PARTIE QUATRE – Harry n'a qu'un seul objectif cette année : gagner la Coupe de Quidditch des Trois Écoles. Mais c'est sans compter sur la lutte secrète contre Voldemort qui s'intensifie, les projets de Sirius et Remus, les menaces qui pèsent sur lui et de nouvelles relations qui viennent tout remettre en cause.
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Mixou : Merci pour ton retour, merci pour ton compliments et merci de continuer à me suivre ! Joyeux début d'année 2022 à toi également !
Stephanie : Hello, alors déjà un grand merci à toi pour ton commentaire qui me touche énormément, je te remercie de continuer à me suivre et simplement merci ! J'espère que la suite te plaira !
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N/A : Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouveau chapitre de PAF.
Je vous souhaite une excellente nouvelle année et j'espère qu'elle sera remplie de joie, d'amitié, d'amour et de plein de choses positives. En ces temps si difficiles, il est important d'essayer de trouver de l'espoir, n'importe où.
Je vous remercie pour tout le soutien et l'amour que vous m'avez apportés ces derniers mois. Merci à vous tous, car sans vous cette histoire n'existerait pas et ne serait jamais arrivée jusqu'ici !
Les chapitres seront toujours assez longs (celui-ci fait 24.000 mots soit 46 pages word pour vous donner une idée) donc je vais tenter de publier un chapitre toutes les deux semaines, même si je ne promets rien.
N'hésitez surtout pas à vous référer au résumé & liste des personnages si vous êtes perdus dans l'histoire !
Sur ce, je vous laisse continuer les aventures de Harry & Sirius.
Bonne lecture à toutes et tous !
Partie 4. Chapitre 6.
"Déclaration de guerre"
Sirius s'allongea sur l'une des chaises longues de la Villa Bleue, le regard porté sur la mer face à lui. Il prit une grande inspiration d'air salé en souriant doucement. Il mesurait la chance qu'il avait de pouvoir observer ce paysage tous les jours. Sans parler des chaises longues chauffantes (grâce à un sortilège) que Remus avait achetées et qui permettaient d'être sur la terrasse même un deux novembre.
Tout était si calme ici, si apaisé. Rien ne pouvait venir troubler sa tranquillit...
– Je vais la tuer, siffla Rufus en s'affalant à ses côtés, les poings serrés.
Sirius retint à temps son ricanement, parce que c'était au moins la centième fois que Rufus grommelait dans son coin, luttant contre lui-même pour ne pas réveiller Amelia en lui hurlant dessus pour son inconscience.
Pour sa défense, Rufus avait de bonnes raisons d'être en colère, mais Sirius ne l'avait jamais vu furieux à ce point. Ses épaules étaient tendues, ses mâchoires serrées et la veine sur sa tempe droite palpitait. Il craignait presque qu'Amelia se réveille, mais il savait que, même si elle n'était pas au meilleur de sa forme, elle pourrait gérer un Chef des Aurors taciturne et en colère.
– Tu répètes ça depuis une heure, remarqua Sirius en se frottant les yeux.
Cela faisait deux nuits qu'il dormait à peine et la fatigue commençait à se faire ressentir.
Tout avait commencé par l'appel de Dobby lui disant que Harry avait été sélectionné pour être Champion, avant qu'il ne parte de Poudlard fâché avec son fils, puis qu'il assiste à l'inauguration de la Maison des Lys et, qu'enfin, Amelia débarque chez lui toute retournée, l'empêchant de dormir sans qu'il ne sache réellement ce qu'elle avait.
Tout ce qu'il savait c'était qu'elle avait visité Azkaban et que ça s'était mal passé. C'était tout ce qu'il avait compris entre deux sanglots.
Il l'avait retrouvé en larmes, dans une crise de nerfs, terrible, que jamais Sirius n'avait vue de sa vie. Heureusement pour lui, Irina (qu'il avait fait appeler pour gérer Harry) avait pu calmer Amelia. Mais Sirius avait préféré rester auprès de son amie pour être sûr qu'elle ne fasse pas de bêtises, ne pouvant même pas parler à Harry.
Godric soit loué, Kreattur le fournissait en café toutes les heures pour qu'il puisse tenir le coup.
– C'est parce que je vais vraiment le faire. Quand elle va se réveiller. Je vais la tuer, marmonna Rufus.
– Laisse-lui le temps de s'expliquer avant de monter sur tes grands hippogriffes.
– S'expliquer ? s'horrifia Rufus comme s'il n'avait jamais entendu une telle chose de sa vie. Elle est allée à Azkaban toute seule !
Sirius leva les yeux au ciel parce qu'il savait, bien entendu, qu'elle était allée à Azkaban seule. Mais il savait aussi qu'il était préférable de calmer le jeu au regard de l'état d'Amelia, qui ne s'était endormie qu'après une bonne rasade de potion de sommeil. Il ne voulait pas que Rufus lui passe une Beuglante, qu'elle ne le supporte pas et qu'ils finissent par se disputer.
– Tu devrais utiliser ton énergie pour faire autre chose, au lieu de t'énerver comme ça, conseilla Sirius pour tenter de le détendre.
– Comme quoi ? demanda Rufus un peu perplexe.
– Comme me faire un gâteau d'anniversaire, bien sûr ! s'écria Sirius en lui faisant un clin d'œil amusé. J'ai trente-cinq ans et rien ne va depuis quelques jours. Un gâteau me remonterait sans doute le moral.
– Demande à ton elfe.
– Tu oses dire ça ? Esclavagiste ! s'horrifia Sirius. Et tu peux faire ça pour moi. C'est un cadeau.
– Je t'honore de ma présence, c'est déjà un cadeau, ironisa Rufus. Et puis, tu ne le mérites pas ce gâteau !
– Quoi ? Pourquoi ? demanda Sirius les yeux écarquillés. Je n'ai rien fait, pour une fois !
Rufus détourna le regard et Sirius soupira, comprenant qu'il allait devoir lui tirer les salamandres du nez pour qu'il avoue ce qu'il avait sur le cœur.
– C'est parce qu'on n'est pas allés à l'inauguration de la Maison des Lys ensemble ? s'enquit Sirius d'un ton faussement détaché, un peu inquiet quant à la réponse de son ami.
Il était en effet arrivé assez tard à l'inauguration, après être parti de Poudlard. Il était passé par la Villa Bleue pour hurler un bon coup contre Harry, qui lui avait reproché de ne pas vouloir l'emmener avec lui, qui l'avait appelé Sirius... Harry qui avait fait une crise d'adolescence et qui avait brisé le cœur de Sirius, ce dernier se torturant l'esprit pour son fils et se demandant s'il devait retourner à Poudlard pour le sauver ou s'il était un si mauvais père que ça.
– Ce n'est pas ça, fit Rufus en claquant sa langue contre son palais, d'un air agacé.
Sirius se retint juste à temps de lui jeter un coussin en pleine tête pour qu'il lui dise enfin ce qu'il se passait. Finalement, Rufus prit une grande inspiration et se tourna de nouveau vers la mer, les mâchoires tendues.
– On a attendu toute la nuit des nouvelles, Sirius. Tu étais avec Harry et on ne savait rien, commença Rufus les mâchoires tendues. On ne savait pas s'il allait bien ou non. Si toi tu allais bien. Tu m'as laissé avec cet idiot de Maxwell !
– Je croyais que ça s'était arrangé entre vous, ironisa Sirius qui sentait son cœur se tordre de douleur en comprenant qu'il avait laissé Rufus dans l'ignorance et l'avait blessé par la même occasion.
– C'est un avocat, persifla Rufus avec toute la haine qu'il pouvait mettre dans ce mot. Évidemment qu'on ne s'entendra jamais. Mais le pire, c'est que tu as laissé Remus me prévenir. Ensuite, tu vas tranquillement à la Maison des Lys avant de m'appeler le soir par Miroir pour me dire qu'Amelia est chez toi et que tu ne sais pas quoi faire.
Sirius frémit car le tableau peint par Rufus n'était en effet pas très glorieux. Pour être honnête, il n'avait pas pensé à Rufus pendant ces derniers jours.
Quand il avait retrouvé Harry à Poudlard après que son nom soit sorti de la Coupe de Feu, tout ce à quoi il avait pensé, c'était le protéger et le soutenir. Ensuite, il avait été blessé par leur dispute (qu'il n'avait toujours pas réglée) et il avait préféré demander à Remus de prévenir Rufus, incapable de le faire lui-même, pour l'informer de la situation.
Il avait finalement été à l'inauguration de la Maison des Lys, qui s'était bien mieux passée que ce qu'il avait escompté. Il avait terminé en jouant au foot avec tous les enfants présents, sous les encouragements silencieux de la petite Lyra.
Il avait occulté la conversation sur la parentalité qu'il avait eue avec Lucius, il y avait des choses qu'il valait mieux oublier avant de devenir fou.
Rufus était arrivé dès qu'il lui avait passé un coup de Miroir pour lui dire qu'Amelia était chez lui et ils avaient passé toute la nuit à discuter dans l'attente qu'elle se réveille, sans succès pour le moment.
– Je suis désolé de ne pas t'avoir prévenu, souffla Sirius un peu honteux. Mais quand j'étais avec Harry, je ne voulais pas le déranger en prévenant des elfes, c'était un peu notre moment. Et je pensais avoir le temps de te passer un coup de cheminette le lendemain, mais tu sais avec ma dispute avec Harry... Elle m'a un peu retourné et je n'avais pas le cœur de baguette à en parler.
– Et un Patronus c'était trop demander ? ironisa Rufus en levant les yeux au ciel, bien que les explications de Sirius l'aient radouci. Tout ce que je voulais savoir c'était que vous alliez bien, je me fichais bien de...
– Je ne peux plus faire de Patronus, coupa Sirius en sentant la honte lui colorer les joues alors qu'il détournait son regard de Rufus, ce dernier se tournant brusquement vers lui, le souffle coupé, le fixant avec incrédulité.
– Azkaban ? demanda finalement Rufus après de longues minutes de silence.
Sirius ne put s'empêcher de sourire, parce qu'il savait que s'il en avait parlé à n'importe qui d'autre, cette personne l'aurait regardé avec inquiétude et pitié, s'excusant de ce qu'il avait subi, lui demandant s'il allait bien...
Mais pas Rufus. Son ami lui demandait simplement pourquoi, sans sentimentalisme dégoulinant et c'était cela qui expliquait pourquoi Sirius aimait tant Rufus. Il ressemblait à James dans le sens où il ne s'embarrassait pas pour poser des questions, il voulait savoir le pourquoi et s'en fichait bien des sentiments.
– Ce n'est pas vraiment mon emprisonnement qui m'empêche d'en faire un, expliqua Sirius en grimaçant son cœur tambourinant comme à chaque fois qu'il pensait à Azkaban. Bien sûr, je ne vais pas te mentir, ça joue forcément sur ma Magie qui est plus faible qu'avant.
– Ta Magie n'est pas faible, fit Rufus. Tu as stupéfixié le Mangemort à la Coupe du Monde, rappela-t-il pertinemment.
– C'était un seul Stupefix, il y a quelques années j'aurai arrêté tous les Mangemorts présents, releva Sirius avec un sourire en coin.
– Ce qui est sûr c'est qu'Azkaban ne t'a pas fait perdre ta grosse tête.
Sirius éclata de rire, se sentant beaucoup plus léger par cette dédramatisation dont seul Rufus avait le secret.
– Si ce n'est pas Azkaban, c'est quoi ? s'enquit Rufus d'un ton plus intéressé, comme surpris que son incapacité à produire un Patronus ne s'explique pas par un emprisonnement injustifié dans la pire prison d'Angleterre.
– C'est mon souvenir.
Le cœur de Sirius se mit à battre la chamade. Parce que c'était la première fois qu'il avouait une telle chose. À quelqu'un, mais aussi à lui-même. Il avait tenté de faire un Patronus, il y a déjà quelques semaines, pour avoir un moyen de contacter Harry de façon plus sûre que les lettres...
Mais il n'avait pas réussi. Il n'avait même pas essayé. Au moment même où il avait levé sa baguette et pensé à son souvenir habituel, sa gorge s'était nouée et il avait arrêté. Même Mihai n'en savait rien, parce qu'il avait eu honte et qu'il n'avait pas compris... Jusqu'à ce que Rufus lui pose la question et que la réponse soit limpide.
– Mon souvenir c'est James, révéla Sirius la voix nouée. Ce n'est pas vraiment un souvenir, parce que ce n'est pas quelque chose qui s'est passé... C'est juste... c'est lui, tout simplement. C'est James. Mon frère d'une autre mère. Je n'ai même pas de mot pour décrire notre relation tellement c'était inexplicable... Mais...
Sirius prit une inspiration tremblante alors que le visage de son défunt meilleur ami flottait devant ses yeux. Des cheveux en bataille, des lunettes rondes, ce sourire malicieux qui ne le quittait jamais...
– Mais maintenant, dès que je pense à James, tout ce que je vois c'est son corps. Tout ce à quoi je pense c'est sa mort.
Il ferma brusquement les yeux pour tenter d'oublier les images d'horreur qu'il avait vues quand il avait débarqué chez les Potter ce soir du 31 octobre 1981.
– Et tu ne peux pas remplacer ton souvenir ? demanda Rufus d'un ton plus doux.
Sirius n'y avait pas vraiment pensé. Depuis qu'il savait lancer des Patronus, ça avait toujours été James.
– Je n'ai pas essayé, reconnut Sirius en grinçant des dents. Aujourd'hui, mon meilleur souvenir serait forcément Harry... Mais j'ai peur de remplacer James par Harry. Et si ça ne marche pas ? Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je crains que si ça ne marche pas... Et si ça voulait dire que je n'aimais pas assez Harry ? Je suis bizarre, je sais, marmonna-t-il en voyant le sourire de Rufus.
– Je dirai humain, ce qui est plutôt étonnant venant d'un chien, ironisa Rufus. C'est normal Sirius. Mais un jour tu devras essayer. Et si tu n'y arrives pas, peut-être que ce n'est juste pas le moment.
– Est-ce qu'on peut changer de sujet ? Ça a tendance à m'angoisser de parler de ce genre de choses, murmura Sirius qui sentait son cœur se serrer à mesure qu'il s'imaginer lancer un Patronus en pensant à Harry sans y arriver.
Rufus hocha la tête avant qu'un sourire plus malicieux n'étire son visage, ce qui ne rassura pas Sirius le moins du monde qui se demanda s'il n'aurait pas dû continuer à parler de son Patronus.
– J'ai entendu dire que Daisy Rodrigues t'avait proposé d'aller dîner avec elle.
– Par Merlin, comment peux-tu savoir ça ? Elle me l'a demandé hier à la Maison des Lys, marmonna Sirius encore étonné de voir le réseau de relations de Rufus aussi étendu.
– J'ai mes sources, éluda Rufus en haussant les épaules. Alors ? Qu'est-ce que tu as dit ?
– Je n'ai encore rien dit.
– Tu devrais dire oui, fit Rufus d'un air plus sérieux. Qui sait, tu pourrais peut-être changer ton souvenir avec elle.
Sirius le fusilla du regard, sans pouvoir masquer son propre sourire amusé à l'idée de remplacer son frère James par une femme qu'il ne connaissait que si peu.
– Tu veux me caser avec Rodrigues ?
– Elle est intéressante, reconnut Rufus pour qui cela relevait du compliment ultime.
Sirius était sûr que jamais Rufus n'avait dit du bien d'un autre membre du Ministère, à l'exception d'Amelia. Il fournissait des efforts pour lui, ce qui était à la fois étrange et très amusant.
– Si ta femme t'entendait dire ça d'une autre femme, elle te tuerait, ricana Sirius.
– Eleonore a confiance en moi, répliqua Rufus.
– Bien sûr, ironisa Sirius qui savait pourtant que l'amour que se portait Eleonore et Rufus était assez fort pour ça.
– Et donc, tu vas dire oui ? insista Rufus.
– Je ne sais pas vraiment... Elle est gentille... Et c'est totalement mon style de femme, pour te dire la vérité. Mais je ne sais pas si j'en ai vraiment envie.
– C'est par rapport à Harry ? demanda Rufus.
– Pas vraiment. Je pense que Harry serait content que je sorte avec une fille, je crois qu'il s'inquiète pour moi. Même si actuellement il me trouve absolument horrible et qu'il pense que je suis un père nul.
Rufus lui donna un coup de coussin dans le bras en ricanant.
– Tu sais que quand vous allez vous appeler votre dispute sera un lointain souvenir ? C'est normal que ça arrive à un moment, mais rassure-toi, Harry ne t'en voudra pas quand il saura que tu n'as pas pu répondre pour sauver Amelia.
– Je l'espère vraiment.
– Et puis, pour Rodrigues, tu sais que tu peux juste aller dîner avec elle. Il n'y a aucun engagement.
– Je dois y réfléchir. Je veux d'abord régler mon problème avec Harry avant de lui donner une réponse.
Rufus hocha la tête, en signe de compréhension. Il s'apprêtait à enchaîner la conversation sur un autre sujet moins délicat, lorsque la baie-vitrée derrière eux s'ouvrit.
Sirius pencha la tête en arrière pour voir Amelia sortir sur la terrasse, emmitouflée dans un plaid douillet que Dobby venait sans doute de lui donner. Elle semblait encore bouleversée, malgré la potion calmante et sa nuit de sommeil. Des sillons de larmes étaient visibles sur ses joues, ses yeux étaient injectés de sang et son corps entier tremblait.
Sirius sauta sur ses pieds et se précipita vers son amie qui semblait encore perdue : il passa son bras droit autour d'elle et la conduisit sur la troisième chaise longue de la terrasse, avant de lui tendre d'autorité une tasse de thé brûlante qui venait d'apparaître comme par magie d'elfe de maison sur la petite table. Les mains d'Amelia étaient glacées et elle sembla accueillir avec plaisir la chaleur de la chaise longue.
Sirius se tourna à temps pour voir que Rufus était choqué par la vision d'Amelia et qu'il ne pouvait lui lancer la remarque salée qu'il avait au bout de la langue.
La dernière fois que Sirius avait vu Amelia aussi mal en point, c'était le jour où elle avait appris que sa famille avait été assassinée.
Les Bones avaient été les premières victimes de Voldemort au sein de l'Ordre du Phénix.
James et lui étaient arrivés les premiers sur les lieux du crime et Sirius était persuadé de ne jamais oublier la peine qu'il avait ressenti, de voir ses amis morts, mais surtout de voir une Amelia Bones en pleurs, complètement dévastée.
Sirius avait dû la faire sortir de force, alors qu'elle hurlait à s'en casser la voix, complètement hystérique. Ils n'étaient pas amis à ce moment-là, juste des connaissances, mais Sirius savait que ce moment qu'ils avaient partagé avait été hors du temps. Il avait été là pour elle, pour l'emmener à Sainte Mangouste... Avant que l'Ordre ne continue à se battre pour venger Edgar et sa famille.
– Salut les garçons, murmura Amelia la voix cassée comme si elle avait trop pleuré pour produire un son normal, ce qui était sans aucun doute le cas.
Elle grimaça un faible sourire, qui n'atteignit pas ses yeux. Sirius serra les poings en se demandant, par Merlin, ce qui avait pu se passer pour qu'elle se retrouve dans un tel état. Il avait l'impression de se revoir lui-même, après sa première nuit à Azkaban, la plus terrible de toutes...
Les tremblements incontrôlables, les yeux dans le vague, le froid qui ne l'avait plus quitté... Son cœur glacé à l'idée d'avoir perdu son meilleur ami... D'être emprisonné à tort. Le poids de la trahison...
Il secoua la tête pour se concentrer de nouveau sur Amelia, qui fixait Rufus avec inquiétude, comme par peur qu'il ne s'énerve.
– Je ne vais pas remuer la baguette dans la plaie... Mais pourquoi tu as fait ça, Amelia ? grogna Rufus qui se contenait visiblement pour ne pas exploser.
Sirius leva les yeux au ciel, sachant que Rufus ne pouvait pas faire mieux. Ils n'avaient pas dormi de la nuit, trop inquiets pour Amelia et s'inquiétant de ce qui avait pu se passer là-bas.
– Je pensais que tout se passerait bien, murmura Amelia en baissant la tête, ses cheveux bruns tombant devant ses yeux voilés d'angoisse.
Hantés.
– Enfin, Amelia ! fit Rufus d'un ton sec. Tu es allée à Azkaban. Sans Auror pour t'accompagner ! Tu aurais pu mourir là-bas ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ou tu es juste inconsciente ?
– J'avais Percy avec moi ! opposa Amelia en relevant la tête et en le fusillant du regard. Je suis la Directrice de la Justice Ma...
– Oui on sait, coupa Rufus en claquant la lèvre contre son palais. Et justement. La Directrice la Justice Magique ne devrait pas aller dans la prison la plus terrifiante de Grande-Bretagne sans Auror. Weasley est loin d'être armé pour faire face à des Détraqueurs. Je doute qu'il ait fait quelque chose de plus dangereux dans sa vie que prendre son livre de Potions en cours de Métamorphose.
Sirius ricana légèrement en songeant que Rufus n'avait pas tort. Il n'avait vu Percy qu'une seule fois et il ne lui avait pas fait une grande impression. Ce n'était pas qu'il était méchant... Mais il faisait très Préfet. Premier de la classe, un peu trop sérieux sur les bords. Brillant, sans aucun doute, mais trop proche des règles pour qu'il ne devienne un bon donneur d'ordres.
– Je sais... murmura Amelia en fermant les yeux.
– Non, tu ne sembles pas le savoir. Azkaban est un endroit horrible, continua Rufus en frissonnant. Ce n'est pas le Chemin de Traverse là-bas. Je ne comprends pas comment tu as pu faire ça sans m'en parler avant ! Regarde l'état dans lequel tu es maintenant ! Tu es bouleversée !
Sirius compris en regardant Rufus que ce dont il était inquiet ce n'était pas qu'Amelia y soit allée seule, mais plutôt qu'elle ne se remette pas de la visite.
Mais il y avait quelque chose d'assez étrange, car Sirius était certain qu'Amelia avait déjà visité Azkaban avec Croupton quand elle était sous ses ordres. Il ne se souvenait pas qu'Edgar lui ait dit qu'elle ait été bouleversée à ce point la première fois qu'elle y était allée.
Surtout qu'Amelia était la femme la plus forte qu'il connaissait, elle n'avait besoin de personne pour se défendre et qu'elle ne reculait devant rien pour défendre les personnes qu'elle estimait.
– Je suis déjà allée plusieurs fois à Azkaban, rappela alors Amelia à présent agacée. Ça s'est toujours bien passé et tu ne m'as jamais accompagné. Je sais produire un Patronus.
– Alors pourquoi tu es dans cet état ? souffla Rufus qui prit enfin conscience que quelque chose d'autre n'allait pas.
– C'est... Tout allait bien au départ... Percy avait accepté de m'accompagner et... on a pris le bateau et... ça allait bien... commença Amelia en se triturant les doigts. C'est Crawley qui nous y a conduit...
– Ne me dit pas que tu y es allé avec cet idiot, grogna Rufus les yeux rouges de colère.
– Je sais que tu ne l'aimes pas parce qu'il fait partie de la Police Magique, mais...
– Surtout parce que c'est un idiot.
– C'est le référent Azkaban, enchaîna Amelia sans faire mine d'écouter Rufus.
– Le référent ? Mais qu'est-ce qu'il fait à part faire une ronde de temps en temps ? Cet homme est un vrai troll ! rugit Rufus. Je n'arrive pas à croire que tu lui aies fait confiance pour assurer ta sécurité !
– Je n'avais pas le choix ! hurla Amelia à son tour en le fusillant du regard. Tu n'étais pas là Rufus ! Tu étais à la Maison des Lys !
– Tu aurais pu m'attendre ! Qu'est-ce que tu avais de si urgent à voir là-bas ?
– Des prisonniers qui n'ont pas eu de procès ! cria Amelia en sautant sur ses pieds, Rufus la suivant en lui faisant face.
– Ça ne pouvait pas attendre une journée ? ironisa Rufus. Ils sont là-bas depuis vingt-ans, un jour de plus ou de moins ne changera rien. Ils sont tous fous de toute façon, pas vrai Sirius ?
– Sirius ? fit Amelia en se tournant vers lui.
– Qu'est-ce qui se passe ? demanda Rufus d'une voix bourrue, son éclat de voix complètement oublié, alors qu'il fixait Sirius à son tour.
Ce dernier serait si fort sa tasse qu'il avait l'impression qu'il allait la casser avec la force de son poing. Il sentait qu'il avait perdu toutes ses couleurs. À présent, son cœur battait si vite qu'il avait l'impression de tomber dans une Pensine sans fond, sans rien pour se raccrocher. Il frissonnait sans même s'en rendre compte, des flashs d'Azkaban apparaissant successivement devant ses yeux.
En toile de fond, Crawley.
Sirius ne le connaissait que trop bien. D'abord parce qu'ils étaient allés à Poudlard en même temps, bien que Crawley ait quelques années de plus que lui. Il n'avait jamais pardonné à Sirius les nombreuses blagues dont il avait été destinataire. Ensuite, Crawley avait fait partie, à sa plus grande joie, du groupe de sorciers de la Brigade d'élite de la police Magique qui l'avait arrêté. Et, enfin, Crawley était effectivement le référent Azkaban. C'était lui qui apportait les vivres, lui qui faisait des rondes hebdomadaires pour s'assurer que tout se passe bien...
Si les Détraqueurs étaient connus comme d'horribles créatures qui vidaient toute trace de joie en les sorciers, Sirius était persuadé que Crawley était l'un d'eux, réincarné en humain. Il avait toujours pris un malin plaisir à passer voir les prisonniers. Sirius, en particulier, n'acceptant pas qu'il ait toute sa tête.
Sirius n'y avait jamais repensé depuis son évasion. Il avait occulté Crawley de son esprit et il était certain de n'en avoir jamais parlé à Mihai. Pourtant, les menaces, les insultes et même les tortures de cet homme étaient gravées dans sa mémoire et surgirent dans son esprit sans qu'il ne les contrôle. Il ferma les yeux un court instant, releva ses barrières d'occlumancie et réussit à sortir de sa torpeur.
Une main se posa sur son épaule et il sursauta vivement, avant de croiser les yeux dorés de Rufus, très inquiets.
– Tu veux que je t'apporte un verre d'eau ? demanda Rufus un peu bourru.
Sirius ne lui répondit pas. Il se tourna vers Amelia, les yeux plus graves, comprenant enfin ce qui l'avait mise dans cet état. Ce n'était pas la visite à Azkaban, ce n'était pas la vision des prisonniers déments, non. C'était Crawley.
– Qu'est-ce qu'il t'a fait ? demanda Sirius avec une voix sourde qu'il ne reconnut pas.
– Comment ça ? Qui a fait quoi ? demanda Rufus en regardant Sirius incrédule, avant de percuter et de se tourner de nouveau vers Amelia. Crawley t'a fait quelque chose ?
– Il a...
La voix d'Amelia se brisa alors que sa tête se baissait, comme si elle se sentait incapable de les regarder.
– Amelia, s'il t'a fait du mal je promets, sur ma magie, que je vais le tuer, tonna Rufus.
– Tout se passait bien au début, affirma Amelia en regardant la mer. On a vu les prisonniers avec Percy et c'était très intéressant. Dur, évidemment, mais on a appris beaucoup de choses pour leurs procès. Je m'étais préparée, donc je savais que ça serait difficile. Mais sur le chemin du retour... (Amelia prit une inspiration en frissonnant), Crawley a insisté pour nous faire visiter. Comme c'était la première fois que Percy venait, on a accepté. Mais il nous a... enfin, il... il m'a... continua-t-elle en balbutiant entre deux sanglots. Il m'a montré la cellule de Sirius, lâcha-t-elle tout en plongeant son visage entre ses mains, en sanglotant. J'ai été tellement stupide !
Rufus serra l'épaule de Sirius, sans pouvoir se contrôler, sous l'effet de l'émotion alors qu'Amelia prenait de grandes inspirations.
Sirius n'avait aucun mal à imaginer la scène. Il voyait presque le petit sourire en coin de Crawley. Cela faisait partie de ses petits plaisirs ; torturer les gens. Imaginer ce monstre faire du mal à Amelia lui était presque insoutenable et il avait du mal à respirer. Il mélangeait ses propres souvenirs d'Azkaban, enfouis depuis plus d'un an en lui, et ce qu'il imaginait de la visite d'Amelia.
– Il sait que Sirius et moi sommes amis, évidemment, enchaîna Amelia en se reprenant légèrement et en fixant son ami avec tristesse. Je crois qu'il n'a jamais supporté que tu te sois évadé...
– Surtout que je sois sain d'esprit, corrigea Sirius en frissonnant.
– Quand j'ai vu ta cellule...
Amelia plongea son regard dans celui de Sirius et ils restèrent un long moment ainsi. Sirius pouvait comprendre Amelia. Sa cellule était petite, vétuste, puante...
Bien sûr qu'Amelia avait été choquée, bien sûr qu'elle avait perdu pied parce qu'un innocent avait été enfermé là-dedans pendant douze ans. Amelia croyait en la justice et cette cellule, sa cellule, c'était le symbole de ce que la justice avait failli. C'était la majorité de la vie de Sirius... un garçon qu'elle avait côtoyé pendant toute sa scolarité, ami avec son frère... et qui était à présent l'un de ses amis proches. Elle n'avait pas pu le supporter et il le comprenait. Personne de sain d'esprit ne pouvait le supporter.
– J'ai complètement... j'étais si en colère, si triste et perdue... J'ai perdu pied et je... Je n'ai pas réussi à lancer mon Patronus... Et j'ai ressenti tous les Détraqueurs qui s'approchaient. Crawley n'était plus là et... J'avais tellement peur, tellement froid... J'ai revu Edgar et...
Amelia enroula ses bras autour de son corps en pleurant à chaudes larmes, le regard dans le vide. Sirius aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il sentait qu'elle était repartie là-bas et qu'elle avait besoin de parler de ce qu'il s'était passé. C'était important qu'elle verbalise ce qu'elle avait vécu. Et il se sentait lui-même incapable de bouger pour le moment sans s'effondrer à son tour.
– Sans Percy... sans Percy... J'ai cru qu'ils allaient m'embrasser... admit-elle en frissonnant, le regard hanté par ce qu'elle avait vu. Le Patronus de Percy était assez puissant pour nous protéger et, ensuite, Crawley est revenu. Je pense qu'il voulait juste me faire peur ou je ne sais pas... Peut-être que ça a duré moins longtemps que je ne l'avais imaginé... Mais j'ai eu peur... si peur...
Cette fois, Amelia se mit à trembler de la tête aux pieds, ce qui donna un coup de baguette à Sirius. Il se leva pour la prendre dans ses bras et Amelia s'effondra contre lui en pleurant à gros sanglots, incapable de se calmer.
– Crawley est mort, dit simplement Rufus sans hausser la voix, ce qui était presque plus inquiétant que s'il s'était mis à hurler.
Sirius n'eut pas le temps de retenir son ami. Rufus se dirigea d'un pas vif vers l'intérieur de la Villa Bleue, sa baguette sortie, le regard froid et dur. Sirius comprit qu'il ne pouvait pas le retenir. Parce que Crawley venait de s'en prendre à sa plus fidèle amie et alliée, une représentante du Ministère de la Magie de surcroît. Jamais Rufus ne pourrait laisser passer une telle chose.
Sirius songea un court instant que c'était aussi une manière pour Rufus d'évacuer tous les récents évènements. Rufus était en colère contre Crawley, mais pas seulement. Il était en colère contre le Ministère corrompu, contre Dumbledore, contre Croupton, contre Voldemort, contre la personne qui avait mis le nom de Harry dans la Coupe de Feu. Crawley était juste le centralisateur de toute sa haine et il valait mieux qu'il se défoule sur cet idiot que sur eux.
– Rufus ! s'écria Amelia qui venait de se rendre compte que le Chef des Aurors avait pris la cheminette pour se rendre au Ministère de la Magie.
Elle se leva, mais Sirius la retint par sa cape et la força à se rasseoir.
– Toi, tu restes là, intima Sirius.
Il s'allongea sur la chaise longue et attira Amelia contre lui. Cette dernière comprit qu'il ne servait à rien de le contrarier et elle lui rendit son étreinte, ayant clairement besoin d'être soutenue. Sirius lui frotta le dos. Si elle se laissait aller comme ça et renonçait à poursuivre Rufus c'était vraiment qu'elle n'allait pas bien. Sirius regrettait qu'Irina ne soit plus là, mais elle avait à faire à Sainte Mangouste. Elle lui avait laissé une potion pour Amelia et lui avait promis de repasser ce soir.
– Mais... Rufus... commença Amelia en se mordant la lèvre inférieure.
– Rufus est grand. Et il va faire ce que j'aurais fait si je n'avais pas une peur bleue de Crawley, affirma Sirius avant de se tendre en comprenant ce qu'il venait de dire.
Amelia se figea, comme incertaine de ce qu'elle venait d'entendre. Il était assez rare qu'il admette qu'il avait peur ou qu'Azkaban le terrifiait. Il voulait faire croire que tout allait bien, ce qui était vrai la plupart du temps. Mais il avait aussi besoin d'en parler et de dire que Crawley représentait Azkaban. Qu'il était dans ses cauchemars. Qu'il était son pire cauchemar.
– Oh, Sirius ! dit Amelia en s'écartant de lui pour le regarder, l'air effaré. Je suis tellement désolée ! Je sais ce que tu as vécu et... et moi je pleurniche pour des fariboles... tu as raison d'être en colère contre moi et je...
– N'importe quoi, coupa Sirius en levant les yeux au ciel. Je suis en colère contre Crawley, pas contre toi. Il m'a toujours détesté et, si j'avais su que tu y allais avec lui... C'est ma faute, Amelia. C'est ma faute s'il t'a fait subir ça, et...
– Bien sûr que non, dit Amelia en roulant les yeux et en le secouant par l'épaule. C'est loin d'être ta faute.
Sirius haussa les épaules, incertain, en repensant brièvement à Azkaban. Il aurait eu envie de voir Mihai à ce moment-là. Il n'était pas sûr d'avoir parlé de Crawley, parce qu'il l'avait inclus dans Azkaban. Pourtant... Crawley était un cauchemar à part entière. Il n'était pas Azkaban, il était autre chose.
Il avait été la seule personne humaine que Sirius avait côtoyée pendant des années, la seule. Sirius se rappelait encore Crawley, déambulant dans les couloirs avec une matraque moldue, la faisant tinter contre les barreaux des cellules. Il se souvenait de son air malfaisant quand Crawley s'arrêtait devant lui et qu'il...
Amelia posa sa main sur son épaule et Sirius se dégagea brusquement, avant de se rappeler d'où il était.
– Mauvais souvenirs, grommela Sirius un peu gêné de s'être allé à de telles pensées en présence d'Amelia.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus pensé à Azkaban, pas aussi fidèlement en tout cas. Il avait oublié tous ces souvenirs et le fait qu'ils reviennent lui donnait envie de vomir. Il regrettait même qu'Irina ne lui ait pas laissé une potion pour lui.
– Je suis désolée. C'est moi qui te fais les revivre, murmura Amelia l'air très inquiet.
– Ne t'en fais pas, Amelia, je suis un grand garçon, dit Sirius avec un sourire un peu forcé. Et sinon, qu'est-ce que tu vas faire pour remercier Percy Weasley ?
Il savait qu'il détournait le problème, mais il ne voulait plus en parler. Il voulait oublier Azkaban. Il voulait changer de sujet et ne plus jamais en reparler de sa vie. Amelia dut le comprendre, puisqu'elle soupira, le regarda d'un air désabusé et enchaîna sur le sujet enclenché par Sirius.
– Il a été vraiment génial, admit Amelia en souriant plus doucement. Il s'est vraiment bien débrouillé avec les prisonniers. Un peu protocolaire, mais il m'a semblé être touché par leurs situations. Je crois qu'il a été vraiment choqué par ce qu'il y a vu.
– Étonnant, ironisa Sirius. Et donc qu'est-ce que toi tu vas faire ?
– Donc, je vais proposer un poste à Percy. Hors de question qu'il perde son temps avec Croupton, admit Amelia avec un sourire en coin.
Sirius réussit à ricaner légèrement en se demandant comment Croupton allait prendre le fait qu'Amelia lui pique son meilleur lieutenant. Mais ce n'était pas très cher payé pour ce que Croupton lui avait fait. Sirius s'apprêtait à lui demander ce qu'elle allait faire faire à Percy, mais un Patronus en forme de lion fit son apparition face à eux.
La voix de Rufus, grave et menaçante, se fit entendre :
"Crawley a été mis à pied. Amelia tu prends une semaine de vacances imposée. Si je te vois au travail, je t'arrêterai."
Sirius éclata de rire en se disant que Rufus avait dû être sacrément efficace pour faire ça en moins de dix minutes. Mais il était le Chef des Aurors, après tout, et il avait forcément plus de poids que les autres membres du Ministère.
Il savait néanmoins, pour connaître les rouages du Ministère de la Magie que Crawley ne serait que peu sanctionné, après tout sa "disparition" pouvait passer pour de la négligence, plutôt que pour une tentative de faire peur à Amelia, mais au moins Rufus avait pris la magie en main.
Amelia, elle, sembla horrifiée à l'idée de prendre des vacances.
– Mais c'est impossible ! geignit Amelia. J'ai une montagne de choses à faire et...
– Et rien du tout, coupa Sirius. Tu dois te reposer d'Azkaban et surtout de ton travail. Tu as vu l'état dans lequel tu t'es mis depuis que Susan est partie pour Poudlard ? On ne se voit plus depuis un mois !
– J'ai beaucoup de choses à faire pour les procès, pour le Département et pour le...
– Et Alan peut parfaitement se charger des procès, assura Sirius. Tu as aussi des équipes, je te le rappelle. Profite de cette semaine pour te reposer.
– Mais qu'est-ce que je vais faire ? demanda Amelia l'air perdu.
Sirius soupira légèrement parce qu'il comprit qu'Amelia n'allait vraiment pas bien. Si elle acceptait des vacances aussi facilement, c'est qu'elle-même sentait qu'elle avait tiré sur la corde. Depuis que Susan était partie pour Poudlard, Amelia n'avait fait que travailler, sans relâche. Entre son travail, la loi Maxwell à mettre en place, les procès à préparer... Elle n'avait pas eu une minute pour elle et Sirius savait que c'était trop et qu'elle devait impérativement se calmer, avant de finir comme Croupton.
– On dirait que tu viens de gagner une semaine de vacances à la Villa Bleue. Il y a la mer, des elfes pour s'occuper de toi et un charmant jeune homme qui va te faire rire et oublier tes problèmes, dit Sirius avec un sourire charmeur.
– Où est ce charmant jeune homme ? demanda Amelia.
Cette dernière ricana en voyant son air effaré. Sirius fut content de voir qu'elle avait repris du poil de la licorne, assez du moins pour le renvoyer sur les Mandragores. Il lui sourit tendrement.
Il adorait tellement Amelia. C'était l'une de ses amies les plus chères. Elle était différente de Lily, mais il ressentait la même admiration, la même joie à l'idée de passer une semaine avec elle. Il savait qu'il pourrait lui changer les idées, mais surtout qu'elle pourrait lui faire oublier Azkaban.
Parce que si Rufus avait le don de dédramatiser les choses, Amelia était la personne à laquelle il se confiait quand ça n'allait vraiment pas. Elle lui prodiguerait des conseils pour sa relation avec Harry, il en était sûr.
– Je dois visiter la Maison des Lys dans la semaine, tu pourrais m'accompagner ? proposa Sirius. Tu vas voir, une heure avec ces gosses et ta vie te semblera géniale.
– Tu sais quoi, dit Amelia en souriant à son tour. J'accepte.
– Parfait ! dit Sirius en levant son poing en l'air en signe de victoire. Tu pourras répondre à Harry quand il me passera un coup de Miroir comme ça.
– Tu n'as pas besoin de moi en tant que co-parent, remarqua Amelia.
– Non, j'ai surtout besoin que la marraine de mon fils m'aide à lui faire comprendre que je ne veux que son bien et, surtout, m'aider à ce que Harry me pardonne, murmura Sirius dont le ventre se tordait à l'idée que son fils ne lui parle plus jamais.
Amelia sembla légèrement surprise qu'il appelle Harry son "fils", mais elle ne fit aucune remarque.
– Harry ne t'en voudra pas, promit Amelia.
– Je l'espère. Peu importe, dit Sirius en secouant la tête pour se changer les idées. On va faire un petit plongeon ?
– L'eau est sans doute glacée, remarqua Amelia.
– Autant pour moi, je croyais que tu étais une sorcière et que tu pouvais te jeter un sort pour ne pas avoir froid, ironisa Sirius.
– Je le suis. Et une sacrée sorcière ! répondit-elle en le fusillant du regard.
– Ça c'est la Amelia que je connais. Tu sais quoi ? dit Sirius en regardant la mer. Le dernier à l'eau est un gros Veracrasse.
Sirius s'apprêtait à courir, quand Amelia attrapa un verre d'eau sur la table de la terrasse et le lui lança à la figure. Sirius, trop stupéfait pour bouger, perdit de précieuses secondes. Amelia, elle, courait déjà vers la mer en riant. Sirius se dit que perdre n'était pas trop cher payé si cela permettait à Amelia de retrouver le sourire.
.
Harry termina son tour de terrain, le cœur battant la chamade. D'ordinaire, il sentait qu'il arrivait de mieux en mieux à courir, sans être essoufflé.
Sauf ce soir... Il se sentait encore mal de la veille et qu'il avait eu besoin de respirer et de courir vite pour oublier, quitte à risquer la blessure. Pour oublier les mots durs qu'il avait prononcés à l'égard de Sirius... son père.
Il ne revenait toujours pas avoir été aussi stupide. Il savait qu'il l'avait blessé, il l'avait vu dans son regard... Il n'en avait pas dormi, et il était inquiet à l'idée de devoir lui parler de nouveau. Et si Sirius refusait de lui parler comme hier soir ?
Il avait essayé de lui passer un coup de Miroir hier, mais c'était Irina qui avait répondu. Harry avait été complètement imperméable à tout ce qu'elle avait essayé de lui dire et il avait rapidement raccroché, sans même essayer de comprendre. Sirius lui en voulait et c'était tout ce qu'il avait retenu. Son père ne voulait pas lui parler.
Alors, quand son Miroir se mit à vibrer dans sa poche (il avait pensé à le prendre, au cas-où), son cœur s'arrêta et Harry regarda le Miroir un trop long moment... Craignant de voir la mine déçue de Sirius. Il ne savait pas s'il pourrait le supporter, mais il ne pouvait pas non plus rester dans l'ignorance !
Le Miroir arrêta de vibrer et Harry hésita un court moment.
– Allez. Tu es un Gryffondor, murmura Harry en se regardant dans le Miroir en espérant s'en convaincre.
Il s'installa au pied d'un arbre, prit une inspiration et lança clairement : "Sirius Black".
Sirius répondit instantanément, la mine... soulagée. Harry souffla à son tour en voyant qu'il n'y avait aucune trace de colère dans les yeux gris de son père.
– Harry ! s'écria Sirius qui ne put s'empêcher de lui lancer un sourire resplendissant. Tu as manqué mon appel.
– Tu as raccroché trop vite, réussit à dire Harry en grimaçant un sourire.
– Harry, je... commença Sirius avant de Harry ne l'interrompe d'un signe de la main.
– Laisse-moi parler, intima Harry la gorge sèche. Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé pour ce que je t'ai dit hier. C'était vraiment... Je n'avais pas le droit de te demander de m'emmener alors que tu avais raison. Personne ne m'a rien dit, j'aurai dû te faire confiance (il prit une grande inspiration tremblante). Ce que je t'ai dit c'était injuste, je sais que c'était pour mon bien. Alors voilà... Pardon. Je sais que tu m'en veux, mais...
– Je ne t'en veux pas, coupa Sirius en levant les yeux au ciel.
Harry sentit son cœur se gonfler d'amour et de soulagement à l'entente de ces mots.
– J'accepte tes excuses Harry. Même si j'admets que ça m'a blessé.
– Je le sais, soupira Harry en baissant la tête. J'ai mal réagi et... Ce n'est pas très Gryffondor de ma part.
– Harry, je comprends aussi que, hier, ça n'allait pas. Tu as eu deux jours difficiles, avec Voldemort et la Coupe de Feu... J'aurais dû te rassurer un peu plus... C'est moi qui n'ai pas forcément su gérer la situation.
– Tu m'as permis de ne pas participer au Tournoi, rappela Harry en souriant légèrement. Je pense que tu as très bien géré la situation.
– Alan a géré la situation, vu combien je le paye il le pouvait, ironisa Sirius. À ce sujet, tout est réglé, ta participation a bien été annulée et les journaux sont devenus fous. Je dois vraiment payer Rita plus cher.
Harry pouffa quand Sirius lui parla de la journaliste qui, il le savait, avait eu une brève aventure avec lui à Poudlard. Elle était bien utile pour dénoncer les réactions des directeurs et des membres du Ministère qui avaient voulu qu'il participe à la compétition sans s'inquiéter d'envoyer à la mort un garçon de quatorze ans.
– Mais il fallait que tu restes à Poudlard. Tu sais que je ne suis pas le plus grand fan de Dumbledore, mais la vérité c'est que Voldemort le craint et que, pour le moment, c'est notre seul atout. Tu serais peut-être plus en sécurité à la Villa Bleue, mais je ne peux pas t'enfermer là-bas toute ta vie.
– Ça ne me dérangerait pas, affirma Harry en rougissant.
– Tu sais bien que non, sourit tristement Sirius. Je sais que nous avons eu si peu de temps ensemble, mais tu as tes amis à Poudlard, des cours à suivre, tu es encore si jeune, tu auras le temps de passer du temps avec moi.
– C'est simplement que c'est difficile d'être loin de toi et Remus, dit Harry en s'efforçant de ne pas avoir un ton de voix trop tremblotant.
– Oh Harry, je le sais bien... murmura Sirius qui grimaça comme si pour lui aussi c'était difficile. On se voit à Pré-au-Lard très vite ! Mais tu devais rester à Poudlard, même si sur le coup tu avais peur. Et tout s'est bien passé, non ?
– Je le sais, maintenant, approuva Harry en hochant la tête. Mais tu es certain que tu ne m'en veux pas ?
– Comment le pourrais-je ? s'horrifia Sirius. Tu es mon fils maintenant, Harry.
Harry rosit légèrement, mais n'osa pas dire qu'il le considérait comme son père à présent. Il trouvait ça un peu solennel, un peu trop difficile par Miroir. Il aurait voulu lui dire hier matin, mais après réflexion, ça n'aurait pas été la meilleure chose à faire. Ils avaient eu tous les deux les nerfs à vif et ça n'aurait pas été un bon moment.
– Mais alors... pourquoi tu n'as pas répondu hier ? demanda Harry d'une petite voix en baissant la tête, se détestant pour avoir cette voix plaintive.
– Irina ne t'a pas expliqué ? s'étonna Sirius.
– Je crois que j'avais du mal à l'entendre... murmura Harry qui n'avait en effet rien retenu de sa discussion avec sa psychomage, pensant que son père lui en voulait.
Il fronça les sourcils en voyant les cernes sous les yeux de Sirius.
– Tu vas bien ?
– Juste de la fatigue. Amelia a débarqué hier soir à la Villa Bleue avant que tu appelles et elle était complètement dévastée, c'est pour cela que je n'ai pas pu te répondre. Je crois que la dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'est quand son frère a été assassiné.
Harry frissonna, d'une part, parce qu'il craignait qu'Amelia n'aille pas bien, mais aussi parce qu'il venait de comprendre qu'il aurait dû écouter un peu mieux Irina qui avait sans doute dû lui expliquer la situation. Cela lui aurait éviter de ne pas dormir de la nuit en pleurant parce que Sirius ne voulait plus lui parler et qu'il allait se retrouver encore seul.
– Elle va bien ?
– Oui, ne t'en fais pas. Elle dort en ce moment. Je l'ai installé dans ta chambre, expliqua Sirius en se frottant les yeux.
– Elle est à la Villa Bleue ? s'étonna Harry qui savait qu'Amelia n'avait jamais dormi chez eux, même après des soirées qui se finissaient très tard.
– Oui, elle ne pouvait pas rentrer chez elle après ce qu'elle a vécu. Elle est allée à Azkaban, grimaça Sirius, ses yeux gris devenant plus sombres de colère. Elle est tombée sur le gardien d'Azkaban, Crawley (il prononça le nom avec une telle haine que Harry en frissonna) et ça s'est mal passé. Elle n'arrivait plus à faire de Patronus et elle a craint que les Détraqueurs s'en prennent à elle. Je pense qu'elle a dû revivre ses pires souvenirs, un peu comme toi quand tu les croises.
– C'est affreux ! s'horrifia Harry les yeux écarquillés.
– Pas un mot à Susan surtout, murmura Sirius comme si la nièce d'Amelia était cachée dans l'ombre et pouvait l'entendre. Heureusement pour elle, Percy l'a accompagné et a pu produire son Patronus. Rufus s'est occupé de Crawley et Amelia a pu se reposer.
– Elle va mieux ? demanda Harry qui se doutait qu'Amelia avait revécu la mort de sa famille, un peu comme lui quand il croisait le chemin de ces créatures de l'enfer.
Il savait à quel point les Détraqueurs ressortaient en chaque sorcier le pire souvenir de leur existence... Il savait ce que ça faisait et il ne pouvait imaginer dans quel état était Amelia. Lui frissonnait encore quand il repensait aux dernières paroles de son père et de sa mère, qu'ils avaient prononcées avant d'être tués.
Heureusement que Sirius et Rufus étaient là pour aider et surveiller Amelia dans cette épreuve.
– Je suis assez inquiet, admit Sirius en grimaçant comme s'il hésitait à lui en parler. Crawley lui a montré ma cellule et c'est ça qui l'a chamboulé... il y a aussi le fait qu'elle ait pris conscience que Croupton était un vieux troll des montagnes, ce qui n'aide pas. C'était son mentor, tu comprends ce que ça peut faire...
Harry hocha la tête, se souvenant parfaitement du sentiment de trahison qu'il avait ressenti en comprenant que Dumbledore l'avait volontairement mis en danger à Poudlard et l'avait laissé chez ses moldus malgré ses appels à l'aide.
Il n'imaginait pas ce que ressentait Amelia, qui avait travaillé de très longues années aux côtés de Croupton et qui l'avait toujours pris pour un modèle de vertu et de sagesse. La chute devait être difficile et il se doutait qu'elle aurait besoin de temps pour se remettre.
– Mais elle va bien, enchaîna Sirius pour le rassurer. Elle dort encore et on va aller se balader tout à l'heure dans le village. Tu sais qu'elle ne connaît même pas le cinéma moldu ? Toute son éducation est à revoir.
Harry sourit à son tour, car il voyait que si Sirius arrivait à blaguer, c'était parce qu'Amelia ne devait pas aller si mal que ça.
– Je vais changer de sujet, mais bon anniversaire ! s'écria alors Harry avec un grand sourire en se souvenant de ce jour spécial pour Sirius.
– Merci de me rappeler mon âge, ironisa Sirius.
– Tu n'es pas si vieux que ça, remarqua Harry en riant.
– Merci pour le cadeau aussi, j'ai adoré ce que tu m'as envoyé, confirma Sirius avec un sourire ému. J'étais content de te voir hier aussi, malgré les circonstances.
– Moi aussi, confirma Harry qui aurait voulu avoir Sirius pour lui un plus grand moment. Tu me manques, ajouta-t-il en sentant qu'il était nécessaire de l'ajouter.
Sirius sourit tristement, comme si pour lui aussi la distance entre eux lui apparaissait intolérable. Après tant d'années sans se connaître et se voir, c'était juste difficile d'être loin.
– Tu vas bien toi ? demanda Harry en voyant la petite mine de Sirius. Tu as l'air fatigué.
– Ne t'inquiète pas pour moi petit, je vais me reposer et tout ira bien. J'ai fait quelques nuits blanches ces derniers jours, mais rien de trop grave. Et toi, comment ça se passe à Poudlard, pour ton nom dans la Coupe ?
– Oh tu sais, personne ne pense que j'ai mis mon nom, admis Harry en souriant de soulagement. Et les entraînements pour la Coupe des Trois Écoles se passent bien. Miles est dur, mais il est juste.
– Parfait ! fit Sirius les yeux brillants. Je suis content que tu aies trouvé ta passion et que le Quidditch t'amuse autant. Et l'école ?
– J'ai beaucoup de travail... admit Harry qui n'avait pas eu beaucoup la tête à travailler et qui se retrouvait sous une montagne de devoirs à faire.
– Mais tu t'arranges pour venir à la prochaine sortie Pré-au-Lard pour nous voir avec Remus pour l'inauguration de la librairie, compléta Sirius d'un ton qui ne laissait pas la place à la contradiction.
– Bien sûr ! confirma Harry en riant. Je ne raterai ça pour rien au monde !
– Splendide ! Remus est tellement impatient à l'idée de te revoir.
– Moi aussi tu sais, ça fait longtemps, murmura Harry qui se rendit compte que l'éloignement avec ses deux figures parentales était difficile à vivre.
Sirius dut voir qu'il n'était pas en forme et qu'il n'avait pas envie de parler du fait qu'il était loin d'eux, alors il demanda avec un sourire en coin :
– Et ce match ? Comment se sont débrouillés les Weasley ?
Harry sentit son visage s'étirer en un petit sourire en voyant que son père tentait de lui changer les idées.
Le match annuel Gryffondor contre Serpentard avait eu lieu le matin même et il marquait les débuts dans l'équipe de Gryffondor de Ron et Ginny. Harry devait avouer que regarder l'équipe jouer, sans lui, lui avait procuré un petit pincement au cœur, mais que la perspective de jouer dans l'équipe de Poudlard était beaucoup plus attrayante.
Et il avait adoré encourager son équipe des gradins.
– Ginny a attrapé le Vif d'or, dit fièrement Harry. Mais on a quand même perdu.
– Oh non, soupira Sirius qui, après McGonagall, était le plus grand défenseur de l'équipe. Et Ron ?
– Il a été un peu dépassé, reconnut Harry.
Le match avait été intense et le fait que les équipes de Beauxbâtons et Durmstrang aient fait le déplacement avait augmenté son niveau de stress. Ron avait laissé passer tous les Souaffles et, malheureusement, en voyant que Harper s'élançait à la poursuite du Vif, Ginny avait foncé pour le récupérer et limiter les dégâts, le score étant en faveur des Serpentard.
– On n'a pas perdu de beaucoup, les filles ont beaucoup marqué, mais les Batteurs sont encore inexpérimentés et Ron aussi. Il va falloir quelques matchs pour que l'équipe soit au niveau. Je pense que le prochain sera mieux, si Ron arrive à se canaliser.
– Je ne m'en fais pas, les Weasley ont ça dans le sang. Tu sais que Gideon et Fabian Prewett étaient Batteurs à mon époque ? fit Sirius qui avait le même air nostalgique quand il repensait à la période de Poudlard.
– Comme Fred et George ?
– Les mêmes, sourit Sirius.
Harry connaissait de nom Gideon et Fabian, les jumeaux et frères de Molly Weasley, cette dernière parlant de ses frères avec une émotion contenue. Il les avait toujours imaginés comme des versions identiques de George et Fred et il était content d'avoir vu juste.
– Au fait, tu te souviens du collier de Runes que j'ai acheté à Hermione pendant nos vacances ? demanda Harry les yeux brillants.
– Tu ne vas pas me dire que cette bricole a marché ? souffla Sirius qui avait vu son air ravi.
– À moitié, ironisa Harry. Après le match, il y a eu une petite altercation entre des Serpentard et Ron.
Harry n'osait pas dire à Sirius que Draco avait été présent lors de la dispute. Cela avait été un Serpentard de septième année qui avait le plus parlé, du nom de Jugson, accompagné de Crabbe et Goyle, mais Draco n'avait rien fait pour arrêter la situation.
Harry avait eu la légère impression que Draco n'avait pas pu lui dire quelque chose et il s'était imaginé que ce Jugson était assez élevé dans la hiérarchie des Serpentard chère au cœur de Draco.
Ils s'étaient moqués de Ron qui, énervé, avait sorti sa baguette. Harry avait tenté de le calmer, mais il s'était rendu compte que le match perdu et les critiques lui avaient pesé gros sur le moral et Ron avait vrillé, ce dont il ne pouvait pas lui en vouloir. Lui-même aurait frappé ce Jugson s'il n'avait pas croisé le regard inquiet de Hermione.
– Ils se sont jetés des sorts et deux d'entre eux ont ricoché. L'un a atteint Hermione.
– Rien de grave ? s'enquit Sirius d'un ton plus inquiet.
– Rien que Mrs Pomfresh ne puisse régler, mais le plus drôle, c'est que son collier a réagi, fit Harry qui se souvenait de la scène avec acuité. Le sort a quand même touché Hermione, mais il a aussi fait l'effet d'un Protego et le Serpentard s'est retrouvé à l'infirmerie.
– Très pratique, fit Sirius pensivement. Il faudrait voir comment il fonctionne dans d'autres situations. Et comment va ma chère Hermione ?
– Mrs Pomfresh a tout réglé d'un coup de baguette, mais elle en a profité pour raccourcir ses dents, je pense que ses parents ne seront pas très contents.
– Elle a bien raison, rit Sirius. Et puis ce n'est pas si dangereux. Si tu savais ce que certaines personnes faisaient dans mes années à Poudlard, c'était hallucinant. Pomfresh les ramassait à la petite cuillère. Je me souviens de cette fille, Jennifer, qui avait voulu enlever son acné avec sa baguette, ce n'était pas beau à voir.
Harry rit, mais il pouvait être rassuré avec Hermione. Il l'avait vu tout à l'heure et vu que ses dents avaient été raccourcies ce qui la rendait encore plus jolie qu'auparavant.
De toute évidence, il n'avait pas été le seul à le voir, puisque Justin Finch-Fletchley, qui travaillait avec elle sur la libération des elfes, avait marqué un temps d'arrêt quand il l'avait recroisé après sa « transformation » et Susan lui avait lancé un « tu es merveilleuse » qui avait faire rougir Hermione.
– Je vais devoir te laisser, remarqua alors Harry en regardant sa montre. J'ai promis à Susan de la retrouver pour notre devoir de Métamorphose.
– Vas-y, je ne voudrais pas recevoir une lettre de ta petite Poufsouffle, ironisa Sirius. Merci d'avoir appelé Harry. On se parle bientôt ?
– Demain ? demanda Harry avec une petite voix.
Il craignait d'ennuyer Sirius, mais ce dernier lui lança un sourire resplendissant.
– J'espérais que tu le suggères, rit-il. Allez, au boulot Harry ! Je te ramène Amelia demain soir pour que tu sois rassuré.
Harry raccrocha après des derniers au revoir en souriant, ravi que tout soit arrangé et que Sirius le rappelle demain soir.
Il avait complètement oublié de lui parler de la Beuglante de Molly Weasley, envoyée à Dumbledore le matin-même pour lui dire à quel point il était scandaleux que les élèves n'aient pas été protégés et que son nom soit sorti de la Coupe. Harry voulait absolument voir la réaction de Sirius quand il lui dirait que Molly avait traité le Directeur de "vieille chouette".
.
Amelia Bones toqua à la porte du 12, Square Grimmaurd, sachant qu'elle avait vingt minutes de retard et que Rufus ne devait pas être content.
Heureusement, on était samedi et il ne travaillait pas, il ne serait donc pas trop en colère, sauf s'il s'était déjà pris la tête avec Lucius Malefoy, ce qui était probable quand on connaissait leur inimitié.
– Ah, enfin ! s'écria Sirius Black en ouvrant la porte pour la laisser entrer. Tu es la dernière.
– Je sais, je suis en retard, grimaça Amelia qui voyait bien, au regard de Sirius, qu'il allait lui en parler très longtemps.
– Tu vas bien ?
Amelia se retint à temps de lever les yeux au ciel, sachant que Sirius était simplement inquiet pour elle. Ce n'était pas étonnant, puisqu'elle avait débarqué chez lui en pleurs il y a seulement quelques jours et, depuis lors, il n'avait cessé de la couver et de s'assurer qu'elle aille bien. C'était adorable de sa part, mais parfois un peu étouffant.
– Oui arrête de t'inquiéter, chuchota Amelia en ôtant son écharpe.
Ils étaient dans l'entrée du Square Grimmaurd et même si les autres étaient dans le salon, assez éloignés, elle préférait que leur conversation ne soit pas entendue.
– Alors, comment va le Quintaped ?
Amelia éclata de rire. Elle ne se ferait jamais au fait que Sirius surnommait Barty Croupton le « Quintaped », cette créature monstrueuse aux cinq pieds bots.
Elle le comprenait, bien sûr, mais Barty restait l'homme qui lui avait tout appris. Malgré toutes les erreurs, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez Croupton et sa visite n'avait fait que le confirmer.
– Il a bien l'air malade, grinça Amelia. Je ne suis pas restée longtemps, il tenait à peine debout.
– C'est le poids de la culpabilité, ironisa Sirius en s'appuyant contre le mur de l'entrée, face à Amelia qui le regardait avec amusement.
– Je n'ai pas eu le courage de lui parler de la situation de Harry, je pense qu'il est complètement dépassé.
– Tu crois qu'il est vraiment malade ou qu'il a fait semblant ? Parce qu'il semblait aller très bien le soir de la sélection des Champions du Tournoi des Trois Sorciers, se souvint Sirius.
– Il semblait vraiment mal en point, je pense qu'il a dû prendre une potion de soins avant d'aller à la cérémonie. Mais je n'ai jamais vu Barty ne pas venir travailler, même avec la variole du dragon, reconnut Amelia. Je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
– Ce n'est pas moi qui vais le plaindre, marmonna Sirius.
Amelia hocha la tête, sachant parfaitement ce que ressentait Sirius par rapport à Barty Croupton qui l'avait enfermé à Azkaban sans procès et sans regret.
Mais elle, elle s'inquiétait un peu pour cet homme. Elle avait du mal à le laisser voler de son propre balai et à se dire qu'il n'était pas l'homme qu'elle avait imaginé pendant tout ce temps. Que l'homme qu'elle avait admiré avait été capable de tels actes... Et s'agissant de la Coupe de Feu, ce n'était forcément qu'une erreur, il ne pouvait pas en être autrement. Il était malade, n'avait pas pu s'occuper des règles techniques et s'était retrouvé pris entre deux feux de dragons, sans savoir quoi faire.
– Mais comment toi tu vas ? demanda de nouveau Sirius avec insistance.
Amelia haussa les épaules, mais fit un sourire rassurant à Sirius.
– Je vais m'en sortir.
Sirius ne semblait pas convaincu, mais elle ne pouvait pas lui en dire plus pour le moment. Elle avait besoin de digérer tout ce qu'il s'était passé et, depuis l'épisode des Détraqueurs, elle se sentait assez mal.
Elle avait souvent froid et une douleur à la poitrine qui ne voulait pas partir, comme si son propre cœur était figé par les souvenirs terribles qu'elle avait. Elle ne voulait même plus y penser tant le visage d'Edgar, son frère assassiné, la hantait.
Elle savait qu'elle irait mieux, dans quelques jours. Après tout, la semaine de vacances imposée lui avait fait un bien fou et vivre avec Sirius et Remus également.
Les deux garçons s'équilibraient très bien et elle se rendait compte qu'elle aimait avoir du « monde » avec elle. Elle pouvait discuter avec eux quand ça n'allait pas, aller au cinéma avec Sirius, jouer à un jeu avec Remus, lire tranquillement face à la mer...
C'était une vie de rêve.
Le départ de Susan avait été difficile à gérer cette année, sans doute parce qu'elle savait quel danger les guettait avec Voldemort ou parce que la situation qu'avait vécue Harry lui avait brisé le cœur et qu'elle craignait que sa nièce soit malheureuse à son tour.
Alors elle s'était plongée dans le travail pour oublier tout ça, mais elle avait fini par s'oublier elle-même et elle comprenait à présent que ce n'était pas la bonne solution.
– Allons-y, on nous attend déjà, dit Amelia qui ne voulait pas que Sirius insiste.
– On t'attend, toi, moi j'étais à l'heure, corrigea Sirius en lui faisant un clin d'œil avant de la laisser passer devant.
– Bonjour Mrs Black, salua Amelia en passant devant le portrait de la mère de Sirius.
– Oh, quel plaisir de vous voir ma chère Amelia.
– Tu devrais faire comme moi et l'ignorer, murmura Sirius à son oreille alors que Walburga se pâmait de plaisir de la voir.
Amelia pouffa, parce que la seule raison pour laquelle Walburga Black était agréable avec elle était parce qu'elle faisait partie d'une grande famille de Sang-Pur.
– Je t'ai entendu, siffla la mère de Sirius dans son tableau.
– Pardon mère. Nous devons y aller, c'est toujours un plaisir, lança Sirius en entraînant Amelia à sa suite alors que Walburga marmonnait contre son fils. Quelle plaie cette femme.
– Elle est amusante, rectifia Amelia en riant.
– Une vraie Harpie si tu veux mon avis. La Directrice de la Justice Magique est enfin arrivée ! lança Sirius quand ils entrèrent dans le salon bien rempli.
– Enfin ! fit Rufus en se levant pour l'accueillir et la prendre dans ses bras.
Amelia n'eut pas le temps de s'étonner que Rufus se détachait d'elle et la regardait avec gravité.
– Comment tu vas, Bones ?
– Je vais bien, chuchota Amelia en rosissant, ne voulant pas que d'autres personnes ne les entendent.
Mais Rufus semblait avoir lancé un sort de silence autour d'eux puisque personne ne semblait faire attention à leur conversation. Ou c'était simplement parce qu'ils étaient assez polis pour ne pas écouter.
– Tu reviens lundi ?
– Oui, mais je vais ralentir le rythme. Je pense que j'avais besoin de repos, admit Amelia avec un sourire en coin.
– C'est certain. J'ai entendu dire que tu t'occupais des dossiers des prisonniers d'Azkaban qui n'ont pas eu de procès ?
– Oui, mais j'ai mis Percy Weasley sur le coup. Je l'ai engagé, dit Amelia avec un sourire ravi.
Elle avait envoyé une lettre à Percy juste après que Rufus lui ait annoncé son repos forcé pour lui proposer un poste d'assistant.
Elle avait reçu une réponse positive et enjouée de Percy et s'en était réjouie. Elle avait craint que l'aura magique de Croupton ne lui fasse refuser cette proposition en or de gobelin. Mais Percy était assez intelligent pour voir une opportunité quand il y en avait une.
Elle lui avait laissé une semaine pour présenter sa démission et ranger ses dernières affaires avant d'intégrer le Département de la Justice Magique à ses côtés.
Amelia devait reconnaître que former quelqu'un et pouvoir se décharger sur une autre personne allait lui faire un bien fou. Elle ne savait pas pourquoi elle n'en avait pas eu l'idée avant. Elle savait que c'était injuste pour Croupton qui se retrouvait sans personne, alors qu'il était malade, mais il avait semblé presque soulagé quand elle lui en avait parlé tout à l'heure.
Peut-être qu'il se rendait lui-même compte qu'il avait des problèmes et que Percy avait besoin d'être encadré et non laissé tout seul à la tête d'un Département.
– Super, rit Rufus. Je te retrouve. Tu as vu Croupton ?
– Il n'était pas en grande forme, c'est ce que j'expliquais à Sirius, grimaça Amelia. Je pense qu'il va lui falloir quelqu'un d'autre pour s'occuper de ses affaires.
– Je vais en parler à Fudge, il lui enverra quelqu'un, promit Rufus. Maintenant essaie de ne plus y penser pendant quelques semaines.
– Promis, dit Amelia qui se rendait compte, qu'effectivement, elle n'avait plus envie de s'occuper de ces choses-là.
– On va commencer ? proposa Sirius en passant son bras autour des épaules d'Amelia. Rufus t'a dit qu'il avait cassé la figure de Crawley ?
– Quoi !? s'horrifia Amelia. Tu as frappé un membre de la Police Magique ?
– Incident diplomatique, renchérit Sirius en ricanant.
– Tu ne peux pas te taire ? siffla Rufus en fusillant Sirius du regard. Mais oui, il se peut que j'aie trébuché et que la tête de cet idiot se soit trouvée sur mon chemin.
Bill et Remus, assis sur le canapé, éclatèrent de rire, ce qui détendit légèrement l'atmosphère.
– Donc je vais reprendre le travail en pleine guerre "Aurors contre Police Magique" ? soupira Amelia. Merci du cadeau.
– Ne t'en fais pas, la situation est arrangée. Il se trouve que personne n'aime Crawley, même son chef était heureux de s'en débarrasser, ricana Rufus en frappant dans la main tendue de Sirius.
Amelia sourit néanmoins à son meilleur ami, heureuse de voir qu'il était là pour la protéger, quitte à mettre son poste en danger. Les relations entre les deux services n'étaient en effet pas toujours au beau fixe et elle était soulagée de savoir qu'elle pouvait compter sur Rufus, quoi qu'il lui arrive, même si cela signifiait déclencher une guerre entre les deux services.
– Merci d'avoir pris ma défense, chuchota-t-elle à Rufus quand elle passa devant pour aller voir les autres personnes présentes dans la pièce.
– Toujours, murmura Rufus en retour.
Ils se sourirent, avant qu'Amelia ne salue Bill et Remus (qu'elle avait vu le matin même à la Villa Bleue) d'un geste de la main.
– Tu vas bien Bill ? s'enquit-elle.
– On ne peut mieux, répondit Weasley en lui souriant.
Amelia hocha la tête en direction de Bathsheda Babbling qu'elle connaissait de nom uniquement. Elle avait rejoint leur petit groupe il n'y a que deux jours après avoir appris par Remus que Voldemort était en vie, mais Amelia avait parfaitement confiance en le choix de Remus de lui dire la vérité. Elle ne pouvait qu'être un atout, étant une experte en Runes et infiltrée directement à Poudlard où elle pouvait surveiller Susan, Harry et le directeur.
– Enchantée de vous rencontrer, Mrs Bones, dit Bathsheda en lui tendant la main.
– Appelez-moi Amelia, sourit-elle en lui serrant la main sachant que Bathsheda et elle n'avaient que quelques années d'écart. J'ai hâte que vous me racontiez tout sur ma nièce.
– Oh, vous savez, c'est une petite très polie et intelligente, je n'ai pas grand-chose à dire sur elle, sourit Bathsheda. Quoi qu'il lui arrive de discuter avec Mr Potter pendant mes cours. Ils sont souvent très agités tous les deux.
– C'est bien mon fils, rit Sirius avec fierté.
– J'espère que tu ne l'encourages pas à ne pas écouter en cours, fit Amelia en faisant des gros yeux à Sirius.
– Je n'oserai pas faire ça, souffla Sirius bien que son sourire en disait long.
La professeure de Runes se contenta de rire, comme si la situation l'amusait et Amelia se promit de lui parler un peu plus à la fin de la réunion pour en savoir plus sur Susan.
– Nous pourrions peut-être commencer, proposa Lucius Malefoy d'une voix traînante et presque ennuyée.
Amelia se tourna vers les deux derniers membres de l'Ordre des Maraudeurs qu'elle n'avait pas encore salué. Lucius Malefoy était debout près de l'une des fenêtres, comme s'il se préparait déjà à partir avant d'être arrêté par un Rufus qui lui jetait des coups d'œil mauvais.
Ce dernier n'avait toujours pas accepté que Lucius se soit sorti de la première guerre sans aucun dommage, alors qu'il avait avoué lors de la dernière session de l'Ordre des Maraudeurs qu'il était un Mangemort.
Amelia regarda enfin Narcissa Malefoy qui avait pris la peine de s'asseoir sur l'un des fauteuils et qui semblait régner sur la réunion, comme si la maison lui appartenait. Narcissa était belle et Amelia ne pouvait pas le nier, même si sa grimace de dégoût lui donnait un air revêche et dur.
– Allons-y, dit Amelia qui se contenta d'un hochement de tête à l'adresse des deux Malefoy, sentant l'ambiance assez lourde.
Sirius s'installa à côté d'elle dans l'un des canapés et observa chaque personne présente avec une plus grande gravité que d'ordinaire. Il savait que les réunions de l'Ordre du Maraudeur devaient être assez solennelles. L'avenir des sorciers en dépendait.
Ce n'était que leur deuxième réunion officielle, avec tout le monde, mais Amelia avait l'impression d'entendre parler de leurs plans depuis des années, sans que cela n'avance.
Pourtant, ça ne faisait qu'un an et demi que Sirius était sorti d'Azkaban et moins d'un an depuis qu'elle savait que Voldemort était de retour et qu'il avait créé des Horcruxes. Tout cela lui paraissait s'être passé il y a tant d'années...
– Bonjour à tous, comme vous le savez nous sommes aujourd'hui réunis pour notre deuxième réunion. Nous allons essentiellement parler des Horcruxes, mais j'en profite d'abord pour souhaiter la bienvenue à nos deux nouveaux membres... lança joyeusement Sirius.
– Ce n'est pas un club, Sirius, siffla Lucius Malefoy agacé.
– D'abord mon incroyable cousine, Narcissa Malefoy, enchaîna Sirius sans prêter la moindre attention à son cousin par alliance, qui va pouvoir nous aider à entrer dans Gringotts. Mais également Bathsheda Babbling, professeure de Runes à Poudlard et nouvelle directrice de la plus merveilleuse des Maisons de Poudlard : Gryffondor !
Bathsheda fit un petit signe de la main pour dire bonjour, alors que Narcissa osait faire un petit hochement de tête, qui semblait la répugner au plus haut point.
– Tu as dit que nous allions entrer à Gringotts, releva Rufus avec un ton sarcastique. Est-ce que je peux savoir comment tu comptes t'y prendre sans mourir dans d'atroces souffrances ?
– Je ne sais pas si tu mérites que je te raconte mon plan, s'amusa Sirius en mettant ses bras derrière la tête, comme s'il était parfaitement détendu et qu'il parlait du beau temps avec Rufus.
Ce dernier fusilla Sirius du regard alors que Remus pouffait dans son coin.
– Ce que Sirius ne dit pas, c'est que nous n'allons pas simplement cambrioler Gringotts, il y a un plan derrière, intervint Bill avec assurance.
– Même si je soutiens que mon plan de cambriolage et d'évasion à dos de dragon est le meilleur plan que nous ayons prévu, fit Sirius l'air vexé.
– C'est amusant, mais c'est pour cela que ce n'est que le plan E, au cas-où tout tourne mal, rappela Bill en fronçant les sourcils.
– Vous avez cinq plans différents ? siffla Amelia impressionnée par le travail qu'ils avaient fourni depuis quelques semaines.
– Plus ou moins, le plan A est celui qui est le mieux et que nous allons suivre, fit Bill en grimaçant. Mais le plan B n'est pas au point.
– On a encore du mal à voir comment sortir de Gringotts dans le B, expliqua Sirius avec humour.
– Et le plan C ? demanda Remus.
– Quelqu'un doit mourir, fit Sirius pensivement. Mais, à y réfléchir, c'est peut-être une bonne idée non ?
– Hors de question que quelqu'un meurt, dit Remus en levant les yeux au ciel.
– Sauf si c'est Malefoy bien sûr, remarqua Rufus en fusillant le blond du regard, qui le lui rendit bien.
– Et le plan D ? demanda Amelia.
– Il implique une guerre entre les sorciers et les gobelins et nous n'avons vraiment pas besoin de ça, soupira Bill. Donc le plan A reste la meilleure option.
– Donc, il n'y a qu'un seul plan, comprit Lucius l'air en colère. Et vous appelez ça une préparation ? Deux mois de travail pour ça ?
Personne ne se tourna vers lui pour lui répondre, mais Amelia était un peu d'accord avec lui. L'objectif était de s'introduire dans le coffre de Bellatrix Lestrange et d'y détruire un Horcruxe. Cela semblait léger de ne partir à l'assaut qu'avec un seul plan. Surtout qu'elle savait que Bill et Narcissa, qui prendraient part à ce plan, seraient seuls une fois entrés à Gringotts. Personne ne pourrait leur venir en aide si quelque chose tournait mal.
– Et que se passe-t-il si le plan ne marche pas ? demanda Bathsheda avec candeur.
Sirius et Bill se fixèrent, sans répondre.
Finalement, c'est Rufus qui osa lui dire :
– Soit ils se font torturer par les gobelins, soit ils meurent.
– C'est hors de question ! s'écria Lucius Malefoy en fusillant les personnes présentes du regard. Ma femme ne se mettra pas en danger pour des sornettes.
– Ta « femme » peut parler elle-même, intervint Narcissa d'une voix calme, mais tranchante.
La jolie Narcissa ne regarda même pas son mari et posa ses yeux gris acérés sur Bill Weasley.
– Expliquez-moi le plan, Weasley.
Lucius ouvrit la bouche, mais d'un simple mouvement de la main, Narcissa le fit taire, sous le regard visiblement impressionné de Rufus qui aurait voulu savoir en faire autant. Amelia pouffa dans sa tasse en voyant le regard rempli de fierté de Sirius.
– Je te l'avais dit qu'elle le menait par le bout de la baguette, lui glissa-t-il à l'oreille.
– Je n'y croyais pas avant de le voir, renchérit Amelia.
Bill, lui, se redressa et fixa Narcissa avec un sérieux qui sembla rassurer tout le monde. Sirius avait quelque chose de trop malicieux pour être sérieux sur ce genre de sujet.
– Comme vous le savez Mrs Malefoy, je suis Briseur de Sort à Gringotts. Je suis affecté aux coffres de certaines grandes familles et je serai bientôt le référent du coffre de votre sœur.
– Et pourquoi cela, Weasley ? fit Lucius avec mauvaise foi.
– Parce que Bill est le meilleur, siffla Sirius en retour. Assieds-toi donc et arrête de l'embêter.
– Le plan est que vous demandiez à ouvrir le coffre de votre sœur, comme vous êtes sa tutrice magique, pour y récupérer un objet précieux, continua Bill sans se montrer perturbé par l'interruption.
– Évidemment, comme le coffre de ma sœur est rempli de sortilèges, il faudra un Briseur de Sort pour me l'ouvrir, compléta Narcissa qui venait de comprendre l'utilité de Bill.
– Exact ! fit Bill en hochant la tête. Je pense que les gobelins me feront descendre d'abord pour enlever les principaux sortilèges, mais il faudra que vous soyez accompagnée d'un Briseur de Sort au sein du coffre.
– Et pourquoi pas accompagnée par un gobelin ? demanda Remus.
– Ils ne se mouillent pas, rit Bill. Ils préfèrent nous envoyer, nous, au front plutôt qu'eux. Surtout que les sortilèges sont assez puissants que, malheureusement pour eux, ils auraient du mal à les enlever sans baguette. C'est pour cela qu'ils ont besoin de nous.
– Et une fois entrés dans le coffre, que ferons-nous ? demanda Narcissa qui semblait prendre mentalement des notes.
– Il faut d'abord trouver les objets que vous serez venue chercher, ensuite trouver l'Horcruxe et, enfin, le détruire, dit Bill d'un ton souple. Facile, non ?
– Il me semble que vous avez oublié une étape, opposa Narcissa sans le quitter des yeux.
– Euh, non, je ne crois pas, répondit Bill un peu surpris du manque de réaction de Narcissa alors que le plan était tout sauf « simple ».
– Sortir de Gringotts, enchaîna Narcissa.
Amelia vit ses lèvres frémir et elle se demanda si Narcissa ne venait pas à l'instant de faire une blague. Peut-être était-elle plus humaine qu'elle ne l'avait pensé.
– Si nous détruisons l'Horcruxe en silence, il n'y aura aucune raison de ne pas arriver à sortir, releva Bill.
– Mhm. Parlons-en, comment allons-nous détruire l'Horcruxe ? demanda Narcissa.
– Comment il va le détruire, plutôt, marmonna Lucius qui semblait choqué à l'idée que sa femme puisse s'approcher d'un objet de magie noire.
– La famille Black fournit gratuitement un crochet de Basilic, annonça Sirius en désignant une petite boîte qui détenait les crochets récupérés dans la Chambre des Secrets pendant les grandes vacances.
– On ne sait pas à quoi ressemble l'Horcruxe, remarqua Narcissa l'air pensif.
– Non, répondit Bill.
– C'est un objet de magie noire qui renferme un morceau d'âme du Seigneur Ténèbres, il va tenter de se défendre, enchaîna Narcissa qui semblait ne pas être préoccupée par l'ampleur de la tâche.
– Oui, on ne sait simplement pas comment, admit Bill. Mais pour ça j'ai contacté un ami de Sirius, Stefan Negrescu, il m'a donné quelques pistes sur un cercle de Runes à mettre en place, mais je suppose que le professeur Babbling pourra nous aider ?
– En effet, répondit Bathsheda en rougissant de voir les regards se poser sur elle. Remus m'a parlé de votre plan et j'ai déjà commencé à y réfléchir. Nous pourrons en discuter dès que possible, ce sont des détails techniques et je sais que Mr Weasley est parfaitement capable de les tracer.
– J'ai eu la meilleure professeure de Poudlard, répondit Bill en souriant largement.
– Bathsheda sait parfaitement créer des Runes, elle pourra vous aider, confirma Remus avec assurance.
Amelia vit immédiatement les joues de Bathsheda s'empourprer et elle échangea un regard amusé avec Sirius.
Se pourrait-il que Remus et Bathsheda soient intéressés l'un par l'autre ?
Son intuition fut renforcée par le fait que Remus détourna le regard, comme s'il venait de comprendre ce qu'il venait de dire, et rosit comme s'il en était gêné, alors que Babbling semblait au comble du bonheur.
– Il reste encore beaucoup de détails à régler, si je comprends bien, dit finalement Narcissa en pinçant les lèvres.
– Oui. Il faudra encore des jours pour mettre le plan au point, reconnut Bill. Mais avec vous et Mrs Babbling je pense que nous pourrons avancer rapidement.
– J'ai une question qui pourrait paraître stupide, mais pourquoi ne pas simplement demander aux gobelins ? souffla Rufus qui semblait désabusé. Tout ce plan me paraît assez dangereux comparé à ses avantages.
– Je me pose la même question, indiqua Lucius alors que les deux sorciers s'évertuaient à ne pas se regarder pour éviter toute guerre inutile.
– Les relations entre les sorciers et les gobelins sont toujours tendues, rappela Bill. Les gobelins ne feront confiance à aucun de nous. Si nous souhaitions négocier avec eux pour récupérer l'objet, cela prendrait sans doute des mois. Même si nous pouvions leur donner quelque chose en échange, il n'y a aucune certitude de succès. Et aucune autre chance d'enclencher un autre plan, puisqu'ils nous verraient venir à des miles et qu'ils risqueraient de bloquer l'accès au coffre de Lestrange en raison d'une menace extérieure.
– Et nous n'avons malheureusement pas des mois, soupira Sirius, Voldemort va bientôt revenir, c'est une certitude.
– Le fait qu'il ait réussi à mettre le nom de Harry dans la Coupe de Feu démontre qu'il est prêt à revenir, confirma Rufus l'air grave.
– Où en est l'enquête de Fol Œil ? demanda Lucius d'un ton plus doux ce qui paraissait étonnant, même si Amelia savait que Harry s'était fait une place dans la famille Malefoy.
– Je n'ai pas encore eu de nouvelles, admit Rufus, mais nous continuons nos recherches. Je suppose que Maugrey commence ses interrogatoires.
– Je n'aimerai pas être à leur place, marmonna Sirius à côté d'Amelia.
Lucius non plus si on en croyait son frisson de dégoût.
– Ne vous inquiétez pas Malefoy, le Mangemort responsable sera arrêté, dit Rufus d'une voix menaçante comme s'il l'accusait personnellement d'être responsable.
– Rufus, siffla Amelia qui sentait que Malefoy était à deux doigts de sortir sa baguette par réflexe. Ce n'est pas le moment.
– Descendre dans ce coffre est notre seule option, je le crains, soupira Bill qui voulait recentrer le débat sur les Horcruxes.
– Cela nous ferait une première victoire, renchérit Sirius.
– Si ma femme ne meurt pas, bien évidemment, ajouta Lucius avec ironie.
– Tout ira bien, assura Narcissa en se tournant vers son mari pour lui jeter un coup d'œil rassurant.
Cela ne tranquillisa pas Lucius, mais il ne dit plus un mot et hocha simplement la tête. Amelia se doutait que cela devait être difficile pour un homme tel que Lucius de laisser sa femme seule dans un coffre où elle risquait de mourir. Lui qui avait toujours tout fait pour la mettre à l'écart et la protéger, voilà qu'elle était au premier plan du plan destiné à vaincre Voldemort. Au premier plan pour détruire une partie de l'âme de Voldemort.
– Et les autres Horcruxes alors ? Si j'ai bien compris, avec celui du coffre, il nous en reste trois à découvrir, remarqua Bathsheda.
– Nous sommes sur la piste d'un nouvel Horcruxe, expliqua Rufus. Remus et Amelia ont effectué des recherches depuis des mois sur le passé de Tom Jedusor et nous essayons de localiser la maison de son grand-père qui pourrait en contenir un. Cependant, cela devra attendre quelques semaines.
– Il te faudra une équipe pour y aller, remarque Sirius. Je peux en être ?
– Tu es un Auror assermenté ? demanda Rufus avec acidité.
– Bill et Narcissa n'en sont pas ! opposa Sirius.
– Oui, mais ce sont les seuls qui peuvent entrer à Gringotts, remarqua Rufus en plissant les yeux. Je veux que des Aurors s'occupent de ça, c'est notre travail.
– Je croyais que personne d'autre ne devait savoir que les Horcruxes existaient ? remarqua Amelia en fronçant les yeux.
– C'est encore un sujet de désaccord, reconnut Rufus en jetant un regard en coin à Sirius. Mais je reste sur ma position : seules des personnes entraînées devraient détruire des Horcruxes.
– Nous en discuterons quand tu auras une piste alors, parce que pour le moment tu n'as aucun Horcruxe à détruire, ironisa Sirius.
– Tu es impossible, marmonna Rufus agacé. Déjà nous avons le collier de ton frère. Mais surtout, tu sais que prévenir les Aurors est la seule chose sensée à faire. Nous ne sommes pas beaucoup d'Aurors, il suffirait juste de leur faire prêter Serment pour que personne ne soit au courant.
– On peut s'en sortir seuls, affirma Sirius qui semblait vexé du manque de confiance de Rufus.
– Bien sûr que l'on pourrait, mais est-ce que tu le veux vraiment ? soupira Rufus. Laisse faire les professionnels et occupes-toi de ta vie. Tu sais que c'est risqué en plus, tu voudrais laisser Harry seul sans père ?
Cela eut le mérite de faire réfléchir Sirius qui soupira et leva les mains au ciel.
– Il n'a pas tort, intervint Narcissa en regardant son cousin. Tu dois t'occuper de Harry, Sirius.
Rufus leva triomphalement son verre en direction de Narcissa, faisant grincer les dents de Lucius Malefoy.
Amelia, elle, devait admettre qu'elle serait rassurée de savoir les autorités compétentes saisies du problème de Voldemort. Tout prévoir était difficile et elle savait que, même si Sirius était un grand sorcier, il n'était pas de taille à faire face à toute cette magie noire. Il avait déjà trop vécu de choses pour avoir à s'occuper de cela en plus.
– Et puis tu as mérité de te reposer maintenant, confirma Remus qui tentait d'apaiser les choses.
Sirius ne semblait pas d'accord avec l'idée, mais voyant que tout le monde était contre lui, se referma.
– Nous en discuterons plus tard, souffla Sirius d'un ton qui signifiait que la conversation était loin d'être close.
– Donc un Horcruxe à Gringotts, l'autre dans la maison de famille de Tom, mais où sont les deux autres ? demanda Bill qui cherchait à changer le sujet de conversation en sentant l'atmosphère tendue.
– Seul Voldemort le sait, marmonna Sirius.
– Harry pense qu'un des Horcruxes est caché à Poudlard, remarqua Remus en se tournant vers Bathsheda. Tu n'aurais pas une idée ?
– À Poudlard ? s'horrifia la professeure de Runes. Mais où ?
– On ne sait pas. Je doute que ça soit possible personnellement, mais Voldemort peut-être assez fou pour l'avoir fait, intervint Sirius en haussant les épaules.
– Je pourrais essayer de chercher, mais qu'est-ce qu'on cherche exactement ? demanda-t-elle en se mordant la lèvre inférieure.
– C'est le problème, soupira Amelia, on ne sait pas vraiment ce qu'on cherche à l'exception d'un objet plus précieux, assez petit... Caché...
– J'ose espérer que l'Horcruxe n'est pas à Poudlard, avec le nombre de pièces il serait presque impossible de le trouver, soupira Bathsheda.
– Nous allons le trouver, promit Sirius, mais chaque chose en son temps. D'abord Gringotts, ensuite nous verrons après.
– Ce sont de trop sages paroles pour toi, Sirius, observa Narcissa.
– J'essaie de l'être, répondit Sirius en lui glissant un petit clin d'œil amusé.
Amelia pouffa en voyant les deux cousins aussi proches et comprenant enfin ce que Sirius avait voulu dire quand il parlait avec adoration de Narcissa. Elle était certaine à présent que la blonde jouait un rôle et que, lorsqu'elle laissait tomber son masque, elle était bien la grande sorcière malicieuse dont lui parlait Sirius.
– Quand voulez-vous que nous parlions de notre plan ? demanda Narcissa en regardant Bill.
– Nous pouvons dire la semaine prochaine ? Je vais tenter d'être affecté au coffre de votre sœur le plus rapidement possible et nous pourrons discuter de tous les détails par la suite. Cela vous convient à toutes les deux ? demanda-t-il en se tournant vers les deux femmes qui seraient les premières exécutrices du plan.
– Cela me semble parfait, affirma Bathsheda avec un sourire alors que Narcissa hochait la tête.
– Sur ces conversations déplaisantes, nous allons pouvoir passer à table ? proposa Sirius en se levant.
– Nous sommes attendus à la Maison des Lys, dit Narcissa en se levant, suivie de près par Lucius. Merci pour l'invitation mon cher cousin. Nous nous contactons rapidement, Mr Weasley.
Narcissa étreignit rapidement Sirius à la surprise générale et les Malefoy partirent aussi vite que s'ils avaient transplané sur place.
– Charmants personnages, ironisa Rufus.
– Elle est vraiment différente de ce que j'imaginais, confirma Amelia en se tournant vers Sirius.
– Je te l'avais bien dit. Tout le monde mange ici ?
– Avec plaisir, fit Bill en s'étirant. Nous allons avoir beaucoup de travail.
Remus et Bathsheda étaient restés dans un coin du salon et discutaient avec animation, ce qui fit sourire Amelia.
– Tu peux rester ici pour travailler, assura Sirius en désignant le Square Grimmaurd. Ce n'est pas aussi agréable que Le Terrier, mais il y a un elfe qui peut répondre à tous tes désirs.
– C'est gentil, je vais sans doute me laisser tenter, rit Bill. Même s'il y a moins de monde chez mes parents depuis que les petits sont repartis à Poudlard.
– Percy t'a dit qu'il allait travailler avec Amelia ? demanda Sirius.
– Non, il m'a caché cette information, siffla Bill les yeux écarquillés.
– Sans doute parce que c'est une information secrète ? fit Amelia en faisant les gros yeux à Sirius.
– Oh, j'ai dû oublier cette petite chose, dit Sirius avant de se diriger vers Rufus pour discuter avec lui, sans doute de leur dispute.
– Perce est un bon employé, très dévoué, fit Bill à Amelia.
– Je le sais bien, confirma Amelia. Il a simplement besoin de la bonne personne pour le guider.
– Ça va lui faire du bien de travailler pour une autre personne que Croupton, une personne qui connaît son nom au moins, ricana Bill.
– Vous n'avez pas idée, confirma Amelia qui était heureuse que le frère de Percy lui fasse des compliments à son sujet. J'espère qu'il trouvera sa place au sein du Département de la Justice Magique.
– Je pense qu'il n'attendait que cette opportunité. Je sais qu'il est un grand fervent de la justice.
– Il a été très chamboulé par Azkaban, je le crains, murmura Amelia qui frissonnait encore de sa dernière visite.
– Qui ne le serait pas ? fit Bill en haussant les épaules.
– Ne parlons pas de travail s'il vous plaît, dit Rufus qui venait d'apparaître de nouveau aux côtés d'Amelia et qui avait dû sentir son moral au plus bas.
– Allons manger. Remus ! Si tu pouvais arrêter de draguer, on pourrait aller déguster un merveilleux plat, ajouta Sirius avec malice.
Amelia pouffa en voyant Bathsheda rougir et Remus fusiller son meilleur ami du regard.
– Il y a des choses qui ne changent pas, murmura Sirius en faisant un clin d'œil à Amelia avant de l'entraîner dans la salle à manger.
– Tu es impossible, souffla Amelia en riant.
– Unique, opposa Sirius.
– Agaçant, corrigea Rufus alors que Sirius lui tirait la langue.
– Pas d'Ordre des Maraudeurs à table, annonça immédiatement Amelia quand tout le monde fut installé autour de la table.
– Parfait, parlons plutôt de nos enfants, dit Sirius en posant sa tête entre ses mains en coupe pour fixer Bathsheda. Nous voulons tout savoir sur eux, Sheddy.
Amelia ne fut même pas surprise que Sirius appelle la professeure par son surnom, mais elle se garda de tout commentaire, la fixant à son tour pour en savoir plus sur sa nièce et son filleul.
– Ils vont très bien, assura Sheddy en voyant les regards se poser sur elle. Ils ont de bonnes notes. Je vois qu'ils travaillent dur.
– Et le match ? demanda Bill les yeux brillants.
– Quel match ? fit Sheddy alors que Remus riait à ses côtés.
– Elle n'aime pas le Quidditch, expliqua Remus.
– Mais moi je peux te dire que Ron a eu un peu de mal, mais qu'il s'est bien débrouillé pour un premier match. Ginny a attrapé le Vif d'or.
– Fantastique ! fit Bill les yeux écarquillés. Ron va s'améliorer, c'est sûr.
– Le premier match est toujours dur, confirma Amelia. Et Susan ?
– Elle a de bonnes notes en Runes, mais je suppose que l'aide de Mr Potter n'y est pas pour rien, s'amusa Sheddy.
– Ils sont toujours collés l'un à l'autre ces deux-là, s'amusa Amelia.
– Ils travaillent avec d'autres élèves maintenant, expliqua Sheddy en souriant. Je crois que Harry est assez proche de Mr Malefoy.
– C'est son cousin, après tout, dit Sirius qui semblait au comble de la joie de les savoir proches. Et comment va Harry, sincèrement ?
– Il tient le coup. Tout le monde le croit et il fait partie de l'équipe de Poudlard, j'ai l'impression que ça le rassure et lui change les idées. Mais il travaille un peu trop je pense, admit Sheddy en haussant les épaules.
– Mais tu l'as à l'œil, confirma Remus en souriant.
– Bien sûr. Ne vous inquiétez pas pour eux. Après tout, ils ont leurs problèmes d'adolescents et ils n'ont pas à s'occuper des Horcruxes, c'est une bonne chose, non ? fit Sheddy avec espoir.
– Je suppose, admit Sirius d'un air plus las. J'aimerai juste que celui qui a mis le nom de Harry dans la Coupe soit retrouvé.
– Maugrey est sur le coup, confirma Rufus en lui tapant le dos. Ne t'en fais pas pour Harry, c'est un grand garçon.
Sirius leur fit un petit sourire, mais Amelia sentait que lui aussi avait du mal à savoir son fils loin de lui à Poudlard, surtout après tous les événements qui venaient de se dérouler.
– Parlons d'autre chose, proposa Rufus en voyant que l'ambiance était devenue plus sombre. Nous allons tous bien et nous avançons pour détruire Vous-Savez-Qui. Tout va bien.
– Tu as bien raison, confirma Sirius avec un grand sourire. Profitons plutôt du repas !
Amelia sourit en voyant Kreattur leur apporter les plats. Elle se sentait encore mal de sa dernière visite à Azkaban et chez Barty, mais elle savait que les personnes autour de cette table étaient là pour l'aider.
Sirius la servit avec un grand sourire alors que Rufus lui parlait des dernières avancées de la loi Maxwell. Il détestait cette loi, mais il cherchait visiblement à lui remonter le moral et à lui montrer que ses actions avaient aidé des personnes. Et c'était tout ce qu'elle voulait : aider les autres.
Même si elle savait qu'elle aurait besoin de temps pour se remettre de ses dernières déconvenues, elle savait qu'elle allait y arriver. Elle était une Bones et, si elle n'avait pas été envoyée à Gryffondor, elle ne manquait pas de courage pour affronter son passé ou son futur.
– Mange ça, ça va te faire du bien, dit Sirius en lui tendant une assiette remplie d'une part énorme de pudding au chocolat, son préféré.
Elle allait bien, grâce à sa nouvelle famille et à ses amis qui l'aidaient, quoi qu'elle fasse. Et cela faisait du bien d'avoir des gens sur qui compter.
.
Percy Weasley apparut dans un tournoiement de flammes vertes dans le cabinet d'avocat Alan Maxwell.
– Bonjour et bienvenue chez Maître Maxwell, fit une voix féminine.
Percy épousseta sa cape des derniers morceaux de suie qui avaient pu s'y glisser et se tourna vers le seul bureau de la pièce, derrière lequel se trouvait une jeune femme aux cheveux châtains qui lui semblait étrangement familière.
– Je suis Percy Weasley, du Département de la Justice Magique, je viens m'entretenir avec Maître Maxwell.
Prononcer ces mots lui fit un drôle d'effet ; la promotion qu'il venait d'avoir par Mrs Bones ne lui semblait pas justifiée, mais elle était inespérée.
Le Département de la Justice Magique était l'un de ceux qu'il briguait depuis son entrée au Ministère et travailler aux côtés d'Amelia Bones était un véritable honneur et une opportunité qu'il n'avait pas pu refuser.
– Vous n'étiez pas au Département de la Coopération Magique ? demanda la jeune femme en fronçant les sourcils.
Depuis des mois, Percy était en effet l'assistant personnel de Barty Croupton et il ne voyait que par lui.
D'un homme qui avait mis en danger des élèves, d'un homme qui avait emprisonné des sorciers sans procès et surtout d'un homme qui ne connaissait pas son prénom.
Percy avait eu du mal à comprendre à quel point cet homme avait failli à tous ses devoirs.
Ce n'était que lorsqu'Amelia Bones était venue lui hurler dessus qu'il en avait pris conscience. Cela lui avait fait l'effet d'un hurlement du Spectre de la Mort et l'avait sorti de sa torpeur. Lui, trop englué dans ses ambitions, dans le fait d'avoir un poste au sein du Ministère, qu'il en avait oublié ses propres valeurs...
La justice, le respect, la Magie.
Tout ce que Croupton ne lui avait jamais appris ou donné.
– J'ai changé de Département, éluda Percy qui n'oserait jamais dire du mal de son ancien patron.
Il ne pouvait pas lui dire ce qu'il s'était passé à Azkaban. Il ne pouvait pas lui dire à quel point ce moment avait été terrible.
D'abord parce qu'il avait été confronté à l'horreur de cette prison. Il se souvenait avoir visité les cellules, être tombé sur la cellule de Sirius Black qu'il avait vu pendant les grandes vacances, se demandant comment Croupton avait pu envoyer un sorcier là-bas, sans procès. Même s'il s'agissait d'un Mangemort, jamais personne n'aurait dû être traité ainsi.
Cela ne correspondait pas aux valeurs qu'on lui avait toujours inculquées et, même s'il était attaché à son Ministère, certaines choses ne paraissaient pas normales.
Il s'en était surtout rendu compte parce que l'expérience avait été traumatisante pour Amelia et lui. Il avait clairement vu Crawley disparaître un court instant et Amelia s'effondrer.
Heureusement, il avait pu produire son Patronus belette et avait pu faire sortir Amelia Bones de la cellule de Sirius Black. Crawley était arrivé par la suite se répandant en excuses, mais Percy était certain qu'il l'avait fait exprès. Amelia n'avait pas réussi à s'en remettre et Percy avait dû la garder contre lui sur tout le trajet du retour.
Tout cela l'avait retourné, alors quand Amelia Bones lui avait envoyé une lettre pour lui proposer un poste, il avait tout de suite accepté, sans aucune hésitation. Elle n'avait pas encore donné tous les détails du poste, mais il savait qu'il serait affecté au dossier « Azkaban » ce qui le mettait en joie.
– Je suis chargé de m'occuper du dossier des trois prisonniers envoyés à Azkaban sans procès, expliqua Percy pompeusement. Et vous êtes ?
– Amy Goldberg, répondit la jeune fille avec un sourire amusé aux lèvres face à son ton pompeux. J'étais à Serdaigle. Je suis la collaboratrice de Maître Maxwell.
Percy hocha la tête, se souvenant à présent de la jeune femme. Ils avaient quelques années d'écart, mais elle avait surtout beaucoup changé. Il se souvenait d'une fille assez réservée, alors que la Amy face à lui avait l'air plus confiante, ses yeux pétillants avec malice.
– Enchanté, dit Percy en s'approchant de son bureau avec une hésitation. Est-ce que Maître Maxwell est là ?
– Je crains que non, s'amusa Amy. La première chose à faire quand on vient voir un avocat, c'est de prendre un rendez-vous.
– C'est fâcheux, souffla Percy qui se sentait bête de ne pas avoir passé un coup de cheminette avant.
– Vous aviez besoin de lui parler des procès à venir ?
– En effet. J'aimerai échanger avec lui sur le dossier.
– C'est une pratique courante ? s'étonna Amy.
– Pas vraiment, mais ce n'est pas une affaire comme les autres.
– C'est certain, fit Amy, ses yeux se mettant à flamboyer. Ces hommes ont été envoyés à Azkaban sans procès, c'est un véritable scandale !
Le cœur de Percy se mit à battre plus fort en voyant cette jeune femme lui crier dessus pour quelque chose qu'il n'avait pas fait. Cela commençait à devenir un peu trop courant à son goût.
– J'essaie de les aider, justement, rappela Percy alors qu'Amy se mettait à rougir en comprenant qu'elle s'était emportée.
– Je dirai à Maître Maxwell que vous êtes passé, proposa Amy d'un ton plus doux.
Percy hocha la tête pour la remercier.
– Puis-je vous demander ce que vous allez faire au sujet des prisonniers, s'ils sont considérés comme non coupables ? demanda soudain Amy alors que Percy s'apprêtait à prendre congé.
Percy n'osa pas lui dire qu'il y avait peu de chances qu'ils sortent d'Azkaban. Même si l'absence de procès leur était préjudiciable, les trois prisonniers étaient des Mangemorts notoires qui risquaient la prison à vie. Ils ne reverraient sans doute jamais la lumière du jour.
– Qu'est-ce que vous voulez dire ? s'enquit Percy.
– S'ils sortent, est-ce qu'ils auront un accompagnement ? En réalité, cette question pourrait se poser pour tous ceux envoyés à Azkaban. Il y a des Mangemorts, d'accord, mais il y a aussi des personnes qui y sont envoyées pour un court moment. Des voleurs, des petits délinquants, des personnes qui ont fait de la magie noire, mais qui sortent de prison. Et après Azkaban qu'est-ce qu'il y a ? Rien. Pas d'accompagnement, pas de suivi.
Percy fixa Amy bouche-bée en entendant ce qu'elle lui disait. Il comprenait, bien évidemment, puisque Sirius Black, s'il n'avait pas pris en main sa sortie, n'aurait en effet eu aucun accompagnement.
– Vous voyez, Mr Weasley, j'ai effectué des recherches après avoir rencontré Sirius Black, continua Amy en se levant. Je voulais savoir quelles étaient les possibilités de réintégration à la sortie et les comparer au monde moldu. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien et qu'un séjour à Azkaban, aussi court soit-il, signifiait soit une réitération d'infraction, soit une mort certaine. Les gens qui sont envoyés là-bas finissent fous et, très souvent, ils se suicident, vous le saviez ?
– Je peux m'en douter, admit Percy qui se souvenait bien de l'effet que lui avait fait la prison pendant quelques heures seulement.
Il n'osait imaginer y vivre pendant des années... Seul Sirius Black, animagus, avait pu s'en sortir sans trop de dommages.
– Il faudrait un accompagnement médical, il faudrait surtout leur permettre de retrouver un travail, une vie.
– Et qu'est-ce que vous préconisez ? s'enquit Percy qui se sentait de plus en plus attiré par les idées rafraîchissantes d'Amy.
– Vous n'avez pas lu le rapport du Ministre de la Magie Diggory qui, il y a déjà quelques années, préconisait de supprimer les Détraqueurs ? Mais surtout il faudrait quelqu'un pour aider ces gens ! s'écria Amy sur le ton de l'évidence. Quelqu'un qui ne les prennent pas uniquement pour des criminels et qui cherche vraiment à les réinsérer dans notre société.
– Ce sont des idées très intéressantes, confirma Percy. Mais supprimer les Détraqueurs ? Vous imaginez l'opinion publique ? Alors que la loi de Maître Maxwell a déjà tant de mal à être acceptée ?
– On ne peut pas prendre cette décision si on n'a pas un tant soit peu de courage, Mr Weasley, dit Amy en relevant la tête et en le défiant presque du regard.
Percy en resta bouche-bée, alors qu'Amy rougissait et baissait brusquement la tête.
– Pardon, Mr Weasley. Mes mots ont légèrement dépassé ma pensée.
– Non, ne vous excusez pas, dit soudain Percy qui venait de se rendre compte que les paroles d'Amy résonnaient en lui. Vous avez raison, cette prison est un vrai cauchemar.
Il soupira en se souvenant de l'air hanté d'Amelia Bones, qui avait sans doute revu ses pires souvenirs. Lui-même ne s'était pas senti spécialement à l'aise à la prison, malgré le fait que son Patronus le protégeait.
Amy releva la tête, presque surprise de l'entendre dire qu'elle avait raison.
– Peut-être que nous pourrions en parler autour d'un verre ? proposa soudain Amy.
Percy rougit jusqu'à la racine des cheveux, à la mode Weasley, alors qu'il balbutiait :
– Euh... oui... b-bien sûr... Avec p-plaisir...
Amy lui lança un sourire charmeur et hocha la tête d'un air satisfait. Percy ne savait pas réellement s'il s'agissait d'un rendez-vous ou non, mais il était prêt à écouter Amy parler de la prison d'Azkaban avec cette passion pendant un très long moment. Peut-être qu'il allait se trouver une place dans le Département de la Justice Magique avec cela.
.
– C'est moi où Potter est bizarre ce matin ? demanda Miles Bletchley lors de leur entraînement matinal du mardi matin.
Draco fronça les sourcils et releva la tête pour voir Harry tourner tout autour du terrain de Quidditch, sans voir le Vif d'or près des buts adverses. Il passa une fois devant sans le voir, puis une deuxième.
Si Harry ne voyait pas le Vif d'or à chaque fois, c'était assez étonnant pour le souligner. Harry avait le Don pour voir le Vif dès qu'il apparaissait sur le terrain. Le fait qu'il passe plusieurs fois devant lui sans le voir semblait être une blague qu'il leur faisait.
– Il est peut-être fatigué avec tout ce qu'il lui est arrivé, dit Draco en haussant les épaules.
– Je vais arrêter l'entraînement pour aujourd'hui, tout le monde en a marre, constata Miles en sifflant pour interrompre les joueurs et les faire tous atterrir. À la douche tout le monde ! Et toi, surveille Potter, ajouta-t-il en direction de Draco sans que personne ne puisse les entendre.
Draco hocha la tête, bien que Miles n'ait pas besoin de le lui dire pour qu'il s'exécute. Depuis que le nom de Potter était sorti de la Coupe de Feu, Draco veillait sur Harry.
Il s'inquiétait un peu pour lui. Il l'avait vu devenir un peu plus sombre ces derniers jours. Il avait mis cela sur le compte des événements récents, mais il est vrai que ses étourdissements étaient un peu plus nombreux, comme s'il n'était pas vraiment dedans, comme s'il était parfois confus par certaines conversations ou situations.
Ce qui l'inquiétait le plus était le fait que Harry soit la cible de plusieurs blagues depuis quelques jours, ce qui lui minait le moral. La semaine dernière, c'étaient ses cheveux qui étaient devenus bleus, une autre fois, son assiette s'était entièrement déversée sur lui et, hier, c'était sa cape d'entraînement qui avait été dissimulée et peinturlurée de rose.
Harry pensait que c'était parce que son nom était sorti de la Coupe et que certains élèves lui en voulaient, mais Draco commençait à se dire qu'il y avait autre chose. Et qu'un certain Capitaine était derrière tout ça...
– Tu te sens bien Potter ? demanda Draco en s'approchant de son ami.
– Pff, je ne suis pas en forme aujourd'hui, marmonna Harry en atterrissant aux côtés de Draco.
– Tu as peut-être mangé un truc qui n'est pas passé.
– J'ai surtout besoin de repos, soupira Harry en se frottant les yeux. Je suis épuisé avec tous ces entraînements, les cours et les créations.
– Tu travailles toujours sur ton invention secrète avec Granger ? demanda Draco qui en avait entendu vaguement parler.
– On a arrêté, on reprendra sans doute après les vacances de noël, expliqua Harry en soupirant. Il y avait trop de choses à faire et je voulais continuer mes devoirs supplémentaires en Runes.
– Mais bien sûr, les devoirs supplémentaires. J'avais oublié un instant que tu cherchais la fatigue, Potter, grimaça Draco.
Il ne savait pas comment Harry parvenait à survivre avec tout ce qu'il avait à faire. Il avait toujours plein de projets et d'entraînements et Draco avait la sensation qu'il faisait ça uniquement pour ne pas penser au reste.
Pour ne pas penser à Voldemort, aux menaces, à la mort qui n'était pas loin. C'était une tentative d'évitement qui ne marchait pas vraiment et qui inquiétait Draco.
Depuis qu'il le connaissait, il avait compris que derrière Harry Potter se cachait quelqu'un qui cherchait à protéger tout le monde autour de lui... Tout le monde, sauf lui-même.
Quitte à se mettre en danger ou à se fatiguer inutilement pour ne plus penser, parce que ce que le dragon qu'il avait à porter était trop lourd pour ses épaules. Et cela inquiétait Draco, parce que Harry semblait être au bord du gouffre depuis quelques jours, et vraiment à côté.
– Comment ça se passe à Serpentard ? demanda Harry.
Draco leva les yeux au ciel devant cette piètre tentative de changer de sujet. Harry savait, par Blaise, que les relations étaient tendues dans la maison, mais il n'avait aucune idée d'à quel point la situation était critique.
– Je gère. Ne t'inquiète pas pour moi.
– Je ne m'inquiète pas, assura Harry.
– Il faut qu'on en parle, dit soudain Draco alors que le terrain de Quidditch se vidait.
Il ne pouvait pas laisser Harry faire semblant d'aller bien et partir en cours alors qu'il semblait si mal. Draco pouvait presque sentir sa Magie l'électriser, alors que Harry était censé la maîtriser. Il faisait pourtant sa méditation habituelle (George l'avait confirmé au détour d'une conversation), ce qui signifiait que ses problèmes étaient trop durs à supporter.
– J'ai cours de Runes, Draco, indiqua Harry en regardant sa montre.
– Babbling t'adore, elle attendra.
– Pas pour du Quidditch, opposa Harry en riant de voir Draco essayer de le retenir. Tu veux qu'on parle de quoi ?
– Du fait que cet idiot d'Andrew est en train de te ridiculiser !
– Tu parles d'André, je suppose ? rectifia Harry en haussant un sourcil.
– Rien que d'entendre son nom j'ai l'Avada qui me démange, marmonna Draco. Oui je parle de cet imbécile ! Tu ne vois pas que c'est lui qui est responsable de toutes les blagues ?
– Draco tu devrais faire plus confiance aux gens, soupira Harry.
Draco grimaça parce qu'il savait que c'était un sujet de dispute entre Harry et lui depuis que ce Veracrasse de français avait commencé à faire ami-ami avec lui. Mais Draco avait bien noté que, depuis ce moment, tout était parti en vrille et que Harry était la cible de blagues.
Il avait déjà demandé à Serpentard et personne n'en était l'instigateur (du moins, personne ne s'était dénoncé et, malgré les tensions, il restait une figure importante de la maison), il ne voyait pas non plus les Poufsouffle faire de telles choses.
Cela ne pouvait signifier qu'une chose : quelqu'un d'extérieur à Poudlard était en train de jouer une mauvaise blague à Harry.
– Je fais confiance à un Gryffondor c'est bien suffisant, répliqua Draco en le désignant d'un geste de la main. Écoute, fais attention, tu sembles distrait depuis hier et je me demande si ce n'est pas à cause de cet Andrew.
Il savait que, hier, Harry et le capitaine avaient discuté. Peut-être que ce dernier en avait profité pour lui jeter un mauvais sort ou quelque chose qui faisait que Harry était distrait. Plus il y pensait, plus l'idée lui paraissait plausible.
– Mais pourquoi ? demanda Harry sans le reprendre sur le nom.
– Parce qu'il veut que tu sois éliminé de la Coupe bien sûr ! s'écria Draco en le regardant comme s'il était fou. Il sait que, sans toi, on n'a aucune chance de gagner. Il veut juste que tu disparaisses.
– Tu es légèrement dramatique, Draco, le seul qui veut m'éliminer c'est Voldemort et je ne pense pas qu'il ait demandé à un Français de s'en charger, opposa Harry avec un sourire en coin qui ressemblait tant à Sirius que Draco en resta pantois. Je dois vraiment y aller, on en reparle plus tard.
Draco se tourna vers Harry qui partait du terrain en soupirant.
Fichu Gryffondor avec ses principes et son sens de l'honneur. Draco avait envie de le secouer comme un prunellier, mais Harry était déjà parti vers son cours et il n'allait pas lui courir après pour quelque chose qui n'en valait pas le coup.
– Je vais le tuer, marmonna Draco en le suivant pour aller dans sa Salle Commune. Qu'il ne vienne pas se plaindre si j'ai raison ! lança-t-il en shootant dans un caillou, vexé que son « cousin » ne le croit pas.
Il n'en revenait pas de s'être attaché à Harry, mais c'était pourtant ce qu'il s'était passé. Il ne savait pas vraiment quand, ni comment, mais il s'inquiétait pour lui.
Peut-être que Sirius avait raison, quand il lui avait dit pendant les vacances que son amitié avec Harry lui rappelait sa propre relation avec Regulus.
Draco avait toujours été assez seul dans sa vie. S'il était ami avec Blaise et Pansy, il y avait des choses qu'ils ne pouvaient pas comprendre. Mais surtout, il restait seul l'été dans son grand Manoir. L'arrivée de Harry avait créé une émulation chez ses parents, quelque chose de nouveau.
Draco pensait encore avec un sourire aux sorties qu'ils avaient fait avec Sirius. Les sorties dans le monde moldu, les soirées à la Villa Bleue, les discussions avec Harry... Tout avait changé depuis que Harry et lui avaient fait une trêve. Harry parlait avec des Serpentard, Draco discutait même avec les jumeaux Weasley ! Plus rien n'avait de sens à présent et Draco se sentait perdu.
Perdu entre son envie de protéger celui qui était son cousin, entre les nouvelles rivalités internes à Serpentard depuis qu'il avait montré son amitié et le fait que ses parents aient refusé de suivre la voie de Voldemort... Oui, tout avait changé et ce n'était pas forcément évident à gérer pour lui.
– Tu as l'air contrarié, remarqua Blaise quand il entra dans la Salle Commune de Serpentard et qu'il s'installait sur le canapé.
– C'est Potter.
– C'est toujours Potter, s'amusa Blaise qui griffonnait sur son parchemin un devoir à rendre en Potions.
– Je pense que le capitaine de Beauxbâtons est louche, souffla Draco.
– Bien sûr qu'il l'est. J'ai vu un membre de l'équipe glisser une potion dans le verre d'un Batteur de Durmstrang et il a été malade pendant deux jours.
– Tu ne pourrais pas le dire devant Harry ? demanda Draco avec espoir. Tu pourrais peut-être lui faire entendre raison ?
– Personne ne peut faire entendre raison à Potter, désolé de te décevoir, ironisa Blaise. Mais je pourrais le glisser la prochaine fois dans une conversation.
– Tu es un vrai ami, dit Draco en lui tapotant le bras en signe de reconnaissance.
Blaise ricana, sachant qu'il ne le lui dirait pas souvent.
Draco se leva pour aller prendre sa douche, mais, alors qu'il s'apprêtait à entrer dans le couloir qui menait aux dortoirs, il croisa Dolohov et Jugson, deux septième année qu'il ne portait pas particulièrement dans son cœur.
Depuis que ses parents s'étaient affiliés à Sirius, clamant le fait qu'ils ne suivaient plus Voldemort, des tensions étaient apparues au sein de la maison Serpentard. Certains pensaient visiblement que le fait que ses parents ne suivent plus Voldemort signifiait qu'il ne devait plus compter à Serpentard.
Mais, au grand damne des défenseurs de Voldemort, Draco avait toujours un appui important au sein de la maison, parce que ses parents étaient riches et, surtout, car beaucoup ne voulaient pas vraiment que Voldemort revienne. Du moment qu'il restait attaché aux grands principes de Salazar, cela suffisait à la majorité des Serpentard. Et heureusement, car si la Maison entière s'était retournée contre lui, il n'aurait pas fait long feu. Il pouvait gérer deux ou trois détracteurs, mais pas toute une Maison.
– Malefoy, fit Jugson d'une voix mauvaise en se redressant de toute sa hauteur.
Draco grimaça intérieurement en comprenant que les deux garçons étaient là pour en découdre. La dernière altercation qu'ils avaient eue avec deux autres sixième année pro-Voldemort remontait à la semaine dernière et l'avait conduit à installer des sorts de protection dans son dortoir.
Draco n'avait pas dit grand-chose, à part les regarder avec hauteur, mais cette situation de tension extrême et les problèmes avec Harry commençaient à lui faire monter la Pimentine au nez. Ce n'était vraiment pas le moment de venir l'embêter ! Il n'allait pas se taire, cette fois.
– Tu déshonores notre maison en traînant avec Potter, siffla Dolohov qui avait certainement vu sa cape d'entraînement.
Les quelques Serpentard présents dans la Salle Commune s'interrompirent pour regarder ce qui s'annonçait comme une confrontation. Si certains regardaient la scène avec amusement, attendant de voir comment tout allait se passer, Blaise avait froncé les sourcils et semblait plus inquiet.
– Il me semble que mes fréquentations ne te regardent pas, Dolohov, répliqua Draco d'une voix calme, mais assez tranchante.
Il ne montra pas qu'il craignait légèrement cette confrontation. Il savait qu'elle devait avoir lieu, cela faisait des semaines que les deux garçons le fixaient avec l'air mauvais, mais ce n'était pas pour cela qu'il avait hâte de la faire.
Il aurait voulu que personne ne s'intéresse à ses fréquentations, mais en devenant ami avec Harry, il avait su à quel point cela allait déplaire au sein de Serpentard. Il avait su qu'il se mettait en danger et il l'avait accepté, en accord avec ses parents.
– Bien sûr que ça me regarde, quand tu t'associes avec un sang impur, siffla Dolohov d'une voix glaciale.
– Si vous pensez que Potter est un sang impur, c'est que vous êtes idiots, répondit Draco d'un ton toujours souple bien que son corps se soit tendu.
– C'est ce qu'il est pourtant, un sang impur, avec sa Sang de Bourbe de mère, dit Jugson avec un sourire en coin.
Draco ne montra pas que le terme de « Sang de Bourbe » venait de le heurter en pleine poitrine. Ce qui était étonnant, car il n'avait pas hésité à insulter Granger l'année passée avec ce terme. Aujourd'hui, cela le révulsait.
Parce qu'il avait discuté longuement avec Sirius et qu'il lui avait toujours parlé de Lily Evans comme étant une sorcière incroyable. Entendre quelqu'un la traiter de Sang de Bourbe avait quelque chose de très insultant et son poing le démangeait à présent.
Mais il ne montra rien. Oui, ses parents ne suivaient plus Voldemort, mais il n'était pas question que les Serpentard pensent qu'il ne suivait plus les grands préceptes du sang, s'il ne voulait pas perdre définitivement sa place.
La hiérarchie de Serpentard était quelque chose de délicat, un ordre établi qu'il était difficile de changer. Draco avait la chance d'être en haut de la pyramide en raison de ses relations, mais il savait qu'il était menacé. Retomber tout en bas signifiait de gros ennuis et il ne pouvait pas se le permettre. Il devait continuer à être un Décideur et non un Suiveur.
Assurer sa place aujourd'hui signifiait qu'il pourrait continuer à voir Harry sans problème et qu'il n'aurait pas à vérifier son oreiller tous les soirs avant de dormir par crainte d'y trouver une malédiction. Or, pour cela, il devait mettre à terrer Jugson et Doholov qui pouvaient influencer toute la Maison Serpentard.
– Vous devriez faire attention à vous, dit simplement Draco avec sa voix la plus menaçante.
– Tu nous menaces, minus ? ricana Jugson en se redressant et en le fusillant du regard.
– Non, je vous préviens, rétorqua Draco d'une voix égale en étirant son visage en un sourire en coin honteusement copié à Sirius.
– Pas étonnant quand on voit que tes parents suivent des sangs impurs, eux aussi, siffla Dolohov en pensant sans doute à Sirius.
– Comme je l'ai déjà dit, nos fréquentations ne regardent personne, siffla Draco qui commençait à être légèrement agacé par la situation. Mais tu sais, je suis peut-être associé à des sangs impurs, mais au moins je ne suis pas un Cracmol comme toi Jugson.
Ce dernier blanchit immédiatement. Il était connu pour son manque d'aptitude magique, qui désespérait tous les professeurs. Encore une conséquence des mariages entre cousins qui avaient fini par diluer la magie. Draco allait finir par croire Sirius et Harry sur le fait que cela allait finir par tuer la race sorcière et qu'il était bon de s'éloigner des Sangs Purs pour se marier.
– Retire ce que tu viens de dire, siffla Jugson en serrant ses poings.
– Non, je pense que je vais le garder, ironisa Draco qui releva la tête pour leur faire face et n'hésita pas à les regarder dans les yeux.
– Tu es une honte pour les Serpentard, cracha Jugson. Les Serpentard doivent rester entre eux et c'est tout.
– Et tu penses que c'est à toi de décider ?
– Bien sûr, affirma fièrement Dolohov. Nous sommes des Sang Purs et nous régnons sur Serpentard.
Draco ne pouvait pas vraiment lui donner tort. Doholov venait d'une grande famille de Sang Pur et faisait la loi dans la maison des vert et argent depuis des années. Draco était pressenti pour prendre sa suite l'année prochaine. Devenir le nouveau Décideur de Serpentard. Un honneur qui n'était pas accordé à beaucoup de monde.
Il aurait été fou de s'opposer à Doholov maintenant, sous peine de perdre définitivement sa place. Ce que Draco s'apprêtait pourtant à faire, ne supportant pas qu'on vienne lui dire ce qu'il devait faire. Il estimait également que, s'il voulait prendre la place de Doholov, il était temps de monter qu'il n'était pas à sous-estimer.
– Je ne savais pas que les Serpentard écoutaient ceux qui avaient l'intelligence d'un troll, dit Draco d'un ton badin.
Jugson grogna de rage et sortit sa baguette de sa poche pour la pointer sur Draco. La Salle Commune semblait suspendue à ce moment, alors que Draco ne flanchait pas (bien que les battements de son cœur soient devenus plus désordonnés, sachant que les deux garçons connaissaient plus de sortilèges que lui), gardant ses yeux fixés sur le septième année avec un intérêt poli.
– Tu sais t'en servir ? s'étonna franchement Draco en haussant un sourcil.
– Stupefix !
Draco se déplaça sur le côté et évita facilement le sort qui toucha une deuxième année qui tomba raide sur le sol. Il remercia intérieurement Miles qui lui avait donné un entraînement de deux heures complètes sur l'évitement des Cognards et qui lui servait bien à présent.
– Qu'est-ce que je disais, à moitié Cracmol, murmura Draco assez fort pour que tout le monde l'entende. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai d'autre choses à faire que de m'occuper de vous.
Draco tourna les talons pour s'éloigner des deux garçons, espérant montrer par là qu'il se fichait bien de ce qu'ils pensaient et qu'il était au-dessus de tout cela. Un vrai Malefoy. Son père aurait été fier de lui et il avait hâte de lui raconter comment il avait assis son autorité par...
– Tu n'es qu'un Traître à ton Sang ! cria Doholov.
Un silence de mort tomba dans la Salle Commune de Serpentard et cela entraîna une déflagration de haine dans le corps de Draco.
Dire à un autre Serpentard qu'il était un Traître à ton Sang était une insulte si grave que personne n'osait le faire. Dire à un Serpentard qu'il était un Traître à ton Sang relevait presque d'un sortilège Impardonnable tant c'était grave.
Draco ne réfléchit pas une seconde, il se tourna brusquement, serra son poing et asséna une droite à Doholov qui tomba à terre en gémissant, surpris par la violence du choc. Draco masqua le fait qu'il venait probablement de se briser quelques phalanges et serra les dents.
Jugson fit un pas en avant, mais Draco le fusilla du regard. Il devait avoir l'air passablement énervé puisque Jugson recula l'air terrifié.
Draco surplomba alors Doholov de toute sa hauteur et il fit quelque chose qu'il allait rapidement regretter : il fit sortir sa Magie de lui. C'était un acte magique assez dangereux qu'il n'avait réalisé qu'une fois dans sa vie. Il se souvenait que sa mère l'avait réprimandé pendant des jours quand il l'avait fait puisque faire sortir sa Magie, en plus d'être un acte difficile à réaliser, pouvait vider le centre magique d'un sorcier pendant des jours et le rendre beaucoup plus vulnérable.
Mais, à ce stade, Draco se fichait bien de vider son centre magique tant la colère était présente. Il sentit ses yeux flamboyer alors que Doholov écarquillait les yeux de peur.
Quelques objets de la Salle Commune commencèrent à trembler, ses cheveux semblaient remplis d'électricité statique et il dirigea toute sa magie en direction de Doholov qui, soudain, sembla incapable de respirer, les yeux écarquillés et remplis de larmes. Jugson, lui, était figé et observait la scène avec effroi.
– Écoute-moi bien, Doholov, cracha Draco d'une voix si glacée que certains frissonnèrent. Je te conseille de regarder ton sang avant de regarder le mien. Je suis ami avec qui je veux, sang impur ou non. Votre règne est terminé, vous êtes incapables de représenter l'esprit de Serpentard. Je vous conseille de ne plus jamais m'insulter ou me lancer un sortilège, si vous ne voulez pas que je m'occupe personnellement de vous.
Quand Draco détourna le regard et se concentra pour calmer sa Magie qui commençait à s'emballer, Doholov attrapant sa gorge en prenant une grande goulée d'air.
– Bien, dit froidement Draco en surplombant la Salle Commune du regard, quelqu'un a quelque chose à ajouter sur mon sang ? Je vous conseille de ne pas déshonorer la maison des Serpentard comme ces deux Traîtres à leur Maison.
Draco n'attendit pas de réponse et se dirigea vers le dortoir, la porte s'ouvrant sans qu'il n'ait besoin d'y toucher, la Salle Commune répondant presque à son appel. Il attendit d'avoir marché quelques pas pour s'effondrer dans le couloir, à l'abri des regards indiscrets.
– Draco !? s'écria Miles Bletchley qui sortait de son propre dortoir et venait de le voir à terre.
– Aide-moi... murmura Draco.
Miles dut comprendre l'urgence de la situation puisqu'il passa un bras autour de sa taille et le souleva difficilement. Blaise, qui avait suivi Draco, vint lui prêter main forte et ils pénétrèrent dans le dortoir de Draco où ce dernier s'effondra dans son lit, blanc comme un fantôme.
– Nom d'un Cognard, que s'est-il passé ? s'écria Miles très inquiet.
– Draco vient juste de prendre le pouvoir à Serpentard, il a attaqué Jugson et Doholov avec sa magie et paf ! fit Blaise qui semblait ne pas savoir s'il devait s'énerver, crier de joie, frapper Draco ou les trois à la fois.
Miles, lui, les observa avec le visage de l'incompréhension.
– Tu vas me raconter exactement ce qu'il s'est passé, mais avant Draco qu'est-ce qu'on peut faire ?
– Rien, murmura Draco, je viens de vider ma Magie, j'ai besoin de repos.
Et, sur ces simples paroles, Draco s'endormit.
.
Harry arriva en cours de Runes à bout de souffle, le cours avait déjà commencé et il était très en retard. Draco avait peut-être raison quand il disait qu'il n'allait pas bien. Il avait eu du mal à sortir de la douche et était parti complètement déboussolé. Sans doute la fatigue qui lui pesait.
– Professeur... retard... désolé... marmonna Harry en se sentant toujours un peu nauséeux.
– Veillez à ce que ça ne se reproduise pas, Mr Potter, dit Babbling en hochant la tête en sa direction avant de reprendre son explication sur les cercles de protection.
Harry s'installa à sa place aux côtés de Susan et sortit une plume, un parchemin et un encrier avant de se rendre compte du silence.
Il regarda autour de lui et il vit qu'il s'était en réalité installé aux côtés de Daphné. Il fronça les sourcils, vit l'air peiné de Susan et surpris de Hermione. Parce que, depuis que les cours de Runes avaient commencé, Harry s'était toujours assis à côté de Susan.
Il ne comprenait pas ce qu'il faisait ici. Il avait pourtant été certain de s'asseoir à sa place habituelle.
Il sentit son cœur s'accélérer en se demandant ce qu'il pouvait bien lui arriver.
– Oui, Mr Potter ? dit Babbling en voyant qu'il était confus.
– Je parti changer quoi vers, répondit Harry avec sérieux.
Alors que les élèves éclataient de rire, Babbling le couva d'un air inquiet et s'avança vers lui. Harry lui-même commençait à se sentir mal et avoir assez chaud.
– Vous allez bien, Mr Potter ?
– Bien de voir, belle, allez Runes.
Harry rougit jusqu'à la racine des cheveux en comprenant lui-même que ce qu'il disait n'avait aucun sens. Il grogna de frustration et plongeant sa tête entre ses mains ; mais il manqua son coup et sa tête tomba sur la table : il avait oublié de lever ses mains.
– Mr Potter, regardez-moi, dit Babbling qui venait de se rapprocher, tendez votre main droite.
Harry leva sa main droite sans hésiter et il sentit Daphné se tendre à côté de lui.
– Mr Potter, vous allez vous rendre à l'infirmerie immédiatement.
– Pourquoi ? Moi bien aller !
– Vous venez de lever votre main gauche, insista Babbling.
– Du tout pas, moi ! dit Harry.
– Vous êtes sous l'effet d'une potion de confusion.
Harry était encore plus confus par la situation parce qu'il ne comprenait absolument rien et il se sentait nauséeux, comme si ses pensées n'avaient plus aucun sens et qu'il allait vomir sur le sol en quelques secondes. Il avait chaud et froid en même temps, sa tête tournait et il se sentait vraiment très mal.
– Miss Greengrass va vous emmener à l'infirmerie, proposa Babbling en se tournant vers la blonde qui hocha la tête.
Harry se sentait vraiment mal, confus, perdu. Il se leva, mais s'empêtra dans sa robe en confondant sa gauche et sa droite et ce fut Babbling qui le rattrapa avant qu'il ne tombe au sol.
– Je pense que nous allons avoir besoin de quelqu'un d'autre, constata Daphné.
– Mr Goldstein, venez, fit Babbling.
Harry sentit Anthony le soulever par le bras et il s'appuya sur lui, sans aucune gêne, puisque lui-même ne comprenait plus rien à la situation. Il ne savait plus vraiment qui il était. Tout ce à quoi il pensait, c'était cette chaleur, cette confusion...
– Bien aller ! Bien aller ! insista Harry avant de rougir encore plus en comprenant que tout ce qu'il disait n'avait aucun sens.
– Mr Potter, dit Babbling d'un ton doux, ne vous inquiétez pas. Je suppose que vous trouverez certains de vos camarades à l'infirmerie. Il se trouve qu'une personne de Durmstrang a également été atteinte par une potion de confusion ce matin même. Il s'agit d'une des Poursuiveuses.
Harry n'eut même pas le temps de se préoccuper de la réponse de son professeur qu'il fut entraîné par Anthony en direction de l'infirmerie, Daphné sur leurs talons, pour leur ouvrir les portes.
– Ce sont les Français qui ont fait le coup, siffla Daphné.
– Ça serait contraire au règlement, opposa Anthony.
– Ta sœur est bien joueuse professionnelle, non ? dit Daphné avec sécheresse. Ne me dis pas qu'il n'y aucun sort de ce genre dans les vestiaires. Et regarde ce qu'a dit Babbling, la Poursuiveuse de Durmstrang a aussi été victime de ce genre de sortilèges.
– Tu as sans doute raison... soupira Anthony.
– Il a l'air complètement perdu... fit Daphné.
Harry écoutait la conversation sans la comprendre alors il se tourna vers Daphné pour essayer de croiser son regard, mais elle était concentrée pour ouvrir les portes et semblait furieuse.
Au moment où ils tournèrent dans le couloir qui menait à l'infirmerie, ils croisèrent le professeur Rogue qui sembla surpris de les voir tous ensemble, mais encore plus quand il remarqua Harry, accoudé contre Anthony, l'air verdâtre.
– Mr Goldstein et Mr Potter, puis-je savoir pourquoi vous n'êtes pas en cours ?
Harry sentit son cœur battre plus vite en comprenant que le fait que Daphné ne soit pas en cours ne semblait pas l'émouvoir plus que cela.
– Vous méchant ! cria à moitié Harry, le poing levé, avant de tomber sur les genoux.
– En retenue Potter ! répondit Rogue sans même lui accorder de l'attention.
– Il est malade, professeur, intervint Daphné l'air concerné. Il a sans doute été soumis à une potion de confusion !
– Deux soirs de retenue pour avoir mis en colère un de vos camarades, Potter, siffla Rogue avant de continuer son chemin.
– Il y a des choses qui ne changent jamais, marmonna Anthony qui semblait outré par la réaction de Rogue. Je ne comprends pas pourquoi il le déteste à ce point.
– Rogue n'aime personne.
– Ce n'est pas qu'il n'aime pas Harry, il le déteste, corrigea Anthony.
Harry sentit son cœur se gonfler de joie en comprenant qu'Anthony le soutenait. Il ne connaissait pas beaucoup le Serdaigle, mais il savait qu'Anthony le croyait quand il disait qu'il n'avait pas mis son nom dans la Coupe de Feu et cela lui suffisait.
– Par Dilys Derwent ! Que lui est-il encore arrivé !? s'écria Mrs Pomfresh en les voyant entrer dans l'infirmerie.
– Moi bien ! hurla Harry avant d'arrêter de parler en se sentant au bord de l'évanouissement.
– Nous pensons à une potion de confusion, murmura Daphné l'air inquiet.
– Encore un, soupira Mrs Pomfresh, vous savez que c'est le deuxième aujou...
Mais Harry n'entendit pas la suite des paroles de l'infirmière puisqu'il tomba dans l'inconscience.
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Harry ouvrit difficilement les yeux tout en bâillant, en se disant qu'une bonne nuit de sommeil ne serait pas de trop, ses membres étant tous douloureux.
– Enfin réveillé Potter, dit une voix sarcastique et traînante qu'il connaissait bien.
Il posa son regard sur Draco qui était assis à côté de lui, l'air plus fatigué que jamais. Il était plus pâle qu'un fantôme, plus que d'ordinaire, et ne semblait pas avoir dormi depuis des jours.
– Tu vas bien ? demanda Harry en se redressant avec difficulté.
– C'est à toi qu'il faut poser la question, ironisa Draco en le désignant d'un geste de la main. Mais oui, je vais bien, j'ai juste légèrement vidé ma magie.
– Q-quoi ? balbutia Harry en attrapant le verre d'eau que lui tendait Draco. Je croyais qu'il n'y avait que moi qui ne contrôlait pas ma magie.
– Je la contrôle, rectifia Draco, j'ai juste eu besoin de faire une petite démonstration magique pour asseoir mon autorité à Serpentard.
– Tu t'es fait attaquer à cause de moi, comprit Harry en sentant son cœur se serrer.
Il savait que Draco avait rencontré quelques difficultés depuis qu'il avait dit qu'il était ami avec lui. Il le savait par Blaise, qui avait craché le morceau il y a quelques semaines, mais il avait aussi su qu'il ne pouvait rien y faire de plus. Parce que la famille de Draco ne suivait plus Voldemort et que c'était à lui de s'affirmer au sein de sa Maison.
– Pas seulement à cause de toi, mais oui en partie, souffla Draco en haussant les épaules. C'est réglé à présent, personne à Serpentard ne s'approchera de toi.
– Tu es une fée, s'amusa Harry en lui faisant un clin d'œil. Et ta magie ?
– C'est l'un des avantages d'être un Black. On peut gérer notre Magie, un peu comme toi, mais c'est dangereux. J'aurai pu avoir du mal à m'en remettre, mais deux nuits de sommeil m'ont suffi.
– Deux nuits ? releva Harry en écarquillant les yeux. Je suis là depuis quand exactement ?
– Deux jours ! fit Draco. Heureusement que c'est le week-end, tu n'as pas loupé beaucoup de cours.
– Mais que s'est-il passé ? Et Sirius n'a pas débarqué ici ? s'étonna Harry.
– Je l'ai prévenu, expliqua Draco en levant les mains pour le calmer. Il a failli venir, mais je lui ai dit que ça ne servait à rien. Tu vas bien, après tout.
– Et donc, qu'est-ce qu'il m'est arrivé ?
– Une potion de confusion, indiqua Draco en soupirant, assez rare parce qu'un sortilège est plus adapté, mais que veux-tu, les Français ne sont pas réputés pour leur intelligence. Normalement tu aurais dû simplement être confus, te prendre un ou deux Cognards et éviter des séances d'entraînements comme la fille de Durmstrang, mais...
– Mais je ne peux rien faire comme tout le monde, compléta Harry en grimaçant.
– Ah ça non, ricana Draco. Les potions de soins que tu prends ont interféré avec la potion de confusion, tu as fait un genre de réaction allergique. Tu as convulsé quand tu es arrivé à l'infirmerie, mais Mrs Pomfresh a rapidement réglé la situation. Tu as juste à te reposer maintenant.
– Elle ne va jamais me lâcher, soupira Harry qui comprenait à présent d'où venaient ses courbatures. Mais comment tu as fait pour rester là ? demanda-t-il en se rendant compte qu'il faisait nuit.
– Je suis ton cousin, dit Draco sur le ton de l'évidence, Mrs Pomfresh était obligée de me laisser entrer.
– Je suis ton cousin ? demanda Harry avec émotion.
– Pas comme ton idiot de cousin moldu, mais oui, je suis ton cousin. Ton père est le cousin de ma mère donc plutôt ton cousin éloigné, mais c'est tout pareil, non ? Tu devrais revoir ton arbre généalogique, Potter.
Harry sourit en voyant que Draco essayait de dédramatiser la situation. Mais lui, tout ce qu'il retenait c'était qu'il avait un cousin, un vrai. Quelqu'un de sa famille, qui l'appréciait assez pour passer la nuit avec lui alors qu'il était à l'infirmerie.
Comment avait-il pu passer de détester Draco Malefoy à devenir le cousin de ce dernier, il n'en savait rien... Mais cela lui allait bien. Il n'avait pas besoin d'explications sur le pourquoi du comment.
– Arrête avec ton sourire béat, marmonna Draco en levant les yeux au ciel. Ça ne veut rien dire de plus. Ça ne change rien.
– On est de la même famille et tu m'as défendu devant les Serpentard, ça veut dire ce que ça veut dire, affirma Harry avec un grand sourire.
– Tu ne vas jamais me laisser avec ça, n'est-ce pas ? soupira Draco qui semblait se demander pourquoi il avait fait ça.
– Jamais, rit Harry. Allez raconte-moi ce qu'il s'est passé pendant mon inconscience, proposa-t-il en voyant que le sujet mettait Draco mal à l'aise.
– Pas grand-chose, admit Draco en haussant les épaules. L'équipe est sous le choc et en colère. On pense que c'est ton pote de Beauxbâtons qui a fait le coup, je n'ai jamais vu Miles aussi énervé. Dumbledore a même fait une annonce hier soir pour dire que toute tentative de triche sera sanctionnée d'une exclusion de l'équipe de Quidditch.
– Tu es certain que c'est André qui a fait le coup ? Il avait l'air adorable pourtant, soupira Harry.
– On mène notre enquête, affirma Draco, mais ne t'inquiète pas pour ça, je crois que Miles a pris contact avec le capitaine de l'équipe de Durmstrang. Ils sont remontés comme des Retourneurs de Temps.
Harry bâilla soudain et Draco lui tapota le bras après une hésitation.
– Repose-toi Potter-Black, on se voit demain, j'essaierai de te faire sortir de l'antre du dragon.
– J'espère que ce n'est pas moi que vous appelez « dragon » Mr Malefoy, dit la voix amusée de Mrs Pomfresh.
Harry pouffa en voyant Draco se lever précipitamment en hochant la tête de gauche à droite et en se précipitant vers la sortie sans se retourner.
– Il a raison, Mr Potter, vous devez dormir, conseilla Mrs Pomfresh en souriant.
Et Harry fit exactement ce qu'elle lui disait. Avec la sensation que tout allait bien, même s'il était à l'infirmerie.
Il avait un père qu'il aimait plus que tout et qui l'avait pardonné, une marraine et un parrain, et maintenant il avait un cousin !
Tout allait bien.
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