INFORMATION IMPORTANTE : Pour toutes les personnes qui passent ici, je sais que le prochain chapitre prend du temps et j'en suis désolée. Des problèmes personnels et familiaux m'obligent à prendre une pause. Je reviens très vite et je vous assure que cette histoire sera terminée. Prenez tous soin de vous. (Coeur).

PARTIE QUATRE – Harry n'a qu'un seul objectif cette année : gagner la Coupe de Quidditch des Trois Écoles. Mais c'est sans compter sur la lutte secrète contre Voldemort qui s'intensifie, les projets de Sirius et Remus, les menaces qui pèsent sur lui et de nouvelles relations qui viennent tout remettre en cause.

Bêta : AliceCullen0027 et NemoBuck (merci !)

Guest : Merci pour ta review, je suis contente que ça te plaise !

Elia : Merci pour ta review ! Je suis heureuse que tu aimes tous les personnages et que tu aies aimé le point de vue de George. Merci à toi pour tes compliments, j'espère que la suite te plaira !

Aussidagility : Merci pour ta review et pour tes compliments. Je suis tellement heureuse de voir que tu aies compris tous les sentiments que j'ai voulu faire passer, c'est vraiment le plus difficile à faire donc merci à toi !

Kchan : Coucou ! Merci à toi pour ta review qui me touche énormément. Tes compliments me vont droit au cœur. Bonne année à toi également (ce n'est plus le mois pour moi, mais bon tant pis ;))

Guest : Merci pour ta review ! Je suis contente que tu aimes le fait que j'ai retiré Harry du tournoi (cette phrase est un peu trop longue j'espère que c'est compréhensible haha).

Lefoudeslivres : Merci à toi pour ta review ! Pour le capitaine de Quidditch, tu verras si tu avais raison ou non de te méfier bientôt ;) Je suis ravie que la taille des chapitres te convient, c'est sûr qu'ils sont plus très longs (mes correctrices le savent parfaitement bien...) mais je suis d'accord avec toi, je déteste les chapitres trop courts. J'espère que la suite te plaira !

Marie la petite : Merci à toi pour ta review !

Kccb : Merci pour ta review, je suis contente que ça te plaise ! Le match équipe de Poudlard / Beauxbâtons sera le premier et il arrivera au mois de février il me semble.

ASIE : Merci à toi !

Shadow : Comme d'habitude un immense merci à toi pour ta review qui me fait toujours autant plaisir. Je suis contente que le chapitre te plaise, donc merci à toi ! Et oui, ça va totalement diverger du canon, forcément. Merci pour tout ce que tu as dit à la fin, ça me touche vraiment beaucoup et je ne sais même pas quoi te dire haha. Donc merci à toi, c'est toujours un plaisir de te lire.

Lou : Merci à toi pour ta review et tes compliments sont juste adorables ! Ta remarque sur l'absence de faute va être directement transmise à mes deux correctrices qui sont des perles. Donc merci à toi c'est vraiment trop gentil de ta part !

Natsu : Merci pour ta review ! La suite est là, j'espère que ça va te plaire.

Stephanie : Un grand merci à toi pour ta review habituelle qui, comme d'habitude, me fait plaisir, mais qui est très longue et adorable, donc merci ! Merci de commenter à chaque chapitre, c'est vraiment très gentil de ta part et j'attends toujours tes reviews avec impatience. Et oui, le but de cette histoire est de redonner justice à Sirius, qui est mon personnage préféré ! Merci pour tous tes compliments, ils me vont droit au cœur. Pour la réaction de l'équipe de Quidditch et de Ron, je te laisse découvrir le chapitre ;) Et oui, maintenant l'histoire va être détachée du canon. Merci à toi en tout cas et j'espère que la suite va te plaire !

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N/A : Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouveau chapitre de PAF. J'espère que vous allez tous très bien. Avant de commencer, plusieurs petites annonces (pour changer)

1) MERCI ! Je ne pensais pas que le chapitre précédent susciterait autant d'engouement. Les réactions ont été toutes positives, remplies de compliments et de bienveillance, alors merci à vous ! J'ai reçu 58 reviews sur le chapitre précédent, soit plus du double du nombre habituel ! J'en suis honorée et très émue, puisque je ne m'attendais pas à ça, mais je remercie chaque personne qui a pris le temps de commenter, ainsi que toutes les personnes qui continuent à suivre cette histoire.

Je suis toujours choquée de voir à quel point PAF est suivie, et c'est vous que je remercie ! Sans vous, cette histoire n'existerait pas donc merci, j'espère que les histoires de Sirius & Harry vont continuer à vous plaire.

2) Comme vous l'aurez compris avec le chapitre précédent, PAF s'éloigne peu à peu du canon. Certains passages du livre seront sans doute réutilisés, mais j'essaie de m'éloigner un peu des livres.

Le chapitre que vous allez lire est un chapitre "réaction" comme l'indique son titre. Mais promis, à partir du prochain, on commence à accélérer le rythme et à entrer dans le vif (d'or) du sujet.

3) Il y a des chapitres qui sont plus difficiles que d'autres à écrire, qui nécessitent plus de temps, d'attention, et ce chapitre est l'un d'eux.

Il a été envoyé en correction il y a une semaine et il a été modifié, certaines choses ont été supprimées, d'autres ont été ajoutées, il y a eu des milliards de modifications (parfois des modifications de passages entiers !), il a été corrigé pendant des heures...

Il y a eu de longues discussions (sur le surnom d'un personnage, sur le destin de certains, sur les relations amoureuses...), des débats, des améliorations (beaucoup !), pour que ce chapitre ressemble à ce que je vous propose aujourd'hui.

Si le chapitre est là aujourd'hui et qu'il ne ressemble plus à la bouse de dragon qu'il était au début, c'est grâce à mes deux incroyables correctrices ; vous êtes parfois très tatillonnes sur des passages, mais je ne sais pas ce que je ferais sans vous, sans vous les chapitres ne seraient pas aussi bien, alors merci.

Merci de rendre cette aventure aussi incroyable et de permettre à mes fantastiques lecteurs d'avoir des chapitres sans fautes !

Pour les remercier, mes deux correctrices font, à partir de maintenant, partie de PAF. Elles vont en effet être mentionnées dans le chapitre, cherchez deux nouveaux personnages dont le nom commence par un M... ;)

N'hésitez pas à aller voir la fiction de AliceCullen0027 sur Remus (De Retour à Poudlard) qui est un vrai coup de cœur pour moi ! Elle part du recrutement de Remus comme professeur de DCFM et en fait quelque chose de vraiment incroyable ! Si vous aimez Remus et Severus, foncez !

4) Une de mes lectrices m'a dit qu'il serait intéressant pour moi de vous poser des questions avant chaque chapitre, ce qui, d'une part, m'intéresse beaucoup et, d'autre part, me permettrait d'avoir votre avis sur certains points de l'histoire encore en suspens. J'ai trouvé cette idée amusante donc je tente le pari.

Si vous le souhaitez, vous pouvez me dire en review quel est votre personnage préféré dans PAF. Vous avez de quoi choisir, avec le nombre de personnages qu'il y a. Je connais déjà la réponse de certain(e)s, mais j'adorerai voir qui est le/la plus "populaire". Vous pouvez évidemment m'en citer plusieurs, si vous n'arrivez pas à vous décider.

5) Je sais qu'on est sur PAF ici, mais je suis obligée de parler de mon autre fiction Le Refuge pour ceux qui me lisent aussi là-bas. Je sais que vous attendez le chapitre et je sais surtout de qui on va me parler dans les reviews/MP haha (pour ceux qui lisent, je suppose que je n'ai pas besoin de mentionner le personnage qui est au cœur de vos pensées).

Le chapitre arrive bientôt, c'est promis ! J'ai eu un peu plus de mal à le rédiger, mais j'essaie de le sortir très vite (même si ça ne sera sans doute pas avant la semaine prochaine). Je n'oublie pas cette histoire, c'est promis. C'est simplement que j'ai beaucoup de travail. Pour ceux qui l'ignorent je suis entrée à l'école des avocats (Alan, sort de ce corps) et j'ai moins le temps d'écrire. Mais je vous promets que cette fiction ne sera pas abandonnée.

Sur ce, je vous laisse découvrir ce nouveau chapitre. Bonne lecture à tous !


Partie 4. Chapitre 5.

"Réactions"

Harry s'observa un long moment dans le miroir de la salle de bain de la Salle sur Demande. Ses mâchoires étaient crispées, ses yeux rougis et il semblait vraiment mal en point.

Il ne s'était pas encore remis des événements de la veille et était persuadé qu'il n'oublierait jamais cette soirée d'Halloween. Il ne pourrait pas oublier l'excitation qu'il avait ressentie en voyant un autre morceau de parchemin sortir de la Coupe de Feu, avant que la stupeur ne prenne le dessus, quand Dumbledore avait lu son nom. Harry Potter.

Il se souvenait avoir croisé le regard surpris de George à côté de lui, celui horrifié de Hermione et, surtout, celui sonné de Ron.

Après avoir réalisé que c'était lui le quatrième Champion sélectionné, c'était l'angoisse, la peur terrible, sourde, paralysante, qui s'était emparée de lui. Il avait été incapable de réagir, complètement choqué, avant que George ne lui donne assez de courage pour se lever et partir le plus loin possible de la Coupe de Feu.

La suite des événements restait assez floue pour lui. Il se souvenait avoir appelé Dobby sur le chemin de la Salle sur Demande, être passé trois fois devant le mur vide en pensant à un "endroit où il se sentirait bien" et avoir attendu un long moment, sans trop savoir ce qu'il attendait exactement.

Il se souvenait avoir été perdu, ne sachant pas vraiment quoi faire, ne comprenant pas comment cela avait pu arriver et cherchant à oublier tout ce qu'il s'était passé. Il était resté un long moment dans cet état léthargique, comateux, observant la cheminée de la Salle sur Demande qui avait été allumée par un Dobby inquiet pour lui. Il n'avait pas dit un mot. Il s'était senti complètement détaché de lui-même, comme si son cerveau s'était mis en veille, ne voulant pas accepter la réalité.

Harry avait fini par réaliser ce qui s'était passé et la peur s'était alors infiltrée en lui. Parce qu'il avait pris conscience que quelqu'un avait déposé son nom dans la Coupe de Feu. Et ce, dans l'unique but de le faire participer à un Tournoi aussi dangereux que mortel.

Une avalanche de sentiments contradictoires avait déferlé en lui. Il avait senti sa Magie sur le point de déborder et avait utilisé une technique que lui avait enseignée le professeur Babbling. Le fait de dessiner un cercle de Runes lui avait permis, non seulement de se calmer, mais aussi de se recentrer sur lui-même. Cela l'avait sans doute sauvé d'une explosion magique.

Pourtant, une fois calmé, il s'était longuement demandé qui avait bien pu mettre son nom dans cette Coupe. Parce que quelqu'un le voulait mort. Parce que Voldemort le voulait mort et qu'il avait envoyé un de ses disciples à Poudlard.

Harry le savait, bien entendu, que Voldemort cherchait à l'assassiner. Après tout, il était responsable de la disparition du mage noir il y a treize ans et il l'avait empêché de revenir à la vie à deux reprises.

Mais en l'espace de quelques semaines, de quelques mois, il était devenu un adolescent comme les autres, un adolescent insouciant. De ce fait, il avait oublié qu'il courait un danger perpétuel, il avait oublié Voldemort, il avait oublié la menace que ce mage noir représentait pour lui

Harry s'était laissé aller dans cette fausse sécurité, dans cette sensation de confort et de bonheur qu'il avait trouvée avec Sirius… Il ne s'était pas assez méfié, pas assez préparé et il en payait le prix aujourd'hui.

Ce qu'il s'était passé la veille n'était qu'un simple rappel de la réalité ; il n'était pas en sécurité à Poudlard, il n'était en sécurité nulle part. Tant que Voldemort n'était pas mort, il serait en danger.

En sortant de la salle de bain, Harry fut tiré de ses pensées par Sirius qui s'adressa à lui :

– Je t'ai pris de la brioche pour le petit-déjeuner, ça te va ?

La Salle sur Demande s'était rapidement adaptée à leur présence ; en plus de la salle de bain qui était apparue ce matin, la Salle sur Demande avait mis à leur disposition un petit salon avec des fauteuils rouges aussi confortables que ceux de la Salle Commune de Gryffondor. Sirius était assis sur l'un d'eux et observait une table basse remplie de nourriture.

– Je n'ai pas faim, répondit Harry.

– Pourtant c'est un vrai régal, ces elfes de maison sont merveilleux, dit Sirius avec révérence avant de frissonner. Ne dis pas à Kreattur que j'ai dit ça. Je n'ai pas voulu le déranger ce matin, donc c'est Dobby qui nous a ramené un petit quelque chose des cuisines de Poudlard.

– Je ne dirai rien à Kreattur. Mais est-ce que tu es vraiment obligé de partir ? Tu pourrais rester ici, non ? demanda Harry en fixant Sirius avec espoir.

Harry vit Sirius le regarder avec inquiétude, mais il ne voulait même pas faire semblant. Il ne voulait pas sourire alors, qu'au fond de lui, il se sentait si mal. Il ne voulait pas parler de brioches ou d'elfes de maison alors que tout ce qu'il voulait c'était rentrer à la Villa Bleue avec Sirius.

– Harry... Tu sais bien que je dois repartir, répondit Sirius après une longue hésitation. Et puis, qu'est-ce que je ferais à Poudlard toute la journée ?

Harry se renfrogna légèrement. Il ne voulait pas que Sirius parte.

– Je ne sais pas, tu pourrais juste rester quelques heures ? proposa Harry. Je suis sûr que Dumbledore serait d'accord.

– McGonagall serait d'accord, s'amusa Sirius. Elle a toujours eu un faible pour moi.

– Je ne veux pas me retrouver tout seul à Poudlard, reprit Harry sans même esquisser de sourire.

– Tu ne seras pas seul, assura Sirius en le fixant avec un sérieux étonnant. Personne ne va croire que tu as mis ton nom dans la Coupe de Feu ! Et puis, quand tu seras avec tes amis, tu seras content que ton vieux père ne traîne dans tes pattes.

Sirius comprit ce qu'il venait de dire en voyant Harry relever brusquement la tête et le fixer avec stupéfaction.

– Enfin, bref, continua Sirius en rougissant légèrement avant de changer brusquement de sujet. Sinon tu as entendu parler du dernier match des Flèches ?

Harry n'écouta que d'une oreille ce que lui disait Sirius sur les Flèches. Il était trop perturbé par ce qu'il venait d'entendre.

C'était la première fois que Sirius disait, à voix haute, qu'il était son père. Et il l'avait dit d'une façon si naturelle et sincère, que Harry sentait son cœur battre la chamade.

Il était si heureux d'entendre une telle chose, tellement heureux qu'il percuta à ce moment que lui-même considérait Sirius comme son père.

Il ne savait simplement pas quand c'était arrivé exactement. Sans doute quand ils avaient élaboré un plan pour sauver Sirius, quand ils avaient passé les vacances de Noël et d'été ensemble, quand Sirius l'avait kidnappé pour le sauver des Dursley, quand Sirius lui apportait son soutien, quand ils discutaient parfois jusque tard dans la nuit sans s'arrêter, ou encore quand ils avaient procédé à l'adoption…

Mais surtout, il y avait eu tellement de moments où Harry avait pensé à Sirius comme à un père : quand il l'observait pour copier le moindre de ses faits et gestes pour tenter de lui ressembler, quand il lui avait dit au revoir sur le quai 9 3/4 en songeant que son père lui manquerait à Poudlard, quand il avait arrêté d'appeler Sirius par son prénom pour lui préférer "Patmol", quand il lui passait des coups de Miroir dès que ça n'allait pas, quand il pensait simplement à Sirius et qu'il l'associait à cette figure paternelle qu'il n'avait jamais eue...

Harry ne pouvait pas dater précisément le moment où il avait considéré Sirius comme son père, mais il savait ce qui lui en avait fait prendre conscience ; c'était, d'une part, le fait que le nom de "Potter-Black" soit gravé sur sa robe de Quidditch, et, d'autre part, le fait que Sirius soit venu la veille à Poudlard pour le défendre.

Sirius n'avait douté à aucun moment du fait qu'il n'avait pas mis son nom dans la Coupe de Feu ; il avait accouru à Poudlard dès que Dobby l'avait informé de la situation et il avait défendu Harry. Il avait revendiqué sa paternité, il s'était battu pour lui, il l'avait cru... Comme un père l'aurait fait pour son fils.

"Sirius sera un père pour toi" avait dit James Potter dans le rêve que Harry avait fait après sa mort en juillet. Harry comprenait pleinement ces paroles à présent.

Sirius était son père.

Cette réalisation lui coupa complètement le souffle. Il faillit défaillir sous le coup de l'émotion, comme s'il s'était enfin autorisé à associer Sirius à son père, comme s'il s'était enfin autorisé à être heureux.

– Je dois y aller, Harry, dit alors Sirius sans se douter du cheminement des pensées de Harry.

– Oh... réussit à dire Harry, encore perturbé par ce qu'il venait de réaliser.

Il ne pouvait pas croire que Sirius envisageait de partir après ce qu'il venait de réaliser. Comment Sirius pouvait-il le laisser à Poudlard alors que Harry venait de réaliser qu'il était son père ?

Il ne savait pas s'il devait appeler Sirius "papa" pour l'empêcher de partir ou s'il devait attendre de se sentir prêt. Parce que, même s'il considérait Sirius comme son père, il y avait un pas de troll à franchir pour qu'il ne s'autorise à le dire à voix haute.

– Remus va sans doute me tuer parce que je ne lui ai pas donné de nouvelles, enchaîna Sirius en grimaçant.

– Tu n'as pas envoyé Dobby ? s'étonna Harry.

Il comprit à ce moment que ce n'était pas le moment de parler de ses sentiments avec Sirius. Parce que Sirius partait et n'avait sans doute aucune envie de discuter de leurs relations pour le moment. Parce que Sirius le laissait ici, tout seul, et que Harry lui en voulait un peu.

Harry se promit de lui en parler plus tard, quand il se sentirait prêt. Quand il sentirait que Sirius était prêt à l'entendre.

– Je n'y ai pas pensé, reconnut Sirius en haussant les épaules. J'ai demandé à Rufus de le prévenir en partant te chercher. Mais tu connais Remus, il doit être en train de ruminer à la Villa Bleue en me maudissant sur trois générations.

Harry pouffa, parce qu'il avait souvent vu Remus faire ce genre de choses. Il ne s'énervait jamais, mais il était facile de voir qu'il était contrarié quand il grommelait dans son coin tout en jetant des regards furieux à Sirius.

– Tu pourras lui dire qu'il me manque ? demanda Harry sa voix se brisant légèrement.

– Bien sûr, dit Sirius d'un ton rassurant. Amelia aussi, je suppose ?

– Tu penses que...

Harry évita le regard de son père sur lui, les joues rouges.

– Oui. Elle va te croire, Harry. Tout le monde va te croire, assura Sirius le plus sincèrement possible. Je suis sûr qu'elle est en train de tuer tout le monde au Ministère pour toi.

– Les autres élèves... Ils vont croire que j'ai mis mon nom.

– Je te l'ai déjà dit hier et ce matin, on a tout arrangé. Tu n'as vraiment pas à t'inquiéter.

Harry n'y croyait pas du tout et il regarda Sirius se préparer à partir, le cœur en miette. Il aurait voulu enfermer Sirius dans la Salle sur Demande pour qu'il ne puisse plus partir du château.

Harry et Sirius déambulèrent dans les couloirs vides pour sortir du château. Il était encore tôt et ils ne croisèrent aucun élève.

Harry remarqua à peine Sirius saluer des tableaux et des fantômes, tant il était concentré sur un moyen de le retenir ici. Il voulait tout faire pour empêcher Sirius de l'abandonner à Poudlard, mais il ne savait pas encore comment faire.

– Oh non, pas lui, grogna Sirius en voyant Rusard les poursuivre en trottinant, Miss Teigne à sa suite.

– Black ! dit Rusard d'un ton rageur. Suivez-moi.

– C'est Dumbledore qui vous envoie ? supposa Sirius.

Rusard ne prit pas la peine de lui répondre et se dirigea vers la sortie de Poudlard.

– Il n'a jamais pardonné tout ce qu'on lui a fait subir avec ton père, s'amusa Sirius d'un ton badin.

Harry ne répondit pas, la gorge sèche. Tous les pas qu'il faisait et qui rapprochaient Sirius des grilles de Poudlard lui semblaient difficiles à faire. Il ne voulait vraiment pas qu'il parle, il ne savait pas s'il allait le supporter.

Arrivé aux limites du château, Rusard piétinant derrière eux, Harry fixa Sirius le cœur serré.

Il percuta alors que, si Sirius ne voulait pas rester, peut-être qu'il pouvait simplement l'emmener avec lui… Après tout, Harry n'avait aucune envie de rester à Poudlard avec tous les élèves qui allaient le détester. Il voulait être avec Sirius, peu importe le lieu. Il voulait juste profiter du fait qu'il avait trouvé en Sirius une figure paternelle.

– Tu es sûr que tu dois partir ? demanda de nouveau Harry à Sirius avec une voix suppliante qui semblait presque faire hésiter ce dernier.

Sirius le fixa avec un mélange de tristesse et de détermination. Harry se renfrogna. Sirius avait fait son choix : il partait et il le laissait à Poudlard.

Au fond de lui, Harry comprenait cette décision. Pourtant, il voulait le faire changer d'avis à tout prix.

– Imagine la réaction de Narcissa si je ne viens pas à l'inauguration de l'orphelinat, lui dit Sirius en faisant semblant de frissonner. Elle doit déjà être dans tous ses états parce que je ne suis pas venu l'aider ce matin. Si je n'y vais pas, elle va m'assassiner, Harry. Et je suis sûr que tu ne veux pas que ma cousine m'assassine.

– Je ne te demande pas de ne pas y aller, corrigea Harry avec espièglerie. Je te demande de m'emmener avec toi.

Cette fois, Harry vit clairement l'hésitation passer dans les yeux gris de Sirius. Il s'en voulait un peu de lui faire ça, mais il ne voulait pas que son père parte encore une fois, pas alors qu'il venait de se rendre compte à quel point Sirius comptait pour lui.

Harry ne voulait pas se retrouver seul. Il aurait voulu partir de Poudlard et ne plus y revenir.

La Villa Bleue lui manquait. Remus lui manquait. Les soirées à rire avec Rufus et Amelia lui manquaient. Les soirées cinéma, les soirées autour d'un thé face à la mer... La Roumanie. Le cocon de sécurité dans lequel il avait été placé tout l'été...

Tout cela lui manquait tellement qu'il était prêt à tout pour y retourner, même si cela signifiait quitter Poudlard.

Il ne voulait pas affronter le regard des autres, il ne voulait pas affronter cette vie. Il ne voulait plus. Il en avait marre. Il avait l'impression que les vacances de rêve qu'il avait passées avaient été balayées la veille au soir.

Son nom qui sortait de la Coupe de Feu, Voldemort, le collier de sa mère... Oui, il était épuisé. Il aurait voulu retourner dans le seul endroit où il se sentait en sécurité et ne plus rester ici. Il voulait que son père l'emmène avec lui. Il voulait rentrer chez lui.

Il n'osait pas imaginer la réaction des autres élèves. Des Poufsouffle... De Cedric... Ils devaient tous penser qu'il avait mis son nom dans la Coupe. Ils devaient tous le haïr. Ses amis allaient lui tourner le dos, il allait être renvoyé de l'équipe de Poudlard, être mis à l'écart et...

– Harry, calme-toi, fit Sirius en posant une main sur son épaule.

Harry secoua la tête et se rendit compte qu'il avait serré les poings et que sa Magie commençait à monter en lui. C'était infime ; des cheveux plus électriques, une atmosphère autour de lui qui changeait imperceptiblement.

Mais pour son père, qui avait dû gérer les crises de Lily et qui le connaissait par cœur, il était évident que Harry n'était pas très loin de l'explosion magique.

– Je veux que tu ailles voir le professeur Babbling, ordonna Sirius qui semblait vraiment inquiet. Elle pourra t'aider à gérer ta cris...

– De quoi as-tu peur ? Tout va très bien, ironisa Harry. Je vais affronter une école qui me déteste, Voldemort cherche à me tuer et tu m'abandonnes ici tout seul alors que je ne veux pas y rester.

– Je ne t'abandonne pas ! répliqua Sirius, piqué au vif.

– Je veux partir, insista Harry en croisant les doigts pour que Sirius le retire de cette maudite école et accepte de le prendre avec lui.

– C'est ridicule, soupira Sirius d'une voix plus sévère d'où perçait son agacement. Tu ne fais confiance à personne, Harry. Tes amis vont te croire. Tu penses vraiment que Hermione, Ron ou Susan vont te laisser tomber pour ça ? Personne ne va croire que tu as mis ton nom dans la Coupe.

– Qu'est-ce que tu en sais ? répliqua Harry, agacé à son tour. Tu ne sais pas ce que c'est ! Tu ne sais pas ce que c'est quand toute une école se ligue contre toi ! Et, toi, toi tu m'abandonnes ici. Tu ne cherches même pas à comprendre.

– Bien sûr que si, répondit Sirius. Je te rappelle que je suis venu ici pour t'aider. Et que, grâce à moi, tu ne participeras pas au Tournoi des Trois Sorciers.

– Et pourtant, même si tu sais que quelqu'un dans ce château veut me tuer, tu me laisses ici !

Harry sentit sa voix se briser. Il avait peur. Vraiment peur. Voldemort voulait le tuer. Il n'était pas en sécurité ici. Il ne l'était plus depuis le premier jour où il était arrivé ici...

– Il va y avoir une enquête, expliqua Sirius en se radoucissant. Ils vont vite retrouver la personne qui a fait ça.

– Tu crois vraiment ça ? ricana Harry. Je te rappelle que Quirrell avait la tête de Voldemort derrière son crâne et qu'ils ont laissé un Basilic pétrifier les élèves sans rien faire. Alors, leur soi-disant enquête je n'y crois pas du…

– Harry je sais que c'est compliqué, l'interrompit Sirius. Je sais que tu ne vas pas bien et que toute cette histoire te chamboule. Mais je te promets que tout va bien se passer. Tes amis seront là pour toi et personne n'osera s'en prendre à toi avec Dumbl...

– Dumbledore ? répéta Harry, la bouche entrouverte de stupéfaction. Tu remets sérieusement ma sécurité entre les mains de Dumbledore ?

– Je n'aime pas l'admettre, mais il reste le seul sorcier que Voldemort n'ait jamais craint, exposa Sirius. Et puis, les autres professeurs sont là pour s'assurer que tu es en sécurité. Fol Œil va enquêter. Rufus aussi. Tu n'es pas seul, je te le promets. On va te protéger et...

– Tu devrais partir, Rusard t'attend, coupa sèchement Harry.

Il avait l'impression qu'un seau d'eau glacée s'était renversé sur lui. Il venait de comprendre que, quoi qu'il dise, la décision de Sirius était prise. Sirius allait partir et, lui, il allait rester à Poudlard.

Il allait affronter Poudlard qui le haïssait, à un fou furieux qui voulait le tuer et un potentiel Mangemort qui traînait dans les couloirs de l'école.

Et Sirius ne voulait pas l'aider. Il ne faisait rien pour essayer de comprendre ce qu'il vivait. Il n'arrivait pas à croire qu'il ait pu penser que Sirius était là pour lui et qu'il était son père. De toute évidence, il voulait juste se débarrasser de lui !

– Harry, dit Sirius en s'approchant de lui avec hésitation, comme s'il avait peur d'aggraver la situation. Je t'assure que j'aimerais t'emmener avec moi. Mais tu sais comme moi que tu dois rester à Poudlard. Tu as tes amis, tu as le Quidditch, tu as tes cours, tu vas être...

– Tu as raison. Je suis bien plus heureux à Poudlard qu'avec toi. Au revoir, Sirius.

Harry voulait faire réagir Sirius en l'appelant par son prénom. Il savait que c'était mesquin, parce qu'il ne l'appelait plus Sirius depuis l'adoption. Il savait que lui dire une telle chose allait lui faire du mal.

Mais il voulait que Sirius ait aussi mal que lui. Il voulait qu'il comprenne ce que ça faisait de se faire repousser par une personne qu'on aimait. Il avait été blessé, par le fait que Sirius veuille l'abandonner ici, alors qu'il avait enfin compris ce qu'il ressentait pour lui.

Harry eut le temps de voir l'éclat de tristesse passer sur le visage de son père avant de tourner les talons, mais il n'eut pas le temps d'éprouver du remords tant il était en colère.

Il en avait marre. Il était fatigué et il ne comprenait pas pourquoi Sirius ne voulait même pas l'aider ! Il le laissait dans cette école de malheur comme s'il se fichait bien de ce qu'il pouvait lui arriver. Il allait finir six pieds sous terre d'ici la fin de l'année et tout le monde s'en fichait !

Harry sentit son cœur se serrer quand il se rendit compte que Sirius ne cherchait même pas à le rattraper. En se retournant vers les grilles de Poudlard, il vit son père marcher d'un pas raide en suivant Rusard, les épaules tendues, les poings serrés.

Il venait de blesser la seule personne qui avait toujours été là pour lui.

.

Harry se sentait tellement coupable que cela le rendait nauséeux. Il n'avait plus qu'à attendre le soir-même pour passer un coup de Miroir à Sirius et tenter de se faire pardonner. Mais il n'était pas sûr qu'il veuille l'écouter. Il était aussi têtu que lui et Harry l'avait vraiment blessé. Cette fois, il avait été trop loin.

Il soupira en shootant dans une pierre et se dirigea d'un pas lourd vers le terrain de Quidditch. Il était censé retrouver l'équipe de Poudlard ce matin pour discuter de leur stratégie pour les entraînements à venir, mais il avait peur de leurs réactions. Et s'ils pensaient tous qu'il avait mis son nom dans la Coupe pour attirer l'attention ? Et si l'équipe décidait de le renvoyer ?

Mais, au fond, la seule chose qui le tracassait, c'était de savoir si son père allait accepter ses excuses.

Quand il arriva sur le terrain de Quidditch, il marqua un temps d'arrêt en voyant la scène qui se déroulait dans les tribunes. Il dut se frotter les yeux pour être certain qu'il ne rêvait pas.

Miles était debout au milieu des gradins et semblait expliquer quelque chose à Draco, Emilia et Jeremy qui buvaient ses paroles. En le voyant faire de grands mouvements de bras, Harry supposa qu'il devait leur parler d'une technique de Quidditch.

À l'écart, les jumeaux discutaient avec une Ginny qui semblait un peu pâle. Hannah, Susan et Luna mangeaient leur petit-déjeuner en riant et en discutant comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Ron et Hermione étaient tout en bas des gradins, en train de parler à voix basse. Ils semblaient très inquiets. Ron se mordillait le pouce, signe de sa nervosité.

Hermione ne cessait de jeter des coups d'œil à sa montre ainsi qu'autour du terrain. Harry comprit qu'elle le cherchait quand elle posa son regard sur lui et qu'elle se leva comme si elle était assise sur des ressorts.

– Harry ! cria-t-elle en se précipitant vers lui à une vitesse impressionnante.

Il eut juste le temps de se contracter pour se préparer à l'impact avant qu'elle ne saute dans ses bras et qu'elle ne se le serre comme si elle avait peur qu'il disparaisse d'un instant à l'autre.

Il sentit son souffle se couper et n'eut pas le temps de relever la tête pour voir les réactions des autres que Hermione l'avait attrapé par les épaules et lui touchait le bras et le visage, comme pour s'assurer qu'il était bien en vie et qu'il n'était pas blessé.

– Oh, Harry ! s'écria-t-elle, ses yeux se remplissant de larmes. Comment est-ce que tu te sens ? Mal, je suppose. On a lu le journal, évidemment. Les tableaux ne font que parler de ce qu'il s'est passé ! Mais on t'a cherché partout Harry. Partout ! On ne savait pas où tu étais et... C'est absolument scandaleux que...

– Hermione, laisse-le respirer, intervint Ron qui venait de les rejoindre.

Ron posa sa main droite tremblante sur l'épaule de Harry. Ils se fixèrent tous les deux un court instant. Harry ne vit dans le regard de Ron qu'un mélange d'inquiétude et de soulagement.

– Ça va mon pote ? demanda Ron pour rompre la tension.

– Oui, réussit à dire Harry.

Il se sentait un peu dépassé par les événements. Il était à la fois ému par l'accueil de ses amis et encore triste à cause de ce qu'il avait dit à Sirius avant de venir ici.

– J'espère que ça va, oui ! hurla Miles depuis les gradins. On a deux équipes de Quidditch à écraser !

– Où est-ce que tu étais ? demanda Hermione en ignorant royalement Miles.

– Salle sur Demande.

– J'aurais dû y penser, évidemment, murmura Hermione qui semblait furieuse contre elle-même. On est partis à ta recherche dès que ton nom est sorti de la Coupe. Mais on a appris par les tableaux que Sirius était à Poudlard et qu'il t'avait retrouvé, donc on n'a pas eu le temps de...

– Allez viens, Harry. Tu as beaucoup de choses à nous raconter, coupa Ron en poussant Harry dans le dos pour qu'il avance.

Ron semblait avoir vu que le discours de Hermione l'avait mis mal à l'aise.

La mention de Sirius avait, en effet, coupé le souffle à Harry, comme s'il prenait vraiment conscience de ce qu'il s'était passé. Il réussit néanmoins à avancer vers ses amis en grimaçant un sourire peu convaincant.

– Qu'est-ce que vous faites là ? demanda-t-il en s'asseyant au centre du groupe, ses jambes tremblantes ne le portant plus.

– Rien de particulier, ironisa Draco. On a juste décidé de réunir toutes les Maisons parce qu'il faisait beau aujourd'hui.

Harry résista à son envie de lever les yeux au ciel et se contenta de lancer un léger sourire au blond qui cherchait visiblement à détendre l'atmosphère.

George s'installa à ses côtés, lui serra le bras en signe de soutien, tout en lui tendant une serviette pliée.

– Je ne savais pas si tu avais mangé, expliqua le roux en dévoilant une part de brioche.

Cela rendit Harry encore plus coupable. Il ne méritait pas une telle attention après ce qu'il avait fait. Il se sentait mal. Très mal. Parce que Sirius avait eu raison dès le départ : personne ne semblait vouloir lui tourner le dos. Toutes les personnes qui comptaient pour lui étaient là aujourd'hui. Malgré les inimitiés présentes entre certains, ils s'étaient réunis pour lui montrer qu'ils le soutenaient.

– J'ai réussi à le restreindre à une part, il voulait te prendre tous les gâteaux possibles, indiqua Fred d'un ton badin, avec un regard que Harry ne sut analyser.

– Et, comme tu le sais, enchaîna Miles avec sérieux, tu ne dois pas manger trop sucré si tu veux rester au top de tes performances.

– Où est Sirius ? s'enquit Hermione qui regarda autour d'elle comme s'il allait surgir derrière elle.

– Parti, articula difficilement Harry en sentant son ventre se tordre.

– Mais est-ce…

Harry vit Ron donner un coup de coude à Hermione qui s'interrompit. Elle regarda Harry plus attentivement.

Seul Ron avait compris que "Sirius" était un sujet sensible, si bien que Harry remercia silencieusement son meilleur ami lorsque Hermione écarquilla les yeux, signe qu'elle avait enfin compris que quelque chose clochait.

Les trois amis se tournèrent les uns vers les autres et se comprirent d'un seul regard. Ron réussit à empêcher Hermione de harceler Harry pour savoir ce qu'il s'était passé exactement. Harry leur promit qu'ils en parleraient plus tard. Il était rassuré de voir que Hermione avait compris que ce n'était pas le bon moment.

– Eh bien, raconte-nous ! fit Hannah, pendue à ses lèvres.

Les autres n'avaient pas remarqué l'échange silencieux entre les trois amis. Harry secoua la tête pour se remettre les idées en place et mettre de côté sa culpabilité.

– Il y a vraiment eu une bataille ? enchaîna la Poufsouffle, les yeux brillants d'excitation. Du sang ? J'ai entendu la Sorcière Bleue parler avec la Grosse Dame ce matin et, apparemment, ton père s'est battu contre Rogue !

– Moi j'ai entendu le Baron Sanglant dire que Sirius avait tué Croupton, intervint Ginny. Il n'a pas fait ça quand même ?

– Je ne pense pas, dit Emilia. La Gazette a interrogé Croupton et il avait l'air bien en vie.

– Est-ce que Rufus a vraiment menacé Dumbledore ? renchérit Susan. Je l'imagine tellement dans une pièce avec lui, ça devait être très tendu. Ils ne se supportent pas du tout tous les deux. Sans parler de Rufus et Fol Œil !

Susan connaissait bien les arcanes du Ministère et Harry n'était pas étonné qu'elle sache que les inimitiés entre Rufus et Maugrey avaient conduit à la mise à la retraite de ce dernier.

– Fol Œil est carrément flippant, frissonna Miles en regardant les autres. Vous l'avez vu ce matin ? Il nous regardait tous comme si on était des suspects potentiels. Il a failli écharper Montague quand il a éternué à côté de lui dans le couloir.

– C'est normal, Rufus… enfin, le Chef des Aurors lui a redonné ses pouvoirs d'Auror. Fol Oeil doit sans doute mener l'enquête, expliqua Susan d'un ton professoral.

Harry acquiesça sans savoir quoi ajouter. Il était un peu perdu.

– Karkaroff n'est pas venu ce matin, reprit George.

– Notre père nous a dit que c'était un Mangemort, compléta Fred.

À l'exception de Draco et des Weasley, tout le monde sursauta de surprise.

– Tu rigoles ? dit Emilia, les yeux écarquillés. Un Mangemort ?

– Ouais, il a balancé ses copains, expliqua Fred. Du coup, il est libre maintenant.

– Rufus devait être fou de rage... murmura Susan avant de fixer Draco. Il déteste les Mangemorts en liberté.

Draco soutint le regard de Susan sans flancher ou rougir, ce que Harry lui envierait toujours. Même face à une attaque, il ne baissait jamais la garde ; il ne montrait jamais qu'il était blessé ou mal à l'aise.

– Il y avait aussi ton avocat, non ? demanda Ginny à Harry.

– Mais oui ! dit Jeremy en riant. Apparemment, il a insulté tout le monde et a menacé Croupton et Dumbledore de les faire renvoyer.

– J'ai entendu dire qu'il avait combattu Croupton en duel, ajouta Miles en fronçant les sourcils. Mais ça me semble un peu gros.

– Ça aurait été moins étonnant de la part de Rufus, rit Susan. Je crois qu'il n'attendait qu'une seule remarque déplacée pour tuer des gens.

– Et Sirius alors ? dit Fred. À la Coupe du Monde, c'est le seul à avoir réussi à capturer un Mangemort. Je n'aimerais pas l'avoir comme ennemi.

– Et il a une dent contre Croupton, Dumbledore et Rogue, compléta George.

– Comment est-ce qu'ils s'en sont sortis vivants ? murmura Hermione sans espérer de réponse.

Harry ne put s'empêcher de rire, parce qu'il savait que ces trois personnes avaient eu de la chance de s'en sortir sans recevoir de coup de poing ou de sortilège. Il ne savait pas comment Sirius avait fait, mais il était clair qu'il s'était contenu pour ne pas véritablement agresser quelqu'un.

– Alors, Harry ? dit Emilia en claquant sa langue contre son palais d'un air impatient. Dis-nous tout.

– Euh... Je ne comprends pas tout ce qu'il se passe, admit Harry qui se sentait complètement perdu. Vous me croyez quand je dis que je n'ai pas mis mon nom dans la Coupe ?

Tout le monde le regarda comme s'il était devenu fou. Draco semblait hésiter entre ricaner ou le frapper. George le fixait avec un mélange de compassion et d'amusement. Susan soupira, alors que Miles réprimait un fou-rire.

– Tu ne sais pas... comprit Hermione en écarquillant les yeux. Bien sûr que non, tu ne sais pas... Hier soir, quand ton nom est sorti de la Coupe, on est parti à ta recherche avec Ron. On a rencontré le professeur Babbling et on a continué les recherches ensemble, en pensant qu'on irait plus vite ainsi.

– On t'a cherché longtemps, enchaîna Ron, mais c'était comme si tu avais disparu. Finalement, un tableau nous a prévenus que Sirius était à Poudlard et qu'il savait où tu te trouvais. Et ensuite...

– Ensuite la rumeur s'est propagée par les tableaux, dit Emilia en éclatant de rire. Une heure après, tout le monde savait que ton père avait débarqué à Poudlard avec son avocat et le Chef des Aurors.

– Et qu'il avait agressé tout le monde, compléta Miles.

– J'aurais tellement voulu voir ça, dirent les jumeaux d'une même voix.

– Je crois que le Chevalier du Catogan fait de très bonnes imitations de la scène, indiqua Luna.

– Le professeur Babbling a réuni tous les Gryffondor, continua Hermione pour recentrer la discussion sur ce qui intéressait vraiment Harry.

– En fait, tous les Directeurs de Maisons ont réuni leurs élèves, indiqua Luna.

– Elle nous a expliqué que quelqu'un avait mis ton nom dans la Coupe et que toute personne ayant des informations devait en parler à Fol Œil, expliqua Hermione. Elle nous a dit que tu ne participerais pas au Tournoi des Trois Sorciers, puisque ton avocat avait trouvé un moyen d'annuler ta participation.

– Je crois qu'un tableau a parlé d'une démission de McGonagall, dit Ginny en riant, ce qui détendit légèrement Harry.

– C'est parce qu'elle a appris que Harry s'appelait Potter-Black et qu'elle ne l'a pas supporté, renchérit Fred.

– Mais les autres, ils... commença Harry en fronçant les sourcils.

– Mais rien du tout Potter, coupa Draco. Personne ne te pense assez intelligent pour avoir mis ton nom dans la Coupe.

– C'est surtout que la Gazette a sorti une édition spéciale ce matin, dit Hermione qui fusilla le blond du regard.

Mais la remarque de Draco eut le mérite de faire rire Harry, alors que Hannah lui lisait l'article de Rita Skeeter qui parlait de "scandale", de "mise en danger de mineur par des personnes dépourvues de cœur qui devraient démissionner en raison de l'offense qu'ils avaient portée à tous les sorciers d'Angleterre" et de phrases assassines destinées à ruiner les carrières de tous les membres du Ministère présents la veille.

– Combien Sirius l'a-t-il payée pour dire ça ? souffla Draco presque impressionné.

Harry se tassa sur lui-même, sans répondre. Il se sentait encore coupable, mais il ressentait également un immense soulagement. Parce que Sirius avait eu raison de le pousser à rester. Tout le monde le croyait. Du moins, ses amis le croyaient. Comment avait-il pu songer à quitter Poudlard ? Sirius le pardonnerait-il un jour ?

– Il est déjà dix heures passées, on devrait peut-être s'entraîner, non ? proposa George en sentant son trouble.

– Il a raison ! dit Miles en frappant dans ses mains. Maintenant que Harry est rassuré, on s'y met.

– On peut assister à l'entraînement ? demanda Hannah, le regard rempli d'espoir.

Miles soupira et capitula en faisant une remarque sur les Poufsouffle qui, malheureusement pour lui, fut entendue par Emilia. Cette dernière sortit sa baguette et ils se disputèrent en descendant chercher les balles d'entraînement.

– Merci à tous, dit alors Harry en observant tous ses amis face à lui, merci de me croire et...

– Pouah ! s'écria Draco avec répugnance. Si c'est l'heure du sentimentalisme dégoulinant des Gryffondor, je préfère affronter l'entraînement de Miles.

Il attrapa Jeremy par le bras pour discuter d'une nouvelle technique qu'il voulait essayer et qu'il avait vue lors d'un match de la Coupe du Monde.

Harry fit un petit signe de tête à Hermione et Ron pour les entraîner à l'écart. Hermione, qui semblait avoir lutté contre elle-même, ne put se retenir et le prit de nouveau dans ses bras. Il la sentit trembler contre lui et il sut qu'il n'était pas le seul à avoir peur.

Tous les trois avaient bien compris ce qu'il se passait. Ce n'est pas une simple blague, c'était du sérieux. Quelqu'un voulait tuer Harry et ils savaient qui en était l'instigateur.

– C'est lui, n'est-ce pas ? chuchota Hermione.

– On le pense, oui.

– Harry, pourquoi est-ce que ça tombe toujours sur toi ? soupira Ron, une main posée sur son front, comme s'il allait défaillir.

– Je me pose la question depuis des années, répondit Harry en se sentant beaucoup plus léger.

Ses meilleurs amis le croyaient, ils le soutenaient et c'était tout ce qu'il avait espéré. Il ne savait pas comment le reste de Poudlard allait réagir, mais au moins il se sentait assez entouré pour savoir qu'il était prêt à affronter ses potentiels détracteurs.

Il n'a pas réussi son coup, on devrait être soulagés, tenta Hermione avec un sourire crispé.

Les trois amis se regardèrent sans savoir s'il s'agissait réellement d'une victoire. Il était évident que Voldemort ne s'arrêterait pas à cet échec et que Harry restait plus que jamais sa cible privilégiée.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Sirius ? demanda alors Ron.

Harry sentit de nouveau la culpabilité le ronger et il leur raconta rapidement la conversation de ce matin.

Durant son récit, Hermione se pinça les lèvres en guise de désapprobation tandis que Ron se contenta simplement de hausser les épaules.

– Ne te bile pas pour ça, Harry, dit le roux. Si tu savais toutes les fois où on a dit à nos parents qu'ils étaient nuls et pourtant ils nous aiment toujours autant.

– Oui, mais je l'ai appelé Sirius. Je lui ai dit que j'étais plus heureux ici qu'avec lui… Il était vraiment blessé, insista Harry.

– Harry, désolé de te le dire, mais les familles ce n'est pas toujours parfait, dit Ron avec un sourire compatissant. On se dispute. Alors oui tu as peut-être blessé Sirius, mais il va te pardonner. Les parents finissent toujours par nous pardonner.

– Je ne sais pas, Ron.

– Ron a raison, dit alors Hermione en comprenant qu'il se sentait vraiment honteux. Mais tu as intérêt à t'excuser.

Le ton sévère de Hermione contraignit Harry à hocher la tête dans un signe d'autodéfense manifeste. Harry savait que Hermione aimait beaucoup Sirius et qu'elle détestait quand il allait à l'encontre de l'autorité.

– Tout ça parce que tu pensais qu'on allait te tourner le dos, enchaîna-t-elle mi-amusée mi-agacée. Pour qui est-ce que tu nous prends ?

– Il va falloir nous faire un peu plus confiance, mon pote, confirma Ron en lui donnant une claque amicale dans le dos. Allez, souris un peu. Ça va s'arranger.

Harry espérait sincèrement que Ron avait raison.

– Merci, dit Harry en regardant ses deux meilleurs amis avec émotion.

La réaction de Hermione et de Ron était sans doute celle qu'il avait le plus appréhendée. Mais ils le soutenaient et il aurait pu en pleurer de soulagement. Savoir qu'ils étaient derrière lui, malgré tout ce qu'ils savaient, lui réchauffait le cœur.

Le poids que Harry portait depuis la veille venait de s'ôter de ses épaules et il décida de mettre sa culpabilité de côté, pour profiter du fait qu'il était entouré de personnes qu'il appréciait.

– Harry ! s'exclama George en surgissant à côté de lui. Si tu ne te dépêches pas, Miles va te découper en morceaux et personne ne veut voir ça.

Comme s'ils pensaient que Miles était capable d'une telle chose, Ron et Hermione décidèrent de s'en aller et souhaitèrent aux deux garçons un bon entraînement.

George attrapa Harry par le bras et l'entraîna à sa suite.

– Comment tu te sens ? demanda George, l'air concerné, alors qu'ils se dirigeaient vers les vestiaires.

Harry haussa les épaules sans savoir quoi répondre. Il n'avait pas le courage de mentir à George en disant que tout allait bien, alors qu'il avait simplement envie de se réfugier sous sa couette et de ne plus jamais en sortir.

– Tu sais, Harry, l'année dernière quand je n'allais pas très bien… reprit George en rougissant.

Il évitait son regard et semblait un peu incertain, ce qui ne correspondait pas vraiment à son comportement habituellement enjoué et détaché.

– Tu m'as aidé. Alors, si tu as besoin de parler, un jour… Je suis là. Voilà.

Harry s'arrêta et fixa le roux avec un grand sourire, très touché par sa proposition.

– Merci, George. J'y penserai, répondit sincèrement Harry.

– Tu peux compter sur moi, renchérit George avec un sérieux étonnant. Avec Fred, on sait que… On sait qui est derrière tout ça.

Cette fois, ce fut au tour de Harry de rougir et de regarder ailleurs. Il ne savait pas comment les jumeaux pouvaient le savoir ou même s'ils savaient vraiment qui était derrière tout ça, mais cela suffit à rendre Harry anxieux.

– Ne t'inquiète pas, dit George en voyant qu'il s'était tendu. Ce n'est pas… Je n'aurais pas dû te dire ça, n'est-ce pas ?

George rit nerveusement en passant une main dans ses cheveux pour les décoiffer légèrement.

– Fred m'a conseillé de ne pas te le dire, mais je me suis dis que tu…

– Je suis juste surpris, coupa Harry en voyant que George était mal à l'aise. Mais ça ne te pose pas de problème ?

– De problème ? répéta George en fronçant les sourcils. Le plus grand mage noir de la génération veut te tuer et tu me demandes si ça me pose un problème ?

– Eh bien, je suis un danger pour tout le monde, insista Harry. Il veut me tuer, donc il pourrait s'en prendre aux personnes que j'aime.

George ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais se ravisa au dernier moment.

– Ginny est une cible, elle aussi, dit alors George à la grande surprise de Harry.

Ce dernier se tourna vers les gradins et vit la rousse rire avec Luna tout en semblant malgré tout un peu crispée. Harry comprit alors que Ginny savait, elle aussi, qui était derrière tout ça et qu'elle était tout aussi terrifiée que lui. Ginny avait été possédée par Voldemort et avait appris des choses à son contact. Jamais Voldemort n'accepterait qu'une adolescente puisse connaître certains de ses secrets. Bien sûr qu'elle était une cible. Mais Harry avait tendance à oublier que les frères de Ginny connaissaient aussi cette histoire.

– Même si nous sommes tous en danger parce que Tu-Sais-Qui cherche à te tuer, on ne te laissera pas tomber pour ça, assura George en le regardant comme s'il était fou. Tu devrais vraiment nous faire confiance.

– Je vous fais confiance ! répliqua Harry.

– Je ne pense pas, objecta George en haussant les épaules comme si ce n'était pas grave. On va juste te montrer qu'on mérite ta confiance. Donc, Harry, rendez-vous demain matin.

– Demain matin, pourquoi ? s'étonna Harry.

– Footing autour du lac. Tu as clairement besoin de te défouler, affirma George avec un sourire en coin.

– Je vous donne une minute pour aller sur le terrain avant que je ne vous transforme en Cognards, gronda une voix menaçante derrière George.

Harry et George observèrent Miles en riant, avant de comprendre qu'il était sérieux et de foncer se changer à la vitesse du Vif d'or.

Harry eut l'impression de passer le reste de la journée dans une sorte de brouillard flou.

Il était heureux que ses amis le croient, content d'avoir fait un entraînement et soulagé qu'aucun élève ne soit venu l'accuser d'avoir mis son nom dans la Coupe. Mais cette joie était ternie par sa discussion du matin avec Sirius. Il avait peur que son père ne lui pardonne jamais.

Quand Harry appela Sirius par Miroir le soir, ce fut Irina, sa psychomage, qui lui répondit. Le choc fut tellement violent qu'il pleura toute la soirée, difficilement calmé par Irina.

Il avait pris conscience que son père lui en voulait tellement qu'il ne voulait même pas lui parler. Malgré sa peine, il pouvait comprendre Sirius ; il était blessé et avait besoin de temps pour digérer ce qu'il s'était passé le matin-même.

Mais ce qui bouleversa vraiment Harry fut de se rendre compte que, malgré le fait que Sirius soit déçu et blessé par son attitude, il ne pensait qu'à son bien-être. Sirius avait donné son Miroir à Irina. Cette dernière put ainsi aider Harry à gérer sa Magie et à parler de ses peurs et des évènements de la veille.

Le fait que Sirius cherche à l'aider alors que lui, son fils, l'avait blessé de la pire des façons, rendit Harry encore plus honteux qu'il ne l'était déjà.

.

– Mrs Bones, vous ne pouvez pas...

Amelia n'écouta pas une seule seconde l'assistant de Barty Croupton lui parler et fonça en direction du bureau du Directeur de la Coopération Magique. Elle ouvrit la porte d'un geste vif de la baguette, fonça à l'intérieur et prit une grande inspiration pour commencer à hurler... quand elle se rendit compte que le bureau était vide.

Elle s'arrêta sur le pas de porte, totalement incrédule, comme si elle venait de heurter un mur de pierre à pleine vitesse. Il était déjà neuf heures et ce n'était pas le genre de Barty d'être en retard ou de ne pas être dans son bureau. Jamais il ne le quittait, sauf lors des réunions qu'il tenait au sein de son service.

Elle se tourna vers un Percy Weasley liquéfié.

– OÙ EST-IL !? cria-t-elle.

Elle avait été informée de la situation assez tard et elle n'en revenait toujours pas. Elle avait été en audience presque toute la nuit pour une sombre affaire. Elle avait rêvé d'un bon bain et de son lit, avant que Rufus ne vienne la chercher à la sortie du procès, la conduisant dans son bureau où se trouvait déjà Remus.

Ils lui avaient annoncé la terrible nouvelle qui l'avait complètement sidérée. Elle avait vu Rufus s'activer et chercher des solutions, des explications, dressant la liste de tous les suspects potentiels. Elle avait vu Remus en colère, faire les cent pas en grommelant contre Dumbledore.

Mais elle... Elle avait été sous le choc. Incapable de réfléchir, de penser à quelque chose pour aider. Elle n'y avait pas cru, elle ne pouvait pas imaginer que son filleul vive encore une fois une épreuve aussi terrible.

Ils avaient attendu des nouvelles de Sirius, en vain. Tout ce qu'ils savaient c'était que ce dernier était avec Harry et qu'il avait décidé de dormir au château.

En début de matinée, Remus s'était résigné à rentrer à la Villa Bleue en espérant que Sirius ne tarderait pas à rentrer.

Amelia avait été renvoyée chez elle par un Rufus paternel qui l'avait obligée à prendre une douche et à manger, mais elle n'avait fait que tourner en rond dans son appartement.

Elle n'avait rien à faire et c'était sans doute la pire chose au monde. Tout ce qu'elle avait pu faire, c'était attendre des nouvelles qui n'étaient jamais arrivées, ce qui avait eu le don de la rendre folle. Elle avait hésité à se rendre à Poudlard pour voir Harry, mais elle savait que ce n'était pas possible et que Sirius avait déjà la situation en main.

Quand elle avait reçu la Gazette du Sorcier, elle avait définitivement vrillé et toute la colère lui était tombée dessus, lui donnant un coup de fouet et la faisant passer de son état comateux et choqué, à un état de rage.

Rufus lui avait de toute évidence caché ce qu'il s'était réellement passé. Il n'avait pas parlé de Barty. Il n'avait pas parlé du fait que Croupton et Dumbledore étaient prêts à faire participer un enfant de quatorze ans au Tournoi des Trois Sorciers, sans même chercher une solution.

Il ne lui avait pas dit qu'aucune personne du Ministère ne s'était offusquée de la participation de Harry, qu'aucun n'avait pris sa défense, qu'aucun n'avait été là pour aider Harry après tout ce qu'il avait fait pour eux.

Elle avait été prise d'une fureur telle qu'elle s'étonnait encore d'être arrivée jusqu'ici sans faire de mal à quelqu'un.

– Ab... il est absent, Mrs Bones, se reprit Percy en remontant ses lunettes à écailles sur son nez.

ABSENT ? répéta Amelia en crachant le mot comme s'il l'avait brûlé. Vous voulez me dire que Croupton, qui a voulu forcer mon filleul à entrer dans le Tournoi des Trois Sorciers est ABSENT ? Et qu'il ne cherche pas à RÉGLER LA SITUATION ALORS QUE TOUT EST DE SA FAUTE !?

– Euh... Oui ? Il est... Il n'est pas là, balbutia Percy en rougissant jusqu'aux oreilles.

– Quand est-ce qu'il revient pour que je l'étripe de mes propres mains ? siffla-t-elle en plissant les yeux.

– Je... Je ne sais pas, Mrs Bones. Il ne m'a pas... Je n'ai pas eu d'indications de sa part.

Amelia se força à prendre de grandes et lentes inspirations pour retrouver son calme. Elle avait promis à Rufus qu'elle ne tuerait personne et elle allait tenir parole.

Si Sirius avait réussi à le faire dans une pièce remplie de gens qu'il haïssait, elle pouvait le faire, elle aussi.

Ce pauvre Weasley n'y était pour rien, après tout. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'être furieuse. Elle savait que c'était sa manière de réagir à la situation, au fait qu'elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre...

La seule chose qu'elle pouvait faire à son échelle c'était hurler sur Croupton jusqu'à ce qu'il ressente ne serait-ce que le dixième de ce qu'il avait fait endurer à Sirius et Harry.

Elle aurait voulu retrouver Dumbledore et lui arracher les yeux. Elle aurait voulu pouvoir faire quelque chose de concret…

Mais surtout, elle aurait voulu voir Harry. Elle aurait voulu pouvoir aider Harry, mais elle avait l'impression que rien de ce qu'elle pourrait faire ne serait utile.

Elle se sentait complètement inutile et dépassée face à la situation.

– Donnez-moi le dossier sur le Tournoi des Trois Sorciers, Weasley, intima Amelia.

Percy se tordit les doigts, semblant partagé entre sa loyauté pour Croupton et son envie d'aider Amelia.

– Mrs Bones, je...

– Il me semble que, lorsque le Directeur n'est pas présent, l'assistant gère le Département, n'est-ce pas ?

Percy bomba le torse, l'air fier d'occuper ce poste, ce qui était exactement la raison pour laquelle Amelia lui en avait parlé.

– Donnez-moi le dossier, insista-t-elle. Je veux le règlement du Tournoi et, surtout, je veux m'assurer qu'il a fait tout ce qu'il fallait pour s'assurer de la sécurité des élèves.

– Je peux vous assurer que Mr Croupton a parfaitement géré la situation.

– Parfaitement ? répéta Amelia en songeant à secouer Weasley comme un prunellier pour le faire réagir.

Elle soupira en voyant l'éclat de loyauté dans les yeux de Percy et elle se sentit soudain très lasse. Elle était incapable de faire comprendre à ce jeune homme rempli d'illusions que Barty n'était pas aussi parfait qu'il le pensait.

Elle ne pouvait pas en vouloir à Percy, parce qu'elle savait ce que c'était d'être impressionnée par Barty Croupton. Elle aussi avait eu son premier poste auprès de Barty quand elle était arrivée au Ministère.

Barty l'avait prise son aile et elle l'avait regardé avec des yeux remplis de dévouement, de respect et de fierté. Parce que travailler pour un tel homme, d'une telle droiture, forçait l'admiration.

Elle avait tout appris à ses côtés. Si elle était la Directrice de la Justice Magique aujourd'hui, c'était grâce à Barty Croupton.

Il y a un an encore, elle-même aurait tout donné pour que Barty ne la félicite et lui dise qu'elle "faisait du bon travail". Amelia était toujours allée le voir pour avoir des conseils, pour savoir si elle faisait bien les choses. L'avis de Barty lui avait toujours tellement importé...

Elle avait attendu ses retours, sur chacune de ses décisions. Parce que la carrière de Barty avait toujours représenté un idéal à atteindre. Amelia avait toujours voulu ressembler à Barty Croupton. Elle voulait être aussi respectée que lui. Elle voulait être aussi droite, aussi honnête, aussi intelligente que lui.

Comment ses convictions, comment son admiration avaient-elles pu partir aux oubliettes aussi vite ? Pourquoi n'avait-elle rien vu avant ? Il y avait forcément eu des signes qui montraient que Barty n'était pas l'homme qu'elle admirait tant et qu'il avait une part d'ombre qu'elle n'avait pas voulu voir.

Une part d'ombre qui faisait que Barty avait renvoyé son elfe de maison sans aucune hésitation et avait voulu envoyer Harry à la mort.

Avait-elle été aussi candide, insouciante et aveugle que Percy ou Barty avait-il simplement bien caché son jeu ?

– Mrs Bones, vous êtes toute blanche. Vous vous sentez bien ? s'enquit urgemment Percy alors qu'elle vacillait sous le poids des émotions qui la transperçaient de toute part comme des poignards aiguisés.

Elle avait l'impression que toutes ses convictions, tout ce en quoi elle croyait, tous ses idéaux venaient d'être piétinés par une horde de centaures. Elle ne méritait peut-être pas son poste pour ne pas avoir vu que Barty Croupton était capable d'envoyer des hommes en prison sans procès... Pour ne pas avoir vu que Barty Croupton avait été capable d'envoyer son propre fils en prison et qu'il n'aurait pas non plus rechigné à envoyer un enfant de quatorze ans à la mort parce que "c'est le règlement".

Comment n'avait-elle pas vu que cette droiture, que ce zèle cachait des choses aussi sombres ? Que lui restait-il encore à découvrir à son sujet ? Barty s'était-il contenté de ça ou avait-il fait pire au cours de sa longue carrière ?

– Faites-moi un thé, voulez-vous, dit alors Amelia.

Elle s'affala sur la chaise face au bureau parfaitement bien rangé de Percy, se retenant de justesse d'enfouir sa tête entre les mains et de pleurer à chaudes larmes.

C'était la goutte de Bièraubeurre qui faisait déborder la marmite. Elle était épuisée. Fatiguée de se battre, harassée de reprendre tous les dossiers de chaque personne envoyée à Azkaban. Elle devait traiter leur situation, épargner un scandale au Ministère et à Barty, mais surtout s'assurer que la justice soit faite, dans le respect des droits de chacun.

Mais surtout, elle devait s'assurer que Voldemort ne revienne jamais.

Elle n'était plus en mesure de réfléchir clairement à la situation. Harry était son filleul, à présent. Mais sa façon de voir les choses aurait-elle été la même s'il ne l'avait pas été ? Aurait-elle cru qu'un garçon de quatorze ans puisse mettre son nom dans la Coupe de Feu ? Aurait-elle dit, comme Croupton, qu'il n'avait pas d'autre choix que celui de concourir ? Aurait-elle vu le vrai Barty Croupton si elle n'avait pas été mise sur la piste de l'erreur judiciaire qu'avait subie Sirius ?

Percy déposa devant elle une tasse de thé, y déposa un nuage de lait et deux cuillères de sucre. Amelia le regarda avec incrédulité.

– Comment savez-vous comment je prends mon thé ?

– Vous en avez pris un chez mes parents quand vous êtes venue interroger mes frères, indiqua Percy en se dandinant d'un pied sur l'autre avant de s'asseoir dans son fauteuil.

– Vous êtes très observateur, Mr Weasley.

– J'ose espérer que je le suis, oui, répondit-il avec hauteur.

– Mr Croupton est-il souvent absent ? demanda Amelia qui se posait cette question depuis qu'elle était entrée dans le bureau vide.

Percy se trémoussa sur sa chaise, incapable de répondre. Amelia resta songeuse un moment, cherchant un jour où Barty avait été absent quand ils travaillaient ensemble. Mais elle n'en trouva aucun. Amelia l'avait vu venir au travail tous les jours, sans aucune exception. Elle se souvenait même avoir vu Barty au travail le jour de l'enterrement de sa propre mère !

Il n'était donc vraiment pas dans les habitudes de Barty d'être absent… Se pourrait-il qu'il ait des problèmes de santé qui expliqueraient son comportement si étrange ?

– Et c'est vous qui le remplacez ? demanda-t-elle en reportant son attention sur Percy.

– En effet, dit pompeusement ce dernier. Mr Croupton me fait confiance et je m'assure que tous ses dossiers soient bien traités.

Amelia hocha la tête, ne sachant pas réellement comment réagir. Il était évident que Percy Weasley était un bon élément. Elle avait entendu parler de Percy comme quelqu'un de semblable à Croupton, donnant tout pour son travail, ne comptant pas ses heures et étant à la fois efficace et brillant.

Il n'était pas étonnant qu'un Directeur laisse de la latitude à quelqu'un comme Percy. Mais Croupton ? Non, cela lui semblait difficile à croire. Aussi doué Percy soit-il, jamais Barty ne lui aurait laissé la direction du Département comme ça. Amelia elle-même avait attendu des années pour ne plus être corrigée par Barty et pour avoir davantage de responsabilités.

– Est-ce que Barty est malade ? s'enquit poliment Amelia.

– Malade ? répéta Percy horrifié. Non, je ne pense pas. Je... Il est parfois absent, oui, mais vous savez... Il a tant de choses à faire. C'est un homme très sollicité.

– Je vois, dit Amelia, les lèvres pincées. Donc, si je comprends bien, il n'avait pas le temps libre nécessaire pour s'occuper de l'organisation du Tournoi des Trois Sorciers ?

– Ce n'est pas ça ! s'écria Percy qui semblait horrifié à l'idée de mettre son patron en mauvaise posture. Il a fait un travail incroyable pour s'assurer que tout se passe bien. Tout a été parfaitement organisé, je vous l'assure.

– Le scandale Harry Potter ne me semble pas être la preuve d'une parfaite organisation, ironisa froidement Amelia.

– Ce n'est pas Mr Croupton qui a dessiné la limite d'âge, opposa Percy en reprenant de l'assurance.

– Mr Croupton n'a cependant pas indiqué dans les règles qu'il fallait qu'une personne écrive son nom pour être sélectionnée, dit Amelia en désignant le règlement qu'elle avait survolé. Ne pensez-vous pas qu'il s'agisse d'une faute grave ?

– Je ne le pense pas, répondit sincèrement Percy.

– Harry ne participera pas au Tournoi, mais vous vous doutez, Mr Weasley, qu'il y aura une enquête. Je dois parler à Barty de cette histoire.

– Bien entendu. Je n'ai pas d'informations à vous transmettre, mais je m'assurerai de lui envoyer une note.

– Il travaille de chez lui, si je comprends bien ?

– Tout à fait, confirma Percy. Il a émis le souhait de travailler de chez lui plus souvent. Je suppose qu'il reviendra en fin de semaine. Il vient généralement récupérer des dossiers et nous faisons le point sur l'état du Département à ce moment-là.

– Mhm.

Amelia sentit qu'il valait mieux pour Croupton qu'il prenne quelques jours afin qu'elle ait le temps de se calmer. Si elle le voyait dans la semaine, elle ne répondrait plus de rien.

Bien sûr, elle savait que Croupton n'était pas entièrement responsable de ce carnage. Mais il y avait contribué.

Le problème n'était pas tant le fait que les règles soient mal rédigées, mais le fait que Croupton n'ait rien fait pour essayer d'empêcher Harry de participer. Qu'il soit parti du principe qu'un garçon de quatorze ans devait participer, sans montrer aucun état d'âme, aucune émotion. Aucun cœur.

– Je comprends un peu mieux pourquoi Barty n'a pas répondu à mes sollicitations, soupira Amelia. Au sujet des prisonniers d'Azkaban.

Percy hocha la tête, un peu embarrassé, et attira d'un simple coup de baguette un gros carton.

– C'est moi qui m'occupe de cette question, admit Percy. Je sais que ce n'est pas dans mes attributions, mais...

– Non, aucun problème, sourit légèrement Amelia. Ces dossiers doivent être traités en urgence.

Amelia profitait de l'absence de Susan pour ne pas compter ses heures. En plus de ses recherches sur Voldemort, elle devait s'occuper de ses dossiers, mettre en place la nouvelle loi sur la justice magique de Maxwell qui avait reçu un accueil mitigé de la part des Aurors, mais également s'assurer que tous les prisonniers avaient bien eu un procès.

Pour le moment, trois prisonniers n'avaient pas eu de procès et elle devait étudier leurs cas. Mais la tâche était colossale, il restait tant d'autres prisonniers dont le dossier devait être étudié, tant de questions à résoudre qu'Amelia ne savait plus où donner la tête.

– Tenez, dit Percy en lui tendant trois rouleaux de parchemin. J'ai rédigé un rapport synthétique pour les trois prisonniers qui vont avoir un procès. Je ne savais pas... Mr Croupton les relit, d'ordinaire, mais puisque vous êtes là...

Amelia ne put s'empêcher de souffler de soulagement et attrapa le dossier de O'Brien, un Mangemort arrêté lors de la première guerre. Rufus, qui représentait les Aurors, avait conclu à sa culpabilité sans hésitation, mais il n'en restait pas moins que ce Mangemort avait été envoyé à Azkaban sans procès. Et que des Sorts Impardonnables avaient été utilisés par des Aurors pour le capturer.

Amelia frissonna parce qu'elle savait que c'était Barty qui avait autorisé les Aurors à lancer des Sorts Impardonnables en période de guerre. Aurait-elle dû s'inquiéter et se demander, à ce moment-là, ce que pouvait faire un homme capable d'autoriser les Aurors à torturer d'autres sorciers ?

– Votre conclusion, alors ? demanda Amelia en survolant les parchemins parfaitement bien rédigés.

– Il est évident que, malgré les conditions d'arrestation et l'absence de jugement, O'Brien reste coupable, tempéra Percy. Je suppose qu'au contraire de l'affaire Black, Mr Scrimgeour ne va pas plaider l'acquittement.

– Loin de là, s'amusa Amelia, imaginant avec humour Rufus plaider un acquittement. Maître Maxwell non plus, si cela peut vous rassurer. Mais je ne sais pas encore quelle sera la peine prononcée.

– Et comment est-il, lui ? s'enquit poliment Percy.

– Qui donc ?

– O'Brien, dit Percy en haussant un sourcil.

Comprenant sa méprise en voyant le regard surpris d'Amelia, Percy se mit à rougir.

– Oh... Je croyais que vous étiez allée le voir...

La remarque de Percy étonna Amelia.

– Voir O'Brien ? Pour quoi faire ?

– Eh bien… Je… Comment dire... répondit difficilement Percy.

– Allez-y, Mr Weasley. Je ne vais pas vous manger, s'amusa Amelia en le voyant hésiter.

– C'est simplement que le voir aurait permis de voir comment il s'en sortait. On ne sait rien de lui. Mais est-ce qu'il regrette son geste ? Est-ce qu'il le conteste ? Je me suis fondé exclusivement sur le contenu de cette boîte, mais à l'instar de Sirius Black, les rapports ont été rédigés à charge. J'aurais simplement aimé savoir ce que O'Brien avait à dire.

Percy semblait appréhender la réaction d'Amelia, mais elle le regardait bouche bée, un peu soufflée par sa remarque. Elle ne s'était pas vraiment posée la question, mais il avait entièrement raison. Elle s'était focalisée par la perspective d'étudier les dossiers de tous les prisonniers, de s'assurer qu'ils aient eu un procès... Mais elle avait négligé l'essentiel... Elle n'avait pas vu ces hommes.

Elle savait que les avocats n'avaient pas le droit de rendre visite aux prisonniers. C'était une chose qu'Alan avait tenté de modifier, sans succès. Lui-même n'avait pas pu voir les clients qu'il défendait...

Se pourrait-il que ces accusés ne soient même pas informés de la tenue prochaine de leur propre procès ? Elle ne pouvait imaginer leur réaction s'ils étaient extraits d'Azkaban sans être informés au préalable ; les accusés se sentiraient perdus, n'ayant pas eu de visites depuis plus de dix ans; ils seraient sans doute en colère, se seraient repliés sur eux-mêmes, auraient des difficultés à parler après avoir vécu tant d'années dans un endroit pareil…

Elle se sentait un peu honteuse de ne pas avoir pensé à cela, avant de se dire que toute critique était bonne à prendre et qu'il était sans doute temps qu'elle sorte le nez de ses dossiers pour se concentrer sur ce qui était le plus important : juger un de ses semblables.

– Vous savez produire un Patronus, Mr Weasley ? demanda Amelia avec un sourire franc qui surprit Percy.

– Bien sûr, assura-t-il en bombant de nouveau le torse. Pourquoi cette question ?

– Parce que je vous emmène avec moi à Azkaban.

.

– Comment tu me trouves ? s'enquit Narcissa en tournant sur elle-même.

Lucius sentit sa gorge s'assécher en voyant la robe bleue que sa femme portait.

– Très bien, répondit-il en s'efforçant d'adopter un ton détaché.

Il croisa les yeux gris de Narcissa et vit immédiatement cette lueur espiègle qu'il aimait tant. Il comprit qu'elle savait précisément ce qu'elle faisait. Elle avait choisi cette robe dans le but précis de lui faire tourner la tête.

Parce que Narcissa savait qu'il était avare de compliments, mais qu'elle voulait voir dans ses yeux à quel point il la désirait. À quel point elle allait le rendre fou à se pavaner dans cette tenue toute la journée, à quel point il préférait rester ici et ne pas aller à cette stupide inauguration.

Il ne savait pas comment il en était arrivé là, comment il s'était épris de cette femme à un point tel qu'il n'imaginait pas sa vie sans elle.

Il se souvenait avoir été contrarié lorsque son père avait conclu un contrat de mariage avec la famille Black et surtout avec Narcissa. Elle avait un an de moins que lui et, bien qu'il l'ait déjà admiré, il n'aurait jamais pensé qu'elle deviendrait un jour sa femme.

Narcissa était magnifique, évidemment ; de longs cheveux blonds chauds, des yeux gris, une posture digne d'une parfaite Sang-Pur. C'était sans doute la plus belle des trois sœurs Black, mais Narcissa n'avait jamais vraiment brillé comme Bellatrix ou Andromeda. Elle lui avait toujours paru si fade, si inintéressante. Une jolie fille, mais pas une femme qui méritait de devenir une Malefoy.

Il ne se souvenait pas du jour précis où il était tombé amoureux d'elle. C'était sans doute après leur mariage, quand Narcissa avait laissé ce faux masque de fille-jolie-mais-sans-plus et qu'elle lui avait dévoilé qui elle était vraiment. Quand elle avait mené en secret des études de médicomagie, quand elle l'avait soigné après ses réunions avec le Seigneur des Ténèbres, quand elle lui avait montré ses connaissances en magie noire, quand elle avait combattu Bellatrix et l'avait battue à la plus grande honte de cette dernière...

Quand il avait enfin découvert que, derrière la Narcissa de Poudlard, se trouvait une femme amusante, bien plus intelligente que toutes les autres, qui avait caché son jeu pour ne jamais être une cible... Quand il avait découvert que Narcissa était la femme parfaite pour lui.

Malgré le règne du Seigneur des Ténèbres, malgré leurs difficultés à avoir un enfant, malgré tout ce qu'il s'était passé dans leurs vies et les obstacles qui s'étaient opposés à leur bonheur, Narcissa avait toujours été là pour lui. Elle l'avait soutenu, sans jamais faiblir. Elle avait toujours été amoureuse de lui et le lui avait montré chaque jour depuis leur mariage.

Lucius avait fait tout ce que son vœu de mariage disait : il l'avait protégée et aimée. Il l'avait fait passer pour une parfaite petite épouse alors, qu'au Manoir, il était évident que c'était elle qui le menait par la baguette. Il n'avait pas voulu voir sa femme s'agenouiller devant le Seigneur des Ténèbres, sa peau souillée par la Marque. Mais Narcissa ne s'en était jamais plainte et avait accepté de rester une femme de l'ombre.

Il l'avait couvée, il l'avait aimée et il s'était assuré que jamais personne ne puisse lui enlever sa beauté, son charme, sa joie de vivre qu'elle ne montrait qu'à lui et à Draco. Elle n'était elle-même qu'avec eux deux et cela leur allait très bien. Il n'en revenait toujours pas de la chance qu'il avait d'être tombé sur une femme comme Narcissa Black-Malefoy.

– Nous devons y aller. Est-ce que tu penses que tout se passera bien ? demanda Narcissa en laissant entrevoir une légère panique.

Au départ, Lucius n'avait pas approuvé l'implication de sa femme dans cet orphelinat. Parce qu'il savait bien que cela marquait un tournant dans leur vie ; cela signifiait qu'ils ne suivraient plus le Seigneur des Ténèbres.

C'était risqué, dangereux et il ne voulait pas mettre sa femme en danger. Elle méritait d'être en sécurité, loin de tout conflit.

Mais Lucius s'était rappelé que Narcissa l'avait soutenu toute sa vie et qu'elle était prête à abandonner le rêve de sa vie pour lui. Et Lucius n'avait pas pu la laisser faire.

Parce que cet orphelinat était une perspective de carrière rêvée pour Narcissa. Quand Lucius avait vu à quel point sa femme était heureuse d'accueillir Lyra et William au Manoir et de s'occuper de tous les autres enfants, il avait su qu'il devait la soutenir à son tour.

C'est pour cela qu'il allait faire un effort aujourd'hui. Il allait faire ce que Narcissa avait fait toute sa vie ; il allait se tenir à ses côtés et vanter ses louanges.

– Je suis fier de toi, dit finalement Lucius en espérant apaiser l'inquiétude de sa femme.

Narcissa tourna brusquement sa tête vers lui, comme si elle n'était pas sûre de l'avoir entendu prononcer de tels mots. Lucius avait toujours été avare de compliments, de gestes affectifs, parce qu'il avait été élevé comme ça, mais il essayait de faire des efforts pour lui faire plaisir. Le visage de Narcissa se fendit d'un sourire éclatant qui coupa le souffle à Lucius.

– Tout va bien se passer, parce que tu y as mis toute ta magie. Les enfants t'adorent déjà et c'est une incroyable opportunité pour toi. Tu es tellement... Je t'aime tellement, murmura Lucius, à court de mots.

Narcissa posa une main sur sa joue et posa ses lèvres sur les siennes. Lucius l'attira contre lui et fut percuté de plein fouet par l'odeur sucrée de sa femme. Au diable l'orphelinat et l'inauguration !

Il posa sa main sur la taille de Narcissa pour la rapprocher de lui. Il espérait la convaincre de ne plus aller à l'inauguration. Il voulait rester avec elle toute la journée au Manoir.

Il sentit sa femme rire contre lui : évidemment, elle avait compris ce qu'il cherchait à faire.

– On doit vraiment y aller ? ronchonna Lucius quand elle s'écarta assez de lui pour le fixer avec ce même amour qui le faisait vaciller. On pourrait juste rester ici et enlever ta robe.

Narcissa rejeta la tête en arrière et éclata de rire. Lucius s'était toujours demandé si tous les gestes qu'elle faisait étaient calculés ou si elle n'avait aucune conscience de l'attraction qu'elle pouvait déclencher quand elle était enfin elle-même.

– On doit y aller, parce que je veux te voir fusiller du regard tous les hommes qui oseront me regarder, s'amusa Narcissa.

– Tu es une femme machiavélique, dit Lucius sans en croire un mot.

– Où serait le plaisir si tu pouvais enlever cette robe si facilement ? répliqua Narcissa en le regardant avec un sourire mutin, avant de se tourner pour s'avancer vers le salon en roulant délibérément des hanches. On doit y aller. J'ai demandé à Sirius d'être là ce matin pour aider. S'il voit que je suis en retard, il va m'en parler pendant des siècles.

– C'est vrai que ton cousin est un modèle de ponctualité, ironisa Lucius.

– C'est justement pour ça que je dois être à l'heure. Je dois être irréprochable, sinon il va utiliser mon retard pour excuser les siens, rit Narcissa.

– Ton cousin est un imbécile, je pense que nous le savons depuis longtemps.

Narcissa le regarda en secouant la tête, comme si elle ne voulait même pas essayer de le raisonner. La vérité c'était qu'il n'aimait pas Sirius parce qu'il était l'une des rares personnes à pouvoir rendre sa femme heureuse.

Il avait toujours su que Narcissa et Sirius étaient resté en contact lors de la première guerre, alors même qu'ils étaient dans deux camps séparés, alors même que les Malefoy soutenaient Voldemort et que Sirius s'était engagé dans l'Ordre du Phénix. Lucius avait laissé couler parce qu'il voyait à quel point elle en était heureuse. Cela pouvait les mettre en danger, mais Lucius avait assez confiance dans les talents de sa femme pour savoir qu'elle était capable de le cacher au Seigneur des Ténèbres.

Il se souvenait de la peine, des larmes que Narcissa avait versées quand Black lui avait envoyé une lettre pour couper tout lien avec elle et lui dire qu'il ne s'affilierait pas avec la femme d'un Mangemort. Lucius se souvenait qu'elle avait été plus peinée par cette lettre que par le départ d'Andromeda de la famille Black, parce que Narcissa et Sirius avaient toujours été très proches.

À ce moment-là, il avait haï Black. Il avait tant de fois voulu le blesser, le tuer, pour ce qu'il avait fait à sa femme, pour la peine qu'il lui avait infligée.

Il était agacé que Narcissa lui ait pardonné aussi vite. Elle n'avait eu besoin que d'un après-midi avec Black pour recommencer à vanter les mérites du cabot comme s'ils ne s'étaient jamais disputés.

Mais il devait le reconnaître, Sirius avait rendu Narcissa heureuse en lui offrant tout ce que lui-même n'avait jamais pu lui offrir : sa liberté, une vie en-dehors du joug du Seigneur des Ténèbres, un métier qu'elle aimait. Et pour cela, Lucius ne pouvait que lui en être reconnaissant.

– Allons-y, dit-il en désignant la cheminée d'un signe de tête.

Narcissa hocha la tête et plaqua un sourire de circonstance sur son visage ; plus joyeux que d'ordinaire, mais pas aussi resplendissant que quand elle était au Manoir Malefoy.

Lucius se laissa guider par Narcissa dans l'orphelinat. Il devait avouer que le travail avait été très bien réalisé. Les couleurs étaient chaleureuses, le Manoir était immense, mais accueillant. Lucius ne s'était pas attendu à une telle chose, mais il devait reconnaître que cet endroit était parfait pour des enfants qui avaient vécu des choses difficiles.

Quand Narcissa l'entraîna dans le salon où devait se dérouler l'inauguration, son regard fut immédiatement attiré par le nom de l'orphelinat écrit en lettres ouvragées au-dessus de la cheminée. Il se tourna vers sa femme qui semblait fière d'elle.

– "La Maison des Lys" ? s'étonna Lucius.

– Harry m'a aidée à trouver le nom, indiqua Narcissa avec la même tendresse qu'elle avait dans la voix que lorsqu'elle parlait de Draco. Il m'a suggéré d'utiliser le mot "Maison" et, quand Sirius m'a parlé de Lily, j'ai pensé qu'il fallait faire un clin d'oeil aux fleurs.

Lucius sourit légèrement en voyant un narcisse qui prolongeait le mot "lys", ainsi que le chien noir qui se raccrochait au "y" par la queue. Ces deux dessins qui pouvaient passer inaperçus représentaient en réalité les deux fondateurs de cet orphelinat : sa femme et Sirius.

Autour du nom de l'orphelinat avaient été accrochées plusieurs photos ; Lucius reconnut sur l'une d'elles William et Lyra qui faisaient des coucous au photographe.

– On a décidé de mettre la photo de chaque enfant qui passera par ici, pour leur montrer qu'ils sont chez eux et qu'ils font partie de la famille de la Maison des Lys, expliqua Narcissa qui avait suivi son regard.

– C'est une bonne idée, reconnut Lucius malgré lui.

Il ne voulait pas montrer qu'il était totalement sous le charme de cet endroit.

– C'était mon idée, intervint William qui venait d'arriver dans le salon avec un sourire fier. Bonjour Lucius. Vous allez bien ?

– Oui, je te remercie. Et toi ? s'enquit Lucius en se rendant compte que la réponse du petit garçon lui importait vraiment.

William hocha la tête et se précipita vers l'extérieur pour jouer avec les autres enfants qui étaient déjà arrivés. Ils n'étaient que cinq pour le moment, mais Lucius savait que Narcissa attendait l'arrivée des autres dès le lendemain.

– Ah ! Tu es là, Narcissa ! s'écria Liam Grant, semblant totalement paniqué. Bonjour Mr Malefoy.

– Grant, répondit Lucius en lui serrant la main.

Il n'avait pas spécialement d'opinion sur Liam Grant. Il était gentil, c'était certain, mais Lucius n'avait pas été ravi d'apprendre son arrivée à l'orphelinat. Il avait été cependant rassuré en voyant que Liam regardait sa femme avec respect et admiration, mais sans aucune volonté de la séduire.

– Tout est prêt, je suppose ? dit Narcissa en regardant autour d'elle.

– Pas vraiment. Sarah finit les derniers petits fours. Les enfants sont avec Marion et Morgane qui s'en occupent parfaitement bien. Les enfants les adorent, tu as vraiment bien fait de les recruter. Le reste de l'équipe s'occupe des derniers préparatifs, mais il reste encore tellement de choses à faire !

– Où est Sirius ? demanda Narcissa les yeux plissés. Il devait venir ici ce matin pour aider. S'il a oublié de venir, je vais m'occuper moi-même d'aller le chercher.

Liam les regarda, complètement interloqués, avant de laisser échapper une exclamation de stupeur.

– Vous n'êtes pas au courant ? s'étonna-t-il.

– Au courant de quoi ? demanda Narcissa en resserrant sa poigne sur le bras de Lucius.

Liam regarda Narcissa avec une certaine compassion qui énerva Lucius.

– Dites-nous, Grant ! intima-t-il d'une voix tranchante.

– C'est à propos de Harry Potter.

Narcissa se raidit légèrement, sans le montrer. Elle resta droite et calme, fixant Liam avec un certaine impatience, pour qu'il lui explique ce qu'il se passait.

– Eh bien… Son nom est sorti de la Coupe de Feu hier soir, expliqua Liam avant de prendre une grande inspiration. La Gazette a fait une édition spéciale ce matin, c'est pour cela que je pensais que vous étiez déjà au courant. D'après ce que j'ai lu, ce n'est pas lui qui a déposé son nom dans la Coupe de Feu. Sirius nous a envoyé un elfe de maison ce matin pour nous dire qu'il avait réglé la situation et qu'il avait dormi à Poudlard cette nuit. Il nous a dit qu'il serait en retard et qu'il ne pourrait pas nous aider. Donc, voilà… Je n'ai pas d'information supplémentaire à vous donner...

Liam avait parlé à toute vitesse, comme s'il craignait d'être interrompu par des cris terrifiés ou des pleurs. Mais rien de tout cela n'arriva. Narcissa se contenta de hocher la tête, comme s'il venait de lui parler du beau temps.

– Merci beaucoup pour ces explications, Liam. Est-ce que tu as besoin d'aide pour le reste ?

– Euh, non... Ça ira... Je vais y retourner. Je vais m'en sortir.

Liam quitta la pièce en observant Narcissa du coin de l'œil, comme s'il n'en revenait pas de la voir aussi impassible.

Ce ne fut que lorsque Liam fut parti en direction du jardin que Narcissa s'autorisa à montrer ce qu'elle ressentait vraiment. Lucius croisa le regard paniqué et horrifié de sa femme, qui semblait au bord des larmes.

– Pourquoi faut-il qu'une catastrophe lui tombe encore dessus ? N'a-t-il pas déjà assez souffert comme ça ? murmura-t-elle avec émotion, la voix pleine de trémolos.

– Tu penses que c'est... suggéra Lucius en se sentant glacé de l'intérieur.

– Qui d'autre ? dit Narcissa en le fusillant du regard comme si elle le rendait responsable de la situation. Je n'ose même pas imaginer l'état de Harry en ce moment ! Et Sirius !

– Je me demande comment il a annulé la participation de Harry, s'interrogea Lucius qui savait que la Coupe de Feu était un artefact magique très complexe.

– Est-ce que je ne devrais pas annuler tout ça ? demanda Narcissa la voix brisée. C'est indécent de...

– Hors de question, coupa Lucius. Tu as entendu Grant ? Black arrive. S'il avait voulu annuler il l'aurait fait. Cet orphelinat, c'est aussi pour Harry que tu l'as ouvert, non ? Il serait déçu si l'inauguration n'avait pas lieu. Et on ne peut rien y faire pour le moment.

– Tu as raison, souffla Narcissa avant de se recomposer un visage assuré. On parlera de tout ça ce soir.

– Montre-leur qui tu es, dit tendrement Lucius en posant ses lèvres sur celles de sa femme.

Il le faisait rarement, parce qu'il trouvait cela indécent, mais sa femme avait besoin de tout le soutien possible pour affronter cette journée après ce qu'elle venait d'apprendre.

– Moi aussi je t'aime, répondit Narcissa avec amour.

.

Lucius survola l'inauguration dans un état second. Il ne pouvait s'empêcher de penser au Seigneur des Ténèbres. Sa Marque était devenue de plus en plus sombre depuis quelques semaines et il savait que ce n'était qu'une question de mois avant Son retour. Le fait qu'il ait tenté quelque chose contre Harry si tôt montrait qu'il avait un plan. Et cela terrifiait Lucius.

Lucius aurait voulu partir à la recherche des Horcruxes immédiatement et ne plus attendre. Il ne fallait pas qu'Il revienne. Et, malheureusement pour lui, l'Ordre des Maraudeurs était sa seule issue. S'ils ne trouvaient pas les Horcruxes rapidement, ils étaient tous condamnés.

– Vous devez être drôlement fier de votre femme, s'enjoua Daisy Rodrigues. Elle est tellement passionnée par ce qu'elle fait. C'est un vrai plaisir de discuter avec elle.

Lucius grommela quelques phrases en espérant qu'elle allait le lâcher. Il n'était pas un grand admirateur de Daisy Rodrigues ; trop enjouée, trop mielleuse et trop opportuniste. Mais elle l'avait alpagué depuis de longues minutes et il n'arrivait pas à s'en défaire.

Heureusement pour lui, il avait une certaine capacité d'adaptation qui lui avait permis d'éviter toutes les personnes qu'il méprisait.

Rufus Scrimgeour l'avait fusillé du regard comme s'il le défiait de venir lui dire bonjour. Malgré leurs intérêts communs, Lucius le haïssait et c'était réciproque. Scrimgeour était passé en coup de vent, avait félicité Narcissa et avait renvoyé sur les baguettes toutes les personnes qui lui avaient posé des questions sur Harry Potter avec une froideur qui la caractérisait bien.

Alan Maxwell, l'avocat de l'orphelinat et de Sirius Black, papillonnait dans la salle, sans doute à la recherche d'une affaire juteuse. Il était moins impressionnant que Scrimgeour et c'est pourquoi les personnes présentes n'hésitaient pas à le harceler de questions sur le "scandale du Tournoi des Trois Sorciers". Mais l'avocat n'avait absolument rien dit, pas même à Lucius qui avait dû se contenter de ce qu'en disait la Gazette du Sorcier.

Lucius vit sa femme, au fond de la salle, discuter avec Molly Weasley et il grimaça de dégoût en se demandant ce qu'elles pouvaient avoir à se dire.

Il était prêt à aller sauver sa femme quand Sirius Black fit son apparition. Lucius sentit l'atmosphère changer immédiatement, parce que Black avait l'air dangereux. Cela lui coûtait de l'admettre, mais il ne serait pas allé le titiller ce jour-là.

Lucius eut l'impression de se retrouver face au grand-père de Sirius, Arcturus Black, qui, de son vivant, avait eu la réputation d'être aussi dangereux qu'un Avada. Il avait tendance à oublier que, malgré ses grands sourires et ses blagues constantes, Sirius Black était un adversaire redoutable.

Pourtant, quand Sirius s'approcha de Narcissa, il réussit à sourire sincèrement. Il la serra dans ses bras un peu plus longtemps que les convenances ne l'y autorisaient (Lucius comprit qu'il lui racontait rapidement ce qu'il s'était passé la veille).

Il le vit saluer avec chaleur Molly et discuter en faisant mine d'être intéressé, alors que l'esprit de Black semblait voyager à dix-milles miles d'ici. Sirius discuta avec toutes les personnes qui venaient le voir, réussit habilement à se débarrasser de Daisy Rodrigues et, enfin, il aperçut Lucius.

Lucius vit clairement Sirius hésiter, avant qu'il ne se décide à s'avancer vers lui. Il ne savait pas s'il venait vers lui parce qu'il se sentait obligé de le faire ou s'il savait qu'il serait moins embêté à ses côtés.

Après tout, Lucius n'était pas réputé pour sa chaleur et les personnes avaient tendance à l'éviter s'ils le pouvaient.

Sirius se posta à ses côtés, scannant la salle des yeux, avant de paraître légèrement rassuré en voyant que personne ne l'avait suivi et qu'il était relativement tranquille.

– Comment va Harry ? s'enquit Lucius sans pouvoir s'en empêcher.

Il n'avait pas cessé d'y penser. Parce qu'il avait été face au Seigneur des Ténèbres il y a quelques années. Il savait quelle peur sourde s'infiltrait dans le corps, dans l'esprit, quand on se retrouvait face à lui. Il savait la terreur qu'inspirait cet homme et il n'osait pas imaginer ce que Harry, un adolescent de quatorze ans, avait pu ressentir.

Il n'osait pas imaginer ce qu'aurait ressenti Draco à la place de Harry. Il n'osait pas imaginer ce que son fils allait subir, cette menace et cette peur qui le poursuivraient, s'ils ne trouvaient pas le moyen de se débarrasser de Voldemort.

– Mal, admit Sirius, les mâchoires contractées. Et tout le monde qui me demande des informations, comme si j'avais envie d'en parler. Qu'est-ce qu'ils pensent que je vais leur dire ? Que je suis ravi que le nom de mon fils soit sorti de cette Coupe de malheur ? Ils veulent juste avoir leurs ragots, ce sont tous des trolls. La prochaine personne qui vient me demander si je vais bien, je l'assassine.

Lucius laissa échapper un petit rire. Sirius lui raconta en quelques phrases ce qu'il s'était passé la veille. Lucius ne s'étonna même pas de savoir que les membres du Ministère avaient voulu faire participer Harry au Tournoi. La corruption et la hantise d'un scandale avaient toujours raison du Ministère.

Lucius trouva que Sirius gérait plutôt bien les choses. Il semblait soulagé de savoir que Harry n'y participerait pas, mais pourtant, Lucius sentait qu'il n'allait pas bien du tout.

– Tu es venu seul ? demanda Lucius poliment.

Sirius soupira en se voûtant légèrement, comme si le poids de toute la soirée de la veille venait soudain de retomber sur ses épaules.

– Rufus est passé tout à l'heure, il me semble, répondit Sirius. Mais il doit s'occuper de l'affaire "Coupe de Feu" à présent et chercher qui a fait ça. Je n'ai pas encore vu Amelia. Rufus m'a dit qu'elle n'était pas en état de venir. Et Remus... Remus il est tellement en colère que s'il vient ici c'est lui qui assassine tout le monde. Il n'aime déjà pas ce genre de réception, alors si en plus on vient lui demander si Harry a vraiment mis son nom dans la Coupe, il ne le supportera pas.

– Tu n'étais pas obligé de venir, remarqua Lucius.

– Je sais. Je le fais pour Cissy, dit Sirius plus tendrement en regardant Narcissa qui discutait avec animation avec Daisy et Molly.

Sirius resta silencieux un long moment. Il semblait à la fois en colère et impuissant. La tension et la crainte qui émanaient de lui étaient si fortes que Lucius s'étonnait que des personnes viennent encore les saluer.

Lucius ne fit pas mine de vouloir partir. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il restait, alors qu'il détestait Sirius. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à sa propre réaction, si le nom de Draco était sorti de la Coupe de Feu et à la peur qu'il aurait ressentie... Et au fait qu'il aurait aimé avoir un soutien, quel qu'il soit.

– Harry ne voulait pas rester à Poudlard, dit finalement Sirius en regardant droit devant lui.

Lucius fut étonné que Sirius se confie à lui, mais il sentait que ce dernier avait besoin d'évacuer. Parce que Sirius se sentait coupable d'avoir laissé Harry à Poudlard. Et que cette culpabilité le rongeait suffisamment pour qu'il se sente obligé d'en parler à Lucius.

Pour la première fois de sa vie, Lucius se sentit proche de Sirius Black. Parce que lui aussi était un père, parfois agacé, souvent dépassé, et qu'il comprenait totalement le désarroi de Sirius. Surtout quand on savait que Sirius était père depuis moins d'un an et que toute cette situation était difficile à gérer.

– Harry ressemble de plus en plus à Draco, c'est inquiétant, ironisa Lucius. Bon courage.

Sirius se tourna vers lui, l'air interrogateur.

– Draco nous fait le coup à toutes les rentrées, compléta Lucius en serrant les dents à son tour. Il nous dit qu'il veut rester au Manoir, que nous sommes des parents indignes, qu'il nous déteste. Et, finalement, quand il arrive à Poudlard, tout se passe très bien.

– Pourquoi il fait ça ? demanda Sirius.

– C'est l'éducation permissive de sa mère, sans aucun doute, répondit sincèrement Lucius.

À sa grande surprise, Sirius éclata de rire.

– Je pense que Draco aime son confort. Il aime la vie qu'il a au Manoir, il y a ses habitudes et il y est relativement libre. Et je crois que sa mère lui manque terriblement quand il est à Poudlard, admit Lucius. Mais au final, nous avons raison de le renvoyer là-bas, parce qu'il y est heureux. Il faut simplement le pousser.

Il grimaça intérieurement en se demandant pourquoi il était en train de rassurer Sirius Black et de parler de son fils avec lui.

– Il m'a appelé Sirius, ce n'était pas arrivé depuis que je l'ai adopté, murmura le cousin de Narcissa, la voix brisée. Et puis, il m'a dit qu'il était plus heureux à Poudlard qu'avec moi… Il me déteste. Il pense que je l'abandonne parce que je n'ai pas voulu l'emmener avec moi. Mais il est heureux à Poudlard et puis, je ne pense pas qu'on va lui tourner le dos... Sauf que maintenant je me sens...

– Tu te sens coupable, compléta Lucius. Oui, je sais. Si ça peut te rassurer, à chaque rentrée, Narcissa pleure pendant deux jours parce qu'elle pense qu'elle est une mauvaise mère, que son fils la déteste et qu'il ne voudra plus jamais la voir. Avant qu'on ne reçoive une lettre de Draco nous disant que tout se passe bien. Les adolescents sont tous comme ça. Harry cherche à te faire culpabiliser, mais tout se passera bien. Il est heureux à Poudlard.

– C'est ce que je lui ai dit, mais il avait l'air tellement triste et en colère... marmonna Sirius, perdu dans ses pensées.

– Si tu veux mon avis, ce n'est pas très digne d'un Gryffondor de fuir ses responsabilités, constata Lucius avec dédain. La Gazette a fait une édition spéciale, n'est-ce pas ? Harry a des amis, personne ne va lui tourner le dos pour ça. Tu as fait le bon choix en le laissant là-bas.

Sirius resta bouche bée face au compliment.

– Je sais, c'est étonnant que je reconnaisse que tu as eu raison, admit Lucius. Mais tu dois être plus ferme avec lui. Qu'est-ce qu'il se serait passé si tu l'avais emmené ? Il n'aurait pas fini sa scolarité à Poudlard ? Il serait parti comme un lâche, ce qu'il n'est pas. Alors oui, c'est dur et difficile pour toi, mais c'est comme ça qu'on éduque un enfant. On le force à prendre ses responsabilités et à affronter la vie. Tu ne peux pas le laisser te manipuler.

– Il ne me manipule pas, opposa Sirius, un peu incertain.

– Vraiment ? ironisa Lucius. Désolé de te le dire, mais Harry aurait dû être à Serpentard. Il t'a dit ça précisément pour que tu te sentes coupable et que tu cèdes.

– Mais je n'ai pas cédé.

– Non, et c'est ce qu'il faut faire, dit Lucius contrarié à l'idée d'approuver Sirius. Je peux t'assurer qu'en ce moment, Harry est entouré de ses amis et qu'il culpabilise de t'avoir parlé comme ça.

– Je devrais lui passer un coup de Miroir pour m'excuser et lui dire que tout va bien alors, dit immédiatement Sirius en faisant mine d'attraper son Miroir.

– Surtout pas ! s'écria Lucius en lui attrapant fermement le bras. Tu ne peux pas faire ça.

– Mais s'il culpabilise et qu'il se sent mal à cause de ce qu'il m'a dit ?

– Il doit apprendre, affirma Lucius avec assurance. Il t'a blessé, n'est-ce pas ?

Sirius releva le menton comme pour le défier de dire qu'il avait été blessé, mais Lucius n'avait pas besoin de ça pour savoir que, oui, Sirius avait vraiment été offensé par le comportement de Harry.

Lucius savait ce que c'était. Il se souvenait encore du "tu es le pire père du monde" de Draco l'année passée quand il lui avait ordonné d'aller à Poudlard, sans quoi il le déshériterait.

– Harry doit comprendre qu'on ne peut pas manipuler les adultes comme ça. Il t'a blessé, il va culpabiliser, mais c'est à lui de s'excuser.

– C'est un enfant. Il a vécu tellement de choses...

– Et ça excuse tout ? opposa Lucius en regardant Sirius avec stupéfaction. Oui, il a vécu des choses difficiles. Mais toi aussi. Et je te rappelle aussi que, depuis un an, tu fais tout pour que Harry soit heureux, pour qu'il soit en sécurité. Alors non, Harry n'a pas à te dire une telle chose parce qu'il a peur. Il doit assumer ce qu'il t'a dit et tu dois le laisser venir s'excuser. Si tu cèdes maintenant, il va penser que la prochaine fois qu'il n'aura pas envie d'aller à Poudlard, tu vas le garder avec toi. Et on sait tous les deux qu'il doit aller à Poudlard.

– C'est juste si difficile. J'ai l'impression d'être un sans cœur, d'être horrible et qu'il ne va plus jamais me parler, soupira Sirius. Il va s'en vouloir.

– Oui, il va s'en vouloir, dit sincèrement Lucius. Mais il doit comprendre qu'il ne peut pas dire tout ce qu'il veut parce qu'il est en colère ou parce qu'il n'est pas d'accord avec toi.

– Je sais que tu as raison, mais c'est dur.

– Oui, c'est dur, mais c'est nécessaire. Tu dois lui faire comprendre que tu n'es pas son ami, pas son parrain, pas une personne à qui il peut faire du chantage parce qu'il a peur. Tu es son père, Sirius.

– Tu m'as appelé Sirius ! s'écria-t-il soudain, les yeux écarquillés, faisant sursauter Lucius.

– Pas du tout, Black, se corrigea Lucius.

Lucius grimaça en voyant le large sourire de Sirius et il se demanda s'il n'était pas sous l'effet d'un sort. Sans doute Narcissa lui avait-elle fait prendre une potion à son insu pour qu'il se transforme en Poufsouffle.

Maintenant, Sirius n'allait plus le lâcher avec ça. Lucius était persuadé que le cabot allait s'acharner à lui rappeler ce moment tous les jours de sa vie. Cette inauguration était vraiment une idée stupide.

– Merci Lucius, dit alors Sirius, l'air très sincère. Je vais suivre tes conseils.

– Bien sûr que tu vas le faire, répondit Lucius avec prétention.

Sirius leva les yeux au ciel en guise de réponse. Lucius comprit ainsi que leur intermède émotif était terminé, à son plus grand soulagement. Il espérait que, plus jamais, il n'aurait à donner des conseils parentaux à Sirius Black.

– Sirius ! s'écria une petite voix.

William s'était faufilé entre les nombreuses personnes présentes à l'inauguration et courrait vers Sirius qui se baissa à sa hauteur. Sirius lui sourit largement, visiblement heureux de le revoir. Ce qui semblait réciproque puisque William sautillait presque de joie.

– On fait une partie de foot ? proposa William, les yeux remplis d'espoir.

Sirius se tourna vers Lucius, les mains en forme de prière.

– Je vous couvre, marmonna Lucius en se demandant ce qui lui arrivait aujourd'hui.

– Tu es le meilleur cousin du monde, répondit Sirius en lui tapotant le bras.

– Tu m'appelles comme ça encore une fois, ce n'est pas de Tu-Sais-Qui dont tu devras avoir peur, siffla Lucius, l'air menaçant.

Sirius éclata de rire sans sembler inquiet de la menace proférée. Lucius maudit sa femme. Tout était de sa faute. C'était elle qui traînait avec cette vermine de Black et qui l'avait obligé à discuter parentalité avec lui. À présent, il n'allait pas le lâcher avec ses "cousins" et ses "Lucius".

En voyant William et Sirius se glisser dehors en catimini, comme deux grands enfants, Lucius ne put s'empêcher de sourire intérieurement. William et Sirius avaient tous les deux vécu des choses terribles. Les voir aussi en confiance l'un avec l'autre était touchant.

Il était évident que Sirius était comme Narcissa ; il savait y faire avec les enfants. Lucius était persuadé que sa dispute avec Harry ne serait bientôt qu'un lointain souvenir.

.

Bathsheda resserra sa cape contre elle. Les bourrasques de vent la faisaient frissonner, alors même qu'elle portait trois couches de vêtements. Elle avait toujours été très frileuse et elle détestait devoir s'aventurer à Pré-au-Lard par ce temps.

D'ordinaire, elle parlait avec les parents d'élèves par lettres, mais elle comprenait que la situation soit problématique et qu'un rendez-vous soit nécessaire.

Elle-même devait reconnaître qu'elle était impatiente de faire ce rendez-vous. D'abord, parce que c'était sa première entrevue avec un parent d'élève depuis qu'elle était directrice de Gryffondor. Ensuite - et surtout - parce qu'elle connaissait bien la personne qu'elle allait rencontrer et que son coeur battait la chamade rien que d'y penser.

Il était déjà devant les Trois Balais quand elle arriva à son tour. Ses cheveux châtains parsemés de mèches blanches étaient un peu ébouriffés à cause du vent. Il avait les mains dans les poches, d'un air décontracté, pourtant elle vit immédiatement qu'il était en colère.

Elle ne put s'empêcher de se passer une main dans les cheveux pour tenter d'y mettre de l'ordre. Elle savait qu'il l'avait déjà entendue arriver depuis de longues minutes, mais il fit mine de la voir au dernier moment.

Elle eut le temps de voir un éclat jaune de fureur passer dans ses yeux, mais pourtant, quand il s'adressa à elle, sa voix n'exprimait aucune colère. Sa voix rauque était posée et il l'accueillit avec la même douceur que d'ordinaire.

– Bonjour Bathsheda, dit Remus Lupin en lui souriant sincèrement.

– Bonjour Remus, salua-t-elle à son tour.

Il lui ouvrit la porte des Trois Balais où Rosmerta les accompagna jusqu'à une salle privée que Remus insonorisa d'un simple coup de baguette.

Quand Remus s'installa face à Bathsheda, elle vit à quel point il semblait éreinté. Elle savait que ce n'était pas à cause de la pleine lune, mais à cause des événements qui s'étaient déroulés la veille au soir. Comme elle, il n'avait sans doute pas fermé l'oeil de la nuit.

Elle servit le thé et apprécia la chaleur de la tasse au creux de ses mains frigorifiées.

– Je suis désolé de t'avoir fait venir jusqu'ici, commença Remus, le regard dans le vague. Mais je ne tenais pas spécialement à venir à Poudlard.

– Aucun problème, répondit Bathsheda un peu trop vivement.

– J'aurais aimé voir Harry, évidemment, soupira-t-il, l'air défait, mais j'ai eu peur de... Je n'aurais pas supporté de voir Dumbledore après ce qu'il s'est passé.

– Tu n'es pas le seul, approuva-t-elle hargneusement.

Elle ne se souvenait que trop bien de la colère qui s'était emparée d'elle quand le nom de Harry était sorti de la Coupe de Feu. Si Severus n'avait pas été là pour la retenir, il était clair qu'elle aurait frappé Dumbledore. Filius n'en avait pas été très loin non plus, mais il avait réussi à se contenir et à maintenir le calme chez les élèves.

Bathsheda n'avait pas pu rester une minute de plus en compagnie du directeur et avait déambulé dans les couloirs à la recherche de Harry. Elle avait été soulagée lorsqu'un tableau l'avait informée que Harry avait été retrouvé et, depuis lors, elle avait tout fait pour éviter le directeur.

– Comment va-t-il ? demanda Remus, la voix brisée.

– Pas très bien, répondit-elle avec honnêteté. Je ne l'ai croisé qu'en début d'après-midi. Il revenait de l'entraînement de Quidditch. Mais il semblait préoccupé.

Remus trembla légèrement.

– Mais, si ça peut te rassurer, personne ne croit qu'il a mis son nom dans la Coupe. Il est très entouré, assura-t-elle. Et nous veillons à ce qu'il aille bien.

Remus hocha la tête, semblant un peu rassuré.

– Il semblait un peu débordé, ces derniers temps, mais il a réussi à trouver un équilibre, enchaîna-t-elle pour finir sur une touche positive.

– Et sa Magie ?

– Je trouve qu'il la contrôle plutôt bien. Miss Granger et Mr Weasley sont toujours avec lui et nous sommes tous là pour l'aider.

– Je le sais, confirma Remus en lui adressant un sourire sincère. Je sais que je peux compter sur toi, Sheddy.

Bathsheda rougit et se racla la gorge pour masquer son embarras. Elle lui avait déjà demandé de l'appeler par son diminutif, n'aimant pas son prénom, mais il était rare qu'il ose le faire. Après tout, ils n'étaient devenus amis que l'année passée, quand Remus était venu enseigner à Poudlard.

Bathsheda connaissait pourtant très bien Remus pour l'avoir observé de loin pendant toute sa scolarité. Mais ayant trois ans de moins que lui, Remus lui avait toujours paru inaccessible. Il faisait partie du groupe des populaires, était plus âgé et ne se serait jamais intéressé à une fillette comme elle.

Une fois, Remus l'avait aidée à comprendre une notion compliquée en Défense contre les Forces du Mal et la Bathsheda de onze ans était tombée sous le charme. Remus était toujours gentil, attentionné, si intelligent, mais avec un soupçon de malice qui le rendait craquant.

Elle avait honte de l'admettre, mais elle n'avait pas hésité à travailler à la bibliothèque pour avoir l'occasion de le voir, pour avoir l'occasion de croiser son regard, pour avoir l'occasion de le voir lui adresser un sourire... À chaque fois, elle rougissait comme une gamine et sentait son cœur battre la chamade. Aujourd'hui encore, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir heureuse qu'il lui accorde son attention.

– Et toi, comment vas-tu ? s'enquit-elle en voyant Remus se frotter les yeux.

Il haussa les épaules.

– C'est difficile, admit-il. Difficile parce qu'on pensait que Harry serait en sécurité et qu'il pourrait enfin profiter d'une année tranquille. Mais non. Et puis, j'ai peur pour lui.

– Comment l'as-tu appris ? demanda-t-elle.

La soirée de la veille, en plus d'être un vrai fiasco, avait été complètement brouillonne. Elle ne savait pas qui était informé de quoi, elle ne savait même pas si les rumeurs qui circulaient étaient vraies ou non. Faire la part des choses entre le vrai du faux était très compliqué.

– Le Chef des Aurors m'a envoyé un Patronus dès qu'il est parti de Poudlard. J'étais sur la tom... Enfin, bref, dit Remus en regardant au loin, les joues rouges. Je n'étais pas avec Sirius ce soir-là.

Bathsheda frémit en comprenant que Remus était sans doute sur la tombe de James et Lily Potter quand il avait appris la nouvelle. Elle savait que le jour d'Halloween était le jour de leur assassinat. Elle le savait parce qu'elle avait vu l'angoisse de Harry la veille.

– J'ai immédiatement transplané au Ministère où nous avons fait une petite réunion de crise avec Rufus et Alan, l'avocat de Sirius, expliqua Remus. La marraine de Harry était en audience presque toute la nuit et on a attendu qu'elle sorte pour lui annoncer la nouvelle.

– Je suppose qu'elle devait être folle de rage, sourit Bathsheda qui connaissait le caractère bien trempé d'Amelia Bones à Poudlard.

– Oh oui, réussit à sourire Remus. En tout cas, on ne pouvait pas faire grand-chose hier. Je n'avais aucune information sur Harry, je ne savais pas s'il avait fait une crise de magie, si Sirius l'avait calmé, s'il allait bien... Je n'ai vu Sirius que ce matin, en coup de vent.

– Il ne t'a pas contacté avant ? s'étonna Batsheva.

– Il ne pouvait pas, éluda Remus sans sembler en vouloir à Sirius. Je crois qu'il n'a pas pensé à appeler un elfe de maison. Et puis il devait s'occuper de Harry.

Bathsheda se figea. Parce qu'elle savait que Sirius Black était capable de produire un Patronus. Il s'en était suffisamment vanté pour que tout Poudlard soit au courant. Il n'avait pas été rare de voir le chien argenté voleter dans la Salle Commune de Gryffondor, faisant la course avec le cerf argenté de James Potter.

Elle fit alors face à la dure réalité ; Sirius Black ne pouvait plus lancer de Patronus. Elle ne savait pas si c'était à cause d'Azkaban ou de la perte de James Potter, mais il ne pouvait plus produire de Patronus.

– Tu ne devais pas aller à l'inauguration de l'orphelinat ? demanda-t-elle en se souvenant de la date du jour.

– Si. Mais je n'ai pas pu. Sirius était obligé d'y aller, moi je n'aurais pas pu faire semblant. Je ne sais pas comment il fait pour tenir et ne pas tout détruire sur son passage.

– Comment il va ?

– Il n'a pas dormi de la nuit non plus. Je crois qu'on a deux manières de réagir différentes. Il encaisse, il fait le fort et il va assurer l'inauguration comme si rien ne s'était passé, mais ce soir, il va sans doute tout casser sur son passage, dit Remus en haussant les épaules. Moi j'ai plutôt tendance à m'énerver sur le coup et à me calmer après. Mais je ne réponds de rien si je vois Dumbledore dans les prochains jours.

– Comme nous tous, affirma Bathsheda en regardant l'homme face à elle, le cœur tambourinant en songeant à tout ce qu'il avait vécu.

L'an passé, quand Minerva lui avait appris que Remus avait été engagé par Dumbledore et qu'il serait donc leur collègue, Bathsheda n'avait pas pu s'empêcher de crier de stupeur et de rougir comme une écolière. Minerva n'avait rien dit, mais son sourire en coin ne l'avait pas quittée de toute l'année.

Minerva n'avait jamais caché son attachement envers Remus qui avait toujours été l'un de ses élèves préférés et elle avait espéré un rapprochement entre Bathsheda et lui durant cette année où ils avaient enseigné ensemble. Mais Remus restait l'homme timide et réservé qu'il avait toujours été et n'avait fait aucun pas envers Bathsheda.

Quand Bathsheda avait appris pour sa lycanthropie, cela n'avait que renforcé son respect et son admiration envers cet homme. Mais elle avait aussi compris que cet état pouvait empêcher Remus de se lancer dans une relation.

De toute façon, jamais Remus n'avait fait mine d'être intéressé par elle. Elle s'était alors restreinte pendant un an à des relations professionnelles et cordiales, faisant tout pour oublier son coup de cœur adolescent pour Remus.

– Je te remercie pour les lettres, dit alors Remus en souriant. Je peux t'assurer que Sirius attend tes nouvelles avec une grande impatience. Alors qu'il parle avec Harry presque tous les soirs. Je crois qu'il a peur qu'il nous cache des choses.

Bathsheda et Remus continuaient de communiquer par lettres depuis le départ de ce dernier de Poudlard. Le fait qu'elle soit devenue la Directrice de Gryffondor avait renforcé leur communication.

Elle savait que le contexte familial de Harry était compliqué et elle veillait à ce que Remus et Sirius soient les plus informés possible pour qu'ils ne s'inquiètent pas trop. Aujourd'hui, elle avait l'impression d'avoir failli à sa mission.

– Personne ne t'en veut, promit Remus comme s'il avait lu dans ses pensées.

– Il a déjà vécu tellement de choses difficiles. Je n'ai pas réussi à le protéger, soupira-t-elle. Il est menacé et on ne sait même pas qui a pu faire une telle chose.

– Tu ne pouvais rien faire, assura Remus. Il est en danger et il le sait. Ce n'est pas une surprise pour lui, ni pour nous. C'est simplement qu'on ne pensait pas que ça prendrait une telle forme.

Bathsheda fronça les sourcils en se demandant ce que cela signifiait. Elle était persuadée que Harry n'allait pas bien parce que son nom était sorti de la Coupe de Feu et qu'il avait peur d'être une cible. Mais si ce que Remus disait était vrai, cela signifiait que...

– Oui, nous savons qui est derrière tout ça, reconnut Remus en avalant une gorgée de thé.

– Qui ?

– Tu veux vraiment le savoir ? demanda Remus d'un air incertain.

– Je suis une Gryffondor, Remus. Je ne vais pas me défiler ! s'écria-t-elle, piquée au vif à l'idée qu'il la croit trop faible ou trop sensible.

– Bien sûr que tu ne vas pas te défiler, je te connais assez pour le savoir, assura Remus, l'air inquiet, comme s'il avait peur de l'avoir blessée. C'est simplement que cette révélation peut changer beaucoup de choses pour toi. Ce n'est pas simple à comprendre et...

– Je suis prête à l'entendre, assura-t-elle, le cœur battant.

Elle avait la sensation, en voyant l'air grave de Remus, que ce qu'il allait lui révéler allait effectivement changer beaucoup de choses dans sa vie.

– Voldemort cherche à tuer Harry, lâcha Remus. Il n'est pas mort.

Elle s'efforça de ne pas sursauter de peur quand il prononça ce nom, mais ne put s'empêcher de frissonner.

Quand elle était sortie de Poudlard au terme de ses sept ans d'étude, Voldemort avait été éliminé par Harry Potter. Étant issue d'une famille de Sang-Pur, elle avait été relativement en sécurité à Poudlard. Sa famille n'avait connu aucune perte.

Mais elle aussi avait eu peur de cet homme. Elle aussi en faisait des cauchemars, elle aussi se souvenait de ce que signifiait une guerre contre Voldemort.

Ses yeux se voilèrent et Remus dut sentir son trouble puisqu'il lui attrapa la main comme pour la soutenir. Elle releva brusquement la tête vers lui et il rougit en se rendant compte de son geste. Pourtant, Remus mit quelques longues secondes avant de retirer sa main.

Bathsheda sentit son ventre se nouer parce que c'était sans doute la première fois que Remus initiait un contact en sa direction et qu'il en paraissait troublé. Elle ne savait pas si c'était parce qu'il avait peur de sa réaction ou s'il ne voulait simplement pas lui donner de faux espoirs.

Alors, elle se contenta de sourire simplement, le cœur trépidant à la perspective que, peut-être, il soit intéressé par elle.

– Je vais m'assurer que Harry soit protégé, promit-elle avant de changer de sujet parce qu'elle préférait ne pas penser à Voldemort aujourd'hui. Veux-tu dîner avec moi ?

Bathsheda vit la lueur de surprise danser dans les yeux de Remus, avant qu'un sourire sincère et ravi ne fende son visage en deux. Elle ressentit une vague de soulagement et d'espoir. Tout n'était peut-être pas perdu. Il fallait simplement qu'elle fasse le premier pas et elle pouvait le faire. Elle ne le lâcherait pas. Elle était une Gryffondor, après tout.

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