PARTIE TROIS – Sirius kidnappe Harry pour les vacances. Leur programme est chargé : soigner Harry, consolider leurs nouvelles alliances, préparer la lutte contre Voldemort, sans oublier de profiter de leurs premières vacances en famille.
N/A : Un peu en retard, mais le voici. Le dernier chapitre de la partie 3, enfin ! Comme le dernier chapitre de la partie deux, il reprend en grande partie les évènements du livre, mais avec quelques différences qui, je l'espère, vous plairont ! Rendez-vous à la fin pour plus d'informations !
Partie 3. Chapitre 10.
"Coupe du Monde"
– Arrivée du portoloin à douze heures vingt-trois en provenance de la forêt de Shark, dit une voix grave.
Harry et Ron, qui étaient tombés l'un sur l'autre, se démêlèrent pour se relever. Sirius était déjà debout et aidait Hermione à se relever avec un petit sourire en coin quand il vit les garçons étalés sur le sol. Ils avaient tous les quatre mis des habits moldus et Harry remarqua immédiatement que les deux responsables des portoloins ne savaient pas comment passer pour des moldus.
– Alors, Black, dit un sorcier à la voix lasse, vous êtes placés à cinq cents mètres d'ici, le premier pré. Le directeur du camping s'appelle Mr Roberts.
Sirius hocha sa tête et entraîna les enfants à sa suite.
– Normalement on est placé pas très loin de ta famille Ron, indiqua Sirius.
– Super, sourit Ron.
Le petit groupe se dirigea d'un pas joyeux vers la direction indiquée. Une vingtaine de minutes plus tard, une maisonnette de pierre apparut à côté d'un portail. Au-delà, Harry aperçut les formes de centaines et de centaines de tentes alignées dans le pré. Un homme se tenait dans l'encadrement de la porte, regardant les tentes. Harry sut au premier coup d'œil que c'était le seul véritable moldu des environs. Lorsque l'homme les entendit arriver, il se tourna vers eux.
– Bonjour, dit Sirius.
– Bonjour, répondit le moldu.
– C'est vous, Mr Roberts ?
– En effet. Qui êtes-vous ?
– Mr Black. On a loué une tente, répondit Sirius.
– Ah oui, vous avez un emplacement près du petit bois. C'est pour une nuit ?
– C'est ça oui, dit Sirius en lui tendant une liasse d'argent moldu dont il commença à détacher les billets.
– Il n'y a jamais eu autant de monde, dit Mr Roberts rêveusement en regardant à nouveau le pré. Des centaines de réservations. D'habitude les gens viennent directement...
– Ah bon ? dit poliment Sirius, un peu gêné, en tendant sa main pour prendre sa monnaie, mais Mr Robert ne la lui donna pas.
– Oui, dit-il d'un air songeur. Des gens qui viennent de partout. Beaucoup d'étrangers. Et pas seulement des étrangers. Des drôles de zigotos, si vous voulez mon avis. Il y a un type qui se promène habillé avec un kilt et un poncho. On dirait une sorte de... de grand rassemblement. Ils ont tous l'air de se connaître, comme s'ils venaient faire la fête.
À ce moment, un sorcier vêtu d'un pantalon de golf surgit de nulle part, à côté de la porte.
– Oubliettes ! dit-il précipitamment en pointant sa baguette magique sur Mr Roberts.
Aussitôt, le regard de ce dernier se fit lointain, les plis de son front s'effacèrent et une expression d'indifférence rêveuse apparut sur son visage. Harry reconnut les symptômes d'une modification de la mémoire provoquée par un sortilège d'Amnésie.
– Voici un plan du camping, dit Mr Robert à Sirius. Et votre monnaie.
– Merci beaucoup.
Le sorcier en pantalon de golf les accompagna vers le portail d'entrée du camping. Il avait l'air épuisé, le menton recouvert d'une barbe naissante, les yeux soulignés de cernes violets. Dès qu'il fut certain de ne pas être entendu de Mr Roberts, il murmura à l'oreille de Sirius :
– J'ai eu beaucoup de soucis avec lui. Il lui faut un sortilège d'Amnésie dix fois par jour pour le calmer. Et Ludo Verpey ne nous aide pas. Il se promène un peu partout en parlant à tue-tête de Cognards et de Souaffle, sans se préoccuper le moins du monde des consignes de sécurité anti-Moldus. Je serai content quand tout ça sera terminé.
Et il disparut en transplanant.
– Verpey est le directeur du Département des jeux et sports magiques, expliqua Ron à Harry et Hermione.
– Il devrait faire attention de ne pas parler de Cognards en présence des moldus, non ? demanda Hermione.
– En effet, rit Sirius. Mais Verpey a toujours été négligent en matière de sécurité. Il a joué dans l'équipe d'Angleterre de Quidditch et a été le meilleur batteur que l'équipe des Frelons de Wimbourne n'ait jamais eu.
Ils montèrent la pente douce du pré, entre les rangées de tentes. La plupart d'entre elles paraissaient presque ordinaires. Leurs propriétaires avaient fait de leur mieux pour qu'elles ressemblent à celles de Moldus, mais ils avaient commis quelques erreurs en ajoutant des cheminées, des cloches ou des girouettes. Certaines, cependant, appartenaient avec tant d'évidence au monde de la magie que Harry comprit pourquoi Mr Roberts avait exprimé des soupçons. Vers le milieu du pré se dressait un extravagant assemblage de soie rayée qui avait l'apparence d'un palais miniature, avec plusieurs paons attachés à l'entrée. Un peu plus loin, ils passèrent devant une tente de trois étages, dotée de plusieurs tourelles. À quelques mètres, une autre comportait un jardin complet avec une vasque pour les oiseaux, un cadran solaire et un bassin alimenté par une fontaine.
– Ah c'est là que nous sommes, dit Sirius d'un air ravi en arrivant sur leur emplacement où se trouvait un écriteau qui portait le nom de « Black ».
Il regarda autour de lui, à droite à gauche, puis sortit sa baguette et d'un simple mouvement circulaire, la tente qui était dans son sac à dos s'envola et se déplia, comme par magie.
– Qu'est-ce que vous en pensez ? demanda Sirius.
Harry n'avait jamais campé de sa vie, mais il voyait bien que la tente ne pouvait héberger que deux personnes. Hermione semblait avoir également pensé à la question. Elle lança à Harry un regard perplexe lorsque Sirius se laissa tomber à quatre pattes pour entrer dans la tente.
– On sera un peu à l'étroit, dit Sirius, mais on devrait pouvoir tenir.
Harry se glissa sous l'auvent et resta bouche-bée. Il venait de pénétrer dans ce qui ressemblait à un appartement de trois pièces, un peu vieillot, avec cuisine et salle de bains. Il y avait une porte qui menait sans doute à une chambre, deux lits superposés disposés dans la seconde chambre et un canapé dépliable.
– Hermione dormira dans l'une des chambres, informa Sirius. Tu sais, ton père a insisté que je conserve ta vertu.
Hermione rougit jusqu'à la racine des cheveux et Harry jeta un oreiller à Sirius.
– Laisse-la tranquille !
– Quoi ? s'amusa Sirius. Je lui manquerais si je n'existais pas.
Ron éclata de rire et observa la tente, sans paraître impressionné par ses extraordinaires proportions.
– Mon père a un peu la même.
– Je l'ai emprunté à Remus, mais ton père m'a dit que c'était le même modèle, dit Sirius en grimaçant légèrement, il a souvent dormi dedans, quand... enfin bref.
Harry se rembrunit légèrement en comprenant que Remus était finalement très heureux de ne pas venir à la Coupe du Monde. Cette tente avait dû être le témoin de ses nombreuses années de galères, sans travail. Pas étonnant qu'il ait été frileux à l'idée d'aller camper quand Harry lui avait proposé.
– Bon, on va chercher les Weasley maintenant ? proposa Sirius en souriant. Nous sommes invités pour le déjeuner.
Sirius les conduisit dans le dédale des tentes et, quelques mètres plus loin, la chevelure de feu de Ginny apparut dans leur champ de vision. Elle dut les sentir arriver, puisqu'elle se tourna et leur sourit largement en les reconnaissait avant de venir à leur rencontre.
– Enfin, vous allez pouvoir lui faire entendre raison ! s'écria Ginny après avoir salué tout le monde.
– À qui ? demanda Sirius.
– Mon père. Il veut absolument faire tout comme les moldus. On a mis des heures à monter la tente, et maintenant il prépare le repas à la mode moldue, quelle galère, soupira la rousse.
Quand ils arrivèrent devant la tente des Weasley, un feu ronflait sur lequel Arthur faisait cuire des œufs et des saucisses.
– Ah Sirius, les enfants ! Quel plaisir ! sourit Arthur avant d'entraîner Sirius dans une discussion sur les méthodes moldues si ingénieuses.
– Vous avez visité le camp ? demanda Ginny les yeux brillants d'excitation. Les tentes sont incroyables !
– Pas encore, on vient d'arriver, souffla Ron. On ira après le déjeuner.
– Vous avez de la chance, murmura Ginny à Harry, vous venez juste de louper Croupton et Verpey.
Harry souffla de soulagement en imaginant la tête que Sirius aurait faite s'il avait trouvé Croupton en train de discuter avec Mr Weasley.
– Et vous n'allez jamais croire ce que les jumeaux ont fait ! Ils ont parié tout leur argent avec Verpey en disant que l'Irlande allait gagner, mais que Krum allait attraper le Vif d'or ! s'exclama Ginny d'une voix amusée.
– Ils sont fous, murmura Ron à la fois impressionné et scandalisé.
– Et apparemment Croupton ne connaît pas le nom de Percy, il l'appelle Wistily, rit Ginny sur le ton de la confidence.
La tente des Weasley était dressée le long d'une sorte de grande allée qui menait au terrain de Quidditch et que les représentants du ministère ne cessaient d'emprunter, adressant un salut cordial à Mr Weasley chaque fois qu'ils passaient devant lui. Celui-ci faisait bénéficier Harry et Hermione de ses commentaires, ses propres enfants en sachant déjà trop sur les coulisses du Ministère pour s'y intéresser.
Alors que le déjeuner touchait à sa fin, Harry se dit qu'il devait vraiment parler à quelqu'un de son collier. Il n'arrivait pas à oublier l'image d'une Hermione attrapant son pendentif sans flancher. Il savait que Sirius ne serait pas de bons conseils, il allait se moquer ou être insistant et ce n'était pas du tout ce dont il avait besoin, alors il décida que Ron pourrait être de meilleurs conseils ou, au moins, se moquer de lui en toute discrétion. Et, après tout, peut-être que c'était le collier qui dysfonctionnait.
– Ron, je peux te demander quelque chose de fou ? interpella Harry en l'entraînant à l'écart d'un signe de tête, Hermione les regardant avec insistance.
– Euh, ouais, bien sûr, dit Ron en riant nerveusement. Tant que ce n'est pas d'aller voir des araignées géantes dans la forêt.
– Rien à voir, répondit Harry en souriant amusé à ce souvenir et songeant que Ron avait vraiment fait des choses folles pour l'aider. Est-ce que tu peux toucher mon collier ?
Ron haussa un sourcil surpris, alors que Harry sortait de son polo le pendentif.
– Ton collier ? La pierre me paraît familière, murmura Ron en le détaillant du regard.
– C'est un collier qui appartenait à ma mère, c'est... Est-ce que tu peux juste le faire sans poser de questions ?
Ron hocha la tête, l'air dubitatif, et attrapa le pendentif entre son index et son pouce. Avant de le lâcher brusquement, en serrant son poing et le ramenant contre son cœur.
– Outch ! Ça brûle ton truc ! Si c'est une blague des jumeaux c'est vraiment nul... Ils vont m'entendre... Harry ?
Harry fixait les doigts de Ron avec stupéfaction.
– Ça t'a vraiment brûlé ? insista Harry.
– Ouais et pas qu'un peu, dit Ron en fronçant ses sourcils. Qu'est-ce que c'est ?
– C'est... Par Godric, Ron, je suis...
– Désolé de t'avoir brûlé avec mon collier maléfique ? continua Ron en haussant un sourcil.
Harry blanchi légèrement et Ron dut voir qu'il n'avait pas envie de rire puisqu'il posa une main sur son bras.
– Ça va, mon pote ? Tu es tout blanc.
– C'est juste que...
– Quoi ? C'est ensorcelé pour ne brûler que les roux ? tenta Ron.
Harry ne savait pas comment réagir à l'information. Hermione pouvait toucher le cristal. Ron ne le pouvait pas, tout comme toutes les autres personnes qu'il connaissait. Il aurait pu penser que seules les filles étaient immunisées, mais Amelia avait essayé et avait été presque brûlée au troisième degré. Sirius avait repris contact avec Stefan qui lui avait expliqué qu'en fonction des types de magie, certaines personnes réagissaient plus ou moins bien, sans réelle explication. Ce n'était pas non plus le statut du sang, puisque Mihai était un né-moldu.
– Tu vas trouver ça complètement fou en fait, rit nerveusement Harry sans oser regarder Ron dans les yeux.
– Plus fou qu'un Basilic ou que Tu-Sais-Qui accroché derrière la tête de Quirrell ? dit Ron en essayant de détendre l'atmosphère. Essaie toujours mon pote, mais je crois que niveau folie, j'ai déjà vu assez de choses dans ma vie.
– En fait cette pierre ce n'est pas une simple pierre. C'est un cristal de roche et...
– QUOI ?! hurla Ron.
Harry sursauta et il vit que les regards des Weasley et de Sirius s'étaient posés sur eux. Harry leur fit un petit signe de la main rassurant alors que Ron l'entraînait dans la tente qu'ils partageaient avec Sirius, le regardant comme s'il le voyait pour la première fois de sa vie.
– Tu peux toucher un cristal de roche ? cria à moitié Ron quand ils furent à l'abris des regards et des oreilles. Par Merlin, Godric et Morgane ! Tu peux toucher un cristal de roche !?
– Tu sais ce que c'est ? demanda Harry, très étonné par la réaction de Ron.
– Charlie vit en Roumanie, rappela Ron en levant ses yeux au ciel. Quand il est parti la première fois, j'étais plutôt jeune et il m'a fait envoyer un livre sur les pierres précieuses, puisque c'est quasiment une religion là-bas. J'ai toujours trouvé ça passionnant.
Ron rougit légèrement comme s'il se sentait coupable, mais Harry trouvait ça formidable.
– J'ai lu tout ce que je pouvais dessus et je sais pertinemment que peu de personnes peuvent toucher un cristal de roche.
– Je suis... Je ne savais pas que tu étais passionné à ce point.
– C'est juste stupide.
– Tu rigoles ? s'écria Harry. Je trouve ça formidable au contraire, assura-t-il alors que les oreilles de Ron prenaient une teinte rouge de fierté. La science des pierres a l'air juste incroyable de ce que j'ai compris. Si on va en Roumanie l'année prochaine je t'emmènerais dans une boutique qui vend des milliers de pierre. Si j'avais su je t'aurais ramené quelque chose.
– Peu importe, dit Ron en haussant ses épaules. On discutera de ma passion pour les pierres plus tard. On va plutôt parler du fait que tu peux toucher un cristal de roche. Raconte-moi tout.
Harry soupira et se retrouva à parler de son histoire, sans s'inquiéter de paraître pour un fou. Il lui raconta comment sa mère avait obtenu la pierre, comment elle la lui avait transmise, comment elle lui avait sans doute sauvé la vie. Il ne raconta pas les Horcruxes, mais expliqua qu'il sentait souvent la présence de sa mère autour de lui et que la pierre s'était illuminée pendant l'adoption.
À sa grande surprise, jamais Ron ne se moqua de lui. Il l'écouta avec attention, très concentré, comme s'il comprenait parfaitement ce que disait Harry. Harry avait tendance à oublier que Ron était né dans une famille sorcière et que les phénomènes magiques ne l'étonnaient pas vraiment. Il avait toujours cru à la Divination et à la Magie pure. Au contraire, Harry était persuadé que la rationalité de Hermione n'arriverait pas à comprendre la magie des pierres.
– Il t'arrive toujours des tas de choses, siffla Ron quand il eut terminé son récit. C'est incroyable. Et donc, pourquoi tu m'as fait toucher la pierre si tu sais qu'elle brûle tout le monde ? Si c'est parce que je n'ai pas pu venir à ton anniversaire, tu sais que j'étais chez ma tante Muriel.
– Pas tout le monde, rectifia Harry.
– Ta mère ne compte pas vraiment, dit plus doucement Ron. Elle était enceinte quand elle a eu la pierre donc on peut penser que, soit la pierre l'a choisi elle et qu'elle a pu te la transmettre parce que vos Magies se sont mélangées ou alors que la pierre t'a choisi et a supporté ta mère le temps que tu puisses la mettre.
– C'est une théorie intéressante, dit Harry qui n'avait pas pensé à ça et qui aurait préféré oublier tout ce qu'il savait sur cette pierre (comme s'il avait besoin qu'un phénomène magique inconnu lui arrive encore). Mais non, il y a une autre personne.
– Harry, c'est pratiquement impossible, tu le sais ? dit Ron en haussant un sourcil. Une personne c'est déjà énorme, alors deux...
– C'est Hermione, lâcha Harry en se levant pour faire les cent pas dans la tente. Je... Elle a attrapé mon collier ce matin, avant que je n'aie pu lui en parler. Elle l'a pris comme ça pendant au moins une minute ! C'est la première fois que... Elle n'a même pas... Elle m'a dit qu'elle avait ressenti de la chaleur et... Ron ? Ron ça va ?
Harry se tourna vers Ron qui avait plongé son visage entre ses mains et qui avait les épaules qui tressautaient.
– Tu pleures ? s'étonna Harry.
Mais Ron rompit le silence avec un éclat de rire tonitruant. Il posa ses mains sur ses côtes, ne pouvant même pas s'empêcher de rire, les larmes coulant sur ses joues.
– Ce n'est pas drôle, bouda Harry sans pouvoir s'empêcher de sourire à son tour face à la bonne humeur de son meilleur ami. Qu'est-ce qui te fait rire ?
– C'est évident non ? ricana Ron. Non ? Tu ne connais pas le proverbe roumain qui dit "l'amour ne dure qu'un temps, le cristal de roche tout le temps"?
– Euh, non, dit Harry en fronçant ses sourcils. Tu es sûr que c'est un vrai proverbe ? Ça me semble un peu tiré par les cheveux.
– Je t'assure que c'est vrai ! C'est parce que le cristal de roche fait l'objet de beaucoup de théories. On raconte que deux personnes qui peuvent toucher un cristal de roche sont des âmes-sœurs. Félicitations mon pote. Je serai ton témoin, hein ?
Harry fixa Ron en écarquillant ses yeux, stupéfait.
– Tu... tu es sûr que c'est vrai ?
– Non, dit Ron avec un sourire narquois. C'est juste une théorie, tu sais, c'est comme la Divination et c'est sujet à interprétation. Et puis, personne n'a jamais vraiment fait l'objet d'études à ce sujet, donc c'est surtout dans les contes pour enfants... Tu sais, c'est l'histoire de la vélane qui tombe amoureuse du troll qui peut toucher son collier, avant de le transformer en sorcier. Quoi ? Tu ne connais pas cette histoire ? Très connue pourtant...
– J'ai été élevé par des moldus, Ron, rappela Harry en levant ses yeux au ciel.
– Mais ce n'est pas parce que c'est dans un conte que ce n'est pas vrai. Il est probable que la Magie te donne un coup de pouce ou même ta mère, si tu me dis que tu la ressens autour de toi. Tu devrais être content, au moins tu sais qui est la bonne personne pour toi.
– Hermione est ma meilleure amie.
– Ouais, c'est ça, rit Ron. Je ne parle pas à Hermione comme tu lui parles, mais c'est un autre sujet.
– Peut-être parce que je la considère comme une sœur ? proposa Harry.
– Si tu veux croire ça, dit Ron en haussant ses épaules, sans quitter son sourire ironique.
– Je ne crois pas aux âmes-sœurs.
– C'est un peu tiré par les baguettes, reconnut Ron, mais si elle peut toucher la pierre c'est pour une raison. La pierre ne se trompe jamais.
– Et ça ne te dérangerait pas ? demanda Harry après une courte hésitation. Même s'il n'y a rien du tout, bien sûr. Juste hypothétiquement.
– Non, il n'y a rien du tout, répéta Ron avec un sourire narquois. Mais non, bien sûr que non. On parle de Hermione, je l'adore mais franchement, qu'est-ce qu'elle est agaçante par moment.
– Je crois qu'elle dit la même sur toi.
Ron rigola légèrement.
– Franchement ne te prends pas la tête avec ça, Harry, dit finalement Ron en voyant qu'il était tout pâle. Ce n'est pas une pierre qui va décider de ta vie. C'est une théorie, rien de plus, dans un conte pour enfant ! Il y a sans doute une autre explication. Ça ne veut pas dire que tu es condamné à finir avec elle.
– Tu n'en parleras à personne, hein ? demanda Harry un peu inquiet à l'idée de savoir ce que Hermione pourrait en penser, elle qui était si terre à terre.
– Tu me prends pour qui ? dit Ron en levant ses yeux au ciel. Allez viens, on va voir ta chérie.
Harry leva ses yeux au ciel et se demandant ce qu'il avait fait à Merlin pour avoir un tel ami.
.
Après le déjeuner, Harry, Ron et Hermione traversèrent le camping. Ils découvrirent une véritable ville de toile qui s'étendait dans toutes les directions. Ils s'avançaient lentement, regardant les rangées de tente avec curiosité. Harry vit de jeunes sorciers, qui s'amusaient à lancer des sorts avec la baguette de leurs parents ou qui volaient sur leurs balai-jouet, avant d'être repérés par des membres du Ministère. Il y avait énormément de sorciers étrangers. Un groupe de sorcières américaines papotait joyeusement sous une bannière étoilée tendue entre leurs tentes et sur laquelle on pouvait lire : Institut des sorcières de Salem. Harry percevait des bribes de conversation dans des langues étrangères dont il ne comprenait pas un seul mot, mais il sentait une excitation générale dans le ton de chacun.
– C'est moi qui vois mal ou bien tout est devenu vert, brusquement ? demanda Ron.
Ron voyait très bien. Ils étaient arrivés devant un ensemble de tentes recouvertes d'un épais tapis de trèfle. Sous les auvents relevés de certaines tentes, on voyait apparaître des visages souriants. C'étaient les supporters de l'équipe irlandaise qui avaient tout recouvert de trèfle, symbole national de l'Irlande.
Les trois amis croisèrent Dean et Seamus, qui supportaient de toute évidence l'Irlande, avant de réussir à s'échapper.
Ils croisèrent au fur et à mesure de leur marche de nombreux visages familiers : d'autres élèves de Poudlard venus avec leur famille. Olivier Dubois traîna Harry jusqu'à sa tente pour le présenter à ses parents qui semblaient enchantés de le rencontrer. Ils furent ensuite salués par Ernie MacMillan de Poufsouffle et virent également Cho Chang qui adressa un signe de la main à Harry, qui lui fit signe à son tour en rougissant légèrement. Pour mettre fin au rire narquois de Ron, il désigna le camp des bulgares d'un geste de la main.
Chacune des tentes bulgares était ornée d'un poster représentant un visage renfrogné, avec de gros sourcils noirs. Bien entendu, l'image était animée mais, à part quelques battements de paupières et une moue de plus en plus maussade, le visage n'offrait pas une grande variété d'expressions.
– Krum, dit Ron à voix basse.
– Quoi ? demanda Hermione.
– Krum ! répéta Ron sur le ton de l'évidence. Viktor Krum, l'Attrapeur bulgare !
– Il a vraiment l'air grognon, remarqua Hermione en jetant un regard circulaire aux nombreux Krum qui les observaient en clignant des yeux, la mine revêche.
– L'air grognon ? répéta Ron avec l'air de ne pas y croire. Qu'est-ce que ça peut faire, l'air qu'il a ? C'est un joueur incroyable. En plus, il est très jeune. À peine plus de dix-huit ans, c'est un génie. Tu verras ce soir.
– Nous n'avons pas vu Susan et Hannah, dit piteusement Hermione. Elles sont là normalement.
– Il y a tellement de monde, ce n'est pas étonnant, répondit Harry un peu déçu lui aussi.
À mesure que l'après-midi avançait, une sorte de frénésie envahissait le camping. Au coucher du soleil, la tension était à son comble. Quand la nuit tomba, les représentants du Ministère renoncèrent à réprimer les signes évidents de magie qui se manifestaient un peu partout.
Des vendeurs ambulants transplanaient à tout moment, poussant des chariots remplis d'articles extraordinaires. Il y avait des rosettes lumineuses vertes pour l'Irlande, rouges pour la Bulgarie qui criaient d'une petite voix aiguë les noms des joueurs, des chapeaux pointus d'un vert étincelant ornés de trèfles dansants, des écharpes bulgares décorées de lions qui rugissaient véritablement, des drapeaux des deux pays qui jouaient les hymnes nationaux dès qu'on les agitait. On trouvait aussi des modèles miniatures d'Éclair de feu qui volaient et des figurines de collection représentant des joueurs célèbres qui se promenaient dans la paume de la main d'un air avantageux.
– J'ai économisé mon argent de poche tout l'été pour ça, dit Ron à Harry.
Tous deux, accompagnés de Hermione, se promenèrent longuement parmi les vendeurs en achetant des souvenirs. Ron fit l'acquisition d'un chapeau à trèfles dansants et d'une grande rosette verte, mais il acheta aussi une figurine de Viktor Krum qui marchait de long en large sur sa main, lançant des regards courroucés à la grande rosette verte qui s'étalait au-dessus de lui.
– Oh regardez ça ! s'exclama Harry qui se précipita vers un chariot surchargé d'objets semblables à des jumelles de cuivre, dotées de toutes sortes de boutons et de cadrans.
– Ce sont des Multiplettes, dit le sorcier-vendeur d'un air empressé. Elles permettent de revoir une action... de faire des ralentis... et de détailler image par image n'importe quel moment du match si vous le désirez. C'est dix Gallions pièce.
– Je n'aurais pas dû acheter ça, dit Ron, le doigt pointé sur son chapeau à trèfles, en regardant avec envie les Multiplettes.
– Donnez-nous en trois paires, lança Sirius qui s'était glissé jusqu'à eux sans qu'ils ne s'en aperçoivent.
– Non, non, Sirius, laissez tomber, répondit Ron en rougissant.
– Tu es pire que la petite Granger, ricana Sirius en posant une main sur l'épaule de Ron. Tu crois que j'ai l'âge de me faire vouvoyer ?
– Oh, non, je ne voulais pas...
– C'est moi qui offre, ne vous en faites pas les enfants, assura Sirius.
– On n'est pas des enfants, rétorqua Harry.
Sirius éclata de rire alors que le vendeur leur tendait une paire de Multiplettes chacun, visiblement ravi de son affaire.
– Oh, merci, Sirius ! s'exclama Hermione. Moi je vais acheter des programmes.
– Merci beaucoup, dit Harry en se tournant vers son parrain les yeux brillants.
Sirius haussa ses épaules d'un air de dire que ce n'était rien, avant de se précipiter pour acheter des rosettes vertes et un drapeau irlandais.
Enfin, un grand coup de gong retentit avec force quelque part au-delà du bois et, aussitôt, des lanternes vertes et rouges étincelèrent dans les arbres, éclairant le chemin qui menait au terrain de Quidditch.
– C'est l'heure ! dit Sirius, qui avait l'air aussi impatient qu'eux.
– Venez, on y va ! ajouta Arthur en suivant le pas de Sirius.
Emportant leurs achats, Mr Weasley et Sirius en tête, ils se précipitèrent vers le bois, le long du chemin éclairé par les lanternes. Ils entendaient autour d'eux des cris, des rires, des bribes de chansons, qui s'élevaient de la foule. L'atmosphère enfiévrée était très contagieuse. Harry souriait sans cesse. Ils marchèrent pendant vingt minutes à travers bois, parlant, plaisantant à tue-tête, jusqu'à ce qu'ils émergent enfin d'entre les arbres pour se retrouver dans l'ombre d'un stade gigantesque. Harry ne voyait qu'une partie des immenses murailles d'or qui entouraient le terrain, mais il le devinait suffisamment vaste pour contenir une dizaine de cathédrales.
– Il peut recevoir cent mille spectateurs, dit Mr Weasley en remarquant l'air impressionné de Harry. Le ministère a constitué une équipe spéciale de cinq cents personnes pour y travailler pendant une année entière. Chaque centimètre carré a été traité avec des sortilèges Repousse-Moldu. Tout au long de l'année, chaque fois qu'un Moldu s'approchait d'ici, il se rappelait soudain un rendez-vous urgent et repartait au plus vite... Chers Moldus, ajouta-t-il d'un ton affectueux.
Il les mena jusqu'à l'entrée la plus proche, devant laquelle se pressait déjà une foule bruyante de sorcières et de sorciers.
– Des places de choix ! s'exclama la sorcière du ministère qui contrôla leurs billets. Tribune officielle, tout en haut ! Montez les escaliers, quand il n'y aura plus de marches, vous serez arrivés.
À l'intérieur du stade, les escaliers étaient recouverts d'épais tapis pourpres. Ils grimpèrent les marches au milieu des autres spectateurs qui se répartissaient lentement sur les gradins, à droite et à gauche. Ils continuèrent de monter jusqu'au sommet de l'escalier où ils se retrouvèrent dans une petite loge qui dominait tout le stade et donnait sur le centre du terrain, à mi-chemin entre les deux lignes de but. Une vingtaine de chaises pourpre et or étaient disposées sur deux rangées et, lorsque Harry se fut faufilé jusqu'au premier rang, il découvrit un spectacle qui défiait l'imagination.
Cent mille sorcières et sorciers étaient en train de prendre place sur les sièges qui s'élevaient en gradins tout autour du terrain ovale. Une mystérieuse lumière d'or semblait émaner du stade lui-même. À chaque extrémité se dressaient les buts, trois cercles d'or situés à une hauteur de quinze mètres. Face à la tribune officielle, presque à hauteur d'œil, s'étalait un immense tableau sur lequel s'inscrivaient, comme tracés par une main invisible, des mots couleur d'or qui disparaissaient peu à peu, remplacés par d'autres. En regardant plus attentivement, Harry comprit qu'il s'agissait de publicités.
Harry détacha son regard du panneau et se retourna pour voir qui partageait la loge avec eux. Pour l'instant, les autres chaises étaient vides, sauf une, occupée par une minuscule créature assise à l'avant-dernier rang. La créature, dont les jambes étaient si petites qu'elles pointaient horizontalement devant elle, était vêtue d'un torchon à vaisselle drapé comme une toge et se cachait le visage dans les mains. Mais ses grandes oreilles, semblables à celles d'une chauve-souris, avaient quelque chose d'étrangement familier.
Il réussit à discuter quelques instants avec la dénommée Winky, qui lui raconta avoir été envoyée dans la tribune malgré sa peur de l'altitude, ce qui sembla horrifier Hermione au plus au point. Harry se tourna vers Sirius qui haussa ses épaules, comme si cela ne l'étonnait pas plus que ça.
– Tu as vu ta petite Poufsouffle ? demanda Sirius qui était assis à côté de Hermione.
– Non. Le camp était grand, dit Harry d'un ton déçu.
– Amelia m'a dit que les parents de l'amie de Susan étaient bien placés. Amelia n'est pas là, elle devait travailler.
– Oui, Susan m'a dit qu'elle était avec les parents de Hannah. Et Rufus ?
– Il est avec eux. Je crois qu'ils s'entendent bien, dit Sirius. Il m'a dit qu'il était hors de question qu'il s'assoit avec ces idiots du Ministère pendant son jour de repos.
Harry éclata de rire en songeant que ça lui ressemblait bien.
Autour d'eux, la loge se remplit peu à peu au cours de la demi-heure qui suivit. Mr Weasley et Sirius ne cessaient de serrer la main de gens qui occupaient à l'évidence de hautes fonctions dans le monde de la sorcellerie.
– Ah Sirius ! Et le jeune Potter ! lança Daisy Rodrigues à laquelle Sirius fit un baise-main très élégant.
– Incroyable, murmura Hermione avec désapprobation en la voyant rougir comme une adolescente, alors que Ron et Harry observaient Sirius avec un sourire amusé.
Chaque fois qu'une personne arrivait, Percy se levait d'un bond, comme s'il avait été assis sur un porc-épic. À l'arrivée de Cornélius Fudge, Percy s'inclina si bas que ses lunettes tombèrent et se cassèrent. Horriblement gêné, il les répara d'un coup de baguette magique et resta assis sur sa chaise, jetant des regards jaloux à Harry que Cornélius Fudge avait salué comme un vieil ami.
Fudge salua plus protocolairement Sirius, qui lui lança un sourire hypocrite. La dernière fois qu'ils s'étaient vu, Sirius avait hurlé dans son bureau, ce qui avait entraîné la découverte d'une affaire de corruption au sein du Ministère, mais Fudge ne semblait pas lui en vouloir. Fudge présenta Harry aux sorciers assis à ses côtés.
– Harry Potter, vous savez..., dit-il d'une voix forte au ministre bulgare, qui portait une magnifique robe de sorcier en velours noir ourlé d'or, et ne paraissait pas comprendre un mot d'anglais. Harry Potter, voyons, insista Fudge, je suis sûr que vous savez qui c'est... Le garçon qui a survécu à Vous-Savez-Qui... Vous savez forcément qui c'est...
Le sorcier bulgare vit soudain la cicatrice de Harry et se mit à parler très fort d'un ton surexcité en la montrant du doigt.
– Je savais que ça finirait comme ça, dit Fudge à Harry d'un ton las. Je ne suis pas très doué pour les langues étrangères, j'ai besoin de Barty Croupton dans ces cas-là. Ah, je vois que son elfe de maison lui a gardé une chaise... C'est une bonne chose, ces zigotos de Bulgares ont essayé de quémander toutes les meilleures places...
Sirius se tendit à côté de Harry et ce dernier sut que son parrain espérait sincèrement que Croupton n'arriverait pas ce soir-là, ne souhaitait pas le croiser. Sirius avait posé une main sur son épaule, comme pour lui dire qu'il était près de lui et ne le lâchait pas, alors qu'il discutait avec Daisy de l'orphelinat.
– Ah, voici Lucius ! lança Fudge.
Harry tourna vivement la tête. Se glissant le long du deuxième rang en direction de trois chaises vides, derrière Mr Weasley, ils virent arriver les Malefoy. Il fut légèrement choqué en voyant que Narcissa avait perdu son air affable pour un masque de froideur presque hautain qui ressemblait terriblement à Walburga. Sirius lui avait expliqué que les apparences étaient plus importantes que tout chez les sangs-purs, mais c'était étrange de le voir en action. Narcissa semblait être une toute autre personne.
– Ah, Fudge, dit Malefoy en tendant sa main au Ministre de la Magie. Comment allez-vous ? Je crois que vous ne connaissez pas mon épouse, Narcissa ? Ni notre fils, Draco ?
– Mes hommages, madame, dit Fudge avec un sourire, en s'inclinant devant Mrs Malefoy. Permettez-moi de vous présenter Mr Oblansk... Obalonsk... Mr... enfin bref, le ministre bulgare de la Magie. De toute façon, il est incapable de comprendre un traitre mot de ce que je dis, alors peu importe. Et, voyons, qui y a-t-il encore ? Vous connaissez Arthur Weasley, j'imagine ?
Il y eut un moment de tension. Mr Weasley et Mr Malefoy échangèrent un regard et Harry se rappela en détail la dernière fois où ils s'étaient trouvés face à face. C'était à la librairie Fleury et Bott et ils en étaient venus aux mains. Les yeux gris et froids de Mr Malefoy se posèrent sur Mr Weasley puis balayèrent le premier rang. Harry le vit pincer les lèvres, comme s'il s'empêchait de faire une remarque désagréable.
– Lucius vient d'apporter une contribution très généreuse à l'hôpital Ste Mangouste pour les maladies et blessures magiques, Arthur. Il est mon invité.
– Ah, bien... très bien..., dit Mr Weasley avec un sourire forcé.
– Cissy ! s'écria Sirius en interrompant sa conversation avec Daisy pour se diriger vers Narcissa et la prendre rapidement dans ses bras.
Si le geste n'était pas aussi chaleureux qu'au Manoir Malefoy, il était clair que Narcissa était horrifiée à l'idée qu'il ait fait cela en présence de public. Lucius dévisagea Sirius avec dégoût, comme s'il se retenait de sortir sa baguette.
– Je suis content de te voir, dit Sirius avant de se tourner vers Lucius avec un sourire malicieux. Bonjour Lucius, quel plaisir de te voir.
Lucius semblait avoir avalé un citron entier et serra la main de Sirius avec dédain, comme s'il n'en revenait pas de ce qu'il faisait. Il n'osa pas lui refuser dès lors que Fudge les observait avec stupéfaction.
– Vous vous connaissez ? s'étonna Fudge.
– Bien sûr, dit Sirius en riant faussement, Narcissa est ma cousine, ce qui fait de Lucius mon cousin par alliance.
– Aucune chance, murmura Lucius à ses côtés.
Draco pouffa à ses côté et Sirius le salua moins protocolairement en ébouriffant ses cheveux. Harry se glissa à côté de Sirius.
– Bonjour Narcissa, Lucius, dit poliment Harry.
Lucius se détendit légèrement et serra sa main, avant que Narcissa ne pose une main douce sur son bras, comme si elle voulait lui témoigner son affection, mais n'osait pas le prendre dans ses bras en public. Harry hocha légèrement sa tête pour lui dire qu'il comprenait et s'avança vers Draco qui recherchait à s'échapper de la poigne de Sirius.
– Salut Draco, dit Harry après une hésitation, avant de voir le sourire en coin de Draco.
– Salut Harry. Tu supportes l'Irlande, rassure-moi ?
– Bien sûr, répondit Harry. Mais Krum est le meilleur Attrapeur de la Coupe.
– Oui, mais pour gagner il faut une bonne équipe, pas un seul bon joueur.
– Le match va commencer, dit Sirius en regardant sa montre. On se voit toujours demain, Cissy ?
– Évidemment, je n'oublie pas mes rendez-vous, moi, répliqua Narcissa avec froideur.
– Ce n'est arrivé qu'une seule fois !
– Une fois de trop, dit Narcissa d'un ton pincé.
Les Malefoy se dirigèrent vers leurs places et Harry croisa les regards stupéfaits des Weasley.
– Je comprends mieux, marmonna Ron après avoir échangé un regard rempli de mépris avec Draco. Le cinéma et tout ça.
– C'est pour Sirius, tenta Harry un peu gêné.
– Tant qu'il ne me cherche pas de noise, je peux gérer votre amitié, assura Ron un peu crispé.
– On n'est pas amis, dit Harry.
– Non, bien sûr, dit Hermione avec ironie. Quand êtes-vous passés aux prénoms ?
– C'est pour Sirius, pour la famille, tu sais.
Ron et Hermione échangèrent un regard dubitatif, mais n'ajoutèrent rien. Ils avaient tous les trois discuté de la nouvelle amitié (qui n'est, évidemment, pas une amitié) entre Harry et Draco et, si ses amis ne l'acceptaient pas vraiment, ils avaient promis de ne rien faire, tant que Draco ne les insultait pas. Une sorte de nouvelle trêve, que Draco semblait avoir accepté puisqu'il n'adressa aucun regard au Trio.
Le coup d'envoi du match fut lancé et Harry oublia Draco pour se concentrer sur le match et sur la performance incroyable de Krum.
.
Sirius se précipita dans la chambre des garçons, baguette au poing, pour les réveiller. Harry dormait de tout son long.
La soirée avait été longue. Après le match, ils avaient partagé un dernier chocolat chaud dans la tente des Weasley, avant d'aller se coucher quand Ginny s'était endormie sur sa tasse. Sirius n'avait pas réussi à fermer les yeux, trop excité par les images qu'il avait vues. Il avait passé un coup de Miroir à Amelia pour lui expliquer le match en long et en large, quand il avait entendu les premiers cris.
Il était sorti de la tente et son sang s'était figé face à la scène en face de lui. Il avait vu des gens courir vers le bois, fuyant quelque chose qui traversait le pré dans leur direction, quelque chose qui émettait d'étranges éclats de lumière et lançait des détonations semblables à des coups de feu. Des exclamations moqueuses, des explosions de rire, des vociférations d'ivrogne lui étaient parvenu.
Une foule serrée de sorciers, avançant d'un même pas, la baguette magique pointée en l'air, traversant lentement le pré. Sirius avait cru défaillir en reconnaissait, à la lueur des feux de camps, des Mangemorts dont les têtes étaient recouvertes de cagoules. Loin, au-dessus d'eux, flottant dans l'air, quatre silhouettes se débattaient, ballottées en tous sens dans des positions grotesques. Sirius avait reconnu Mr Roberts, le directeur du camping. Les trois autres devant être sa femme et ses enfants.
Il avait entendu les éclats de rire, avait vu les baguettes qui enflammaient des tentes, et la procession funeste avancer de plus en plus vers eux et s'était précipité pour réveiller les enfants, le sang pulsant à ses oreilles.
– Debout ! Ron ! Harry ! Vite ! Debout ! cria Sirius en secouant Harry sur le bras.
– Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry, se redressant aussitôt, sa tête heurtant la toile de la tente.
– Vite, on doit partir ! dit urgemment Sirius.
Le temps qu'il se précipite vers la chambre de Hermione pour la réveiller, Harry et Ron s'étaient faufilés à l'extérieur et observaient la femme de Mr Roberts la tête à l'envers, sous les rires gras des Mangemorts.
– C'est répugnant, murmura Ron en regardant le plus petit des enfants moldus qui s'était mis à tourner comme une toupie à vingt mètres au-dessus du sol, sa tête ballottant de tous côtés. C'est vraiment répugnant...
Hermione les rejoint, enfilant une veste par-dessus sa chemise de nuit.
– Je vais aider les gens du Ministère, cria Sirius dans le tumulte, relevant ses manches pour se préparer au combat. Vous, vous rentrez à la maison.
– Sirius, tu... commença Harry en fronçant ses sourcils.
– Harry, écoute-moi attentivement, dit Sirius en posant ses mains sur ses épaules et le regardant gravement. Ce sont des Mangemorts. Tu es en danger ici. Active le portoloin et disparaissez.
– Ma famille, est-ce que... commença Ron visiblement très inquiet.
– J'ai vu tes frères partir pour aider le ministère, informa Sirius, ton père a dû envoyer les enfants se cacher. Vous avez tous vos baguettes ?
– Non, je... J'ai perdu la mienne, ça alors ! s'écria Harry les yeux écarquillés en regardant autour de lui et cherchant dans ses poches.
– Harry ! gronda Sirius. Comment tu as fait pour perdre ta baguette ?
– Je ne sais pas.
– Peu importe. Vous devez partir, je chercherai ta baguette plus tard, dit Sirius urgemment en regardant derrière lui pour vérifier que les Mangemorts n'arrivaient pas sur eux. Touchez la montre de Harry. TOUT DE SUITE ! cria-t-il en voyant qu'ils ne réagissaient pas.
Hermione et Ron posèrent leur main sur la montre de Harry, qui semblait ne pas vouloir partir.
– Harry, s'il te plait. Fais ce que je te dis. Rappelle-toi ta promesse. Je vous envoie un message dès que c'est fini et je vais m'assurer que les Weasley soient en sécurité.
Harry le regarda, visiblement partagé, inquiet à l'idée que Sirius ne risque sa vie. Ils se regardèrent un court instant, avant que Harry ne hoche sa tête, au grand soulagement de Sirius.
– Maraudeur, dit clairement Harry.
Sirius soupira de soulagement en voyant les trois enfants disparaitre, entraînés par le portoloin vers le Square Grimmaurd. Il savait que Kreattur allait les accueillir avec du chocolat chaud et prévenir Remus pour qu'il puisse les soutenir.
Il ne réfléchit pas une seconde de plus et se dirigea vers la foule de Mangemorts en mouvement. Il vit du coin de l'œil plusieurs chevelures rousses et se plaça aux côtés de Bill qui lançait des sorts contre les Mangemorts qui commençaient à se disperser.
– Ils sont trop nombreux ! cria Bill à Sirius.
Leurs baguettes fendaient l'air, cinglaient, attaquaient, mais les Mangemorts avaient une bonne défense. Ils étaient beaucoup plus nombreux qu'eux et avaient surtout l'avantage de se battre en symbiose, habitués à être en groupe.
– Endoloris ! lança un Mangemort.
Un homme qui était venu leur porter main-forte, trop occupé à aider une femme à terre, reçut le sortilège dans le dos et ses hurlements de douleurs résonnèrent dans toute la prairie.
– Stupefix ! lança Sirius avec force en direction du Mangemort qui fut projeté sur plusieurs mètres et s'écrasa contre une tente dans un craquement sinistre.
– Bien joué Sirius ! siffla Bill impressionné.
Certains Mangemorts semblèrent le reconnaître et le visèrent de tous les côtés. Sirius grimaça légèrement en se disant qu'il n'avait pas fait son meilleur mouvement. Tous les Mangemorts ici savaient qu'il s'était opposé à Voldemort. Il était sûr qu'il était une cible de choix. À l'époque déjà, sa tête avait été mise à prix par Bellatrix et il était sûr que les Mangemorts n'hésiteraient pas une seconde à le tuer s'ils avaient l'occasion.
Bill et Charlie vinrent lui prêter main forte et ils réussirent à repousser les Mangemorts, sans toutefois en toucher de nouveaux. Bill reçut un sortilège de découpe dans le bras qui le fit reculer de quelques pas. Au loin, Sirius vit Percy se faire frapper dans le nez par un gros Mangemort.
C'est alors qu'une forme immense, verte et brillante, jaillit de l'obscurité au-dessus des arbres de la forêt, illuminant le ciel. C'était une forme qui représentait une gigantesque tête de mort, composée de petites lumières semblables à des étoiles d'émeraude, avec un serpent qui sortait de la bouche, comme une langue. Elle étincela dans un halo de fumée verdâtre, se découpant sur le ciel noir.
Pendant une fraction de seconde, le temps sembla suspendu à l'apparition de la Marque des Ténèbres. Sirius sentit son cœur se serrer et il crut qu'il allait défaillir sur place. Il savait ce que ça signifiait. Les Mangemorts et les attaquants se figèrent, observant la Marque avec stupéfaction.
Et soudain, une explosion de cris retentit dans le bois alentour. Les Mangemorts semblèrent paniqués et commencèrent à s'agiter avant de transplaner brusquement, un à un, sans que personne ne puisse les retenir.
– Levicorpus ! lança Sirius en direction de Mrs Roberts qui faisait une chute de quatre mètres.
Il avait lancé le premier sort qui lui était venu à l'esprit, mais, même si elle fut suspendue en l'air par la cheville, elle ne se fracassa pas contre le sol. Des hommes et des femmes se précipitèrent vers les Roberts pour les aider à descendre et à atterrir sans qu'ils ne se blessent.
– Où sont les enfants ? demanda brusquement Arthur en se précipitant vers Sirius.
– Ils sont en sécurité. Où sont les autres ?
– Dans le bois, vite. Les garçons allez à la tente s'ils reviennent, dit Arthur avant de transplaner, suivi par Sirius.
Arthur et Sirius parcourent le bois à la recherche des enfants quand ils entendirent des éclats de voix et des lueurs rouges fuser sous la Marque des Ténèbres. Ils se regardèrent un court instant avant de se précipiter dans cette direction. À leur grande stupéfaction, ils virent les jumeaux et Ginny qui étaient recroquevillés sur eux-mêmes, des membres du Ministère autour d'eux lançant des stupéfix.
– ARRÊTEZ ! hurla Arthur. ARRÊTEZ, CE SONT MES ENFANTS !
Arthur s'avança à grands pas vers ses enfants, l'air terrifié, flanqué de Sirius qui menaçait de sa baguette les membres du Ministère. Daisy Rodrigues lui lança un petit sourire désolé, alors qu'il relevait Ginny qui s'accrocha à lui, les larmes roulant sur ses joues.
– Calme-toi, murmura Sirius à son oreille.
– C'est sa Marque, dit Ginny en retour en frissonnant de tous ses membres.
– Je sais. Tout le monde va bien, chuchota Sirius assez vite pour qu'elle comprenne et qu'il puisse reprendre le cours de la conversation. Il n'est pas là.
Cela eut le mérite de calmer la rousse qui hocha légèrement sa tête pour montrer qu'elle avait compris. Sirius se demanda s'il était condamné à devoir rassurer tous les enfants qui avaient un jour fait face à Voldemort.
– Vous n'avez rien ? demanda Arthur d'une voix tremblante regardant les jumeaux qui semblaient sous le choc d'avoir été visés par des sorts.
– Écartez-vous, Arthur, dit une voix sèche et glaciale.
Sirius se crispa en voyant Croupton avancer, baguette à la main.
– Lequel d'entre vous a fait ça ? lança-t-il d'un ton sec, son regard aigu allant de l'un à l'autre. Lequel d'entre vous a fait apparaître la Marque des Ténèbres ?
– Ce n'est pas nous ! protesta Fred visiblement indigné d'être accusé.
– On n'a rien fait du tout ! dit George.
– Ne mentez pas, jeune homme ! Vous avez été pris sur les lieux du crime !
– Barty, murmura Daisy, ils sont trop jeunes. Voyons, Barty, jamais ils ne seraient capables de...
– D'où est sortie la Marque ? demanda précipitamment Mr Weasley.
– De là-bas, répondit Fred d'un ton tremblant, en montrant l'endroit d'où s'était élevée la voix. Il y avait quelqu'un derrière les arbres... Il a prononcé́ un mot...
– Quelqu'un qui se trouvait là-bas ? Vraiment ? dit Croupton en tournant ses yeux exorbités vers les jumeaux, avec une expression de totale incrédulité. Vous me semblez très bien informé sur la façon de faire apparaître la Marque...
Mais apparemment, en dehors de Croupton, aucun autre sorcier du ministère n'estimait vraisemblable que les Weasley aient pu faire surgir la tête de mort. Au contraire, en entendant ce qu'avait dit Fred, ils avaient levé à nouveau leurs baguettes magiques et les avaient pointées dans la direction indiquée, scrutant les arbres.
– Nous sommes arrivés trop tard, dit un autre sorcier. Ils ont tous transplané.
– Je ne crois pas, répondit un sorcier à la barbe sombre et hirsute.
Sirius écarquilla légèrement ses yeux en voyant Amos Diggory, qui était sorti avec Lily pendant quelques mois avant de la quitter, se diriger vers les arbres pour voir si leurs sorts avaient touché quelqu'un.
Quelques instants plus tard, ils entendirent Diggory pousser un cri.
– Oui, on les a eus ! Il y a quelqu'un, ici ! Évanoui ! C'est... Ma parole...
– Vous avez attrapé quelqu'un ? s'exclama Mr Croupton qui ne semblait pas du tout y croire. Qui ? De qui s'agit-il ?
Ils entendirent des branches craquer, un bruissement de feuilles, puis les pas de Mr Diggory qui ressortait du bois. Il portait dans ses bras une minuscule silhouette inanimée. C'était Winky. L'elfe avec laquelle Harry avait discuté avant le match. L'elfe de Croupton.
Croupton ne fit pas un geste, ne dit pas un mot, lorsque Diggory déposa son elfe à ses pieds. Les autres sorciers du ministère avaient tous les yeux fixés sur Mr Croupton. Pendant quelques instants, celui-ci resta stupéfait, le visage livide, son regard étincelant posé sur Winky. Puis il sembla revenir à la vie.
– Ce... n'est... pas... possible, dit-il d'une voix hachée. Non...
– Il faut croire que, même quand on vous met les preuves devant les yeux, vous n'êtes pas capable de les analyser, dit Sirius d'une voix tranchante.
Croupton sursauta et sembla remarquer Sirius pour la première fois. Il lui jeta un regard presque haineux, avant de se précipiter à grand pas vers l'endroit où avait été découverte Winky. Ils l'entendirent s'affairer derrière les arbres, chercher dans les buissons en écartant les branches.
– C'est un peu embarrassant, dit Diggory d'un air sombre. L'elfe de maison de Barty Croupton... Je dois dire que...
– Allons, l'interrompit Arthur à voix basse, tu ne crois tout de même pas que c'est l'elfe qui a fait ça ? La Marque est un signe de sorcier. Il faut une baguette magique pour la faire apparaître.
– Oui, elle en avait une.
– Quoi ? s'exclama Arthur.
– Regarde.
Diggory lui montra une baguette magique et Sirius sentit son sang pulser à ses oreilles. Il allait punir Harry pendant des siècles pour ça.
– C'est la baguette de Harry, dit Sirius sans quitter des yeux le bout de bois.
– Harry ? Harry Potter ? demanda Daisy en fronçant ses sourcils.
– Où est-il ? demanda une femme.
– S'agit-il d'un aveu ? demanda Diggory en fronçant ses sourcils. Potter l'a jeté ici après avoir fait apparaître la Marque ?
Sirius le fusilla du regard et Diggory flancha légèrement.
– Amos, souviens-toi de qui tu parles ! intervint Arthur avec fureur. Est-ce que Harry Potter ferait apparaître la Marque des Ténèbres ?
– Euh, non, bien sûr, marmonna Diggory en rougissant. Désolé... Je me suis laissé emporter.
– Aucun problème, Diggory, dit Sirius d'une voix tranchante. Il est évident que ce Ministère aime accuser des personnes innocentes sans aucune preuve.
Les membres du Ministère se regardèrent un peu gênés, alors que Diggory balbutiait des excuses.
– De toute façon, intervint froidement Sirius, Harry est parti dès le début de l'attaque. Peut-être que nous pourrions partir, ajouta-t-il d'une voix tranchante qui ne laissait pas la place à la contradiction. Les enfants sont fatigués et, de toute évidence, Mr Croupton a des choses à régler avec son personnel.
Arthur hocha la tête, visiblement soulagé que Sirius ne prenne les choses en main.
– Allez-y, dit doucement Daisy en s'approchant d'eux. Il est évident que ce ne sont pas les enfants qui ont fait apparaître la Marque.
– Arthur je ramène les enfants dans la tente, dit Sirius en croisant le regard froid de Croupton qui était sorti de la forêt.
– Je m'occupe de récupérer la baguette de Harry, indiqua Arthur d'un ton doux.
Sirius adressa un petit sourire narquois à Croupton et tourna les talons, suivis par les jumeaux.
– Comment vont les autres ? demanda brusquement Fred, encore un peu pâle.
– Ils vont bien. Ils sont dans la tente. Harry, Ron et Hermione sont en sécurité, ils ont pris un portoloin d'urgence.
– Ils ont arrêté quelqu'un ? demanda George.
– On a eu un Mangemort oui, répondit Sirius avec un soupçon de fierté.
– Et pourquoi est-ce que tout le monde était tellement crispé à cause de cette tête de mort ? demanda Fred alors que Ginny gémissait légèrement.
– Je vous expliquerai tout ça quand nous serons sous la tente, dit Sirius tendu.
En sortant du bois, une foule tenta de leur demander ce qu'il s'était passé, mais Sirius les regarda si froidement que la foule se sépara en deux pour les laisser passer.
– Ouah, j'aimerai savoir faire ça, murmura Fred impressionné.
Sirius vit à son grand soulagement que les jumeaux semblaient s'être remis et souriaient légèrement, ravis de savoir que tout le monde allait bien. Il tenait Ginny par la taille, qui tremblait comme une feuille. Ils traversèrent le terrain de camping, paisible à présent. Il n'y avait plus de trace des Mangemorts, mais plusieurs tentes ravagées par les flammes laissaient encore échapper des filets de fumée.
La tête de Charlie apparut sous l'auvent de la tente des Weasley.
– Sirius, qu'est-ce qui se passe ? Les enfants ne sont pas rentrés...
– Ils sont avec moi, le rassura Sirius en se penchant pour entrer dans la tente.
Les jumeaux et Ginny le suivirent à l'intérieur, secoués. Bill était assis devant la petite table de camping, tenant un drap autour de son bras qui saignait abondamment. La chemise de Charlie était déchirée et Percy saignait du nez.
– Vous l'avez attrapé ? demanda aussitôt Bill. Celui qui a fait apparaître la Marque ?
– Non, répondit Sirius en s'affalant sur un fauteuil. On a trouvé l'elfe de cet idiot de Croupton avec la baguette de Harry à la main, mais on n'en sait pas plus. Votre père est resté avec eux pour tirer l'affaire au clair et récupérer la baguette.
– Quoi ? s'exclamèrent d'une même voix Bill, Charlie et Percy.
– La baguette de Harry ? dit Bill.
– L'elfe de Croupton ? s'écria Percy comme frappé par la foudre.
Avec l'aide des jumeaux et de Ginny, puis de Arthur qui revint quelques minutes après (avec la baguette de Harry), ils expliquèrent ce qui s'était passé dans le bois. Comment les jumeaux et Ginny avaient couru dans la forêt, avant d'entendre une voix masculine prononcer une incantation. Puis, l'apparition de la Marque. Et, enfin, le renvoi de Winky. Lorsqu'ils eurent raconté toute l'histoire, Percy se gonfla d'indignation, mais Sirius n'y prêta aucune attention. Ginny était enroulée contre Bill et semblait encore sous le choc.
– Est-ce que quelqu'un pourrait enfin nous expliquer ce que signifie cette tête de mort ? s'impatienta Fred. Elle n'a fait de mal à personne.
– C'est le symbole de Tu-Sais-Qui, soupira Charlie.
– Ça fait treize ans qu'on ne l'avait pas vue, dit Arthur à voix basse. Rien d'étonnant à ce que tout le monde ait été pris de panique... c'est comme si on avait vu Vous-Savez-Qui revenir.
– Ce n'est qu'une forme dans le ciel, dit George.
– Il faut que tu saches que les fidèles de Tu-Sais-Qui faisaient apparaître la Marque des Ténèbres chaque fois qu'ils tuaient quelqu'un, dit Arthur. Tu n'as pas idée de la terreur qu'elle inspirait... Tu es trop jeune. Imagine que tu rentres chez toi et que tu voies la Marque des Ténèbres flotter au-dessus de ta maison en sachant ce que tu vas trouver à l'intérieur.
– C'est la pire terreur de tout le monde... la pire... ajouta Sirius d'une voix sortie d'outre-tombe.
Il se revoyait partir chez les Bones pour le dîner avec James. Ils avaient trouvé la porte hors de ses gonds. La Marque était là, au-dessus de la maison. Imposante, menaçante. Il y avait eu les corps, le sang, la douleur sur le visage d'Edgar quand ils l'avaient trouvé, assassiné avec toute sa famille. La femme d'Edgar qui avait été défigurée par un sortilège de Magie noire et Amelia qui pleurait toutes ses larmes sur son corps, hurlant comme jamais personne n'avait hurlé.
Sirius sursauta quand il sentit la main de Charlie sur son épaule, comme inquiet. Il comprit qu'il avait dû partir dans ses pensées en voyant tous les regards posés sur lui. Il secoua sa tête et attrapa avec joie le verre d'alcool que lui tendait Arthur.
– En tout cas, dit Bill en enlevant le drap qui lui entourait le bras pour jeter un coup d'œil à sa blessure, celui qui l'a fait apparaître ne nous a pas aidés. Dès qu'ils l'ont vue, les Mangemorts ont été terrorisés. Ils ont tous transplané.
– Mais on a démasqué l'un d'eux, dit Charlie en se tournant vers Sirius. Quel Stupefix !
– Merci, rougit légèrement Sirius. J'ai une formation de Duels, expliqua-t-il en voyant les regards impressionnés. On sait qui c'est ?
– Ouais, c'est un dénommé Rowle.
Sirius hocha la tête, se souvenant de cet individu pour en avoir entendu parler quand il était dans l'Ordre.
– Il est en train d'être interrogé, mais ils ne sauront probablement jamais pourquoi ils ont fait ça, dit Bill en haussant ses épaules. Il ne va pas balancer ses petits copains.
– Que cherchaient-ils en fais...
La voix de Fred fut interrompue car, au même instant, une forme argentée tomba à travers la toile de tente. Gracieux et luisant, un cerf atterrit avec légèreté au milieu de la tente. Le Patronus ouvrit sa bouche et parla avec la voix impatiente de Harry :
– Tous les trois en sécurité au QG avec Lunard. Espérons que tout le monde va bien. Tiens-nous au courant. Rapidement.
Sirius ne put s'empêcher de souffler de soulagement, ravi d'avoir la confirmation que tout allait bien pour Harry. Il était avec Lunard, tout le monde était en sécurité.
– Je rêve ou... commença Charlie les yeux écarquillés.
– C'est un Patronus ? Harry ? devina Bill en haussant un sourcil.
– Il a appris à les faire cette année, indiqua Sirius avec fierté, je ne savais pas qu'il savait les enchanter. C'était le moyen de communication des résistants lors de la première guerre. On ne peut pas travestir un Patronus. Ils sont en sécurité. Arthur, est-ce que tu veux que je ramène Ron ce soir au Terrier ?
– Non, laisse-le profiter de ses amis, si ça ne te dérange pas, dit Arthur avec douceur. Ils auront besoin de se reposer et d'en discuter ensemble. On le récupèrera demain soir, comme c'était prévu.
– Parfait. Je vais rentrer en transplanant, dit Sirius avec un sourire crispé.
Après avoir dit au revoir au reste des Weasley, Sirius s'enfonça dans la nuit en songeant que Voldemort était peut-être plus près de revenir que prévu. Et ce n'était pas une bonne nouvelle.
.
Quand Harry se réveilla, il ne fut pas surpris de sentir l'odeur de bacon inonder la Villa Bleue. Il était persuadé que Kreattur avait passé toute la nuit à cuisiner pour les réconforter de ce qu'il s'était passé la veille. Sirius était rentré assez tard et leur avait raconté l'intégralité des évènements. Ils avaient longtemps parlé des ambitions des Mangemorts, de leur peur de voir revenir Voldemort et de la Marque des Ténèbres.
Ron et Hermione avaient paru horrifiés, mais Harry était simplement dépité. Il s'était retourné dans son lit, sous le son des ronflements de Ron, l'esprit en effervescence. Il n'avait pas réussi à s'endormir, la vision de deux yeux rouges hantant son esprit. Pour la première fois depuis treize ans, la Marque de Voldemort était apparue dans le ciel. Que signifiait tout cela ?
Sirius avait dû savoir qu'il n'arriverait pas à dormir, puisqu'il était monté dans sa chambre peu après et lui avait donné une potion de sommeil sans rêve qu'il avait avalé sans poser de questions. Sirius lui avait embrassé le front et l'avait veillé jusqu'à ce qu'il s'endorme.
– Bonjour Harry, dit Remus qui buvait son café face à la mer, lisant la dernière édition de la Gazette du Sorcier.
– Salut Remus. Il y a des choses intéressantes là-dedans ?
– Rien qu'on ne sache déjà, assura Remus en le regardant d'un air inquiet. Tu vas bien ?
– Il faut croire que le portoloin était une bonne idée.
Remus rit légèrement alors que Harry posait son regard sur sa montre. Il devait avouer qu'avoir eu la possibilité de s'enfuir de cet endroit avait été difficile (parce qu'il ne voulait pas laisser Sirius), mais bénéfique. Ils avaient tous les trois atterrit devant le portrait de Walburga qui avait terrifié Hermione quand elle avait commencé à hurler, avant d'être accueilli par Kreattur qui leur avait mis des chocolats chauds dans la main pour prévenir Remus. Ce dernier était apparu quelques secondes plus tard, l'air hagard et fatigué de sa nuit passée, mais assez en alerte pour les écouter et les réconforter.
Harry avait finalement envoyé un Patronus à Sirius pour le rassurer et, à sa grande joie, il était rentré peu de temps après pour les rassurer, surtout Ron qui était inquiet pour sa famille. Sirius lui avait rendu sa baguette et il avait soufflé de soulagement en sentant le picotement caractéristique au bout de ses doigts. Sirius lui avait fait la morale pendant de longues minutes, lui disant que la première règle était de surtout ne pas perdre sa baguette, avant de le serrer contre lui comme s'il avait peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose.
– Patmol n'est pas là ? s'enquit Harry.
– Il est parti tôt ce matin pour voir les Malefoy, expliqua Remus en se tendant. Il veut savoir s'ils ont quelque chose avoir avec ça. Et il m'a dit de te dire qu'il avait contacté Amelia et que les filles allaient très bien.
– Oh, super, soupira Harry de soulagement. Écoute, je sais que Patmol n'est pas là et j'aurai voulu avoir son avis, mais je voulais savoir si...
– Oui, coupa Remus.
– Oui quoi ? répéta Harry stupéfait.
– Oui, tu peux parler de Voldemort et des Horcruxes à Hermione et Ron si tu penses qu'ils peuvent encaisser le choc.
– Euh... comment tu sais que j'allais demander ça ?
– On te connaît par cœur, Harry, sourit tendrement Remus. Ce sont tes meilleurs amis et on comprend que tu veuilles leur en parler. Sirius a donné son accord aussi. Ils ont montré qu'ils t'étaient loyaux et n'ont jamais révélé tes secrets. C'est ton choix à présent.
– Mais tu ne penses pas qu'ils sont trop jeunes pour avoir conscience de tout ça ?
– Je pense qu'ils savent déjà que Voldemort est toujours là, dit Remus après un court instant d'hésitation. Quant aux Horcruxes... je pense que c'est un fardeau que tu ne dois pas porter seul.
– Vous êtes là, vous.
– Oui, mais ce n'est pas pareil qu'avoir des amis.
– Je croyais que personne ne devait être au courant, répliqua Harry.
– Je pense qu'on est tous les deux d'accord pour dire que jamais ils n'en parleraient à quelqu'un, dit Remus d'une voix douce. Mais tu fais comme tu le sens, Harry. Tu n'as aucune obligation. Nous sommes juste inquiets à l'idée que tu t'éloignes de tes amis en raison de ces secrets.
– Mais Amelia ne veut pas que j'en parle à Susan.
– Je pense que vous n'avez pas la même relation. Susan est encore assez innocente, Ron et Hermione t'ont suivi dans tes aventures, non ? Ils savent ce qu'il se passe, dit Remus. Ils savent que Voldemort est là, ça ne sera pas un grand choc.
– Je vais y réfléchir.
Harry attrapa un croissant français au moment où Hermione sortait sur la terrasse, l'air encore un peu hagard de la nuit passée.
– Bonjour Hermione, salua Remus en lui servant une tasse de son thé préféré. Bien dormi ?
– Pas assez, grinça Hermione.
– C'est la Marque qui t'a empêché de dormir ? s'enquit Harry.
– Un peu, mais c'est surtout la situation de Winky. Les elfes n'ont vraiment pas la vie facile ! s'exclama Hermione avec indignation. En fait, c'est de l'esclavage et rien d'autre ! Ce Croupton a obligé Winky à monter tout en haut du stade alors qu'elle avait le vertige et il sait parfaitement qu'elle n'est pas coupable, mais il veut quand même la renvoyer ! Il s'en fiche d'elle... C'est comme si elle n'était pas humaine !
Hermione prit une grande inspiration après son grand discours et rougit en voyant les regards des deux garçons sur elle.
– Les elfes sont heureux de leur sort, non ? dit Harry un peu hésitant. Winky a aimé servir Croupton, comme Kreattur et Dobby.
– C'est un système injuste et révoltant. Tu sais bien comment était traité Dobby avant que tu ne le libères non ? dit brusquement Hermione. Pourquoi est-ce que personne ne fait rien contre ça ?
– Je suis tout à fait d'accord avec toi, dit Remus en souriant légèrement. Mais tu sais, ce n'est pas si simple de changer les choses.
– C'est simplement parce que les gens sont trop paresseux... je suis outrée ! Combien de personnes traitent réellement bien leurs elfes ? Et je parie qu'ils ne sont pas payés ! Harry, j'ose espérer que vous payez vos elfes ?!
Hermione le toisa d'un regard furieux et Harry hocha vivement sa tête en déglutissant avec difficulté sous l'intensité de son regard.
– Tu pourrais en discuter avec Kreattur et Dobby, proposa Remus avec douceur. Ils ont chacun une vision différente de la vie des elfes de maison.
– Ça peut être intéressant, murmura Hermione. Pour changer de sujet, j'ai juste une petite question...
– Oui, tu peux, dit Remus.
Hermione haussa un sourcil en direction de Remus, alors que Harry éclatait de rire.
– Il fait ça tout le temps, c'est si agaçant, souffla Harry.
– Tu ne sais même pas ce que je vais demander, opposa Hermione.
– Tu veux me demander si tu veux aller dans la bibliothèque du Square Grimmaurd. La réponse est oui, mais pas aujourd'hui. Sirius m'a dit de te dire qu'il devait te montrer les livres que tu es autorisée à lire, il y a des protections plutôt sévères contre les enfants trop curieux.
– Oh, super, rougit Hermione un peu déçue de ne pas pouvoir y aller tout de suite.
– Mais comme on savait que tu allais nous demander ça, je t'ai fait une sélection de livres. Ils sont dans le salon, ajouta Remus avec un sourire en coin alors que Hermione se levait précipitamment pour aller chercher la pile.
– Tu as fait ça cette nuit ? s'étonna Harry.
– Nous n'avons pas dormi, reconnut Remus. Et puis, je m'entraîne pour mon futur job.
– C'est merveilleux ! s'exclama Hermione les yeux brillants de larmes en emportant un livre sur la terrasse. Grandeurs et décadences noires, tu te rends compte Harry ? Ce livre coûte une fortune. Merci Remus ! Tu vas être un super libraire.
– Je l'espère, rougit Remus.
– Comment avancent les travaux de la librairie ? demanda Harry.
– Bien, bien.
Le temps que Remus leur raconte l'avancée de sa boutique, Ron émergea du sommeil et Harry proposa de passer l'après-midi sur la plage, au grand plaisir de ses amis.
.
Harry attendit quelques heures avant d'oser parler à Ron et Hermione de Voldemort. Il ne savait pas comment présenter les choses sans leur faire peur. Mais il était heureux de savoir que Remus et Sirius étaient derrière lui. Ils avaient raison, Harry avait besoin de parler de la situation avec eux. Les secrets qu'il avait les éloignait beaucoup trop. Ils étaient ses meilleurs amis, ceux qui l'avaient suivi dans toutes ses aventures. Ils avaient tout autant le droit de savoir ce qu'il se passait.
– Ça ne va pas, Harry ? demanda Hermione quand elle vit qu'il les fixait depuis un long moment.
Ils étaient installés sur le sable, entouré d'un jeu de cartes, sous le soleil brûlant.
– Je dois vous parler de quelque chose, dit Harry d'une voix tendue.
Ron se redressa brusquement, en alerte, comme s'il avait compris que cette conversation allait changer les choses à jamais. Hermione, elle, fronça ses sourcils et observa attentivement Harry.
– C'est à propos de Vol... enfin, de Vous-Savez-Qui, se corrigea Harry en voyant Ron et Hermione sursauter de peur.
– On sait qu'il va revenir, dit Hermione d'une voix douce avant de poser ses cartes sur le sable. Brelan par les as !
– Quoi ? s'écria Ron en écarquillant ses yeux. Comment tu as fait ça ?
– Je joue aux cartes depuis que je suis petite, répondit malicieusement Hermione.
– Et tu n'as pas pensé à nous le dire avant qu'on t'explique les règles ? On a décidé d'y aller doucement pour toi, Hermione, geignit Ron.
– Vous ne m'avez rien demandé !
– Tu es pire qu'une Serpentard, dit Ron l'air stupéfait que Hermione ait si bien caché son jeu.
– Attendez, je vous dis que le plus grand mage noir de tous les temps va revenir et c'est tout ce que ça vous inspire ? fit Harry, stupéfait.
– Harry, on sait qu'il va revenir depuis la première année, dit Ron sur le ton de l'évidence. Au cas où tu ne t'en souviendrais pas, il était sous le turban de Quirrell. Derrière sa tête.
– On n'en a jamais reparlé donc...
– Parce qu'on pensait que tu ne voulais pas, dit Hermione en haussant ses épaules. Mais bien sûr qu'on sait qu'il va essayer de revenir.
– Surtout avec Pettigrow qui a disparu, frissonna Ron en repensant sans doute à son rat.
– Et vous savez que...
– Qu'il va chercher à te tuer ? Oui, aussi, dit Hermione visiblement amusée par ta stupéfaction. Quoi ? Tu penses vraiment qu'on est aveugles ?
– Tu as fait échouer ses plans au moins trois fois, je pense qu'il doit avoir quelque chose contre toi, ricana Ron.
– Oh, soupira Harry soulagé. Et vous voulez quand même traîner avec moi, même si je suis...
– Harry, on te l'a déjà dit. On est avec toi, jusqu'au bout, dit Hermione en attrapant sa main.
– S'il veut te tuer il devra nous passer sur le corps, renchérit Ron sérieusement.
Harry resta suspendu à ce moment, entouré de Hermione et Ron, un peu stupéfait, mais pas surpris qu'ils acceptent la situation. Malgré les disputes et tout ce qu'il s'était passé, ils étaient toujours restés tous les trois, unis, face à l'adversité. Face à Voldemort.
– Bon on termine cette partie ? demanda Ron pour rompre la tension.
– Non, il y a d'autre chose, dit brusquement Harry en soupirant. C'est... Je ne sais pas si...
– Dis-nous ! dirent Ron et Hermione d'une même voix.
– C'est assez terrifiant...
– On peut gérer, assura Hermione. Si ça concerne Tu-Sais-Qui, ça nous concerne aussi.
– On t'a dit qu'on n'allait pas partir en courant, qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
Harry prit une grande inspiration et commença alors à tout leur raconter : la découverte des Horcruxes par Regulus, les recherches faites avec Sirius, le journal de Jedusor, le médaillons, l'Ordre des Maraudeurs, la prophétie et, enfin, l'Horcruxe dans sa cicatrice.
Ses meilleurs amis réagirent comme Harry s'y était attendu. Hermione n'avait pas lâché sa main qu'elle serrait avec une force étonnante et elle récitait des citations de livres qui pourraient les aider pour trouver les autres Horcruxes, alors que Ron semblait abasourdi et regardait Harry comme s'il allait disparaître sous ses yeux.
– Voilà, dit finalement Harry pour les sortir de leur torpeur.
– Oh, Harry ! s'écria Hermione les larmes en yeux en lui sautant dessus pour lui faire un câlin. Tout ce que tu as vécu, c'est...
– Je vais bien maintenant.
– Tu as eu un bout de Tu-Sais-Qui dans ton cerveau, murmura Ron en grimaçant. Comment tu te sens par rapport à ça ?
– Au début c'était dur, mais je me sens beaucoup mieux maintenant.
Harry leur expliqua les traitements qu'il avait suivi au CMD, sans évoquer les Dursley, même s'il était sûr que Ron et Hermione avaient compris, mais également sa Magie qui était beaucoup plus incontrôlable.
– Il faudra qu'on apprenne le plan par cœur, dit sérieusement Hermione, au cas-où tu aies une crise magique, qu'on sache comme gérer.
– Bonne idée. Si tu pouvais simuler une crise pendant les cours de Potions, je prendrais le tour de garde, ironisa Ron en lui donnant un petit coup de coude taquin.
– Vendu, rit Harry en hochant sa tête. Donc ça ne vous semble pas... Vous ne pensez pas que je suis fou ?
– Ma sœur a été possédée par Voldemort, franchement ça ne m'étonne même plus, dit Ron pragmatiquement.
– Et le fait qu'il ait fait ça pour rester en vie ne nous étonne pas non plus, grimaça Hermione. Même si c'est juste affreux. La prophétie a enclenché tout ça, évidemment, ce qui montre à quel point les gens sont crédules de cet aspect de la magie, dit-elle d'un ton pincé.
– Ça peut être vrai, remarqua Ron.
– On va dire que non, dit brusquement Hermione.
Ron rougit en comprenant, qu'en effet, il valait mieux que la prophétie ne soit pas vraie.
– Selon Remus elle s'est déjà réalisée, puisque le bout de Voldemort en moi a été détruit, expliqua Harry sans prêter attention au sursaut de ses amis, je l'ai finalement tué. Donc normalement on n'a pas à s'inquiéter de la prophétie.
– Ça se tient, murmura Ron intrigué.
– Comment on créer un Horcruxe ? demanda Hermione pour changer de sujet, détestant plus que tout la Divination. Quoi, c'est juste à titre informatif ! se défendit Hermione en voyant le regard appuyé de Ron.
– On tue quelqu'un, dit Harry en frissonnant.
Ron verdit légèrement.
– Et pour le détruire ?
– Il faut une substance tellement puissante que... je ne sais plus exactement, rit Harry. En gros, on va utiliser un croc de basilic.
– D'où la descente dans la Chambre, comprit Hermione. C'est ingénieux.
– Merci, rit Harry. Tu as l'air d'en douter ?
– Je ne crois pas vraiment à tes plans, dit Hermione après une hésitation, ils se retournent souvent contre nous.
– Un plan ? Depuis quand Harry suit un plan ? ricana Ron. Je te rappelle qu'il nous a envoyé chez des araignées géantes parce que Hagrid l'avait conseillé.
– On s'en est sorti, plaida Harry.
– Plus ou moins, grimaça Ron. Bon et est-ce qu'on peut aider pour les Horcruxes ?
– Je ne pense pas, les adultes veulent s'occuper de tout, soupira Harry.
– C'est une bonne chose, dit Hermione. Vous allez pouvoir vous concentrer sur vos études maintenant.
– Aujourd'hui je veux me concentrer sur le jeu de cartes, avant que Harry ne se fasse assassiner, dit Ron sur le ton de l'humour.
Harry approuva joyeusement en songeant qu'il n'aurait pas pu rêver avoir de meilleurs amis qu'eux deux.
.
– Comment ils ont réagi ? demanda Sirius quand il arriva dans la Villa Bleue après avoir déposé Ron au Terrier.
– Plutôt bien, dit Harry en s'affalant dans le canapé. Un peu sous le choc, mais ils vont me soutenir.
– C'est bien, assura Sirius qui semblait tout aussi épuisé que lui.
– Et toi, comment ça s'est passé ?
– C'était intense. Narcissa était dans tous ses états et j'ai mis des heures à la calmer.
Sirius n'était revenu à la Villa Bleue qu'en fin d'après-midi et avait proposé de déposer Ron pendant que Remus déposait Hermione chez elle, laissant ce dernier expliquer aux parents de Hermione tous les évènements de la nuit passée. Sirius avait considéré que Remus avait un meilleur sens de la communication et pourrait leur expliquer plus calmement, et sans inquiéter les Granger, ce qu'il s'était passé.
– Lucius semblait très en colère. Il m'a assuré qu'il n'avait rien avoir avec ça.
– Il a accepté de te parler ? s'étonna Harry.
– Je crois que voir sa femme comme ça l'a bouleversé, admit Sirius en grimaçant. Il m'a dit qu'il avait entendu des rumeurs et que sa Marque était devenue plus sombre ces dernières semaines.
– Ce qui signifie...
– Que Voldemort regagne des forces, soupira Sirius. Il va revenir plus vite qu'on ne l'espérait. Il faut qu'on renforce l'Ordre des Maraudeurs de toute urgence.
– Et donc, les Malefoy ? Ils ne savaient vraiment pas qu'il y aurait une attaque ?
– Apparemment, Lucius a été contacté par un ancien Mangemort, au mois d'août, mais a décidé de ne pas répondre. Il m'a dit qu'il avait fait son choix quand tu lui as parlé lors du repas.
Sirius le regarda avec un air fier qui réchauffa le cœur de Harry.
– Donc ils ne suivront pas Voldemort ? comprit Harry en soupirant de soulagement.
– Non. Non, ils ne le suivront pas. Le fait qu'il n'ait pas répondu à l'invitation de ses amis l'a déjà placé dans une mauvaise posture. Et Narcissa a accepté le poste de Directrice de l'orphelinat. Donc, avec ça, ils se positionnent officiellement contre Voldemort. Lucius m'a indiqué qu'il ferait tout pour que le Mangemort qu'on a réussi à arrêter soit puni.
– Donc, nous avons de nouveaux alliés ? comprit Harry les yeux écarquillés.
– Oui. Lucius sera là à la prochaine réunion de l'Ordre des Maraudeurs pour nous parler de ce qu'il sait. Il a fait un serment magique de ne rien révéler, donc je suppose qu'il est plutôt sérieux. Même s'il reste con, au moins il va essayer de nous aider.
Sirius semblait à la fois épuisé et soulagé.
– Tu as parlé de renforcer l'Ordre des Maraudeurs, tu as quelqu'un en tête ?
– Oui. J'ai demandé à Bill Weasley s'il serait d'accord pour participer à une réunion sur un sujet de Magie noire avant son départ, dit Sirius. On se réunira après la rentrée. Ça te va ? Comme je l'ai vu chez les Weasley, j'en ai profité pour lui demander.
– C'est une bonne idée, Bill est très doué, dit Harry en souriant largement.
– Il va nous être utile, surtout avec ses connections à Gringotts. Je pense qu'il était très inquiet pour Ginny, apparemment elle a très mal vécu l'apparition de la Marque et d'avoir été accusée par cet idiot de Diggory.
– Tu le détestes parce qu'il est sorti avec ma mère, sourit Harry.
– Toi aussi tu le détesterais si tu avais ces images affreuses dans la tête, rit Sirius. Allez, on aura le temps de discuter de tout ça plus tard. Vas te coucher, fils.
Harry sourit largement et fit un câlin à Sirius, le cœur tambourinant de joie.
– Et merci pour le portoloin, murmura Harry à son oreille.
– Je t'avais dit que ça serait utile ! dit fièrement Sirius.
.
– Stefan, je peux te poser une question ?
Stefan releva la tête de son ouvrage et fixa Harry avec attention. Harry se dandina légèrement sous son regard inquisiteur.
Il venait tout juste de finir sa dernière séance avec Irina avant qu'il ne reparte à Poudlard et il était encore émotionnellement à vif. L'apparition de la Marque avait été plutôt complexe à gérer et ses cauchemars étaient revenus. Il revoyait Sirius partir à l'assaut des Mangemorts cette nuit-là et ne pas en revenir. Heureusement, sa Magie ne s'était pas manifestée, mais il se sentait encore un peu tendu et espérait que cette sensation disparaîtrait rapidement.
À sa plus grande joie, Mihai, qui s'occupait en ce moment de Sirius, lui avait donné son accord pour qu'il abandonne la moitié de ses potions. Il avait pris tout le poids conseillé par Mihai au début de l'été et il n'avait plus que deux potions à prendre chaque jour : celle pour calmer sa Magie et celle pour sa croissance et les nutriments essentiels. Il lui avait également fourni des potions de sommeil, au cas-où, mais lui avait fait promettre de ne pas en abuser, ainsi qu'un plan très précis sportif et alimentaire à suivre à la lettre pour que, d'ici l'été prochain, Harry puisse être définitivement guéri. Harry ne s'était jamais senti aussi bien et était ravi de ne plus avoir toutes ces potions affreuses à ingurgiter.
– C'est à propos de ta Magie ? demanda Stefan. Tu sais, je trouve que tu gères très bien et il y a vraiment peu de chances que tu exploses magiquement maintenant. Je suis plutôt confiant pour toi, surtout si tu continues l'occlumancie.
– Euh... Super, merci, dit Harry en rougissant.
Les entrainements avec Sirius avaient vraiment porté leurs fruits et Harry le sentait. Il ne sentait plus sa Magie incontrôlable, sauf quand Sirius était parti affronter les Mangemorts, mais il avait réussi à la gérer. De la même façon, il maîtrisait mieux sa puissance et arrivait à doser ses sorts comme il le faisait avant, sans finir épuisé en raison de la force magique utilisée.
– Mais ce n'est pas par rapport à ça. C'est par rapport au pendentif.
Le regard de Stefan se posa immédiatement sur le collier de Harry.
– J'ai une amie, Hermione... Elle a réussi à le toucher et...
Stefan recracha le verre d'eau qu'il était en train de boire et regarda Harry les yeux écarquillés.
– Tu te moques de moi ?
– Euh, non, balbutia légèrement Harry en voyant le regard triomphant de Stefan.
– Tu sais ce que ça signifie, n'est-ce pas ? demanda Stefan en réprimant un éclat de rire.
– Ce n'est pas ça ! dit Harry en levant ses yeux au ciel. Après tout ma mère et moi on pouvait la toucher donc peut-être que c'est simplement qu'elle marche pour plusieurs personnes, non ?
– Le fait que toi et ta mère pouviez toucher la pierre signifie simplement que votre Magie était intrinsèquement liée. Comme on te l'a dit, la pierre vous a choisi. Soit Lily, soit toi, mais elle vous a choisi tous les deux au final. Ton Hermione n'était pas dans l'équation. Cela rejoint ce que je pensais. Je suis persuadé que ton père pouvait toucher la pierre de ta mère lui aussi.
– On ne sait pas s'il pouvait vraiment la toucher, répliqua Harry, peut-être qu'elle disparaissait ou que...
– Je n'y crois pas, dit Stefan amusé. Je suis convaincu dès le début que James pouvait aussi la toucher, parce qu'il était l'âme-sœur de ta mère. La pierre ne se cache que quand elle est menacée. James n'a jamais parlé de la pierre à Sirius, je pense qu'il lui aurait dit si sa femme avait un collier qui disparaissait, non ? Et ça me paraît étrange que la pierre puisse penser comme ça.
– Sans doute, murmura Harry un peu sous le choc.
– Tu ne connais pas le proverbe très célèbre qui dit "l'amour ne dure...
– Oui, je sais ! coupa brusquement Harry en levant ses yeux au ciel. Mon meilleur ami est passionné par les pierres et il m'en a parlé. Masi c'est ridicule, non ? Ça n'existe pas une âme-sœur.
– Tu le crois vraiment ? dit Stefan en haussant un sourcil. Je pense que au contraire que c'est la plus belle des magies qui existe dans notre monde.
– Je ne te pensais pas si romantique, ironisa Harry un peu choqué par ces révélations.
– Comment ça ? Oh, c'est vrai, vous les anglais vous avez une façon très manichéenne de voir les choses, ricana Stefan. Mais un âme-sœur chez nous n'est pas forcément amoureux comme tu l'entends. Par exemple, si c'est ton père qui avait pu toucher la pierre, Sirius aurait pu lui aussi la toucher selon moi, parce qu'ils étaient des âmes-sœur amicaux. Tu vois ce que je veux dire ?
– Donc, je ne suis pas obligé de sortir avec Hermione ?
– Il n'y a rien qui t'obligera à faire quoi que ce soit, assura Stefan. Pas même un cristal de roche. Mais il faut que tu saches que la Magie agit toujours pour une bonne raison. Si ton amie peut toucher le cristal, c'est pour une raison. Ce peut-être parce que vous êtes comme des frères et sœur, parce qu'elle est la bonne pour toi, je ne sais vraiment pas et ça sera à toi de le découvrir. Tout ce que je peux te conseiller, c'est de garder cette personne proche de toi. Mais je te conseille de ne pas trop y penser. Laisse-toi guider par ce que tu ressens et pas par ce que la pierre veut. Si ça doit se faire, ça se fera.
– Est-ce que tu penses qu'un jour on va me laisser tranquille avec les théories et les phénomènes magiques inexpliqués ? soupira Harry.
– Tu es sûr que tu ne veux pas faire l'objet d'une étude ? demanda avidement Stefan.
– Aucune chance. Je veux une vie tranquille, c'est possible ?
– Tu es Harry Potter, tu n'auras jamais de vie tranquille, rit Stefan. Je vais chercher un ouvrage sur les pierres qui pourra répondre à tes questions, ça te va ? Et n'hésite pas si tu as des questions ou si la pierre fait quelque chose d'étrange, je suis toujours joignable par hibou.
– Merci, souffla Harry un peu rassuré. Et est-ce que tu peux ne...
– Je ne dirai rien à Sirius, promit Stefan en chuchotant d'un ton conspirateur. Maintenant, laisse-moi apprécier cette beauté de bibliothèque. Je crois que trois jours ne seront pas suffisants pour que je découvre tous les secrets de cette maison.
Harry rit légèrement en laissant Stefan lire les ouvrages de Magie noire prêtés par Sirius. Il ne savait pas s'il était rassuré ou non suite à cette conversation. Tout ce qu'il savait c'est qu'il ne se laisserait pas influencer par une pierre. Il allait mettre ça de côté de son esprit et il verrait plus tard. Il adorait Hermione, bien sûr, mais il ne voulait pas sortir avec elle juste parce qu'une pierre le lui disait. Il l'adorait et, oui, c'est sûr qu'ils s'étaient bien trouvés. Ils se comprenaient tout de suite, ils se soutenaient, mais il n'avait pas besoin qu'une pierre le lui dise. De toute façon, il avait beaucoup de trop de choses à penser avant. Il réfléchirait à ses sentiments quand Voldemort ne serait qu'un lointain souvenir.
.
– Ça va me manquer, souffla Harry le regard figé sur la mer face à lui.
– Tu vas nous manquer, corrigea Sirius la voix tremblante.
– C'étaient de belles vacances, non ? tenta Remus.
Les trois hommes étaient installés sur la terrasse de la Villa Bleue, appréciant leur dernier repas avant le départ de Harry pour Poudlard. Ils avaient dégusté un repas succulent préparé par Kreattur pour l'occasion et Harry se sentait triste à l'idée de quitter ce paysage paradisiaque.
Il savait qu'il ne reviendrait pas avant le mois de décembre et ça lui paraissait être dans des siècles. Il fut un temps où il aurait été heureux d'être le 31 août, impatient de retourner à Poudlard qu'il considérait comme sa maison. Mais ce n'était plus vraiment le cas.
S'il adorait Poudlard et qu'il avait hâte de revoir ses amis, il aimait encore plus Sirius et Remus. Ils avaient tout juste commencé à construire leur famille et ça allait être dur de les quitter pour quatre longs mois.
Les réveils en fanfare allaient lui manquer, les footings sur la plage avec Sirius, les entraînements avec Remus, les éclats de rire, les repas partagés ensemble, les batailles de nourriture, les batailles de sorts tout court. Le cinéma dans lequel ils avaient pris leurs habitudes, les balades dans leur village, les chocolats chauds du soir et Remus lui racontant leurs plus belles histoires.
Outre tout cela, c'étaient surtout Sirius et Remus qui allaient lui manquer. Ils s'étaient tant rapprochés tous les trois, pas à pas, parfois avec difficulté et avec des accrochages, mais ils étaient restés soudés. Unis face à tout ce qu'ils avaient traversé. Harry avait été enfin adopté et se considérait comme le fils de Sirius, mais aussi de Remus qui avait pris une part importante dans sa vie. Harry les aimait tous les deux.
Son père et son parrain.
Pour la première fois de sa vie, Harry était triste de retourner à Poudlard. Sa maison et sa famille allaient lui manquer.
.
.
FIN DE LA PARTIE TROIS
La partie trois se termine donc (enfin). Elle a mis beaucoup plus de temps à être publiée que les autres, mais comme vous le savez, j'ai passé des concours pendant cette période donc je suis quand même contente de vous avoir sorti la partie trois sans trop d'interruptions.
Cette partie restera dans ma mémoire comme celle qui m'a permis de m'évader quand je travaillais et qui, se termine parfaitement bien par l'obtention de mon examen, donc c'est avec un petit sentiment de tristesse que je la clôture, mais d'excitation à l'idée de vous présenter la partie quatre !
Cette partie fait en tout 155.000 mots, il y a un NaNoWriMo dedans et beaucoup, beaucoup d'amour ! Je suis très contente de l'accueil que vous lui avez réservé, donc merci à vous tous !
Pour l'amour d'un filleul est publiée depuis six mois à présent et je voudrais vous remercier pour les 100.000 vues, les 480 followers, 381 favoris, 857 reviews c'est juste incroyable ! Sans vous, je ne serai rien, donc merci à vous tous qui lisez l'histoire et appréciez les aventures de Harry et Sirius. J'espère que la suite vous plaira tout autant.
Je ne sais pas quand le prochain chapitre sera publié, je vais laisser un petit peu de temps pour que chacun puisse lire les quatre derniers chapitres publiés (je sais que certains ne sont pas encore à jour, donc je vais leur laisser le temps de rattraper la publication). J'espère que vous serez toujours là pour suivre les aventures de Sirius & Harry !
À très vite !
Lucie.
.
.
