PARTIE QUATRE – Harry n'a qu'un seul objectif cette année : gagner la Coupe de Quidditch des Trois Écoles. Mais c'est sans compter sur la lutte secrète contre Voldemort qui s'intensifie, les projets de Sirius et Remus, les menaces qui pèsent sur lui et de nouvelles relations qui viennent tout remettre en cause.
Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck98 (merci !)
Maugreyi33 : Merci pour ta review e bienvenue sur cette histoire ! Totalement d'accord avec toi, les couples Harry/Daphné ou même Harry/Fleur sont très rares sur la plateforme. J'espère que la suite va te plaire.
Lefoudeslivres : Merci pour ta review ! Pour la romance je ne dis trop rien pour le moment. D'abord pour garder du suspens, mais aussi parce que je ne sais pas trop où je vais moi-même haha.
MAYSCH : Merci pour ta review ! Je suis ravie que l'histoire te plaise. Je te remercie pour les compliments sur les personnages, car c'est sur ça que je passe le plus de temps. J'ai envie de dire, pour les couples TOUT est possible. Mes correctrices peuvent en témoigner, on a eu de longues discussions à ce sujet, mais je ne sais pas moi-même où je vais donc je ne dis ni oui ni non, désolée haha.
Auddisagility : Merci pour ta review ! ;)
Kccb : Merci pour ta review ! Contente que le traitement de Hagrid te paise et surtout le chapitre, je te remercie. Les enfants recueillis par Narcissa seront présents dans le prochain chapitre ;) Merci à toi et à très vite.
Stephanie : Merci pour ta review, comme d'habitude c'est un plaisir de te lire. Je suis contente que le chapitre t'ait plu, j'avais un peu peur parce qu'il y avait beaucoup de Quidditch, mais finalement ça allait haha. Pour les couples ce qui est certain c'est qu'il n'y aura pas de Ron/Hermione, mais moi j'adore Ron et Ginny donc ils auront leur place quand même dans l'histoire ! Je te souhaite également une très belle année. J'espère que cette suite te plaira ;)
Guest : Merci pour ta review et une très belle année à toi également !
Shadow : Merci à toi pour ta review comme toujours. Je suis contente que le chapitre t'ait plu. Pour Theo je ne sais pas trop encore, mais je ne pense pas trop. Il y a malheureusement beaucoup trop de personnages dans cette histoire, donc certains qui n'ont pas encore eu leur "moment de gloire" donc je pense que Theo ne fera pas trop partie de l'histoire. Bonne lecture !
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N/A : Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez tous très bien. Comme d'habitude je vous donner quelques petites informations avant de découvrir ce nouveau chapitre.
1) Le chapitre fait 22 000 mots, ce qui en fait le plus looong de tous les chapitres postés sur cette histoire. Donc, prenez un thé, un café, un chocolat chaud (les lecteurs du Refuge le savent bien depuis le dernier chapitre ;)). Je ne vous en voudrais pas si vous le lisiez en plusieurs fois haha.
2) Comme toujours un immense merci à mes deux correctrices incroyables sans qui ce chapitre aurait ressemblé à un tas de bouse de dragon. Merci de me supporter avec mes "on supprime tout" ou "on corrige l'intégralité du paragraphe au lieu d'un mot", de corriger chaque phrase avec attention, de me donner vos avis sur certains points et de rendre cette histoire meilleure.
3) S'agissant du rythme de publication ou même de la suite, je ne promets vraiment rien. Je suis vraiment débordée en ce moment et malgré toute l'aide de mes deux correctrices, je pense qu'un chapitre toutes les deux semaines sera vraiment le minimum, désolée. Mais bon, le chapitre fait 22 000 mots vous pouvez donc choisir de le lire d'une traite ou de lire 1500 mots par jours jusqu'à dans deux semaines haha.
4) Ce chapitre est long, il est dense, il est plein de pistes pour la suite et j'espère sincèrement qu'il vous plaira.
5) Je vous retrouve à la fin pour une deuxième note d'auteur très importante !
Bonne lecture à tous !
Partie 4. Chapitre 4.
"Les champions"
– Plus vite, Harry !
Harry puisa dans ses derniers retranchements, courant de toutes ses forces, alors que ses muscles lui hurlaient de s'arrêter. Son cœur tambourinait à une telle vitesse qu'il avait l'impression qu'il allait s'évanouir, alors que tout son corps était douloureux. Il n'avait qu'une seule envie ; rentrer se coucher dans son lit en maudissant sur dix générations les capitaines de Quidditch.
Il passa la fausse ligne d'arrivée (délimitée par deux sacs à dos) à pleine vitesse, avant de s'effondrer sur le sol froid et humide, le souffle court, la gorge en feu, avec l'envie irrépressible d'assassiner le capitaine de l'équipe de Poudlard.
La tête de Miles Bletchley apparut dans son champ de vision. Miles, montre à la main, pinça les lèvres de frustration.
– Encore un peu lent, asséna Miles alors que les envies de meurtres de Harry se précisaient dans sa tête.
– Tu... rigoles... ?! J'ai... été... aussi... vite... que... je… le... pouvais... !
Harry cracha à moitié ses poumons, avant de fusiller Miles du regard qui resta impassible, quasiment insensible. Alors que tout était entièrement de sa faute ! Le capitaine lui avait proposé de s'entraîner avec lui le matin pour soi-disant améliorer ses performances au Quidditch.
Mais Harry n'avait absolument pas été prévenu que son entraînement serait aussi intense. Miles l'obligeait à se lever à l'aube pour le faire courir, lui lançait des balles enchantées pour améliorer ses techniques d'esquive, lui faisait faire du renforcement musculaire et le faisait sprinter en fin de séance autour du lac noir.
Harry n'avait jamais été aussi épuisé de sa vie. Il ne sentait même plus ses jambes le soutenir.
– Tu as une bonne endurance, mais ce n'est pas suffisant, constata simplement Miles. Il faut améliorer ta vitesse, parce que c'est ce qui te sera utile quand tu voudras attraper le Vif d'or. On doit impérativement travailler sur ça.
Harry gémit de frustration et de douleur, avant d'attraper la main tendue de Miles qui l'aida à se relever.
– Tu es pire qu'Olivier !
– Je prends ça comme un compliment, assura Miles avec un sourire fier qui horripila Harry.
– C'est loin d'en être un, pourtant. Tu es un monstre. Pourquoi tu me fais ça ?
– Parce que je dois entraîner l'équipe de Poudlard et pas seulement l'équipe de Serpentard. Ce n'est pas du tout la même chose, ni la même pression. Tu te rends compte de l'impact que cette sélection va avoir sur nous ?
– Euh, pas vraiment, admit Harry en haussant les épaules. C'est si important que ça ?
– Bien sûr. Cette Coupe, c'est le moyen d'être repéré par une équipe professionnelle, expliqua Miles. Mais c'est aussi une question d'honneur. En plus de représenter Poudlard, on représente l'Angleterre toute entière.
– Dit comme ça, c'est plutôt flippant, murmura Harry, la gorge sèche.
– Si ça peut t'aider à te faire comprendre que c'est du sérieux, tant mieux, répondit Miles. Les autres équipes seront préparées, tu peux en être sûr ! Ça va être un vrai carnage et on doit être prêt à les combattre si on veut les écraser comme des moucherons.
– Ce n'est pas un peu extrême ? s'enquit Harry.
– Tu verras Harry, mais c'est sûr que les autres pays seront aussi prêts que nous à en découdre.
– Mhm, fit Harry, peu convaincu. C'est juste pour s'amuser tu sais.
– Vraiment ? ironisa Miles. Ne me dis pas que tu ne veux pas tenter ta chance dans une équipe professionnelle, j'ai vu tes yeux s'illuminer quand on a parlé des Flèches l'autre jour. Tu es talentueux, c'est certain. Tout le monde le sait. Mais mon boulot, en tant que capitaine, c'est de transformer ton talent naturel en un talent professionnel. Et la seule manière de le faire ; c'est de travailler.
Harry sentit son cœur battre un peu plus rapidement. Il ne pouvait pas nier qu'il envisageait de passer professionnel. Il ne pouvait pas s'empêcher d'y penser depuis qu'ils avaient créé la Coupe des Trois Écoles avec Draco. Il rêvait d'un stade comme celui de la Coupe de Monde où, à la place de Krum, le nom de « Potter » serait scandé.
Être connu pour un talent, pour son propre travail et pas seulement pour sa cicatrice lui apparaissait être le rêve ultime. Mais c'était surtout parce que le Quidditch était ce qu'il préférait le plus au monde. Il ne se sentait vraiment libre que quand il était dans les airs, loin de ses soucis. C'était le moment où il oubliait tout, focalisé sur la recherche du Vif.
– J'ai étudié tous tes matchs... en fait je vous ai tous étudiés, expliqua Miles. Je sais ce qu'il faut faire pour chacun de vous. Mais toi, Harry, tu peux devenir professionnel. Et surtout, toi, tu peux nous faire gagner la Coupe. Alors tu suis mes exercices comme un bon petit Gryffondor et tu deviens attrapeur pour les Flèches en me citant comme ton coach officiel.
– Oui chef, répondit Harry un large sourire aux lèvres, avant de froncer les sourcils. Juste une petite remarque...
– Ça m'aurait étonné, marmonna Miles. Les Gryffondor, ajouta-t-il avec dédain. Toujours à poser des questions, à se plaindre et à remettre en cause notre autorité supérieure.
– Pourquoi suis-je le seul ici ? geignit Harry sans faire attention à la fin de la phrase de Miles.
S'il frappait parfois dans le sac de boxe à la Villa Bleue, il n'avait jamais vraiment travaillé ses bras. À présent, il le regrettait. Car il avait tellement de courbatures à cause des exercices que lui avait fait faire Miles qu'il était persuadé de ne plus pouvoir écrire pendant des semaines.
– Les autres travaillent autant que toi, indiqua Miles en levant les yeux au ciel. C'est juste que tu es le seul de ces flemmards à te lever tôt. Ça me permet de me concentrer sur toi et de m'occuper des autres en fin de journée.
Harry ne savait pas s'il était content que personne ne soit là pour assister à son humiliation ou horrifié d'être seul avec Miles qui prenait plaisir à le torturer chaque matin.
– Tu veux devenir entraîneur ? demanda Harry pour changer de sujet et éviter un nouvel exercice.
– Pourquoi pas. Mais je pense que j'aimerais passer professionnel avant, admit Miles en souriant presque timidement.
– Tu pourrais, assura Harry qui l'avait vu s'entraîner avec acharnement depuis leur nomination.
Il était évident que Miles ne comptait clairement pas ses heures et faisait tout pour que l'équipe de Poudlard soit la meilleure.
– Merci, Harry. Si ça peut t'aider à arrêter de te plaindre tout le temps, tu as trois choses à améliorer. D'abord, même si tu es déjà très bon, il faut que tu parviennes à éviter davantage les Cognards, tu es parfois un peu trop juste sur ça, et je ne voudrais pas que tu te fasses éliminer dès les premières minutes de match. Ensuite, tu dois améliorer ta technique et ton agilité, ça va beaucoup t'aider pour prendre de la vitesse et attraper le Vif le plus rapidement possible. Et, enfin, il faut absolument que tu apprennes des stratégies. Tu en manques cruellement. Les autres attrapeurs vont étudier ta technique et il faut absolument que tu le fasses, toi aussi.
– Ça, ça m'intéresse ! affirma Harry.
– Parfait, parce que je t'ai prévu une sélection de livres et de parchemins explicatifs que tu as intérêt à apprendre rapidement.
Harry n'en doutait pas vraiment. Il connaissait Miles depuis peu de temps finalement, mais il ne ressemblait pas du tout à ce qu'il s'était imaginé.
Si le gardien était charpenté, avec un regard dur et ressemblait à une armoire à glace, il était doté d'un sacré cerveau.
Miles avait planifié toute leur année pour articuler les séances d'entraînement sur le terrain de Quidditch, ainsi que des séances de sport adaptées à chacun d'entre eux. Il leur avait donné une liste d'objectifs et Harry n'avait jamais autant appris sur le Quidditch qu'en passant une heure avec Miles, à étudier sa propre technique de vol. Harry savait que Daphné avait aidé le capitaine pour analyser leur jeu, mais Miles avait en plus élaboré différentes stratégies et attendait d'avoir des informations sur les autres équipes pour compléter son plan.
Mais en plus d'être un très bon capitaine, Miles était aussi très ouvert d'esprit. Il se fichait des Maisons, du sang ou même du sexe des membres de l'équipe. Il leur avait conseillé de se réunir le plus souvent possible pour créer une cohésion d'équipe absolument nécessaire selon lui et leur avait ordonné de s'appeler par leurs prénoms (ce que Draco avait eu beaucoup de mal à faire).
Harry avait proposé de se réunir dans la Salle sur Demande. Miles l'avait très vite investie et y avait déposé un tableau avec ses plans d'entraînements et des tas d'ouvrages sur le Quidditch que Harry adorait feuilleter entre deux cours.
– On a nos chances de gagner, assura Miles. Vous êtes tous bons.
– Et tu es un bon capitaine.
– Je croyais que j'étais pire que Dubois ?
– C'est sûr, mais ça ne veut pas dire que tu n'es pas meilleur, dit Harry en haussant les épaules. Et au moins, tu essaies de bien nous expliquer, alors qu'Olivier... il partait dans tellement d'explications et de plans que personne n'y comprenait rien.
– Pourtant je crois que George aurait adoré se retrouver avec les explications de Dubois plutôt qu'avec moi, dit Miles en fronçant son nez.
Harry frémit à son tour, en se souvenant de la dispute de la veille au soir entre Miles et George. Miles les avait fait travailler avec acharnement jusque tard dans la soirée.
Il avait fait taper les jumeaux dans des dizaines de Cognards pour développer leur force et l'un d'eux avait heurté Fred assez violemment. George avait vu rouge en voyant son frère à terre et avait commencé à s'énerver contre Miles, qui avait riposté.
Ça avait été si intense que Jeremy avait dû les séparer avec sa baguette. Miles était parti en furie du terrain, alors que George avait jeté son balai au sol.
– Il sait bien que tu ne fais que te venger, dit Harry d'un ton qui se voulait rassurant.
– Me venger de quoi ? demanda Miles, sincèrement étonné.
– Eh bien... Parce que l'année dernière ils t'ont rendu malade pour que tu ne joues pas le match contre Gryffondor, indiqua Harry.
Miles tourna brusquement la tête vers lui, alors que ses mains se serraient en deux poings.
– C'étaient eux ?! s'écria Miles en plissant les yeux de fureur. Je suis resté des semaines à l'infirmerie parce que Pomfresh n'arrivait pas à trouver l'antidote ! Ces sales petits voyous ! Ils vont me le payer !
Harry rougit en comprenant qu'il venait de vendre ses amis.
– Ne leur dis pas que je te l'ai dit !
– Ne t'inquiète pas, Harry. Je ne dirai rien, dit Miles avec un sourire machiavélique qui lui fit froid dans le dos. Je règlerai ça plus tard. Bon, tu es chaud pour des pompes ou...
– Je te déteste ! dit brusquement Harry en tournant les talons pour se diriger à grands pas vers le château. J'abandonne !
– Un jour tu me remercieras, assura Miles qui l'avait aisément rattrapé. Et puis tu dois quand même aimer mes entraînements, sinon tu ne reviendrais pas.
– Je me sens obligé pour ne pas te faire de peine, marmonna Harry.
Miles éclata de rire.
– Mais oui, je vais faire semblant de te croire.
Quand ils pénétrèrent dans le château, ils croisèrent Draco et Blaise qui se dirigeaient vers la Grande Salle.
– Tu as l'air lessivé, Harry, remarqua Blaise, légèrement interloqué.
Harry grimaça parce qu'il se sentait très sale, il avait sans doute les joues rouges, il était rempli de terre et de sueur et il n'avait qu'une envie ; prendre une douche.
– C'est parce qu'il a bien travaillé, dit Miles en lui ébouriffant les cheveux comme s'il était un enfant. N'est-ce pas mon petit Harry ?
– Laisse-moi, marmonna Harry en tentant de se dégager de la poigne du capitaine.
– Allez, je vais petit-déjeuner les enfants. Draco, n'oublie pas que c'est ton tour ce soir ! chantonna presque Miles.
– Comment il était ? s'enquit Draco qui se tourna vers Harry, l'air inquiet.
– Pire que d'habitude, soupira Harry en regardant son pantalon recouvert de boue. Mais il fait ça pour notre bien.
– Pour son bien, plutôt, remarqua Blaise. C'est un Serpentard, il fait ça de manière totalement intéressée.
– Sans doute, confirma Draco.
– Si vous voulez bien m'excuser, dit Harry en bâillant, je vais prendre une douche et essayer de rattraper mon sommeil avant le cours de Rogue.
– N'arrive pas en retard, conseilla Blaise.
Harry hocha la tête. Il monta difficilement jusqu'à son dortoir et se dirigea immédiatement vers la douche. Il avait encore du temps et heureusement, car il devait rejoindre Luna pour le petit-déjeuner. Mais il aurait tué pour avoir quelques minutes de sommeil supplémentaires.
– Potions, intima Ron quand il sortit de la douche et lui désigna les fioles à côté de son lit déposées chaque matin par Dobby.
Harry leva les yeux au ciel et avala ses potions sans même y réfléchir, sous le regard soulagé de Ron.
Harry se dépêcha ensuite de retourner dans la Grande Salle pour rejoindre Luna qui l'attendait à la table des Serdaigle.
– Bonjour Harry, dit la blonde quand il s'installa à côté d'elle. Comment tu te sens ?
– Un peu fatigué, mais ça va, dit Harry en esquissant un sourire. Miles nous fait travailler comme des elfes de maison.
Luna lui glissa dans la poche une feuille de valériane sorcière.
– C'est pour la fatigue, indiqua-t-elle. Hagrid en faisait pousser dans la forêt interdite et il m'a laissé en cueillir hier parce que c'était la pleine lune. Garde-la sur toi.
Harry lui sourit doucement, rassuré de voir qu'il avait des amis sur qui il pouvait compter.
– Comment avance la libération des elfes ? demanda-t-il en avalant ses œufs brouillés.
– Parfaitement bien, sourit Luna. Nous nous réunissons demain avec Justin et Hermione pour en discuter. Tu veux venir ?
– Je suis déjà débordé, soupira Harry.
Harry avait dû dire à Sirius qu'il ne viendrait pas à la prochaine sortie à Pré-au-Lard pour avoir le temps de finir ses devoirs et surtout de dormir.
S'il avait compris ses raisons, Sirius avait semblé à la fois déçu et inquiet. Malheureusement, entre ses devoirs, l'équipe de Poudlard et ses exercices avancés de Runes et de Sortilèges, il ne lui restait plus assez de temps.
– Tu dois faire attention à toi, dit Luna, plus soucieuse.
– Ne t'en fais pas, je fais des pauses.
– Ginny m'a dit qu'elle t'avait trouvé endormi sur un devoir dans la Salle Commune.
Harry fusilla du regard la rousse qui déjeunait à la table des Gryffondor et la maudit d'avoir fait passer le mot autour d'elle. Il lui avait pourtant fait promettre de ne rien dire à personne. Mais il avait sous-estimé l'amitié entre Ginny et Luna.
– C'est arrivé une seule fois, plaida Harry. Et j'ai été convoqué par Babbling qui m'a dit qu'elle me priverait de Quidditch si je recommençais ! Tu te rends compte ?
– Je crois que le professeur Babbling cherche simplement le moyen de ne pas avoir à assister aux matchs, releva pertinemment Luna. Et elle s'inquiète pour toi.
– Oui. Elle est adorable, admit Harry. Elle a discuté avec Flitwick et j'ai arrêté de travailler sur les carnets de ma mère pour le moment, le temps de trouver une meilleure organisation avec les entraînements de l'équipe. Et toi, comment se passent tes cours ? demanda-t-il pour changer de sujet.
– Très bien, assura Luna. Ils sont tous très intéressants. Je suis contente d'avoir commencé les cours de Soins aux Créatures magiques.
– Oui Hagrid est top, dit Harry en regardant son ami demi-géant à la table des professeurs.
Il s'apprêtait à lui demander si Hagrid leur avait présenté les hippogriffes, quand Hedwige fit son apparition dans la Grande Salle. Elle lui apporta un gros paquet avec fierté, avant de lui mordiller le doigt.
– Merci ma belle, dit Harry en lui lançant un bout de bacon.
– Cette chouette est si intelligente, dit Luna alors que Hedwige inclinait la tête pour que la blonde puisse la caresser.
– Tu sais qu'elle ne se laisse pas approcher par n'importe qui ? constata Harry, impressionné de voir à quel point Luna savait y faire avec les animaux. Même Hermione ne peut pas la caresser.
Harry attrapa le colis, sur lequel était attachée une lettre où Sirius avait écrit « à ouvrir en premier ».
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Harry,
Je ne sais même pas par où commencer tant j'ai de choses à te dire. J'avais prévu de t'offrir tout ça à la prochaine sortie à Pré-au-Lard, mais je comprends que tu sois un peu débordé en ce moment et je préfère que tu profites de ton week-end pour te reposer.
Remus a mis dans le paquet un agenda pour que tu puisses t'organiser un peu mieux (il m'a dit que c'est celui qu'il avait utilisé pour gérer son temps en cinquième année pour les épreuves de BUSE. Je crois qu'il y a des fonctionnalités plutôt intéressantes dedans. Il t'a mis un parchemin explicatif à l'intérieur).
Tu nous manques, évidemment, mais on se verra lors de la sortie à Pré-au-Lard prévue avant les vacances de Noël, pour l'ouverture de la librairie (tu ne peux pas la louper celle-là, sinon je prends rendez-vous avec ta Directrice de Maison !).
Tu dois te demander ce que contient le paquet ; c'est ta récompense bien évidemment !
Dès que tu m'as annoncé la création de la Coupe des Trois Écoles, j'ai décidé de prendre les choses en main et je suis allé discuter avec Lucius. Oui, je sais, tu dois trouver ça très étonnant, mais il se trouve que nous avons mis nos inimitiés de côté pour vous, les enfants. Nous avons des intérêts communs dans cette histoire, après tout.
De plus, cette surprise nécessitait des fonds et des relations. J'ai donc estimé, pour le bien de Poudlard, que nous pouvions mettre de l'eau dans notre bièraubeurre pour vous.
Nos relations sont civiles, sans être amicales. Mais aucun de nous ne s'est lancé de sorts ou d'insultes, ce qui est un grand progrès, il me semble. Lucius a même souri une fois.
Nous sommes surtout unis par la même volonté : l'équipe de Poudlard doit gagner et battre les autres écoles. Et, pour cela, nous allons vous donner un petit coup de baguette ! Richard m'a dit que nous étions vos « bonnes fées » mais je ne sais absolument pas ce que cette expression moldue signifie.
Donc, d'abord, on a engagé Andrew Garfild, le plus grand journaliste du Quidditch Magazine que tu connais déjà (je te vois découper ses articles quand tu reçois le magazine !). Il viendra assister à une séance d'entraînement de chaque équipe et écrira un article sur tous les matchs.
Si tu veux mon avis, c'est le meilleur moyen pour l'équipe d'être repérée au niveau professionnel et de vous assurer une bonne publicité. D'autres journalistes ont été invités pour couvrir l'évènement. J'affirme, sans trop de prétention, que cette Coupe va être plus suivie que le Tournoi des Trois Sorciers – et pas seulement parce que tu y joues comme attrapeur.
Ensuite, on a réussi, avec nos contacts, à convaincre des artisans de participer. Ils viendront pour distribuer des genres de souvenirs, comme à la Coupe du Monde. Comme le premier match est en janvier, ils ont le temps de fabriquer des objets et souvenirs en tout genre.
Nous avons d'ailleurs eu l'appui du Ministère qui nous soutient totalement (même s'ils n'ont pas pu participer parce que tout le budget est parti pour le Tournoi des Trois Sorciers). Amelia est fière de toi, mais je crois qu'elle t'a écrit une lettre pour te féliciter.
Et parce qu'on ne veut pas que vous soyez moqués dans toute l'Europe, nous vous offrons un ensemble de robes d'entraînements (à porter obligatoirement quand Garfild viendra) ainsi que des robes de match officielles. Elles sont dans le paquet. Ce sont des robes faites sur mesure pour des joueurs professionnels. Des sorts ont été appliqués dessus (qui sont listés sur un parchemin à l'intérieur) pour vous protéger et rendre vos matchs les plus agréables possible. Elles sont personnalisées pour chacun d'entre vous. Elles sont incroyables tu vas voir !
Enfin, et c'est sans doute le plus incroyable, nous avons convaincu l'entreprise Nimbus de participer, pour profiter du rayonnement international de la Coupe. Ils ont donc accepté de nous donner sept Nimbus 2002 (leur nouveau modèle) ! Il a fallu beaucoup de négociations (et de l'argent), mais ils savent que cet investissement sera rentabilisé si vous faites de bonnes performances. Bien sûr, tu pourras garder ton Éclair de Feu si tu le souhaites. En tout cas, c'était nécessaire pour que vous soyez au même niveau que les autres équipes qui ont aussi été approchées par des sociétés de balais (information directe d'Amelia qui le tient de Fudge qu'il avait parlé avec le Ministre de la Magie français).
À présent, vous êtes obligés de gagner !
Fais attention à toi et donne-nous TOUS les détails que tu peux à Remus et à moi ! Passe-moi un coup de Miroir dès que les écoles seront arrivées et dès que la sélection des Champions sera passée, j'ai hâte de tout savoir !
Je t'aime,
Sirius Orion Black.
La Noble et Très ancienne Maison des Black
"Toujours Black"
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Harry sentit son cœur s'arrêter brusquement et il dut relire la lettre trois fois de suite pour être sûr qu'il avait bien compris ce dont il était question. Il faillit s'évanouir en relisant le passage sur les Nimbus. Il voulut ouvrir le colis mais en fut incapable sans avoir l'équipe de Poudlard autour de lui - cette surprise ne lui était pas seulement destinée.
Il se tourna vers Luna qui souriait, comme si elle avait déjà compris qu'il allait devoir écourter leur petit-déjeuner.
– Je dois y aller, annonça Harry en se retenant de sauter sur place.
– Bien sûr, Harry. Bonne journée.
– Je mange avec toi demain pour me rattraper. Bonne journée, Luna.
Harry sauta presque du banc et se mit sur la pointe des pieds pour survoler la Grande Salle du regard et chercher ses coéquipiers. Il repéra immédiatement l'un d'entre eux à la table des Serdaigle. Jeremy discutait avec Cho Chang et ses amis qui gloussaient tout le temps.
– Jeremy ! cria Harry en se précipitant vers lui.
Le Serdaigle sursauta et renversa son verre de jus de citrouille sur la table. Les filles se mirent à rire face à sa maladresse.
– Oui, Harry ? dit gentiment Jeremy en rougissant légèrement.
De toute évidence, il était arrivé à un moment où Jeremy tentait d'impressionner l'une des filles du groupe. Il n'eut pas le temps de s'en vouloir, trop impatient à l'idée de partager la bonne nouvelle.
– Tu peux me retrouver devant la Grande Salle dans cinq minutes ? fit Harry. J'ai quelque chose à annoncer à l'équipe.
Jeremy sembla surpris, mais Harry ne lui laissa pas le temps de poser des questions.
Il se rua vers la table des Poufsouffle où il avait entendu le rire grave d'Emilia. Elle s'apprêtait à partir pour son premier cours de la journée, mais accepta de l'attendre quelques minutes et de prévenir les jumeaux qui venaient tout juste d'entrer dans la Grande Salle.
Enfin, Harry prit une grande inspiration et marcha vers la table des Serpentard.
Il était un peu plus hésitant, surtout quand il vit les coups d'œil méfiants des verts et argent sur lui. Cassius Warrington et Graham Montague interrompirent leur conversation pour le jauger du regard alors qu'il se dirigeait vers Draco qui discutait avec Pansy et Blaise.
– Tout ce que je dis, c'est qu'on devrait se venger, indiqua Pansy aux garçons d'un ton assuré.
– J'espère que ce n'est pas de moi dont tu parles, intervint Harry d'un ton léger.
Pansy se tourna vers lui et son visage s'illumina, alors que Draco le fixait avec stupéfaction, comme s'il n'était pas sûr que Harry soit à la table des Serpentard.
– Pas du tout, Potter. Tout le monde veut se venger de toi, on n'a pas besoin de se poser la question, répondit Pansy avec un franc sourire.
– Qu'est-ce que j'ai fait encore ? soupira Harry.
– Tu n'es pas au courant ? s'amusa Pansy. Avec Daphné, vous êtes les deux seuls élèves de Poudlard à avoir donné la composition exacte de l'équipe de Poudlard. Tu vas te faire un petit pactole !
– Tout le mérite revient à Daphné, admit Harry. C'est elle qui m'a donné sa composition.
Harry posa son regard sur Daphné, qui tournait la tête au même moment et rosit légèrement quand il lui fit un signe de la main.
– Elle n'a partagé l'information avec personne, pourtant, remarqua Blaise en plissant les yeux. Tous les Serpentard ont voulu la soudoyer. Tu lui as jeté un sort pour qu'elle capitule ?
– Même pas, rit Harry. C'est juste qu'elle m'aime bien, je crois.
– Ça c'est sûr, murmura Pansy qui regardait alternativement Harry et Daphné comme si elle-même n'y croyait pas.
– Sinon, tu avais quelque chose à nous demander ? demanda Draco pour changer de sujet.
– Oui, dit Harry en se souvenant de la raison pour laquelle il était ici. Réunion de l'équipe, maintenant.
– Parfait, dit Draco en sautant sur ses pieds.
– On doit prévenir Miles de...
– Bletchley ! dit Draco d'un ton sec, mais suffisamment fort, pour que le capitaine tourne la tête vers eux et se lève.
– Tu ne peux pas être plus agréable ? demanda Harry alors que Draco lui jetait un regard amusé.
– Quoi de neuf ? dit Miles en croisant ses bras sur son torse.
Harry se sentait toujours assez petit à côté de Miles qui était à la fois plus grand et plus musclé que lui. Pourtant son capitaine souriait et le regardait avec intérêt, ne semblant pas dérangé à l'idée que l'heure de son petit-déjeuner soit écourtée.
– Réunion de l'équipe, indiqua Harry en montrant le colis sous son bras. J'ai un truc à vous annoncer.
Miles acquiesça, alors que les trois garçons se dirigeaient vers l'extérieur de la Grande Salle, rejoignant l'autre moitié de l'équipe de Poudlard qui se demandait ce qu'il se passait. Ils s'isolèrent dans un coin du hall pour que personne ne les dérange.
– J'ai une super nouvelle à vous annoncer ! s'écria Harry sans pouvoir se retenir de sauter sur place sous le regard amusé d'Emilia et dépité de Draco.
– Tu es trop heureux, grommela Draco. Il est trop tôt pour que je supporte ça.
Harry ne prit même pas la peine de lui répondre et montra le colis envoyé par Sirius avec un air triomphant.
– Un colis, constata Fred en haussant un sourcil.
– C'est censé nous faire sauter de joie aussi ? demanda George, circonspect.
– Oui. Parce que ce n'est pas un colis, mais le colis. Dedans, se trouvent nos tenues d'entraînement et nos tenues pour les matchs !
Il vit qu'il avait réussi à capter leur attention quand il ouvrit le colis d'un coup de baguette. Harry attrapa le parchemin explicatif et lut que les robes disposaient de tous les sorts basiques pour voler dans de bonnes conditions (imperméabilisation, sort de température idéale, aération, mise en place magique pour que la cape ne se prenne pas dans le balai...).
Il attrapa une cape et reconnut que le tissu était splendide. Il était soyeux, brillant et glissait presque entre les doigts tant il était léger. Il y avait deux types de robe : une robe de couleur noire pour les entraînements et une autre de couleur blanche pour les jours de match.
Le blason de Poudlard était cousu avec soin au niveau du cœur. Chacune d'elle avait un grand liseré représentant la couleur de la Maison du joueur. Celle de Harry avait un liseré rouge, mis en exergue par le blanc de la cape.
Mais ce qui fit battre son cœur à toute allure fut le dos de sa robe. Écrit en lettres majuscules rouges ; "POTTER-BLACK". Le fait que Sirius ait pensé à ajouter le nom de Black le fit presque pleurer. Il avait vraiment l'impression à ce moment de faire partie de sa famille. D'être son fils.
– Waouh ! siffla Fred, les yeux écarquillés.
– Ça, c'est de la robe, confirma Miles en attrapant sa cape d'entraînement noire au liseré vert.
– Quel soulagement ! On n'aura pas à porter les vieilles robes de Poudlard... les autres écoles nous auraient trouvés ridicules, dit Emilia qui semblait ravie en attrapant sa cape où était inscrit "FAWLEY" en lettres jaunes.
– Potter-Black, murmura Draco à son attention. Je croyais que ça devait rester un secret ?
– Ça le restera jusqu'aux entraînements, répondit Harry en haussant les épaules.
– On ne les mettra que lorsque les équipes arriveront, indiqua Miles qui avait vu lui aussi l'inscription.
– On ne dira rien, assura Jeremy.
Harry ne comprenait pas vraiment pourquoi Sirius avait voulu garder cela secret, mais de toute évidence il avait changé d'avis. Dans tous les cas, il garderait l'information cachée aussi longtemps que possible. Mais il était quand même fier et heureux à l'idée de pouvoir afficher son vrai nom sur sa robe.
– Sinon, pourquoi est-ce qu'on doit porter des capes d'entraînement ? demanda Jeremy.
– À part pour ne pas passer pour des pauvres ? souleva Draco avec ironie.
Emilia hocha la tête en signe d'accord. Harry savait qu'Emilia évoluait dans les mêmes cercles que Draco et qu'il n'était pas étonnant qu'elle soit habituée à une telle qualité, mais les jumeaux et Jeremy étaient moins aisés qu'eux deux et rougirent jusqu'aux oreilles.
– Pour une raison très simple, dit Harry pour couper toute dispute. Un journaliste du Quidditch Magazine va venir assister à un de nos entraînements et à tous les matchs. Devinez qui...
– Ne me dis pas... coupa George, les yeux écarquillés.
– Que c'est... continua Fred.
– Andrew Garfild ! termina Miles.
– Et si !
Les trois garçons oublièrent rapidement leur dispute de la veille et se tapèrent dans la main, l'air victorieux, comme s'ils venaient de remporter la Coupe.
– C'est vraiment sérieux, alors, souffla Jeremy, l'air presque paniqué.
– Il va y avoir aussi d'autres journalistes pour couvrir l'évènement, indiqua Harry.
– C'est incroyable ! dit Emilia. Andrew Garfild est juste le meilleur journaliste sportif du monde sorcier !
– Le plus exigeant aussi, remarqua Draco.
– Et alors ? On a la meilleure équipe, dit George avec une certaine prétention. Ce n'est pas ce que tu nous as dit hier, à l'entraînement ?
Draco releva sa tête en signe de défi.
– Bien sûr qu'elle l'est. Mais est-ce que vous, vous serez à la hauteur ? Si je me souviens bien, Fred n'a pas été capable d'éviter le Cognard hier.
– Fais attention, Draco, conseilla George avec un sourire sournois, je te rappelle que c'est moi qui t'empêche d'être abîmé par un Cognard, ce serait dommage que je rate mon coup.
Les yeux de Draco se plissèrent et Miles dut sentir la tension puisqu'il frappa dans ses mains pour les rappeler à l'ordre.
– Pas de menace, George. Et toi, Draco, essaie de ne pas te mettre à dos la seule personne qui sera capable de te protéger pendant les matchs.
George et Draco fusillèrent le capitaine du regard, préférant s'abstenir de répondre. Ce qui était sans doute pour le mieux, selon Harry. Il avait eu l'occasion de voir Miles s'énerver la veille et il savait qu'il valait mieux faire profil bas.
– Bien, dit Miles en voyant que personne ne le contredisait. Harry, tu as autre chose à nous annoncer ?
– Plein de choses ! Tiens c'est pour toi, indiqua Harry en lui tendant le badge de capitaine qui représentait le château de Poudlard, avec les quatre blasons de l'école.
– Splendide ! dit Emilia.
– Comment tu as récupéré tout ça ? demanda Jeremy.
– C'est un cadeau de mon père et du père de Draco, expliqua Harry. Mais ce n'est pas tout !
– Je ne vois pas ce qui peut être mieux que Garfild, dit Fred, un peu circonspect.
– Tu crois ? dit Harry, très amusé, en faisant durer le suspens. Chaque joueur va recevoir le Nimbus 2002, dernier modè...
Harry n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Emilia hurla de joie. Elle lui perça un tympan en le prenant dans ses bras, alors que l'équipe se mettait à crier de bonheur. Les jumeaux, qui avaient réfléchi à s'acheter de nouveaux balais pour l'occasion, étaient presque en larmes. Même Draco s'autorisa à laisser tomber son masque et sourit largement.
– Attends, mon père a travaillé avec le tien ? comprit Draco en l'attirant un peu à l'écart de l'équipe qui s'exclamait d'enthousiasme et de plaisir. Depuis quand ils se parlent ?
Harry sentit son cœur tambouriner quand il se souvint avoir appelé Sirius son "père" et que Draco en avait fait de même. Il sentit un vertige l'envahir, car c'était la première fois qu'il considérait vraiment Sirius comme son père. C'était à la fois étrange et très agréable.
– Apparemment, ils en discutent depuis qu'on a lancé la Coupe des Trois Écoles, expliqua Harry en haussant les épaules. Je n'en sais pas plus.
– Il faut croire que les Black-Malefoy ont plus d'affinités que prévu, s'amusa Draco en lui donnant un petit coup de coude complice.
– Ils prennent sans doute exemple sur nous, supposa Harry en lui souriant.
– Impossible. Tu les as vus, non ? Ils sont incapables d'agir en adultes. À mon avis, Sirius a voulu organiser une surprise, il en a parlé à mon père pour se vanter, et mon père a voulu participer pour dire qu'il pouvait apporter plus que Sirius.
– Ça me semble très probable, ricana Harry. Je me demande si ta mère est intervenue.
– J'ose espérer pour eux que non.
– Bon maintenant on est obligé de gagner ! affirma Miles en faisant un signe pour les rassembler en cercle. On va se donner à fond, compris tout le monde ?
Même si tout le monde était déjà fatigué, même si les entraînements étaient intenses, même s'il existait quelques tensions dans leur groupe, ils étaient tous d'accord pour donner le meilleur d'eux-mêmes et représenter le mieux possible Poudlard. Ils allaient tout donner pour gagner.
– Un, deux, trois... compta Miles en tendant sa main face à lui, bientôt recouverte par celles des autres.
– POUDLARD ! hurla l'équipe de Poudlard en levant leurs mains en l'air d'un même mouvement avant de se donner de grandes tapes dans le dos pour se féliciter.
Leur bonheur fut uniquement interrompu par la voix tranchante de Rogue qui leur intima de se rendre à leurs cours s'ils ne voulaient pas finir dans les cachots à récurer tous les chaudrons des élèves de première année.
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Harry n'avait jamais vu le château aussi étincelant, aussi propre et aussi accueillant que ce soir-là. Sirius lui avait tellement parlé du fait que cela allait être très enrichissant que Harry était impatient à l'idée de voir les délégations arriver. Les élèves étaient si surexcités que personne ne fut attentif aux cours de la journée.
Quand Harry se retrouva dehors dans le froid du mois d'octobre, il se demanda s'il allait perdre ses doigts avant que les écoles ne daignent arriver. Hermione grelottait à ses côtés et Ron trépignait sur place, impatient de rentrer au chaud.
– Quand est-ce qu'ils arrivent ? grommela le roux.
Harry se tourna vers les Serpentard qui, malgré toute leur éducation, semblaient aussi agacés d'avoir à attendre aussi longtemps. Il vit Daphné entourer son corps avec ses bras, visiblement frigorifiée, le nez rouge.
– Les voilà ! s'écria Colin Crivey alors que le carrosse faisait son apparition.
Harry applaudit avec ses camarades quand les écoles Beauxbâtons et Durmstrang firent leur apparition. Mais il arrêta de frapper dans ses mains quand l'un des garçons de Durmstrang se détacha du lot, pris à part, par Karkaroff. Le garçon avait un nez arrondi et d'épais sourcils noirs. Harry n'eut pas besoin du coup de coude que lui lança Ron dans les côtes pour reconnaître ce profil qu'il avait déjà vu de très près.
– Harry... C'est Krum ! s'écria Ron.
Harry sentit son souffle se couper, comme s'il venait de recevoir un Cognard en plein ventre. Il ne savait pas s'il devait être heureux à l'idée de voir l'une de ses idoles ou complètement paniqué à l'idée de l'affronter. Car il n'avait aucun doute sur le fait que Krum était l'attrapeur de Durmstrang.
Il allait affronter Viktor Krum, le meilleur attrapeur du monde ! Il n'avait aucune chance.
– Tu te rends compte ? dit Ron qui se mettait sur la pointe des pieds pour essayer d'apercevoir le joueur.
Harry se rendait bien compte, oui. Ils étaient morts. Ils étaient finis. L'équipe de Poudlard allait perdre à cause de lui.
Quand ils entrèrent dans la Grande Salle, Harry vit que Miles discutait avec Krum, l'air très sérieux, ce qui ne fit que renforcer son angoisse.
Heureusement, il croisa le regard de Jeremy qui semblait aussi paniqué que lui. Harry savait que le poursuiveur était assez anxieux ; il n'avait été sélectionné que comme remplaçant dans l'équipe de Serdaigle, avant de passer titulaire pour l'équipe de Poudlard. Jeremy avait sans doute compris qu'il devrait être au meilleur de sa forme ainsi que ses deux coéquipiers, puisque Harry n'arriverait pas à attraper le Vif contre Krum.
– C'est tellement génial ! s'exclamèrent les jumeaux en s'installant face à eux.
– Krum... souffla Ron rêveusement.
– J'ai entendu des gens de Beauxbâtons discuter, intervint Ginny, les yeux brillants. Apparemment, certains ne sont venus que pour la Coupe des Trois Écoles.
– Quel challenge ! enchaîna George qui fixant la table des Serdaigle où étaient installés les Français.
– Ce n'est pas si étonnant, dit Fred, après tout c'est une incroyable opportunité cette Coupe. Bien mieux que le Tournoi.
– Tu dis ça parce que tu ne peux pas te présenter, rit Ginny. Mais c'est vrai que le Quidditch réunit plus de personnes. Ça va être amusant.
Dans son euphorie d'être sélectionné pour l'équipe de Poudlard, Harry avait oublié que d'autres écoles pourraient aussi avoir de très bons joueurs. Les meilleurs de leur école.
Soudain, la perspective de gagner lui parut très éloignée... Il comprit pourquoi Miles s'acharnait à le faire travailler autant. Il semblait que lui seul avait été conscient du fait qu'ils allaient affronter de grands joueurs et qu'il fallait s'élever à un niveau supérieur pour espérer ne pas se ridiculiser.
– On va se faire écraser, lâcha Harry avec un pessimisme évident.
Tout le monde le regarda en riant, comme s'il venait de dire une bonne blague, avant de comprendre qu'il était sérieux.
– Tu es fou ? Poudlard a sans doute la meilleure équipe ! dit Ron en le frappant légèrement dans le bras.
– Harry, tu sais qu'il ne s'agit que d'une technique d'intimidation, non ? dit Ginny avec un sourire rassurant. Ils vont vous faire croire qu'ils sont très forts et soudés, mais c'est loin d'être le cas.
– Mais Krum ! insista Harry. C'est Krum ! C'est genre... Le meilleur attrapeur du monde !
– Et alors ? dit Hermione à la surprise générale. Je croyais qu'il y avait sept joueurs dans l'équipe, tu n'es pas tout seul. Et puis, tu as quoi à perdre ? Si tout le monde sait que Krom est le meilleur, tu risques quoi ? Le battre ?
– Krom... répéta Ron, les yeux écarquillés comme s'il hésitait entre rire ou soupirer de frustration.
– Mais qui êtes-vous et qu'avez-vous fait à Hermione Granger ? s'écria Fred en posant sa main sur son front comme pour vérifier qu'elle n'était pas souffrante.
Hermione se dégagea en le fusillant du regard.
– J'ai lu Le Quidditch à travers les âges, dit-elle avec suffisance. Et je te rappelle que mes deux meilleurs amis aiment le Quidditch, je dois forcément assister à d'interminables débats sur les équipes.
– Jamais je n'aurais cru dire ça un jour, mais Hermione a raison, soupira faussement Fred comme s'il n'en revenait pas de dire une telle chose.
– J'ai souvent raison, indiqua Hermione en relevant le menton comme si elle le défiait de dire le contraire.
– Pas quand il s'agit du Quidditch, répliqua le roux en levant les yeux au ciel.
– Ne te fais pas de soucis, dit gentiment George en posant une main sur le bras de Harry. On ne t'en voudra pas si tu n'attrapes pas le Vif d'or.
– Et puis, on fait ça pour s'amuser, non ? enchaîna Fred d'un ton qu'il espérait convaincant.
– Sans doute, réussit à articuler Harry qui avait l'impression qu'un dragon lui était tombé dessus.
Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua pas la française aux cheveux blonds qui demanda de la bouillabaisse à un Ron visiblement sous le charme.
– C'est une Vélane, murmura Ron quand elle repartit vers la table des Serdaigle, ce qui poussa Harry à la regarder.
– N'importe quoi, ricana Hermione avant de voir que de nombreux garçons la suivaient effectivement du regard.
– Harry n'a pas réagi, remarqua Ginny.
– J'ai des barrières d'occlumancie, expliqua Harry, ça bloque l'effet des Vélanes.
Les yeux de Ginny se mirent à briller de compréhension et Harry se demanda ce qu'elle savait de l'occlumancie, avant de se souvenir que Voldemort était un très fort légilimens. Il ne savait pas ce que Ginny avait vraiment comme souvenir de cette possession, mais il était évident que ce n'était pas la première fois qu'elle entendait parler d'occlumancie.
– C'est surtout qu'il réfléchit au meilleur moyen de mettre Krum hors d'usage, murmura Fred d'un ton conspirateur.
– Harry ne ferait pas ça ! glapit Hermione. C'est sans doute contraire au règlement, non ?
Fred renifla dédaigneusement, comme si la simple perspective de lire le "règlement" l'ennuyait.
– C'est ça qui est amusant, justement, opposa Fred avec un large sourire. Tu imagines ce pauvre Krum cloué au lit, incapable de se présenter le jour du match ?
– Donc tu veux utiliser une technique de lâche pour gagner ? C'est tout à ton honneur, asséna Hermione avant de continuer à déguster sa bouillabaisse.
Fred rougit face à l'attaque.
– Ce n'est pas une technique de lâche ! tenta George pour soutenir son jumeau. C'est le jeu.
– Dites ce que vous voulez, ricana Hermione. Mais je suis persuadée que Harry voudra gagner à la loyale.
Harry confirma d'un signe de tête, même si cela lui coûtait. Bien sûr que la perspective de ne pas affronter Krum était alléchante, mais c'était évidemment très lâche. Et une part de lui ne pouvait s'empêcher d'être excitée à l'idée de l'affronter. C'était le meilleur moyen pour lui de savoir s'il pouvait réellement passer professionnel, une sorte de test.
Le dîner se déroula très vite et Harry réussit même à se détendre quand Ginny et lui s'amusèrent à imaginer quels étaient les membres des autres équipes. Ginny était persuadé qu'un français au nez écrasé était un batteur, alors que Harry avait repéré le capitaine de l'équipe de Durmstrang ; c'était celui qui semblait le plus menaçant et observait la Grande Salle avec des yeux perçants.
Après avoir longuement parlé du Tournoi des Trois Sorciers et de ses conditions, Dumbledore enchaîna sur le Quidditch.
– S'agissant du Quidditch, commença Dumbledore, j'informe nos élèves étrangers que vous êtes tous conviés à assister aux matchs de la Coupe des Quatre Maisons organisée à Poudlard chaque année.
Ron pâlit, sans doute terrifié à l'idée que Krum ne vienne assister à son premier match en tant que gardien.
– S'agissant de la Coupe des Trois Écoles, créée cette année, je vous remercie d'avoir accepté notre proposition.
Dumbledore se tourna vers Karkaroff et Maxime qui sourirent, semblant ravis de cette nouveauté.
– Je vous demande ainsi d'applaudir le Capitaine de l'équipe de Poudlard Miles Bletchey, le capitaine de l'équipe de Beauxbâtons André Durand et le Capitaine de l'équipe de Dursmtrang Filip Dinov.
– Tu avais raison ! lui souffla Ginny en voyant le garçon de Durmstrang que Harry avait repéré se lever en hochant froidement la tête.
– J'invite tous les capitaines à se retrouver demain, autour d'une tasse de thé, afin de discuter de l'organisation des entraînements, ainsi que de l'organisation de la Coupe de manière générale. Le premier match de la Coupe des Trois Écoles aura lieu en janvier. Ludo Verpey, ancien batteur des Frelons de Wimbourne, nous fera l'honneur de commenter les matchs.
Les applaudissements retentirent avec force et Harry vit même quelques français sourire. Ce qui n'était pas étonnant puisque la réputation de Verpey était connue Outre-Manche.
– Avant de vous laisser aller dormir, je dois vous faire une dernière annonce. Des prix vont être décernés aux équipes de Quidditch.
Harry releva tout de suite la tête, étonné, avant de comprendre que la surprise de Lucius et Sirius ne se limitait pas à l'offrande de sept balais neufs.
– L'entreprise Nimbus qui sponsorise cette rencontre fera don d'un ensemble de balais et d'accessoires de Quidditch à l'école qui remportera la Coupe. De plus, les Ministères de la Magie de chaque pays ont accepté d'offrir des billets qui permettront aux membres de chaque équipe d'assister à trois matchs de la Coupe de la Ligue. Ou, pour nos amis étrangers, à la Ligue Européenne et la Ligue de l'Est.
Harry applaudit avec joie, ravi de savoir qu'il pourrait assister à d'autres matchs professionnels. Il avait adoré la Coupe du Monde et avait hâte de voir l'équipe des Flèches en action pour la Coupe de la Ligue. Il espéra que Sirius accepterait de l'accompagner.
– Génial ! crièrent les jumeaux ravis eux aussi.
Les places aux matchs étaient parfois chères et pouvoir y assister gratuitement était une chance.
Harry espérait tellement gagner la Coupe qu'il était sûr de ne pas arriver à dormir ce soir-là. Il ne savait pas pourquoi ça lui importait tant, mais le fait qu'il ait créé le projet, que toutes les maisons soient associées, que ce soit du Quidditch... ça le transcendait. Il croyait en l'équipe de Poudlard et il avait vraiment envie de montrer ce que l'équipe pouvait faire. Ce que, lui, pouvait faire.
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Harry et Ron se levèrent tôt le lendemain pour observer les élèves mettre leurs noms dans la Coupe de Feu. Ils virent Fred et George se retrouver affublés de jolies barbes blanches, sous les rires amusés des élèves. Fred lui dirait plus tard qu'ils avaient simplement voulu montrer que Dumbledore n'était pas infaillible, mais qu'ils allaient se concentrer sur la Coupe des Trois Écoles.
Harry vit que plusieurs élèves de Beauxbâtons et de Durmstrang, pourtant âgés de plus de dix-sept ans, ne mettaient pas leurs noms dans la Coupe. Ginny avait eu raison ; certains étaient là uniquement pour la Coupe de Quidditch.
– Je dois aller voir l'équipe, indiqua Harry à Ron.
– À tout à l'heure, dit distraitement Ron concentré sur Cedric Diggory qui venait de déposer son parchemin dans les flammes.
Harry salua Susan et Hannah qui venait assister au défilé des élèves et se dirigea vers la Salle sur Demande.
– Harry !
Harry se retourna et sourit en voyant Daphné s'approcher de lui d'un pas souple.
– Tiens, c'est pour toi, dit la blonde en lui tendant une petite bourse. Pour le pari sur la composition de l'équipe.
– Oh ! Super, dit Harry. Mais c'est grâce à toi, tout ça.
– Donc, tu partages ton gain avec moi ? demanda Daphné en faisant mine de récupérer la bourse.
– Euh... Si tu...
– C'est une blague, Harry, dit Daphné visiblement très amusée. Où est-ce que tu vas ?
– Réunion de l'équipe de Poudlard, expliqua Harry en passant sa main dans ses cheveux.
Il arrêta immédiatement en se disant qu'il ressemblait trop à Sirius en faisant ça et que Remus l'aurait regardé en ricanant s'il l'avait vu faire une telle chose.
– Bien sûr. Je parierai sur vous pour la Coupe, indiqua-t-elle.
– Tu n'as pas encore vu les autres équipes, opposa Harry qui savait que, pour elle, le Quidditch était sacré.
– J'ai un honneur malgré tout. Et je défendrai toujours Poudlard. Mais maintenant vous avez intérêt de gagner, dit simplement Daphné. À plus tard, Potter !
– Je croyais qu'on s'appelait par nos prénoms ! lança Harry alors qu'il observait Daphné s'éloigner en riant.
Il s'adossa contre le mur en se demandant si elle cherchait à lui faire tourner la tête.
– Arry Potter ? dit un garçon avec un fort accent.
– Oui ?
Harry reconnut immédiatement le capitaine de l'équipe de Beauxbâtons. Le garçon aux cheveux en brosse lui fit un sourire affable en tendant la main.
– André Durand, capitaine et poursuiveur de l'équipe de Beauxbâtons, se présenta-t-il tout en fixant sa cicatrice en forme d'éclair. Enchanté de te rencontrer.
– Euh, moi aussi, répondit Harry en lui serrant la main.
– C'est à toi qu'on doit l'organisation de la Coupe des Trois Eucoles, n'est-ce pas ?
Harry hocha la tête en se demandant comment il pouvait savoir ça. Si même les autres pays le savaient, il renonçait à essayer de garder un semblant de vie privée.
– Parfait ! C'est fantastique ! Une formidable idée !
– Merci, rougit légèrement Harry.
André semblait extatique à l'idée de participer à la Coupe et ne quitta pas son large sourire. Pour peu, Harry ne se serait pas étonné de le voir chanter à tue-tête.
– Notre équipe est formée depuis peu, malheureusement. Plus précisément depuis que Madame Maxime nous a indiqué qu'il y aurait une Coupe des Trois Eucoles, enchaîna André avec enthousiasme. Nous avons hâte de nous confronter à Potdelard.
Harry retint son ricanement en songeant que se moquer de son adversaire sur son accent n'était pas très fair-play, surtout que lui-même ne parlait pas un seul mot de français. Il parlait seulement quelques mots de roumain, qui n'allaient pas lui être utiles dans ce cas précis.
– Tu as déposé ton nom dans la Coupe ? s'enquit Harry.
– Oh non, quelle idée ! dit André en éclatant de rire. Je ne suis là que pour le Quidditch. Comme toute mon équipe, d'ailleurs.
Une main se posa sur l'épaule de Harry. Ce dernier se tourna pour voir Draco qui fixait André d'une façon beaucoup moins avenante. Il avait cette expression hautaine et distante qui lui donnait de grands airs de Lucius Malefoy.
André ne sembla pas perturbé par l'expression de défiance du blond et lui sourit.
– André Durand, je suis capitaine de l'équipe de Beauxbâtons, se présenta André.
– Draco Malefoy, poursuiveur, répondit Draco de mauvaise grâce quand Harry le tapa dans les côtes discrètement.
– Oh, enchanté, enchanté ! s'écria André en lui serrant la main. Nous allons nous affronter sur le terrain, alors ?
– Il paraît, répondit sèchement Draco, les yeux légèrement plissés.
– Formidable, formidable.
Draco frémit à ses côtés et Harry sut que l'engouement d'André n'allait sûrement pas plaire au Serpentard. Généralement, Draco détestait les gens trop enjoués. Harry ne comptait plus le nombre de fois où Draco avait posé sa main sur son épaule pour l'empêcher de sautiller sur place.
– C'est une excellente opportunité, n'est-ce pas ? enchaîna André. Entre les journalistes, les recruteurs qui seront présents... Une grande chance ! Pas vrai ?
– Encore faut-il être bon pour être repéré, remarqua doucereusement Draco.
– Oh, nous ne prétendons pas être aussi bons que l'équipe de Potdelard. Nous avons entendu beaucoup de choses positives sur vous, rit André. Mais nous sommes là pour nous amuser, pas vrai ?
– Absolument ! confirma Harry qui se sentait soulagé d'être sur la même longueur d'onde que lui.
– Comme on dit chez nous ; l'important c'est de participer ! dit André.
– On doit y aller, dit Draco en poussant Harry pour qu'il avance. Au revoir Andrew.
– C'est André, corrigea le capitaine en continuant de sourire comme s'il n'avait pas entendu le ton légèrement moqueur de Draco.
– Peu importe, murmura Draco.
– À plus tard, André, lança Harry en faisant un signe de la main au français et en espérant qu'il n'avait pas été froissé par le comportement de Draco. Tu sais que tu es très désagréable, non ? demanda-t-il en regardant Draco avec une certaine désapprobation. Tu l'as pratiquement insulté.
– Tant mieux, dit Draco, les mâchoires serrées. Il va savoir qu'on n'est pas à prendre à la légère.
– C'est ridicule, il était très gentil, pourquoi est-ce que tu cherches à l'intimider ?
– Je ne l'aime pas du tout.
– Tu n'aimes personne. Il était très courtois.
– C'est un faux gentil, affirma Draco. Je ne lui fais pas du tout confiance quand il nous dit qu'il est juste là pour participer. À mon avis, il cherche juste à nous endormir pour qu'on ne se méfie pas.
– Tout le monde n'est pas aussi calculateur qu'un Serpentard, opposa Harry alors qu'ils montaient les escaliers pour rejoindre la Salle sur Demande.
– Harry, je suis très sérieux, dit Draco d'un ton plutôt inquiétant. Je ne lui fais absolument pas confiance et je n'aime pas du tout le fait qu'il t'ait interpelé dans le couloir comme ça. Fais attention.
– Qu'est-ce que tu veux qu'il me fasse ? ricana Harry.
– Je ne sais pas, mais méfie-toi.
Harry haussa les épaules en se disant que Draco devait vraiment avoir des problèmes pour ne faire confiance à personne comme ça. Peut-être qu'avoir eu une éducation d'enfant unique avait dû jouer dans ce trait de caractère et qu'il se sentait obligé de se méfier de tout le monde.
Draco passa trois fois devant le mur pour ouvrir la porte qui menait à leur salle de réunion. Miles était accoudé à la grande table en bois, entouré de parchemins et de gros ouvrages, une plume à la main, cherchant sans doute la meilleure manière de les faire progresser.
– Salut les petits, dit Miles sans relever la tête.
Draco le fusilla du regard, n'appréciant pas d'être qualifié de "petit". Mais c'était pourtant le cas : Harry et Draco étaient les plus jeunes de l'équipe. Miles, le plus âgé, se plaisait à le leur rappeler tous les jours pour affirmer sa supériorité d'ancien.
– C'est nous ! crièrent les jumeaux en pénétrant dans la Salle sur Demande.
– On a failli vous louper, en effet, ironisa Draco en s'installant à côté d'Emilia dans l'un des canapés de la pièce.
Les jumeaux déposèrent une assiette remplie de gâteaux qu'ils avaient récupérée aux cuisines.
– Si Hermione sait que vous demandez aux elfes de préparer des gâteaux, elle va vous tuer, constata Harry en s'asseyant à côté de Jeremy.
– Mais les elfes veulent nous faire plaisir, plaida Fred. Elle n'a jamais été dans les cuisines pour voir que les elfes sont ravis de travailler à Poudlard.
– Ne va surtout pas lui donner des idées, rit Harry.
Une théière apparut mystérieusement sur la table, à la grande surprise d'Emilia.
– Ce n'est pas nous ! dirent les jumeaux en levant leurs mains en l'air.
– C'est probablement Dobby, souffla Harry, amusé.
– On ne dira rien à Hermione, promit Fred.
– Tu es un vrai ami, répondit Harry.
Alors que Harry tendait une tasse de thé à George, Miles frappa dans ses mains et se leva pour commencer la réunion.
– Bon, je viens de rencontrer les deux capitaines des équipes.
– On a rencontré celui de Beauxbâtons, coupa Draco en grimaçant. Enfin, il discutait avec Harry.
Miles tourna brusquement la tête vers Harry et le fixa avec un sérieux presque inquiétant.
– Écoute-moi bien, Harry. Tu ne t'approches surtout pas de lui. Je ne le sens pas, ce André.
Draco leva les mains l'un air de dire "je l'avais bien dit" qui fit grincer les dents de Harry. Parce qu'il avait beau être ami avec le blond, admettre que ce dernier avait raison était au-dessus de ses forces.
– Vous êtes sérieux tous les deux ? Il a été super sympa avec moi.
– Sympa jusqu'à ce qu'il t'attaque dans le dos ! répliqua Draco.
– Il nous a dit qu'ils étaient là juste pour s'amuser, rappela Harry en levant les yeux au ciel.
– Bien sûr, fit Miles en ricanant dédaigneusement. Emilia, tu penses que Harry pourrait être transféré à Poufsouffle ? Parce que tous ces bons sentiments me donnent envie de vomir.
– Hé ! s'écria Emilia en frappant Miles assez fort dans le bras pour qu'il la foudroie du regard. N'insulte pas les Poufsouffle, sale Serpentard !
– Les Serpentard sont de loin supérieurs à vous, cracha Miles.
– Supérieurs en quoi ? s'horrifia Emilia. Nous au moins on sait être agréable avec les autres au lieu de passer pour des gros trolls malpolis !
– Ce n'est pas parce que tu n'as pas apprécié travailler avec les Souaffles hier que tu peux te permettre d'être désagréable ! renchérit Miles.
– OH ! cria Jeremy avant de rougir en voyant tous les regards se poser sur lui. C'est juste que... ce n'est peut-être pas la peine de se battre pour une Maison, si ?
– On voit bien qu'il n'y a qu'une personne intelligente ici, remarqua Harry.
– Merci Harry. Mais c'est simplement qu'on se bat contre toutes les autres équipes, alors si en plus on se bat entre nous... eh bien, on va rater le Tournoi vous voyez... expliqua Jeremy en se trémoussant légèrement, mal à l'aise à l'idée que l'attention soit portée sur lui.
Miles finit par hocher la tête avec difficulté, alors qu'Emilia tirait puérilement la langue au capitaine, dans son dos, heureusement.
– Bon qu'est-ce que tu disais sur Durand ? demanda George pour recentrer le débat.
– Que les français ne sont pas là pour l'amour du sport, dit Miles. Ils veulent gagner. Ils ont interdit à toute l'équipe de mettre leur nom dans la Coupe, ils s'entraînent tous les jours depuis l'annonce et ils ont même eu les conseils de joueurs professionnels français...
Jeremy commença à pâlir, alors qu'Emilia arrêtait de fusiller Miles du regard pour sembler vraiment inquiète.
– Leur Ministre de la Magie leur a envoyé une lettre pour les encourager, continua Miles. Ils ne sont pas là pour brosser les licornes. Ils sont là pour nous écraser. Ce n'est plus une question d'école, c'est une question de pays à présent.
– Pas étonnant, dit alors Emilia qui devait avoir eu des informations de la part de ses parents. Le Ministre de la Magie français et Fudge se haïssent.
– On va sans doute avoir les encouragements de notre Ministère alors, dit Fred en ricanant.
– Tu peux rire, mais je pense que ça va être le cas, souffla Miles. Tout ça pour dire : ne les sous-estimez surtout pas...
– Comme les Poufsouffle, murmura Emilia.
– Ils sont dangereux, continua Miles sans faire mine de l'avoir entendu. Et ce Durand, je ne le sens pas du tout. Ils vont tout faire pour nous éliminer.
– Mais on fait ça pour s'amuser, c'est vraiment n'importe quoi, dit Jeremy, un peu sous le choc.
– On ne fait plus ça pour s'amuser, on va les vaincre ces français minables ! dit Fred.
– On va tellement leur en faire baver qu'ils ne reviendront plus jamais en Angleterre ! renchérit George.
– Je n'aurais pas dit ça comme ça, dit diplomatiquement Miles, mais oui, on va essayer de les battre.
– Comment est leur équipe ? demanda Draco.
– Il a joué le faux modeste, évidemment, répondit Miles avec dégoût. Mais elle n'est composée que de sixième et septième années et c'est clair qu'ils veulent tous être repérés professionnellement.
– Qu'est-ce que tu as dit sur nous ? demanda Jeremy.
– J'ai essayé d'expliquer que nous venions de créer l'équipe de Poudlard et qu'elle manquait de cohésion pour le moment. Et que, comme nous sommes issus de différentes maisons, il existe des conflits entre elles, dit Miles en se tournant vers Emilia. De toute évidence, je n'étais pas loin de la vérité.
– Mais ? dit Draco.
– Mais Durand avait déjà entendu parler de Harry, évidemment, soupira Miles. On n'a aucun effet de surprise. Ils savent que tu es devenu attrapeur en première année, ce qui n'était pas arrivé depuis un siècle. Donc forcément, c'est toi la cible à abattre.
– Fantastique, ironisa Harry. Tout ce qu'il me fallait.
– Et l'équipe de Durmstrang ? s'enquit Draco.
– La majorité a déposé son nom dans la Coupe, indiqua Miles. Dimov pense que Krum va être sélectionné, donc il va être occupé et ne sera pas très concentré... Leur équipe a l'air un peu comme la nôtre, ils veulent gagner, mais pas autant que les français.
– Les français veulent nous faire croire qu'ils sont des amateurs pour nous surprendre le jour du match. Technique d'intimidation classique, expliqua Draco. Ils veulent nous mettre la pression puisqu'on ne verra ce qu'ils valent que le jour de l'entraînement officiel.
– On ne peut pas assister aux entraînements avant ? s'étonna Jeremy.
– C'est une règle de la Coupe, confirma Miles en leur tendant le règlement. Normalement, chaque équipe doit pouvoir s'entraîner sans être observée, à l'exception de l'entraînement officiel. Comme à Poudlard, on n'a pas le droit de s'espionner.
– Du coup on va devoir attendre l'entraînement en janvier pour savoir ce qu'ils valent ? s'horrifia Emilia.
Miles se tourna vers les jumeaux qui sourirent machiavéliquement.
– On s'en occupe, affirma Fred.
– C'est interdit, remarqua Emilia suspicieusement. Comment vous...
– Depuis quand on suit les règles ? rit George en haussant les épaules. Et puis, ils vont sans doute faire pareil que nous, non ?
– Ça fait partie du jeu, affirma Miles qui semblait soulagé de savoir que les jumeaux allaient enquêter. Mais faites quand même attention à vous. Si vous vous faites prendre…
– Ça n'arrivera pas, promit George.
– Les sortilèges de base ne vont pas suffire, remarqua Jeremy. Si tu dis que l'équipe est aussi prête que ça, ils vont mettre des pièges ou...
– J'ai un moyen de passer inaperçu et les Maraudeurs vont pouvoir nous aider, indiqua Harry en lançant un clin d'œil aux jumeaux.
Les yeux des jumeaux se mirent à pétiller.
– Évidemment, dit George. Petit Cornedrue va nous aider.
– C'est quoi ça, Corne...
– Laisse tomber Jeremy, conseilla Fred.
– Tu ne peux pas comprendre, affirma George avec un sourire énigmatique.
– Bon, mon seul conseil c'est ; ne vous laissez pas surprendre, dit simplement Miles. Mais on a une bonne équipe...
– Il faudrait juste que certains acceptent de ne pas insulter les autres membres, fit remarquer Emilia, le regard perçant.
– Ok ! capitula Miles. Pardon d'avoir insulté ta Maison. Tu es une excellente poursuiveuse. C'est mieux ?
– Parfait, fit fièrement Emilia avant que Draco ne lui donne un coup de coude. Moi aussi, excuse-moi de t'avoir traité de troll...
– Il va falloir s'entendre si vous voulez qu'on y arrive, conseilla Miles. La cohésion va nous faire gagner. Je compte sur vous pour faire des efforts.
– Ne t'inquiète pas, on va les écraser ces français ! affirma Emilia en levant son poing en l'air.
– C'est ce que j'attends comme état d'esprit ! confirma Miles. D'autres questions ? Bien. Maintenant vous deux, vous venez avec moi.
Il se tourna vers les jumeaux avec un sourire malfaisant qui fit déglutir les deux roux, presque apeurés.
– Je vous ai préparé une séance d'entraînement spéciale.
Harry se fit tout petit. Il ne doutait pas que Miles n'avait pas oublié la blague des jumeaux de l'année passée et qu'il allait leur faire payer. Tout ce que Harry espérait c'était que les jumeaux n'apprennent jamais qu'il avait donné l'information à Miles.
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– Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait tout simplement pas se désillusionner, dit Fred en haussant les épaules.
– Jeremy l'a dit, les professeurs vont poser des sortilèges autour du terrain pour empêcher la triche, soupira George. Un sort de Désillusion ne marchera pas. Il faut qu'on passe au travers des protections.
– Mais comment veux-tu qu'ils protègent un terrain entier ? s'exclama Fred. Je veux dire, on ne peut pas vraiment faire disparaître un terrain, si ? Tu ne penses pas qu'on pourrait simplement observer l'équipe de loin ? Sur un balai par exemple ?
– Je pense qu'il faut se méfier, intervint Harry avec inquiétude. Ils ont Madame Maxime derrière eux qui est parfaitement capable de lancer des protections autour d'un terrain de Quidditch pour que personne, à l'exception de ceux qui y jouent, ne puisse les espionner.
– Il y a aussi l'entraîneur, dit George en fixant le professeur de Vol de Beauxbâtons, Moreau.
Les professeurs de chaque école avaient annoncé au début du repas que le terrain de Quidditch serait protégé pour éviter toute tentative d'espionnage, mais Dumbledore avait laissé la possibilité à chaque équipe de rajouter des protections personnelles. Moreau avait déjà prévenu Dumbledore qu'aucune personne ne pourrait passer leurs sortilèges, ce que George et Fred avaient pris comme une invitation.
Malheureusement, ils se rendaient compte que la tâche allait être encore plus compliquée que prévu, puisqu'ils n'avaient aucune idée de la façon dont les français allaient protéger le terrain. Aucune idée des sortilèges, aucune idée du nombre de protection, aucune idée de la personne qui allait les lancer…
Tous les trois réfléchissaient depuis une journée à la meilleure manière d'y arriver et ce, sans succès.
Pourtant il était vital qu'ils réussissent à espionner les français. D'une part, parce que Miles leur avait confié cette mission et, d'autre part, parce qu'ils avaient un honneur de Maraudeur à défendre.
– Bibine pourrait vous aider, non ? proposa Ron.
– Tu rigoles ? ricana Fred. Elle a essayé d'aider Miles et il l'a envoyée sur les baguettes. Depuis, elle ne lui adresse plus la parole et elle a même essayé de lui interdire d'utiliser le Souaffle d'entraînement de Poudlard avant que Dumbledore n'intervienne.
– La seule chose qu'il nous manque, c'est de savoir quels sortilèges vont utiliser les français ou même les professeurs, pour les contrer, dit George.
– Mais comment on fera une fois qu'on aura passé les protections ? s'enquit Fred. Il faudra passer inaperçu. Si les sortilèges sont aussi élaborés qu'ils le disent, sans doute qu'un sort de Désillusion ne sera pas suffisant.
– Je sais comment passer inaperçu, dit Harry qui lança un clin d'œil complice à Ron.
– Vous savez que c'est interdit, n'est-ce pas ? observa Hermione avec désapprobation.
– Hermione, je t'adore, mais le Quidditch c'est sacré, répondit Harry. Tu ne peux pas comprendre.
George éclata de rire en voyant l'air renfrogné de Hermione. Il était évident que si les deux quatrième année s'adoraient, le Quidditch ne serait jamais un terrain d'entente entre eux.
– On va y réfléchir, dit George pour couper toute dispute entre les deux. La sélection des Champions va bientôt commencer, non ?
C'était le soir du 31 octobre et George ressentait l'agitation présente dans la Grande Salle. Tout le monde voulait savoir qui allait enfin être sélectionné.
Au contraire du premier soir où ils avaient accueilli les écoles, il régnait dans l'air une atmosphère d'impatience. Personne n'avait le cœur à rester sagement à sa place et les conversations ne contenaient que les mots "champions" et "Coupe de Feu".
George aussi était impatient. Même s'il était dans l'équipe de Poudlard, il aurait adoré avoir la possibilité de mettre son nom dans la Coupe. Mille Gallions de récompense c'était une somme astronomique qui l'aurait aidé à monter sa boutique de Farces et Attrapes avec Fred et il était un peu déçu de passer à côté de ça.
– Ça serait bien, souffla Ron. Tout le monde veut savoir.
– Je me demande bien qui va être sélectionné, dit Hermione d'une manière songeuse.
– Moi j'ai surtout hâte que cette soirée soit passée, soupira Harry.
George regarda attentivement Harry et vit, qu'en effet, il n'avait pas l'air au meilleur de sa forme. Il était encore plus agité que d'habitude, sa jambe tressautait sous la table et il ne cessait de regarder l'heure, comme s'il attendait qu'un événement terrible ne se produise.
– Ça sera vite terminé, assura Hermione en regardant sa montre. Ils ne vont pas tarder à faire l'annonce.
Harry hocha la tête et posa instinctivement sa main sur son cou. George savait qu'il touchait son collier qu'il ne quittait jamais, mais il n'avait pas encore réussi à savoir ce que le collier signifiait pour Harry.
– C'est juste une soirée, dit gentiment George.
– Mhm, répondit Harry.
George percuta uniquement en voyant le regard inquiet de Hermione sur Harry. Ce n'était pas la soirée en elle-même qui dérangeait Harry, mais le fait que ce soit le 31 octobre, le soir d'Halloween. George s'en voulut un peu d'avoir oublié que c'était la date d'anniversaire de la mort de ses parents et que ça devait forcément lui faire remonter de mauvais souvenirs à la surface.
– Prends une part de tarte à la mélasse, suggéra George en lui attrapant une part.
– Je n'ai pas très faim, grimaça Harry.
– Mais c'est ta tarte préférée, non ? Elle est tellement succulente ! Les elfes l'ont préparée rien que pour toi, tu ne voudrais pas les décevoir, non ? dit George d'une voix enjouée en passant l'assiette sous le nez de Harry qui rigola.
– D'accord ! capitula Harry en éclatant de rire. Je vais manger un bout. Mais entre ça et les bonbons, cette fête devrait être interdite.
– Imagine mes parents, s'amusa Hermione. C'est l'horreur pour eux, Halloween.
Harry et Ron pouffèrent en imaginant sans doute la tête des parents de Hermione, qui étaient dentistes, s'ils voyaient leur fille manger autant de bonbons le soir.
– En tout cas, j'espère que Montague ne va pas être pris, dit Ron. C'est un vrai troll.
– Cedric a mis son nom aussi, indiqua Harry. J'espère que ça sera lui.
– Pas moi, dit Fred avec dégoût.
– Tu dis ça uniquement parce qu'il a pris le Vif à Harry en troisième année, remarqua Ron. Mais il est sympa.
George confirma les dires de son jumeau d'un signe de tête. Il n'aimait pas non plus Cedric. Et, effectivement, le fait qu'il ait attrapé le Vif, les empêchant de remporter la victoire l'année passée, lui était resté en travers de la gorge.
– Angelina a mis son nom aussi, dit fièrement Fred. C'est elle qui devrait être sélectionnée.
– J'espère que ça va être elle, moi aussi, dit Hermione avec espoir. Elle est quand même plus intelligente que Montague. Et c'est une Gryffondor.
Leur conversation fut interrompue par le discours de Croupton, qui rappela les valeurs du Tournoi des Trois Sorciers et le grand honneur qu'auraient les trois Champions à être sélectionnés par la Coupe.
Harry était encore plus tendu à côté de George, mais ça, il le comprenait parfaitement. Croupton avait enfermé Sirius à perpétuité à Azkaban sans lui accorder de procès. Il était clair que Harry avait un petit quelque chose contre cet homme et qu'il aurait préféré ne jamais le croiser.
– J'espère qu'ils vont se dépêcher, s'impatienta Ron.
George se caressa le menton et il vit du coin de l'œil que Fred avait fait le même geste en même temps, se souvenant sans doute de la barbe qui leur avait poussé le matin même quand ils avaient essayé de passer dans le cercle de protection. Madame Pomfresh avait réussi à les guérir, mais elle les avait prévenus que leurs poils de barbe risquaient de rester blancs pendant quelques semaines.
– La Coupe de Feu ne va pas tarder à prendre sa décision, annonça Dumbledore d'une voix grave qui interrompit toutes les conversations.
George se redressa, impatient de savoir quels Champions allaient être choisis. Même si la Coupe des Trois Écoles avait été créée cette année, il était évident que le Tournoi des Trois Sorciers était au centre de toutes les attentions. Il s'agissait d'un Tournoi légendaire, glorieux, connu de tous…
George savait à quel point être sélectionné changeait la vie du Champion. Le Champion se battait pour représenter son école, affrontant mille et un dangers et montrant toute sa puissance magique. Le Champion était observé, étudié, admiré. George savait que le vainqueur accédait à la gloire, à la célébrité, à la richesse… tout ce dont Fred et George avaient besoin pour monter leur magasin de farces et attrapes.
– Ça commence, murmura Fred, les yeux écarquillés.
Toutes les chandelles s'éteignirent d'un coup de baguette de Dumbledore. Les flammes bleues continuaient de scintiller et de jaillir de la Coupe de Feu. Brusquement, les flammes devinrent rouges, projetant une gerbe d'étincelles sur le côté.
Un instant plus tard, une langue de feu jaillit et un morceau de parchemin noirci voleta dans les airs. La Grande Salle retint son souffle alors que Dumbledore attrapait le parchemin avec agilité.
– Le champion de Durmstrang sera Viktor Krum !
– Pas de surprise ! dit Ron en frappant dans ses mains.
– Miles avait raison, glissa George à Harry pour tenter de lui remonter le moral. Il n'aura pas le temps de s'occuper de l'équipe.
Harry hocha la tête, presque convaincu, alors qu'un deuxième morceau de parchemin jaillissait de la Coupe de Feu.
– Le champion de Beauxbâtons sera une championne... Il s'agit de Fleur Delacour !
George vit la fille qui ressemblait à une Vélane se lever avec une grâce infinie pour se diriger vers la salle qui accueillerait les champions.
– On ne peut pas dire que tout le monde soit ravi, remarqua Hermione, le regard fixé sur des filles françaises qui s'étaient tombées dans les bras et [qui] pleuraient à chaudes larmes.
– Elles n'ont aucun esprit d'équipe, enchaîna Fred qui avait suivi le regard de Hermione. Malheureusement, Delacour ne fait pas partie de l'équipe de Quidditch.
– Ça ne nous empêchera pas de les battre, assura George.
Une nouvelle langue de feu s'éleva dans les airs et George sentit clairement Poudlard reprendre son souffle.
– Le champion de Poudlard est Cedric Diggory !
La table des Poufsouffle se leva et réserva la plus longue et bruyante ovation de la soirée. George frappa deux fois dans ses mains, adressant un sourire désolé à Angelina qui semblait déçue de ne pas avoir été choisie.
– Au moins ce n'est pas Montague, relativisa Fred. Tu imagines si on avait dû le soutenir ?
– On va soutenir Krum, affirma George. Diggory non merci.
Fred hocha la tête, confirmant les paroles de son jumeau.
– En tout cas c'est super, dit George positivement. Notre équipe est au complet, aucun champion. Ils n'ont aucune chan...
George s'interrompit en voyant la Coupe de Feu prendre une nouvelle fois une couleur rouge.
Dumbledore fronça les sourcils, clairement aussi surpris que les élèves qui redevinrent silencieux.
Des étincelles volaient en tous sens et une longue flamme jaillit soudain, projetant un nouveau morceau de parchemin. D'un geste qui semblait presque machinal, Dumbledore tendit la main et attrapa le parchemin entre ses doigts. Il le tint à bout de bras et lut le nom qui y était inscrit.
Un long silence s'installa, pendant lequel il continua de fixer le parchemin, tous les regards tournés vers lui.
Enfin, Dumbledore s'éclaircit la gorge et lut à haute voix :
– Harry Potter.
George tourna la tête si brusquement vers Harry que son cou craqua. La première question qu'il se posa fut : "comment est-ce qu'il a fait ça sans avoir de barbe ?". Fred semblait aussi incrédule que lui et devait sans doute se demander comment, par Merlin, Harry avait réussi là où, eux, les meilleurs blagueurs de Poudlard, avaient échoué.
Puis, il croisa le regard paniqué de Harry et toutes ses interrogations s'évanouirent. Harry était devenu aussi pâle qu'un fantôme, avait posé une main sur son collier et semblait au bord de la crise de panique. Tout en lui criait qu'il était surpris, tout en lui criait qu'il était terrifié. On avait l'impression qu'il s'était fait piétiner par un troupeau d'hippogriffes.
George regarda Hermione qui avait posé une main devant sa bouche en signe d'effroi. Ron lui semblait stupéfait, sous le choc, bouche bée.
Le silence dans la Grande Salle était si assourdissant qu'il en faisait mal aux oreilles, alors que George regardait Harry sans savoir quoi faire, sans savoir quoi lui dire. Alors que le silence s'éternisait et qu'aucun applaudissement ne retentissait.
– Harry Potter ! répéta Dumbledore.
Mais Harry ne bougea pas. Alors, George lui donna une petite tape dans le bras pour le faire réagir. Parce que Harry ne pouvait pas rester assis ici, sous le regard de tout le monde.
Il fallait qu'il bouge, il fallait qu'il s'explique, il fallait que... George ne savait même pas ce qu'il fallait.
Il ne savait pas comment, mais il savait que le nom de Harry était sorti de la Coupe. Et que, dès lors, Harry était considéré comme le champion de Poudlard. Un des champions du Tournoi des Trois Sorciers.
– Harry, murmura Hermione.
Harry fixa Hermione un court instant, lui transmettant quelque chose que George ne comprit pas. Et Harry fit quelque chose qui surprit totalement George.
Il adressa un petit sourire presque rassurant à Hermione et à Ron qui étaient face à lui et il se leva.
Il tourna les talons et sortit de la Grande Salle.
Quand Harry eut passé les portes, George reprit son souffle qu'il n'avait même pas remarqué avoir retenu. Et l'agitation dans la Grande Salle reprit : des centaines de petits chuchotements, de cris indignés, de discussions retentirent, alors que Madame Maxime et Karkaroff sautaient sur leurs pieds pour interpeller Dumbledore.
– Ron, viens, intima Hermione.
Elle attrapa Ron par la manche et sortit rapidement de la Grande Salle avec lui, sans doute dans l'espoir qu'ils ne soient pas interpellés par des professeurs. Mais ces derniers étaient trop occupés à tenter de ramener le calme, sans succès.
– C'est incroyable ! s'écria Fred qui semblait ne pas en revenir. Comment il a fait ça sans avoir de barbe ?
– Il ne l'a pas fait, dit George en se mordillant le pouce. Si ?
– Je ne sais pas Georgie, répondit Fred. C'est Harry Potter, je te rappelle. Il aurait pu trouver le moyen de...
– Tu as vu comment il était paniqué ? coupa George.
Fred perdit son sourire en comprenant les paroles de son jumeau.
– Tu penses que... Tu penses que c'est un coup monté ? murmura Fred à son oreille.
– Quoi d'autre ? dit George en haussant les épaules. Tu penses vraiment qu'il aurait fait ça alors qu'il a le Quidditch ? Il n'a même pas besoin d'argent !
– Tu sais que le Tournoi fait tourner les têtes. Regarde-nous, on a...
– On est en sixième année, opposa George. Et puis on n'a jamais vraiment cru que ça marcherait.
– Harry a peut-être... C'est le fils d'un Maraudeur, George. Tu sais qu'il serait capable de le faire.
– Capable, oui, mais le faire vraiment… Je ne pense pas, dit George dubitativement. On le connaît, il n'aime pas attirer l'attention sur lui.
– Mais qui alors ? Qui pourrait faire ça à Harry ? demanda Fred. Je veux dire, c'est quand même une blague un peu douteuse, même pour nous.
George haussa les épaules. Il ne parvenait pas à réfléchir avec le vacarme des discussions et les professeurs qui appelaient au calme, alors que Dumbledore était pris à partie par une Babbling folle de rage qui levait le poing en signe de défiance et qui réussit presque à faire rire George.
– Regarde Ginny, murmura soudain Fred à son oreille.
George tourna son regard vers sa petite-sœur qui fixait son assiette. Elle ne participait à aucune conversation. Elle n'était ni joyeuse comme certains Gryffondor ravis d'être représentés par Harry au Tournoi, ni horrifiée comme les amis de ce dernier, ni en colère que le nom du Gryffondor soit sorti. Elle semblait abattue. Aussi blanche que Harry. George la vit serrer compulsivement sa main, comme si elle écrivait quelque chose.
George connaissait assez sa sœur pour savoir qu'il était une excellente sorcière. Brillante, courageuse, parfois terrifiante comme leur mère. Il ne connaissait qu'une seule personne qui puisse la mettre dans un tel état. Il ne connaissait qu'un seul être qui puisse inspirer une telle peur à Ginny Weasley...
– Tu-Sais-Qui... murmurèrent George et Fred d'une même voix en se regardant avec effroi.
Les jumeaux se précipitèrent vers Ginny pour calmer sa crise d'angoisse, alors qu'ils étaient renvoyés par les professeurs dans leur Salle Commune.
Certains Gryffondor vinrent demander aux jumeaux d'organiser une fête, mais ils furent sèchement repoussés. George n'avait pas la tête à faire la fête. Pour la première fois, il ressentit une terreur sourde inexplicable, une inquiétude, une angoisse qui faillirent le figer sur place. Il était sûr que Fred était tout aussi paniqué que lui ; ils n'étaient pas jumeaux pour rien.
Ils se regardèrent en s'installant sur les fauteuils de la Salle Commune, l'air paniqué. Et, sans comprendre pourquoi, tout fit sens. Ils comprirent l'annonce de Bill de rester en Angleterre alors qu'il détestait ce pays. Ils comprirent pourquoi il était descendu dans la Chambre des Secrets… Pourquoi Ron et Hermione avaient eu l'air si effrayés. Ils comprirent la raison de la crise de Ginny… Tout ce que Ron, Harry et Hermione avaient vécu depuis la première année et que les jumeaux avaient réussi à savoir par l'intermédiaire de discussions épiées: Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était derrière tout ça.
George comprit alors que Harry était en danger. Ils l'étaient tous
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– Et là, il me sort "c'est ma femme qui a fait le coup" ! s'écria Rufus en éclatant de rire.
Sirius rigola tellement fort qu'il renversa la moitié de son verre sur lui, sans même s'inquiéter de tacher le tapis hors de prix du salon de la Villa Bleue.
– Et il a cru que ça allait marcher ?
– Oh oui, approuva Rufus. Pour le moment il refuse de parler, mais j'ai quand même dû lui rappeler que sa femme était à Sainte Mangouste depuis trois semaines et qu'elle ne pouvait pas l'avoir tué. Mais non... Il est persuadé qu'il a raison.
– Ces criminels, dit Sirius d'un ton complice.
Rufus semblait lui aussi trop joyeux et avait les yeux brillants, signe qu'il avait un peu trop abusé du Whiskey Pur Feu. Mais il était en meilleure forme que Sirius qui ne se souvenait même plus combien de verres il avait bu.
– Tu es un criminel, Black ! opposa Rufus avec un sourire moqueur.
– Quoi ? Tu oses ?
D'un geste rageur, Sirius leva son verre au-dessus de la tête de Rufus et renversa le reste de son contenu, sous le rire moqueur de son ami.
– Tu as commis plus de crimes que n'importe qui ! dit Rufus. Tu veux une énumération ?
– Je suis une licorne, assura Sirius en tentant vainement d'éponger le liquide avec sa cape.
– Animagus illégal, kidnapping sur enfant de moins de quinze ans, menaces de mort...
– Sur qui ? Tu as des noms ?
– Tu menaces de tuer Malefoy tous les deux jours. Sans parler de Dumbledore, remarqua Rufus.
– C'est de moi ou de toi qu'on parle ? opposa Sirius.
– Mais moi je suis Chef des Aurors, je suis intouchable.
– Ce gouvernement de corrompus ! confirma Sirius avec dégoût.
– Et Amelia ?
– Je te l'accorde. À part Amelia, ce sont tous des pourris !
– Et moi alors ? dit Rufus légèrement offensé.
– Toi tu es le pire. Tu dînes avec un criminel et tu me fais boire pour ne pas avoir à essuyer mes larmes, ricana Sirius.
– Tu me connais un peu trop bien, confirma Rufus en partant dans un grand éclat de rire. Je n'avais pas pensé passer ma soirée comme ça.
– Et moi donc, dit Sirius en souriant largement. J'avais prévu de pleurer en regardant des photos de James et Lily, donc finalement je suis content que tu sois là !
– Je ne vais pas te consoler, Black !
– Je préfère qu'on se batte, dit sincèrement Sirius, pour ne plus penser à ce soir-là.
Rufus le tapa avec force dans le dos.
– Allez, tu ne m'as pas fait venir pour pleurer dans les cheminettes, non ?
– Tu n'as aucune compassion, se plaignit Sirius.
– Si tu voulais de la compassion, tu aurais appelé Amelia. Elle t'aurait préparé un bon petit plat et t'aurait laissé pleurer en disant que James était génial alors qu'elle le détestait.
– Elle ne le détestait pas, marmonna Sirius sans pouvoir s'empêcher de sourire.
– Ce dont tu avais besoin c'était d'une soirée en hommes avec de la bonne bierre moldue. Pas d'une soirée remplie de mouchoirs et de bons sentiments.
Sirius savait que c'était précisément pour ça qu'il avait fait venir Rufus ce soir-là. Amelia s'était proposée, mais il n'avait pas eu envie de passer sa soirée à pleurer sous le regard soucieux de son amie.
Il avait vraiment eu besoin de Rufus, de sa bonne humeur, de ses efforts pour lui changer les idées.
Il ne voulait surtout pas penser à ce qu'il s'était passé treize ans auparavant, ni penser à la mort James et Lily. Il ne voulait pas penser aux choix qu'il avait faits et qui l'avaient conduit à Azkaban. Azkaban.
– Ressers-moi au lieu de pleurer, intima Rufus en le voyant partir dans ses pensées macabres. Tu es en liberté grâce à moi, je te le rappelle, tu me dois bien un verre.
– Oui, ironisa Sirius, parce que Harry, Amelia, Tonks et Alan n'ont absolument pas aidé.
– J'ai tout fait tout seul, ce sont eux qui se sont attribués mes mérites, dit Rufus avec une telle mauvaise foi que Sirius faillit s'étrangler à moitié en avalant une frite. Quand je pense que Lupin nous a abandonnés, lui aussi.
– Il préfère être seul, dit Sirius en haussant les épaules.
Il pouvait comprendre Remus. Il avait préféré faire ce qu'il faisait tous les ans depuis treize ans ; rester seul pour pleurer James et Lily.
Remus avait proposé à Sirius de l'accompagner sur la tombe de leurs amis, mais Sirius n'avait pas pu. Sirius n'avait pas voulu la voir. Il ne se sentait pas encore prêt à retourner à Godric's Hollow.
Sirius avait préféré oublier par l'alcool, tout en acceptant que Remus veuille oublier par un autre moyen. Remus était son meilleur ami, ils habitaient ensemble, mais Sirius savait à quel point ils pouvaient être différents et c'était sans doute pour cela que leur cohabitation se passait si bien.
– Pas de nouvelles de Harry ? s'enquit Rufus.
– Pas encore, répondit Sirius en regardant de nouveau le Miroir posé en évidence sur la table. Mais l'annonce des champions doit prendre du temps.
– Ça ne doit pas être simple pour Harry non plus.
– Je croyais qu'on devait s'amuser ce soir ? ironisa Sirius. Mais oui, je crois que... Il m'a passé un coup de Miroir hier et il n'allait pas très bien. Je crois que tout ce qu'il s'est passé cet été avec la pierre, l'Horcruxe… Et là, Halloween… Il aurait bien besoin de parler à sa psychomage, mais il ne la verra qu'à Yule.
– Tu as peur pour sa Magie ?
– Pas vraiment. Il gère mieux qu'avant, mais c'est sûr que Samhain est une nuit compliquée pour ceux qui y sont sensibles. Et malheureusement Harry y est plus sensible que les autres.
– Oui, je me souviens de l'année dernière quand on s'est rencontré, dit Rufus les yeux dans le vague. Quand il avait attrapé Pettigrow. On ressentait bien sa Magie autour de lui, enfin je l'ai ressentie.
– J'avais presque oublié que vous vous êtes rencontrés là-bas ! dit Sirius, les yeux écarquillés. Tu te rends compte que ça fait moins d'un an qu'on se connaît ?
– Et j'ai l'impression de te traîner avec moi depuis cinquante ans au moins. Je n'ai jamais eu autant de problèmes que depuis que je te connais.
– J'égaye tes journées, assura Sirius avec prétention. Sans moi, ta vie serait tellement inintéressante.
– Elle serait surtout plus tranquille et je n'aurais pas à m'inquiéter du retour du plus puissant mage noir de tous les temps.
– Et tu aurais été mis devant le fait accompli sans savoir quoi faire, ironisa Sirius. Avec Fudge comme Ministre, Voldemort aurait eu le champ libre.
Rufus frissonna encore quand Sirius prononça le nom de Voldemort, mais ne sursauta pas. Sirius ne comprenait pas comment Rufus, aussi courageux et puissant, pouvait encore avoir peur d'un nom.
– Ce n'est qu'un nom, c'est même un nom ridicule.
– Ça ne s'explique pas, admit Rufus en haussant les épaules. Quand il sera six pieds sous terre je le dirai.
– Promis ?
– Promis. Mais pour en revenir à Fudge, il n'est vraiment pas à la hauteur. Si Tu-Sais-Qui revient il ne fera jamais le poids.
– Et donc, tu veux sa place ? demanda Sirius avec humour.
– Tu me vois Ministre de la Magie ? s'étonna Rufus.
– Je t'imagine bien. Ta première décision seraient: tuez tous ceux qui sont menaçants. Tu donneras quartier libre à tes précieux Aurors. Et tu leur diras d'assassiner tous les sorciers avec une longue barbe blanche, dont le nom commence par "Dumble" et finit par "dore".
– Je sais que tu le détestes toi aussi, dit Rufus sans dénier.
– Je ne le porte plus dans mon cœur. Mais il fera toujours tout pour protéger ses élèves, non ?
– Je ne sais pas, Sirius.
– Au fait, tu seras là dans deux jours pour l'ouverture de l'orphelinat ?
– Je vais essayer, tempéra Rufus. J'ai reçu une lettre de ta cousine, et Amelia m'a demandé si je pouvais l'accompagner. Normalement je peux, mais il suffit qu'une affaire me tombe sur les bras pour que je ne puisse plus.
– Parce que tu travailles ? s'horrifia Sirius. Mais ça sert à quoi d'être le Chef si tu ne peux pas prendre de pauses et te décharger sur tes sous-fifres ?
– Ce sont mes collègues, rectifia Rufus. Et je dois être là pour montrer l'exemple et être prêt à aider n'importe lequ...
– C'est tellement ennuyeux, geignit Sirius. Je n'aurais jamais pu faire ça.
– Je n'ose pas imaginer une gestion du Bureau des Aurors par Sirius Black, frissonna Rufus. Je crois que j'aurais vite donné ma démission.
– Bon, on trinque à ta longue carrière de Chef des Aurors, alors ? sourit Sirius en attrapant son verre. Aux soirées entre amis ?
– Et dire qu'il y a un an tu étais considéré comme un criminel et que je me retrouve dans ton salon à boire des boissons moldues, ricana Rufus. Qui l'aurait cru ?
– Je suis charmant, que veux-tu, assura Sirius en lui lançant un grand sourire. Tu ne peux pas résister au charme des Black.
– Je crois que je vais m'abstenir de ré...
Rufus fut interrompu par Dobby qui apparut dans le salon de la Villa Bleue dans un pop sonore, les yeux remplis de larmes et secoué de gros sanglots.
– Dobby ? dit Sirius avec une voix pressante.
– C'est Maître Harry ! C'est Maître Harry ! Il vient de... d'appeler Dobby et... couina l'elfe en hoquetant difficilement entre deux sanglots.
– Et quoi !? cria à moitié Sirius en s'agenouillant à hauteur de l'elfe. Dobby ! Dis-moi ce qu'il se passe avec Harry, tout de suite !
– Le nom de... de Maître Harry est sorti de la Coupe de Feu... Mais il a dit... il a dit que ce n'est... ce n'était pas lui !
Sirius raconterait plus tard, à qui voulait l'entendre, que les fenêtres de la Villa Bleue avaient explosé à cause d'un malencontreux coup de vent.
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– Vous avez le dossier Anderson, Amy ?
– Oui. Juste sur mon bureau.
Amy tendit à Alan un épais dossier sur lequel était écrit en gros "William et Lyra Anderson". Il l'ouvrit pour découvrir qu'Amy avait déjà rédigé un rapport synthétique et clair de l'affaire.
Il savait que son assistante s'était prise d'affection pour ces deux enfants, comme presque tous ceux qui les rencontraient. Alan devait avouer que leur cas était difficile, mais intéressant.
Toutefois, il ne comprenait pas comment il s'était retrouvé à défendre deux enfants victimes de maltraitances.
Tout était entièrement de la faute de Sirius Black. Avant de le rencontrer, sa clientèle était composée de riches hommes d'affaires, de malfrats, parfois.
Aujourd'hui il défendait plusieurs hommes emprisonnés sans procès à Azkaban, travaillait en collaboration avec Amelia Bones pour s'assurer qu'ils aient un procès équitable et était à l'origine d'une loi réformant la procédure pénale sorcière qui lui avait valu, à la fois les honneurs, mais aussi des menaces.
Mais surtout, jamais – au grand jamais – il n'aurait songé, il y a un an, que son travail consisterait à protéger des enfants victimes de maltraitances familiales. Il avait été faible, vraiment. Si la problématique des innocents à Azkaban l'intéressait beaucoup pour remettre en cause le Ministère, les enfants maltraités n'étaient pas sa tasse de thé.
Mais il s'était laissé charmer par Narcissa Malefoy et il s'en voulait terriblement. A présent, il était l'avocat officiel du nouvel orphelinat Black-Malefoy et il allait devoir assister à son inauguration en prétendant aimer les enfants.
– Vous avez déjà fait la synthèse, remarqua Alan à l'attention de son assistante.
– C'est un dossier intéressant, affirma Amy. Ces petits m'ont vraiment touchée.
– L'audience se passe devant le tribunal moldu, indiqua Alan. Vous vous sentez prête ?
Amy releva brusquement la tête de son tas de parchemins et regarda Alan, légèrement interloquée.
– Prête pour quoi ? répéta-t-elle comme si elle n'était pas sûre d'avoir compris.
– Je sais que ce dossier vous intéresse. Vous le plaiderez à la prochaine audience.
Les yeux d'Amy s'écarquillèrent et Alan sourit largement en comprenant tout ce qu'elle pouvait ressentir ; la fierté, le goût d'une bonne bataille qui s'annonçait, mais aussi la peur... La peur de décevoir, de ne pas gagner le dossier, de ne pas réussir à protéger les enfants...
– Vous savez plaider, vous connaissez les tribunaux moldus sans doute mieux que moi, vous avez déjà travaillé le dossier. Vous pourrez vous débrouiller là-bas.
– Mer... Merci ! Je suis sous le choc, je ne...
– Ne me remerciez pas, dit Alan en levant les yeux au ciel. C'est simplement une faveur pour moi-même. Je ne supporte pas les enfants.
Mais rien ne vint entamer l'enthousiasme d'Amy qui regarda le dossier avec une certaine révérence et une anxiété palpables.
– Vous serez là, n'est-ce pas ? demanda Amy.
– Bien sûr. Je ne vous lâche pas comme ça, vous représentez le cabinet Maxwell, dit Alan.
– Je ne vous décevrai pas !
– J'espère bien, dit Alan en riant. On discutera du dossier demain pour que je puisse m'adapter à votre stratégie de défense. Vous savez que ça va être un dossier compliqué ?
– Je le sais. Mais je suis prête ! affirma Amy dont la détermination masquait la peur.
– Parfait. Parce qu'il est hors de question que la mère de ces pauvres enfants s'en sorte comme ça.
– Je vous assure, Maître, que je vais tout faire pour l'envoyer en prison pour le restant de ses jours.
Alan vit une lueur dans les yeux d'Amy qui lui faisait fortement penser à lui-même et il hocha la tête. Au fond de lui, il se sentait rassuré. La relève était assurée. Et il était clair qu'il allait profiter du nouvel attrait d'Amy pour la marmaille pour se débarrasser des dossiers "enfants battus".
Il s'installa à son bureau en observant la montagne de dossiers qu'il avait à traiter. Il ne pouvait pas nier que cela le passionnait toujours autant, même après toutes ces années. Bien qu'il s'en plaigne souvent, il aimait défendre les gens.
Il attrapa le dossier O'Brien qui était l'un des accusés renvoyés à Azkaban sans procès. Rien à voir avec Sirius Black, cependant, mais Alan s'en fichait. Tout ce qu'il voyait c'était qu'il n'avait pas eu de procès et que c'était contraire à toutes les règles magiques. L'audience aurait lieu deux semaines plus tard et il devait être prêt pour lui apporter tout ce qu'il n'avait pas eu la première fois ; un avocat et une défense solide.
Alan sursauta et renversa son encrier sur ses dossiers quand un Patronus apparut dans son bureau. C'était un lion et Alan resta bouchée-bée un instant en se demandant de quoi il était question, avant de frissonner en reconnaissant le timbre de voix de Rufus Scrimgeour.
– Prenez le Portoloin. Potter en danger.
Un briquet moldu apparut comme par magie sur son bureau et il ne chercha même pas à comprendre comment Scrimgeour avait fait pour le lui envoyer. Il posa une main sur le portoloin et le crochet caractéristique le tira par le nombril. Avant d'arriver, Alan songea que Black avait intérêt à augmenter ses honoraires.
Il atterrit sans véritable grâce, mais sur ses jambes, devant les grilles de Poudlard. Il n'osa même pas demander à Sirius Black et Rufus Scrimgeour comment ils avaient eu l'autorisation de créer un portoloin pour l'emmener ici. Il émanait d'eux quelque chose de vraiment dangereux.
Si Alan avait déjà eu l'occasion de voir Scrimgeour en colère, Sirius semblait complètement différent et vraiment fou de rage. Il avait les mâchoires serrées, le regard au loin si froid, si noir, qu'Alan eut peur qu'il n'assassine quelqu'un. Il ne semblait même pas l'avoir remarqué. Alan ressentait les pulsations magiques autour de Sirius, qui semblait à la fois angoissé et terriblement en colère.
– Que se passe-t-il ? s'enquit Alan poliment.
– Le nom de Harry est sorti de la Coupe de Feu. Il est parti de la Grande Salle à l'annonce des résultats et nous a transmis le message par le biais de son elfe de maison. Nous avons donc créé deux portoloins illégaux pour arriver ici, résuma Scrimgeour avec précision et dureté comme s'il reprochait à Alan d'avoir posé la question.
Alan ne fit pas attention à son ton, comprenant que les circonstances soient difficiles pour les deux hommes qui étaient très attachés à Harry.
Son cerveau bouillonnait déjà sur les possibilités d'annuler la participation de Harry. Car c'était sans doute la raison pour laquelle il avait été convoqué par les deux hommes ; pour que Harry ne participe pas au Tournoi des Trois Sorciers.
– Est-ce que Harry a déposé son nom ? demanda Alan.
Il eut un mouvement de recul quand Sirius se tourna vers lui, le regard dur.
– Bien sûr que non, dit Sirius d'une voix glaciale qui fit frissonner Alan.
Il se fit un mémo mental de ne plus jamais poser de questions fâcheuses à un Sirius Black très en colère. Il était évident, ce soir-là, que Sirius n'était pas un Black pour rien. Il ressemblait tant à son grand-père, Arcturus, qu'Alan dut lutter pour ne pas lui faire une remarque qui l'aurait sans doute encore plus énervé.
– Est-ce qu'il y a un moyen d'annuler sa participation ? demanda Rufus après avoir jeté un regard agacé à Sirius.
Alan soupira légèrement, parce qu'il avait eu l'occasion d'étudier les caractéristiques de la Coupe de Feu. La Gazette avait fait un long article à son sujet et il avait demandé à Amy de faire des recherches complémentaires pour sa culture personnelle. Il n'aurait pas pensé que cela lui serait réellement utile.
– Une fois qu'un champion a été sélectionné par la Coupe, il est tenu par un contrat magique, asséna Alan en craignant la réaction de Sirius.
Ce dernier se contenta de serrer les poings.
– Et si ce n'est pas lui qui a mis son nom ? insista Rufus.
– Il faut que j'étudie tous les éléments, Scrimgeour. Je ne peux rien vous dire tant que je n'ai pas le papier avec son nom. Si on prouve que le nom n'a pas été écrit par Harry et qu'il n'a pas mis le parchemin dans la Coupe, peut-être que le contrat pourra être annulé. Mais je crains que la Coupe sélectionne un champion et que le fait qu'il ait mis son nom ou non ne change rien. Elle l'a jugé comme digne de représenter...
– Bien sûr qu'il en est digne, dit brusquement Sirius. Il a combattu Voldemort plus de fois qu'il n'aurait dû le faire.
– Mais je croyais qu'il n'y avait qu'un champion par école, remarqua Rufus sans accorder d'attention à Sirius.
– C'est pour cela que je dois voir le parchemin. Il a été forcément inscrit comme faisant partie d'une autre école, dit Alan après un court instant de réflexion.
– Quand est-ce qu'ils arrivent ? demanda Rufus en regardant sa montre. J'ai envoyé un Patronus à l'intérieur du château il y a dix minutes au moins.
Ils attendirent quelques instants, avant que Rusard ne vienne leur ouvrir les grilles.
– Pourquoi est-ce que...
Les trois hommes n'écoutèrent même pas Rusard et lui passèrent devant sans rien lui dire. Le concièrge se mit à vociférer contre eux en des termes qui auraient fait rougir Amy. Ils marchèrent d'un pas soutenu, à moitié en courant, Sirius en tête.
– Black ! dit soudain Alan alors qu'ils arrivaient devant le château. Pas de meurtre, c'est compris ?
Sirius grogna quelque chose qui devait ressembler à une promesse, mais Alan vit du coin de l'œil que Scrimgeour avait sorti sa baguette comme si lui-même n'était pas persuadé de faire confiance à son ami sur ce point.
L'avocat soupira en se demandant comment il avait fait pour se retrouver dans une telle situation. Il songea qu'Amy allait paniquer en ne le voyant plus dans son bureau et qu'il aurait beaucoup de mal à lui expliquer que le Chef des Aurors avait fabriqué un portoloin illégal pour se rendre à Poudlard et sauver Harry Potter de la Coupe de Feu, tout en essayant d'empêcher Sirius Black d'assassiner des gens.
Ils déboulèrent dans la Grande Salle, complètement vide, guidés par les cris qui retentissaient dans une pièce à l'écart.
Sirius n'hésita pas une seule seconde et fonça en cette direction. Il ouvrit la porte avec une telle force qu'elle heurta le mur en pierre avec fracas.
Un glapissement de surprise retentit dans la pièce, mais Alan n'en fut pas étonné. Si la situation n'avait pas été aussi critique, peut-être aurait-il pu rire de la tête des adultes présents dans la pièce : un mélange de peur, de stupéfaction et de colère.
Alors que Dumbledore se tournait vers eux, Alan reconnut Croupton et Verpey, membres du Ministère. Il y avait aussi la directrice de Beauxbâtons et le directeur de Durmstrang qui observaient la scène sans savoir quoi faire.
Maugrey Fol Œil le jaugea du regard et Alan retint à temps un sourire ironique à son égard. Ils s'étaient longtemps écharpés sur certains dossiers, mais il osait espérer que l'Auror serait aujourd'hui de leur côté.
– Bonsoir, dit Alan d'une voix posée, voyant que Rufus se postait aux côtés de Sirius pour l'empêcher de sauter sur le directeur.
Sirius tenait bien le choc, pour le moment. Il s'était légèrement redressé et toisait chacune des personnes présentes avec un certain mépris et une haine qui rendirent l'atmosphère de la pièce étouffante.
– Maître Maxwell, dit Dumbledore en inclinant la tête en sa direction.
– Je représente la famille Potter-Black, expliqua Alan avant qu'un espèce de rugissement ne provienne de Sirius, comme s'il ne pouvait pas se retenir plus longtemps.
– Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ici, Dumbledore ? questionna Sirius.
Alan était fortement impressionné. Même dans ses rêves les plus fous, jamais il n'avait pu prendre une inflexion aussi menaçante, aussi dangereuse, juste en parlant.
Dumbledore leva les mains en signe d'apaisement, mais cela ne sembla pas calmer Sirius qui lui jeta un regard glacial.
– Sirius, dit Rufus d'une voix sourde en posant une main sur son bras. Calme-toi.
– Que je me calme ? siffla Sirius en lui décrochant un regard noir que Scrimgeour soutint sans ciller. Le nom de mon fils est sorti de cette fichue coupe ! Et tu veux que je me calme ?
– Oui. Je veux que tu te calmes tout de suite. Laisse-leur nous expliquer la situation.
Sirius prit une grande inspiration, mais son corps tremblait tellement qu'il était évident qu'il devait se retenir pour ne pas rugir de rage.
– Bien, maintenant, Dumbledore, expliquez-nous ce qu'il se passe immédiatement, intima le Chef des Aurors d'un ton sec.
Alan observa la scène avec amusement, heureux de ne pas être la cible du Chef des Aurors. Il s'adossa à un mur et étudia la scène plus attentivement, écoutant d'une oreille Dumbledore raconter les événements de la soirée.
Il vit Sirius blanchir de plus en plus et serrer les poings, mais ne faire aucun mouvement pour sauter sur quelqu'un, ce qui était une bonne chose.
Les représentants de Durmstrang et Beauxbâtons semblaient furieux à mesure que Dumbledore avançait dans son récit, demandant à ce que deux autres nouveaux champions soient désignés.
Verpey était presque trop ravi pour être honnête et Croupton semblait très embêté par la tournure des évènements ; mais Rufus ne savait pas si c'était le fait que le nom de Harry ait été tiré ou le fait que Sirius Black soit présent dans la pièce ce qui expliquaient leurs réactions.
Le professeur McGonagall observait le directeur avec un mélange de colère et de stupéfaction, alors que le professeur Rogue regardait Sirius avec un dégoût qu'Alan n'aurait pas pu inventer.
– C'est un scandeule ! s'exclama Madame Maxime.
– Une honte, Dumbledore. Une honte ! dit Karkaroff avant de se faire tout petit quand Rufus et Maugrey le fixèrent d'un même regard noir.
Dumbledore soupira et se tourna vers Croupton qui semblait tout aussi mal à l'aise que lui.
– Le règlement est formel, dit Croupton en s'avançant d'un pas. Vous ne pouvez pas choisir un autre champion, la Coupe de Feu est éteinte et ne se rallumera qu'au prochain Tournoi.
– Et vous pouvez être sûrs que Beauxbâtons ne se représentera pas ! s'écria Madame Maxime. C'est une...
– Oui, une honte, coupa Alan, agacé par la tournure que prenaient les évènements. Vous parlez de honte et de scandale, mais est-ce que quelqu'un ici a pensé à Harry ?
– C'est un honneur d'être choisi ! répliqua sèchement Karkaroff.
– Harry a quatorze ans, opposa Alan. Vous savez comme moi qu'un tel Tournoi est pratiquement une condamnation à mort à cet âge.
Il savait que ce n'était pas le meilleur moyen de tranquilliser Sirius, mais il fallait que tous ces adultes comprennent. Qu'ils prennent conscience que ce n'était pas seulement un problème d'organisation ou de scandale. Quelqu'un voulait tuer Harry et personne ne semblait s'en émouvoir.
– Il n'avait qu'à y penser avant de meuttre son nom ! dit brusquement Madame Maxime en balayant son argument d'un signe de la main.
– Si vous voulez mon avis... commença Karkaroff.
– Je pense que nous allons nous passer de l'avis d'un ancien Mangemort, coupa Sirius d'une voix glaciale. Je pense que Maugrey se fera un plaisir de vous interroger en premier, n'est-ce pas ?
– En effet, répondit l'ancien Auror en faisant un sourire sournois à Karkaroff.
– Je n'ai rien fait ! opposa Karkaroff en s'éloignant de Fol Œil.
– Non, c'est votre copain Voldemort qui est dans le coup, rétorqua Sirius. Alors vos conseils, vous pouvez vous les garder.
Scrimgeour ne put s'empêcher de ricaner alors que les personnes présentes sursautèrent, à l'exception de Dumbledore et de Maugrey.
Verpey en fit tomber son couvre-chef, Madame Maxime eut un haut-le-cœur et même Rogue frissonna dans son coin.
– Mr Black, commença Croupton en s'avançant vers Sirius.
Alan sentit clairement l'atmosphère de la pièce se tendre. Sirius sortit en un éclair sa baguette et la pointa en direction de Croupton qui pâlit.
– Adressez-moi la parole une seule fois Croupton et je vous assure que ce sera la dernière chose que vous ferez dans votre vie, promit Sirius sans le lâcher du regard.
Croupton capitula en soupirant et s'éloigna de Sirius, qui abaissa sa baguette. Fol Œil dut poser une main sur sa bouche pour cacher son sourire.
– Croupton, Dumbledore, comment cela a-t-il pu arriver ? demanda sèchement Rufus en regardant les deux hommes. Je croyais que la Coupe était protégée par des enchantements.
– Ce ne serait pas la première fois que ces deux hommes seraient défaillants dans leurs fonctions, remarqua Alan avec un soupçon d'ironie.
Cette fois, ce fut Sirius qui ricana et qui lui jeta un regard appréciateur. Alan vit que Croupton s'était tendu, outré d'être accusé, alors que Dumbledore semblait résigné. À ce moment-là, Dumbledore faisait réellement son âge.
– Il y avait une limite d'âge, expliqua Maugrey d'une voix bourrue. Il est évident que cet objet magique a été trompé ! Sans doute un sort de confusion pour embrouiller la Coupe et lui faire oublier que seules trois écoles peuvent participer au Tournoi... Je pense qu'on a dû soumettre la candidature de Potter sous le nom d'une quatrième école...
– Vous semblez avoir beaucoup réfléchi à la question, Fol Œil, dit Karkaroff, très suspicieux.
– C'est mon rôle de penser comme les mages noirs, Karkaroff.
– Ce n'est pas la question, interrompit Dumbledore qui semblait à bout de patience. Quelqu'un a mis le nom de Harry dans...
– Potter a mis son nom dans la Coupe, voilà ce qu'il s'est passé, dit brusquement Rogue. Comme son père, il souhaite attirer l'att...
Il sembla que c'était l'occasion que Sirius avait attendue toute la soirée. Il se précipita vers Rogue, sans même se souvenir qu'il avait sa baguette à la main. Il rugit, les poings en avant, uniquement retenu par Rufus et Maugrey qui aggripèrent chacun un pan de sa cape.
– Lâ... chez... moi ! cria Sirius en brandissant son poing en direction de Rogue.
– Sirius ! Calmez-vous ! ordonna McGonagall en s'interposant entre Sirius et Rogue.
À la grande surprise d'Alan, cela suffit à Sirius qui laissa retomber son bras le long de son corps et fixa son ancienne professeure avec un mélange de colère et de tristesse.
– Je sais que c'est difficile, murmura McGonagall, mais nous allons tirer ça au clair. Vous battre comme ça ne changera pas la situation. Alors vous allez vous calmer et nous allons essayer de trouver une solution.
Sirius hocha la tête et se dégagea brusquement de la poigne de Rufus, toisant toutes les personnes du regard comme s'il les défiait de lui faire une remarque sur son comportement.
Rogue se fit tout petit dans son coin quand McGonagall lui adressa un regard noir.
– Je veux une enquête, intima Sirius d'un ton qui ne souffrait d'aucune contradiction.
– Bien sûr, confirma Rufus en hochant la tête sans cesser de fixer Sirius comme s'il craignait qu'il ne se précipite de nouveau sur Rogue pour le frapper. Le Bureau des Aurors va s'en charger.
– Les Aurors ? couina Verpey. Est-ce vraiment nécessaire de...
Rufus éclata d'un rire sans joie.
– La personne qui a mis le nom de Harry dans la Coupe cherche de toute évidence à le tuer. C'est une tentative d'assassinat. Donc, oui, les Aurors sont compétents.
Verpey dut sentir qu'il n'avait aucune possibilité d'argumenter. La tension augmenta d'un cran, toutes les personnes se jaugeant du regard comme si elles cherchaient le responsable. Alan était persuadé que la moindre étincelle, que la moindre remarque, pouvait mettre le feu à la baguette.
– Alastor, dit alors Rufus, vous vous chargerez de l'enquête ?
Maugrey bomba le torse et étira ses lèvres en un sourire ravi.
– Bien sûr, chef.
– Vous connaissez le protocole, ajouta Rufus avec un sourire en coin plutôt sournois. Je veux la totale. Vous me trouvez la personne qui a mis le nom de Potter là-dedans et vous me l'enfermez à Azkaban. Si vous avez besoin de renforts, je vous en fournirai avec grand plaisir.
– Je devrais m'en sortir, dit Alastor en se tournant vers Karkaroff qui déglutit difficilement.
Dumbledore soupira comme s'il était effondré par tout ce qui lui tombait dessus, mais n'osa pas contredire Scrimgeour, ce que Alan trouva judicieux.
– Maintenant que l'auteur de cette tentative d'assassinat va être découvert, dit alors Alan, est-ce que nous pourrions discuter de la façon dont nous allons procéder pour ne pas faire participer Harry à ce Tournoi ?
– C'est impossible, affirma immédiatement Croupton, l'air inquiet en voyant Sirius trembler. Les règles sont claires, Maxwell, une fois qu'un champion a été sélectionné par la Coupe, il ou elle a l'obligation de se soumettre aux épreuves du Tournoi. C'est un contrat mag...
– C'est un contrat magique, je le sais, oui, coupa Alan en balayant les explications de l'homme d'un geste de la main. Mais c'est le fait de déposer son nom dans la Coupe qui constitue un engagement. Or, Harry n'a pas déposé son nom dans la Coupe.
Il fusilla les adultes du regard, défiant quiconque de dire le contraire.
– Et s'il ne participe pas ? s'enquit Rufus. Ou s'il va aux épreuves sans participer ?
– Je crains que Mr Potter ne risque de perdre sa Magie, dit Croupton sans oser regarder Sirius.
– Je retire Harry de Poudlard à la fin de l'année, souffla Sirius en fusillant Dumbledore du regard. Personne ne semble s'inquiéter de la situation. Un enfant de quatorze ans doit participer à un Tournoi qui va sans doute le tuer, parce que le "plus-grand-sorcier-de-sa-génération" n'a pas pensé qu'une personne pouvait mettre un autre nom que le sien dans la Coupe ? Et parce que tous les membres corrompus du Ministère veulent tuer un enfant et le laisser participer à ça sans rien dire ?
– Mr Black, je... commença Verpey avant de s'arrêter quand Sirius le foudroya du regard.
– Sirius, j'assume l'entière responsabilité de...
– Je m'en fiche, Dumbledore, déclara Sirius l'air grave. Tout ce que je vois, c'est que des adultes, c'est que des gens en qui la population sorcière est censée avoir confiance, veulent mettre à mort un enfant de quatorze ans. Personne n'est choqué ? Tout le monde dit qu'il doit participer sans même s'inquiéter pour lui. C'est un enfant ! Un enfant qui a déjà vécu trop de choses difficiles à cause de votre Ministère de pourris ! À cause de vous Dumbledore ! Et, là encore, aucun d'entre vous ne pense à Harry ! Tout ce à quoi vous pensez c'est votre petit scandale et vos règles complètement incohérentes ! Harry-ne-participera-pas-à-ce-Tournoi, conclut-il en détachant chaque mot pour être certain d'être bien compris.
– Ce n'est pas... dit Verpey.
– Tout ce que vous dites c'est que Harry doit participer. Mais Harry n'a pas mis son nom dans cette fichue Coupe et personne ne l'obligera à y participer, c'est clair ?! ALORS, MAXWELL, TROUVEZ-MOI UN MOYEN DE RETIRER HARRY DE CETTE COMPÉTITION ! hurla Sirius.
Les dernières phrases à l'attention de Alan lui firent l'effet d'un coup de fouet. Il comprit immédiatement que Sirius ne pouvait plus se retenir. Il lui fallait une réponse et vite. Il fallait que quelqu'un trouve une solution et il était le seul à pouvoir le faire.
La discussion ne servait à rien ; comme l'avait dit Sirius, tout le monde se fichait bien de Harry. Cela fit accélérer le cœur d'Alan car il le savait : il était la seule personne à pouvoir sortir Harry de cette situation, à faire en sorte qu'il aille bien.
S'il ne trouvait rien, Harry devrait participer au Tournoi et qui sait s'il réussirait à s'en sortir vivant...
– Montrez-moi le parchemin, intima Alan. Si Harry n'a pas écrit son nom, il y a bien un moyen de rompre le contrat magique, non ?
Dumbledore tendit le bout de parchemin noirci à Alan.
– Je ne suis pas sûr que ça marche, dit Croupton d'un air circonspect. Après tout, la Coupe choisit avant tout une personne et pas uniquement un bout de parchemin. C'est Mr Potter que la Coupe a choisi. Le fait qu'un autre l'ait inscrit ne change rien, je le crains.
Les paroles de Croupton firent sens alors qu'Alan lisait le parchemin.
– Donc, si je comprends bien, reprit Alan en s'efforçant de retenir un sourire triomphant. La Coupe choisit la personne qui est écrite sur le papier. La Coupe choisit un nom.
– Tout à fait, assura Croupton.
– Eh bien tout cela est parfait, dit Alan en frappant dans ses mains.
Des regards médusés se posèrent sur lui, alors que Sirius se retenait visiblement de le secouer comme un prunellier pour lui demander s'il n'était pas devenu fou.
– Parfait ? répéta Croupton, lui aussi incrédule de voir le large sourire d'Alan.
– Oui. Parce que ce n'est pas le nom de Harry qui est marqué sur le parchemin. Il ne participera donc pas au Tournoi.
Sirius laissa échapper un soupir de soulagement et s'adossa contre Scrimgeour, comme si le surplus d'émotions venait de lui tomber dessus. Alan fut assez touché de voir que Sirius lui faisait assez confiance pour le croire sans même demander d'explications.
– Il y a bien marqué "Harry Potter" pourtant, Maxwell, dit Maugrey en regardant par-dessus son épaule pour lire le parchemin.
Alan retint son frissonnement ; il détestait cet homme de tout son être et il aurait préféré qu'il reste loin, très loin de lui. Malheureusement, il allait sans doute être le seul de son côté, à œuvrer pour Harry, et il devrait s'en accommoder.
– Vous avez besoin de lunettes, peut-être ? suggéra Karkaroff d'un ton moqueur.
Dumbledore fronça les sourcils, alors que Rufus et Sirius se regardaient en souriant largement, venant visiblement de comprendre son raisonnement.
– Vous êtes sûr que ça va marcher, Maxwell ? demanda Sirius.
– Persuadé.
– Parfait. Puisque vous n'avez plus besoin de moi, je vais chercher mon fils, conclut Sirius en tapotant Alan sur l'épaule pour le remercier.
– Ce n'est pas... commença Dumbledore avant de laisser échapper une exclamation de stupeur en regardant alternativement Sirius et le bout de parchemin. Vous avez... bien sûr... bien sûr... C'est évident...
Alan fut surpris de voir le directeur sourire largement, comme s'il était aussi soulagé que Sirius. Ce qui était sans doute le cas. Parce qu'il était évident que cette tentative de meurtre sur Harry allait faire les choux gras des journaux et qu'il était préférable pour tout le monde que Harry ne participe jamais au Tournoi.
– Auriez-vous l'amabilité de nous expliquer ce qu'il se passe ? intima McGonagall, agacée d'être mise de côté.
– Le nom qui est inscrit ici est celui de "Harry Potter", expliqua Alan. Or il n'existe pas de Harry Potter ici.
– Bien sûr que si, insista Maugrey en le regardant comme s'il était fou.
– Oh non, dit triomphalement Alan. Harry a été adopté cet été par Mr Black ici présent. Il se prénomme aujourd'hui Harry Potter-Black. Je crains que ce Harry Potter ne soit une imposture.
– Par Godric tout puissant ! cria McGonagall en portant sa main droite sur son cœur. Black et Potter réunis de nouveau ! Monsieur le directeur, je démissionne.
Sa remarque eut le mérite de détendre l'atmosphère. Dumbledore laissa échapper un petit rire alors que les deux directeurs d'écoles semblaient soulagés à l'idée de savoir que les Champions resteraient au nombre de trois.
Malgré tout, Alan eut le temps de voir l'air dégoûté de Rogue (qui s'expliquait sans doute par l'adjonction du nom de "Black" à celui de "Potter") et celui stupéfait de Fol Œil. Alan eut l'impression qu'il n'était pas si ravi que cela et qu'il s'était pris un coup de massue de troll sur la tête, ce qu'il ne comprenait pas vraiment.
– Félicitations, Sirius, dit alors McGonagall d'une voix gorgée d'émotions. Harry a trouvé le père qu'il lui fallait.
Sirius hocha la tête, incapable de répondre McGonagall et Sirius se fixèrent un long moment. Alan savait que McGonagall et Sirius avaient toujours été proches et il était persuadé qu'avoir l'aval de son ancienne professeure était quelque chose qui comptait pour lui. Comme s'il avait eu besoin de ça pour prendre conscience qu'il était le père de Harry à présent et qu'il méritait cette place.
– Ce parchemin est donc invalide, conclut Alan en voyant Croupton essayer de lire le parchemin à son tour. Ce qui prouve également que ce n'est pas lui qui a mis son nom dans la Coupe. Puisqu'à moins que Harry n'ait été soumis à un sort de confusion, il est capable d'écrire son nom de famille correctement.
– Je vais retrouver Harry, indiqua Sirius après avoir donné ses dernières consignes à l'oreille de Rufus.
– Tu ne peux pas te balader dans les couloirs comme ça, Black, dit sèchement Rogue qui semblait s'être remis de sa stupéfaction, mais continuait de fixer Sirius comme s'il s'était agi d'un chaudron peu ragoutant.
– Et qui va m'en empêcher ? répliqua Sirius en plissant les yeux. Toi, Rogue ? Je te préviens juste que j'ai la baguette qui me démange depuis que je suis arrivé ici. Ne m'oblige pas à m'en servir contre toi et à te transformer en crapaud.
– Sirius, est-ce que tu sais où se trouve Harry ? s'enquit Dumbledore pour couper court la dispute.
– Oui, affirma Sirius avec une certaine réticence.
– J'avais envoyé le professeur Babbling à sa recherche, expliqua Dumbledore avant de se tourner vers l'un des tableaux. Trouvez-la et dites-lui que Harry est avec son père, intima-t-il avant de se tourner de nouveau vers Sirius. Quand tu verras Harry...
– Je ne transmettrai aucun message, le coupa Sirius d'une voix tranchante. Et je vous conseille de ne pas vous approcher de mon fils. C'est valable pour vous tous.
Il tourna les talons et sortit de la pièce sans leur accorder un regard.
Alan vit Scrimgeour lui faire un petit signe et il hocha la tête en montrant qu'il avait compris. Il était temps de partir.
– Nous partons, dit alors Scrimgeour.
– Nous remercions chacun d'entre vous d'avoir essayé d'aider Harry, ironisa Alan au pas de la porte. Je suis persuadé que Rita Skeeter sera ravie d'entendre parler de votre contribution.
Alan et Rufus, pour la première fois de leurs carrières, sortirent d'un même pas. Ils étaient tous les deux dans le même camp, travaillant ensemble pour aider la famille Black. Ils étaient surtout sûrs d'une chose : Harry était en danger, plus que jamais.
.
Sirius ne perdit pas une seule seconde pour se rendre dans la Salle sur Demande. Heureusement, Harry lui avait déjà expliqué comment elle fonctionnait et Dobby avait pensé à lui dire où s'était réfugié Harry après l'annonce.
Il ne prit pas le temps de répondre aux divers tableaux qui cherchaient à en savoir plus. Il était pressé. Il avait peur de ce qu'il allait trouver dans la Salle. Il ne savait pas dans quel état pouvait se trouver son fils en ce moment-même et ça le terrifiait. Parce que lui-même avait peur, et qu'il n'imaginait pas ce que pouvait ressentir un garçon de quatorze ans qui venait clairement d'échapper à une tentative d'assassinat.
Il passa trois fois devant le mur vide et ne songea qu'à une chose : "montre-moi mon fils". Il n'était pas sûr que cela marche, mais la Salle sur Demande avait dû comprendre que Harry avait vraiment besoin d'aide puisqu'une porte apparut. Il n'eut pas le temps de se réjouir à l'idée de découvrir une nouvelle pièce du château et l'ouvrit avec urgence.
Quand il entra dans la pièce, il marqua un temps d'arrêt car la disposition de la pièce ressemblait étrangement à celle de la Salle Commune de Gryffondor. Il y avait des fauteuils rouges et or et rien ne semblait être sans dessus dessous. En fait, la pièce était tout à fait normale.
Il avait été prêt à affronter une déferlante de magie, une pièce complètement dévastée, un Harry qui hurlait en laissant sortir sa Magie, mais il se retrouvait dans la Salle Commune de Gryffondor, avec un Harry emmitouflé dans un plaid, regardant la cheminée sans doute allumée par Dobby.
Harry tourna la tête vers lui et sourit difficilement. Il avait des traces de larmes sur les joues, il était pâle, avait les yeux injectés de sang et on avait l'impression qu'il était passé sous le Magicobus. Mais au moins, il n'était pas en pleine crise de Magie.
– Bienvenue dans la Salle sur Demande, dit Harry d'une voix lasse.
– Oh, Harry... murmura Sirius.
– Je n'ai pas mis mon nom dans la Coupe, affirma Harry sans oser le regarder.
– Parce que tu crois sincèrement que je n'allais pas te croire ? s'écria Sirius en s'approchant de lui. Harry, je te connais par cœur. Bien sûr que tu n'as pas mis ton nom dans la Coupe !
– Mais les autres vont le croire et... Et puis je vais... j'avais construit tellement de choses et...
– Harry, coupa Sirius en posant une main sur son épaule pour le secouer légèrement. On a tout arrangé. Tu ne participeras pas au Tournoi des Trois Sorciers.
Sirius eut l'impression que c'étaient exactement les mots qu'il fallait dire, puisque Harry se détendit et se mit à pleurer de frustration, de colère, de peur.
Sirius s'assura de le serrer du plus fort qu'il le pouvait, pour lui montrer qu'il serait là, qu'il ne le lâcherait pas.
Il entreprit de lui raconter en détail tout ce qu'il s'était passé depuis que Dobby les avait contactés et, au fur et à mesure de son récit, il réussit même à le faire sourire. Quand il lui raconta la réaction de Minerva, Harry pouffa contre lui.
Quand son fils se fut calmé, Sirius et lui restèrent un long moment sans parler, l'un contre l'autre, observant la cheminée.
– C'est Voldemort, n'est-ce pas ?
– Qui d'autre ? soupira Sirius. Mais ne t'inquiète pas. La situation est sous contrôle.
– Vraiment ? ironisa Harry. C'est sûr qu'elle l'est. Quelqu'un travaille pour Voldemort à l'intérieur du château.
– Je le sais Harry, mais Rufus se charge d'enquêter, souffla Sirius. La seule chose que je peux te conseiller c'est de rester tranquille.
– Comme d'habitude, marmonna Harry.
– Ne reste pas dans la même pièce que Karkaroff, conseilla toutefois Sirius. C'est un ancien Mangemort, je ne lui fais pas du tout confiance.
– Je pourrais aussi rentrer à la Villa Bleue ? proposa Harry avec espoir.
Sirius soupira en fixant Harry avec douceur et inquiétude.
– Harry... Je sais que c'est difficile pour toi. Je sais que tu aurais aimé qu'on se retrouve dans d'autres circonstances, mais tu ne peux pas rentrer à la Villa Bleue. Tu as ta vie ici, tes amis... l'équipe de Poudlard !
– Ils vont sans doute me renvoyer et...
– Je pense que tu devrais avoir un peu plus confiance en tes amis, conseilla Sirius. Ils te connaissent à présent. Et puis on va faire un démenti. Je te promets que tout ira bien et que personne ne croira que tu as mis ton nom dans la Coupe.
Le visage de Harry se tordit d'angoisse, ce que Sirius pouvait comprendre. Harry avait des amis à présent, il avait trouvé son petit quotidien, il s'était senti heureux et en sécurité pour la première fois depuis très longtemps... et tout était chamboulé, encore une fois.
– Je pensais passer enfin une année tranquille, dit Harry d'une petite voix.
– Tu es Harry Potter-Black, tu n'auras jamais une année tranquille, ricana Sirius. Tu as toujours ton portoloin sur toi, n'est-ce pas ?
– Toujours, dit Harry en montrant la montre sur son poignet.
– Avec ça tu seras tranquille, même si tu es attaqué. Mais tu dois faire attention. Quand Voldemort sera éliminé, tout ira bien.
– Où en êtes-vous des Horcruxes ? demanda Harry.
– Bill travaille à temps plein dessus. Je crois qu'il a une bonne piste concernant Gringotts. Et Remus et Amelia ont trouvé quelque chose par rapport à l'enfance de Voldemort, mais il faut attendre avant de pouvoir faire un raid là-bas. Il me semble qu'il y a des moldus autour et surtout de très puissantes protections magiques. Mais je ne veux pas que tu t'inquiètes pour ça. Tout est sous contrôle.
Harry ricana sans pouvoir s'en empêcher.
– C'est juste trop cette fois, soupira Harry en essuyant rageusement ses larmes. Je suis juste fatigué par tout ça. J'en ai marre. Je vais devoir faire attention à mes arrières ; entre Voldemort, Karkaroff et le capitaine de Beauxbâtons, est-ce que les gens ne pourraient pas m'oublier un peu ?
– C'est quoi cette histoire de capitaine ? demanda Sirius en se disant que le Quidditch était la meilleure manière de détourner l'attention de Harry de ses problèmes.
Harry se mit alors à lui raconter les premiers pas de l'équipe de Poudlard et sa rencontre avec André Durand, sous l'oreille attentive de Sirius.
– Draco a raison, tu sais, dit Sirius qui sourit en voyant Harry leva les yeux au ciel. Le Quidditch c'est un sport de mauvais joueurs. Tu diras aux jumeaux de m'envoyer une lettre, je pourrai les aider pour les sortilèges des français autour du terrain.
– Je crois que parler avec toi est déjà un trop grand honneur pour eux, ironisa Harry. Ils ne font que m'en parler. Je crois qu'ils sont amoureux de toi.
– Je suis incroyable, que veux-tu, dit Sirius.
– Et Remus ?
– Remus n'est au courant de rien, grimaça Sirius en se rendant compte qu'il allait sans doute devoir gérer un loup-garou furieux en rentrant à la Villa Bleue. Mais j'ai dit à Rufus de le prévenir. Remus va sans doute avertir Amelia. Et Amelia va en parler avec Bill, qui va lui-même en parler à sa mère et qui va envoyer une beuglante à Dumbledore – ce que j'espère, d'ailleurs (Sirius croisa les doigts dans sa robe). Et Narcissa va l'apprendre dans le journal demain, en parler à Lucius, qui va sans aucun doute aller au Ministère pour régler des comptes avec les dirigeants. J'aimerais tellement pouvoir assister à tout ça, conclut-il rêveusement.
Harry éclata de rire et cela réchauffa le cœur de Sirius.
– Tu sais qu'on ouvre l'orphelinat demain, dit Sirius, je suppose que je vais devoir faire acte de présence pour rappeler à tous ces idiots du Ministère qu'on ne touche pas à ma famille.
– Merci. Pour tout ce que tu fais pour moi, dit Harry en souriant presque timidement.
– C'est normal. Tu es mon fils, après tout, répondit naturellement Sirius. Bon, on va voir ce que cette Salle a dans le ventre. On va dormir ici.
– Tu as le droit d'être là ? demanda suspicieusement Harry.
– Je ne sais pas et je m'en contrefiche. De toute façon, qui va venir me chercher ici ? Dumbledore ? ironisa Sirius.
– Tu sais, je crois que je déteste vraiment Halloween, dit alors Harry, le regard dans le vague.
– Moi aussi, murmura Sirius en se souvenant de ce que cette fête pouvait représenter pour Harry. Mais, heureusement, ce soir c'est Samhain qu'on fête. On va allumer quelques bougies et comme l'aurait dit ma mère "occupons-nous d'honorer nos défunts". Bien sûr je vais t'épargner le rituel d'appel des esprits.
Harry grimaça d'un sourire amusé.
– On va juste parler de ce que tu veux, proposa Sirius en espérant détendre Harry.
– Est-ce que ça te dérange de me parler encore de mes parents ? demanda Harry avec hésitation. Tu sais, comme c'est aujourd'hui que... Bref.
– Je pourrais passer ma vie à te parler de tes parents, dit Sirius avec un sourire nostalgique. Tu sais quoi, je crois que je t'ai déjà beaucoup trop parlé de Poudlard. Je dois absolument te parler du mariage ! Et du professeur McGonagall que j'ai fait danser toute la nuit, quel délice !
– J'aurais aimé les connaître, dit tristement Harry après avoir entendu quelques-unes des aventures de ses parents.
– Il ne se passe pas une seule seconde sans qu'ils me manquent, murmura Sirius avant de secouer la tête, comme surpris de s'être laissé aller à penser une telle chose.
Harry se rapprocha de lui et Sirius passa un bras autour de ses épaules.
– Quand je suis mort, je les ai vus...
Le cœur de Sirius se mit à battre si fort, si brutalement, si bruyamment, qu'il était sûr que Harry l'entendait.
– Ils te font confiance. Ils t'ont toujours fait confiance, murmura Harry, la voix cassée par sa crise de larmes.
Sirius serra Harry très fort contre lui sans pouvoir répondre. Parce qu'il était sûr que s'il ouvrait la bouche il allait se mettre à pleurer à gros sanglots.
Il était touché de savoir que Lily et James lui faisaient confiance, mais en même temps il ne savait pas si ce que Harry avait vu était réel ou non. Tout était si incertain, tant aux limites de la Magie connue qu'il ne savait pas quoi en penser.
Il ne savait pas encore ce qui était le pire ; que Harry soit mort ou qu'il ait vu ses parents dans l'au-delà. Il préférait ne pas y penser, parce que, de toute évidence, Harry ne voulait pas lui en parler et il pouvait le comprendre.
Quand le souffle de Harry se fit plus régulier, Sirius se détendit très légèrement et ferma les yeux en se demandant ce qu'auraient fait Lily et James à sa place.
Lily aurait très certainement tout détruit sur son passage et provoqué Dumbledore en duel, alors que James aurait tout fait pour empêcher Harry de participer en trouvant la faille dans le contrat, comme Alan. Ils étaient si différents tous les trois, mais Sirius savait qu'ils avaient toujours eu la même volonté ; celle de protéger Harry.
Sirius sentit alors le collier de Harry, à travers sa cape, lui brûler le bras. Mais c'était loin d'être la brûlure qu'il ressentait quand il le touchait habituellement ; c'était presque doux, presque chaleureux, presque Lily.
Sirius préféra ne pas penser à cette pierre qui, d'habitude, lui flanquait la frousse, mais il était évident que même s'ils n'avaient pas fait le rituel de Samhain, les esprits étaient présents autour d'eux. Le collier leur disait que Lily était là et les entourait de sa protection. Sirius espérait simplement que cela suffirait à protéger Harry.
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Le 10 janvier 2021, la 1.000e review a été postée sur Pour l'amour d'un filleul.
Je n'ai pas de mots pour vous exprimer toute ma gratitude, toute ma joie, tout mon amour pour vous. Un immense merci à vous tous ! À ceux qui ont posté une review, à ceux qui ont ajouté la fiction à leurs favoris (446), qui suivent l'histoire (555) ou tout simplement qui ont visité l'histoire, qui ont lu les chapitres et qui ont apprécié les aventures de Sirius et Harry.
Cette histoire est née un peu sur un coup de tête, pendant le confinement, parce que j'aime Sirius et que je voulais une autre issue pour lui. Ça fait moins d'un an que PAF a été publiée pour la première fois, mais pourtant vous l'avez assez apprécié pour en arriver là aujourd'hui. C'est tout simplement incroyable et je n'ai pas les mots pour vous remercier, en fait.
Donc, merci de me suivre, merci de suivre la famille Potter-Black qui s'agrandit peu à peu, qui se fait des amis, des proches et qui, peu à peu, prend son envol et se détache du canon, pour le meilleur je l'espère.
L'histoire ne ressemble pas vraiment à ce que j'avais prévu au départ, mais c'est aussi grâce à vous qu'elle a pris cette tournure. Certains d'entre vous m'ont fait des remarques si pertinentes que j'ai changé des paragraphes, des chapitres voire même des parties entières ! D'autres m'ont fait sourire, m'ont ému et m'ont permis, dans les moments plus difficiles, d'avoir envie d'écrire cette histoire et de donner tout ce que je pouvais.
Sirius et Harry vous remercient, mais aussi tous les personnages (nombreux) qui sont présents dans cette histoire. Merci de les aimer, merci de les faire vivre et même exister (Rufus n'existait pas dans l'histoire de base, Walburga ne parlait pas, Hannah non plus...) Je veux juste vous montrer que l'histoire a évolué grâce à vous et c'est ça que je cherchais en la publiant ici ; un échange, des remarques, des critiques pour me faire avancer. Et je pense que j'ai eu le retour que je voulais, au-delà même de mes espérances les plus folles. Je suis émue, je n'ai pas les mots, donc voilà... Je tenais simplement à vous dire que sans vous cette aventure n'aurait pas eu la même saveur.
Cette histoire c'est la mienne, mais c'est surtout la vôtre. C'est vous qui la faite vivre avec toutes les visites, les ajouts et les reviews que je reçois. C'est vous qui me donnez envie de donner tout ce que je peux pour cette histoire. Sans vous, PAF n'existerait pas. Ne me remerciez pas, parce que c'est vous que je remercie !
MERCI À TOUS !
