua Sirius alors que sa voix flanchait légèrement. C'était la montre de ton père quand il était à Poudlard. Il ne l'a jamais quittée. D'ordinaire on offre une montre au sorcier à son dix-septième anniversaire, mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir d'avoir quelque chose qui lui appartenait.
Harry observait la montre avec un mélange de fascination et d'émotion. Il l'attrapa immédiatement pour l'attacher à son poignet en songeant que jamais il ne s'en séparerait. Elle se logea parfaitement sur son poignet, comme si elle avait trouvé sa place.
– Elle est magnifique, répondit Harry en regardant son parrain les yeux brillants. Merci !
Sirius fendit son visage d'un sourire rassuré, comme s'il avait eu peur que ce cadeau ne lui plaise pas.
– Si je te l'ai prise, c'est aussi pour ta sécurité, expliqua Sirius plus sérieusement. Tu sais que la magie des elfes est sous-estimée, n'est-ce pas ? Il se trouve qu'en parlant avec Dobby j'ai découvert qu'ils pouvaient faire autant de choses que les sorciers. J'ai donc demandé aux elfes d'inclure dans ta montre un Portoloin de secours. Dobby a pleuré de joie en apprenant qu'il allait enchanter un objet pour « l'anniversaire de son Maître Harry ».
L'imitation parfaite de la voix suraiguë et enjouée de Dobby fit éclater Harry de rire.
– Donc, c'est un Portoloin ? comprit Harry en observant attentivement la montre.
– Oui.
– Mais je croyais que tu avais mis des protections anti-portoloins ici, releva Harry en fronçant ses sourcils. Donc comment je peux prendre un Portoloin ?
En arrivant il y a une heure à la Villa Bleue, Sirius lui avait parlé des enchantements et protections qu'ils avaient installés avec les elfes autour de la maison. S'ils ne pouvaient pas être aussi poussés que ceux du Square Grimmaurd, Harry avait compris que la maison était quasiment aussi bien protégée que Poudlard. Entre les sorts des Black, des Maraudeurs et la magie des elfes, il avait presque envie de voir quelqu'un essayer de venir ici sans autorisation.
– Oui, mais comme ce sont les elfes qui ont installé la protection anti-portoloin, ils ont fait une exception pour la montre, expliqua Sirius avec fierté. C'est moi qui ait eu l'idée.
– Et où est-ce que je vais ?
– Dans le seul endroit qui est plus sécurité que la Villa Bleue : le Square Grimmaurd. Je ne pense pas qu'on sera attaqué ici, très sincèrement, mais c'est surtout si tu es attaqué quand tu retournes à Poudlard. Si tu as le moindre problème, tu actives le Portoloin. Si tu disparais, je t'attendrais là-bas, entendu ?
– Pourquoi le Square Grimmaurd ?
– Parce que ma mère peut contacter mon arrière-arrière-arrière-grand-père Phineas qui préviendra le Directeur et qui trouvera le moyen de me prévenir si jamais je ne suis pas là. Tu as aussi Kreattur qui reste constamment là-bas et qui pourra te procurer les premiers soins.
– Ce n'est pas un peu extrême ? souffla Harry.
– Quand il s'agit de ta sécurité, rien n'est jamais extrême, répondit Remus. Tu ne dois jamais ôter ta montre, même ici, au cas-où. Même pendant la nuit.
– Et tu ne dois l'utiliser qu'en cas d'urgence, insista Sirius. Ce n'est pas un moyen de t'enfuir de Poudlard quand tu en as marre.
– Donc, je l'utilise si je suis attaqué ou si je risque de perdre le contrôle de ma magie dans un lieu inapproprié, c'est ça ? devina Harry.
– C'est exactement ça ! dit Sirius en hochant sa tête. Je préfère que tu exploses au Square Grimmaurd, Kreattur saura quoi faire.
– Et comment j'active le Portoloin ?
– Tu dois mettre un peu de Magie dedans, expliqua Sirius. Normalement on doit utiliser sa baguette pour activer un Portoloin, mais si tu es attaqué c'est la première chose qu'ils vont t'ôter et comme tu maîtrises plutôt bien ta Magie ça ne te posera aucun problème. Tu mets un peu de ta Magie et tu prononces le mot « Maraudeur ».
– Maraudeur ? répéta Harry. Tu n'as plus discret comme nom de code ?
– C'est Remus qui a eu l'idée ! plaida Sirius amusé.
– Parce que tu as proposé des noms qui auraient mis Harry mal à l'aise, répliqua Remus.
Harry sentit une douce chaleur l'envahir à l'idée de savoir que les Maraudeurs le protégeaient. Il regarda la montre de son père et tenta d'y infiltrer un peu de Magie. Ce fut très facile, presque instinctif. Il avait presque l'impression de voir la montre s'illuminer avec sa Magie. Pourtant, elle resta complètement noire.
– Ça te va ? s'enquit Sirius.
– Oui, bien sûr ! assura Harry. Je suis trop content. Les Maraudeurs sont...
La voix de Harry se perdit alors qu'il se sentait partir. Il eut l'impression qu'un crochet l'agrippait au niveau du nombril pour le tirer en avant. Il fut aspiré dans un tourbillon de couleurs, dans un sifflement semblable à celui du vent et atterrit douloureusement sur le sol, face au tableau de la mère de Sirius.
– Harry ! Quelle merveilleuse surprise ! lança Walburga.
– Bonjour Mrs Black, répondit Harry en se frottant le bas du dos.
– Appelle-moi Walburga mon garçon, dit-elle en souriant largement.
Harry s'apprêtait à lui répondre quand Kreattur courut en sa direction, une poêle à la main.
– Maître Harry ? Le Portoloin vient de s'activer, êtes-vous en danger ? C'est votre Magie ?
– Ne t'inquiète pas ! dit précipitamment Harry en voyant l'elfe prêt à calquer des doigts pour le contenir. C'était juste un test !
– Oh, dit Kreattur. Vous restez pour le thé ?
– Non, je vais rentrer à la Villa Bleue, merci Kreattur.
– Oh, quel dommage ! soupira Walburga. Reviens me voir rapidement.
Harry le lui promit et attrapa de la poudre de cheminette.
– Villa Bleue ! lança-t-il avant de partir dans un tourbillon de flammes vertes.
Remus et Sirius avaient déplacé le petit-déjeuner devant la cheminée et l'attendaient en discutant gaiement des derniers résultats de Quidditch de la Coupe du Monde. Sirius ricana quand Harry tomba sur le sol et ce fut Remus qui lui tendit sa main pour qu'il puisse se relever.
– Alors ? Kreattur était prêt à tuer quelqu'un ? s'amusa Sirius.
– Surtout à me faire enfermer pour ne pas que je détruise la maison, répondit Harry. Tu m'as fait atterrir devant le portrait de ta mère, c'est trop la honte !
– Mais non, comme ça elle peut donner l'alerte, dit Sirius avec un sourire en coin. Elle était contente de te voir ? Elle n'a pas arrêté de me harceler avant qu'on parte en vacances pour que je t'emmène la voir.
– Oui, elle m'a fait promettre de revenir rapidement.
– Bon, ça te convient comme plan de secours ?
– Parfait, assura Harry un peu étourdi après avoir pris un portoloin et la poudre de cheminette. C'est vraiment nécessaire ?
– Oui. Ça peut te sauver la vie Harry, dit sérieusement Remus.
– Alors ok, soupira Harry.
– Maintenant qu'on a parlé du plus difficile, c'est ton anniversaire, donc on fait ce que tu veux. Est-ce que tu as envie de quelque chose en particulier ?
– Non, pas spécialement, assura Harry. Juste quelque chose de tranquille. Vous savez c'est la première fois que je fête mon anniversaire, donc quelque chose de simple ça me va très bien.
– Je vais les tuer, siffla Sirius entre ses dents.
Les yeux de Remus avaient viré au jaune et Harry grimaça en songeant qu'il devrait limiter ses remarques sur les Dursley pour ne pas risquer de voir ses deux adultes référents finir à Azkaban pour triple assassinat.
– Ça va ! Je vous promets que ça va, tenta Harry. Je suis content d'être avec vous.
Sirius se détendit légèrement, mais Remus semblait avoir avalé un citron et il mit de longues minutes à se calmer.
– Qu'est-ce que vous voulez faire vous ? demanda Harry.
– On s'est douté que tu voudrais quelque chose de tranquille, admit Sirius. Ça va être l'heure de déjeuner, donc je te propose qu'on mange ici, Kreattur a préparé des tonnes de nourriture. Et si tu veux, j'ai reçu un coup de Miroir de Amelia hier et Daisy Rodrigues est prête à nous recevoir aujourd'hui pour l'adoption.
Le cœur de Harry arrêta de battre immédiatement, alors qu'il regardait Sirius avec de l'espoir.
– On peut le faire aujourd'hui ? croassa-t-il.
– Si tu veux, oui. Remus et Amelia sont disponibles, laisse-moi te dire qu'elle est ravie d'avoir la chance de devenir ta marraine. Mais tu peux aussi attendre si tu veux la connaître un peu plus ou si tu veux encore y ré...
– On part à quelle heure ?
Harry se leva en sautant sur place et il vit Sirius le regarder avec stupéfaction, avant de sourire et de l'entraîner dans un câlin. Harry avait l'impression que c'était devenu leur nouvelle routine et il devait avouer que ça lui convenait parfaitement. Il sentit Sirius bouger contre lui et il comprit qu'il venait d'attraper le bras de Remus pour qu'il rejoigne ce premier câlin familial.
– Ça se passera à seize heures, ça te va ?
– Oh oui ! s'exclama Harry.
– Et ce soir on va au restaurant ? proposa Remus avec une lueur malicieuse dans le regard.
– Ça me semble être parfait, assura Harry. On va où ?
– Oh, tu vas adorer ! sourit Sirius. C'est le meilleur restaurant du Chemin de Traverse, la Sirène Enchantée, c'est Narcissa qui me l'a conseillé.
– Narcissa ? Ta cousine ?
– Oui. Tu sais, les Malefoy ont beau être prétentieux, ils savent apprécier un bon restaurant, on ne prend pas trop de risques. Ça va te plaire, je t'assure.
.
Le début d'après-midi passa à une vitesse folle. C'était la première fois que Harry fêtait son anniversaire et il n'aurait pas pu rêver mieux. Kreattur s'était surpassé pour le repas et la tarte à mélasse était si bonne qu'il avait dû lutter contre lui-même pour ne pas la finir à lui tout seul.
Sirius et Remus l'avaient énormément gâté et lui avait acheté une série de livres intitulés La défense magique et son usage appliqué contre les forces du mal comportant des illustrations animées et en couleurs de tous les contre-maléfices et ensorcellements décrits dans l'ouvrage. Ils étaient magnifiques et, après les avoir feuilleté avec attention, Harry comprit qu'ils lui seraient très utiles pour leurs entraînements futurs.
Sirius n'avait pas résisté à lui acheter une cape sorcière pour qu'il ne soit « pas habillé comme un troll des montagnes ce soir » d'une jolie couleur bleue nuit.
Sa plus grosse surprise fut de voir Hedwige atterrir en douceur devant lui dans l'après-midi -alors que Remus lui montrait des photos de ses parents qu'il avait réussi à récupérer- en hululant doucement et lui mordillant le doigt, ravie de le retrouver.
Hedwige lui avait apporté une lettre de Ron lui expliquant qu'il savait qu'il revenait aujourd'hui et qu'il en profitait pour lui donner son cadeau d'anniversaire et lui renvoyer la chouette, sachant qu'elle devait lui manquer. La famille Weasley l'avait gâté et lui avait fait parvenir des petits pâtés d'anniversaire, des friandises et des échantillons de farces et attrapes de la part des jumeaux.
Hedwige avait dû passer voir Luna qui, Harry le savait, habitait dans le même village que les Weasley, puisqu'il reçut une lettre de sa part, ainsi qu'un jeu de société sorcier adapté du Monopoly moldu.
Il avait été un peu déçu de voir qu'il n'avait rien reçu de Hermione, mais il savait qu'elle n'avait pas de hibou pour lui envoyer de lettre et se promit de lui envoyer une lettre dès le lendemain pour prendre de ses nouvelles. Il n'avait rien de la part de Susan et Hannah, mais il songea qu'elles avaient dû oublier son anniversaire, ce qui n'était pas très étonnant.
– Tu es prêt petit ? demanda Sirius à quinze heures trente.
– Uniquement si tu arrêtes de m'appeler comme ça, répliqua Harry.
Sirius éclata de rire et passa sa main dans les cheveux de Harry en les ébouriffant encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Harry tenta de se dérober à son contact mais, même après douze ans à Azkaban, Sirius avait plus de poigne que lui.
– Je vais être décoiffé, se plaignit Harry.
– Quand est-ce que tu ne l'es pas ? rit Remus en tentant de le recoiffer. Un vrai Potter.
– Ce qui est drôle c'est que ton grand-père a fait fortune en inventant la potion Lissenplis, ricana Sirius.
– Vraiment ? s'étonna Harry.
– Je ne t'en avais pas parlé ? s'étonna Sirius. Mais oui, il a inventé cette potion qui est utilisée dans tous les salons de coiffure. C'est pour rendre les cheveux lisses. Mais je crois que le fait qu'elle ait été inventée par lui fait qu'elle ne marche pour aucun Potter. Laisse tomber Remus, c'est perdu d'avance.
Harry rigola en se disant qu'il ne servait à rien d'essayer, ses cheveux ne s'aplatiraient jamais.
– Vous êtes prêts ? demanda Sirius.
– Comment on va au Ministère de la Magie ?
– On va passer par l'entrée des visiteurs, indiqua Sirius en attrapant le bras de Harry.
La petite famille transplana dans le centre de Londres, avant de se diriger d'un pas joyeux vers une vieille cabine téléphonique située au cœur de Londres. Ils se contorsionnèrent pour y entrer tous les trois, alors que Sirius tapait la combinaison 6-2-4-4-2. Une voix féminine s'éleva dans la cabine, faisant sursauter Harry.
– Bienvenue au ministère de la Magie. Veuillez indiquer votre nom et l'objet de votre visite.
– Sirius Black, Remus Lupin et Harry Potter. Nous avons rendez-vous avec Daisy Rodrigues du Département de la Famille.
– Merci. Le visiteur est prié de prendre le badge et de l'attacher bien en vue sur sa robe.
Il y eut un déclic, suivi d'un grincement, et Harry vit quelque chose tomber dans le réceptacle de métal destiné à rendre les pièces inutilisées. Il ramassa le badge carré, en argent, qui portait la mention « Harry Potter, rendez-vous Département de la Famille ». Il l'épingla sur sa robe sorcière alors que le plancher de la cabine se mettait à vibrer et qu'ils commençaient à descendre lentement dans le sol. Il entendit un grondement sourd pendant que la cabine s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Au bout d'environ une minute, un rai de lumière dorée tomba sur ses pieds et s'élargit jusqu'à éclairer tout son corps.
– Je déteste passer par là, grommela Sirius.
– C'est vrai que la dernière fois, tu as transplané dans le Ministère sans autorisation et que tu as été menacer le Ministre de la Magie, se souvint Remus avec ironie.
La porte s'ouvrit à la volée et ils sortirent de la cabine, alors que Harry restait bouche bée. Ils se trouvaient à l'extrémité d'un hall gigantesque et somptueux dont le parquet de bois foncé était ciré à la perfection. Le plafond d'un bleu semblable aux plumes d'un paon était incrusté de symboles dorés et brillants qui ne cessaient de bouger. De chaque côté, des lambris de bois sombre et luisant recouvraient les murs dans lesquels étaient aménagées de nombreuses cheminées aux manteaux dorés. Régulièrement, une sorcière ou un sorcier émergeait dans un bruissement discret d'une des cheminées situées sur la gauche. A droite, de courtes files se formaient devant chaque feu de bois, dans l'attente d'un départ.
Au milieu du hall s'élevait une fontaine. Des statues d'or plus grandes que nature occupaient le centre d'un bassin circulaire. La plus haute de toutes représentait un sorcier de noble apparence, sa baguette magique pointée vers le ciel. Il était entouré d'une sorcière d'une grande beauté́, d'un centaure, d'un gobelin et d'un elfe de maison. Ces trois derniers contemplaient les deux humains avec adoration. Des jets d'eau étincelants jaillissaient des baguettes magiques du sorcier et de la sorcière, de la flèche du centaure, du chapeau pointu du gobelin et des deux oreilles de l'elfe de maison. L'eau qui retombait dans le bassin produisait un clapotis régulier qui se mêlait aux craquements brusques des transplaneurs et au martèlement des pas de centaines de personnes qui se dirigeaient vers deux grandes portes d'or, à l'autre bout du hall.
– Impressionnant, n'est-ce pas ? dit Sirius en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes.
– C'est magique, fit Harry qui ne savait plus où regarder. Tu as travaillé ici ?
– Mmmh, ouais, dit Sirius les yeux plus sombres. On ne peut malheureusement pas descendre au Département des Mystères, parce que c'est top secret. Mais bon, tu ne rates rien.
– Tu n'étais jamais venu, Harry ? s'étonna Remus. Comment tu as fait pour le procès de Sirius ?
– Alan m'a fait prendre la poudre de cheminette, expliqua Harry. Les avocats ont un accès direct dans une pièce du Ministère pour aller plus rapidement dans les salles d'audience.
– Oh, intéressant, dit Remus. Et c'est surveillé ?
– Oui, il y a une personne qui surveille les baguettes et qui vérifie que les avocats aient bien leurs autorisations. Alan m'a dit que ça avait été mis en place il y a seulement quelques années, parce que les avocats se plaignaient de devoir faire la queue à l'entrée.
– Ça lui ressemble bien, ça, rit Sirius alors qu'ils s'approchaient vers un sorcier qui était installé sous une pancarte qui indiquait « sécurité ».
Harry observa avec attention les employés du ministère dont certains portaient des piles de parchemins en équilibre précaire ou des attachés-cases cabossés, tandis que d'autres traversaient le hall en lisant La Gazette du sorcier.
Après avoir fait vérifier sa baguette, Harry suivit Sirius et Remus de l'autre côté des portes qui menaient à un hall plus petit où une vingtaine d'ascenseurs s'alignaient derrière des grilles d'or ouvragé. Ils se mêlèrent au groupe qui attendait devant l'un d'eux.
Harry n'avait jamais vu Sirius agir dans la société sorcière, mais il trouva que c'était une expérience intéressante. S'il discutait de manière détendue avec Remus, il avait placé sur son visage une expression distante, presque moqueuse. Il regardait chaque personne qui venait le saluer avec froideur, s'arrangeant pour se placer devant lui, pour que personne ne le remarque. Il parlait avec politesse, mais d'un ton froid qu'il ne lui connaissait pas. Ses mâchoires étaient serrées et il était évident qu'il ne voulait pas discuter plus longtemps que nécessaire.
– Moi aussi je n'aime pas le voir comme ça, murmura Remus en se baissant vers lui.
– Il est si froid comme ça, dit Harry en regardant Sirius discuter avec un ancien collègue.
– Il a été formé dès son enfance à ne pas laisser paraître ses émotions. Et revenir ici c'est toujours difficile. Maintenant que tout le monde le connaît, il sait qu'il ne peut pas y échapper.
– Et dire que ce matin il hurlait de joie quand il a vu que les Flèches avaient remporté leur dernier match, rit Harry.
– Je me souviens que ton père refusait d'accompagner Sirius ici. Il ne le reconnaissait pas.
– Et ma mère ?
– Je pense que c'était la seule qui pouvait faire sourire Sirius dans un lieu public.
Sirius dut sentir qu'ils parlaient de lui puisqu'il se tourna légèrement et leur fit une grimace, avant de reprendre son expression neutre et d'écourter la conversation.
– Je déteste ça, murmura Sirius en posant une main sur l'épaule de Harry pour le faire avancer dans l'ascenseur qui venait de s'ouvrir devant eux.
Ils n'étaient que tous les trois, sans doute en raison de l'heure avancée de la journée, mais Sirius garda son expression tendue. Harry trouva qu'il ressemblait énormément à Orion Black, qu'il avait vu en photo, mais n'osa pas le lui faire remarquer. Il était sûr que Sirius ne le prendrait pas très bien.
– Si on croise Croupton je ne réponds plus de rien, grommela Sirius.
– On t'aidera, promit sérieusement Harry avant de retrouver poussé tout au fond de la cabine, quand un groupe de sorciers pénétra dans l'ascenseur au cinquième étage.
Remus resta aux côtés de Harry, une main posée sur son épaule. Ils avaient tous convenu que leur visite au Ministère devait rester secrète le plus longtemps possible. Ils n'évoqueraient pas de suite l'adoption, Sirius préférant ménager la surprise. Harry avait été d'accord avec ça, ne souhaitant pas que sa vie privée s'étale en première page de la Gazette du Sorcier. Si certains sorciers le regardaient avec attention, personne ne chercha à lui parler, mais il était sûr que le regard glacial de Sirius devait y être pour quelque chose. Même s'il avait aplati ses cheveux pour masquer sa cicatrice, il n'était pas compliqué de savoir qui il était.
Harry regarda avec attention les différents niveaux du Ministère de la Magie et le vas et viens des sorciers. Il observa les notes de service en forme d'avions en papier de couleur violette claire voleter dans la cabine. Sirius continua de serrer des mains et Remus salua chaleureusement un ancien camarade de leur promotion qui travaillait au Département de la coopération magique internationale, niveau cinq. Au grand soulagement de Sirius, ils ne croisèrent pas Croupton.
– Niveau deux, Département de la justice magique, Service des usages abusifs de la magie, Quartier général des Aurors, Services administratifs du Magenmagot.
– C'est là que nous descendons, dit Sirius avec un soulagement évident et longeant un couloir dans lequel des portes s'alignaient de chaque côté.
Harry regarda les fenêtres enchantées par la maintenance magique -qui pouvaient changer le temps à leur guise- avant qu'ils ne tournent au coin d'un autre couloir, franchissant une double porte de chêne. Ils arrivèrent dans une vaste salle en désordre, divisée en boxes, que Harry connaissait bien pour y avoir passé quelques minutes après le procès de Sirius. L'endroit bourdonnait de rires et de conversations et des notes volantes se croisaient en tous sens, d'un box à l'autre, comme des fusées miniatures. Accroché de travers, un écriteau indiquait « Quartier général des Aurors ».
Il jeta au passage des regards furtifs à l'intérieur des boxes. Les Aurors avaient recouvert les cloisons de leurs bureaux d'un mélange de portraits de sorciers recherchés, de photos de famille, d'affiches de leurs équipes de Quidditch préférées ou d'articles découpés dans la Gazette du Sorcier. Un homme vêtu d'une robe prune, couleur des Aurors, les cheveux coiffés en catogan, était assis, les pieds sur son bureau et dictait un rapport à sa plume. Un peu plus loin, Harry reconnut Kingsley Shacklebolt parler avec une sorcière, un œil caché sous un bandeau. Kingsley les regarda approcher et leur fit un petit signe de tête, que Sirius lui rendit.
Ils n'eurent pas le temps d'atteindre le bureau du Chef des Aurors, que Rufus en sorti. Rufus marqua un temps d'arrêt en les voyant approcher, comme s'il n'en revenait pas de les voir ici.
– Sirius Black ! Quelle surprise ! dit Rufus avec un sourire en soin sournois. Tu viens te rendre ?
Les Aurors aux alentours arrêtèrent leurs conversations pour les fixer avec attention.
– Me rendre ? répéta Sirius en souriant à son tour.
– Tu sais bien, pour le kidnapping. Oh, mais je vois que tu as ramené le jeune Potter avec toi. Ça va alléger ta peine.
Sirius, qui avait légèrement rosit, leva ses yeux au ciel.
– Dis juste que tu es content de me voir. Je t'ai ramené une bouteille mauricienne pour me faire pardonner.
– Il va me falloir plus que ça pour te pardonner, répliqua Rufus le regard sombre.
– J'ai des places pour un match de foot, continua Sirius. Et je plaiderai coupable à mon procès. Je suis désolé, ok. Je ne pouvais rien te dire. Et puis ce n'est qu'un petit kidnapping. Je n'ai pas tué douze moldus dans une rue quand même !
Cela semblait suffire à Rufus qui s'approcha d'eux et entraîna Sirius dans une étreinte fraternelle qui fit sourire Harry. Les Aurors aux alentours semblèrent stupéfaits de voir leur Chef des Aurors comme ça.
– Remus, salua Rufus en lui tendant la main avant de faire un clin d'œil amusé à Harry. Bonjour Harry. Bienvenue dans ton nouveau lieu de travail, laisse-moi te faire visiter.
Rufus posa une main sur son épaule et lui fit faire quelques pas.
– Il ne va pas travailler ici, répliqua sèchement Sirius.
– Vraiment ? Enfin, Sirius ! Quand on a une vocation comme Harry on ne la gâche pas, répliqua Rufus une lueur amusée dans le regard. Il a fait son premier travail d'Auror à un an je te le rappelle.
Sirius grommela dans sa barbe comme s'il se retenait de lui jeter un sort. Remus pouffait de rire.
– Alors, Harry, comment tu trouves nos bureaux ? demanda Rufus en se tournant vers lui.
– Euh... spacieux.
– Splendide ! Tu t'y plairas bien.
Harry rougit légèrement alors que Rufus lui faisait visiter les lieux, saluant chaque Auror avec attention. L'espace réservé aux Aurors était vraiment très confortable. Ils avaient chacun de grands bureaux et une immense salle de pause.
– Et tu connais déjà mon bureau, dit Rufus en désignant son bureau dos à lui. Alors, tu t'engages quand ?
– Quand il sera majeur, dit brusquement Sirius en poussant Rufus du coude pour qu'il lâche Harry. Laisse-le tranquille. Il ne va pas travailler pour le Ministère. Il n'y a que des imbéciles qui travaillent là. Sans offense, ajouta-t-il en voyant un Auror lui jeter un regard courroucé.
– Je travaille-là, rappela Rufus amusé.
– Raison de plus pour que Harry fuit cet endroit le plus rapidement possible.
Harry éclata de rire en les voyant se chamailler.
– Qu'est-ce que vous faites là ? demanda finalement Rufus.
– On a rendez-vous au Département de la Famille.
Les yeux de Rufus s'écarquillèrent légèrement, il fixa alternativement Harry et Sirius, avant de sourire.
– Vous rejoignez Amelia ? comprit Rufus.
– Ouais. On doit y aller justement, on va être en retard. On se voit plus tard ?
– Ça marche, Black. Et tu as intérêt de ramer pour me faire oublier ton crime ! cria Rufus en les voyant continuer leur chemin.
Sirius lui fit un geste de la main très grossier qui fit éclater de rire Rufus, avant qu'il n'intime à ses équipes de reprendre le travail.
– Ça a dû leur faire bizarre de le voir aussi joyeux, dit Sirius. C'est un vrai troll au travail je me demande comme son équipe le supporte.
Sirius se baissa instinctivement et évita de justesse le sort violet qui venait de lui être envoyé. Il jeta un regard glacial à Rufus qui ricanait dans son coin et retournait voir ses Aurors.
– Un vrai imbécile, grommela Sirius, alors que Harry et Remus éclataient de rire.
Sirius les entraîna jusqu'à une autre porte de chêne qui donnait sur un nouveau passage. Il les conduisit jusqu'à deux autres portes en chêne au-dessus desquelles était posté un panneau « Direction de la Justice Magique ». Sirius s'apprêtait à ouvrir les portes quand Harry vit une masse de cheveux roux marcher dans le couloir.
– Mr Weasley ! s'écria Harry joyeusement.
Arthur sursauta, remonta ses lunettes en écailles sur son nez et sourit à Harry.
– Harry, quelle bonne surprise.
Arthur serra chaleureusement la main de Harry, ravi de le revoir.
– Mr Black, je présume ? devina Arthur en tendant de nouveau sa main vers Sirius.
Harry vit que Sirius avait une lueur appréciative dans le regard, comme s'il ne s'était pas attendu à ce que Arthur soit aussi agréable avec lui. Il serra immédiatement sa main.
– Appelez-moi Sirius. Et voici Remus Lupin, ancien...
– Professeur de Défense, évidemment ! dit joyeusement Arthur. Mes enfants m'ont parlé de vous dans le plus grand bien. Enchanté de vous rencontrer.
– Vous avez des enfants adorables, confirma Remus.
– Les jumeaux ne vous ont pas trop embêté ? soupira Arthur en rosissant.
– Il se trouve que non, répondit malicieusement Remus.
– Remus a le chic pour déjouer toutes les blagues qu'on pourrait lui faire, ajouta Sirius en ricanant. Je pense que c'est plutôt lui qui a embêté les jumeaux que l'inverse.
Harry vit Remus rougir légèrement et il sut que, derrière l'innocence apparente de Remus, se cachait bien un Maraudeur. Il n'en avait pas parlé avec les jumeaux, mais il était certain qu'ils avaient tenté de lui faire des blagues, qui n'avaient jamais abouties.
– Vous travaillez ici Mr Weasley ? demanda Harry.
– Oui, au service des détournements de l'artisanat moldu, dit Arthur avec passion. Et toi, Harry, tu as profité de tes vacances ? Tu as bien bronzé !
– Merci Mr Weasley. Et oui c'était super, sourit Harry.
– Nous sommes heureux de savoir que la garde vous a été attribuée, Sirius, dit Arthur en souriant.
– Merci, sourit Sirius.
– Nous serions ravis de vous avoir tous les trois à dîner pendant les vacances, si vous êtes disponibles. Molly voulait vous envoyer un hibou.
Harry regarda Sirius avec envie.
– Nous en serions honorés, répondit Sirius après avoir sondé le regard de Harry. Contactez Harry par hibou et nous organiserons ça.
– Splendide ! s'exclama Arthur en remontant de nouveau ses lunettes qui avaient glissées. Je dois vous laisser, je travaille sur un cas de toilettes publiques régurgitantes. Ça devient ridicule, que voulez-vous !
Ils saluèrent joyeusement Arthur, le regardant partir en direction de son bureau, un rapport sous la main.
– Très gentil, dit Sirius. Allez, on va finir par en retard.
– Vous êtes trop connus, soupira faussement Remus. La prochaine fois je métamorphose vos visages.
– Je le ferai moi-même, si tu veux bien, je ne voudrais pas que tu l'abimes.
Remus leva ses yeux au ciel alors qu'ils passaient les portes. Ils saluèrent la secrétaire qui les laissa passer après avoir étudié Harry avec attention. Sirius frappa deux coups à la porte du bureau d'Amelia et entra sans même attendre sa réponse.
– Est-ce que ça serait trop demander d'attendre que je réponde ? dit sèchement Amelia. Entre toi et Rufus, je vais être obligée de mettre un sort à cette fichue porte !
Harry vit Sirius lui lancer une petite moue d'excuse, avant qu'Amelia ne s'approche d'eux et enlace Sirius.
– Je suis contente de vous voir, dit Amelia. Bonjour Remus, tu vas bien ?
– Oui et toi ?
– Très bien. Waouh, Harry ! Tu es vraiment bronzé ! s'exclama la Directrice de la justice magique en le détaillant du regard avant de lui lancer un sourire éclatant.
Harry apprécia le fait qu'elle ne cherche pas à lui faire de câlin.
– Harry, je voulais te dire que je suis très honorée que tu me veuilles comme marraine. Je m'assurerai de te protéger du mieux que je le puisse, dit Amelia la voix émue. C'est un honneur pour moi.
– Merci d'avoir accepté, balbutia Harry en rougissant. C'est... merci pour tout ce que tu as fait pour nous, c'est...
– Oh ça va, coupa Sirius amusé, on n'a pas besoin de partir dans le sentimental non plus.
– Tu as raison, dit Amelia en regardant sa montre. On devrait y aller, on est un peu en retard.
Amelia prit sa baguette et commença à discuter avec Remus de ce qu'ils avaient visité pendant leurs vacances.
– Ça va ? murmura Sirius à Harry en voyant qu'il s'était mis un peu à l'écart.
– Un peu stressé, admit Harry.
– Moi aussi.
Sirius posa une main sur son épaule et Harry se sentit tout de suite beaucoup mieux.
Le petit groupe repassa dans le Bureau des Aurors et Amelia salua Rufus de loin qui leva ses deux pouces en l'air pour les encourager. Ils arrivèrent rapidement devant le bureau de Daisy Rodrigues, qui les fit entrer avec un grand sourire.
– Bonjour, bonjour ! lança joyeusement Daisy. Mr Black c'est toujours un plaisir.
– Plaisir partagé, dit Sirius en lui attrapant sa main pour l'embrasser.
– Quel charmeur, pouffa Daisy en rougissant avant de se tourner vers Remus. Voici le parrain, je présume.
Remus hocha la tête, un peu gêné, avant que Daisy ne détaille Harry. Elle posa son regard un long moment sur sa cicatrice en forme d'éclair, comme si elle n'en revenait pas, avant qu'Amelia ne la pousse légèrement pour qu'elle reprenne ses esprits.
– Et tu dois être Harry ? Enchantée de te rencontrer. Daisy Rodrigues. J'espère que tu te plais avec Sirius.
– C'est le meilleur, confirma Harry.
Daisy semblait enchantée de cet état de fait et les fit entrer dans son bureau spacieux.
– Je suis absolument enchantée de procéder à cet acte ! dit Daisy. Vous savez, c'est si rare maintenant. Après la guerre, évidemment, nous avons eu beaucoup de procédures de ce genre. Mais depuis la défaite de Vous-Savez-Qui... Merci Harry, dit-elle en lui faisant un clin d'œil. Donc... oui, c'est beaucoup plus calme. Et ça change tellement des querelles entre les époux. Si vous saviez...
– On peut peut-être avancer, proposa Amelia avec délicatesse. J'ai beaucoup de travail.
– Oh oui, bien sûr ! s'exclama Daisy. Alors, d'accord j'ai besoin du papier qui... Parfait.
Elle attrapa la demande d'adoption qui avait été rédigée par Sirius et Harry et cosignée par Remus et Amelia.
– Harry, est-ce que c'est bien ce que tu veux ? demanda plus sérieusement Daisy. Tu dois savoir qu'en procédant à cette adoption, Sirius sera considéré comme ton père. Je vois que tu as demandé à accoler son nom au tien, tu seras donc, dès à présent, un Potter-Black. Sirius a déjà ta garde complète évidemment, mais c'est un lien fort que vous vous apprêtez à conclure.
– Oui, c'est ce que je veux, dit Harry sans flancher.
Daisy lui lança un sourire doux, ravie de savoir qu'il se plaisait avec Sirius.
– Et vous, Mr Black...
– Combien de fois vous ai-je dit de m'appeler Sirius, ma chère ? dit Sirius.
– Oh, oui, alors, Sirius, gloussa Daisy, vous devez savoir qu'en procédant à cette adoption, Harry sera considéré comme votre fils. Il sera un Black, ce qui signifie que vous ne pourrez pas rendre la garde, qu'il considéré comme votre héritier et que...
– Oui, je le veux.
– Ce n'est pas une demande en mariage, dit Amelia en ricanant.
– Peu importe, c'est ce que je veux, dit Sirius.
– Parfait, dit joyeusement Daisy. Je suis ravie de procéder à l'adoption de Harry, ça va être génial vous allez voir. Harry, je tiens également à te dire, au nom du Département de la Famille, que nous avons été attristés d'apprendre ce qu'il t'était arrivé.
– Euh, merci. Merci à vous d'avoir donné la garde à Sirius, balbutia-t-il.
– Il n'y avait pas de meilleur choix, si j'ai bien compris. Vous avez reçu le déroulé du rituel ? Mmmh, je vois, dit-elle en attrapant une feuille que lui tendait Sirius qui changeait quelques aspects du rituel. Harry je vois que tu souhaites également promettre quelque chose à Sirius, c'est bien, très bien.
– Ça ne se fait pas comme ça normalement ? demanda Harry qui avait longuement réfléchi à la meilleure manière de faire sa promesse.
– Oh non. Les adoptions se font le plus souvent tôt dans la vie de l'enfant, donc il ne peut pas vraiment promettre. L'adoption est souvent un lien dans un sens, du père vers l'enfant. Mais votre cas est un peu particulier. Vous allez voir, ça va être amusant.
Daisy les fit se lever et s'installer face à face au centre de la pièce. Amelia et Remus se placèrent derrière Sirius, un peu en retrait.
Harry se retrouva face à Sirius et lui sourit largement. Sirius le lui rendit, même s'il semblait un peu plus angoissé, comme s'il avait peur que Harry ne parte en courant.
– Tenez-vous les mains.
D'un mouvement de baguette, Daisy enroula autour de leurs mains enlacées plusieurs rubans bleus.
– Nous allons aujourd'hui procéder à l'adoption de Mr Harry James Potter par son parrain, Sirius Orion Black.
Harry croisa les yeux gris de son parrain et il y vit une telle émotion qu'il en chancela.
– Aujourd'hui, vos liens vont changer. Vous allez devenir une famille. Vous allez devenir père et fils. Vous allez vous engager pour la vie, par les liens de la famille et de l'amour. Le voulez-vous ?
– Oui, répondirent Harry et Sirius d'une même voix sans se lâcher du regard.
Daisy posa sa baguette sur leurs mains liées et enroulées de rubans, ces derniers se mettant à scintiller.
Puis, elle fixa Sirius, qui prit une grande inspiration.
– Harry, dit Sirius d'une voix tremblotante, je m'engage envers toi à devenir ton père. Je m'engage à te protéger contre toutes les personnes qui chercheraient à te faire du mal, à te soutenir dans toutes les épreuves que tu traverseras. Je m'engage à être un père pour toi, à t'apporter la santé, la confiance, le courage, la prospérité et la joie. Je m'engage à te transmettre les valeurs de la famille Black, les valeurs des Maraudeurs et les valeurs de la famille Potter-Evans. Je m'engage à t'aimer jusqu'à la fin de ma vie.
Au fur et à mesure que Sirius parlait, Daisy faisait apparaître des rubans de différentes couleurs se superposant aux bleus : un rouge, un doré, un jaune, un vert et un marron, chacun symbolisant les différentes promesses de Sirius.
– Sirius, j'accepte tes promesses, dit Harry d'une voix tremblotante. Je souhaite aussi ajouter que je m'engage à être un fils pour toi. Je m'engage à te respecter et à t'écouter quand tu l'estimeras nécessaire. Je m'engage à devenir un membre de la famille Black, sans oublier la famille Potter et les Maraudeurs qui sauront nous guider dans notre nouvelle vie. Je m'engage à t'aimer jusqu'à la fin de ma vie.
Le cristal de roche autour du cou de Harry se mit à briller et Sirius écarquilla ses yeux. Daisy sembla interloquée un moment en voyant le phénomène, alors que la pierre se mettait à chauffer sur la peau de Harry et qu'il se sentait entouré d'une force qu'il n'avait connue qu'une seule fois : quand il avait rencontré ses parents dans la mort.
– Mr Sirius Orion Black, vous vous engagez aujourd'hui à devenir le père de Mr Harry James Potter. Le souhaitez-vous ? demanda Daisy sans quitter des yeux le bijou de Harry.
– Oui, je le souhaite.
– Par les pouvoirs qui me sont conférés par le Ministère de la Magie, je vous déclare aujourd'hui père et fils. Mr Harry James Potter, vous êtes à présent nommé Harry James Potter-Black, fils adoptif de Sirius Orion Black.
Les rubans s'illuminèrent immédiatement, diffusant une lumière si blanche, si pure, que Harry dut fermer les yeux par peur de devenir aveugle. Son collier brûla de plus en plus avant que les rubans ne disparaissent et que ce soit le calme.
– Ça alors ! s'exclama Daisy les yeux écarquillés. C'est la première fois que je vois ça ! Vous devez vraiment avoir un lien très fort ou une grande puissance magique. Ou les deux. Félicitations !
Harry, encore un peu sous le choc, mit quelques secondes à réagir avant que Sirius ne s'approche de lui pour le prendre dans ses bras, les larmes aux yeux. Il ne sut pas combien de temps ils restèrent enlacés, mais Harry aurait voulu que ça dure plus longtemps tant les émotions se succédaient en lui.
– Comment ça va se passer pour nous ? demanda Amelia.
– Désolée de vous dire que c'est beaucoup moins impressionnant que ça, rit Daisy en rompant la tension de la pièce. Je vais simplement vous demander de prendre chacun une main à Harry.
Harry regarda Remus et Amelia se positionner en face de lui. Un ruban rouge et or, aux couleurs de gryffondor, s'enroula autour de leurs mains, alors que Sirius se plaçait derrière lui, une main sur son épaule.
– Mrs Amelia Marie Bones, vous vous engagez aujourd'hui à devenir la marraine de Mr Harry James Potter-Black. Vous engagez-vous à protéger cet enfant, à l'accompagner dans sa vie future, à lui apporter tous les conseils dont il aurait besoin, à le guider et à l'aimer ?
– Oui je le souhaite, répondit Amelia.
– Mr Remus John Lupin, vous vous engagez aujourd'hui à devenir le parrain de Mr Harry James Potter-Black. Vous engagez-vous à protéger cet enfant, à l'accompagner dans sa vie future, à lui apporter tous les conseils dont il aurait besoin, à le guider et à l'aimer ?
– Oui je le souhaite, répondit Remus en fixant Harry dans les yeux.
– Par les pouvoirs qui me sont conférés par le Ministère de la Magie, je vous déclare aujourd'hui parrain et marraine de Mr Harry James Potter-Black.
Les deux rubans se mirent à scintiller doucement, avant de disparaître à leur tour.
Il y eut un petit moment de flottement, avant que Sirius ne l'attire contre lui de nouveau.
– Tu es bloqué avec moi maintenant, dit Sirius en lui décrochant un sourire heureux.
– J'ai voulu ça, lui rappela Harry.
– Je t'aime, murmura Sirius à son oreille.
– Moi aussi.
– Hé ! On veut un câlin nous aussi ! s'exclama Amelia avant de s'approcher vers Harry pour le prendre dans ses bras. Viens voir ta marraine.
– Son parrain est là aussi ! s'écria Remus en rejoignant le câlin.
Harry sourit largement en voyant Sirius lever ses yeux au ciel. Il se sentait heureux, si heureux qu'il avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine. Il se sentait entouré, protégé, aimé. Il se demanda si c'était le sentiment qu'on ressentait quand on était entouré de sa famille.
.
– Bienvenue à la Sirène Enchantée, messieurs. Suivez-moi.
Harry suivit le serveur et eut le temps de voir le sourire en coin de Sirius.
– Pourquoi tu souris comme ça ? murmura-t-il.
– Je ne souris pas, répondit Sirius d'un ton peu convaincant.
Harry se tourna vers Remus pour essayer d'avoir des informations sur une éventuelle blague, mais son regard fut attiré par une masse de cheveux bruns ébouriffés qu'il aurait reconnu n'importe où.
– Je vous laisse vous inst...
– Hermione ! s'écria Harry en passant devant le serveur sans même attendre la fin de sa phrase.
– Salut Harry ! lança Hermione tout sourire en se levant pour l'accueillir.
Harry n'hésita pas et la prit dans ses bras pour la saluer. Ils se détachèrent en rougissant légèrement et le regard de Harry tomba sur la table pour y voir les personnes présentes. Il y avait évidemment les parents de Hermione, mais aussi les deux membres de la famille Bones.
– Susan ? Amelia ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? s'écria Harry les yeux écarquillés.
– Joyeux anniversaire ! dirent toutes les personnes présentes à un Harry sous le choc.
Susan se leva, sourire aux lèvres.
– Tu as cru qu'on avait oublié ton anniversaire, n'est-ce pas ? dit-elle en lui faisant un clin d'œil.
– Tu me connais bien, rit Harry.
Harry enlaça Susan à son tour, la complimentant sur les boucles d'oreille qu'elle portait et qui étaient celles qu'il lui avait offerte à son anniversaire, avant de se tourner vers les parents de Hermione.
– Bonjour Harry, dit doucement Karen en lui faisant la bise à la française.
– Surprise ! s'écria Richard avant de lui serrer la main.
– Ça te fait plaisir ? demanda Amelia en le prenant dans ses bras.
– Je ne m'y attendais pas du tout, souffla Harry les yeux écarquillés, avant de se tourner vers Sirius et Remus. Vous avez organisé tout ça ?
– Qu'est-ce que tu crois ? dit Sirius en haussant ses épaules.
– On s'est dit que ça te ferait plaisir d'être entouré de personnes que tu aimes, ajouta Remus.
– Merci, vraiment. À tous les deux, vous êtes géniaux !
– On sait, dit Sirius. Hermione, quel plaisir de te voir. Et Susan, enchanté de te rencontrer enfin.
Il s'approcha des deux filles et leur serra la main avec un sourire en coin qui fit rire Susan.
– Laisse ma nièce tranquille, dit brusquement Amelia.
– Mais je n'ai rien fait ! dit piteusement Sirius. C'est normal qu'elle veuille me parler je suis beaucoup plus cool que toi.
– Tu étais cool il y a treize ans, vieillard.
– Trop vieux, moi ? s'horrifia Sirius. Je suis dans la pleine fleur de l'âge !
– Sorcier au sourire le plus charmeur, dit Hermione en toussant dans sa main, l'air de rien.
Sirius rosit légèrement, alors qu'Amelia éclatait de rire.
– Exact ! Merci Hermione. Hors de question que quelqu'un qui a le même titre que Lockhart s'approche de ma nièce.
– Tu es nulle, dit sincèrement Sirius avant de se tourner de nouveau vers les filles. Je vous présente Remus Lupin, que vous connaissez déjà.
– Bonjour, répondit Remus en souriant doucement à l'attention de ses nouvelles élèves.
– Bonjour, prof... Euh... Remus, se corrigea Hermione en rougissant.
– Vous êtes sûr que vous ne pouvez pas rester cette année ? demanda immédiatement Susan en fronçant ses sourcils. Vous êtes le meilleur prof de Défense qu'on ait eu !
– Oh. Merci, rougit Remus en passant sa main dans sa nuque.
– Laisse-le tranquille Susan, dit Amelia en voyant que ça le mettait mal à l'aise. Et si on s'installait ?
– Tu t'installes à côté de moi ? s'étonna Sirius en voyant Amelia prendre place à sa droite.
– Je veux te surveiller, répondit simplement Amelia.
– Je suis un ange, tu me connais.
– C'est justement parce que je te connais, ricana Amelia.
Harry avait un sourire heureux aux lèvres qu'il ne quitta pas en s'installant entre Hermione et Susan. Susan donna un coup de coude à Harry comme pour lui dire « regarde comment ils sont ». Hermione pouffa et Amelia qui semblait savoir qu'ils parlaient d'eux, les fusilla du regard.
– Je ne sais pas ce que vous manigancez avec Susan, mais ça s'arrête tout de suite.
– On ne manigance rien ! plaida Harry avec sincérité.
– Mmmh, dit Amelia en haussant un sourcil, visiblement dubitative. Tu oublies, mon garçon, que j'ai été dans la même classe que ton père. Je sais qu'on ne doit jamais faire confiance à un Potter. Et encore moins à un Black.
Sirius posa sa main sur son cœur, visiblement outré.
– Vous avez procédé à l'adoption ? devina Richard avec un sourire paisible.
Susan et Hermione regardèrent Harry avec interrogation.
– Et oui, Harry est maintenant Harry Potter-Black ! dit fièrement Sirius.
– Par Morgane, Circée et Helga, nous sommes mal, murmura Amelia sous les rires des enfants. Associer un Potter et un Black, je crois que McGonagall ne va pas y survivre et la population sorcière non plus.
– Si Dumbledore pouvait ne pas y survivre, répliqua Sirius.
– Et on se demande pourquoi je suis ami avec Sirius ! s'écria la voix grave de Rufus derrière eux.
Le Chef des Aurors fit son apparition, en portant un petit paquet qu'il plaça au centre de la table avec les autres, avant de faire un clin d'œil amusé à Harry.
– Comme on se retrouve, cher collègue.
Harry éclata de rire alors que Sirius le faisait asseoir d'autorité à côté de lui.
– Bonjour Richard, dit Rufus en reconnaissant le père de Hermione. Sirius m'a parlé d'un match de foot prochainement.
Alors que Sirius, Richard et Rufus prévoyaient leur sortie entre hommes, Remus discutait avec Amelia et Karen des résultats scolaires de Susan et Hermione. Les filles se tournèrent vers Harry, les yeux remplis de questions.
– Raconte-nous tout ! supplia Susan les yeux écarquillés de surprise. Il t'a adopté ?!
– Et oui, je suis un Black maintenant, se vanta Harry.
– C'est super Harry, dit sincèrement Hermione les yeux brillants. Comment ça se passe dans le monde sorcier ? Vous avez des rituels ? Ou c'est un simple formulaire et un passage devant un juge comme dans le monde moldu ? Il faut absolument que je me renseigne !
Harry partagea un petit sourire amusé avec Susan devant l'enthousiasme de sa meilleure amie, avant de leur raconter en détail la procédure d'adoption, le kidnapping de Sirius et leurs vacances.
– Je suis contente pour toi, vraiment, dit Hermione quand il eut terminé son résumé.
– Et vous, vos vacances ? s'enquit Harry.
Alors que Hermione parlait de ses quelques jours passés avec Susan, Sirius se racla la gorge.
– On peut peut-être donner les cadeaux de Harry ?
– Super idée ! s'écria Susan en sautant sur ses pieds pour attraper deux cadeaux entourés de papier jaune et noir, couleurs de Pouffsouffle. C'est de la part de Hermione, Hannah et moi.
– Tu comprendras que je n'ai pas eu le choix pour la couleur du paquet, remarqua Hermione amusée.
– Hannah te souhaite un très joyeux anniversaire, indiqua Susan. Elle ne pouvait pas envoyer de hibou de là où elle était, mais elle a tenu à te mettre un petit mot.
– Vous préparez ça depuis quand ? s'étonna Harry.
– Depuis juin, répondit Susan sur le ton de l'évidence. On savait que pendant les vacances ça serait compliqué de prévoir quelque chose avec Hermione dans le monde moldu et Hannah en Allemagne. Mais quand Sirius nous a proposé de venir tous dîner pour ton anniversaire on s'est dit que ça serait plus sympa d'attendre ce soir pour te donner tes cadeaux.
– C'est un livre sur toutes les techniques de Quidditch qui existent, indiqua Hermione quand il découvrit l'ouvrage Le Quidditch en figures illustrées.
– Tu te doutes de qui a eu l'idée du livre, rit Susan en regardant Hermione, sans aucune trace de moquerie.
– Waouh, merci !
– Attends d'ouvrir l'autre cadeau, conseilla Hermione.
Harry sentit son cœur s'arrêter de battre en voyant le petit Vif d'or d'entraînement que lui avait offert les filles et qui, il le savait, coûtait une petite fortune.
– C'est pour que tu ne perdes pas ton niveau, indiqua Hermione en souriant de le voir aussi choqué. Il a plusieurs modes, tu pourras regarder. Tu peux le rendre plus ou moins rapide, l'illuminer si tu veux jouer dans le noir et le rappeler si jamais tu ne le trouves pas.
– Mais bon, ça n'arrivera pas puisque tu es le meilleur, dit Susan. En tout cas c'est le top du top du Vif d'or. C'est fait par la maison... euh... c'est quoi déjà son nom ?
– La Maison Wright, dirent Sirius et Remus d'une même voix à la surprise générale.
– Euh oui, c'est ça... murmura Susan en les regardant avec des yeux ronds après avoir vérifié sur la petite boîte en bois qui contenait le Vif. Comment vous savez ça ?
– Un des ancêtres des Potter s'appelait Bowman Wright, expliqua Sirius avec sérieux. C'est le créateur des Vifs d'or. Il a créé la Maison Wright qui a toujours gardé sa spécialité. Ce sont eux qui ont créé tous les Vifs d'or pour tous les matchs de la Coupe du Monde.
– Waouh, je ne savais pas, siffla Harry.
– Le blason des Potter représente un sorcier qui essaie d'attraper un Vif d'or, indiqua Remus. D'ailleurs, il me semble que ton père avait toujours un Vif sur lui.
– Qu'est-ce qu'il était agaçant ! s'exclama Amelia en levant ses yeux au ciel sous les rires de Rufus. Toujours à jouer avec son Vif, vous vous souvenez ? Et à passer sa main dans ses cheveux ! Quel prétentieux.
– Il essayait d'attirer l'attention de Lily, le défendit Sirius.
Amelia ricana légèrement.
– C'est vrai qu'il était un peu ridicule, dit Remus les yeux dans le vague.
– Vous êtes jaloux, marmonna Sirius. En tout cas c'est ce qui explique que les Potter soient tous doués en Quidditch, c'est un don de famille.
– Merci les filles, vraiment, coupa Harry en voyant qu'Amelia était prête à renchérir. Ça me touche énormément.
– Attrape le nôtre ! dit joyeusement Amelia. C'est de la part de ton parrain et de ta marraine !
Harry sourit à Amelia et Remus et découvrit un abonnement annuel au Quidditch Magasine qui l'enchanta et un carnet pour « y écrire tes expériences comme ta mère ». Les parents de Hermione lui avaient pris des bonbons moldus et Rufus lui avait acheté un livre sur les Sortilèges qui se trouvait être le livre préféré de sa mère. Sirius lui fit un clin d'œil amusé d'un air de dire « c'est pour ça que je t'ai dit de ne pas l'acheter ».
– Merci ça me touche beaucoup de... oui, Sirius ?
Sirius qui venait de se racler la gorge pour l'interrompre lui tendit une enveloppe.
– Encore un cadeau ? s'étonna Harry. Je croyais que...
– Ouvre.
Harry fronça ses sourcils et décacheta l'enveloppe. La vision du ticket doré le fit exploser de joie.
– Non ! cria Harry les yeux écarquillés avant de sautiller sur place dans un mouvement qui ressemblant tant à James que Sirius attrapa le bras de Remus comme pour se contenir. Merci, merci, merci ! La finale de la Coupe du Monde, vous vous rendez compte ?!
Sirius sourit largement alors que Harry se répandait en remerciements. L'annonce que Hermione passerait quelques jours avec eux avant de les accompagner à la Coupe du Monde acheva son bonheur.
– À Harry, dit finalement Sirius en levant son verre.
– À Harry !
Sirius lança un regard complice à Harry. Tous les deux songeaient que Sirius avait bien fait de s'arrêter à Privet Drive il y a un an.
.
Sirius regarda Poudlard avec un mélange d'excitation et d'appréhension. Cela faisait plus de quinze ans qu'il n'avait pas foulé les terres de Poudlard en homme libre. La dernière fois avait été lors de sa remise de diplôme après les ASPIC. Si Lily avait eu l'occasion d'y retourner pour ses recherches, Sirius avait eu beaucoup de choses à gérer après Poudlard.
Mais il avait toujours gardé l'école dans un coin de son cœur. C'était l'endroit qui l'avait vu grandir, il avait été si heureux ici. Il était sûr que jamais il n'oublierait ses sept années passées ici. Il avait l'impression que chaque endroit, chaque pierre, chaque brindille lui rappelait son adolescence. Les Maraudeurs, les blagues, ses transformations en Animagus, les cours.
James.
– Sirius ! Quel plaisir !
Sirius sourit largement au professeur Flitwick qui était venu l'accueillir.
– Professeur Flitwick. Je suis content que ça soit vous qui veniez me chercher. Je pense que Rusard aurait essayé de me mettre en retenue.
Filius éclata de rire.
– Vous ne l'avez jamais épargné avec James et Remus.
Sirius sourit hargneusement en se souvenant des courses poursuites avec Rusard dans les couloirs, des moments où ils s'étaient cachés sous la cape d'invisibilité, le regardant courir pour les retrouver, de Peeves qui les aidait à s'en sortir, de tous les moments où il les avait menacés de les suspendre au plafond comme punition, de l'armoire qui devait réunir tous leurs méfaits, écrit sur un bout de parchemin. Tous les méfaits des Maraudeurs.
– C'était le bon temps, reconnut Sirius en lui serrant chaleureusement la main.
Ils discutèrent rapidement de la Roumanie sur le chemin du château et le cœur de Sirius se serra quand il vit le Saule Cogneur qui agitait paisiblement ses feuilles. Combien de fois était-il passé sous cet arbre pour accompagner Remus une nuit de pleine lune ? Combien de transformations ?
– J'enseigne à Poudlard depuis des siècles, dit Filius en voyant son regard, mais pourtant, je ne pense pas être capable de la quitter un jour.
– Je comprends. C'est vrai que Poudlard c'est quelque chose qu'on oublie pas.
Sirius sourit en voyant Minerva McGonagall devant les grandes portes d'entrée du château. Il se transforma en Patmol et sautilla gaiement en direction de son ancienne professeure. Il aboya et il la sentit se tendre, comme si elle se retenait de le griffer. Ses instincts de chat étaient bien présents. Sirius se transforma de nouveau et sourit avec vantardise.
– Professeur. La vue des chiens vous incommode ?
– Si vous préférez les sacs à puces aux animaux avec un peu plus de panache, c'est votre choix, rétorqua-t-elle sans cacher son sourire. Je suis ravie de vous voir, Sirius.
– Moi aussi professeur, moi aussi. Ça fait du bien de revenir ici.
– Vous voulez dire en toute légalité ? dit Minerva en haussant un sourcil.
– Tout à fait. Il faut croire que j'ai décidé de me ranger, rit Sirius.
Filius éclata de rire, comme s'il n'en croyait pas un mot.
– Le Directeur t'attend, informa Filius, mais si tu le souhaites, j'aimerai que nous discutions de ce que nous allons faire avec Harry. J'ai mis en place un protocole d'urgence avec Poppy et Bathsheda, la professeure de Runes de Harry. C'est simplement pour avoir quelques renseignements et voir si cela te convient.
– Oh, bien sûr, dit Sirius en se tendant légèrement. Après mon rendez-vous avec Dumbledore ?
– Parfait. Tu te souviens d'où se trouve mon bureau ?
– Bien sûr, affirma Sirius. Je serai là.
– Parfait.
Sirius jeta un coup d'œil à la dérobée à Minerva, se demandant pourquoi elle n'était pas conviée.
– J'ai démissionné de mon poste de Directrice de Gryffondor, annonça Minerva en voyant son regard.
Sirius sentit son cœur faire un bond de surprise, alors qu'il s'arrêtait dans le couloir, la fixant comme s'il ne la reconnaissait pas.
– Vous avez quoi !? s'écria Sirius.
– J'ai démissionné de mon poste de Directrice de Gryffondor, répéta-t-elle.
– Mais pourquoi ? Ce n'est quand même pas à cause de Harry ? demanda Sirius. Vous savez vous êtes la meilleure profes...
– Je sais, Sirius. Mais ce n'est pas uniquement par rapport à cela. Je me suis rendue compte que, si je n'avais pas prêté assez d'attention à Harry, c'était parce que j'étais trop occupée. Je cumulai énormément de postes et cela n'était plus possible. Je présenterai mes excuses à Harry quand je le verrai, mais je pense que c'était la meilleure chose à faire. La prochaine Directrice aura plus de temps pour eux.
– Mais vous restez à Poudlard au moins ?
– Oh oui, sourit Minerva. Je reste à mon poste de Directrice Adjointe. J'ai d'ailleurs, avec Poppy, mis en place un protocole de soins complet, pour qu'un contrôle soit effectué pour chaque première année à la rentrée, afin de détecter d'éventuels problèmes.
Sirius hocha la tête avec intérêt, rassuré de voir que des mesures allaient être mises en place.
– C'est une bonne chose.
– Je m'assurerai personnellement qu'aucun « cas Harry Potter » ne se reproduise dans cette école.
– Merci, Minerva. Mais vous savez que ce n'était pas ce j'ai voulu en envoyant la lettre, dit Sirius un peu gêné.
– Non, bien sûr que non, dit Minerva d'une voix rassurante. Cela m'a simplement mis face à mes responsabilités. Alors, merci, Sirius.
Sirius, encore un peu sous le choc, ne cessait de regarder Minerva à la dérobée. Il était plus que surpris par ce choix, mais il ne pouvait s'empêcher d'en être content. Elle avait raison en disant qu'elle n'avait pas assez de temps. Il était sûr que, si la Directrice avait été plus présente, les problèmes de Harry auraient été immédiatement détectés. Ce n'était qu'un mal pour un bien.
– Sirius ! s'écria une voix féminine qui provenait d'un tableau.
– Oh, bonjour Darlen, je vois que le temps ne vous fait aucun effet, répondit Sirius.
– Mais quel charmeur ! gloussa le tableau.
Sirius croisa le regard amusé de Minerva et intrigué de Filius.
– Désolé, je connais du monde ici. Vous savez que connaître les tableaux vous fait gagner un temps précieux. Si vous saviez le nombre de tours qu'on a fait avec leur aide.
– Je veillerais à rappeler à l'ordre nos chers tableaux, indiqua Minerva en plissant ses yeux.
Sirius éclata de rire et fut salué par de nombreux tableaux qui le reconnaissait. Sirius connaissait la majorité par leurs prénoms et discuta même d'un tournoi d'hippogriffe avec John Melton, un ancien champion.
Alors que les professeurs prenaient les escaliers, Sirius les interpella.
– Où allez-vous ?
– Dans le bureau du Directeur, répondit Filius en fronçant ses sourcils.
– Venez.
Il leur fit un signe de tête et continua dans le couloir avant de s'avancer dans un coin de mur. Il tapota trois fois sur la pierre la plus basse et une fois sur une pierre légèrement enfoncée. Le mur disparut pour laisser place à un escalier, éclairé par des lanternes éternelles, qui menait directement au bureau du Directeur. Minerva avait les yeux ouverts de stupéfaction, alors que Filius était extatique de cette découverte.
– Co-comment ?! s'exclama Minerva.
– Je connais tous les passages ici.
– Est-ce que le Directeur le sait ? s'enquit Filius.
– Oh, sans aucun doute. Je suppose que Rusard connaît aussi le passage. Comment croyez-vous qu'ils se déplacent aussi vite dans le château ?
Sirius perdit son rire quand il se retrouva face à la gargouille qui gardait l'entrée du bureau de Dumbledore.
– Bon courage, murmura Filius en le voyant monter par l'escalier, après avoir prononcé le mot de passe « chocogrenouille ».
– Entrez !
Sirius prit une grande inspiration face à la porte du Directeur et ouvrit la porte. Le bureau était tel qu'il s'en souvenait. Il avait été convoqué de nombreuses fois ici et venir sans James lui mettait un petit coup au cœur. Il se retint de regarder derrière lui en riant, parce qu'il savait que James n'était pas là, prêt à lever ses pouces en l'air pour l'encourager. Il était seul et il allait devoir affronter Dumbledore pour Harry.
– Mon cher petit-petit-petit-fils ! s'exclama Phineas dans son tableau.
Sirius se tourna vers les tableaux et vit, à sa grande surprise, qu'ils étaient tous éveillés et le regardaient avec intérêt.
– Salut arrière-arrière-arrière-grand-père.
– Salut ! répéta Phineas en faisant tomber son chapeau. Ne parle pas comme un vulgaire vagabond ! Moi, ton sang !
– Il faut croire que j'ai hérité de ce côté des Black, dit simplement Sirius avant de se tourner vers le directeur en grimaçant.
Dumbledore le fixait avec des yeux pétillants et intrigués. Sirius s'installa en face du Directeur et se força à le regarder dans ses yeux, après avoir renforcé ses barrières d'occlumancie, ne souhaitant pas être considéré comme un élève pris en faute. Il était là pour avoir des explications, s'assurer que Harry soit bien traité et c'était tout.
– Je te remercie d'accepter de me rencontrer, Sirius.
– Mmmh, grommela Sirius en levant ses yeux au ciel. Je me suis dit que vous nous laisseriez tranquille après ça.
Les tableaux murmurèrent derrière lui, mais il n'y prêta aucune attention. Il ne put s'empêcher de laisser ses yeux vagabonder dans la pièce. Il vit immédiatement la Pensine du Directeur. Il se souvenait y avoir jeté un coup d'œil avec James une fois et être tombé dans un souvenir plutôt sombre sur la guerre contre Grindelwald, alors qu'ils n'étaient qu'en quatrième année. Dumbledore parut comprendre ce à quoi il pensait et rit doucement.
– Harry a hérité de la curiosité de son père, dit Dumbledore.
– James voulait connaître tous les secrets du château, répondit Sirius plongé dans ses souvenirs. Même ceux de votre Pensine. Désolé pour ça, d'ailleurs.
– La curiosité des enfants est notre plus grand héritage. Et James a réussi à découvrir tous les secrets, non ?
– Il y a toujours des secrets à découvrir, répondit Sirius. Comme la Chambre des Secrets.
– Oh, oui.
Sirius vit que Dumbledore semblait très intéressé. Il n'avait pas spécialement prévu de parler à Dumbledore de ça, maintenant, mais il songea que c'était une bonne entrée en matière.
– Vous aimeriez la visiter ? proposa Sirius.
Cette fois, les yeux de Dumbledore pétillèrent tellement que Sirius pensa qu'il aurait pu sauter de joie. Voir son Directeur comme il l'avait connu, aussi joyeux, impatient, amusant, lui porta un coup au cœur. C'était comme ça qu'il voulait imaginer Dumbledore. Pas comme celui qui l'avait laissé pourrir en prison.
– Harry serait prêt à nous ouvrir le passage ? demanda Dumbledore sans trop oser y croire.
– Je peux lui demander.
– Quelles sont tes conditions ?
– Je dois en parler à Harry avant, bien sûr. Mais je pense qu'on peut diviser en deux. La moitié des bénéfices pour Poudlard. L'autre reviendra aux victimes du Basilic.
Dumbledore le regarda avec un intérêt nouveau.
– C'est très généreux de ta part. S'agissant de Poudlard...
– Pour les orphelins ou les élèves qui ne peuvent pas payer leurs études, coupa Sirius sûr que Harry serait d'accord avec lui. Avec le paiement d'un bon professeur de Défense si c'est possible, ajouta-t-il sur le ton de la conversation.
– Je pense que le prochain professeur te conviendra. Maugrey Fol Œil.
– Mmmh, il n'est pas devenu fou ? s'étonna Sirius.
Il avait combattu aux côtés de Maugrey lors de la première guerre et il se souvenait qu'il n'était déjà pas très équilibré.
– Non, je t'assure qu'il sera le plus à même de s'occuper des élèves, assura Dumbledore.
– Pourquoi pas. Donc, ça marche pour vous ?
– En effet. Est-ce que Harry me laissera y assister ?
– Je lui demanderai, dit Sirius. Mais s'il ne veut pas vous parler, vous devez...
– Je respecterai sa décision.
Sirius haussa un sourcil, peu convaincu par les promesses de Dumbledore.
– Je vois que tu sembles dubitatif.
– Je n'ai pas spécialement confiance en vous, dit Sirius en grimaçant un sourire. Harry est sensible et je ne le mettrai pas dans une situation qu'il ne peut pas gérer.
– Je comprends, dit Dumbledore d'une voix pleine de conciliation. J'espère te prouver que je suis digne de confiance. Mais tu dois savoir que j'ai pris chaque décision pour sa sécurité.
– Sa sécurité, répéta Sirius avec dégoût. Mais pas son bonheur.
– C'est une erreur que je ne me pardonne pas, dit finalement Dumbledore. Jamais je n'aurai pu imaginer que les Dursley puissent...
La voix de Dumbledore flancha et Sirius soupira légèrement. Amelia l'avait prévenu que Dumbledore avait semblé vraiment horrifié en apprenant ce que Harry avait vécu et il ne pouvait pas imaginer que le directeur se réjouisse des malheurs de Harry chez les Dursley, protections ou non.
– Pourquoi vous avez écarté Remus de sa vie ? demanda Sirius qui se posait cette question depuis longtemps. Moi, je peux le comprendre, mais Remus ?
– Les protections étaient vraiment importantes, expliqua Dumbledore. Je pensai que c'était la meilleure décision. Jamais je n'aurai pensé que... Et Remus... J'admets avoir fait des erreurs, mais je voulais que Harry grandisse à l'abri du monde magique, là où personne ne pouvait l'atteindre.
– Et Figg ? Une cracmolle, vraiment ? ironisa Sirius. Heureusement qu'aucun Mangemort zélé n'a décidé d'attaquer Harry.
– Une cracmolle était bien suffisante et tu le sais, Sirius. Harry était en sécurité dans la maison des Dursley. J'ai voulu donner à Harry une enfance tranquille.
– Elle a été en effet très utile pour sa surveillance, ironisa Sirius. Vous savez ce qu'elle m'a dit « je devais lui faire passer des moments pénibles pour être sûre que les Dursley me confient Harry ».
– Je l'ai appris après. Mais je t'assure que je n'en savais rien. Je pensais que Pétunia n'aimait pas spécialement Harry, mais Arabella ne m'a jamais parlé de malnutrition ou de tout ce qui était écrit dans le rapport.
– Malheureusement pour vous Harry était dans un foyer maltraitant, répliqua Sirius avec hargne. Écoutez, Amelia m'a raconté le procès, je sais que vous êtes horrifié par le traitement qu'a subi Harry là-bas, j'ai juste du mal à comprendre comment personne n'a pu le voir. Je peux comprendre que vous ne sachiez pas ce qu'il se passait là-bas, mais dès qu'il est arrivé à Poudlard c'était plutôt évident. Pourquoi personne n'a rien fait ?
Sirius mit toute la haine qu'il put dans sa dernière phrase. Il n'avait toujours pas encaissé le fait que Harry ait été maltraité et que personne n'ait bougé.
– Harry a malheureusement réussi à cacher son état à tout le monde. Bien sûr, on le trouvait tous un peu maigre, mais sans examen approfondi, on ne pouvait rien remarquer.
– C'est justement ça le problème. Que personne n'ait jamais pris le temps d'ausculter Harry alors qu'il a été des dizaines de fois à l'infirmerie ! Je veux dire, il y est allé au moins trois fois chaque année, ce n'est pas normal ! insista Sirius.
– Nous avons mis en place un nouveau protocole de soins, indiqua Dumbledore.
– C'est une bonne chose, souffla Sirius. Il y a sans doute d'autres personnes que Harry qui sont en difficulté. Comme Hermione Granger.
– Miss Granger ? s'étonna Dumbledore.
– Un Retourneur de Temps, sérieusement ? dit Sirius en haussant un sourcil. Elle a quatorze ans !
– Miss Granger a toujours été une brillante élève, tenta Dumbledore.
– Mais ça n'excuse rien. Personne n'a vu qu'elle était en total burn-out cette année. Je l'ai envoyée voir un médicomage pour en discuter et vous avez de la chance qu'elle n'ait rien de plus qu'une fatigue extrême. Vous avez de gros problèmes dans cette école et je vous conseille de régler ça très rapidement.
– Tu penses à quelque chose d'autre ? demanda Dumbledore dans une tentative de conciliation.
– Vous allez faire un protocole de soins, très bien, mais quand est-ce que vous allez agir contre le harcèlement ?
– Le harcèlement ? s'horrifia Dumbledore.
– Harry a subi une campagne de dénigrement en deuxième année quand on l'accusait d'être l'Héritier de Serpentard, la pauvre Luna Lovegood a été attaquée toute l'année.
– Le problème de Miss Lovegood a...
– Été réglé par Harry ? Oui.
– Je vais y réfléchir avec les professeurs, soupira Dumbledore.
– Et je ne vous parle pas du harcèlement de la part des professeurs.
– Tu parles de Severus ? comprit Dumbledore. Je lui ai parlé de son comportement avec Harry.
– Je comprends qu'il soit en colère, il a tous les droits pour ça. Mais il doit être en colère contre moi, contre James. Pas contre Harry.
– Je lui en toucherai un mot.
– Ça serait préférable, oui, dit brusquement Sirius. Je m'excuserai, quand je le croiserai, mais s'il attaque encore Harry je vous promets que je n'hésiterai pas à sortir ma baguette.
Dumbledore soupira, comme s'il décidait d'abandonner ce combat. Sirius savait que jamais lui et Rogue ne s'entendraient. C'était comme l'eau et l'huile. Mais il ne voulait pas que son filleul en pâtisse. Qu'il le punisse quand c'était nécessaire ou parce que Harry l'avait mérité, pourquoi pas, mais l'insulter et le harceler comme ça n'était pas acceptable, peu importe ses griefs.
– De plus, dit Sirius en prenant une grande inspiration, je vous informe tout de suite que Harry ne va pas combattre Voldemort. La prophétie ne va jamais s'appliquer. Alors si j'apprends que, même inconsciemment, vous encouragez Harry à aller l'affronter, à le piéger pour qu'il aille l'affronter, je vous jure, Dumbledore, que je vous détruits.
Sirius avait utilisé sa plus belle expression de Black et il entendit les tableaux derrière lui reprendre son souffle.
– De quoi tu parles ? demanda Dumbledore en plissant ses yeux.
Il avait l'air d'avoir été écrasé par le Magicobus. Le choc et la surprise se voyaient dans son regard et Sirius apprécia avoir un coup d'avance sur lui.
– La prophétie de Trelawney. Ce sont des conneries, dit Sirius d'une voix triviale.
– Tu es au courant ?
Sirius leva ses yeux au ciel.
– James et Lily m'en ont parlé, oui. Et je suis d'accord avec eux, Harry ne va pas se battre contre Voldemort. C'est mon rôle, celui des Aurors et celui des adultes.
– La prophétie dit que...
– La prophétie s'est déjà réalisée. Harry a déjà vaincu Voldemort. Fin de l'histoire.
Dumbledore le regarda sans l'air de le croire.
– Dans tous les cas, ce n'est pas la question. Je refuse que Harry s'engage contre Voldemort et cherche à le tuer. J'attends de vous que vous alliez dans mon sens.
– Sinon ? osa demander Dumbledore.
– Sinon je retire Harry de Poudlard. Donc c'est à vous de voir. Harry est sous ma protection et vous ne prendrez plus aucune décision pour lui.
Sirius eut l'impression que Dumbledore allait tenter de répliquer, mais il ne dit rien et se contenta de hocher la tête, comme s'il avait compris qu'il ne fallait pas aller sur ce terrain.
– Vous l'avez déjà mis en danger trop de fois.
– La Chambre des Secrets n'était pas...
– Je sais, coupa Sirius d'un geste de la main. Je sais que ce n'était pas de votre faute, même si vous auriez pu mieux faire, je comprends. Non, ce qui me pose problème c'est que vous avez envoyé Harry affronter Voldemort en première année. Un professeur avait la tête de Voldemort cachée à l'arrière de son turban ! Harry a tué ce Quirrell. Vous savez ce qu'il pense aujourd'hui ? Qu'il est meurtrier ! Parce que vous l'avez envoyé là-bas pour lui montrer que Voldemort était encore en vie. C'est ça, n'est-ce pas ?
Dumbledore se racla la gorge, légèrement gêné.
– Il fallait qu'il sache.
– Vous ne pouviez pas lui envoyer un hibou ? Et puis cette idée de dire « le troisième étage est interdit », sérieusement ? James et moi y serions allés dès le premier jour !
– Je sais que j'ai fait des erreurs.
– Oh oui, c'est sûr que vous en avez fait, dit Sirius d'un ton hautain. Harry est traumatisé à cause de vous. Et il a de la chance d'être encore en vie.
– Tu es en colère.
– Oui, je suis en colère pour Harry. Harry qui n'a eu personne avant que j'arrive. Personne n'a jamais pris sa défense, alors je suis là à présent. Et je ne le lâche pas.
– J'espère qu'un jour, tu seras capable de me pardonner, dit finalement Dumbledore. Je sais que j'ai fait des erreurs. Cette première année a été... je n'ai jamais pensé qu'ils iraient chercher la pierre philosophale, mais j'ai sous-estimé leur courage.
– Ou la capacité de se trouver dans les problèmes de Harry, corrigea Sirius avec un petit sourire en coin. Je peux comprendre que vous ayez souhaité lui expliquer que Voldemort était de retour, mais la méthode était mauvaise.
– Je sais. J'espère pouvoir me faire pardonner.
– C'est à Harry que vous devez présenter des excuses. Pour l'avoir ignoré et mis en danger. Harry pense que vous tenez à lui et je respecte ça. S'il veut accepter vos excuses, il le fera.
– Je le ferai, promit Dumbledore. Mais toi, est-ce que tu peux accepter mes excuses ?
– Non, répondit franchement Sirius. Je pense que je ne pourrais pas vous pardonner.
Dumbledore sembla accuser difficilement le coup.
– N'importe quelle personne censée aurait démissionné après avoir mis en danger trois élèves de onze ans pour les envoyer affronter Voldemort. N'importe quelle personne censée aurait démissionné en apprenant avoir mis un homme innocent en prison sans procès, pourtant vous êtes toujours là. Je ne demande pas votre démission, parce que je veux que vous protégiez l'école si Voldemort revient. Mais non, je ne pourrai jamais vous pardonner de m'avoir laissé à Azkaban et d'avoir mis en danger Harry comme ça.
– Sirius, je sais que je n'ai pas été le meilleur. Mais je pensais vraiment que tu étais coupable. Quand je l'ai appris, je...
– Je sais, vous me l'avez dit le jour du procès, dit sèchement Sirius. Mais peu importe. Vous avez donné des secondes chances à tout le monde. Mais pas à moi. Vous n'avez pas pris la peine de venir me voir en prison.
– J'étais en colère.
– Oui, moi aussi, dit Sirius avec ironie. James et Lily étaient morts ! J'étais seul et je pensais que le chef de l'Ordre, que celui qui m'avait recruté pour mon savoir viendrait me poser des questions. Et, pourtant, non.
– Je reconnais avoir fait de terribles erreurs. Si j'avais eu le moindre doute, je t'assure que...
– Sauf que vous ne pouviez pas avoir de doute, puisque vous aviez fait sceller le testament.
– Tu sais comme moi que les testaments ne contiennent que rarement des lettres comme celles de James et Lily, dit Dumbledore avec pragmatisme. C'est une succession de chiffres et de propriétés, et tu le sais très bien. Je ne pouvais pas savoir qu'ils t'auraient innocenté. J'ai voulu protéger Harry.
– Oui, toujours cette excuse, marmonna Sirius. Alors, je comprends, vous ne saviez pas, c'est très clair. Mais pourquoi m'empêcher d'avoir la garde de Harry ? Car c'est ça le problème non ? Vous étiez de mon côté le jour du procès, mais vous n'avez pas voulu que je récupère Harry, pourquoi ? Et ne me parlez pas des protections parce que ce n'est pas une raison valable.
– C'est une raison importante, toutefois, assura Dumbledore en levant ses mains en geste d'apaisement. Je pensai pouvoir protéger Harry comme ça.
– Vous savez aussi bien que moi que des protections peuvent être ajoutées sur des maisons. D'ailleurs, notre maison est complètement incartable et, si vous n'êtes pas capable de la trouver, Pettigrow non plus.
– La protection de sang était vraiment la meilleure, la plus pure.
– Sauf que Harry était maltraité dans cette maison. Et quand vous l'avez appris, vous avez proposé une autre famille. Vous ne vouliez pas que je m'occupe de Harry, constata Sirius.
Dumbledore soupira légèrement, avant de regarder Sirius un long moment, comme s'il ne savait pas comment lui répondre.
– Si c'est un de vos plans pour entraîner Harry à lutter contre Voldemort, pour que je ne sois pas là à l'empêcher de se battre ou je ne sais quel autre plan... commença froidement Sirius.
– Pas du tout, coupa Dumbledore en fronçant ses sourcils. Tu penses vraiment que je vais empêcher Harry d'être heureux parce que j'ai peur que tu refuses que Harry ne se batte et remplisse la prophétie ?
– Euh, oui ?
L'expression de pure douleur et tristesse qui passa sur le visage de Dumbledore donna presque envie à Sirius de s'excuser.
– Ce n'est pas ça, dit Dumbledore d'une voix peinée. Si j'ai voulu qu'il aille dans une autre maison, c'est tout simplement parce que je ne te fais pas confiance. Ou plutôt, je ne te faisais pas confiance.
Sirius écarquilla ses yeux, sous le choc, ne s'attendant pas à une telle réponse.
– Mais pourquoi ?
Dumbledore sourit légèrement.
– Tout d'abord, par rapport à ton séjour à Azkaban. Je sais que tu es parfaitement remis, mais je ne pouvais pas le savoir au début. Je sais qu'Azkaban laisse des traces et tu ne peux pas le nier. Et il faut remarquer que le fait de te refuser la garde la première fois t'a poussé à protéger Harry et à montrer que tu étais un bon gardien.
– Je ne vais pas vous remercier, grogna Sirius.
– Non, mais c'était une crainte légitime, il me semble. Que tu ne sois pas apte mentalement. Tu n'avais jamais éduqué d'enfant, tu peux comprendre mon inquiétude.
– Oui, je comprends, mais je ne l'accepte pas, dit brusquement Sirius. James et Lily m'ont nommé parrain. Ils avaient confiance en moi.
– Tu es beaucoup sorti dans ta jeunesse et...
– Et alors ? J'ai changé. Harry est la chose la plus importante pour moi et je le protègerai jusqu'à ma mort ! s'écria Sirius en le fusillant du regard.
– Je le sais, dit Dumbledore d'une voix douce en geste d'apaisement. Aujourd'hui, je le sais et, crois-moi, je suis content de savoir Harry heureux. Il n'y a pas de plus grand amour qu'un parent puisse ressentir pour son enfant et je le ressens chez toi. Mais j'essayais juste de protéger Harry.
– Et donc, vous aviez peur de quoi ? Que j'apprenne de la magie noire à Harry ou que... C'est ça ? Vraiment ? s'horrifia Sirius en voyant les joues du Directeur se colorer. Vous n'avez jamais vu au-delà du nom des Black de toute façon.
– Je sais que tu peux être impulsif. C'est ça qui me faisait peur.
– Vous ne me connaissez pas avec Harry, remarqua Sirius avec colère.
– Non, c'est vrai. Mais je ne pouvais pas savoir que tu prendrais vraiment soin de Harry. Tu es sorti d'Azkaban il y a un an, j'aurai pu comprendre que tu veuilles profiter de ta vie perdue plutôt que de te retrouver coincé avec Harry. Harry avait déjà tellement souffert, je ne voulais pas qu'il subisse un nouvel abandon.
– Vous auriez pu me demander et vous auriez vu que j'allais très bien et que je voulais vraiment m'occuper de Harry !
– Tu n'as répondu à aucune de mes lettres, remarqua pertinemment Dumbledore. Comment tu voulais que je le sache ?
– Pourquoi est-ce que vous avez peur à ce point ? Oui, je suis sorti, mais je n'ai jamais rien fait qui justifie une telle défiance. J'ai toujours été impulsif, mais James aussi, pourtant vous lui faisiez confiance avec Harry. Je vous ai toujours aidé pour l'Ordre, avec la guerre, j'ai montré que je pouvais être sérieux, et avec les recherches et... plaida Sirius avec inquiétude.
– Severus.
Sirius haussa un sourcil et regarda attentivement Dumbledore comme s'il ne comprenait pas ce qu'il venait de lui dire.
– Quoi, Rogue ? Qu'est-ce qu'il a à voir avec Harry ?
– Tu as envoyé Severus dans le Saule Cogneur. Tu as mis en danger tous tes amis ce soir-là. L'intégrité de Severus, mais surtout la confiance de Remus. Alors oui, après ta sortie d'Azkaban j'ai eu peur que, par impulsion, tu ne mettes Harry en danger.
Sirius écarquilla ses yeux, sous le choc et regarda Dumbledore avec un œil nouveau. Se pourrait-il que le Directeur n'ait vraiment souhaité que la protection de Harry ? Qu'il ait réellement eu peur pour lui ?
– Ce n'est pas un de vos plans... Vous vous inquiétez vraiment pour Harry... comprit Sirius qui avait l'impression de s'être prit un coup de massue sur le visage.
– Bien sûr ! Je vois que Harry est heureux et que tu t'occupes de lui, mais tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir été inquiet. Ce que tu as fait cette soirée là...
– J'avais quinze ans !
– Oui. Et Severus aussi. Severus a été traumatisé et je suis persuadé que Remus aussi. Et puis, j'ai eu raison, non ? Après tout, tu as laissé Harry la première fois. Tu l'as abandonné. Qui me dit que tu ne le feras pas une nouvelle fois ?
Sirius le fusilla du regard.
– Parce que Hagrid avait insisté ! s'écria Sirius les joues rouges.
– Ce n'est pas un reproche, dit Albus plus doucement. Je sais qu'Azkaban est un endroit difficile. Mais tu ne peux pas m'en vouloir d'être inquiet pour lui. Je vois que tu es un bon parent, mais j'ai eu peur. Après ce que Harry avait vécu, je ne voulais pas qu'il subisse une autre déception.
Même si la réponse de Dumbledore était difficile à accepter, Sirius sentit qu'il pouvait la comprendre. Il pouvait comprendre ses peurs, même si elles n'étaient pas forcément légitimes.
– D'accord, dit finalement Sirius.
– D'accord quoi ? répéta Dumbledore avec surprise.
– J'accepte vos excuses et vos explications. Je ne vous pardonne pas, mais je les comprends. Je veux juste que vous me laissiez faire avec Harry. Laissez-le vivre, laissez-moi être un parent pour lui.
– Je peux faire ça. Toutefois, j'ai été faire un tour chez les Dursley mais j'ai trouvé une maison vide.
– Pourquoi vous êtes allé là-bas ? s'étonna Sirius.
– Pour avoir une petite discussion avec Pétunia.
La lueur dangereuse que Sirius vit dans les yeux bleus de Dumbledore lui rappela qu'il était le vainqueur de Grindelwald et qu'il valait mieux ne pas se le mettre à dos.
– Je m'en suis occupé, répondit Sirius avec un sourire mauvais.
– Peux-tu m'expliquer ce que tu leur as fait ? Je sais que Minerva et Filius étaient très déçus de ne pas pouvoir m'accompagner.
Sirius éclata de rire et la tension dans la pièce s'apaisa. Il détailla le directeur du regard en se demandant s'il pouvait lui dire, avant de se dire qu'il avait vraiment essayé de protéger Harry, même si c'était maladroitement et qu'il avait le droit à des explications.
– J'ai racheté l'entreprise de Dursley et je l'ai renvoyé. Le choc l'a pratiquement tué, ce qui m'aurait bien arrangé, dit Sirius sans aucune émotion. Je leur ai jeté une malédiction avant de partir en vacances avec Harry. Ils rêveront de Harry et de ce qu'ils lui ont fait subir chaque nuit et ils ressentiront sa douleur, la faim et la peur, comme lui. S'ils éprouvent du regret au bout de douze ans, la durée que Harry a passé chez eux, alors ils seront libérés, sinon tant pis pour eux. Mes elfes de maison ont aussi contribué, ils ont jeté un sort à Pétunia qui se retrouve avec d'affreux boutons sur le visage et l'impossibilité de jardiner. Si elle touche une plante, elle va faner, ricana-t-il. Je sais qu'elle était très fière de son petit jardin, mais c'est terminé. J'ai demandé à Remus d'aller voir les voisins pour qu'ils posent des questions sur Harry aux Dursley, pour qu'ils sachent à quel point leurs parfaits petits voisins sont d'horribles monstres. La honte les a fait déménager. Je crois qu'ils habitent dans une toute petite maison et que Dursley père ne retrouve pas de travail, quel dommage, ajouta-t-il sans aucun soupçon de regret.
– Et Dudley ? s'enquit Dumbledore.
– C'était plus compliqué, parce que ce n'est encore qu'un enfant, souffla Sirius en grimaçant. Tout le monde a droit à une seconde chance. De la même manière que ses parents, je lui ai jeté une malédiction pour qu'il ressente ce qu'a subi Harry. Il lui suffira de ressentir du regret, un jour, pour que ça cesse. Remus a attendu qu'ils soient installés dans leur nouveau quartier et que Dudley frappe un autre enfant pour convaincre le chef de la police locale de le poursuivre. Il a été envoyé dans une école militaire, loin de sa famille et j'espère que ça lui permettra de changer.
Dumbledore le regarda avec un mélange de fascination et d'approbation qui réchauffa le cœur de Sirius. Même s'il ne voulait plus voir cet homme et qu'il lui en voulait terriblement, il se rappelait qu'il avait été son Directeur et qu'il avait passé son temps à chercher son approbation quand il était plus jeune.
– Bien.
– Bien ? répéta Sirius interloqué. Vous ne me dites rien ? Du genre ne pas faire justice à soi-même ?
– Non. Je comprends que tu aies fait ça. Je pense simplement qu'il ne faut pas te chercher.
– Et vous n'avez encore rien vu. Si je croise Voldemort, je ne donne pas cher de sa peau, assura sournoisement Sirius.
– Je n'en doute pas, sourit Dumbledore. Harry est en sécurité avec toi et c'est bien. Comment va-t-il ?
– Il se remet doucement.
– Et sa Magie ?
– Elle reprend sa place. Je pense qu'il n'y aura aucun problème pour qu'il reprenne les cours en septembre, mais il faudra faire attention.
– Je te laisserai discuter de cela avec Filius, proposa Dumbledore. Il s'est particulièrement investi pour trouver des solutions.
– C'est ce que j'ai compris. Je vais le voir après. Il m'a aussi parlé de la professeure de Runes de Harry.
– Oh, oui. Bathsheda. Elle aime beaucoup Harry et elle te parlera des Runes qu'elle a créées pour Harry.
– Elle n'était pas là à mon époque ? demanda Sirius.
– Non, elle est arrivée juste après votre départ. C'est une jeune femme charmante. Et c'est aussi la nouvelle Directrice de Gryffondor.
Sirius écarquilla ses yeux avant de sourire largement.
– Harry va être content de savoir ça.
– Je n'en doute pas. Un bonbon au citron ?
– Non, je dois y aller. Je vous contacte rapidement pour le Basilic, il faudrait que ça soit fait dans les prochains jours.
– Bien entendu. Bonne journée Sirius.
Sirius salua son arrière-arrière-arrière-grand-père et n'adressa aucun regard au directeur. L'histoire de leur collaboration commune se finissait ici. Il se rendit compte, en franchissement la porte du bureau, qu'il se sentait beaucoup plus léger. Il pouvait enfin tourner la page et avancer.
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– Alors, qu'est-ce qu'il t'a dit ? demanda Amelia avec impatience.
– Des conn... Enfin, des bêtises, se corrigea Sirius en voyant les gros yeux d'Amelia. J'ai compris certains de ses choix, mais je ne les accepte quand même pas.
– Je vois, dit Amelia avec précaution. Et est-ce que tu te sens mieux ?
– Un peu. J'aurai préféré ne pas y aller, mais tu sais, pour Harry, c'était bien. Je lui ai dit ce que le directeur m'avait dit et il a paru soulagé.
– C'est bien Sirius. Tu aurais pu dénigrer Dumbledore devant lui, mais non. Harry va pouvoir tourner la page.
– C'était sa seule figure adulte avant que j'arrive, souffla Sirius. Je ne pouvais pas l'empêcher de renouer des liens. Enfin, il m'a dit qu'il ne voulait toujours pas lui parler, mais au moins, il a semblé plus détendu après notre discussion. Et tu ne vas jamais croire ce qu'il s'est passé à Poudlard ! s'écria-t-il les yeux pétillants.
– Les potions de Poudlard ont toujours été mes préférés, admit Amelia.
– McGonagall a démission de son poste de Directrice de Gryffondor ! C'est la prof de Runes qui la remplace.
– Tu rigoles ?! s'écria Amelia en lâchant le Miroir sous le choc. Mais elle était Directrice depuis combien de temps ?
– Des siècles ! rit Sirius. Enfin, depuis que Dumbledore est Directeur donc... oui, des siècles.
– Mais pourquoi elle a fait ça ? C'est par rapport à Harry ?
– Oui. Mais pas que. Elle dit qu'elle ne s'occupait plus de ses élèves et qu'elle n'avait plus de temps. Tu sais qu'elle ne venait même pas dans leur Salle Commune ?
– Mais non ! Je me souvenais qu'elle était très présente pour vous quand on était à Poudlard, non ?
– Oh oui, elle était même trop souvent là, soupira faussement Sirius. Mais elle n'était pas encore Directrice adjointe, donc...
– Oh c'est vrai. C'est sans doute l'accumulation de postes. Je suis tellement surprise, affirma Amelia en s'installant plus confortablement dans le fauteuil de son bureau.
– Moi aussi. Ils ont mis en place un protocole pour les premières années et pour que chaque élève aille voir l'infirmière à la rentrée. Donc je pense que l'abandon du poste de McGonagall est une bonne chose.
– J'ai envie de dire : enfin ! s'amusa Amelia. Tu as mis du temps pour ton rendez-vous, non ?
– Oui. J'ai discuté avec le professeur Flitwick à propos de Harry. Ils ont mis en place un protocole de soins avec sa professeure de Runes, Babbling, qui est adorable.
– Susan m'en dit le plus grand bien.
– Ça ne m'étonne pas. Elle est vraiment gentille et elle adore Harry. Elle m'a parlé pendant une heure de son « talent qu'il ne faut pas gâcher » et elle lui a donné des tonnes de devoirs supplémentaires pour cet été.
– C'est super ! dit fièrement Amelia. J'étais une misère en Runes.
– Moi je me débrouillais, mais pas au niveau de Harry ou Lily, reconnut Sirius. En tout cas ils ont mis tout un protocole en place si Harry avait une explosion magique. Il doit aller à l'infirmerie où une pièce a été complètement isolée et protégée. L'infirmière a préparé des potions pour le calmer et Flitwick m'a demandé de dire à Harry que, s'il se sentait mal, il pourrait lui faire faire des entraînements magiques.
– C'est une bonne chose. Harry va se sentir en sécurité et les élèves seront protégés. Mais s'il ne peut pas aller à l'infirmerie ?
– Harry a son Portoloin, s'il est en-dehors de Poudlard, je pense qu'il ne marchera pas au sein de Poudlard. Du coup, Babbling a proposé à Harry d'apprendre un cercle de Runes. S'il sent qu'il perd le contrôle, il peut les dessiner pour limiter l'explosion. Mais ils en discuteront ensemble, parce que dessiner des Runes aussi jeune ça peut être dangereux si c'est mal fait.
– De toute façon, Harry gère bien sa Magie, non ? supposa Amelia.
– Oui, sa Magie récupère bien. Elle a repris sa place et il gère plutôt bien ses émotions. Mais ça reste un adolescent et il peut avoir du mal à gérer par moment. Enfin, au moins il va se sentir entouré.
– Je suis là, s'il a besoin, assura Amelia.
– Je sais, marraine, dit Sirius en lui faisant un clin d'œil avant de prendre un air plus sérieux. Au fait, j'ai une mission pour les Aurors, c'est à toi que je m'adresse ou à Rufus ?
– Vraiment ? demanda Amelia, intriguée. Tu as besoin d'aide pour faire à manger ?
– Hilarant.
– Tu peux m'en parler et je ferai suivre, si j'estime que c'est important.
– Tu ne me crois pas sur parole ? s'horrifia Sirius.
– Non.
– Je crois que nous ne sommes vraiment pas amis, bouda Sirius.
– C'est justement parce que je suis ton amie que je te dis ça. C'est pour ton bien, Sirius.
– On croirait entendre ma mère, grimaça Sirius. « C'est pour ton bien, déteste les nés-moldus, assassine-les, ces sales traites à la Magie ».
Amelia éclata de rire.
– Ça ressemble bien à ta mère ! Mais c'est à moi d'être outrée que tu me compares à elle.
– Tu es Poufsouffle, ne t'inquiète pas.
– Qu'est-ce que s'est censé vouloir dire ? demanda Amelia d'une voix menaçante.
– Que tu n'assassines pas de nés-moldus, tu es plutôt à les maudire dans ton coin, ricana Sirius
– C'est vrai, admit Amelia. J'adore incendier des photos de moldus. Bon, plus sérieusement, c'est quoi ta mission ? Tu as besoin de changer de coupe de cheveux ?
– Quelque chose dans ce genre-là, s'amusa Sirius.
– Dis-moi !
– J'ai besoin d'une équipe pour remonter un basilic de douze mètres de long de la Chambre des Secrets. Tu penses que ça peut intéresser Rufus ?
– Je l'appelle immédiatement. Et j'en suis !
Sirius sourit, ravi de son petit effet, en voyant Amelia reposer le Miroir pour prévenir Rufus par cheminette. Il devait avouer, qu'outre la peur de voir le basilic qu'avait affronté Harry, il était aussi très impatient. Découvrir une nouvelle pièce du château, voir un monstre légendaire et un peu de danger, c'était tout ce qu'il lui fallait pour se sentir vivant. Une autre expédition pour les Maraudeurs.
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