27 Octobre 1995, Poudlard
Valentina marchait vite, espérant semer la personne qui la suivait. Mais les pas se faisaient de plus en plus proches, son poursuivant n'avait pas l'air de vouloir la laisser filer. Elle tourna rapidement au croisement suivant, se dirigea droit vers la première porte qu'elle aperçut, l'ouvrit et s'y enferma. Les yeux clos, adossée à la porte, elle laissa échapper un long soupir, se laissant glisser sur le carrelage glacé. D'un geste bref, elle essuya les dernières larmes qui perlaient au coin de ses yeux, puis les ouvrit. Elle se trouvait dans des toilettes, celles des filles vraisemblablement. L'endroit était lugubre, humide et l'atmosphère terriblement lourde.
« Qui est là ? Fit une petite voix pincée. »
Mince, elle ne l'avait pas réalisé, mais elle se trouvait actuellement au deuxième étage. Dans les toilettes de Mimi Geignarde.
« Qui vient encore troubler la looongue et pesante solitude de Mimi ?
- Désolée Mimi, fit faiblement Valentina, je voudrais juste me cacher quelques temps dans tes toilettes ... Je ne reste pas longtemps, promis. »
Une tête sorti de la troisième cabine de toilettes. La défunte fixa Valentina un moment, puis sortant complètement de la cabine, flotta vers elle.
« Pourquoi faut-il que l'on vienne se réfugier dans les toilettes de Mimi uniquement quand on a des problèmes ? Oh oui, si nous venons rendre visite à Mimi, c'est uniquement parce qu'on ne veut pas être dérangé par quelqu'un d'autre, ou bien que l'on veut se moquer d'elle ! S'écria-t-elle, se laissant glisser à côté de Valentina. Personne ne viens voir Mimi pour discuter normalement, vous comprenez, qui voudrait être ami avec Mimi la moche, Mimi la râleuse, Mimi la minable ? PERSONNE! Personne ne viens me voir ne serait-ce que pour savoir comment je vais ou comment se passe ma sinistre et funeste existence ...
- Désolée Mimi, j'essaie juste d'éviter quelqu'un ... Une fois qu'il sera parti je te laisserais tranquille.
- Et qui essaies-tu d'éviter ? Rusard ? Peeves ? Faire en sorte que mon existence soit un véritable enfer fait partie de leurs activités préférées !
- Non ... Je ne sais pas qui me poursuivait mais ... Je voulais simplement être un peu seule ... Honnêtement j'avais oublié que c'était tes toilettes, pardon.
- Humf, très bien, j'accepte que tu attendes ici, dans mes toilettes, fit Mimi, le regard suspicieux. »
Le fantôme dévisagea Valentina pendant quelques secondes, les yeux plissés.
« Tes yeux sont rouges ... tu as pleuré ?
- Hem, oui, j'étais en retenue avec Ombrage et ... Valentina senti sa gorge se nouer et ses yeux picoter à nouveau.
- Ah ! Mimi méprise cet horrible crapaud autant qu'elle méprise cet idiot de Peeves ! Ce n'est pas la première fois que des élèves viennent se réfugier ici à cause d'elle ... »
Soudain, on entendit quelqu'un toquer à la porte.
« Tina ? »
Mince, il avait fallu que cela tombe sur Fred Weasley. Faisant mine de ne pas avoir entendu, la jeune fille ramena ses genoux contre sa poitrine et enfouis sa tête dedans. Mimi, curieuse, passa sa tête à travers le mur.
« Elle est ... occupée, fit la spectre avant de retourner s'asseoir près de Valentina. »
- Heu ... très bien. Tina ? La rappela-t-il. J'ai quelque chose à te dire alors ... quand tu seras prête, je ... enfin, je t'attends dehors, hein. »
Valentina resta là, assise sur le sol gelé et dans la pénombre des toilettes du deuxième étage, la tête dans les genoux. Son cerveau fonctionnait à toute allure. Si elle sortait tout de suite, Fred remarquerait qu'elle avait pleuré et poserait des questions. Mais elle ne pouvait pas le faire attendre éternellement et risquer de se faire attraper par Rusard si tard dans les couloirs de l'école ... Qu'avait-il de si urgent à lui dire pour qu'il reste à l'attendre à la sortie des toilettes ? Ça devait être vraiment important. Et puis, au diable les principes ! Fred l'attendait, elle ne pouvait pas se permettre de le faire poireauter plus longtemps, tant pis s'il lui posait des questions sur ce qu'il s'était passé. Dans un élan de détermination, elle envoya sa pudeur se faire voir là où elle le voulait bien, se leva lentement et se tourna pour faire face à la porte. Elle tendit la main, saisit la poignée et l'enclencha.
« Merci Mimi, murmura-t-elle à l'intention du fantôme. »
Doucement, elle ouvrit la porte et s'avança dans l'embrasure de celle-ci. Quand elle l'eut fermée, elle balaya le couloir du regard. Elle ne mit pas bien longtemps à trouver ce qu'elle cherchait. Fred Weasley se tenait à quelques mètres d'elle, nonchalamment adossé au mur de pierre, les yeux rivés sur elle. Il se redressa et s'avança dans sa direction.
« Salut, fit-il simplement.
- Ah, salut Fred, désolée j'avais une envie pressante, haha ... mentit-elle en affichant un sourire qu'elle voulait le plus naturel possible.
- Tu es sûre que ça va ?»
Valentina leva la tête et croisa son regard. Fred se tenait maintenant à quelques centimètres d'elle, ses yeux bleus semblaient remplis d'inquiétude. Discrètement, elle cacha sa main meurtrie derrière son dos et tenta de lui sourire à nouveau.
« Oui oui ne t'inquiète pas, je suis juste un peu fatiguée après cette première journée de reprise ...
- Qu'est-ce que tu caches derrière ton dos ?
- Hein ? Heu rien, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Fit-elle en sortant sa main droite de son dos, faisant bien attention à ne lui montrer que sa paume. »
Fred la regarda avec encore plus d'inquiétude. Valentina pouvait voir dans son regard qu'il était sincèrement inquiet pour elle et cela lui fendit le cœur. Le jeune homme tendit lentement sa main gauche vers la main mutilée de son amie et commença à caresser délicatement sa paume du bout des doigts.
« Je sais que tu étais en retenue avec Ombrage, soupira-t-il. »
Mince. Il savait. Comment ?
« Ah, tu ... tu savais ?
- Je te cherchais, j'ai vu ton ami Eddie Nash à la bibliothèque et il me l'a dit. »
Il baissa la tête, fixant la main droite de son amie. Valentina sentit ses yeux picoter et sa gorge se serrer tandis que Fred continuait de caresser doucement sa main.
« Je peux ? Demanda-t-il en levant à nouveau ses yeux bleus vers elle. »
Lentement, Valentina hocha la tête. Le jeune homme pris alors délicatement sa main et la tourna vers lui pour observer les marques laissées par la plume ravageuse d'Ombrage. La jeune femme baissa la tête et se mit à fixer le sol. Un sentiment d'impuissance totale l'envahie. Elle avait honte. Honte d'être faible face à cette situation. Une larme roula sur sa joue. Puis une deuxième. Puis une troisième. Un sanglot la secoua. Puis un autre. Et encore un autre. Elle sentit Fred libérer sa main mutilée pour venir l'enlacer délicatement. La jeune femme se laissa faire, cala sa tête sur le torse de son ami et se laissa aller à ses pleurs. Fred resserra son étreinte et commença à caresser doucement ses longs cheveux ébènes. La chaleur des bras du jeune homme était réconfortante, elle s'y sentait en sécurité.
« Cette femme est un véritable monstre, murmura-t-il. »
Peu à peu, Valentina se calma. Ses larmes s'arrêtèrent de couler, ses sanglots se faisant plus rares. Fermant ses yeux rougis par les pleurs, elle se blottit plus profondément dans les bras de Fred. La respiration calme et régulière du jeune sorcier était apaisante.
« Je la déteste, elle prend du plaisir à faire souffrir les autres ... elle a insulté mon amie ... soupira-t-elle entre deux sanglots. Je la déteste.
- Je sais. »
Quelques minutes passèrent. Les sanglots de Valentina s'estompèrent complètement, mais Fred ne relâcha pas son étreinte pour autant, continuant de caresser sa chevelure.
« Je voulais te dire quelque chose. Avec les nouveaux décrets d'Ombrage, jamais nous ne pourrons apprendre à nous défendre correctement si tu-sais-qui s'il décide de passer à l'action. Harry a commencé à donner des cours pour que nous puissions apprendre à nous défendre correctement et Angelina et moi voulions te proposer de nous rejoindre. Il y a déjà quelques Poufsouffles de cinquième année. Tu peux inviter tes amis si tu veux, Nash et Dawson ont l'air de t'être assez proches.
- Des cours de défense clandestins ?
- Oui. Un seul cours a eu lieu pendant que tu étais encore à l'infirmerie, vous ne raterez donc pas grand-chose.
- Je ne comprends pas. Comment fait-il pour donner des cours clandestins sans que personne ne s'en aperçoive ?
- On va dire que Poudlard nous donne un petit coup de main, c'est un bon gars dans le fond ce château. »
Valentina pouffa légèrement.
« Et tu peux m'expliquer comment un château peut vous aider ? Demanda-t-elle.
- À Poudlard une aide sera toujours apportée à ceux qui la demandent, répondit Fred.
- Qui est-ce qui a dit ça ?
- Oh, quelqu'un de très sage, moi. Elle est pas mal d'ailleurs, je vais mettre un copyright dessus si jamais quelqu'un ose me la voler à l'avenir. »
Toujours dans les bras de Fred et la tête contre son torse, Valentina rit plus franchement cette fois-ci.
« T'es bête, soupira-t-elle en souriant.
- Je sais. Au moins j'ai réussi à te faire rire. Du coup, tu nous rejoindrais ?
- Oui. Je pense qu'Eddie et Fenella seraient aussi contents d'y assister. Même si c'est un Gryffondor qui propose ...
- Vous serez les bienvenus, rigola Fred. »
À présent, Valentina se sentait beaucoup mieux. Malgré les blessures de sa main, sa douleur et sa peine avaient été chassées par la chaleur réconfortante des bras de Fred.
« Au fait, qu'est-ce que t'as fait pour mettre cette espèce de crapaud en colère à ce point ? Demanda Fred.
- Je lui ai dit que j'avais connu de bien meilleurs profs de défense contre les forces du mal qu'elle. »
Fred grimaça, un semblant de sourire se dessinant sur son visage.
« Elle doit bien être la seule à penser le contraire, grogna-t-il.
- Je ne pourrais te contredire ... On devrait peut-être y aller, Rusard ne va pas tarder à nous trouver si on reste là. Il se fait tard.
- Dans ce cas je vais tranquillement te laisser rejoindre les dortoirs de Poufsouffle, fit Fred en la libérant de son étreinte.
- Merci Fred, je me sens mieux maintenant. On se voit plus tard ?
- La prochaine réunion aura lieu demain soir. Retrouve moi un peu avant 19h devant la bibliothèque avec tes amis, je vous y emmènerais. Faites simplement attention de ne pas trop vous faire remarquer.
- C'est entendu, demain soir, avant 19h, devant la bibliothèque. Nous y serons. »
Sur ces mots, Valentina s'éloigna de Fred, s'engouffrant dans les couloirs sombres du château. Le jeune sorcier la regarda s'éloigner, jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse au coin d'un embranchement. Puis, il entendit un léger chuchotement derrière lui. Lentement, il se tourna et se mit à fixer une statue de chevalier qui se tenait non loin. Sans bruits, il s'avança à pas de loup en direction de l'imposant chevalier de marbre, tendant l'oreille.
« Elle est partie, on devrait sortir de là non ? Fit une voix.
- Attends un peu, Fred va nous remarquer sinon ! Murmura une autre. »
Fred esquissa un sourire. Il aurait dû s'en douter, George et Lee n'étaient jamais très loin, même s'il avait décidé de s'éclipser quelques instants.
« Vous devriez être encore moins discrets la prochaine fois, remarqua-t-il.
- Je me doutais bien que tu étais assez malin pour remarquer notre présence Fredie, fit George en sortant de derrière la statue. T'es bien mon frère.
- Dis-moi, je savais pas que balancer des cognards sur les gens était une technique de drague efficace, si j'avais su ça avant j'aurais intégré l'équipe de Quidditch direct ! dit Lee, suivant George.
- C'est encore en phase de test, je te préviendrai quand je l'aurais complètement mise au point, ironisa Fred.
- Et en plus tu l'as invité à rejoindre l'AD, tu perds pas de temps dis donc, rigola George.
- Allez, arrêtez avec ça, c'est simplement une pote, soupira Fred.
- Ouais, c'est ce qu'ils disent tous, fit Lee l'air suspicieux.
- Bref, il est tard, rentrons avant que Rusard ne nous trouve.
- Fred utilise changement de sujet ! Aaah ... ce n'est pas très efficace ... George et Lee n'ont aucun dégâts ! Fit George, mimant une scène de combat.
- C'est pathétique, mais regarde-toi Georgie! Je suis décidément - et sans conteste - le plus intelligent, le plus drôle et le plus beau de nous deux ! Rigola Fred. Allez, ne traînons pas. »
