PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.

N/A : Je suis de retour ! Ouhou ! Avec deux petits jours de retard que la date prévue (désolée).

Tout d'abord, je veux vous remercier chaleureusement pour tous les gentils commentaires et pour tous les lecteurs qui passent sur cette histoire. C'est avec une grande émotion que je vous annonce que j'ai dépassé les 100.000 vues sur cette histoire, ce qui est un chiffre absolument affolant, donc merci à vous tous, je ne serai rien sans votre soutien !

Ensuite, pour ceux qui me l'ont demandé, mon concours s'est bien passé, même si je ne suis pas certaine de l'avoir (on ne peut jamais savoir finalement). Pour ceux qui feraient du droit, je suis tombée sur « la prescription » à exposer en quinze minutes, autant dire que ce n'était pas le plus évident. Je vous tiendrai informé de mes résultats.

Enfin, je voulais vous expliquer que mon retard est due à ma participation au NaNoWriMo. Pour ceux qui l'ignorent, c'est un challenge qui a lieu lors du mois de novembre. L'objectif est d'écrire 50.000 mots en un mois. J'ai décidé d'y participer pour terminer la partie trois donc c'est avec joie que je vous annonce que j'ai réussi le challenge ! La fin de la partie trois fait donc un peu plus de 50.000 mots, que j'ai divisé en quatre chapitres (oui, je sais, j'aurai pu en faire deux, mais ça faisait un peu trop long). Pour me faire pardonner de mon retard, les quatre chapitres seront tous postés cette semaine, à deux jours d'intervalle !

J'espère que ça vous plaira.

Bonne lecture et merci à vous !


Partie 3. Chapitre 7.

"La Chambre des Secrets"

– Waouh ! Je comprends pourquoi tu as quitté la maison de tes parents, siffla Rufus en sortant sur la terrasse de la Villa Bleue.

– Et encore, tu as vu le Square Grimmaurd rénové, sourit Sirius. Je te rappelle qu'on a dû enlever des têtes d'elfes de l'escalier.

– Je peux ?

Sirius leva ses yeux au ciel en voyant Rufus sortir sa baguette pour lancer une avalanche de sortilèges sur les protections de la Villa Bleue, sans doute pour les tester. Il l'observa se batailler avec un sortilège particulièrement coriace avec un plaisir coupable.

– Arhg ! réussit à articuler Rufus en tentant de lancer un contre sort.

– Joli, ricana Remus derrière Sirius. C'est un sort de Lily non ?

Sirius hocha sa tête en regardant Rufus qui avait subi un sort de ralentissement. Rufus semblait être au ralenti et mettait de longues secondes à faire un petit mouvement. Il brandit le poing en direction de Sirius, mais son effet fut manqué quand il se rendit compte qu'il mettait plus de deux minutes pour serrer son poing. Remus et Sirius éclatèrent de rire en se tenant les côtes.

– Tu as du mal à avancer ? s'amusa Sirius en lui lançant le contre sort, alors que Remus retournait sur la terrasse.

– Je vous déteste tous, grommela Rufus quand il eut retrouvé l'usage de son corps.

Sirius lui donna un petit coup d'épaule taquin.

– Alors, tu confirmes ?

– Je confirme quoi ? demanda sèchement Rufus.

– Que la Villa est parfaitement protégée et que, admettons qu'une personne passe le Secret, il lui faudrait des heures pour nous atteindre, nous laissant largement le temps de nous replier au Square Grimmaurd ?

– Je confirme, soupira Rufus comme si les mots lui arrachaient la bouche. C'est du beau boulot. Presque professionnel.

– Je te rappelle que...

– Je sais, coupa Rufus. Tu as travaillé au Département des Mystères. Tu étais génial. Bla-bla-bla.

– Mais c'est vrai ! bouda Sirius. J'étais vraiment doué. Mais je voulais surtout te dire que j'avais travaillé avec Lily. C'est d'elle que je tiens la majorité des protections.

– Il y en a certaines que je n'ai pas réussi à identifier, dit Rufus du bout des lèvres.

– C'est normal, mon elfe de maison a contribué.

– De la magie des elfes, très intéressant, marmonna Rufus en arquant un sourcil, visiblement impressionné.

– Allez, je te paye un verre. Tu vas voir ce qu'on a ramené de l'Île Maurice, je ne m'en suis toujours pas remis !

Sirius tira Rufus par le bras pour l'entraîner sur la terrasse où Remus discutait avec Dobby des arrangements à faire pour la librairie.

– Ça avance, ta librairie ? s'enquit Rufus.

– Oh oui. Sirius m'a aidé à trouver un lieu plutôt intéressant. Les elfes m'ont proposé de m'aider à emménager, donc ça se goupille bien.

– Super.

– Et les protections ? demanda Remus.

– Il est impressionné, répondit Sirius à la place de Rufus qui leva ses yeux au ciel.

– J'approuve les protections, reconnut Rufus. C'est du beau boulot.

– Peut-être qu'avec ça Amelia va arrêter de m'embêter sur la sécurité de Harry. Je veux dire, elle est pire que tout. Depuis qu'on l'a nommé marraine, elle me passe des coups de Miroir pour n'importe quoi, juste pour discuter avec Harry, soupira Sirius.

– C'est drôle venant de toi, dit Harry en arrivant sur la terrasse. Tu es pire qu'Amelia quand il s'agit de ma sécurité. Bonjour Rufus.

– Salut Harry, répondit le chef des Aurors avec un sourire en coin. Comment vas-tu ?

– Oh super, dit Harry d'un ton sarcastique. Ils m'entraînent quatre heures par jour, j'ai un portoloin d'urgence que je dois porter tout le temps sur moi, apprendre au moins dix plans différents en cas d'attaque ici, alors qu'on est mieux protégés qu'à Poudlard.

– Je suis un parent terrible, confirma Sirius en éclatant de son rire qui ressemblait à un aboiement de chien.

– C'est plus une mère poule à ce point, dit Rufus.

– Un chien poule je dirais, rectifia Harry avant d'éviter le gâteau que lui lança Sirius en pleine figure.

– Il vaut mieux que tu sois prêt, dit toutefois Rufus d'un ton poli.

Harry se renfrogna légèrement, comme un peu déçu que Rufus ne prenne pas sa défense. Sirius sourit légèrement en voyant Harry faire. Il savait qu'il avait tendance à le surprotéger et à s'assurer que rien ne lui arrive, mais qui pourrait lui en vouloir après tout ce que ce petit avait vécu ? Il savait que Voldemort était là, dans les parages, accompagné de Pettigrow et il savait qu'il ne fallait surtout pas les sous-estimer. Ils allaient chercher à atteindre Harry. Il savait que Harry ne serait en sécurité que lorsque Voldemort serait six pieds sous terre, et ce n'était pour le moment pas prêt d'arriver.

– Du coup tes entraînements se passent bien ? s'enquit Rufus d'un ton nonchalant qui ne plut pas du tout à Sirius. Prêt à intégrer l'équipe ?

– L'équipe non, répondit poliment Harry, mais les entraînements sont tops. Sirius m'aide pour tout ce qui est Sortilèges et Défense et Remus m'a montré comment tracer des Runes !

– Déjà ? s'étonna Rufus. On ne commence à les dessiner qu'en sixième année, non ?

– Tu avais pris Runes ? demanda Harry avec avidité.

Sirius se renfrogna légèrement. Il adorait Harry, mais cette passion pour les Runes virait à l'obsession. Il avait été même obligé de lui confisquer ses livres pour l'entraîner au cinéma la dernière fois. Harry commençait tout juste à les dessiner et il commençait à regretter d'avoir insisté pour que Remus lui apprenne à les tracer. Les devoirs supplémentaires du professeur Babbling avaient été rédigés à une vitesse impressionnante et Remus avait dû transplaner sur le Chemin de Traverse pour acheter de nouveaux ouvrages à Harry pour remplir sa bibliothèque.

– Bien sûr que j'ai pris Runes, dit Rufus d'un ton suffisant. J'étais un Serdaigle après tout.

– Et alors ? demanda sèchement Sirius.

– Alors les Serdaigles ne s'abaissent pas à prendre des cours aussi faciles et douteux que la Divination.

– Vous avez un tel égo que vous vous sentez obligé de vous la raconter ? grommela Sirius.

Rufus s'apprêta à répondre, mais le bruissement de la cheminée les interrompit. Amelia débarqua sur la terrasse, sa cape du Ministère sur le dos, le regard fatigué.

– Bonjour tout le monde, dit-elle à la cantonade avant de s'affaler sur le siège à côté de Harry. Je suis épuisée.

– Beaucoup de boulot ? demanda Sirius.

– Ne m'en parle pas, gémit Amelia en se massant les tempes. Avec la nouvelle Présidente-Sorcière, le départ de Dumbledore et toutes les réformes à mettre en œuvre, je croule sous les dossiers.

– Sans doute en raison de la formidable réforme de Maxwell, dit Rufus d'un ton rempli de sarcasmes.

– Oui c'est ça, dit sèchement Amelia sans même chercher à répliquer. Le fait est que, la situation de Sirius a entraîné un précédent. Tous les condamnés d'Azkaban demandent à ce que leur affaire soit examinée de nouveau. Je vous avoue que c'est un peu compliqué de vérifier tous les dossiers.

– Ils peuvent faire ça ? s'horrifia Rufus.

– Normalement non. Mais le fait que Sirius n'ait pas eu de procès nous oblige à revoir tous les dossiers pour être sûrs qu'il n'y a pas eu d'autres cas.

– C'est une bonne chose, dit Harry les yeux brillants d'excitation. Vous imaginez s'il y a d'autres Sirius ? C'est bien, non ?

Rufus grommela dans sa tasse, visiblement peu convaincu. Sirius savait que cette possibilité de libération d'éventuels criminels ne devait pas le ravir, alors qu'il trouvait ça rassurant de savoir que personne ne resterait emprisonné sans avoir eu un procès équitable.

– C'est une bonne chose, confirma Remus, fier de la réaction de Harry. S'il y a des innocents, Amelia les trouvera.

– Je l'espère, soupira Amelia. Enfin, pour le moment je n'ai étudié que trois dossiers et j'ai lu assez d'horreurs pour le mois.

Sirius sourit largement à Amelia, fier de tout ce qu'elle faisait pour que, plus jamais, sa situation ne se reproduise. Il savait qu'elle avait été très affectée par son emprisonnement injustifié et qu'elle voulait se racheter. Elle ne semblait pas se rendre compte qu'il lui avait pardonné depuis longtemps, n'ayant rien à lui reprocher. Le fait qu'elle continue d'aider les autres lui faisait quand même très plaisir. Il espérait juste être le seul cas innocent, il n'était pas sûr de pouvoir supporter que d'autres aient été condamnés au même sort que lui.

– J'espère qu'il y a du thé glacé, je meurs de soif, souffla Amelia avant de froncer ses sourcils quand Sirius lui tendit un petit paquet. C'est pour moi ? En quel honneur ?

– Pour nous avoir aidé pour la garde, répondit Sirius avec un sourire en coin. Si ça ne te plaît pas, je peux le changer.

– Je devrais t'aider plus souvent, s'amusa Amelia sur le ton de la confidence.

– Quand tu veux.

Amelia sautilla presque de sa chaise en déballant le cadeau. Sirius sourit en se rendant compte qu'elle semblait beaucoup plus enjouée que pour le premier cadeau qu'il lui avait fait. Sans doute que le fait qu'il ait fait livrer deux caisses d'alcool mauricien dans le bureau de Rufus pour se faire pardonner du kidnapping y était pour quelque chose ou alors parce qu'elle savait qu'il lui faisait un cadeau sans arrières pensées.

– Waouh... murmura Amelia en attrapant le petit bracelet du bout des doigts.

Sirius avait choisi un bracelet doré tout fin sur lequel pendait une petite balance, le point d'équilibre étant représenté par un petit diamant scintillant.

– Il est magnifique ! s'écria-t-elle en le tendant d'autorité à Harry pour qu'il le lui accroche. Merci Sirius ! Mais tu sais tu n'étais pas obl...

Sirius balaya ses remerciements d'un signe de la main et Amelia se leva pour le prendre dans ses bras.

– Merci, murmura-t-elle à son oreille. Ça me touche beaucoup.

– La balance c'est pour la justice, tu sais comme tu fais tout pour que tout le monde soit traité de la même façon, expliqua Sirius un peu gêné, passant sa main sur sa nuque.

– C'est parfait, assura Amelia sans détacher son regard du bijou.

– Ça lui va bien, aider les criminels à sortir de prison, fit Rufus d'un ton médisant.

Personne ne s'embêta à lui répondre et Harry pouffa dans sa tasse.

– Bon, plus sérieusement, vous savez tous pourquoi vous êtes là, dit Sirius d'une voix posée en sentant que Amelia se retenait de sauter à la gorge de Rufus. Les Horcruxes.

– Sirius, tu es sûr que... commença Amelia en couvant Harry d'un regard inquiet.

– Harry a autant le droit d'écouter que nous, assura Sirius d'un ton sans appel.

Amelia se renfrogna légèrement, mais Sirius ne plia pas. Rufus semblait d'accord avec lui et Sirius fut rassuré qu'ils soient sur la même longueur d'ondes. Il savait qu'il avait aussi le soutien de Remus. Ils s'étaient tous les deux mis d'accord sur le fait que Harry avait le droit d'écouter ce qu'ils avaient trouvé, parce qu'il était le premier concerné.

Sirius s'était promis de ne jamais le mettre en danger et il savait bien que, pour cela, la discussion était nécessaire. Harry trouverait le moyen de s'informer différemment et Sirius préférait que les informations qui lui soient données soient les bonnes et non pas celles détournées, entendues au détour d'une conversation. Harry ne s'impliquerait pas dans la recherche des Horcruxes, mais il serait là pour les aider et les conseiller. Après tout, il était le seul à avoir détruit un Horcruxe pour le moment, et il en avait eu un dans la tête, ce qui le désignait de facto comme l'expert des Horcruxes dans leur groupe.

– J'ai rendu une petite visite à Slughorn, dit finalement Rufus pour rompre la tension.

– Et donc ? demanda Amelia.

– Il est toujours aussi... lui.

– Il était comment comme professeur ? demanda Harry.

– Tu ne l'aimerais pas beaucoup, rit Remus. Il avait ses grands chouchous qu'il invitait à des soirées surprises avec plein d'invités prestigieux.

– Ta mère en faisait partie, évidemment, sourit Sirius les yeux dans le vague. C'est un collectionneur de célébrités. Je crois qu'il connait la majorité des gens qui comptent dans notre société. Un vrai tocard.

– Sirius ! s'écria Amelia les joues rouges. C'était un professeur très compétent et très intéressant.

– Ne me dis pas que tu faisais partie du club de Slug ! s'horrifia Sirius.

Le rougissement d'Amelia lui donna sa réponse et il porta sa main à son cœur, choqué.

– Rufus ? demanda Sirius.

– Tu es fou ! s'écria Rufus avec dédain. Je n'allais pas m'abaisser à cirer les pates de ce vieux déglingo.

– Il était compétent ! cria Amelia d'une voix haut perchée.

– Pour un mollusque, oui, grommela Sirius.

– Amelia, tu dois reconnaître qu'il était bon, mais pas non plus excellent, dit Remus d'une voix apaisée.

Amelia les fusilla du regard, comme blessée qu'ils critiquent le professeur.

– Enfin, peu importe. J'ai été le voir et après m'avoir parlé de tous ses élèves préférés, on a attaqué les choses sérieuses, souffla Rufus.

– Il savait quelque chose ? demanda Sirius sans trop y croire.

– Tu n'as aucune idée à quel point.

Rufus garda le silence, comme pour faire monter la pression.

– Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda impatiemment Amelia.

– Il a mis beaucoup de temps à parler, j'ai presque dû le menacer...

– Presque ou tu l'as effectivement menacé ? demanda Amelia.

– Tu ne veux pas le savoir, assura Rufus. En tout cas, il m'a demandé de lui effacer la mémoire à la fin pour ne pas s'en souvenir.

– Tu n'as pas fait ça ?! s'horrifia Amelia les yeux écarquillés. Tu sais bien qu'il est interdit de...

– Bien sûr que je n'ai pas fait ça ! siffla Rufus. Je ne suis pas un criminel.

– C'est un crime ? demanda Harry les sourcils froncés.

– Oui, effacer la mémoire de quelqu'un doit être fait par des professionnels, expliqua Amelia d'une voix professorale. Les mauvais sortilèges d'amnésie peuvent entraîner des séquelles terribles. Des douleurs, des pertes de mémoire incontrôlées, une perte de contrôle magique. C'est pour cela que seuls les Oubliators du Ministère sont autorisés à les pratiquer.

– Ce n'est pas ce que faisait ton ancien prof de défense ? demanda Remus les yeux amusés.

– Lockhart ? Oui, c'était un vrai déglingo comme dirait Rufus, ricana Harry. Il a essayé de nous lancer un Oubliette, mais son sort s'est retourné contre lui.

– Amusant, dit Rufus.

– Pas tellement, mais bon, au moins, il ne t'a rien fait, souffla Amelia. Et donc, pour Slug ?

– Il a fini par tout me dire en comprenant que j'allais ruiner sa réputation s'il ne disait rien, rit Rufus. C'est la seule chose à laquelle il tient. S'il avait été arrêté par le Chef des Aurors, il ne s'en serait jamais remis. Donc il m'a tout avoué, après s'être saoulé bien sûr. Je pense qu'il aura tout oublié rapidement. En tout cas, il m'a donné énormément d'informations, ça vous intéresse ?

– À ton avis, imbécile ? dit Amelia agacée. Dis-nous ce qu'il a dit.

– Alors, il connaissait très bien le petit Jedusor, raconta Rufus avec une voix sortie d'outre-tombe. Brillant, intelligent, tout ce que Slug aimait en gros. Ils avaient un lien très fusionnel. Un jour, Jedusor est venu le voir pour parler des Horcruxes.

– Mais comment il a justifié ça ? s'étonna Sirius. C'est de la magie très noire.

– Apparemment, il l'avait lu dans un livre, sans savoir ce que c'était, mais c'est sûr que c'était un mensonge, dit Rufus en frissonnant. Ce qui est intéressant, c'est qu'il semblait déjà savoir ce qu'était un Horcruxe, mais qu'il voulait des informations sur combien on pouvait en faire avant de devenir fou.

Sirius vit Amelia frissonner et Remus reposer son gâteau sur la table, l'air dégoûté.

– Et Slug lui a répondu ? demanda Sirius les yeux écarquillés. Il est complètement malade comme je le disais.

– Il m'a dit que Jedusor savait très bien séduire, il était fin manipulateur et il a vraiment tourné la question de sorte qu'il s'agissait plus qu'une question théorique que concrète. Slug m'a dit que jamais il n'aurait imaginé qu'il prenne cette voie.

– Il est très persuasif, confirma Harry qui rougit quand les regards se posèrent sur lui. Il a séduit Ginny par le journal et j'ai vu un souvenir de lui. Il était vraiment... je peux le comprendre.

– Mhm, dit Rufus l'air dégoûté. En tout cas, Slug s'est laissé convaincre et il a discuté des Horcruxes avec lui.

– Et alors ? demanda Sirius avec impatience. Combien ?

– Il voulait séparer son âme en sept, conclut Rufus en ménageant son petit effet.

Sirius sentit toutes les émotions le quitter, comme si des Détraqueurs venaient d'entrer dans la Villa. Il se sentait glacé, perdu, en colère.

Sept.

– Il a créé sept Horcruxes ? s'horrifia Harry.

– Il le voulait. Je ne sais pas s'il a réussi. En tout cas, c'est plutôt horrifiant, non ? dit Rufus.

– Plutôt, conclut Sirius en frissonnant.

Amelia et Remus semblaient être les plus atteints par la nouvelle et étaient blancs comme neige.

– Donc, sept Horcruxes, répéta Harry les yeux froncés.

Harry semblait prendre la nouvelle de façon très rationnelle, à la grande surprise de Sirius, avant qu'il ne se souvienne que Harry était prêt à tout pour détruire Voldemort et préférait sans doute se détacher de ses émotions pour ne pas sombrer.

– Ce n'est pas plutôt six ? demanda Sirius. Finalement, il y a la septième partie de son âme qui reste dans son corps, non ?

– Mmh, ça se tient, dit Rufus après un instant de réflexion. La seule chose, c'est qu'il a créé un Horcruxe quand il a essayé de tuer Harry. Ce n'était pas volontaire de sa part...

– Donc Harry serait le septième Horcruxe ? s'horrifia Amelia.

– On ne peut pas l'exclure, admit Rufus. Il vaut mieux se dire qu'on a six Horcruxes à chercher plutôt que d'en manquer un.

– Je vais vomir, murmura Amelia avant que Harry ne lui tende un verre d'eau fraîche.

– Il ne faut pas désespérer ! dit Remus avec énergie. Harry a détruit le journal, on a le collier. Il ne nous en manque que quatre !

– Quatre qui pourraient être n'importe où dans le monde, Lunard.

– Et qui pourraient être n'importe quoi, remarqua Rufus.

– Je ne pense pas, dit Remus. On a fait beaucoup de recherches avec Amelia et ce qui ressort de la personnalité de Voldemort, c'est qu'il se sentait supérieur. Il aimait les choses précieuses, comme il l'a montré en choisissant le collier, qui a beaucoup de valeur pour lui. Après tout, il appartenait à Serpentard.

– Le journal intime n'avait rien de spécial, remarqua Harry en haussant un sourcil.

– Tu penses ? Je trouve au contraire qu'un journal est assez personnel. Et puis, il n'aurait pas mis ses morceaux d'âme dans un endroit sans sens pour lui. Il a posé le médaillon dans la grotte dans laquelle il a sans doute exercé ses premières tortures. Le journal était chez Malefoy et nul doute que les autres doivent être dans des endroits qui comptent, raisonna Remus avec espoir.

– Donc, nous n'avons aucune piste ? comprit Rufus en se renfrognant.

– Pas spécialement, on a trouvé des informations sur le passé de Voldemort et je pense qu'il faut aller dans ce sens. Il faut trouver des endroits qui pouvaient compter pour lui. Comme, je ne sais pas... murmura Remus en réfléchissant.

– On a trouvé des choses sur sa famille, intervint Amelia qui semblait s'être remise de la situation. Il a vécu dans un orphelinat toute sa vie. Sa mère est arrivée à l'orphelinat en train d'accoucher, elle est morte quelques heures après la naissance de Vous-Savez-Qui. Apparemment, son père n'était pas présent.

– Harry nous a bien aidé, admit Remus en lui jetant un regard en coin. Il nous a dit que le père de Voldemort était un né-moldu, donc on est proches de trouver des informations.

– Il ne pourrait pas y avoir un objet dans l'orphelinat ? proposa Sirius.

– On pourra y faire un tour, mais j'en doute, dit Remus. Il détestait cet endroit et ça reste un endroit moldu. La grotte avait déjà plus d'impact pour lui. Sinon, il faut qu'on retrace sa vie. On sait qu'il a travaillé chez Barjow et Beurk, ce qui va nous permettre de chercher des informations sur sa personnalité. Mais je ne sais pas où...

– Poudlard, dit Harry.

– Poudlard ? répéta Sirius en haussant un sourcil. Quand veux-tu qu'il ait placé un Horcruxe à Poudlard ? Et où ?

– Je ne sais pas, mais c'est un endroit qui compte pour lui. C'est sa première maison, dit Harry.

Sirius haussa un sourcil en se demandant si Harry parlait vraiment de Voldemort ou de lui.

– Poudlard est immense, souffla Rufus, comment on peut trouver un truc là-dedans ?

– Et si c'était dans la Chambre des Secrets ? demanda Sirius les yeux écarquillés.

– Il a déjà fait le journal, non ? opposa Rufus.

– Oui, mais il aurait pu y cacher un autre. Puisque personne n'était censé pouvoir y descendre. Harry, tu es sûr qu'il n'y avait pas de porte là-bas ?

Harry regarda Sirius avec étonnement.

– Je ne me souviens pas. J'étais légèrement occupé je te rappelle, ironisa Harry.

– Mais ça se pourrait ? insista Sirius.

– Je me souviens que le basilic est venu de quelque part, ça mène peut-être à un bureau ou autre ? proposa Harry.

– Tu sais ce que ça signifie ? demanda Sirius en se tournant vers Rufus, les mains jointes, les yeux brillants d'excitation.

Rufus soupira légèrement.

– C'est non, Sirius. Tu sais ce que je pense de ça.

– Rufus, on a besoin de descendre dans la Chambre pour récupérer un crochet de Basilic. Et pour s'assurer que la Chambre ne contienne pas d'objets de magie noire. Alors imagine qu'il y ait un Horcruxe là-dedans ?

– Et je t'ai dit qu'il était peu probable qu'il y a de la Magie noire là-bas, comme Harry et la petite Weasley ont pu y entrer sans peine. Un expert en créatures magiques sera parfaitement à même de s'occuper du Basilic.

– Mais pas de chercher un Horcruxe. C'est une mission pour les Aurors, non ? insista Sirius.

– Il n'a pas tort, dit Amelia. On ne peut pas laisser l'expert seul en-dessous s'il y a un risque que Vous-Savez-Qui ait placé un morceau de son âme.

– Hors de question que tu viennes, coupa Rufus avec sévérité. Vous avez raison, il y a un risque de Magie noire là-dedans, et je vais réunir une équipe. Mais aucun de vous n'en fera partie.

Sirius soupira légèrement, un peu déçu.

– Tu es vraiment nul.

– Je suis le seul adulte ici ? répliqua Rufus. C'est trop dangereux, vous n'êtes pas taillés pour ça. Je vous rappelle que ce sont les Aurors qui sont spécialisés dans la gestion de la Magie noire.

– On a combattu pour l'Ordre ! s'écria Sirius.

Rufus renifla dédaigneusement.

– Ouais. L'Ordre, dit Rufus avec un ton désapprobateur. Et alors ? Tu veux une médaille ? Vous savez combien de plans vous avez fait échouer avec votre stupide Ordre ?

Sirius eut un léger mouvement de recul en entendant le ton acide de Rufus. Amelia jeta un regard glacial à Rufus qui soupira et passa sa main sur sa nuque.

– Désolé. C'est juste que... Toute cette résistance, bien sûr que ça partait d'un bon sentiment. Mais vous avez aussi été imprudents. Des Aurors ont perdu la vie à cause de vos interventions. Ou plutôt de Dumbledore.

– Dumbledore a toujours été craint par Voldemort.

– Oui, et justement, grimaça Rufus. Ses apparitions faisaient que les Mangemorts paniquaient et envoyaient de vrais sortilèges de Mort avant de s'enfuir. Plusieurs de mes collègues sont décédés comme ça, dont mon partenaire. Tu-Sais-Qui lui a jeté un sortilège juste avant de s'enfuir en voyant Dumbledore débarquer avec l'Ordre.

Sirius vit le visage de Rufus se durcir et il comprit que, derrière la froideur et la haine qu'il avait pour Dumbledore, se cachait simplement la peine de ne pas avoir pu aider son collègue. Sirius savait que leurs apparitions avaient pu compliquer les choses, mais il n'avait jamais pensé aux conséquences avant aujourd'hui.

– Il aurait eu mieux fait de former de meilleurs Aurors, dit brusquement Rufus. Pour qu'on ait vraiment une chance de lutter.

– En même temps les profs de Défense sont tous nuls, remarqua Harry. Sauf toi, Remus.

– Merci, dit Remus avec un sourire amusé.

– Les Aurors n'ont pas été à la hauteur pendant la première guerre à cause du manque de formation, souffla Rufus. On essaie de recruter depuis des années, mais la dernière a été Tonks. Depuis, on n'a plus personne à la hauteur. Ils ne savent même pas lancer d'Expelliarmus.

– Je me demande qui va être nommé cette année. Un bon professeur serait utile, soupira Amelia.

– Alastor Maugrey, lâcha Sirius ravi de son petit effet.

Amelia recracha de l'eau dans son verre de manière tout à fait inélégante alors que Rufus écarquillait ses yeux comme s'il refusait de le croire.

– Euh... Qui c'est ? demanda Harry d'une petite voix.

– Un ancien Auror, dit Amelia en se tournant vers lui. Il est devenu... comment dire...

– Complètement maboul, marmonna Rufus. Il a coffré la moitié des Mangemorts à Azkaban. Étonnant qu'il ne se soit pas occupé de Sirius d'ailleurs.

– Rigole, pauvre tâche, répliqua Sirius en levant ses yeux au ciel. C'est lui qui m'a emmené à Azkaban. Deux jours avant, on était dans l'Ordre ensemble, et après il me jetait dans une cellule en me crachant dessus.

– Et tu ne lui as pas dit que tu étais innocent ? s'étonna Harry.

– Lors des trajets, les prisonniers ne peuvent pas parler, dit Amelia en grimaçant. C'est une chose qui va sans doute changer avec la loi Maxwell. Cela permet d'avoir des trajets soi-disant plus sécurisés.

– C'est utile, tenta Rufus, pour la sécurité de tous et la tranquillité. C'est vrai quoi, les prisonniers qui hurlent à la mort à côté de toi c'est insupportable. Quoi qu'il en soit, Maugrey Fol Œil est devenu complètement maboul. Il ne savait plus reconnaître une vraie menace d'une simple blague. On n'était pas très copains et je lui ai suggéré de prendre sa retraite quand j'ai pris le poste de Chef des Aurors. Il a essayé de tuer son collègue qui a frappé à sa porte une fois.

Amelia rit nerveusement en se souvenant sans doute de l'anecdote.

– Tu penses que ça ira pour Poudlard ?

– Je ne sais pas, dit sincèrement Rufus. Ce qui est sûr, c'est qu'il était doué. Sans doute le meilleur Auror qu'on n'ait jamais eu. Et il sait de quoi il parle. Il saura former des Aurors...

– S'il ne tue pas les élèves avant, remarqua pertinemment Sirius. Enfin bref, ce n'est pas notre problème. On va éviter d'avoir besoin d'Aurors et se débarrasser de Voldemort avant qu'il ne revienne.

– On l'espère tous, affirma Remus.

– Qu'est-ce qu'on fait pour la Chambre du coup ? demanda Amelia.

Les regards se posèrent sur Rufus.

– On ne va pas juste descendre dans la Chambre comme ça, dit Rufus.

– Harry l'a bien fait, remarqua Sirius.

– Mais nous sommes des adultes, pas des stupides Gryffondors, répliqua Rufus en faisant un clin d'œil amusé à Harry qui rougit. J'avais déjà réfléchi à un plan au cas-où nous avions besoin d'y aller. Puisqu'il y a un risque de Magie noire, les Aurors sont compétents. Je vais réunir une équipe, avec un expert en créatures magiques qui pourra récolter la bête et un Briseur de Sort.

– Pourquoi un Briseur de Sorts ? demanda Harry.

– Au cas-où il y ait des protections, des sorts qui protègeraient un éventuel Horcruxe. Ce sont eux les spécialistes. Nous on peut gérer la Magie noire même, comme l'Horcruxe, mais eux sont spécialisés pour les protections qui entourent les objets de Magie noire. Ça nous serait très utile pour l'opération Puzzle d'ailleurs, remarqua Rufus. Vous en connaissez un ?

– Je vais me renseigner, assura Amelia. Je vais prendre contact avec ceux du Ministère et de Gringotts et faire passer des entretiens.

– On ne sait pas ce qu'a pu faire Serpentard là-dedans, donc ça me semble être nécessaire pour garantir notre sécurité. L'idée, c'est que Harry nous ouvre le passage, ensuite les Aurors et Briseurs de sort passent en premier pour dégager la voix et chercher un éventuel Horcruxe. Une fois que tout sera sécurisé, et uniquement à ce moment-là, vous pourrez entrer dans la Chambre.

– Tu es sûr que c'est autorisé ? s'enquit Amelia.

– C'est une pièce de Poudlard, dit Rufus. Tant que le périmètre est sécurisé, il n'y a aucun problème. Ça reste un trésor et techniquement Harry a le droit d'y accéder quand il le souhaite. C'est lui qui l'a trouvé.

– Harry, tu es sûr que tu veux descendre de nouveau là-bas ? demanda Sirius avec inquiétude.

– Oui, assura Harry sans flancher.

– On verra au moment venu, assura Rufus. Tu ne seras pas obligé de descendre si tu ne te sens pas capable.

– Si, je vais devoir descendre avec vous en fait, dit Harry après une hésitation.

Sirius sentit son sang bouillir à l'idée que son précieux Harry ne retourne dans cette Chambre maudite.

– Harry, dit Amelia avec douceur, on sait que tu aimes les aventures, mais tu dois rester en retrait jusqu'à ce que ce soit sécurisé.

– Je suis d'accord, intervint Sirius les sourcils froncés. Tu restes derrière jusqu'à ce que les grandes personnes se soient occupées des dangers.

– Il y a simplement un problème, ricana Harry en relevant légèrement le menton dans un mouvement typiquement Jamesien qui fit frissonner Sirius.

– Et lequel ? demanda Sirius sans se démonter.

– Il y a une seconde porte pour entrer dans la Chambre. Vous avez besoin d'un Fourchelang. Et je suis le seul que vous connaissez.

Rufus jura dans sa barbe.

– Vous avez besoin de moi, que ça vous plaise ou non, plaida Harry.

– C'est hors de question ! s'écria Sirius. Tu ne retournes pas là-dedans !

– Tu voulais bien y aller toi ! répliqua Harry avec agacement. Et tu ne parles même pas Fourchelang !

– Mais je suis adulte, moi.

– Et j'ai affronté le Basilic. Je connais la Chambre. J'y étais et il n'y a aucune Magie noire, je ne cours aucun risque !

– Tu ne peux pas le savoir, soupira Sirius.

– C'est n'importe quoi.

– Langage, jeune homme, gronda Sirius un peu agacé. Je ne veux pas que tu coures le moindre risque.

Harry, qui avait serré les poings, se détendit légèrement et rougit en comprenant que son ton avait été un peu plus agressif que prévu.

– Pardon, marmonna Harry. Je veux juste aider.

– On le sait, Harry, dit Amelia avec douceur.

Elle regarda Sirius avec déception, comme s'il était responsable de la situation. Sirius leva ses yeux au ciel, mais il vit du coin de l'œil Remus hocher la tête en signe de soutien, ce qui le rassura. Il était sans doute un peu trop protecteur, mais il était hors de question que Harry ne court le moindre risque. Et s'il pouvait l'empêcher de descendre là-bas, il allait le faire.

– On verra l'organisation de la mission plus tard. Comment ça se passe pour la récolte du Basilic ? demanda finalement Remus pour changer de sujet.

– L'expert m'a dit qu'il était habitué. Il va faire des découpes directement en bas, avant de les transporter pour les revendre. Il va y en avoir pour un paquet d'argent si vous voulez mon avis, siffla Rufus. Il prendra une partie sur les recettes, évidemment.

– Comment se fait la répartition ? demanda Amelia.

– Normalement, la totalité va à celui qui tue la créature, répondit Remus en se tournant vers Harry.

– Donc, normalement, tout va à Harry, dit Sirius qui avait étudié la question depuis quelques jours. Harry et moi en avons discuté, et j'en ai parlé à Dumbledore et nous sommes tous d'accord sur la répartition la plus équitable possible. Le Basilic va être vendu et les gains vont être partagés à parts égales entre les victimes pétrifiées du Basilic, la famille de Mimi Geignarde, Hagrid pour réparer l'erreur judiciaire dont il a été victime...

– Mes équipes sont en train de gérer le dossier, intervint brusquement Amelia. Hagrid pourrait avoir de nouveau le droit de porter une baguette magique.

– Ça serait super ! dit Harry les yeux écarquillés. Hagrid le mérite.

– C'est sûr, confirma Remus qui avait toujours été proche du garde-chasse pendant ses études.

– Donc, Hagrid, reprit Sirius, Poudlard aura droit à une partie qui sera affectée aux bourses pour les étudiants en difficulté et, enfin, à Harry et Ron qui ont tous les deux découverts la Chambre des Secrets.

– C'est très généreux de ta part, siffla Rufus.

– Je n'aurai rien fait sans Ron, admit Harry. On l'a découvert tous les trois, avec l'aide de Hermione. Mais comme elle a été pétrifiée, elle aura déjà droit à une partie, donc c'était normal que Ron ait quelque chose.

– Et Ginny bien sûr ! ajouta Sirius qui avait oublié la dernière des Weasley.

– Cette pauvre petite, souffla Amelia le visage tordu d'angoisse. Être possédée par Vous-Savez-Qui à un si jeune âge. Vous savez si elle voit quelqu'un ?

– Elle n'en a jamais parlé, admit Harry.

– Je voulais en parler aux Weasley quand nous irons chez eux, expliqua Sirius. Bon, assez parlé de choses angoissantes, ça vous dit de dîner ici ?

Rufus hocha sa tête en signe d'assentiment, avant de se pencher vers Remus pour lui demander ce qu'il savait sur les Basilics.

– Avec plaisir, dit Amelia avant de se tourner vers son filleul avec un sérieux étonnant qui fit s'interrompre la conversation entre Rufus et Remus. Harry, je voulais juste te dire... Je sais que tu es très proche de Susan et...

– Ce n'était qu'un bisou je te promets ! plaida Harry en s'écartant légèrement d'Amelia comme s'il avait peur qu'elle ne lui jette un sort. On n'est pas sorti ensemble longtemps. Je l'aime bien... Mais pas comme ça. Tu vois, c'est comme une sœur et... Je ne lui ai pas fait de mal... Elle a dit quelque chose ?

Sirius aurait voulu dire à Harry de se taire, mais il ne put que l'observer se débattre dans ses explications avec une fascination inquiétante, alors qu'il était clair qu'Amelia n'avait aucune idée de ce dont il parlait. Amelia avait écarquillé ses yeux et regardait Harry comme si elle le voyait pour la première fois.

– En fait, coupa Amelia, je voulais simplement te demander de ne pas lui parler de l'Ordre des Maraudeurs et des Horcruxes, mais ce que tu me racontes est beaucoup plus intéressant. Tu as embrassé ma nièce ?

– Euh... Non ? dit Harry en rougissant jusqu'à la racine des cheveux, alors que Rufus éclatait de rire.

– Tu es bien comme ton père, dit Remus avec affection en se levant pour ébouriffer encore plus les cheveux de Harry. Toujours à mettre les pieds dans le plat.

– On va manger, peut-être, proposa Sirius en sautant sur ses pieds. Harry, tu m'aides à mettre la table ?

– Avec plaisir ! s'écria Harry en se précipitant dans la Villa sans regarder Amelia.

– La conversation n'est pas finie jeune homme ! hurla Amelia.

– Allez, détends-toi, dit Sirius en se postant face à Amelia pour l'empêcher de parler à Harry. Ce n'était qu'un bisou.

– Parce que tu étais au courant ? s'horrifia Amelia. Mon filleul embrasse ma nièce et je suis la dernière au courant ! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé par Helga ?

– Tu n'es pas fâchée ? s'étonna Sirius.

– Fâchée ? dit Amelia amusée. Pas du tout, je suis déçue. Harry est un garçon charmant. Au moins j'aurai été rassurée de savoir Susan avec un bon garçon. Et puis, je sais que j'aurai facilement pu l'intimider. Quelle tristesse.

– Ne t'inquiète pas, dit Sirius avec un sérieux étonnant, si Susan trouve quelqu'un je me ferai un plaisir de t'aider à intimider le garçon.

– Promis ?

– Promis.

Sirius serra la main d'Amelia qui le regardait avec un sourire machiavélique. Sirius avait beau adorer Amelia, il savait qu'il ne fallait surtout pas chercher des noises à sa nièce. Il était finalement content que Harry n'ait pas conclu avec elle, il n'aurait pas supporté de voir Amelia le menacer. Il espérait juste que Susan trouverait rapidement quelqu'un. Il avait des tas d'idées pour intimider un éventuel petit-ami et il était sûr qu'Amelia en avait tout autant.

– Je rêve où vous espérez que Susan trouve quelqu'un pour le menacer ? demanda Remus en haussant un sourcil.

– Pas du tout ! dirent Amelia et Sirius d'une même voix manquant de conviction.

– Je vous informe donc que je serai du côté de Susan, prévint Remus.

– On n'en attendait pas moins de toi, rit Amelia.

– Allez, va faire un peu mariner Harry, murmura-t-il à l'oreille d'Amelia.

– Pour qui tu me prends ? s'amusa Amelia avec un sourire sournois. HARRY ! hurla-t-elle en entrant dans la Villa. On doit parler et sérieusement !

– Je l'adore, rit Sirius.

– Tu ne veux pas aider Harry ? s'étonna Remus.

– Oh. Plus tard. Tu ne veux pas plutôt goûter au vin mauricien qu'on a ramené ?

– Tu m'ôtes les mots de la bouche, répondit Rufus avec un sourire en coin. Remus, tu te joins à nous ?

– Bien sûr. J'adore voir Amelia crier sur quelqu'un d'autre que nous, dit philosophiquement Remus.

Les trois hommes éclatèrent de rire, Sirius espérant au fond de lui qu'Amelia ne serait pas trop dure avec la prunelle de ses yeux.

.

« Je suis ton seul ami, Ginny. Les autres ne t'aiment pas. Tes frères pensent que tu es stupide. Stupide petite-fille. Tes frères te méprisent. Tu es si faible, si insipide... Tu n'es rien sans moi... Je suis là pour toi, moi. Personne n'est là pour t'aider à part moi. Après tout, tu es responsable de la pétrification de ces élèves. Personne ne l'a oublié. Tout le monde te regarde en se demandant comme une meurtrière peut être encore en liberté. Tu es seule, toute seule. Mais non. Tu es à moi, rien qu'à moi. Je ne te lâcherai jamais, je serai toujours une partie de toi... De toi... De moi... Je vais tuer toutes les personnes auxquelles tu tiens... Tu seras à moi, Ginny Weasley. À MOI ! »

Ginny se réveilla en sursaut. Elle eut le temps de se pencher au-dessus de son lit, d'attraper sa poubelle et de vomir l'intégralité de son estomac dans des sanglots étouffés. Elle mit quelques secondes avant de se remettre. Elle avait de la sueur sur tout le corps, elle sanglotait et se sentait fiévreuse.

La rousse se releva brusquement de son lit, allumant une bougie, incapable de rester dans le noir sans craindre que Tom ne surgisse d'un coin de sa chambre. Elle attrapa ses chaussons et se faufila à l'extérieur de la maison, sans aucun bruit.

Elle marcha dans le jardin et s'effondra à moitié dans l'herbe, appréciant la brise fraîche de la nuit. Elle pleura un long moment. Un si long moment qu'elle se demanda si elle allait s'en sortir. Si elle allait survivre à tout ça, à cette peur, à cette peine, à cette culpabilité qui l'envahissaient.

Stupide fille.

Les paroles de Tom ne cessaient de raisonner en elle, comme si Tom était là, juste derrière elle. Elle pouvait presque sentir son souffle chaud sur sa nuque, ses pensées enveloppantes, réconfortantes, son charisme fou, cette façon qu'il avait de...

Une main se posa sur son épaule et Ginny étouffa un hurlement de peur. Elle se retourna à toute vitesse, attrapa la main et la tordit pour mettre son adversaire à genoux, comme le lui avait appris Bill pour se protéger des mauvais garçons.

– Aoutch ! Ginny c'est moi ! s'écria Ron.

– Oh, oups ! Désolée !

Ginny lâcha son frère qui se releva en massant sa main.

– Où tu as appris à faire ça ? demanda Ron en la fusillant du regard.

– Bill, éluda Ginny. Ça va ?

– Mmh, je saurai qu'il ne faut pas te surprendre la nuit, c'est tout.

– Tu m'as fait peur, admit Ginny en s'allongeant de nouveau pour regarder le ciel, ne souhaitant pas que son frère la voit pleurer.

Il devait déjà penser qu'elle était stupide, inconsciente, une gamine incapable. Il avait dû entendre ses sanglots et elle ne voulait pas se ridiculiser plus que ça.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Ron d'une voix bourrue.

– Je prends l'air.

Elle s'attendait à ce que Ron ne retourne se coucher mais, à son grand étonnement, il s'allongea à côté d'elle dans l'herbe.

Ils restèrent un long moment étendus, sans parler. Ginny ne retint pas ses larmes et Ron attrapa sa main, comme pour lui donner du courage. Cela la fit éclater en sanglots et elle roula sur le côté pour que Ron puisse la prendre dans ses bras. Il lui tapota le dos avec gêne, mais Ginny apprécia l'effort qu'il faisait pour la soutenir.

– Tu as eu des nouvelles de Harry ? réussit-elle à demander pour que Ron ne lui pose pas de questions sur son état.

– Hedwige est arrivée ce soir, dit Ron avec un sourire dans la voix. Il m'a dit qu'il était déçu de ne pas me voir à son anniversaire surprise.

– C'est plutôt toi qui doit être déçu, réussit à rire Ginny. Une semaine chez la tante Muriel, j'ai cru que j'allais la tuer.

– Ouais, elle craint, rit Ron à son tour. Mais ça avait l'air d'aller. Ils ont accepté notre invitation à dîner et il m'a proposé de passer quelques jours chez lui avec Hermione, on irait à la Coupe du Monde ensemble.

– Ça serait super. Et Hermione ?

– Je lui ai envoyé une lettre, elle m'a dit qu'elle allait bien, mais qu'elle s'inquiétait pour Harry.

– Comme d'habitude, rit Ginny. Elle est impossible. Ça va mieux tous les deux j'ai l'impression ?

– Oui, je crois qu'on a réussi à mettre les choses à plat, même si j'ai encore du mal à la comprendre parfois, admit Ron.

– Je crois que seul Harry peut comprendre Hermione.

– Elle ne t'en veux pas, lâcha Ron avec son manque de tact légendaire.

Ginny se figea, comprenant très bien où voulait en venir son frère. Elle garda son regard figé sur une étoile dans le ciel. Elle se demanda pourquoi Ron venait de lui dire ça.

– On a discuté avec Hermione cette année tu sais. Et je sais que... Parfois tu n'as pas pu me parler, notamment il y a deux ans. Mais je suis là si tu as besoin, dit Ron avec hésitation. Et Hermione ne t'en veux pas, personne ne t'en veux en fait.

– Elle a failli mourir à cause de moi, dit Ginny dans un sanglot. Tous. Et maintenant. Tom, il...

– Il n'est pas là, coupa Ron. Tu es en sécurité.

– Je ne sais pas.

– Tu vois toujours ton psychomage ?

– Oui. J'y vais demain, admit Ginny du bout des lèvres. Mais ça ne change rien. J'ai quand même peur. Je ne suis pas une Gryffondor en fait, je suis... Je n'aurai jamais dû être répartie là-bas ou même dans une autre maison. J'aurai dû être renvoyé à la maison et...

– Et tu crois que nous, on n'a pas peur ? s'écria Ron. Je fais encore des cauchemars des araignées. Aragog, Ginny. Je te rappelle que j'ai rencontré le roi des araignées ! Je ne te pardonnerai jamais ça.

Ginny éclata de rire en entendant le ton ironique de Ron.

– Et il avait des bébés en plus. Des tas de bébés immenses et velus, frissonna Ron. Gryffondor ou non, je suis encore terrifié rien que d'y penser.

– La Ford vous a sauvé.

– Son sacrifice ne sera jamais oublié, dit Ron. Mais ce que je veux dire c'est que... Harry aussi il fait des cauchemars. Il n'en parle pas et je ne suis pas sûr que je devrais t'en parler, mais je le sais... Il met des sortilèges de silence parfois. Il est tout le temps agité la nuit. Lui aussi il a peur. Et pourtant, Harry est sans doute le plus courageux de nous tous.

– Tu es aussi courageux, dit Ginny avec sincérité. Tu es allé dans la forêt pour Hermione, tu es descendu dans la Chambre pour moi. Et tu n'as pas hésité à te sacrifier sur l'échiquier pour eux.

– Je ne suis pas Harry, dit mollement Ron.

– Et personne ne te demande de l'être, assura Ginny en le regardant avec sérieux. Franchement, tu veux être un petit binoclard à lunettes ?

Ron éclata de rire à son tour.

– Ron, tu es... Tu m'as aidé en première année. Tu as toujours été là pour m'écouter. Tu es venu me sauver. Tu n'as jamais laissé tomber. Tu as toujours cru en moi, tu me laisses m'entraîner avec toi pour le Quidditch et... Tu es super comme frère. Et tu es courageux.

– Harry est juste si... Harry.

– Il n'est pas parfait, dit Ginny amusée.

– Je croyais que tu étais amoureuse de lui ?

Ginny rougit jusqu'à la racine des cheveux et elle fut contente qu'il fasse nuit pour que Ron ne le voit pas.

– Je... J'aime bien Harry, oui. Mais tu sais je lui ai un peu plus parlé cette année et, même s'il est génial, il a beaucoup de défauts. Et tu penses qu'il a une vie parfaite, mais je pense que c'est nous qui l'avons. Tu te souviens de ce qu'a dit la dame du Ministère non ? Il a été maltraité là-bas.

Ron se renfrogna légèrement et Ginny sentit sa colère irradier jusqu'à elle.

– Il est heureux avec Sirius, maintenant, dit finalement Ron.

– Oui. Mais il n'a plus de parent, il a été maltraité pendant treize ans et il a un mage noir à ses trousses.

– Comment tu sais tout ça ? s'étonna Ron. Je croyais que...

– J'ai écouté aux portes, dit Ginny sans rougir. Et je ne suis pas stupide, je sais ce qui se passe. Je connais bien Tom je te rappelle. Je te dis juste que tu es stupide d'être jaloux de Harry, alors que c'est lui qui est jaloux de toi depuis le début.

– De moi ? Tu débloques ?

– Non, je t'assure. Je l'ai remarqué l'année dernière, quand on s'est vu au Chaudron Baveur, expliqua Ginny. Il était si jaloux de nous voir tous ensemble, de savoir qu'on était parti en vacances. J'ai trouvé ça très triste. Mais je veux juste te dire que Harry et toi... Vous êtes amis pour la vie. Et il sera toujours là pour toi, comme toi tu seras là pour lui.

– Je ne l'ai pas toujours été...

– Et moi j'ai failli tuer des gens en lâchant un monstre sanguinaire sur Poudlard, Harry vous a mis en danger un nombre incalculable de fois et il t'a caché sa relation avec Sirius, alors tu vois, tout le monde fait des erreurs.

– Depuis quand tu es devenue si sage ? demanda Ron un peu soufflé.

– Depuis que tu fais ton imbécile, ricana Ginny. On a discuté avec Harry et je sais que tu lui manques.

– Donc tu me conseilles d'accepter l'invitation chez lui ?

– Bien sûr ! Et puis ça va vous faire du bien de vous retrouver tous les trois avec Hermione. Le Trio d'Or.

– Le Trio s'est bien transformé, dit Ron avec dépit.

– Et tu ne trouves pas ça bien ? demanda sincèrement Ginny.

– Je ne sais pas. Hannah est affreuse.

– Elle doit penser la même chose de toi.

– Sans doute, admit Ron. Susan est sympa, mais c'est vrai que ce n'est pas pareil que Harry et Hermione.

– C'est à toi de voir, dit Ginny avec douceur. Soit tu acceptes de faire partie de ça, soit non mais tu te retrouveras seul. Parfois partager c'est bien aussi. Vous êtes tellement fusionnels que c'est difficile de voir les défauts de l'autre, mais je t'assure que votre éloignement a été positif. Et puis, Harry tient à toi.

– Je ne sais pas.

– Je te le dis, conseil de petite-sœur.

– Merci, Gin. Et toi, ça va aller ?

– Ne t'inquiète pas pour moi, dit sincèrement Ginny. Je dois juste... oublier Tom. C'est juste que certains soirs, c'est plus difficile que d'autres.

– Si tu as besoin de...

– Tu vois, dit Ginny triomphalement, c'est exactement ça. Tu es prêt à tout pour ceux que tu aimes. Tu es un vrai fondant au chaudron, Ron.

– Euh... merci ? Je crois.

– On se fait une partie de Quidditch ? proposa Ginny avec malice.

– Il est trois heures du matin.

– Depuis quand ça te fait peur ?

.

– Bonjour les Weasley ! dit joyeusement Arthur en pénétrant dans la cuisine.

Ginny plongea sa tête dans son bol de chocolat chaud, à moitié endormie. Ron, en face d'elle, ne faisait même pas semblant et dormait, sa tête appuyée dans sa main, la bouche entrouverte. Fred lui lançait des morceaux de pain dans la bouche, faisant pouffer George.

Percy était parti travailler aux aurores pour « Mr Croupton » et il ne manquait pas à Ginny. Elle adorait son frère, mais il était celui qui prenait ses problèmes le plus à cœur et il n'aurait pas hésité à la couver toute la journée s'il avait vu ses cernes.

Leur mère les avait regardés ce matin avec l'air de celle qui savait ce qu'il s'était passé, mais qui ne pouvait pas le prouver. Ginny ne regrettait pas d'avoir passé une bonne partie de la nuit dehors. Ils avaient renoncé au Quidditch en raison de la nuit, mais s'étaient longtemps baladé dans le jardin, s'amusant à se raconter leurs plus belles aventures à Poudlard. Si Ron était connu pour traîner dans les couloirs la nuit, il avait été étonné par la connaissance de Ginny du château.

Elle savait qu'elle connaissait des endroits auxquels peu de personnes avaient eu accès. Elle avait eu Tom dans sa tête et, malgré sa folie, il lui avait dévoilé quelques secrets, sans doute pour se vanter. Elle avait beaucoup appris malgré elle et ne s'était jamais perdue une seule fois dans les dédales du château.

Ils étaient rentrés à six heures et Ginny n'avait pas réussi à se rendormir par la suite, observant le journal que lui avait offert son père pour son anniversaire. Son psychomage l'avait encouragé à écrire ses pensées, mais Ginny était encore trop effrayée pour le faire. Alors, elle observait de longues minutes ce petit carnet absolument magnifique sur son bureau. C'était son carnet de rêve, celui dans lequel elle aurait voulu écrire en première année : rouge Gryffondor, avec un balai qui volait sur la couverture. Il était absolument splendide, mais elle ne pouvait pas s'y résigner, c'était au-dessus de ses forces. Elle pensait ne plus jamais pouvoir écrire dans un journal de toute sa vie, par peur que Tom ne refasse son apparition.

– Qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui ? demanda son père avec une voix douce.

Fred se lança dans une longue explication de leurs projets avec George. Ginny vit que son frère commençait à se détendre un peu plus en leur présence, tout comme ses parents et elle espérait sincèrement que la grosse dispute sur la révélation de George soit enfin terminée. L'ambiance avait été assommante ces derniers mois et elle était contente de passer à autre chose.

– Ginny a son rendez-vous chez le Médicomage Johnson, informa sa mère.

– Oh oui, bien sûr.

Son père lui fit un petit sourire crispé. Ginny savait que tout le monde était un peu gêné à l'idée d'aborder le sujet avec elle, mais elle n'en avait pas honte, au contraire. C'était sans doute ces rendez-vous qui lui avaient permis de ne pas s'effondrer et de continuer à avancer.

– Où est Bill ? demanda son père.

– Il est parti tôt ce matin, répondit sa mère. Il m'a dit qu'il avait un rendez-vous professionnel.

– Oh bien, parfait, parfait.

Ginny ricana dans son bol en voyant sa mère se pâmer de bonheur. Bill avait réussi à obtenir des vacances pour le mois d'août pour venir à la Coupe du Monde. Elle savait que sa mère faisait tout pour que Bill décide de rester en Angleterre, mais elle ne voyait pas ce qui pourrait intéresser son frère ici. Il adorait l'Égypte et tout ce qu'il pouvait affronter comme situations dangereuses. Elle était persuadée que jamais Bill ne serait heureux derrière un bureau, ce qui l'attendait probablement à Gringotts.

– Je me demande ce qu'ils lui veulent, dit son père.

– Sans doute lui proposer un poste ici. Tu imagines Arthur ! Si notre Bill revenait à la maison !

– Je crois que Bill préférerait mourir plutôt que de s'installer de nouveau ici, marmonna George dans son bol de céréales.

Leur mère fit semblant de ne pas l'avoir entendu.

– Ce n'est pas plutôt à Bill de faire une demande ? demanda son père. Après tout, il travaille toujours pour Gringotts en Égypte, ils veulent sans doute un compte-rendu de son activité.

– Peut-être que...

La remarque de sa mère fut perdue quand la porte d'entrée s'ouvrit et que Bill apparut dans la cuisine, l'air à la fois affolé et impatient. Ginny ne l'avait vu sur son frère qu'une seule fois ; quand il avait été muté en Égypte.

– Bill, mon chéri !

– Salut maman. Les enfants, dit Bill avec ironie.

Il contourna la table pour embrasser Ginny sur la joue, puis leur mère, avant de s'affaler avec grâce et d'attraper les céréales. Tous les regards se posèrent sur lui, impatients à l'idée de savoir ce dont il était question.

– Alors ? fit leur mère en rompant le silence. Tu reviens en Angleterre ?

– Quoi ? fit Bill en écarquillant ses yeux. Non ! Pas du tout. J'ai juste été appelé pour une mission ponctuelle.

– Oh, répondit tristement leur mère. Pour combien de temps ?

– Une seule journée. La Directrice de la Justice Magique et le Chef des Aurors ont fait passer des entretiens pour une mission un peu particulière. Mon profil les a intéressés quand ils ont contacté les gobelins, donc ils m'ont convoqué.

– Ça doit être une sacrée mission, siffla leur père les yeux écarquillés. Tu as été auditionné par Amelia Bones et Rufus Scrimgeour ?

– Ouais, dit Bill en affalant deux louchées de céréales. Pas très commodes si vous voulez mon avis. Scrimgeour est même plutôt terrifiant.

– Et alors ? demanda impatiemment leur mère.

– Alors j'ai eu le poste ! dit fièrement Bill.

– Mais ? devina leur père avec un sourire en coin.

– Mais... c'est un endroit un peu particulier, en fait, soupira Bill.

Ginny sentit le regard de son frère sur elle et, sans savoir pourquoi, elle comprit ce dont il était question.

– Tu vas dans la Chambre des Secrets ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

Cela suffit à faire réveiller Ron qui sursauta, fit tomber sa manche dans le beurre et regarda Bill avec des yeux écarquillés.

– Oui, répondit Bill sans quitter Ginny du regard.

– Mais pourquoi ? s'horrifia sa mère les mains devant sa bouche.

– Ils veulent retirer le Basilic de la Chambre, expliqua Bill. Et ils craignent que Serpentard ait posé des sorts de Magie noire donc ils veulent vérifier et sécuriser cette pièce du château.

– Comment ils vont entrer ? demanda Ginny.

– Je ne sais pas, dit Bill en fronçant ses sourcils. Ils ne m'ont rien dit.

– Ils vont demander à Harry, dit Ron d'une voix lointaine, presque terrifiée. C'est le seul qui peut ouvrir la Chambre.

– Harry est un enfant, voyons, Ron, dit leur mère d'un ton désapprobateur. Jamais ils ne...

– Je ne sais pas, maman, ils avaient l'air d'être sûrs de leur plan. Je suppose qu'ils savent quoi faire, dit Bill en haussant ses épaules.

– Et donc, quel va être ton rôle ?

– M'assurer qu'il n'y a pas de protections ou de sorts qui protègent quelque chose de maléfique.

– Il pourrait y avoir de la Magie noire et, par Merlin, un basilic ! Comment est-ce que tu vas faire ? demanda sa mère presque pétrifiée.

– J'ai vécu pire, rit Bill en frappant dans la main de Fred. Ça va être tranquille, ne t'inquiète pas maman. Ce n'est pas un Basilic mort qui va me faire peur. Et puis, ils avaient l'air de dire qu'il était peu probable qu'il y ait de la Magie noire là-dedans, mais que c'était par pure précaution.

– Juste un immense Basilic, dit George. Dément !

– Tu pourras nous ramener un crochet ? plaida Fred.

– Je ne pense pas que j'en aurais le droit, rit Bill.

– Que vont-ils faire du Basilic ? demanda son père.

– Je crois qu'ils vont le vendre. Apparemment, Harry a insisté pour que les bénéfices soient répartis entre toutes les victimes du Basilic et...

Bill prit une grande inspiration, regarda Ron, puis Ginny avec sérieux.

– Amelia Bones m'a indiqué de façon officieuse que Ginny et Ron auraient une partie de l'argent.

Ron écarquilla ses yeux, sous le choc.

– Quoi ? s'écria Ron. Mais c'est ridicule, je...

– Harry a dit que, sans toi, il n'aurait pas trouvé la Chambre. Vous y êtes allés tous les deux et, techniquement, vous avez découvert la Chambre les premiers.

– Mais Harry a tué le Basilic, donc c'est à lui que revient la prise, dit son père avec expertise.

– Oui, mais Ron est aussi le découvreur de la Chambre et donc du trésor que la pièce renfermait. Normalement, il aurait eu une partie du trésor, si ça n'avait pas été un basilic. Donc Harry a insisté.

Ron rougit de plaisir, un peu sous le choc, alors que Ginny avait l'impression que son sang s'était figé.

– Mais pourquoi moi ? réussit-elle à demander.

– Parce que tu es une victime, Ginny chérie, dit doucement son père. Comme tous ceux qui ont été pétrifiés.

– Mais c'est ma faute si...

– Ce n'est pas de ta faute ! crièrent tous ses frères d'une même voix, la faisant sursauter.

– Ginny, Tu-Sais-Qui a manipulé des adultes, des hommes politiques, des gens très intelligents. Tu étais si jeune, dit son père. Tu ne pouvais pas savoir.

– J'aurai dû le savoir. Je ne veux pas de cet argent. Excusez-moi, j'ai mon rendez-vous avec mon psychomage.

Ginny s'enfuit de la cuisine pour se préparer. Elle était contente de pouvoir parler de ça avec son psychomage, mais elle restait convaincue d'une chose, que Harry décide de lui donner cet argent ou non, elle le refuserait. Elle n'en voulait pas. Jamais.

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Bonjour Luna,

Je te remercie pour ta lettre et pour ton cadeau d'anniversaire, qui m'a beaucoup plu ! Le Monopoly Sorcier est vraiment une superbe invention. Je fais de nombreuses parties avec Sirius et j'adore le voir enrager parce que j'ai acheté tous les commerces du Chemin de Traverse et qu'il doit me payer dix gallions de taxes !

Comment se passent tes vacances ? Je sais que tu es partie quelques semaines avec ton père à la recherche du Ronflack Cornu.

Je te joins un livre sur les animaux de l'Île Maurice, que j'ai trouvé pendant mes vacances. C'est un livre moldu, mais j'espère que ça t'intéressera quand même.

J'espère que tout va bien pour toi.

À très vite !

Harry

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Chère Susan,

Il se peut que j'aie légèrement laissé entendre à ta tante que nous nous étions embrassé. J'espère qu'elle n'a pas été trop embêtante avec ça. J'ai cru qu'elle allait me tuer, après m'avoir torturé.

Désolé si je t'ai mise dans l'embarras.

Harry

Ps : Envoie-moi d'autres de tes fondants au chaudron, ils sont meilleurs que ceux de Honeyducks !

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« Chère Susan » ? Tu commences ta lettre comme ça, espèce de stupide Gryffondor ! Tu es plus bête qu'un cognard !

Est-ce que tu sais combien d'heures de discussion j'ai dû endurer à cause de toi ?! Et oui, et pas des conversations sur les bisous, mais sur les Souaffles et Vifs d'or si tu vois ce que je veux dire ! Je te déteste plus que tout, Harry James Potter.

Je te jure que tu vas souffrir pour ce que tu m'as fait subir. Quand tu sortiras avec quelqu'un, je te dénoncerai à Sirius pour qu'il te parle pendant des heures de relations amoureuses !

Susan

Ps : Merci pour le compliment, je te mets une fournée, mais uniquement pour Remus et Sirius. Tu es privé à jamais de mes talents culinaires.

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Hermione,

Ron est de la partie pour les vacances chez moi. J'ai hâte de vous voir tous les deux. Tu penses que tu peux soudoyer Susan pour qu'elle nous fasse des gâteaux ? Je crois qu'elle va refuser si je lui demande, tout ça pour une histoire de Souaffle et de Cognards...

J'espère que tu as avancé sur tes devoirs et que tu n'as pas pris de retard (ce serait si surprenant).

Moi je vais bien. Sirius m'a dit qu'un médicomage était venu te voir pour le Retourneur de Temps, j'espère que tu vas bien.

À très vite,

Harry

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Ron,

Alors, oui, on t'emmène pour la Coupe du Monde, apparemment ta famille et nous sommes installés au même endroit, donc aucun souci.

On vient aussi dîner chez vous le 15 août. J'ai hâte de te voir !

Sirius me demande si on peut ramener quelque chose pour le repas ?

Et oui, on va bien descendre dans la Chambre des Secrets. Il faut qu'on récupère le Basilic et qu'on voit s'il n'y a pas de Magie noire. Mon rôle va être limité puisque je vais juste ouvrir le passage, ensuite attendre qu'ils aient dégagé le tunnel et ouvrir la seconde porte avant de rester bien sagement en sécurité. J'aurai bien voulu que tu viennes, mais je me suis déjà disputé avec Sirius pour avoir le droit d'y assister (ils n'avaient pas trop le choix de toute façon puisque je suis le seul qui parle Fourchelang ici)

Je te raconterai, évidemment. Je te ramène une écaille de Basilic si tu veux. J'ai soudoyé le Chef des Aurors pour qu'il m'en récupère une. Je sais que des bouts du basilic (eurk !) vont être découpés pour les potions de Poudlard, donc je pense que ça ne posera pas de problèmes si une ou deux écailles disparaissent.

J'espère que Ginny va bien.

Harry

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HARRY JAMES POTTER !

Je suis absolument scandalisée ! Tu descends de nouveau dans la Chambre des Secrets et tu ne me dis rien !? Il a fallu que Ron m'écrive pour que je sois informée ! Et ensuite Susan ! Tout le monde est au courant avant moi !

Je veux un résumé détaillé de tout ce que tu pourras voir dans la Chambre, tu as intérêt d'avoir assez de détails pour me faire oublier cette trahison !

Fais attention à toi quand même. Ron m'a dit que tu n'allais faire qu'observer, mais qui sait ce que Salazar Serpentard a pu inventer, ou même Tu-Sais-Qui.

Ça semble terrifiant, mais en même temps ça doit être une sacrée expérience de visiter cette pièce du château remplie d'histoire. J'ai lu plein de choses à ce sujet, comme tu le sais, et j'ai hâte de voir si cela concorde avec ce que tu vas y trouver. Je me doute que tu ne te souviens pas trop des détails puisque tu t'es battu contre le Basilic la première fois, donc essaie de te rappeler du maximum de choses possibles.

Sinon je vais parfaitement bien. Le médicomage ne m'a trouvé qu'un faible surmenage et je suis sous potions depuis quelques jours, mais rien de trop grave.

Je suis impatiente de te voir pour les vacances.

Hermione

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Mon pote,

Désolé mais je crois que Hermione est furieuse contre toi ! Je pensais que tu lui avais dit pour la Chambre. Elle m'a fait tout un pavé sur l'histoire de la Chambre des Secrets alors que, je te le rappelle, elle nous a déjà tout dit en deuxième année !

Tu penses que tu pourras nous y emmener à la rentrée ? Je crois que Hermione ne va pas nous lâcher avec ça et, si tout est sécurisé, peut-être qu'on pourrait y faire un tour ?

Pour le repas, pas besoin de ramener quelque chose, à part vous.

Bien sûr que je veux une écaille de Basilic ! Je veux pouvoir l'encadrer dans ma chambre !

Ginny va bien, même si elle est un peu sous le choc. Ramène-lui une écaille et ça devrait aller.

Ron

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Sirius observa Harry fixer le serpent gravé sur le lavabo. L'atmosphère dans la pièce était tendue, presque insupportable, avant qu'un sifflement ne remplisse le silence, faisant frissonner Sirius.

Le robinet face à Harry se mit à briller d'une lueur blanche en tournant sur lui-même et Sirius posa sa main tremblante sur l'épaule de Harry, comme un soutien. Un instant plus tard, le lavabo bascula et disparut, laissant apparaître l'entrée d'un gros tuyau suffisamment large pour permettre à un homme de s'y glisser. Harry fixa un instant le tuyau et se tourna vers les adultes derrière lui qui observaient l'ouverture avec fascination.

Sirius et Remus ne pouvaient cacher leur stupéfaction de découvrir une nouvelle pièce du château. Bill et Rufus étaient plus mesurés, mais ils se sentaient sans doute plus prêts à affronter les mystères de la Chambre plutôt que de se laisser impressionner par le côté découverte des choses.

Le directeur avait les yeux pétillants d'impatience et même Rogue qui se trouvait à ses côtés ne pouvait cacher son excitation à l'idée de visiter la Chambre.

Sirius était très tendu à l'idée de se retrouver dans la même pièce que Rogue, surtout quand il avait vu sa grimace de dégoût à la vue de Remus. Leur rencontre avant de venir ici avait été si glaciale que Caleb Mark, le magizoologue, en avait fait tomber tout son matériel sur le sol. Il n'avait pas du tout hâte de passer du temps avec lui, le temps que l'équipe ne sécurise la Chambre.

– Je passe en premier avec Weasley, dit Rufus d'une voix professionnelle et lointaine. Ensuite, Harry tu nous suis pour nous ouvrir. On va sécuriser le passage et ensuite Marks pourra venir s'occuper de la bête. Tu te souviens des règles ?

– Oui, chef ! dit Harry en se redressant légèrement.

Sirius sourit de manière crispée en voyant son filleul... fils, aussi impatient à l'idée d'affronter de nouveau la Chambre. Lui avait plutôt envie de vomir et d'enfermer Harry dans un cocon de protection pour qu'il ne puisse pas être blessé, mais il ne pouvait pas faire ça.

– On est parti ? demanda Rufus.

– Vous êtes sûrs que vous pourrez gérer la situation à deux ? demanda Remus avec inquiétude.

– Oui, assura Bill sans hésitation. Si on voit qu'il y a trop de protections, on effectuera un repli. Mais mon frère et Harry ont passé le tunnel sans trop de problème, donc ça devrait aller.

Sirius entraîna Harry dans un câlin et il entendit Rogue renifler dédaigneusement.

– Sois gentil, murmura Harry à son oreille.

– Sois prudent, répliqua Sirius avant de regarder l'équipe s'engouffrer dans la Chambre.

Il aurait voulu retenir Harry, mais il savait qu'il serait bien protégé par Rufus et Bill. Harry et Bill avaient tout de suite accroché et Sirius savait qu'il le protégerait comme son frère, parce que Harry avait sauvé Ginny et que ça comptait beaucoup pour lui. Mais ce n'était pas pour cela que Sirius n'était pas inquiet.

Il garda son regard fixé sur l'ouverture pendant de longues minutes, comme s'il avait peur d'entendre des hurlements ou un effondrement, mais rien ne vint. Remus posa une main sur son bras pour le sortir de sa torpeur et Sirius vit que Caleb observait sa mallette professionnelle, sans doute pour vérifier son matériel ou pour éviter la tension dans la pièce.

Sirius regarda d'abord Dumbledore qui semblait aussi heureux que le jour de Yule. Sirius devait avouer qu'il avait été surpris. Le Directeur avait salué Harry et ne lui avait plus adressé la parole, ne cherchant rien à lui dire, comme Sirius le lui avait fait promettre. Harry avait semblé très soulagé et avait pu discuter avec Bill sur le chemin des toilettes, sans craindre d'être interrompu par Dumbledore qu'il n'avait toujours pas pardonné.

Rogue, au contraire, n'avait pas changé. Toujours des cheveux gras et noirs, un nez crochu et un teint cireux. Il avait toujours une longue cape qui lui donnait l'apparence d'une chauve-souris et Sirius avait dû lutter contre lui-même pour ne pas lui faire de remarque. Ils s'étaient cordialement évité depuis le début, mais Sirius sentait qu'il se retenait de lui faire une remarque désagréable.

Sirius pensa un long moment aux discussions qu'il avait eues avec Harry, avec Mihai ou encore avec Remus et il décida de faire un pas en avant, comme il l'avait promis à tout le monde.

– Rogue, commença sérieusement Sirius en se redressant et se plaçant face au professeur.

Sirius eut la satisfaction personnelle de voir qu'il le dépassait d'une bonne tête.

– Black, cracha Rogue avec toute la haine qu'il pouvait utiliser.

– Je te dois des excuses.

Sirius vit l'éclat de stupéfaction dans le regard sombre de Rogue, qui ne dura qu'une fraction de secondes. Sirius prit une grande inspiration en maudissant tous les sorciers de la terre d'avoir à s'abaisser à faire ça et songeant que James se serait bien fichu de lui s'il avait été vivant.

– Pour Poudlard et surtout pour la Cabane Hurlante. C'était indélicat et mesquin de ma part. Pour ma défense, je n'ai pas cherché à te tuer, je ne pensais pas que tu irais vraiment voir ce qu'il y avait là-bas, expliqua Sirius. Mais ce n'était pas... C'était mal, donc désolé d'avoir mis ta vie en danger. Je sais que tu ne pourras pas l'oublier, mais voilà. Je tenais à ce que ça soit clair et que tu saches que je regrette ce qui s'est passé cette nuit-là. Et aussi toutes les autres fois.

– Je dois également ajouter mes excuses, intervint Remus avec une petite voix. Nous avons parfois mal agi.

Rogue semblait avoir avalé un citron et Sirius comprit qu'il aurait bien voulu le frapper au visage, mais que la présence de Dumbledore à ses côtés l'en empêchait.

– Le moment est venu d'oublier vos anciennes querelles. Vous pourriez vous serrer la main, proposa Dumbledore qui semblait très ému par la situation.

Sirius et Rogue continuèrent de se toiser avec répulsion et méfiance et Sirius se mit à détester Harry de toutes ses forces pour ce qu'il s'obligeait à faire pour lui. Alors, très lentement, en continuant de lui jeter un regard méfiant, Sirius s'avança vers Rogue. Ils se serrèrent la main pendant une fraction de seconde.

– Parfait, parfait ! dit joyeusement Dumbledore comme s'il venait de proposer du thé à deux anciens amis.

– Je te préviens juste Severus, dit Sirius d'une voix sortie d'outre-tombe, que si tu continues à harceler Harry je n'hésiterai pas à coller mon poing dans ta figure.

– Plaisir partagé, Black, répondit Rogue avec dédain.

Dumbledore à leur côté soupira légèrement, mais Sirius savait qu'il ne pouvait pas en faire plus. Il s'était excusé et c'était tout. Il n'oubliait pas toutes les fois où Rogue avait commencé la bataille, toutes les fois où il avait insulté ses amis, toutes les fois où il avait utilisé de la Magie Noire sur ses camarades. Sirius ne pouvait pas l'oublier, mais il pouvait faire un effort. Il l'avait fait et il allait se laver dix fois les mains en rentrant pour oublier ça.

Sirius s'assit sur un lavabo, continuant de jeter des regards méfiants à Rogue qui en faisait de même, tout en discutant avec Remus des aménagements futurs à faire pour sa librairie. Puis, ils discutèrent longuement du programme scolaire de Poudlard, Remus débattant avec le Directeur sur l'opportunité de changer le professeur d'Histoire de la Magie. Sirius et Severus se firent un plaisir à ne plus s'adresser la parole, continuant de se toiser du regard.

Après ce qui leur sembla être des heures (et ce qui l'était probablement), ils entendirent la voix de Rufus les appeler pour qu'ils descendent. Sirius se positionna le premier près de l'entrée et n'hésita pas à sauter dans le trou, impatient de savoir si Harry allait bien. Sirius rigola légèrement en glissant dans le toboggan et grimaça quand il fut projeté sur le sol humide. Il attrapa la main tendue de Rufus et grimaça en le voyant tout blanc à la lueur de sa baguette.

– Ça ne va pas ? C'est Harry c'est ça ? Il n'a pas supporté de...

– Harry a été génial, assura Rufus en levant sa main pour l'interrompre. C'est simplement le Basilic qui est... tu vas comprendre quand tu vas le voir.

– Avez-vous trouvé des traces de magie noire ? demanda Dumbledore qui venait d'atterrir avec grâce sur le sol.

– Aucune, affirma Rufus en regardant fixement Sirius qui soupira.

Pas de Magie Noire. Pas d'Horcruxe. Une Chambre normale. Il ne savait pas s'il devait être soulagé de savoir que Harry n'avait rien risqué ou triste qu'il n'y ait pas d'Horcruxe ici.

– Weasley a été très efficace. On a mis peu de temps, indiqua Rufus avant de voir que tout le monde était descendu et de les guider dans le tunnel.

– C'est charmant, dit Remus alors qu'ils s'enfonçaient dans le tunnel, pataugeant dans les flaques d'eau qui recouvraient le sol.

– Harry pense que nous sommes sous le lac noir, informa Rufus.

– Qu'est-ce que... ?! s'exclama Remus.

Sirius lui-même sentit son cœur battre à la chamade en voyant une chose énorme et courbe qui s'étendait dans le tunnel, franchement effrayante à la lueur des baguettes.

– C'est juste la peau du basilic, informa Rufus avec amusement.

Sirius pâli dangereusement en voyant la peau verte vive du Basilic qui avait mué. La peau vide était enroulée sur elle-même en travers du tunnel et devait mesurer au moins six mètres. Remus attrapa son bras et Sirius devait avouer qu'il était content d'avoir un soutien de sa part.

– C'est quoi ça ? demanda Caleb en regardant au plafond.

D'étranges lueurs blanches parcouraient le plafond et Sirius vit que des dizaines de pierres avaient entassés contre la paroi du mur.

– Quand Harry est venu la première fois, il y a eu un éboulement, dit Rufus en montrant les pierres, ils ont réussi à créer un passage pour sortir, mais on a préféré les déplacer, c'est ce qui nous a pris le plus de temps. Comme ça risquait de s'effondrer, on a réussi à stabiliser la structure. Sans doute que les professeurs pourront venir après pour être sûr que ça soit solide.

– Bien entendu, assura Dumbledore en regardant avec expertise les sorts utilisés pour soutenir $la pierre.

Ils marchèrent encore quelques minutes, avant de tomber sur une ouverture.

– C'est là où il fallait parler Fourchelang, dit Rufus. On a fait attendre Harry dehors le temps qu'on fasse les vérifications.

– Et où il est maintenant ? demanda Sirius.

– Ils sont partis explorer, rit Rufus. Je n'ai pas pu l'en empêcher. Bienvenue dans la Chambre des Secrets.

Rufus n'eut pas besoin d'ouvrir ses bras dans un mouvement de théâtralité tant la vision de la Chambre des Secrets coupa le souffle de Sirius.

Ils étaient à l'entrée d'une longue salle faiblement éclairée. D'immenses piliers de pierre autour desquels s'enroulaient des serpents sculptés, soutenant un plafond noyé dans l'obscurité et projetant leurs ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre.

Ils avancèrent dans un silence magique parmi les colonnes, chacun de leurs pas répercuté en écho par les murailles. Lorsqu'ils furent arrivés au niveau des deux derniers piliers, ils se retrouvèrent face à une statue, adossée au mur du fond, qui faisait toute la hauteur de la Chambre et qui représentait un sorcier avec une longue barbe mince qui tombait presque jusqu'au bas de sa robe. Sa bouche de pierre était ouverte, formant un immense trou noir et Sirius sut que c'était de là d'où était venu le Basilic la première fois.

– Salazar Serpentard, murmura Dumbledore en regardant la statue.

Sirius tourna la tête vers une masse sombre dans un coin de la Chambre et il sentit ses jambes faiblir.

– Incroyable ! s'écria Caleb en se précipitant vers le vestige du Basilic.

L'énorme serpent était allongé sur le sol de la chambre, d'un vert éclatant, au corps aussi épais qu'un tronc de chêne. Il avait la bouche ouverte, remplie de sang séché et il régnait dans l'air une odeur pestilentielle. Ses yeux étaient transpercés et il faisait bien six mètres de long. Le Basilic était étendu, inoffensif sur le sol, mais Sirius savait à quel point il avait pu être menaçant, à quel point Harry aurait pu mourir ce jour-là. Il était si impressionnant que Sirius eut peur qu'il n'ouvre brusquement les yeux et ne les tue sur le coup.

– Eurk ! s'écria Remus d'un air dégoûté.

– Vous avez vu la taille de ce truc ! siffla Rufus impressionné. Et dire que Harry s'en est débarrassé avec une simple épée !

Sirius vit du coin de l'œil que même Rogue n'avait aucune remarque acide à faire, le regard figé sur le corps du Basilic.

– Où est Harry ? réussit à articuler Sirius d'une voix blanche à Rufus qui continuait de babiller sur le courage de Harry.

– Ça va Sirius ? murmura Rufus en passant un bras autour de lui pour le soutenir.

– Moyen, admit Sirius. Je crois que je vais vomir.

Sirius prit une grande inspiration et croisa le regard plein de sollicitude de Rufus.

– Vous pouvez partir, si vous voulez, conseilla Rufus. Emmène Harry. On s'occupe du reste.

Sirius vit qu'effectivement la Chambre était entre de bonnes mains. Dumbledore en faisait le tour avec sa baguette, sans doute à la recherche de trésors cachés, Rogue observait le Basilic et aidait Caleb à récolter les écailles et les crocs avec des gants spéciaux. Caleb leur avait dit qu'il allait lui falloir au moins la journée pour terminer sa collecte, ce qui se confirmait avec la taille du spécimen.

– Où est Harry ? demanda Remus au moment où Harry et Bill sortaient de la bouche de Serpentard en riant.

– Alors ? demanda Rufus à Bill.

– R.A.S, assura Bill en mettant ses mains dans ses poches. C'est simplement là où créchait le Basilic. Impressionnant.

– Pas de porte cachée, dit Harry un peu déçu. Ou de bureau.

– Un bureau pourquoi un bureau ? demanda Rufus en riant.

– Je ne sais pas, il aurait pu mettre des secrets personnels de Serpentard, ça aurait été trop cool. Ça va Patmol ? demanda Harry un peu inquiet en s'avançant vers Sirius.

– C'est l'odeur qu'il ne supporte pas, rit Rufus. Tu sais le nez des Sangs Purs est fragile.

Sirius vit Harry hocher la tête, comme s'il avait compris que Rufus voulait dédramatiser la situation.

– On va y aller, dit Harry avec un petit sourire. Si ça vous va ?

– On te suis, dit Remus qui semblait aussi atteint que Sirius.

Il ne regardait pas le Basilic, son regard était figé sur Harry comme s'il avait peur qu'il disparaisse. Harry semblait un peu pâle, mais semblait bizarrement fier d'être ici.

– En tout cas, Harry, tu as été super, assura Bill en lui serrant la main.

– Merci, tu as été super cool toi aussi ! Merci pour... Tu sais quoi.

Sirius haussa un sourcil en voyant Bill éclater de rire et il fut sûr que Harry avait réussi à récupérer une écaille de Basilic le temps que Rufus soit parti les chercher. Sirius leva ses yeux au ciel et attira Harry contre lui.

– Ne la montre à personne, murmura-t-il à son oreille.

Harry écarquilla ses yeux en voyant que Sirius avait compris, avant d'hocher la tête en signe d'assentiment.

– Merci Rufus, dit Sirius en tapotant l'épaule de son ami.

– Merci à vous surtout ! Vous vous rendez compte de la chance qu'on a ? siffla Rufus impressionné. On va finir de faire le tour, laisser les pros s'occuper du Basilic et ça devrait être fini en fin de journée. Je te tiens au courant.

– Caleb prendra contact avec moi pour le règlement, indiqua Sirius. On redistribuera tout par Gringotts via Bill qui s'est proposé.

– Parfait ! dit joyeusement Rufus. À bientôt Harry.

Sirius croisa le regard de Dumbledore qui lui fit un signe de tête (comme pour le remercier de lui avoir donné cette opportunité) qu'il lui rendit avant de tourner les talons pour se diriger vers la sortie. Sirius voulait partir d'ici le plus vite possible. L'atmosphère angoissante et oppressante des lieux le mettait mal à l'aise. Il ne voulait plus voir la silhouette du Basilic et il était persuadé que Remus était dans le même état que lui.

– Ça va Harry ? demanda Remus avec douceur alors qu'ils reprenaient le tunnel en sens inverse.

– Ouais, dit Harry bizarrement serein. En fait, je crois que ça m'a fait du bien de revenir ici. Pour tourner la page, vous voyez ?

– Mmh, fantastique façon de tourner la page, être confronté de nouveau à la créature qui a failli t'assassiner, dit sarcastiquement Sirius.

– Ça va, vous ? demanda Harry en regardant Sirius.

– Plus vite on sera parti, mieux ça sera, frissonna Sirius.

Harry glissa sa main sur son bras et Sirius se sentit beaucoup mieux.

Sirius savait que Dumbledore allait faire venir des professeurs pour visiter la Chambre après leur départ, que les lieux seraient sécurisés et ça lui suffisait. Il ne voulait plus rien avoir à y faire. Le fait que Harry ne soit pas effondré était un point très positif, car il avait eu peur pour lui, que ça brasse de mauvais souvenirs, qu'il replonge dans ses cauchemars. Mais il semblait mieux le vivre que lui. Sirius, lui, n'avait qu'une envie : rentrer à la Villa Bleue avec sa famille.

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