Disclaimer : les personnages de Kuroko no Basket appartiennent à leur auteur, Tadatoshi Fujimaki.

Histoire courte en deux parties avec le point de vue de Momoi et celui d'Aomine.

Lemon léger.

Suite de l'histoire « Encore une fois ». Peut se lire indépendamment (enfin je crois).

ooo JUSTE UNE DERNIÈRE FOIS ooo

Momoi Satsuki en était consciente, elle devait dire la vérité à Aomine. Déjà parce qu'elle ne lui avait jamais rien caché, et ensuite parce que la situation devenait intenable pour elle.

Entre eux, il n'y avait jamais eu de secrets – du moins, pas aussi intimes. Ils se côtoyaient depuis l'enfance et malgré le caractère solitaire teinté d'égocentrisme de l'As de la Tôhô, Momoi était la seule personne au monde à le connaître et le comprendre vraiment.

C'était arrivé, comme ça, sans crier gare, sans qu'elle ne cherche à refouler ses sentiments. Momoi n'était pas du genre à se mentir à elle-même. Quand elle aimait, c'était avec passion. Elle donnait tout, ne mentait pas, ne trichait pas. Elle était spontanée, bienveillante et joviale, d'une humeur toujours constante. Beaucoup se demandaient comment une fille comme elle pouvait être amie avec un garçon comme Aomine Daïki. Ça faisait sourire Momoi. Personne ne pouvait imaginer le lien spécial qui les unissait. C'était avec elle qu'il avait joué au basket pour la première fois. C'était avec elle qu'il avait découvert le potentiel incroyable qui sommeillait en lui. Elle était à ses côtés quand il avait rejoint la sélection du collège Teiko. Et elle était là pour le voir devenir l'un des meilleurs joueurs de basket de sa génération. A chaque étape de la vie d'Aomine, Momoi était présente. Dès l'instant où leurs yeux s'étaient croisés, ils ne s'étaient plus jamais lâchés.

Elle aurait pu, pourtant. Et il s'en était fallu de peu pour que ça arrive. Mais l'idée d'être séparée d'Aomine, son ami de toujours l'avait terrifiée. Sa crainte de le perdre s'était montrée plus puissante que l'amour qu'elle croyait ressentir pour Kuroko Tetsuya. Et puis, elle n'avait aucune confiance en Aomine et ses capacités à se comporter normalement en société. Si elle n'était pas là pour veiller sur lui, le protéger, qui le ferait ? C'était donc un choix de bon sens. Un choix de pure amitié. Au final, ce choix s'avéra être le meilleur qu'elle ait pu faire. Car son inconscient avait compris l'authenticité des sentiments qui dormait au fond de son cœur.

En tant que manager de l'équipe, Momoi ne manquait aucun entraînement. La Winter Cup approchait et elle avait composé un dossier complet de chaque équipe du tournoi. Seule celle d'Akashi, l'ancien capitaine de Teiko, lui donnait du fil à retordre et elle en était particulièrement contrariée.

Assise dans les gradins, elle regardait Aomine voler d'un bout à l'autre du terrain. Il était athlétique, incroyablement endurant et totalement dévoué au basket. Cela lui semblait faire une éternité qu'elle ne l'avait pas vu avec ce sourire fourbe aux lèvres. Lui, le prodige invincible, imbattable et imbattu, avait retrouvé le goût du jeu après sa défaite contre Seirin. Un nouvel objectif l'obsédait, celui de remporter la Winter Cup et prendre sa revanche sur Kagami Taïga, la nouvelle lumière de Kuroko. Et en pensant à Kuroko… le cœur de Momoi se serra. Elle avait mis du temps à comprendre que cet amour n'en était pas un. Elle pensait, naïvement, que l'ombre était tout simplement trop timide pour officialiser leur relation. Mais le jour où il se déciderait enfin à se déclarer, s'imaginait Momoi, elle se voulait prête. C'était dans cette optique qu'elle avait eu la brillante idée d'aborder Aomine pour lui demander un service. Une faveur, plutôt. Qu'il lui apprenne les rudiments de l'amour en matière de sexe. En somme, elle avait voulu perdre sa virginité avec lui afin de pouvoir offrir à Kuroko le meilleur d'elle-même. Au début, il avait été choqué par sa demande. « te déflorer ? Et puis quoi encore ! » avait-il lâché de but en blanc. Mais Momoi s'était montrée têtue. Jour après jour, semaine après semaine, elle avait poussé Aomine dans ses retranchements jusqu'à ce qu'il cède à sa demande.

Aurait-elle pu rêver d'une nuit plus parfaite que celle qu'ils s'étaient offerte ce soir-là ? Ça ne devait être qu'une fois. Une seule et unique fois. Mais il y en avait eu une autre. Et une autre. Et encore une autre. Et elle se retrouvait là, six mois plus tard, à se demander comment annoncer à son plus ancien ami, qu'elle l'aimait, tout simplement.

Elle observa Aomine dribbler un défenseur, revenir sur ses pas et tirer depuis le cercle central. Aucune émotion ne se lisait sur son visage impassible. Envolé le sourire. Trop facile pour lui. Ça ne le satisfaisait pas.

Elle ne le quitta pas du regard quand il suivit le mouvement de ses coéquipiers et rejoignit les vestiaires. Il était toujours le dernier à sortir, elle en savait quelque chose, elle lui râlait suffisamment après pour ça. Mais aujourd'hui, ça arrangeait bien ses affaires. Cela faisait plusieurs jours qu'elle se jouait le scénario dans sa tête. Elle n'arrivait plus à se taire. Elle n'arrivait plus à faire semblant. Chaque fois qu'il apparaissait dans son champ de vision, Momoi avait la sensation que son cœur se liquéfiait dans sa poitrine. Elle n'arrivait même plus à le regarder dans les yeux. Et il commençait à capter le malaise. Aomine était un rustre qui ne faisait pas spécialement attention aux sentiments d'autrui. Mais Momoi se savait différente, particulière à ses yeux, privilégiée. Elle voulait croire en cette symbiose qui les unissait. Et pas seulement parce qu'il avait été le premier à lui faire l'amour, non, mais parce qu'elle avait senti son âme vibrer au contact de la sienne.

Elle salua Imayoshi, le capitaine de l'équipe, quand il sortit des vestiaires moins d'une demi heure plus tard, et se leva des gradins. C'était le bon moment. Maintenant ou jamais.

Quand elle pénétra à l'intérieur de la pièce, une puissante odeur masculine lui balaya le visage. Un mélange de sueur, de serviette humide et de savon. Le bruit du jet d'eau qui s'élevait de l'une des cabines de douche la renseigna sur l'endroit où se trouvait Aomine. Par précaution, elle tira le verrou de la porte et se dirigea à pas feutrés vers l'objet de sa convoitise, laissant dans son sillage ses vêtements éparpillés sur le sol. Ce n'était pas prévu au programme, ça. Mais l'idée d'Aomine nu sous la douche déclencha en elle une excitation incontrôlable, un désir insatiable. Il ne se passait pas une journée sans qu'elle ne s'imagine pas faire l'amour avec lui. Quand elle se nicha dans son dos, il sursauta.

- Woh ! Fit-il en faisant volte-face. Putain, Satsuki, t'es sérieuse, là ?

- Désolée, je n'ai pas pu résister, murmura-t-elle.

- Mais t'es givrée ou quoi ? Imagine que quelqu'un rentre ?

- Du calme. J'ai fermé à clé.

La surprise passée, un léger sourire en coin étira les lèvres du basketteur. Si tenté que ce fut encore possible, le cœur de Momoi se liquéfia un peu plus. Les prunelles bleues qui la fixait était un océan déchaîné dans lequel elle aurait aimé se noyer à tout jamais.

- T'es pas croyable, toi, dit-il en se replaçant sous le jet d'eau chaude.

- J'ai pensé que, peut-être, tu aurais envie d'une compagnie féminine, fit-elle en l'imitant.

Momoi ne prenait pas un très grand risque en agissant ainsi. Les chances qu'il la repousse avoisinait les zéros. Elle était objective sur sa personne. Elle possédait tout ce que Aomine aimait chez une femme. Quel homme normalement constitué résisterait à une invitation aussi claire ? Elle plaisait à la gente masculine, elle en avait pris conscience que très récemment, depuis ce fameux soir où elle avait offert à Aomine sa virginité. Son potentiel séduction ne faisait que se renforcer, elle prenait de plus en plus confiance en elle. Et c'était ce petit sursaut d'assurance qui l'avait mené directement dans les bras de son meilleur ami.

Ruisselante et échauffée par le jet d'eau chaude, elle glissa ses doigts sur le torse du basketteur. Il ne la quittait pas du regard.

- Tu veux vraiment faire ça ici ? Comme ça, sans capote ?

- Tu as plus intéressant à faire ?

Elle ne lui laissa pas le temps de penser ou formuler une réponse. Elle se dressa sur la pointe des pieds, passa ses bras autour de son cou et l'embrassa. Baiser auquel il répondit sans tarder. L'une des mains d'Aomine glissa dans sa chevelure tandis que l'autre s'égara sur la cambrure de ses reins. Leurs langues s'entremêlaient, leurs bouches se dévoraient. Et Momoi en était certaine, il n'y avait qu'elle qu'il embrassait ainsi. Elle était la seule à qui il se donnait entièrement. C'était une intuition puissante, qui ne la quittait jamais.

Elle fit courir ses lèvres le long du cou d'Aomine, au niveau de son torse, de ses abdominaux, de son nombril, toujours plus bas… Son corps d'athlète était le meilleur des aphrodisiaques qu'elle pouvait espérer. Il était beau. Il était fort. Il était une énergie ténébreuse qui envoûtait quiconque croisait sa route. Un petit diablotin capable d'ensorceler le commun des mortels et Momoi avait plongé tête la première, sans se méfier.

Elle sentit la respiration du basketteur s'accélérer et ses abdos se contracter quand elle lécha du bout de la langue la base de son sexe. A peine quelques caresses et Momoi se retrouva avec une érection complète entre les doigts. Désormais, elle connaissait chaque zone érogène chez son compagnon de débauche capable de l'exciter à coup sûr. Elle glissa son sexe entre ses lèvres, le prenant à pleine bouche et amorça de longs et lents mouvements de succion. Le bruit du jet d'eau ne suffit pas à masquer les gémissements d'Aomine. Il se retenait difficilement quand elle lui faisait une fellation. Momoi était loin d'être à l'aise en matière de sexe oral, mais si elle se fiait à ce que lui laissait entendre Aomine, elle se débrouillait admirablement bien. Elle était instinctive. Et logique. Sa bouche suçait avec sensualité tandis que ses doigts massaient le rebondi de ses bourses. Elle cru le sentir se durcir un peu plus entre ses lèvres, pousser vers le fond de sa gorge. Elle leva un œil vers lui. Il avait la tête appuyée le long de la paroi de la cabine de douche, les yeux à demi-clos, la bouche légèrement entrouverte. Plus sexy, ça n'existait pas. Combien de filles avaient été capables de le mettre dans un tel état ? Momoi crevait de jalousie à cette simple pensée. Elle voulait Aomine pour elle, rien que pour elle. Elle voulait être la seule et unique femme qui hanterait ses nuits, ses rêves les plus intimes, ses desseins érotiques. Elle voulait le posséder entièrement. Elle était passionnément amoureuse de lui, à tel point que par moment elle se croyait devenir folle, martelée par ses désirs. Ses dents accrochèrent la peau sensible du basketteur.

- Hey, fit-il en s'écartant vivement. Doucement si tu ne veux pas que les réjouissances s'arrêtent ici.

- Désolée, répondit-elle en se redressant.

Ses yeux trahissaient ses sentiments profonds car elle vit le regard d'Aomine la sonder avec intérêt.

- Qu'est-ce que tu as ? Demanda-t-il.

Quoi ? Elle était donc si prévisible que ça ? Et n'était-ce pas le bon moment pour tout lui dire ? Il comprendrait. Il accepterait. Elle entrouvrit la bouche… mais ses paroles ne s'accordèrent pas avec le fond de sa pensée.

- Je… J'ai envie de toi… Seulement envie de toi.

C'était sincère. Tout du moins, c'était une partie de la vérité. Et il sembla s'en contenter car il ne chercha pas à approfondir la discussion. Sans un mot de plus, il la souleva par les fesses, la cala entre ses hanches et la cabine de douche et la pénétra sans résistance.

Aussitôt, Momoi s'agrippa aux épaules d'Aomine et laissa sa tête retomber dans le creux de sa clavicule. L'eau qui ruisselait sur leurs corps les enveloppait d'une chaleur vaporeuse. Une décharge électrique remonta le long de la colonne vertébrale de Momoi. Avec une ardeur non contenue, Aomine prenait possession de son intimité, comme il l'avait déjà fait des dizaines de fois, comme elle espérait qu'il le ferait des centaines d'autres fois. Le son de leur peau claquant l'une contre l'autre excita un peu plus les sens de Momoi. Ses lèvres s'entrouvrirent pour mieux se refermer sur la peau du basketteur. Elle remonta de la base de son cou, jusqu'à son menton pour enfin capturer de nouveau sa bouche. Quand elle embrassait Aomine, le monde pouvait bien s'arrêter de tourner, tout lui était égal. Seul lui comptait, et les sensations délicieuses qui lui ravageaient le ventre. Les pénétrations du basketteur étaient puissantes, profondes, régulières et parfaitement synchronisées, destinées à ne laisser aucun répit au corps qui les accueillait. Elle eu tout juste le temps de fermer les yeux, l'orgasme qui la terrassa lui coupa le souffle. Ce n'est qu'après plusieurs secondes de black-out total que Momoi s'autorisa à respirer de nouveau. Son cœur cognait à tout rompre dans sa poitrine. Ses doigts, crispés autour des épaules masculines, se détendirent. Elle redressa légèrement la tête et accrocha le regard de son ami. Il avait cette lueur mutine au fond des yeux, une lueur qu'elle lui connaissait que trop bien.

- Eh bin, sourit-il. T'es hyper sensible aujourd'hui.

L'eau qui éclaboussait son visage basané le rendait encore plus beau que d'habitude. Momoi se pencha pour capturer une énième fois ses lèvres. Que pouvait-elle faire d'autre après un orgasme comme celui-là ? Elle gémit de plaisir quand elle sentit Aomine reprendre d'assaut son intimité. Elle avait la sensation de ne plus maîtriser son corps. De n'être qu'un amas de cellules porté par la fougue du basketteur. Elle sentit une nouvelle vague de chaleur brûlante se répandre à l'intérieur de son ventre. Sensible, oui, c'était le mot. Sensible. Et tellement plus encore. Son corps était fait pour fusionner avec celui d'Aomine. Elle ne voulait que lui, ne se donnerait qu'à lui.

Bouche contre bouche, ils ne cessaient de s'enivrer l'un l'autre. Les doigts de Momoi s'accrochèrent dans les cheveux d'Aomine. Si elle serra un poil trop fort, il n'en laissa toutefois rien paraître. Le bruit du jet d'eau ne suffit pas à annihiler leurs gémissements. Momoi dut rompre leur baiser langoureux. Elle manquait d'air. Aomine aspirait tout sur son passage, comme un ouragan vorace. Où peut-être était-ce elle qui ne savait plus comment respirer… Il s'agitait toujours en elle, sans faiblir, et il s'échauffa au moins aussi vite qu'elle car Momoi sentit les mains du basketteurs se crisper sous ses fesses. Les pénétrations dont il la gratifiait s'accélérèrent subitement. Elle ondula du bassin, en rythme avec lui, comme une danse, une symbiose que seule deux êtres en parfaite harmonie était en capacité de s'offrir. Dans ce qu'elle perçut comme un feulement de plaisir, Aomine tenta de se dérober mais Momoi resserra les cuisses, l'obligeant à rester immerger au plus profond d'elle-même.

- Attends… Satsuki… Je vais… Jouir.

- Reste, Dai-chan… dit-elle d'un ton suppliant. Reste !

Dans son regard bleu océan, elle lu une concupiscence qu'elle n'avait encore jamais vu. Il obéit. Et pour la première fois, elle le sentit jouir sans rien pour faire barrage entre eux. Le sexe d'Aomine pulsait contre les parois de son intimité, qu'elle contracta afin de majorer son orgasme.

Elle ignora si ce fut l'intensité de l'acte ou la jouissance qu'elle vit naître au fond des yeux d'Aomine qui la firent craquer mais Momoi fut envahie par une violente bouffée d'angoisse. Ses yeux s'humidifièrent et un torrent de larmes dévala de ses paupières. Confuse, elle se libéra de l'étreinte d'Aomine et s'écarta des bras qui ne l'avaient pas lâchée.

Le regard du basketteur changea du tout au tout. D'une béatitude post-orgasmique, il se transforma en une inquiétude sincère.

- Satsuki, qu'est-ce que tu as ?

Il tourna le robinet pour couper l'arrivée d'eau et attrapa sa serviette pour envelopper Momoi. Secouée par les sanglots, elle se laissa porter jusqu'au banc.

Il avait enroulé une autre serviette autour de ses hanches et s'accroupit face à elle.

- Hey, petit ange, fit-elle en lui redressant le menton. Qu'est-ce qui se passe ? Je… je t'ai fait mal ?

- Non… non… balbutia-t-elle. Ce n'est pas toi. Tu n'as rien fait de mal.

- Alors pourquoi tu pleures ?

L'effroi qu'elle entendit dans la voix de son meilleur ami la chagrina d'autant plus. Elle se maudit intérieurement de lui infliger un tel tourment mais la peur la tétanisait. Et s'il la rejetait ? Et si elle gâchait tout entre eux ? Et si Aomine ne voulait pas d'elle ?

- Satsuki, dis-moi ce qu'il y a.

Le ton d'Aomine avait repris de l'assurance. L'As de la Tôhô ne se laissait jamais déconcerté bien longtemps. C'était trop tard pour reculer.

- Je n'y arrive plus, Dai-chan. C'est… trop. Je ne peux plus continuer à faire semblant. C'est en train de me rendre folle.

Une nouvelle vague de sanglots la secoua tandis que les bras d'Aomine se refermèrent autour de son corps, comme un rempart, une armure protectrice, un bouclier indestructible. C'était ce qu'il était pour elle, depuis toujours. Son pilier. Sa forteresse. Son âme-sœur. Elle se nicha dans ses bras, laissant les larmes ruisseler sur ses joues. Pourquoi l'amour faisait aussi peur ? Elle aurait voulu suspendre le temps, ne plus jamais quitter la chaleur d'Aomine.

Mais il s'écarta. Délicatement, il balaya ses larmes et se rapprocha de son visage. Momoi ferma les yeux. S'il l'embrassait, là, tout de suite, alors débuterait la plus belle histoire d'amour que le monde ait jamais connue.

- T'es vraiment qu'une petite idiote, j'espère que tu le sais ?

Momoi rouvrit les yeux, le cœur au bord de l'explosion. Aomine la fixait avec amusement, son éternel petit sourire fourbe en coin.

- Tu aurais dû me le dire tout de suite, poursuivit-il. J'aurais compris. C'était le deal entre nous et tu sais bien que je me serais effacé sans faire d'histoire. Je m'y attendais, en plus, j'ai bien vu que t'étais pas dans ton assiette ces derniers temps. Mais je t'interdis de te mettre dans un tel état pour moi, petit ange. Je savais que ça finirait par arriver et je suis ok avec ça depuis le départ.

Mais de quoi parlait-il ? Momoi craignit de comprendre.

- Que… Quoi ? Bredouilla-t-elle.

- Si mes souvenirs sont bons, ça ne devait être qu'une seule fois… mais on s'est bien amusés tous les deux. Et pour être tout à fait honnête, je n'ai jamais autant pris mon pied qu'avec toi. T'es vraiment incroyable.

Il lui déposa un baiser sur le front. Un baiser amical. Un baiser dévastateur.

- Tu vas en faire qu'une bouchée du puceau, crois-moi.

Elle fut incapable de répliquer.

- T'es tellement belle, murmura-t-il. Tellement belle… Et si tu veux mon avis, tu mérites mieux que ce branleur.

Non ! Elle ne lui demandait pas son avis ! Mais la boule douloureuse qui lui étreignît la gorge l'empêcha de parler.

- Merci, petit ange. Merci pour ce dernier cadeau.

Les yeux de Momoi s'écarquillèrent. Il n'était quand même pas en train de croire que… La claque partit toute seule. Elle fouetta le visage du basketteur avec une telle force qu'il retomba lourdement sur le sol. Sidéré, Aomine posa sa main sur sa joue rougie. Momoi le fusillait du regard.

- Pourquoi tu me gifles ? Protesta-t-il. Qu'est-ce que j'ai d…

Elle ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. Furieuse, elle lui hurla dessus :

- Merci pour ce dernier cadeau ? Mais tu t'imagines quoi, crétin ? Que je me suis offert un dernier moment de plaisir avant de couper les ponts avec toi ?

- Bah… c'est pas le cas ?

- Mais non ! Bien sûr que non ! C'est pas possible d'être aussi stupide !

- Euh, pardon, mais je comprends rien à ton état, alors. Tu ne peux plus faire semblant de quoi, si ce n'est arrêter de coucher avec moi alors que tu en aimes un autre ?

- C'est toi que j'aime, espèce d'idiot ! Toi et toi seul !

Ce fut au tour d'Aomine de rester muet comme une carpe. Les deux amis – amants – se fixèrent du regard, comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient. La colère de Momoi face à l'incompréhension d'Aomine. D'un geste habile, le basketteur se redressa sur ses jambes. Il la dépassait d'une bonne tête et demi mais à cet instant précis elle lui semblait inaccessible.

- Qu'est-ce que tu me chantes ? Dit-il d'une voix froide.

- La vérité, répondit-elle sur le même ton. Je suis amoureuse de toi et je n'arrive plus à faire comme si ce n'était pas le cas.

- Et… tu m'expliques comment j'étais censé le deviner ?

Momoi eut un instant d'hésitation. Elle le blâmait d'avoir compris de travers mais sans jamais avoir laissé sous-entendre la teneur de ses sentiments. C'était stupide. Et injuste pour lui. Lui faire des reproches était clairement une solution de facilité.

- Et Tetsu ? Dit-il, toujours aussi froid.

- Quoi, Tetsu ?

- Ça fait deux ans que tu me bassines les oreilles avec ce morveux et là, soudainement, c'est finalement de moi dont t'es amoureuse ?

- Pas soudainement, non.

- Et depuis quand, on peut savoir ?

- Depuis… je ne sais pas… je n'ai pas compris non plus.

- Tu plaisantes, j'espère ? Tu crois que je vais me contenter d'une explication aussi vaseuse ?

- Je ne sais pas quoi te dire de plus. Ça fait des jours que j'essaye de te parler, sans trouver le courage de le faire. Je ne savais pas comment aborder le sujet avec toi. Alors, je me suis dit…

- Tu t'es dit que coucher une énième fois avec moi aiderait à faire passer la pilule, c'est ça ?

- C'est vraiment ce que tu penses ?

- J'en sais foutre rien, à vrai dire ! Je ne m'attendais pas à… à…

- A quoi ? A ce que je tombe amoureuse de toi ? C'est le risque quand on couche avec quelqu'un !

- Mais, putain, c'est TOI qu'es venue me chercher, tu te rappelles ? Je t'ai rien demandé, moi ! Je ne devais être que ton premier coup et c'est tout !

- Tu l'as été plus d'une fois, si je ne me trompe pas.

- La faute à qui ? C'est toi qui revenais à la charge.

- Et tu ne t'es pas demandé pourquoi je le faisais ?

- Mais tu crois vraiment que j'ai que ça à branler de réfléchir au pourquoi du comment ? Satsuki, sérieux, t'es censée me connaître mieux que ça. Si je devais me poser mille questions à chaque fois qu'une meuf veut coucher avec moi…

- Une… meuf ? Répéta-t-elle, choquée. Donc, moi ou une autre, c'est pareil à tes yeux ? Je ne suis qu'une meuf de plus à ton palmarès ?

Elle le vit hésiter à répondre.

- Je n'ai pas dit ça non plus, lâcha-t-il finalement.

- En quoi suis-je différente, alors ?

- T'es ma meilleure amie.

- Ta meilleure amie, oui ! Et tu me baises sans relâche depuis six mois comme tu baiserais n'importe quelle meuf ?

Les mots qui sortirent de la bouche de Momoi le touchèrent en plein cœur. Jamais elle n'avait employé un tel langage… jamais en sa présence en tout cas.

- Ne parle pas comme ça, grogna-t-il.

- Je parle comme il me plaît de parler ! Pourquoi, ça te choque ?

- Franchement ? Venant de toi, oui !

- Oh… Navrée d'avoir froissé tes petites oreilles de jeune prude. Je ne te savais pas si sensible avec les mots.

- Cette discussion est complètement débile ! Pourquoi tu gâches tout ?

C'était la plus grosse crainte de Momoi, le pire qui pouvait arriver. Elle était incapable de s'exprimer clairement. Pourtant, elle avait répété et joué cette scène des centaines de fois dans sa tête. Elle se déclarait. Il lui disait qu'il n'y avait qu'elle. Qu'il n'y avait toujours eu qu'elle. Elle s'excusait d'avoir été si longue à la détente. Il lui rétorquait qu'il aurait attendu toute une vie s'il avait fallu. Et ils s'embrassaient. Comme jamais ils ne s'étaient embrassés. C'était sur cette image de pur bonheur que Momoi arrivait à trouver le sommeil chaque soir dans son lit, serrant fort son oreiller à la recherche de la moindre petite particule qu'Aomine aurait laissé.

Mais la réalité s'avéra moins fantastique que les rêves. Il avait raison, elle était en train de tout gâcher. Aomine ne partageait pas ses sentiments, Momoi en était convaincue désormais.

- Pourquoi tu ne m'as pas repoussée ? Demanda-t-elle, des trémolos dans la voix. Si ça ne devait être qu'une fois, pourquoi tu ne m'as pas repoussée ?

- Tu tiens vraiment à ce que je te réponde ?

La tension entre eux était électrique, pesante. Trempés, vêtus d'une simple serviette, ils ne se quittaient pas du regard. Tout pouvait s'arrêter. Ici et maintenant.

- Vas-y ! Le provoqua Momoi. Au point où on en est, autant jouer carte sur table.

Elle ne le vit pas sourciller quand il répondit :

- J'allais pas dire non à du sexe facile.

Coup de poignard. Momoi eu l'impression qu'on lui arrachait le cœur de la poitrine, qu'on piétinait son âme. Battue, définitivement. Elle se jura de ne plus jamais ouvrir son cœur en miette, à personne. Ses yeux s'humidifièrent de nouveau mais aucunes larmes ne s'en échappa. Tout était dit.

Momoi rassembla ses affaires, se rhabilla sans un mot de plus. Peut-être qu'Aomine allait la retenir ? Il ne le fit pas. Il se contenta de la regarder partir, fermé comme une tombe, le regard vide, presque absent. Qu'espérait-elle du grand Aomine Daiki ? Ce monstre d'égoïsme au cœur de glace qui n'aimait que lui-même.

Ce ne devait être qu'une fois. Une seule et unique fois. Une larme douloureuse roula sur sa joue quand elle réalisa que cette fois-là était la dernière.

ooo FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE ooo

* Merci de m'avoir lue.

* Désolée s'il traîne encore quelques fautes.

* A bientôt pour la seconde et dernière partie.