Chapitre V/

Toshi venait de prendre la plus grande décision de sa vie. Il lui avait fallu pour cela des mois d'hésitations et de cogitations. Yoshiki l'avait mis au pied du mur en lui annonçant qu'il comptait partir pour Tokyo pour former un groupe et qu'il voulait l'avoir avec lui dans cette aventure. Il en parlait depuis très longtemps mais Toshi avait secrètement espéré qu'il n'en ferait rien car il avait deviné que ce jour signifierait pour lui un choix difficile à faire.

La route tranquille qu'il avait suivie jusque-là se séparait en deux : d'un côté, la faculté de médecine, un chemin sablé et facile qui le mènerait à une vie paisible et confortable mais également, dépourvue de ce piquant que donnent l'aventure et l'imprévu ; de l'autre, un sentier abrupt au bord d'un précipice qui grimpait à haut, très haut sur le flanc d'une montagne. Grand était le risque de tomber mais s'il allait jusqu'au bout, le sentier le mènerait au-delà des nuages, vers des sommets vertigineux où l'attendait un rêve si grand qu'il osait à peine l'envisager.

Yoshiki marchait déjà depuis longtemps sur ce sentier et lui faisait signe de le rejoindre. Et à dix-sept ans, le risque et l'inconnu ont infiniment plus d'attraits que la sécurité. C'est pourquoi Toshi avait choisi.

- Yoshi-chan ? C'est d'accord. Je t'accompagne à Tokyo…

- - - - - -

Toshi vivait manifestement dans une maison extrêmement modeste dans la banlieue de Tokyo. Heath et Yoshiki s'y étaient rendus de bonne heure et observaient l'habitation, garés un peu plus loin pour n'être pas suspectés par les occupants des lieux.

- Charmant, marmonna Yoshiki en parcourant le minuscule jardin à l'abandon et les murs où la peinture s'écaillait.

- Mouais… fit son voisin. Pas de doute, il est ruiné.

- On fait quoi maintenant ? On attend que Toshi sorte pour l'attraper ?

- Pas le choix ! A moins que… il est possible qu'il soit seul dans la maison ? Attends on va vérifier ça tout de suite…

Heath prit son portable et composa le numéro de Toshi.

« - Allô ? »

Yoshiki reconnut la voix étouffée de Kaori et poussa un soupir d'exaspération. Heath répondit en contrefaisant sa voix :

- Oui bonjour, je suis bien chez Kyoshiro ?

« - Non, vous vous êtes trompé de numéro. »

- Oh, je m'excuse ! Merci, au revoir.

Il raccrocha :

- Bon, ben maintenant, on est fixé.

- Possible aussi qu'il ne soit pas là.

- Oui mais on n'a vraiment pas le choix. On va attendre en espérant qu'elle sorte ou que Toshi apparaisse seul.

Ils durent attendre une heure entière. Yoshiki, qui avait très mal dormi, avait fini par s'assoupir, quand un geste brusque de Heath le réveilla en sursaut :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Du nouveau, répondit Heath. Regarde…

Une grosse voiture noire venait de se garer devant la maison. Un homme en costume en sortit que Yoshiki reconnut immédiatement :

- Hé ! C'est Ketsuya ! Le type que j'ai vu quand j'ai retrouvé Toshi et qui lui a parlé comme à un chien !

Heath fit une moue d'approbation :

- Ketsuya Moritama, l'ex président d'une grosse société de spectacles : théâtres, concerts, opéras. Il a bossé pour les plus grands. Enfin… ça c'était avant. Il a de gros problèmes depuis quelques temps parce qu'il n'arrive plus à avoir de contrats avec qui que ce soit à cause de certaines affaires louches dans lesquelles il aurait trempé. Tu vois ce sigle sur le côté de la voiture ? C'est celui de Masaya. Maintenant, on n'a plus de doutes à propos de l'implication de la secte dans toute cette histoire.

L'homme pénétra dans la maison. Yoshiki était si tendu qu'il se voyait déjà se précipiter, arracher Toshi à cet environnement néfaste et à l'emmener en sûreté quelque part très loin.

- Je me demande ce qu'il est venu faire… déclara Heath qui ne lâchait pas la maison des yeux, les coudes sur son volant.

- Et moi donc ! Bordel, ça me rend malade !

- C'est bon le voilà qui ressort.

En effet, Ketsuya apparut sur le seuil avec Kaori. Ils étaient tous les deux hilares.

- C'est pratique pour nous, ils partent ensemble ! s'écria gaiement le bassiste.

Ils n'étaient au bout de leur surprise. Arrivés à la voiture, Ketsuya enlaça Kaori et l'embrassa fiévreusement devant les deux espions médusés :

- Eh ben…commenta Heath. C'est chaud !

Yoshiki en revanche se mit à bouillir :

- Elle le trompe ! Elle a foutu sa vie en l'air et maintenant elle le trompe avec ce fumier ! Si jamais je la trouve un jour devant moi, femme ou pas, je lui tords le cou !

- Calme-toi, lança Heath. Les voilà partis, c'est le moment de tenter notre chance.

Ils sortirent de la voiture et se dirigèrent à grands pas vers la maison.

- Tu entres et moi, je fais le guet dehors au cas où sa femme reviendrait, décréta Heath. Tu as ton portable ?

- Oui.

- Je t'appelle en cas de pépin.

La porte d'entrée n'était pas fermée à clef, signe qu'il y avait toujours quelqu'un dans la maison. Yoshiki entra, le cœur battant à tout rompre. Il s'avança précautionneusement et passa directement dans le salon, une petite pièce spartiate dont les fauteuils semblaient avoir cinquante ans d'âge. Là, assis par terre contre un des fauteuils, il trouva Toshi.

Il était de dos mais les pas de Yoshiki étaient bruyants sur le parquet. Toshi se releva d'un bond et se retourna. Leurs deux visages exprimèrent la même stupéfaction mais chez Yoshiki, c'était surtout de voir le visage de Toshi tuméfié.

- Yoshiki ! s'écria le chanteur. Par tous les Kamis, qu'est-ce que tu fabriques ici !

Toshi n'avait pas fait un geste vers lui mais Yoshiki était trop alarmé pour se formaliser d'un tel accueil :

- Toshi ? Quelqu'un t'a frappé ? Qui t'as fait ç…

Toshi le coupa d'un ton furieux :

- Tu n'auras jamais dû venir ici ! Je t'avais dit qu'on ne devait plus se revoir ! Va–t-en !

D'un pas vif, il voulut passer à côté de Yoshiki et sortir de la pièce. Mais Yoshiki était bien décidé à ne pas lâcher le morceau et ses nerfs à vifs réagirent très mal à l'attitude de Toshi. Il l'attrapa par le bras, l'obligea et lui faire face et répliqua vertement :

- Pas question ! Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça ! Pas avant que j'ai obtenu des réponses à mes questions ! Je veux savoir ce qui t'arrive et pourquoi tu me jettes !

Toshi commença par se débattre et soudain, il abandonna et détourna la tête en se mordant les lèvres d'émotion contenue.

- Je ne peux pas… je t'en supplie pars. Si on te trouve ici…

- Oui ? insista Yoshiki d'une voix froide en resserrant sa prise. Il va m'arriver quoi si on me trouve ici ? Si ça peut te rassurer, il y a Heath planqué dans ton jardin en train de surveiller si quelqu'un arrive. Alors tu vois qu'on peut discuter maintenant !

- Heath ? balbutia Toshi abasourdi. Non mais attends, vous m'avez espionné ou quoi ?

- C'est un peu ça oui ! On a vu ce type qui est entré tout à l'heure. Tu as de belles fréquentations bravo ! C'est sympa la secte de Masaya ?

Toshi pâlit excessivement et Yoshiki vit clairement ses yeux briller de larmes. Cela fit immédiatement retomber sa colère et sa voix se fit plus douce :

- C'est lui qui t'a frappé hein ? Ce connard que tu appelles sama et qui te traites comme son esclave ? Toshi, je t'en supplie, je suis là pour t'aider. Je sais que tu es malheureux.

Toshi exhala un sanglot mais refusait toujours de regarder son ami.

- Il faut que tu partes…répéta-t-il d'une voix étranglée.

- Je ne partirai qu'à une condition, dit Yoshiki dont le cœur se serrait à lui faire mal. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne veux plus me voir. Que notre amitié est terminée, que je ne suis plus rien pour toi. Si tu me dis ça, Toshi, je te promets de sortir de ta vie pour toujours.

Cette fois, Toshi eut comme un sursaut et fixa Yoshiki avec un pur désespoir. Puis soudain, il l'enlaça et le serra convulsivement contre lui.

- Je ne peux pas… Yoshi… Je ne peux pas te dire ça…Tu es toujours le meilleur ami que j'aie jamais eu ! Je me dégoûte…

Brusquement, il éclata en sanglots. Yoshiki comprit à quel point il était épuisé et au bord de la crise de nerfs. Doucement, il le fit asseoir sur le canapé puis le prit dans ses bras et enfouit son visage au creux de son épaule. Ses propres larmes coulèrent à leur tour mais de la joie d'être sûr maintenant qu'il n'avait pas perdu Toshi.

- Si tu savais comme ça me soulage… chuchota-t-il la voix cassée. Je n'aurais pas supporté de te perdre…Ne t'en fais pas, je vais t'aider et Heath aussi. Tout va s'arranger, je te le jure. Je te tirerai des griffes de cette putain de secte quoi qu'il m'en coûte !

A ces paroles, Toshi se raidit et releva sur Yoshiki, un visage affolé :

- Non, surtout ne t'en mêle pas ! Tu n'imagines pas à quel point c'est dangereux !

- Dangereux ? répéta Yoshiki consterné. Mais pourquoi ? Tu as intérêt à tout me dire parce que jamais je ne te laisserais ! Je le jure sur la tombe de Hide !

Toshi écarquilla les yeux, sans doute stupéfait d'un tel serment.

- Tu ne m'en veux donc pas pour tout ce que j'ai fait ?

Yoshiki secoua la tête en le regardant droit dans les yeux :

- Non… tu as été manipulé. Je t'ai tout pardonné.

Yoshiki faillit lui avouer qu'il lui avait pardonné parce qu'il l'aimait mais réussit à se retenir. Il venait tout juste de renouer le contact alors ce n'était pas le moment de mettre ce lien encore fragile en péril.

- Yoshiki…

Toshi allait dire quelque chose mais il se ravisa et changea de sujet :

- Allons chercher Heath. Il n'a pas besoin de faire le guet car je ne pense pas que Kaori reviendra de sitôt.

Au ton de sa voix, Yoshiki se demanda s'il était au courant de l'infidélité de sa femme.

- Euh Toshi…commença-t-il prudemment. Kaori et ce Ketsuya…

Toshi lui adressa un regard légèrement surpris :

- Tu as compris en les voyant ? Elle me trompe avec lui depuis des années ! Remarque, ce n'est plus tout à fait de l'adultère car il y a belle lurette que je ne l'aime plus et elle, elle s'est payée ma tête depuis le début.

- Mais enfin… pourquoi tu ne divorces pas !

Toshi secoua lentement la tête :

- Si seulement c'était si simple…

Il se leva :

- Bouge pas, je vais chercher Heath.

Deux minutes plus tard, Toshi revint, le bras passé autour des épaules de Heath ce qui prouvait assez que la réconciliation s'était bien déroulée. Ils s'assirent tous les trois dans le salon:

- Je suis vraiment heureux de vous voir tout les deux… déclara Toshi qui reçut un sourire de Heath en échange. Puisque vous vous êtes donnés tant de mal pour me retrouver, je n'ai pas d'autre choix que de tout vous dire.

Les deux autres ne dirent rien pour le laisser rassembler ses idées mais ils avaient les oreilles grandes ouvertes.

- Tout a commencé le jour où je suis tombée amoureux de Kaori. Au début, elle se montrait une femme parfaite avec moi et me racontait qu'elle allait dans une espèce d'association d'aide morale aux personnes sans me dire ce que c'était vraiment. A cette époque, j'étais en plein doute à propos de la suite de ma carrière. La vie de star commençait sérieusement à me bouffer, vous l'aviez bien remarqué. Plusieurs fois, j'ai émis l'idée de quitter le groupe et vous, vous avez toujours su me retenir.

- Peut-être aurions-nous dû te laisser partir plus tôt ? dit tristement Yoshiki.

Toshi secoua la tête :

- Non… car je ne regrette rien de ce que j'ai vécu avec vous pendant les derniers moments. Malheureusement, à l'époque, je restais surtout parce que je ne voulais pas tout gâcher alors que tout marchait si bien. J'avais peur de ta réaction Yoshi-chan… Je ne voulais pas mettre fin à l'œuvre de ta vie et tu étais si heureux grâce à ce groupe. Partir me semblait d'un égoïsme sans bornes. C'est au nom de notre amitié que je suis resté.

- Mais c'est aussi au nom de notre amitié que tu t'es engagé avec moi dans cette aventure !

- Et je ne le regrette pas ! Crois-moi… Seulement, on a réussit à me mettre dans la tête des idées qui n'étaient pas les miennes. J'ai épousé Kaori et après notre mariage, elle a commencé à changer et à montrer son véritable visage. J'avais déjà mis un pied dans la secte de Masaya en pensant que là-bas, on pourrait m'aider à voir clair dans ce que je voulais. A l'époque, je ne la voyais pas comme une secte. Je n'ai jamais rencontré le gourou. Kestuya est le personnage le plus important après lui mais je n'ai jamais pu savoir exactement quelle est la hiérarchie de la secte et de combien de personnes elle se compose. Ce serait trop compliqué de vous expliquer comment ils ont réussi à me manipuler. Ils procèdent avec une habileté incroyable en utilisant les faiblesses des gens. Toujours est-il qu'insidieusement, ils m'ont dit que j'avais sacrifié ma vie pour X-Japan et que c'est pour ça que je n'étais pas heureux.

Toshi regarda Yoshiki comme s'il avait honte de ce qu'il allait dire :

- Ils m'ont fait croire que mon amitié pour toi était la cause de tous mes problèmes. Pour toi, j'avais abandonné la médecine ; pour toi j'avais tout donné pour le groupe ; pour toi encore, je persistais à rester. En fait, c'était toi le grand responsable qui ne faisait que m'utiliser depuis le début. Kaori, qui n'arrêtait pas de me dire qu'elle ne voulait que mon bonheur, me resservait le même discours à la maison. Et finalement…- la voix de Toshi se teinta de dégoût- j'ai fini par y croire.

Pendant tout le temps qu'il avait parlé, Yoshiki et Heath n'avaient pas fait un geste. La dernière phrase sembla les avoir foudroyés.

- Putain…marmonna Heath avec un accent de profonde colère. C'est vraiment des…des…

Il ne trouva pas le bon mot et préféra se mordiller le bout du pouce avec des yeux flamboyants. A côté de lui, Yoshiki était sous le choc :

- Le pire, balbutia-t-il d'une voix blanche, c'est que… cette version-là se tient. Tu as vraiment sacrifié tes propres rêves pour moi.

Heath lui jeta un regard stupéfait et Toshi répondit gravement :

- Je t'interdis de penser ça… Grâce à toi, je suis allé plus loin que je n'aurais jamais osé l'espérer. Je serais le pire des ingrats de t'en vouloir. Je te le répète, je ne regrette rien et je ne veux pas que tu te sentes coupable de quoi que ce soit. C'est quand même moi qui aie choisi de te suivre, ce n'est pas comme si tu m'y avais forcé !

Il fit une pause puis reprit :

- Ils ont quand même réussi à m'avoir pendant un temps. Après m'avoir monté contre toi, il ne leur fut pas difficile de me convaincre de quitter le groupe. Puis j'ai rompu tout contact avec ma famille et mes amis pour m'enfoncer encore plus profondément dans la secte. Ils en ont profité pour me soutirer autant d'argent que possible. Kaori aussi vivait la belle vie grâce à moi. Quant à Ketsuya, il utilisait ma renommée pour attirer le maximum de monde aux concerts qu'il organisait pour Masaya. Je suis une vraie poule aux œufs d'or pour lui..dit-il avec amertume. Vers 2001, à peu près, j'ai commencé à ouvrir les yeux. Kaori est devenue détestable, les gens de la secte me prenaient pour leur larbin et me faisait faire des concerts minables à leur profit. Franchement, je détestais ce qu'on me faisait chanter ! Ta musique me manquait vraiment Yoshiki…

Ce dernier fit un mince sourire.

- En fait, reprit tristement Toshi , ma famille et mes amis me manquaient également. Ma vie me paraissait chaque jour plus détestable. J'ai commencé à me haïr d'avoir tout gâché, de vous avoir trahi ! En 2002, j'ai voulu divorcer et quitter la secte. Mais j'ai été menacé de mort par Ketsuya…

- Quoi ! bondirent les deux amis.

Toshi afficha une grimace douloureuse :

- Oui… C'est Kaori qui m'a dénoncé en fait. Ils savaient que je parlerais, que j'alerterais l'opinion publique. C'était risqué de me laisser partir et surtout, Ketsuya ne voulait pas être privé du seul artiste vraiment rentable de son business… Alors il a trouvé ce moyen de me faire taire et de m'obliger à continuer.

Un silence s'établit pendant quelques secondes. Heath et Yoshiki essayaient d'assimiler l'histoire incroyable qu'ils venaient d'entendre. Finalement, c'est Heath qui reprit la conversation :

- Dis-moi… et cette vente de tous tes souvenirs de X-Japan ?

- Une idée de Kaori, répondit amèrement Toshi. Envers et contre tout, j'avais quand même gardé ces reliques de mon ancienne vie. Mais au moment, où on a commencé à avoir des problèmes d'argent, Kaori a eu l'idée de m'obliger à les mettre aux enchères sachant qu'on pouvait en tirer beaucoup. Evidemment, je ne voulais pas mais elle était devenue très influente au sein de Masaya et elle était la maîtresse de Ketsuya. Celui-là ne peut rien lui refuser. La vente s'est faite en mon nom mais, en réalité, c'est eux qui l'ont orchestré.

Vous n'imaginez pas comme ça m'a fait mal...

Toshi ajouta à l'adresse de Heath :

- Je sais que toi et Pata, vous m'en avez énormément voulu. J'aimerais qu'il soit là pour lui expliquer tout ça.

- Je lui dirais, ne t'en fais pas, assura Heath. Pour ma part, tu es tout pardonné.

Toshi fit son premier vrai sourire depuis le début de son récit. Puis une idée lui revint à l'esprit :

- Ah mais attendez !

Il se leva, sortit du salon sous les yeux interrogateurs des deux autres.

- Il va où là ? demanda Heath.

- Aucune idée…

Cinq secondes plus tard, Toshi revint avec, dans la main, la fameuse bague en argent qu'ils portaient tous :

- Regardez ! Je l'ai toujours mais je suis obligé de la cacher ! Kaori connaissait son existence mais je lui ai raconté que je l'avais jetée après mon départ du groupe.

Toshi la passa à son majeur avec un regard brillant et se rassit. Il se passa la main sur le visage :

- Voilà où j'en suis : prisonnier de Masaya et esclave de Ketsuya.

- Tu crois vraiment qu'il serait capable de te tuer ? demanda Yoshiki d'un air effaré.

Toshi réfléchit un instant et son visage s'assombrit :

- Je crois que cet homme est très dangereux. Il transporte une arme dans sa voiture. Ce serait si facile pour lui de me faire tuer par un sous-fifre. Isolé comme je le suis à présent, personne ne pourrait donner d'indice à la police qui pourrait faire retrouver les responsables…

- Il y a nous maintenant ! déclara Heath. Si ce salaud te fait le moindre mal, nous aurons beaucoup de choses à dire aux flics !

Toshi eut un maigre sourire mais brusquement, il se redressa, l'oreille aux aguets et courut à la fenêtre :

- Merde ! C'est Kaori qui revient !

Yoshiki et Toshi bondirent également. Toshi les attrapa chacun par un bras et les conduisit précipitamment de l'autre côté de la maison.

- Par la porte de derrière ! Partez vite ! Je trouverai un moyen pour qu'on se voie très bientôt. Escaladez la grille du jardin, ce n'est pas très difficile.

Mais avant que Yoshiki ne s'élance derrière Heath, Toshi l'attrapa par la main et lui dit précipitamment :

- Yoshi-chan ! Ce Ketsuya ne doit jamais savoir que tu es ici et encore moins que tu m'as vu. Ne t'approche jamais de lui et garde tout ça pour toi.

Yoshiki allait demander plus de détails mais Toshi le poussa en arrière :

- Va-t-en maintenant !

Il n'y avait pas d'autres solutions. Yoshiki lui lança :

- Je vis toujours dans le même appartement.

Puis il escalada la grille derrière laquelle l'attendait Heath et ils s'enfuirent.

- Merde, merde et merde !

- T'as raison. Il n'a pas eu le temps de te dire grand-chose. On sait seulement que cette secte est dangereuse, qu'il est en quelque sorte prisonnier et qu'il tient toujours à toi. C'est déjà pas mal !

- Je sais mais… j'en peux plus, je veux le sortir de là ! J'ai envie de tout exploser !

- Sois prudent… j'ai un mauvais pressentiment.

- Moi aussi mais c'est pas ça qui m'arrêtera !