27 Octobre 1995, Poudlard
Toc toc toc
« Entrez. »
Valentina enclencha la poignée de la porte et pénétra dans la pièce. Une fois à l'intérieur, elle constata que le bureau d'Ombrage était complètement rose. Sur les murs recouverts d'une tapisserie rose pâle étaient accrochés une bonne cinquantaine d'assiettes dans lesquelles des chats étaient peints. Les fauteuils étaient eux aussi recouverts d'un épais velours rose bonbon, s'accordant parfaitement au tapis sur lequel trônait un bureau de bois massif. D'ailleurs, la tenue du professeur était elle aussi assortie au décors.
« Mlle O'Shea, vous voilà. Bien, asseyez-vous je vous prie, fit Ombrage en pointant du doigt un fauteuil placé devant une petite table. Je suppose que vos camarades vous ont parlé du genre de punitions que j'utilisais ?
- Non Madame, répondit-elle simplement en s'asseyant sur le fauteuil.
- Et bien vous allez vous en rendre compte bien assez vite. »
Ombrage posa sur la petite table un parchemin ainsi qu'une plume qu'elle piocha dans son pot à crayons.
« Vous allez me copier « Je ne dois manquer de respect aux êtres qui me sont supérieurs », fit-elle en prenant le soin d'articuler chaque mot. Vous n'aurez pas besoin d'encre, et c'est moi qui vous dirais quand vous arrêter. Est-ce bien compris ?
- Oui Madame. »
L'horrible femme contourna son bureau, s'assit sur son fauteuil et commença à fixer Valentina. D'un geste hésitant, la jeune sorcière attrapa la plume de sa main gauche et commença à écrire. L'encre qui sortit de la plume était rouge vif. À mesure qu'elle écrivait la phrase que la professeure lui avait dictée, Valentina sentit le dos de sa main droite lui picoter. Au fil des lettres et des mots, la douleur se faisait de plus en plus présente et de moins en moins supportable. La jeune femme regarda sa main et constata avec horreur que ladite phrase qu'elle écrivait depuis tout à l'heure était maintenant gravée sur le dos de celle-ci, comme si quelqu'un avait prit un couteau et s'en était servi pour lui écrire dessus.
Je ne dois pas manquer de respect aux êtres qui me sont supérieurs.
Elle devina sans grande difficulté que l'encre avec laquelle elle écrivait depuis le début n'était autre que son propre sang. Horrifiée, Valentina leva les yeux vers Ombrage et constata que cette dernière n'avait pas arrêté de la fixer.
« Un problème très chère ? Demanda-t-elle, un petit sourire au coin des lèvres.
- Aucun, murmura-t-elle avant de se remettre à écrire sur le parchemin. »
Je ne dois pas manquer de respect aux êtres qui me sont supérieurs.
Plusieurs minutes passèrent. Combien ? Elle ne savait pas vraiment. Ce qu'elle savait en revanche, était que la douleur était devenue insupportable. À chaque douloureux coup de plume qu'elle donnait, les plaies s'approfondissaient de plus en plus.
Je ne dois pas manquer de respect aux êtres qui me sont supérieurs.
À présent, sa main dégoulinait de sang, ce dernier venant s'écraser à grosses gouttes sur la table de bois. Au moment où ses larmes vinrent se mêler à lui, Valentina fit tout son possible pour réprimer les douloureux sanglots qui la prenaient. Elle baissa la tête, ses longs cheveux noirs venant couvrir ses grands yeux verts mouillés et son visage pâle marqué par la douleur, tout en continuant à écrire.
Je ne dois pas manquer de respect aux êtres qui me sont supérieurs.
Le supplice était insoutenable. En plus de sa main qui la faisait affreusement souffrir, Valentina se voyait écrire sans cesse ces mots insultants et terriblement blessants qu'elle détestait tant. Comment certaines personnes pouvaient penser ne serait-ce qu'une seconde que d'autres leur étaient inférieures ? Valentina ne comprenait pas. Elle qui avait toujours prôné la tolérance et l'acceptation des autres, elle qui pensait que chaque personne méritait qu'on la laisse vivre comme elle l'entendait, elle ne comprenait pas. Les larmes affluaient abondamment sur ses joues et tombaient à grosses gouttes pour venir tremper le parchemin sur lequel elle écrivait. Sa main droite baignait maintenant dans une flaque de sang, venant imbiber la chemise blanche de son uniforme.
« Je pense que vous pouvez arrêter maintenant, fit la professeure au bout de ce qui lui parut une éternité. »
Valentina s'arrêta immédiatement de sangloter et essuya ses larmes du revers de sa manche gauche. Elle se leva et commença à se diriger vers la sortie.
« Une minute jeune fille, l'interpella Ombrage. Vous ne pensez tout de même pas que cela va se nettoyer tout seul, n'est-ce pas ? »
L'horrible femme pointa du doigt la flaque de sang miroitante sur la petite table de bois.
« Je ... Vous avez quelque chose à me donner pour nettoyer ? Demanda faiblement Valentina.
- Il me semble que les sortilèges de récurage sont quand même à la portée de personnes dans votre genre, Mlle O'Shea.
- Je ne suis pas majeure et nous ne sommes pas autorisés à utiliser la magie dans les couloirs.
- Et bien je vous en donne l'autorisation exceptionnelle. Dépêchez-vous, aller ! »
La jeune femme sorti sa baguette et murmura l'incantation du récurvite en direction de la flaque de sang, qu'elle s'empressa d'appliquer sur la manche et sa main ensanglantée. Ombrage s'approcha lentement d'elle, ses talons claquant froidement sur le sol.
« J'espère, mademoiselle, que cela vous a servi de leçon. Vous vous devez de savoir où est votre place par rapport à votre sang et j'estime que ce genre de punition est ... nécessaire et surtout, très efficace pour faire rentrer le message, si vous voyez ce que je veux dire. Espérons au moins que la petite quantité de sang que vous avez perdu vous a quelque peu purifié de votre sang impur, sait-on jamais, fit-elle avec un petit sourire satisfait sur les lèvres. Vous pouvez disposer. »
Et Valentina sorti de la pièce. Son cœur était serré, sa gorge nouée, elle se sentait souillée. Souillée par cette femme qui l'avait insultée, qui avait insulté sa famille et ses amis. Maintenant, elle haïssait encore plus cet horrible crapaud et sa manière de traiter les élèves et les gens en général. Comment le professeur Dumbledore pouvait laisser passer cela ? Certes, avec la pression constante du ministère ça ne devait pas être facile, mais quand même ...
La tête basse, et retenant ses larmes du mieux qu'elle le pouvait, Valentina marchait rapidement en direction de la cuisine de l'école, vers le dortoir des Poufsouffles. L'heure du couvre-feu approchant, les couloirs étaient quasiment vide. Seuls quelques élèves imprudents flânaient encore dans les allées sombres du château, ne se souciant pas vraiment des conséquences de leur comportement. Soudain, elle entendit des pas s'approcher rapidement. Et ayant l'étrange impression que le bruit se dirigeaient vers elle, elle se mit à accélérer le pas.
