PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.
N/A : Comme promis, le chapitre est là ! Je sais, je suis très en retard dans la réponse des reviews, je m'en occupe tout de suite ! Pour ceux qui m'ont posé la question, c'est avec une grande joie que je vous annonce que j'ai eu mon concours ! Je ferai donc ma rentrée à l'école des avocats en janvier (oui, Alan est en moi à présent haha). J'espère que cette suite vous plaira ! Bonne lecture !
Partie 3. Chapitre 8.
"La famille Black"
– Les dîners étaient toujours délicieux, évidemment. Horace a toujours su recevoir ses invités.
– Et donc, si je comprends bien, c'est là où vous avez rencontré Orion ? demanda Harry.
– En effet. Nous nous sommes embrassés la première fois à la fête de ce vieux Slughorn. C'était si romantique !
– Tu oublies le fait que vous étiez liés par un contrat de mariage, intervint une voix sourde derrière Harry.
Harry sursauta et tourna la tête pour voir Sirius, accoudé contre le mur, qui les écoutait sans doute parler depuis plusieurs minutes.
– Enfin, mon enfant, rit Walburga, ton père et moi nous nous aimions.
– Bien sûr.
Sirius fit à Harry une grimace amusée, d'un air de dire qu'il n'y croyait pas du tout.
– C'était là où tu te cachais ? demanda Sirius en s'asseyant aux côtés de Harry, face à sa mère.
– Tu te cachais ? répéta Walburga, son regard posé sur Harry qui rougit légèrement.
– Je ne me cachais pas ! plaida Harry. J'avais juste besoin de réfléchir.
– Que s'est-il passé ?
– Nous sommes allés à Gringotts pour passer en revue son héritage, dit Sirius. Ça a été un peu intense.
Harry se rembrunit légèrement, cherchant à éviter les regards posés sur lui. Ils avaient passé toute la matinée à Gringotts et Harry avait eu un peu de mal à gérer la situation. Bogrod qui s'occupait de ses comptes avait été conciliant et à l'écoute, mais ça n'avait pas été simple pour lui.
Sirius avait pris les choses en main. Ils avaient revu en détail tout le contenu de ses coffres, tous les investissements possibles et Sirius s'était assuré d'effectuer un virement régulier sur le compte de Harry.
Ensuite, ils étaient descendus dans les coffres et Harry avait été sous le choc de visiter les coffres de son père et de sa mère. En plus de l'argent, les coffres contenaient des centaines de biens, tous plus beaux les uns que les autres. Il y avait des meubles, des services de table, des vêtements et une montagne de bijoux qui brillaient de mille feux. Harry avait même trouvé un boîte qui contenait la bague de mariage de sa mère qui avait ému Sirius aux larmes. Il y avait une bibliothèque remplie d'ouvrages et ils en avaient sélectionné certains pour les envoyer à la Ville Bleue.
Mais surtout, Harry avait trouvé un coffre à son nom, dans le coffre de la famille Potter. Il contenait contenait les Carnets des Maraudeurs qui avaient appartenu à son père et dans lesquels il dessinait et décrivait toutes leurs blagues les plus ingénieuses, ainsi que des livres qui avaient appartenu à ses parents et qui avaient une dimension plus sentimentale (comme le premier livre de Sortilège de sa mère). Dans une autre compartiment de la caisse, avaient été placé des souvenirs ayant appartenu à un Harry bébé, avec des peluches, des livres et des photos qui l'avaient fortement chamboulé. Sirius lui avait expliqué qu'au moment de se cacher, les Potter avaient laissé la moitié de leurs biens derrière eux pour les mettre en sûreté.
Bogrod leur avait donné la liste complète de ses biens immobiliers et Sirius lui avait proposé de faire un tour au Flâneur. Il avait fait appeler Mifsti, l'elfe des Potter, qui avait été enchantée à l'idée de les accueillir. Mais l'elfe avait dit, au détour d'une phrase, que les parents de Harry étaient impatients de le rencontrer et Harry avait compris qu'un tableau de ses parents était dans la maison et il avait tout simplement craqué. Sa Magie avait fait des siennes et Sirius l'avait fait évacuer de Gringotts en utilisant le portoloin d'urgence.
C'était au-dessus de ses forces pour le moment. Il ne pouvait pas affronter le tableau de ses parents, les souvenirs du Flâneur et tout ce qu'aurait pu être sa vie. Il se sentait à la fois triste, perdu et en colère. Il avait vu ses parents quand il était mort et ça avait été si difficile émotionnellement qu'il n'était pas sûr de pouvoir les affronter de nouveau. Il avait peur de leur déception, de leur inquiétude. Il ne pouvait pas les voir. Pas maintenant.
Sirius l'avait plutôt bien compris et il lui avait dit qu'ils y iraient quand Harry se sentirait prêt, mais Harry n'était pas sûr de se sentir prêt un jour, alors il avait préféré s'éclipser au Square Grimmaurd pour quelques instants et s'était retrouvé à discuter avec Walburga de sa rencontre avec le père de Sirius.
– C'est juste... Je ne sais pas comment expliquer, souffla Harry.
– Tu devrais être honoré de recevoir l'héritage de la famille Potter. Tu es riche, à présent. Par Morgane, je n'imagine pas le nombre de trésors qu'il doit y avoir dans tes coffres ! se pâma Walburga.
Sirius à ses côtés leva ses yeux au ciel.
– Il n'y a pas que les gallions dans la vie, mère.
– Bien sûr que si.
– C'est pour cela que tu as épousé père, non ? dit Sirius avec une voix veloutée. Où est passé le « nous nous sommes mariés par amour » ?
– Ça n'a rien avoir ! s'écria Walburga d'une voix stridente. L'argent est un facteur d'amour, de respect. Je n'aurai pas épousé un vulgaire gueux.
Harry éclata de rire en voyant le nez de Walburga se retrousser en une moue dégoûtée.
– Mmh, c'est ce que je disais, complètement vénale, murmura Sirius à l'oreille de Harry.
– Ne parle pas à voix basse, fils ! Je déteste quand tu marmonnes comme ça.
– Peu importe, souffla Sirius. Je n'arrive pas à croire que tu viennes voir ma mère quand ça ne va pas. C'est la pire personne pour te remonter le moral. Bientôt elle va te convaincre de signer un contrat de mariage avec une parfaite petite sang-pur.
– Quelle charmante idée ! dit Walburga. Tu as des envies particulières, mon garçon ?
– Euh non, répondit brusquement Harry en rougissant. Je vais... Voir ce qui va se passer.
– Tu ne veux pas lui parler de cette petite Hermione, dit Sirius, très intelligente.
– Oh parfait, assura Walburga les yeux brillants, les femmes intelligentes sont les meilleures, elle pourra t'aider à gérer ta fortune. Est-elle bonne sorcière ?
– La meilleure de son année, répondit Sirius avec un sourire malicieux que Harry connaissait bien à présent.
– Fantastique ! Et tu ne veux pas préparer un contrat de mariage ?
– Qu'est-ce que tu en penses Harry ? demanda Sirius. Hermione serait parfaite non ? Intelligente, mignonne, très douée.
– Pourquoi pas, dit Harry avec un sourire amusé.
– On pourrait organiser le mariage dès à présent, faire les présentations entre les différentes familles, les fiançailles. Il faut du temps pour préparer ce genre de choses. De quelle famille vient-elle, déjà ? s'enquit Walburga.
– La famille Granger, dit Sirius.
– Granger, Granger... Je connaissais un Granger qui était potionniste, ils sont liés ?
– Sans doute un lointain parent, dit Sirius en haussant ses épaules. Ses parents sont moldus donc...
– QUOI ?! hurla Walburga les yeux sortant de ses orbites. TU ME PARLES D'UNE SANG-DE...
– Mère, il me semble que Harry vous adore, mais que si vous traitez sa meilleure amie de sang-de-bourbe, il ne viendra plus vous voir, dit Sirius d'une voix glacée.
Walburga s'interrompit et Harry eut l'impression qu'elle venait d'avaler une boîte entière de suçacides. Elle semblait vraiment déçue à l'idée qu'il ne revienne plus la voir et cela toucha Harry.
– Bien, dit Walburga avec dégoût, tu te jouais de moi, n'est-ce pas ?
– Bien sûr. Mais ça ne veut pas dire que je ne soutiendrais pas Harry s'il décide de sortir avec Hermione ou avec n'importe quelle née-moldue. Et je ne te laisserai pas l'influencer sur ce point, dit Sirius d'une voix brusque.
– Entendu, soupira Walburga mais il était clair qu'elle prenait sur elle pour le dire. Je ne voudrais pas que mon seul petit-fils ne vienne plus me voir.
Harry sourit largement à ses paroles, alors que Sirius s'étouffait à moitié.
– Petit-fils, quelle horreur ! s'écria Sirius sous le choc.
– Et bien quoi ? Tu as adopté Harry, il est donc techniquement mon petit-fils.
– Je vais faire des cauchemars pendant des jours, grinça Sirius.
– Qu'est-ce que tu attends pour le mettre sur l'arbre généalogique ? demanda Walburga.
– L'arbre ? Je pourrais y être ? demanda Harry avec une sorte d'espoir.
Il ne savait pas pourquoi, mais il était fasciné par la tapisserie de la Noble et très ancienne famille des Black qui représentait un immense arbre généalogique, avec ses ramifications, les noms des ancêtres de Sirius et même les marques de brûlures. Il trouvait ça fantastique de pouvoir connaître toute l'histoire familiale des Black, lui qui n'avait jamais rien su sur ses parents avant de rencontrer Sirius.
– Je ne suis plus sur la tapisserie, dit brusquement Sirius. Je te rappelle, chère mère, que tu as brûlé mon nom quand je suis parti.
– Tu pourrais le remettre. Après tout, tu es le descendant des Black, tu as donc la possibilité de changer les choses. Je suppose que si tu restaures ton nom, le lien que tu as avec Harry pourra être ajouté. KREATTUR !
– Oui, Maîtresse, dit Kreattur en traînant des pieds vers le tableau.
– Restaure la tapisserie, avec le nom de Sirius et celui de Harry, intima Walburga d'une façon hautaine.
– Oui, Maîtresse.
– S'il-te-plaît, ajouta Harry.
Walburga leva ses yeux au ciel dans son tableau, alors que Sirius se moquait de la tête de sa mère.
– C'est un elfe, Harry, il a besoin de savoir qui commande.
– Je ne suis pas d'accord avec ça, mais je respecte votre opinion, répondit Harry d'une voix veloutée.
– Splendide ! s'écria Walburga en essuyant une larme imaginaire. Je vois que les cours que nous prenons ensemble font effet.
Harry vit que Sirius le regardait avec stupéfaction.
– Tu suis des cours avec ma mère ?
– Les choses de base, qu'un sang-pur doit connaître, expliqua Walburga, comment s'exprimer, comment se présenter en public, comment gérer sa fortune...
– Rassurez-moi, tous les deux, dit Sirius en rigolant nerveusement, vous ne parlez pas de Magie noire ?
Harry rougit jusqu'à la racine des cheveux et Walburga eut le mérite de regarder partout, sauf en direction de Sirius. Elle avait dû reconnaître la menace à peine voilée dans sa voix.
– Mère ! gronda Sirius les yeux plissés. Tu ne peux pas apprendre à Harry de la Magie noire ! Tu n'es même pas spécialisée là-dedans.
– Bien sûr que si ! Qu'est-ce que tu crois que je faisais avec ton père ? demanda Walburga en levant ses yeux au ciel. Je te rappelle que c'est moi qui t'ait appris la moitié des choses que tu sais.
– Harry a quatorze ans !
– Tu as étudié les Horcruxes à douze !
– Et regarde où ça m'a mené !
– Ce n'est pas... tenta Harry d'une petite voix. C'est juste de la théorie.
– Heureusement ! cria Sirius d'une voix étranglée. Harry, tu dois savoir que la Magie noire reste dangereuse, surtout sans supervision.
– Ma mère la pratiquait.
– Oui, sous surveillance, siffla Sirius. Tu n'es pas surveillé là.
– Mais toi tu ne veux rien m'apprendre, bouda Harry. C'est nul. Je voulais juste savoir deux trois choses et Walburga s'y connait vraiment.
– Je n'en reviens pas, soupira Sirius en levant ses yeux au ciel.
– Tu n'es vraiment pas marrant, grinça Harry. Combien de fois tu as essayé d'entrer dans la bibliothèque de ton père pour avoir des informations ?
– C'est différent. J'étais jeune et bête et tu n'es pas bête, Harry.
– Je veux juste en apprendre plus, pour savoir la combattre, tu vois, tenta Harry.
– Bon, ok ! soupira Sirius comme s'il n'en revenait pas de ce qu'il allait dire. Je peux te parler de deux-trois choses et tu peux continuer avec ma mère, mais on va limiter ça au strict minimum. Je veux être là à chaque fois pour surveiller qu'elle ne t'encourage pas à faire des choses dont tu n'as pas envie.
Harry lui lança un sourire triomphant en le sentant capituler.
– Je te donnerai des livres à ce sujet, des livres approuvés et sécurisés. Mais si tu ne le sens pas, tu arrêtes, ok ? Et pas un mot à Amelia ou Rufus.
– Promis.
– Et surtout, tu ne pratiques jamais la Magie Noire, entendu ?
– Mais les carnets de ma mère...
– Si c'est un sort de Magie Noire il est dans une écriture rouge vif, expliqua Sirius en grimaçant. De toute façon, ils ne sont que dans les derniers carnets que j'ai gardés. Tu ne pourras les utiliser que quand je l'estimerai nécessaire et le mieux serait que tu n'y touches jamais. Ta mère faisait des recherches, elle était spécialisée. Quand tu seras agréé par le Ministère on en reparlera.
– C'est vraiment nul, souffla Harry.
– Les parents sont nuls, dit philosophiquement Sirius. Bon ça te va ? Pas de choses stupides, pas de Magie noire sans surveillance et surtout pas de sorts, ok ?
– Promis, assura Harry en lui serrant la main pour signer leur pacte.
– Et comme on parle de choses difficiles, je veux aussi te parler des Carnets des Maraudeurs qu'on a trouvé dans ton coffre, soupira Sirius.
Harry sourit légèrement en se souvenant de sa joie quand il avait pu récupérer les Carnets de son père. Ils étaient remplis de sortilèges, de mots, de « L.E » enjolivées, de dessins de sorciers et de balais. Son père avait un don pour les dessins et Harry avait été soufflé en voyant que beaucoup de blagues étaient illustrées avec une grande délicatesse. Il avait posé les Carnets dans sa bibliothèque, à côté de ceux de sa mère et n'avait pu s'empêcher d'y jeter des coups d'œil toute la nuit dernière.
– Si tu veux faire des blagues, je ne t'en empêcherai pas. Mais je veux que tu sois respectueux des autres. Et que tu saches que tu n'es pas obligé. Ce n'est pas parce que j'étais comme ça que tu dois suivre mon exemple. D'ailleurs, je préfèrerai que tu restes tranquille.
Harry hocha la tête, amusé de voir Sirius essayer de faire son devoir de père.
– Mais surtout, je sais que dans son Carnet, ton père a écrit toute la procédure pour devenir Animagus. C'est non, coupa immédiatement Sirius en voyant Harry essayer de parler. Hors de question que tu deviennes un Animagus à quatorze ans. Hors de question que tu risques Azkaban et c'est non négociable. Est-ce que je peux te faire confiance pour ne pas essayer de te transformer ?
– Mais Sirius c'est...
– C'est trop dangereux sans supervision et je te rappelle que tu peux aller à Azkaban pour ça. C'est ce que tu veux ? demanda Sirius.
– Non, mais...
– Alors c'est non. Si tu veux vraiment devenir Animagus, je te conseille d'en parler à McGonagall qui pourra t'y aider et le faire en toute légalité. Si tu décides de le faire, je serai à tes côtés, mais pas avant, ok ?
– D'accord, soupira Harry un peu déçu.
– Je peux te faire confiance ?
– Mais oui, dit Harry en levant ses yeux au ciel. Je ne ferai rien de dangereux sans ton accord, j'ai compris.
– Il arrive des choses horribles à ceux qui ont essayé sans supervision, intervint Walburga. Une de mes camarades de Poudlard est décédée comme ça. Quelle petite sotte.
– Écoute ma mère, dit Sirius avec une grimace de dégoût, comme s'il n'imaginait pas avoir pu dire ça.
Kreattur fit son apparition dans le couloir et les regards se posèrent sur lui.
– La tapisserie est modifiée, Maîtres, dit Kreattur en s'inclinant face à eux.
Harry se leva brusquement et courut à moitié dans le salon. Il trouva rapidement le nom de Sirius en lettres dorées et fut soufflé en voyant le lien doré qui partait de Sirius pour aller vers le sien, Harry. À sa grande émotion, il vit que Kreattur avait ajouté en-dessous de son nom, en lettres argentées, « fils de James et Lily Potter ».
– Waouh ! C'est magnifique ! s'écria Harry. Merci Kreattur.
– C'est bien, assura Sirius avec un sourire ému. Si James avait su qu'il finirait sur la tapisserie des Black je crois qu'il aurait sauté de la tour de Gryffondor.
– Quand Remus va savoir ça !
– Tu sais, je crois qu'avec ça, je peux accepter la présence de cette immondice dans la maison, sourit Sirius en regardant la tapisserie.
– On pourrait peut-être restaurer le nom d'Andromeda ? proposa Harry en suivant les ramifications.
– Très bonne idée. Kreattur, tu penses que tu pourrais remettre à jour la tapisserie entière ?
– Bien sûr, Maître.
Kreattur s'inclina et Sirius entraîna Harry.
– Allez, tu as assez parlé de Magie Noire. Remus est parti pour s'occuper de sa librairie. On se fait un petit Duel ?
– Tu penses que tu peux me battre ? demanda Harry avec un sourire en coin.
– Les yeux fermés !
.
– Ça ne va pas ? demanda Remus en voyant Sirius tenir une lettre, l'air légèrement blanc.
– Si. C'est juste que Harry et moi sommes invités à dîner demain soir.
– Chez qui ? s'enquit Remus.
– Les Malefoy.
Remus grimaça en voyant l'air pincé de Sirius.
– Tu vas dîner avec Lucius ? ricana Remus. Bon courage.
– C'est sans doute Narcissa qui a insisté. Je ne sais pas si elle a réfléchi à ma proposition. Mais c'est une bonne chose, non ?
– Absolument.
– Tu penses que Harry et Draco vont se supporter ?
– Ils ont fait une trêve donc je suppose qu'ils peuvent gérer la situation, assura Remus.
– Je vais voir s'il est d'accord à l'idée de venir.
– C'est une bonne chose, je trouve, que tu renoues les liens avec ta famille, dit Remus avec sollicitude.
– Tu crois ?
– Oh oui. Et puis j'ai vu Draco Malefoy sauver Harry d'une attaque dans un couloir. Ils avaient l'air... Je ne dirai pas amis, mais ils se supportent, donc je pense que c'est plutôt de toi et Lucius dont il faut se méfier.
Sirius écarquilla ses yeux et grimaça de dégoût.
– Je le déteste tellement.
– Il me semble que c'est un sentiment partagé. Mais tu dois savoir qu'il aime Narcissa. Il fera ce qui est bon pour elle.
– Tu m'encourages à les convaincre de se rallier à notre cause ? devina Sirius.
– Tu ne voudrais pas que Narcissa se retrouve dans les pattes de Voldemort, je me trompe ?
Sirius soupira en signe d'accord. Il était évident qu'il voulait sortir Narcissa de là, mais il ne pouvait rien faire si elle ne le voulait pas. Ce dîner était peut-être sa chance de leur montrer qu'il existait une autre voie, une autre possibilité que suivre celle d'un fou furieux. Il était évident que Lucius ne voulait plus le suivre, mais qu'il ferait ce qui serait le mieux pour sa famille et ce qui lui assurait de s'en sortir avec le maximum de bénéfices.
– Je peux gérer Malefoy sénior, dit finalement Sirius. Je vais accepter, si Harry est d'accord. Où il est ?
– Il est à son rendez-vous avec Irina, rappela Remus. Il a l'air d'aller mieux, non ?
– Oui, beaucoup, sourit Sirius. Mihai est passé la semaine dernière quand tu étais en négociation pour le local à Pré-au-Lard. Il a réduit ses potions. Et puis, il fait moins de cauchemars donc je pense que ça va aller. L'occlumancie se passe bien ?
– Il commence à avoir les bases. Ce n'est pas évident pour lui, mais il progresse, dit Remus avec un sourire. Et puis ses Duels avec toi sont de plus en plus sérieux, je me trompe ? Il a failli te battre la dernière fois.
– Ne m'en parle pas, souffla Sirius, heureusement que j'ai encore des atouts, mais je suis persuadé qu'il va finir par me battre très vite. Pour le moment, il a du mal à maîtriser sa puissance, mais ça va venir. Et puis la cohabitation se passe plutôt bien.
– Harry t'adore, sourit Remus.
– Il t'adore aussi. Combien de fois je vous trouve à discuter de bouquins ? Ou de Runes ?
– Il a un vrai don en Runes, assura Remus. Il faut qu'il continue comme ça, ça pourrait lui ouvrir des opportunités très intéressantes. Mais oui, je pense que Harry se plaît bien avec nous. Il est beaucoup plus joyeux depuis que les vacances ont commencé. Et il a récupéré de la visite à Gringotts.
– Oui, je crois que la possibilité de voir le tableau de ses parents l'a vraiment perturbé, souffla Sirius un peu inquiet. Mais ça va mieux. Je lui ai promis que ça ne me dérangeait pas d'attendre. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité.
– Je pense qu'il faut lui laisser le temps, ce n'est pas simple à gérer pour lui. Pour nous, ce sont des souvenirs, pour lui c'est une découverte. La découverte de ce qu'il n'aura jamais connu, soupira Remus tristement. Il doit accepter ça avant d'aller de l'avant.
– C'est simplement parce qu'il ne sait pas que le Flâneur a son propre terrain de Quidditch qu'il ne veut pas y aller, ricana Sirius.
– Ça doit être ça. Bon, je te montre les plans pour la librairie ?
– Pourquoi tu crois que je suis là ? dit Sirius amusé en attrapant une feuille que lui tendait Remus.
.
– Ça va ? demanda Sirius en voyant Harry essayer désespérément d'aplatir ses cheveux.
– Un peu stressé, admit Harry du bout des lèvres.
Sirius sourit doucement et rajusta la cape sur les épaules de Harry pour qu'elle soit parfaitement positionnée.
– Tout va bien se passer, promit Sirius. Sois poli et tout ira bien.
– Allez dîner chez mon ennemi juré, merci du cadeau, grommela Harry.
– Je croyais que tu l'appelais Draco.
Sirius éclata de rire en voyant la moue dégoûtée sur le visage de Harry.
– On prend la cheminée, informa Sirius.
– Où est Remus ? demanda Harry en regardant autour de lui.
– Il est avec Amelia au Square Grimmaurd, ils font des recherches.
Sirius vit que Harry semblait déçu et qu'il aurait sans doute préféré faire des recherches plutôt qu'aller dans la maison des Malefoy. Mais Sirius était persuadé que l'amitié de Draco et Harry pouvait se développer et, ainsi, entraîner les Malefoy de leur côté, ce qui serait un atout non négligeable. Il était persuadé que Malefoy avait des informations sur les Horcruxes et il fallait absolument qu'il soit avec eux.
– Manoir Malefoy, dit Sirius en lançant la poudre de cheminette.
Sirius sortit de l'âtre et rattrapa Harry qui le suivait de près avant qu'il ne s'étale sur le sol.
– Il va falloir qu'on travaille ça, marmonna Sirius amusé.
– Ta mère a déjà essayé, murmura Harry en retour avant de se figer, voyant le couple Malefoy derrière eux.
Narcissa portait une robe noire absolument somptueuse qui faisait ressortir sa blondeur, alors que Lucius se tenait à ses côtés, aussi froid et menaçant que d'ordinaire. Narcissa fit un petit sourire à Sirius qui en fut rassuré.
– Bonjour cher cousin, dit poliment Narcissa en s'approchant de lui pour le prendre dans ses bras.
Sirius avait beaucoup discuté avec Narcissa depuis sa libération et elle était beaucoup plus détendue en sa présence, comme lorsqu'ils étaient plus jeunes. S'ils n'avaient jamais réabordé le sujet Voldemort, ils avaient longuement parlé de la guerre, des implications et de leur vie en général. Il n'avait pas été rare qu'après l'avoir aidé à remettre de l'ordre dans ses comptes, Narcissa et lui se retrouvent devant un feu de cheminée en rigolant comme des perdus sur leurs meilleurs souvenirs d'enfance. Le fait qu'elle s'autorise à être aussi familière avec lui en présence de Harry et de son mari signifiait beaucoup pour Sirius.
– Et tu dois être Harry ? supposa Narcissa en se tournant vers Harry.
Sirius retint un soupir de soulagement en voyant que Narcissa avait totalement abandonné son masque froid et distant et qu'elle souriait doucement à Harry, avant de lui tendre sa main, qu'il serra avec appréhension.
– Je suis enchanté de vous rencontrer, Mrs Malefoy, Sirius m'a beaucoup parlé de vous.
Sirius vit l'éclat de stupéfaction et de satisfaction dans le regard de sa cousine, sans doute étonnée qu'il soit si poli avec elle.
– Appelle-moi Narcissa, je te prie, dit-elle en lui lançant un sourire éblouissant qui lui fit perdre quelques années.
Sirius vit sans peine que Harry était très impressionné par Narcissa et qu'il ne s'était pas attendu à un accueil aussi chaleureux. L'atmosphère se tendit beaucoup plus quand Lucius fit un pas vers eux.
– Black, dit Lucius d'une voix glacée en tendant sa main vers lui.
– Malefoy.
Si Sirius préférait serrer la main de Lucius plutôt que celle de Rogue, il devait reconnaître qu'il s'en serait bien passé, mais il ne tenait pas à faire de vagues. Narcissa hocha la tête d'un air satisfait en les voyant faire, comme si elle ne remarquait pas leurs regards meurtriers.
– Mr Potter, dit Lucius en se tournant vers Harry.
Sa voix était beaucoup moins menaçante que quand il s'était introduit auprès de Sirius, mais restait relativement froide. Sirius vit avec fierté que Harry ne se démonta pas et soutint le regard de Lucius sans flancher. Il savait bien que la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés face à face, Harry venait de libérer Dobby et que Lucius avait essayé de lui lancer un sortilège.
– Je tiens à vous présenter mes excuses, dit finalement Lucius après avoir jeté un coup d'œil à sa femme, pour notre dernière conversation.
– Celle où vous avez tenté de me tuer ? demanda placidement Harry sans cesser de le regarder dans les yeux.
Il avait un petit sourire en coin qui ressemblait à celui de Sirius, qui sentit la fierté s'engouffrer en lui. Harry n'était pas le fils de James pour rien.
– Juste blesser, corrigea Lucius en étirant son visage en un sourire léger.
Lucius tendit sa main que Harry serra sans hésitation.
– Je devrais plutôt vous remercier, dit Harry.
– À quel sujet ? s'enquit poliment Lucius en haussant un sourcil.
– Sans vous, je n'aurai pas récupéré Dobby.
Sirius retint de justesse son éclat de rire.
– Dobby ? Notre ancien elfe de maison ? s'étonna Narcissa.
– Lui-même, répondit malicieusement Harry. Quand je l'ai libéré, il est venu travailler pour moi.
– Parfait, dit finalement Narcissa avant de rire légèrement. Il ne se plaisait pas beaucoup chez nous.
– Vous êtes plein de surprise, Mr Potter, dit finalement Lucius.
– Appelez-moi Harry, proposa-t-il.
– Si vous m'appelez Lucius, dit le blond après une hésitation marquée.
– Pardon ? s'écria Sirius en s'interposant entre Harry et Lucius. Tu ne veux pas que je t'appelle Lucius et Harry a le droit alors que tu ne le connais que depuis une minute ?
– Il est beaucoup mieux élevé que toi, dit simplement Lucius.
Sirius haussa un sourcil, peu convaincu. Il savait que lui et Lucius ne s'entendraient sans doute jamais, mais il était quand même content qu'il fasse des efforts pour Harry.
– Bonjour Mr Black, c'est un honneur de vous rencontrer, dit la voix traînante de Draco qui s'était faufilé sans bruit dans le salon.
Il tendit sa main à Sirius qui sourit machiavéliquement et l'entraîna dans un câlin.
– Mon cher petit-cousin, quel plaisir de te rencontrer ! Pas besoin de me faire du Mr Black, Sirius sera très bien.
Sirius dut admettre que Draco encaissa le câlin avec élégance et ne chercha pas à se défaire de son étreinte. Il ébouriffa légèrement les cheveux blonds de Draco qui ne flancha pas, seules ses joues roses montrant sa gêne. Lucius s'était figé derrière eux et Sirius eut la satisfaction de voir Narcissa l'empêcher d'intervenir.
– Urm, dit Draco en se raclant la gorge, un peu gêné de cette effusion. D'accord, Sirius.
Il tenta un petit sourire en coin, mais il semblait encore trop guindé et Sirius se promit de le dérider. Il ressemblait énormément à Lucius : mêmes cheveux blonds presque blancs, même nez, même posture médisante, mais ce qui attira l'œil de Sirius furent ses yeux. Draco avait deux yeux gris acier. Les yeux des Black. Les yeux de Narcissa.
Sirius y vit quelque chose de beaucoup plus doux. Comme si Draco cherchait simplement à imiter son père, plutôt que d'être Lucius. Il y avait quelque chose de plus Narcissa en lui qui lui plut tout de suite et qui ne lui fit pas regretter d'avoir poussé Harry à faire une trêve. Il était persuadé que, derrière cette apparente froideur, se cachait un vrai bonbon et Sirius espérait que Harry saurait le voir.
– Salut Potter, dit Draco moins protocolairement en tendant sa main que Harry serra immédiatement.
– Malefoy.
– Je te fais visiter ?
À la grande surprise des adultes présents, Draco attrapa Harry par le bras et l'entraîna en-dehors du salon sans aucune trace d'animosité, parlant des derniers résultats de la Coupe du Monde de Quidditch.
– Pas trop triste que ton fils soit ami avec un sang-mêlé ? demanda Sirius à Lucius qui le regarda avec dédain.
– Je suis sûre que Harry sera un atout très important pour Draco, dit Narcissa avec un soupir presque soulagé. Je sais que leur animosité a pu leur être reprochée.
– Ils ont travaillé ensemble en Potions et je dois avouer que les notes de Harry ont beaucoup remonté grâce à Draco, tempéra à son tour Sirius.
– Draco est très doué, assura Lucius avec un sourire fier. Et le fait que Harry soit un sang-mêlé nous est totalement égal.
– Oui, parce qu'il est riche et influent, comprit Sirius en levant ses yeux au ciel.
– Tu préfères que je le chasse de mon Manoir ?
– Non, ça ira. Je peux supporter ça, rit Sirius.
Narcissa les entraîna dans l'un des salons du manoir pour déguster un apéritif, servi par un elfe de maison.
– Harry a fait un pas vers Draco en début d'année, indiqua Narcissa. Je crois que leur petite guerre interne s'est arrêtée après ça. Je suppose qu'on te le doit ?
– J'ai en effet conseillé à Harry de voir au-delà de ses préjugés, dit Sirius avec fierté. Mais je ne pensais pas qu'ils deviendraient amis, juste qu'ils arrêteraient de se jeter des sorts entre deux cours.
Lucius renifla dédaigneusement, mais n'osa pas faire de commentaire.
– Je ne pense pas qu'ils soient amis, mais les relations apaisées nous font un bien fou. Nous ne recevons plus trois lettres par semaine remplies de commentaires négatifs sur Harry, rit Narcissa.
– Draco a toujours été obsédé par Harry, non ?
– Je ne te permet pas de parler de mon fils comme ça, siffla Lucius.
– C'est une blague, Lucius, détends-toi, répliqua Sirius amusé de le voir s'énerver.
– Hum hum, fit Narcissa en leur jetant un regard sévère. J'ose espérer que personne ne va se lancer de sort. Si nos fils deviennent amis, il serait préférable que vous enterriez à votre tour la hache de guerre.
– Je suppose que tu as une idée derrière la tête en entraînant Harry vers Draco, je me trompe ? demanda Lucius sans répondre à sa femme.
– Je veux que Draco ait le choix, répondit simplement Sirius. Tu sais pourquoi. S'Il revient, je veux que Draco puisse choisir notre côté, plutôt que le vôtre.
– Nous sommes du côté de notre famille, c'est la chose la plus importante pour nous, répondit immédiatement Narcissa.
– Alors vous seriez prêt à me suivre ? demanda Sirius avec espoir.
Lucius étira son visage en une moue dégoûtée.
– C'est si risqué, Sirius, dit finalement Narcissa. Je... Nous devons réfléchir à tout ce que tu nous as dit.
– Dans tous les cas, Draco aura le choix avec Harry et c'est tout ce qui compte. À vous de choisir si vous allez du côté des perdants ou des gagnants.
– Et tu es dans lequel ? demanda Lucius.
– Celui des gagnants, évidemment, répondit Sirius avec un sourire supérieur. Je sais comment le tuer. Et je vais le tuer.
Lucius haussa un sourcil, visiblement dubitatif, alors que Narcissa le fixait avec intérêt, avant de se figer, comme si la lumière venait de se faire dans son esprit.
– C'est le journal, n'est-ce pas ? demanda Narcissa en rompant le silence. Il en a fait d'autres ?
Sirius se tourna vers elle, légèrement surpris qu'elle ait deviné, et décida de tenter le tout pour le tout et d'hocher la tête en sa direction.
– D'autres journaux ? s'enquit Lucius. Je ne vois pas en quoi...
Mais Narcissa se leva brusquement et fit quelques pas dans la pièce, blanche comme un linge. Elle se posta près d'une fenêtre et observa l'extérieur un long moment.
– Combien ? demanda Narcissa d'une voix lointaine qui ne lui ressemblait pas du tout.
Sirius se retint de pousser une exclamation de surprise en comprenant que Narcissa savait très bien ce qu'était le journal. Il ne savait pas quand elle l'avait compris (était-ce au moment où Lucius le lui avait montré, quand elle avait entendu parler des attaques qui se déroulaient à Poudlard ou encore après sa petite visite) mais il était persuadé à présent qu'elle savait que Voldemort avait créé un Horcruxe et qu'il était assez fou pour en avoir créé plusieurs.
– Au moins six, lâcha Sirius, voire sept.
Narcissa étouffa une exclamation de terreur et Sirius vit que ses mains étaient tremblantes.
– C'est pour cela que Regulus s'est détourné de lui, n'est-ce pas ? demanda Narcissa.
– Oui. C'est lui qui m'a aidé. Et Harry, évidemment, c'est lui qui a détruit le journal.
Narcissa semblait sous le choc, comme si elle avait su, depuis tout ce temps, ce qu'il se passait, mais qu'elle n'en prenait conscience que maintenant. Sirius avait beaucoup parlé de Draco avec elle et il savait qu'elle était très attachée à son fils et qu'il serait une cible pour Voldemort, ils en étaient tous les deux conscients.
– Cissy, s'il sait que tu sais, tu sais ce qu'il va se passer... Je n'en reviens pas qu'il t'ait à ce point sous-estimée, souffla Sirius. Il aurait dû savoir que tu saurais ce que c'est. Il en a donné un à ton mari et il ne s'est jamais douté que tu pourrais connaître son secret ?
– Je suis une femme, Sirius, bien sûr qu'il m'a sous-estimée, dit sèchement Narcissa. Et je n'étais pas aussi folle que Bella pour lui montrer ce que je savais faire. C'est Lucius, qui m'a permis de m'échapper de cette influence.
– Et je ne te remercierai jamais assez d'avoir épargné ma cousine, dit sincèrement Sirius en se tournant vers le blond qui les regardait un peu perdu par la tournure de la conversation.
– Est-ce que vous pourriez m'éclairer ? demanda brusquement Lucius.
– Nous en discuterons plus tard, coupa Narcissa en se tournant vers eux l'air chamboulé. Pour le moment, profitons de notre soirée.
– Chérie, je...
– Lucius, s'il te plait, dit Narcissa d'une voix ferme. Nous en discuterons plus tard.
Lucius soupira légèrement, mais se plia à l'avis de sa femme. Sirius et Narcissa échangèrent un long regard rempli de sens. Il espérait simplement qu'ils feraient le bon choix, c'était vital. Lucius avait sans aucun doute des renseignements sur la localisation d'autres Horcruxes et il était nécessaire qu'ils en sachent plus.
Narcissa s'assit à côté de son mari, qui posa une main sur son bras pour la soutenir. Elle reprit légèrement contenance et avala une gorgée d'eau, sans lâcher Sirius du regard. Il savait ce que ce regard signifiait : ils auraient une conversation tous les deux et très rapidement.
– Aurais-tu une nouvelle joyeuse à nous partager ? demanda Narcissa d'un ton faussement badin.
– C'est un secret, mais... j'ai adopté Harry ! lança finalement Sirius avec un sourire éclatant, ne pouvant retenir cette information plus longtemps.
– Vraiment ? Mais quelle nouvelle splendide ! s'écria Narcissa les yeux brillants.
– Pourquoi tu as fait ça ? demanda Lucius, visiblement interloqué. Je sais que vous vous êtes rapprochés, mais il n'a pas été élevé par sa famille moldue ?
Sirius se rembrunit légèrement et n'hésita qu'un court instant. Il savait que Harry tenait à ce que peu de personnes ne sachent ce qui lui était arrivé, mais il estimait que c'était important qu'ils le sachent. Narcissa était sa cousine, avait suivi un cursus en médicomagie et pouvait le comprendre, aider Harry si un jour ce dernier avait besoin d'une oreille attentive.
Il ne raconta pas toute l'histoire, juste les grandes lignes, mais cela suffit pour que Narcissa plaque ses mains sur sa bouche, l'air horrifié. Lucius ne montra rien, si ce n'est que ses mâchoires étaient crispées et que ses yeux étincelaient de dangerosité.
– Tu veux nous dire que ces sales moldus ont maltraité le Sauveur du monde sorcier sans que Dumbledore ne bouge le petit doigt ? Et que ce même Dumbledore a envoyé un garçon de onze ans affronter le Seigneur des Ténèbres ? demanda Lucius d'une voix si glaciale que même Sirius en fut impressionné.
– Euh, ouais. C'est ça, répondit Sirius un peu surpris par sa réaction.
– Comment va Harry ? demanda Narcissa d'un air inquiet.
Sirius leur expliqua le début de leurs vacances et les traitements que Harry suivait pour se remettre en forme.
– Je suis absolument scandalisée ! Ce pauvre petit, souffla Narcissa les yeux brillants.
Sirius savait que Narcissa et Lucius avaient essayé longtemps d'avoir de nouveaux enfants, mais qu'ils n'avaient jamais réussi. Le fait que des moldus aient pu maltraiter un enfant comme ça, alors qu'ils auraient tant eu à offrir, devait les rendre malades.
Lucius servit deux verres de son meilleur Whiskey pur Feu et le tendit à Sirius quand sa voix commença à flancher lorsqu'il évoqua les potions que Harry devait prendre pendant plusieurs. Sirius savait que ce n'était pas un signe d'amitié, mais au moins un signe de paix.
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Harry devait reconnaître que Draco avait des raisons de se vanter. Le Manoir Malefoy dans lequel il vivait était réellement gigantesque et somptueux. Draco l'avait d'abord entraîné dans le jardin qui ressemblait au parc de Poudlard. Une grande haie d'ifs impeccablement taillés longeait l'allée de chaque côté. Le parc possédait une fontaine et des paons albinos qui déambulaient paresseusement et Harry avait du mobiliser tous les conseils de Walburga pour ne pas éclater de rire à leur vision.
L'intérieur du Manoir était tout aussi grand, le sol en bois sombre était recouvert de magnifiques tapis et le mobilier était chargé et ancien. Ils empruntèrent un escalier tout de marbre, imposant, et Draco lui montra quelques chambres d'amis qui faisaient quasiment la taille du salon des Dursley.
Ils s'arrêtèrent dans la bibliothèque, qui n'avait rien à envier à celle du Square Grimmaurd. Deux des quatre murs étaient recouverts de bibliothèques tellement hautes qu'on n'en voyait pas le haut. Il y avait une immense cheminée qui se détachait, devant laquelle se trouvait un petit salon permettant de lire. Harry reconnut un ouvrage de Potions et il fut tenté de se précipiter pour attraper le devoir de potions de Draco pour pouvoir le copier. Des tableaux étaient accrochés aux murs et représentaient sans doute les ancêtres des Malefoy, au regard de leurs cheveux blonds et de leur air renfrogné. Harry songea un court moment que Hermione allait être déçue de ne jamais pouvoir y mettre les pieds.
Enfin, Draco lui montra sa chambre qui était bien plus grande que celle de la Villa Bleue. Elle ne ressemblait pas du tout à ce à quoi Harry s'était attendu. Il avait toujours imaginé Draco vivant dans une chambre froide et sans effet personnel, mais, même si la chambre était parfaitement ordonnée, il y avait aussi beaucoup de vie. Les murs étaient tapissés d'affiches des Flèches d'Appleby (qui firent presque sauter Harry de joie à l'idée qu'ils supportent la même équipe) et de tentures vertes. Il y avait un bureau spacieux sur lequel étaient posés une montagne de livres parfaitement bien alignés et un morceau de parchemin qui était en fait un devoir qu'ils avaient à faire pendant les vacances. Il détestait voir que Draco avait une écriture absolument parfaite, sans aucune rature ou trace d'encre, contrairement à lui. Ils s'installèrent dans le petit salon personnel de Draco qui séparait son immense lit du bureau.
– C'est grand, dit finalement Harry sans trop savoir quoi dire.
– Merci. Je sais que c'est un Manoir magnifique, dit Draco avec prétention faisant lever les yeux au ciel de Harry.
– Tu supportes les Flèches toi aussi ?
Harry vit une lueur intriguée flotter dans les yeux de Draco.
– Toi aussi ? répéta Draco avec l'air de ne pas y croire. Tu dois être le seul que je connais à supporter les Flèches.
– Sirius les supporte lui aussi.
– Tu les as déjà vu ?
– Non, mais je suis leur parcours dans Quidditch Magazine, expliqua Harry.
– Ils sont super ! confirma Draco avec les yeux brillants.
Harry, qui avait un peu craint ce tête à tête, se détendit immédiatement alors que Draco et lui commençaient à discuter de la Coupe de la Ligue et de la composition des différentes équipes. Même si Harry n'avait jamais assisté à un match professionnel, il se plaisait à s'informer sur le Quidditch depuis le début des vacances et put étonner Draco avec des remarques sur certaines figures techniques.
Harry vit immédiatement que Draco était très différent quand il n'était pas entouré de sa petite cour personnelle. Si on ne pouvait pas le qualifier de sympathique, il restait très intéressant et perdait son air prétentieux pour écouter réellement Harry. Il le laissait avancer des arguments et était souvent d'accord avec son analyse, ce qui ne cessait de surprendre Harry qui avait plutôt tendance à foncer tête baissée dans ses convictions. Au contraire, Draco était mesuré et attentif, ce que Harry n'avait jamais remarqué chez lui.
Ils enchaînèrent sur les différents cours de Poudlard et Harry lui posa des questions sur le cours d'Arithmancie qu'il n'avait pas pris.
– C'est passionnant, assura Draco. Nécessaire pour tous ceux qui doivent s'occuper de leurs affaires familiales par la suite.
– Oh, dit Harry d'un ton poli.
– Mais ce n'est pas aussi intéressant que les Potions.
– Pouah ! s'écria Harry avec dégoût.
Draco ricana légèrement.
– C'est vrai que Rogue ne te laisse pas trop de répit. Mais tu t'es amélioré cette année.
Harry fut soufflé en comprenant que Draco venait de lui faire un compliment. Draco sembla lui-même s'en rendre compte et se racla la gorge, un peu gêné de s'être laissé emporter.
– C'est grâce à toi, dit finalement Harry. Tu m'as expliqué pour le tableau et pour les découpes des ingrédients.
– Tu ne savais vraiment pas ? s'étonna Draco en haussant un sourcil de façon un peu hautaine. C'est la base des potions, pourtant. Je pensais juste que tu voulais tout faire pour faire rater nos préparations.
– Oh, non. Je n'en avais jamais entendu parler.
– Et Granger ne t'a rien dit ?
– Hermione est très intelligente, sourit Harry. Mais elle va beaucoup trop vite pour que je comprenne ses explications. Comme c'est évident pour elle, elle pense que ça l'est pour moi. Tu ferais un bon prof.
– Pas du tout, coupa Draco amusé. Je serai aussi injuste que Rogue et je favoriserai les Serpentards jusqu'à ma mort.
– Je ne comprends pas pourquoi Rogue ne nous apprend pas ça, si c'est la base.
– Je pense que c'est comme pour Granger, dit Draco après un instant de réflexion. Il est passionné et il sait tout ça. Pour lui c'est évident. Malheureusement ça ne l'est pas pour tout le monde.
– Tu es beaucoup plus critique que je ne le pensais, dit Harry en fronçant ses sourcils.
– Je sais que Rogue nous avantage et on le mérite parce que nous sommes les meilleurs. Mais je reconnais que ses méthodes pédagogiques sont sujettes à caution, reconnut Draco en haussant ses épaules.
– Peu de professeurs ont les bonnes méthodes pédagogiques, grommela Harry en songeant à Binns, Trelawney et aux professeurs de Défense. Du coup, tu envisages de travailler dans les potions plus tard ?
– Je ne sais pas. Pourquoi pas. Je pourrais aussi reprendre les affaires de mon père. Et toi ? s'enquit Draco poliment.
– Hors de question de reprendre les affaires des Potter, grinça Harry. Mais sinon je ne sais pas trop.
– C'est Black qui s'en occupe ? devina Draco.
– Oui. Il est plutôt doué pour ça, reconnut Harry. Moi je déteste m'occuper de tout ça. Il m'aide à comprendre mais franchement c'est si ennuyeux.
– Au contraire, je trouve ça passionnant. Gérer sa fortune, négocier des contrats, dit Draco avec les yeux presque brillants. Mais tu as raison de laisser faire Black, ma mère m'a dit qu'il a toujours été le meilleur pour trouver de bonnes affaires.
– Apparemment, c'est lui qui a convaincu son père d'investir dans Zonko.
Draco hocha sa tête, avec l'air de croire que c'était quelque chose d'important, alors que Harry n'y comprenait pas grand-chose.
– Ma mère m'a dit que vous étiez parti à l'Île Maurice cet été, dit Draco, je vois que tu en as profité pour rehausser ton bronzage.
– Ah oui, rit Harry en regardant sa peau qui avait viré au caramel depuis le début des vacances.
Après avoir raconté ses vacances, Draco lui parla des nombreux endroits qu'il avait pu visiter avec ses parents et lui conseilla tout particulièrement le Paris magique qui valait le détour.
Draco et Harry, perdus dans leur conversation, sursautèrent quand l'un des elfes de maison vint les chercher pour le dîner.
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– Nous nous verrons à la finale de la Coupe du Monde, dit Narcissa pendant le repas. Sirius m'a dit que nous étions placés dans la même loge.
– Vous aussi vous avez eu des places dans la loge du Ministre ? demanda Harry.
Lucius haussa un sourcil dans sa direction avec l'air de dire « évidemment, qu'est-ce que tu crois ? » qui fit rire Sirius.
– Draco m'a dit que tu étais un très bon joueur, dit Narcissa en fixant Harry.
– Oh, euh... Merci, rougit Harry un peu étonné que le blond ait parlé en bien de lui. Draco aussi est doué.
Harry vit Draco relever brusquement la tête, les joues rouges, un peu étonné. Sirius à ses côtés pouffa dans son verre et Harry comprit qu'il avait échappé le prénom de Draco sans le faire exprès. Les adultes les regardaient avec stupéfaction, comme si cet évènement était d'une importance capitale, comme si l'amitié éventuelle de Draco et Harry pouvait changer les choses définitivement.
Draco le regarda un long moment, comme s'il voulait l'étudier, avant d'hocher la tête en signe d'assentiment.
– Merci, Harry, dit finalement Draco avec un petit sourire timide en rosissant. La différence entre nous c'est que je travaille beaucoup, toi tu as du talent.
Harry lui lança un sourire éclatant. Il ne savait pas que Drago avait une si haute estime de son jeu. C'était l'une des choses pour lesquelles il voulait être reconnu et pour laquelle il ne pouvait pas compter sur son nom : il était bon au Quidditch et il ne le devait qu'à lui.
– Tous les Potter sont bons au Quidditch, dit Sirius avec prétention.
– C'est par rapport à leur ancêtre, l'inventeur du Vif ? devina Narcissa.
– Comment tu sais ça ?
– Il me semble que les longues heures à étudier les généalogies de toutes les familles de Sang-Pur m'a servi à quelque chose, rit Narcissa.
Narcissa posa des questions à Sirius sur la gestion de leurs affaires communes et Draco se joignit à leur conversation avec intérêt, alors que Lucius fixait Harry, comme s'il n'osait pas aborder la question qu'il mourrait d'envie de poser.
– Sirius m'a informé de ton adoption. C'est une bonne chose, dit Lucius.
Harry haussa un sourcil un peu surpris.
– Je viens corrompre la lignée de sang-pur des Black, ça ne vous pose pas de problème ? demanda Harry sarcastiquement.
Lucius étira son visage en un sourire amusé.
– Je pense qu'on pouvait attendre pire de Black, je ne suis pas si surpris. Et il faut reconnaître que les Potter étaient une grande famille sorcière. Même si ton père a épousé une née-moldue, ils ont toujours été influents.
– Donc c'est uniquement pour ça que vous m'invitez, parce que les Potter sont riches ? comprit Harry.
– Cela peut m'aider à accepter ta présence, oui, répondit sincèrement Lucius. C'est une question d'influence, plus que de sang.
– Mais le sang compte pour vous, non ?
– Sans aucun doute, admit Lucius. Je n'admets pas que notre Magie soit souillée par des incapables.
– Vous savez pourtant que certains nés-moldus sont beaucoup plus puissants que des Sangs-Purs ? demanda Harry en songeant que la vision de Lucius ressemblait étrangement à celle de Walburga. Hermione Granger est la meilleure élève de notre année et, comme vous le savez, c'est une née-moldue.
Lucius grimaça légèrement à l'entente de ce prénom.
– Personnellement, je préfère être un grand sorcier et avoir un sang impur, constata malicieusement Harry. Les familles de Sang-Pur vont finir par s'éteindre si vous continuez à vous marier entre vous. On voit bien que certains Sangs-Purs sont limités magiquement et intellectuellement. Il y a beaucoup de cracmols et vous savez que c'est uniquement dû au mélange de sang. Combien de lignées se sont éteintes avec le temps ?
– Donc, tu es comme notre vénérable directeur ? demanda Lucius avec mépris. Un grand défenseur des moldus, l'ouverture sur leur monde, le partage de...
– Pas du tout ! s'écria Harry en l'interrompant. Loin de là. Je pense au contraire que, même si les nés-moldus ont tout autant leur place dans notre monde que les autres, le Secret devrait être préservé, que nous devons garder nos traditions et surtout limiter nos interactions avec les moldus.
Harry sentit qu'il avait toute l'attention de Lucius sur lui.
– Je pense que nous avons beaucoup à prendre des moldus, notamment en matière de communication, mais qu'il ne faut pas trop s'ouvrir à eux. J'ai vécu avec des moldus qui détestaient la magie parce qu'ils en avaient peur et je suis persuadé que de nombreux nés-moldus sont dans le même cas que moi. Quand je suis entré dans le monde sorcier, je ne connaissais absolument rien, mes opinions se sont faites uniquement par les gens que j'ai rencontré. J'étais perdu et c'est ça qui n'est pas normal. J'aurai voulu qu'on m'explique.
– Il est vrai que la plupart des nés-moldus retournent dans le monde moldu après Poudlard, reconnut Lucius. Mais c'est uniquement parce qu'ils ne cherchent pas à s'intégrer. Ils arrivent avec leurs traditions et veulent tout changer dans notre monde. Et Dumbledore les encourage.
– C'est justement le problème, remarqua Harry. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas s'intégrer, c'est qu'ils ne le peuvent pas. Il y a un cours d'études des moldus, mais aucun cours d'éducation sorcière. J'ai dû attendre de rencontrer Sirius pour savoir qu'il y avait des traditions et des coutumes. Ce n'est pas normal. Au lieu de chercher à les repousser, vous devriez au contraire les aider à s'intégrer vraiment et c'est comme ça que le Secret sera préservé. Déjà si on allait voir les enfants dès que les premières manifestations apparaissent et qu'on leur apprenait dès l'enfance les coutumes sorcières on n'en serait pas là.
– Ce sont des idées surprenantes, reconnut Lucius.
– Je ne suis pas Dumbledore, dit Harry. Et puis, vous savez bien que cette guerre entre les sangs-purs et impurs a été mise en place par Vol... enfin, Vous-Savez-Qui, se reprit-il en voyant le regard lourd de Lucius.
– Dans quel sens ?
– Et bien il a joué sur vos peurs. Vous aviez peur de perdre vos traditions, donc il a utilisé ça pour convaincre les Mangemorts de le suivre et prendre le pouvoir. Vol... Vous-Savez-Qui s'en fichait des nés-moldus, il était lui-même sang-mêlé, vous le saviez ? Non, ce qu'il voulait c'était le pouvoir et il a bien réussi à manipuler tout le monde.
– Je ne pense pas que telle ait été son intention, dit Lucius visiblement dubitatif.
– Vraiment ? Mais s'il était tant que ça attaché au sang, pourquoi est-ce qu'il a fait assassiner des Sangs-Purs ou qu'il en a torturé ? Vous avez gagné quoi ? Voldemort voulait le pouvoir et il a utilisé la peur pour l'obtenir. C'est à la Magie que vous devriez faire allégeance, c'est devant elle que vous devriez vous agenouiller et pas devant un fou qui peut vous tuer dès qu'il a une saute d'humeur, conclut Harry en reprenant son souffle.
Lucius avait écarquillé ses yeux en face de lui et Harry rougit en voyant que tous les regards étaient posés sur lui. Sirius dardait sur lui un regard fier.
– Désolé pour ça, dit Sirius en rompant le silence, Harry parle trop avec ma mère.
– Ta mère ? dit Narcissa la voix un peu tremblante. Walburga ?
– Elle et Harry font des débats, elle l'adore.
– Je crois que tu ne parles pas de la même Walburga que je connais, insista Narcissa. Je ne l'ai jamais vu adorer quelqu'un.
– Pourtant, son tableau adore Harry, c'est assez amusant. Tu sais qu'elle a cherché à lui apprendre de la Magie noire ?
– Oh, je la reconnais bien, s'amusa Narcissa sans quitter des yeux Harry. En tout cas, c'est une vision plutôt intéressante des choses, Harry. Du dessert ?
La suite du dîner se passa beaucoup plus paisiblement, mais Harry sentit le regard inquisiteur de Lucius sur lui tout du long. Il ne savait pas s'il avait réussi à le convaincre ou à lui partager sa vision des choses, mais il estimait qu'il avait fait de son mieux.
À la fin du repas, Harry ne put que sourire quand Draco lui serra la main et l'appela par son prénom. Il avait l'air plutôt décidé à l'idée d'apaiser leurs relations et Harry était persuadé que son discours n'était pas tombé dans l'oreille dans un sourd et c'était tout ce qu'il lui fallait. Convaincre une personne. Lui donner le choix. Il espérait juste que Draco ferait le bon.
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– C'était tout simplement fantastique ! s'écria Rufus les yeux brillants en levant sa chope de bière pour trinquer avec Richard et Sirius.
– Je savais que ça te plairait, sourit Sirius amusé de le voir aussi heureux.
– Et cette chose est délicieuse, assura Rufus en montrant sa choppe. Comment s'appelle ce breuvage déjà ? De la beurre ? Birre ?
– Bière, rectifia Richard avec un sourire en coin.
– Et toutes ces actions ! enchaîna Rufus. Je ne pensais pas que les moldus pouvaient faire autant de choses avec un simple ballon. Ballon, quel mot étonnant.
– Je rêve ou tu es bourré ? rit Sirius en voyant les joues colorées de Rufus.
– Un peu joyeux, reconnut Rufus en haussant ses épaules. Et alors ? Manchester a gagné, n'est-ce pas merveilleux ?
– Est-ce que tu les suis uniquement parce qu'ils sont bleus serdaigle ? demanda sérieusement Sirius.
– Bien sûr ! confirma Rufus en éclatant de rire.
– J'aime le Rufus bourré, murmura Sirius à l'oreille de Richard qui rit à son tour.
– C'était un beau match, confirma Rufus. Hermione aurait adoré venir.
– C'était un après-midi entre garçons, elle ne pouvait pas venir, dit Rufus.
– Comment va-t-elle ? s'enquit Sirius plus sérieusement.
– Oh elle va beaucoup mieux. Je te remercie de nous avoir envoyé ce gentil docteur, il a été d'une grande aide. Hermione a tendance à être un peu trop angoissée par ses cours. Il lui fallait du repos et, heureusement, elle peut en trouver à présent.
Sirius hocha sa tête. Il se souvenait avoir été très inquiet pour l'amie de Harry et avoir envoyé Mihai pour vérifier que le Retourneur de Temps ne l'ait pas endommagé. Heureusement, Hermione avait simplement été surmenée et une petite potion semblait avoir réglé son problème. Richard lui avait aussi dit que Hermione avait réalisé que son comportement n'était pas normal et avait décidé d'alléger son emploi du temps.
– Je suis content. Du coup c'est bon pour qu'elle vienne passer quelques jours chez nous ?
– Elle n'arrête pas de m'en parler, sourit Richard. Elle est vraiment impatiente. Tu penses qu'il se passe quelque chose entre elle et Harry ?
– Vos enfants ensemble ? ricana Rufus. Ça serait amusant.
– Je ne sais pas trop, admit Sirius en haussant ses épaules. Harry ne dit pas grand-chose à ce sujet.
– Peut-être parce que tu es lourd non ? Laisse ce pauvre garçon vivre sa vie, conseilla Rufus en levant ses yeux au ciel. Vous ne devriez rien prévoir, ça ne marche jamais. S'ils veulent sortir ensemble, ils le feront sans vous.
– Comment tu peux être aussi sérieux après quatre pintes ? souffla Richard impressionné.
– Je suis irlandais, répondit naturellement Rufus.
– Et comment va Harry ? demanda plus sérieusement Richard. Hermione m'a semblé très inquiète.
– Harry... c'est plutôt compliqué. Il va mieux, mais il a vécu des choses difficiles.
– Oui, avec ses moldus, grinça Richard. Mrs Bones est venu prendre le témoignage de Hermione, qui nous a raconté des choses plutôt inquiétantes. J'espère que tout s'est arrangé.
– On l'a soigné, mais il gardera toujours des séquelles, reconnut Sirius avec difficulté. Enfin, au moins, il ne croisera plus jamais les Dursley de sa vie.
– Et tous les deux ? Enfin, trois avec Remus, ça se passe bien ? demanda Rufus.
– Oh oui, je pense qu'on a réussi à trouver notre équilibre, dit Sirius en souriant tranquillement.
– Je comprends. Toi tu es le parent qui laisse faire Harry tout ce qu'il veut et Remus est le papa poule ? devina Richard.
– Tu as tout faux ! ricana Rufus. Sirius est le pire papa poule que je connaisse ! Il impose à Harry de porter un portoloin tout le temps.
– Un portoloin. Ah oui, dit Richard après un moment de réflexion pour se souvenir de ce dont il s'agissait. Mais pourquoi ?
– Pour sa sécurité bien sûr. Je vous rappelle tous les deux que Harry est en danger, murmura Sirius pour ne pas être entendu par les tables voisines.
– Tu en fais un peu trop si tu veux mon avis. Tu-Sais-Qui a sans doute d'autres plans que s'occuper d'un gamin, dit Rufus.
– Un gamin qui a déjoué ses tentatives plusieurs fois et l'a fait mourir, oui tu as raison, Voldemort est réputé pour son sens du pardon, ironisa Sirius.
Il vit à sa grande satisfaction que Rufus renversa une partie de son verre sur ses habits moldus, sous le choc du nom prononcé par Sirius.
– Vous verrez que j'ai raison quand il essaiera de tuer Harry et que mon portoloin lui sauvera la vie.
Rufus leva les yeux au ciel, peu convaincu.
– Et sinon, dit Richard pour changer de conversation, comment avance la création des Miroirs ?
– Oh, ça avance très bien, assura Rufus avec un sourire en coin. Ça va être un grand succès je pense, je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas développé une telle chose avant. Les prototypes vont être testés par les Aurors, je suppose que, si c'est un succès, les Miroirs seront diffusés pour noël.
– Ça serait bien. J'aimerai discuter avec ma fille plus souvent que par hibou, soupira Richard. Les portables sont si pratiques.
– Ne m'en parle pas. À l'idée que Harry parte une année entière loin de moi, soupira Sirius, je ne sais pas comment je vais gérer.
– Heureusement qu'il y a noël.
– À mon avis, vos enfants voudront rester à noël cette année, intervint Rufus avec un sourire en coin. Mon fils était déçu de ne pas pouvoir y être.
– Pourquoi ? demanda Richard en fronçant ses sourcils.
– Il se passe un évènement plutôt particulier. Bien sûr, c'est secret donc je ne peux rien vous dire. C'est pour ça que Dumbledore a engagé le vieux Fol Œil, il voulait un Auror pour surveiller les environs.
Sirius fronça ses sourcils.
– Dis-nous.
– C'est un secret, plaida Rufus en haussant un sourcil.
– Allez, dis-nous, insista Richard très intrigué. Je n'aurai pas de nouvelles de ma fille pendant plus d'un an, je veux savoir ce qu'il va se passer et si elle peut être en danger.
– Tu es fort pour culpabiliser, grommela Rufus. Bon, je vous raconte, mais vous me payez une autre borre pour ça.
– Serveur ! interpella Sirius en levant son bras. Trois pintes s'il vous plait ! Allez, crache-le morceau.
– Vous connaissez le Tournoi des Trois Sorciers ?
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Harry fut soufflé par la beauté d'Andromeda Black quand il la rencontra. Elle était très grande et avait de longs cheveux épais noirs brillants qui ressemblaient à ceux de Sirius. Tout comme Narcissa, il y avait quelque chose chez elle de très intimidant, de très Sang-Pur qui donnait l'impression d'être inférieur. Pourtant l'accueil d'Andromeda avait été des plus chaleureux et son regard gris était rempli de chaleur.
Ted Tonks quant à lui était assez petit, avait une peau très pâle et des cheveux brun sable. Son sourire était très doux et il avait des petites pattes d'oie aux coins de ses yeux qui le rendaient tout de suite très sympathique. Harry vit immédiatement la ressemblance et d'où venait la bonne humeur de Tonks.
– Ma petite-cousine n'est pas là ? demanda Sirius avec déception.
– Non, elle travaille, dit Andromeda avec les lèvres pincées.
Harry savait, par Sirius, que le choix de carrière de leur fille n'était pas du tout encouragé ce qu'il pouvait comprendre.
Andromeda les fit installer dans le salon et, même si la maison était relativement petite, elle restait très cosy et Harry s'y sentit tout de suite très à l'aise.
– Je suis contente que tu sois là, dit finalement Andromeda après avoir inspecté Sirius un long moment. À propos de...
– J'espère que tu ne veux pas t'excuser, soupira Sirius. Parce qu'il n'y a rien à se faire pardonner.
Alors qu'Andromeda et Sirius se disputaient sur l'opportunité ou non de se disputer, Ted se tourna vers Harry pour lui poser des questions sur Poudlard.
– Sirius nous a dit que tu étais passionné par les Runes.
– Oh, oui c'est une matière absolument géniale. Vous avez fait des Runes vous ? s'enquit Harry.
– Pas du tout. J'avais pris l'Arithmancie et les Soins aux Créatures magiques. L'Arithmancie m'a été très utile pour mon travail.
– Qu'est-ce que vous faites exactement ? s'enquit Harry.
– Je travaille au Ministère en tant que consultant relationnel, expliqua Ted. Je m'assure de conclure des partenariats avec les pays étrangers. Nous étions en Australie pendant plusieurs mois ce qui m'a permis de vérifier que nos contrats étaient bien respectés et d'en conclure de nouveaux entre les différents gouvernements.
– Ça a l'air intéressant.
– C'est passionnant. Je parle plusieurs langues et il m'est nécessaire de beaucoup voyager.
– Ce n'est pas trop contraignant de voyager tout le temps ? demanda Harry qui aimait aussi rester dans son petit chez soi.
– Nymphadora a toujours adoré nous suivre quand elle était petite. Et puis, j'ai de la chance, Andy ne travaille pas ce qui nous permet d'être relativement souples.
– J'adore voyager ! s'écria Andromeda avec un sourire.
– Il me semble que tu travaillais avant d'avoir Dora, non ? dit Sirius en fronçant ses sourcils.
– Oui, j'ai travaillé un peu avec le père de James, c'est comme ça que nous connaissions les Potter, expliqua Andromeda. Je m'occupai faire des recherches. J'ai aussi enseigné à de jeunes enfants pour leur éducation.
– Tu ne voudrais pas reprendre ?
– J'aimerai enseigner, admit Andromeda, mais je refuse de retourner à Poudlard, donc ce n'est pas possible. Et puis, je suis très heureuse avec ma vie. Mais peu importe, parle-moi plutôt de tout ce qu'il s'est passé depuis ton évasion. Si tu savais tout ce que j'ai lu !
– La moitié est fausse.
– Donc l'autre est vraie ? devina Andromeda amusée. Raconte-nous tout.
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– Je continue de voir Cissy, dit Sirius au cours du repas.
Andromeda se figea sur son siège et fixa Sirius avec effarement, comme si elle n'en revenait pas qu'il ose prononcer son nom lors du repas.
– Elle n'a jamais cherché à me contacter après mon départ.
– Tu sais bien comment est Cissy. La famille a toujours été importante pour elle et elle ne pouvait pas vraiment tourner le dos à votre père. Et puis, je pense qu'elle veut vraiment reprendre le contact.
– Je ne sais pas si je m'en sentirai capable, admit Andromeda. Mais si elle vient vers moi, je ne lui jetterai pas de sort, si c'est ce qui t'inquiète.
– Bien sûr que je suis inquiet ! Je sais que vous êtes un peu... Comment dire sans être méchant ?
– Je vois ce que tu veux dire, rit Ted. Elles ont leur caractère bien trempé.
– Voyons, Ted ! rougit Andy en lui tapotant la main.
– Ça serait bien de tous se revoir, non ? dit Sirius avec les yeux brillants. Faire un vrai repas de famille pour les fêtes sorcières. Yule, par exemple.
– Mmh, dit Andromeda avec une longue hésitation. Nous verrons cela plus tard.
Elle changea de sujet et Harry vit que Sirius ne chercha pas à insister plus que de raison. Harry comprenait parfaitement les réticences d'Andromeda. S'il avait beaucoup apprécié Narcissa, il songeait que ça ne devait pas être simple pour elle d'accepter que ses sœurs lui aient tourné le dos après son départ et se soient rangées du côté de Voldemort.
Andromeda se tourna vers Harry et le bombarda de questions sur Sirius auxquels il se fit un plaisir de répondre.
Après le repas, Sirius et Andromeda partirent un long moment tous les deux, dans le jardin, sans doute pour discuter du passé, tandis que Ted montrait à Harry des photos des différents endroits qu'ils avaient visités au cours de leur vie.
Harry passa une soirée délicieuse. Andromeda et Ted étaient absolument adorables tous les deux et il était clair que Sirius était heureux de les revoir. S'il n'avait pas la même insouciance que quand il parlait avec Narcissa, il était clair qu'il tenait Andromeda en haute estime et qu'il cherchait à obtenir son approbation. Harry vit les yeux brillants de Sirius quand Andy le félicita pour l'adoption.
Ils promirent de revenir le plus vite possible et Harry espéra que, la prochaine fois, ils auraient l'occasion de revoir Tonks qui les avait beaucoup aidés pour innocenter Sirius et qui avait un humour à toute épreuve. Harry vit que Sirius était un peu déçu de ne pas avoir rabiboché les deux sœurs, mais Harry lui fit remarquer des années de mépris ne pouvaient s'effacer d'un coup de baguette magique. Il fallait attendre et les laisser faire leur chemin, seules.
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Sirius pris une grande inspiration en s'avançant vers Harry et Remus. Ils discutaient d'un concept abstrait de Runes, pour l'invention de Lily et Harry pour la librairie de Remus. Harry avait bien avancé, même s'il n'était qu'au tout début et qu'il ne pourrait sans doute développer le concept à grande échelle que dans quelques mois. Sirius les observa un long moment discuter et argumenter.
Si Remus était toujours posé, Harry avait toujours quelque chose de James, quelque chose de passionné qui ne supportait pas la contradiction. Si cela pouvait être une force, il était parfois difficile de faire changer Harry d'avis et Sirius savait que ce comportement pourrait être difficile à gérer s'il avait une idée en tête et ne voulait pas en changer.
– Je peux vous parler ? demanda Sirius.
– Bien sûr, sourit Harry en interrompant sa conversation et en déplaçant des feuilles volantes d'une chaise de la terrasse pour que Sirius puisse s'y installer.
Remus observa Sirius en fronçant ses sourcils. Sirius ne lui avait pas parlé de son projet, qui lui était un peu venu par hasard et il espérait qu'ils le suivraient.
– Comme vous le savez, j'ai reçu de l'argent pour compenser mon emprisonnement à Azkaban. Beaucoup d'argent. J'ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais en faire, parce que j'ai déjà assez dans mes coffres et que je préférais ne pas y toucher. Mais finalement, je pense que je pourrais en faire quelque chose d'utile...
– Comme donner des pots de vin pour avoir des places à la Coupe du Monde ? devina Remus avec un sourire en coin.
– Voilà, rit Sirius en se détendant légèrement.
Il vit que Remus était content de savoir qu'il avait des projets pour cet argent, plutôt que de le laisser en sommeil sans y toucher. Il l'avait suffisamment encouragé à en faire quelque chose d'utile.
– Je veux vraiment faire quelque chose d'utile et pour aider des gens. Et je me suis rendu compte que la personne que j'ai vraiment voulu aider depuis que je suis sorti de prison, c'est toi Harry. Je sais ce que tu as vécu chez ces moldus, cracha Sirius avec difficulté. Mais je me suis aussi rappelé de ce que tu m'avais dit sur Voldemort.
Harry haussa un sourcil, un peu surpris.
– Sur le fait qu'il vivait dans un orphelinat et qu'il ne voulait pas y retourner. Tu sais, sur le fait que Poudlard était sa seule maison.
Harry hocha sa tête, comprenant où il venait en venir.
– Donc, tu veux aider Voldemort ? s'amusa Harry.
– Pas vraiment, grimaça Sirius. Je pense que vous n'êtes pas les seuls à avoir subi des choses difficiles pendant votre enfance, à avoir été orphelins. Je veux aider ces enfants, ces enfants qui subissent des abus à cause de leur Magie, parce que les moldus ne comprennent pas, parce que les Sangs-Purs sont parfois un peu trop intenses dans leurs méthodes éducatives. Je sais que mes cousines ont subi des abus comme ça. Leur père n'a jamais supporté ne pas avoir de garçons, donc, bref. Je sais que les moldus ont des orphelinats sorciers, mais pas le monde sorcier. Donc, je veux en fait... voilà... vous voyez ? Je veux créer un orphelinat pour les enfants sorciers, lâcha finalement Sirius.
Le silence tomba immédiatement et Sirius vit que Remus avait retenu sa respiration, alors que Harry le regardait les yeux ronds comme des gallions.
– Euh, ça va ? C'est une idée stupide, c'est ça ?
– C'est... commença Remus à court de mot pour la première fois de sa vie.
– C'est une idée fantastique ! s'écria finalement Harry en sortant de sa torpeur.
– Tu le penses vraiment ?
– Mais oui, c'est super ! Tu... Je suis juste sous le choc.
– Moi aussi, dit Remus avant de sourire fièrement en direction de Sirius. Lily aurait été si fière de toi.
Sirius rougit de plaisir à ces mots, heureux de savoir que les garçons approuvaient son idée.
– Comment tu veux organiser ça ? demanda sérieusement Remus.
– Je ne sais pas trop. J'ai regardé un peu et j'ai vu qu'un Manoir était à vendre au nord de l'Angleterre. C'est un ancien orphelinat moldu en fait, qu'on pourrait adapter pour les sorciers avec l'aide d'elfes de maison.
– Mais tu veux le diriger ? demanda Harry. Ça semble être beaucoup de travail.
– Oh non, je pensais donner la direction à quelqu'un d'autre en fait, expliqua Sirius. Dans l'idée j'aimerai qu'on puisse accueillir tous les enfants qui sont en danger. J'ai réfléchi à ton idée de repérer les sorciers nés-moldus avant leur entrée à Poudlard et je pense qu'avec l'aide du Ministère on pourrait le faire et vérifier si la famille moldue peut gérer des excès de magie.
– Ça serait une bonne chose, assura Harry. Il faut absolument renforcer les contrôles pour qu'aucune famille comme les Dursley ne puisse exister. Combien d'enfants ne vont pas à Poudlard à cause de leur famille moldue ? soupira-t-il.
– Il serait également intéressant d'avoir une école, non ? suggéra Remus. Comme le dit souvent Harry, les enfants sont souvent perdus à cause des différences entre le monde moldu et le monde sorcier, peut-être qu'accueillir tous les enfants nés de moldus pour leur apprendre les bases du monde magique pourrait être intéressant.
– Je n'avais pas pensé à ça, mais ça serait super ! confirma Sirius.
– C'est ce que Lily avait souhaité faire, dit Remus avec un sourire en coin. Ouvrir une école pour les enfants, qu'ils soient nés de sorciers ou non, permettant aux parents de trouver du temps pour eux et de créer une vraie cohésion et de les mélanger avant même Poudlard.
– Il faudrait distinguer l'orphelinat de l'école, dit Harry. Donc, tu veux donner la direction de l'orphelinat à qui ?
Sirius prit une grande inspiration et hésita un court instant, ne sachant pas comment Harry allait réagir.
– Narcissa.
– Oh, dit Harry en fronçant ses sourcils. C'est une bonne idée.
– Vraiment ? s'étonna Sirius un peu choqué qu'il réagisse aussi bien.
– Je l'ai beaucoup apprécié quand on a été manger chez eux et tu m'as dit qu'elle avait une formation en médicomagie, non ? Ça serait utile pour aider les enfants et c'est ce à quoi il faut penser. Aux enfants.
– Et pour l'école ? demanda Sirius. Vous auriez des idées.
– Andromeda, répondirent Remus et Harry d'une même voix, sur un ton si évident que Sirius rigola.
Lui aussi avait pensé à Andremoda, évidemment. Ils avaient déjeuné une autre fois chez elle, en compagnie de Remus, et il avait été clair que l'enseignement lui manquait.
– Je ne sais pas si elle acceptera de travailler avec Cissy.
– Elles n'ont pas vraiment besoin de travailler ensemble, sourit Harry. L'école peut-être plus éloignée et puis, ça pourrait leur permettre de se rapprocher, non ?
– Je vais d'abord en parler avec Cissy. Donc vous pensez que c'est une bonne idée ?
– C'est une idée excellente, assura Harry visiblement très touché. Il faut simplement s'assurer que Narcissa ne suive pas Voldemort et qu'elle accepte de s'occuper d'enfants nés-moldus. Tu penses que ça ira ?
– On va lui demander, sourit Sirius avant d'enchaîner sur les plans qu'il avait commencé à rédiger.
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– Quand je pense que Cissy nous a laissé un accès direct au Manoir Malefoy, dit Sirius en sortant de la cheminée avec grâce. Je me demande ce que mon oncle en aurait pensé.
– Oh, il m'aurait sans doute punie, rit Cissy derrière eux. Je ne vous attendais pas aujourd'hui.
– C'est une visite surprise, dit Sirius en l'embrassant sur les joues.
Narcissa enlaça rapidement Harry et passa une main sur sa joue comme pour s'assurer qu'il allait bien.
– Un petit goûter ? proposa-t-elle en les entraînant à l'arrière du manoir. Draco est en train de voler, je l'appelle ?
– Pas encore, on doit parler affaires, dit Sirius en s'installant sur une chaise et regardant un instant le terrain de Quidditch des Malefoy. C'est important.
Harry regardait Draco avec envie, comme s'il avait aussi envie de s'envoler. Sirius vit que Draco volait autour de cognards enchantés et se dit qu'il avait une bonne technique, plutôt fluide, même si ses virages à gauche étaient moins précis.
– Tu pourras le rejoindre après, suggéra Narcissa en voyant les yeux brillants de Harry.
– Il est doué ! siffla finalement Sirius quand Draco évita d'une roulade deux cognards qui fonçaient sur lui.
– C'est mon fils, bien sûr qu'il est doué, dit Narcissa d'un ton prétentieux.
– Harry l'a toujours battu, répliqua Sirius.
– C'est parce que Harry a déjà un niveau professionnel, sourit Narcissa. Et Draco gagne tous ses autres matchs, quand Harry n'est pas face à lui. De quoi vouliez-vous me parler ? Si c'est à propos de Vous-Savez...
– Rien à voir, coupa Sirius. Enfin, un peu, mais pas tellement. En fait j'ai un projet que je voudrais mettre en place. Comme tu le sais, Harry a vécu longtemps chez ses moldus qui...
– Ne me parle pas de ces gens, siffla Narcissa froidement les yeux étincelants de colère.
Harry se trémoussa sur sa chaise aux côtés de Sirius.
– Ne t'inquiète pas pour eux, je m'en suis occupé, dit froidement Sirius. Enfin, peu importe. Je me suis rendu compte que Harry n'était pas le seul à avoir des problèmes avec sa famille, moldue ou sorcière.
Narcissa posa instinctivement sa main sur sa hanche droite. Sirius grimaça intérieurement. Il savait que le père de Narcissa n'avait jamais été le plus agréable des Black. Il savait parfaitement qu'à cet endroit, Narcissa avait été touchée par un sortilège de magie noire qui l'avait pratiquement rendue stérile. Elle avait mis des années avant de tomber enceinte de Draco et avait refusé de revoir son père après cela. Il savait qu'il avait eu de la chance, ses parents n'ayant jamais porté la main sur lui, mais Cissy ne l'avait pas eue. Et il était persuadé que d'autres sangs-purs étaient dans le même cas.
– On voudrait ouvrir un orphelinat, expliqua Sirius. Pour aider les nés-moldus qui pourraient avoir une famille qui a peur de la magie et qui chercheraient à les empêcher de la pratiquer, mais aussi pour tous les sorciers qui ont perdu leur famille ou qui ont des problèmes dans leur famille.
– C'est une idée intéressante, dit Narcissa.
Sirius vit qu'elle semblait tout aussi excitée à cette idée que Harry, mais qu'elle se retenait au nom de son éducation.
– Vous pensez qu'il y a beaucoup d'enfants dans le besoin ? Que ça justifie l'ouverture d'un orphelinat ?
– J'ai discuté avec Daisy Rodrigues du département de la famille, dit Sirius, elle m'a dit qu'il y avait énormément de plaintes, mais que, malheureusement, ils n'avaient aucune possibilité pour les aider à part les mettre dans d'autres familles. Il y a eu aussi beaucoup d'orphelins à cause de la guerre.
– Et comment vous comptez identifier les enfants dans le besoin ?
– On voudrait que tous les nés-moldus soient identifiés dès leur premier acte magique pour contrôler leurs conditions de vie.
– Il faudrait également un contrôle médical obligatoire à Poudlard, conseilla Narcissa. On pourrait identifier les traces d'abus et rediriger les enfants vers l'orphelinat pour les soigner.
– Poudlard va mettre en place des contrôles dès la rentrée, indiqua Harry, je suis persuadé que Mrs Pomfresh serait d'accord pour collaborer avec nous.
– Et à terme, on aimerait aussi créer une école pour les petits sorciers, qu'ils soient dans l'orphelinat ou non. Ça permettrait de décharger les mères qui travaillent et surtout d'enseigner les traditions sorcières aux nés-moldus pour permettre de les intégrer, indiqua Sirius.
– Mmh, dit Narcissa avec un sourire en coin, je suppose que cette idée nous vient de notre petit Harry ?
Harry hocha la tête en rougissant.
– C'était une idée de sa mère, également, dit Sirius d'une voix tremblante. Elle n'a jamais eu le temps, mais tu sais comme moi qu'élever ses enfants n'est pas simple, que tout le monde n'a pas de tuteur et qu'il serait bien que les enfants soient déjà intégrés les uns avec les autres, sans souci de maison.
– On pourrait même organiser des journées dans de vraies familles sorcières pour les nés-moldus, leur permettant de s'intégrer, proposa Narcissa les yeux brillant.
Sirius sourit largement à l'attention de Harry, qui comprit lui aussi que Narcissa avait mordu à la sirène sans qu'il n'ait besoin de lui faire le long discours qu'il lui avait préparé.
– Ça ne te dérange pas que des Sangs-Purs côtoient des nés-moldus ? demanda Sirius.
– Ce sont des enfants ! répliqua Narcissa outrée. Je refuse que des enfants soient maltraités, moldus ou non. Et puis, comme Harry l'a dit, le sang ne fait pas tout. Tu sais bien que ces idées sont surtout celles de Lucius et de mes parents, moi je veux simplement que mon fils grandisse dans un monde où il sera en sécurité. Ces enfants le méritent tout autant.
– Du coup, quand est-ce que vous commencez ? demanda Harry à l'attention de Narcissa.
– Que je commence ? répéta Narcissa en haussant un sourcil d'une façon très distinguée que Sirius ne parvenait pas à imiter malgré ses efforts.
– On veut te confier la direction de l'orphelinat, dit Sirius d'un ton badin. Tu adores les enfants et tu as des bases en médicomagie. Tu vas être géniale. Donc, félicitations pour ta promotion cousine !
– Tu veux... vous... quoi ? balbutia Narcissa.
Sirius écarquilla ses yeux. Jamais de sa vie il n'avait vu sa cousine balbutier et être à court de mot.
– Vous êtes le meilleur choix, comme l'a dit Sirius. Et puis vous avez des contacts au Ministère, vous ne vous ferez jamais acheter et vous allez vous battre pour ces enfants, n'est-ce pas ? C'est de ça dont ils ont besoin. De quelqu'un qui veuille se battre pour eux.
– Mais Sirius ?
– J'ai déjà trop de choses à faire, soupira Sirius. Et puis, je n'aime pas les enfants.
– Je sais que c'est faux, rit Narcissa. Mais je vous remercie pour cette proposition, c'est simplement... Je suis très touchée. Et pour l'école des petits sorciers ?
Sirius se figea légèrement et Narcissa soupira en le voyant faire.
– Bien sûr, dit Narcissa d'une voix blanche. Andromeda.
– Je ne lui ai pas proposé encore. Je veux absolument que tu t'occupes de l'orphelinat, je ne demanderai pas à Andy si tu ne le veux pas.
– Je suis prête à faire des efforts, mais je dois en parler à Lucius avant, dit Narcissa plus sérieusement. C'est un changement important dans nos vies et vous le savez.
Sirius le savait très bien. Si Narcissa acceptait, elle allait s'occuper d'enfants nés-moldus, les accompagner, les protéger. Il était sûr que, si elle acceptait, les Malefoy perdraient toute influence auprès de Voldemort. Narcissa était assez intelligente pour savoir que jamais Sirius ne lui donnerait le poste si elle décidait de soutenir Voldemort dans le futur. C'était le moment de choisir pour les Malefoy et tout le monde l'avait bien compris.
– Tu devras travailler en collaboration avec un né-moldu ou quelqu'un qui les connaisse pour ne pas dépayser ces enfants, ajouta Sirius après une hésitation. Mais tu as le temps d'y réfléchir.
– Merci, je suis très touchée par cette marque de confiance, de votre part à tous les deux, sourit Narcissa en regardant également Harry.
– Hey ! Qu'est-ce que vous faites là ? s'écria Draco en courant vers eux.
Sirius haussa un sourcil, amusé de voir le parfait petit Malefoy avec ses cheveux décoiffés et un air heureux sur le visage.
– Tu viens prendre une raclée, Potter ?
– Quand tu veux, Malefoy ! répliqua Harry en sautant sur ses pieds. Tu n'as pas peur de perdre ?
– Tu es tout seul Potter. Juste toi et moi. Duel d'attrapeurs.
Harry se tourna vers Sirius avec avidité.
– Vas-y, dit simplement Sirius. Salut cousin.
– Salut Sirius, sourit Draco légèrement excité avant d'attraper Harry par le bras en direction du terrain.
– Le Quidditch, dit Narcissa amusée elle aussi.
– Ça réunit des hommes en colère, confirma Sirius. Draco est beaucoup plus détendu comme ça.
– Une fois qu'il connaît les gens il est plus ouvert. Mais tu sais, il est nécessaire qu'il garde une posture de sang-pur pour sa vie future. Il doit être respecté.
Sirius leva ses yeux au ciel, détestant les présupposés du parfait sang-pur.
– Tu veux voir les plans que j'ai préparés ? demanda Sirius en sortant un carnet qu'il avait utilisé pour tout planifier.
– Bien sûr que oui ! s'écria Narcissa en frappant dans ses mains. Dis-moi tout.
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