disclaimer : voir chapitre un
chapitre relu par ezilda, la reine des bêtas (readers bien sûr)
Chapitre 2. Premier clientCe jour-là à quatorze heures, Severus se prépara pour son rendez-vous à Londres avec ce consultant en recherche d'emploi . Avec la chance qu'il avait, il allait tomber sur un Gryffondor, le manteau rouge aux boutons dorés trahissait cette damnée maison. Enfin, il n'était pas en situation de faire la fine bouche.
Un coup d'œil à sa garde-robe le convainquit qu'il portait déjà sa meilleure robe, il ne lui restait plus qu'à remplir sa sacoche de quelques documents (mieux valait être préparé) et il se mit en route pour le Londres moldu. Un peu en avance, il s'appuya contre le muret et observa la foule. Le froid n'arrêtait pas les touristes qui entraient et sortaient de la National Gallery, bien peu d'entre eux parlaient anglais.
En cette saison, les couleurs sombres étaient de mise, il ne devrait pas avoir de mal à repérer un sorcier en manteau rouge. Lui-même attirait le regard avec sa haute taille drapée d'une cape noire, ajoutez-y un visage et des mains pâles, des yeux et des cheveux aussi noirs que sa cape, et le public s'écartait instinctivement de lui, surpris de croiser un ersatz de Dracula à cet endroit.
Il aperçut une tâche rouge. En affinant son regard, il vit que la tâche rouge était surmontée d'une touffe brune qui prétendait être contenue dans un chignon. S'il n'attendait pas spécifiquement une personne vêtue d'un manteau rouge, il se serait éclipsé. Hermione Granger ! Cette fois, il en était sûr, il était maudit. Quoiqu'en y pensant bien, elle avait fait la une des journaux deux ans auparavant parce qu'elle avait eu le courage de rompre avec un Weasley, Ron ou quelque chose comme ça. Quelqu'un qui avait osé se dresser contre la pensée unique ambiante ne devait pas être totalement mauvais ou inutile. Le temps que Severus pense tout cela, elle était devant lui.
-Professeur ?
-Miss Granger. J'aurais dû me douter, entre les initiales et le manteau rouge aux boutons dorés, que vous étiez derrière tout cela. Oh, et je ne suis plus professeur au cas où vous l'auriez oublié.
-Pardon, certaines habitudes sont difficiles à perdre.
Il haussa un sourcil, elle éprouva le besoin de se justifier.
-Je ne vous ai pas vu ni parlé depuis Poudlard. Je n'ai pas eu l'occasion de vous appeler… ?
-Monsieur Snape.
-Bien, monsieur Snape. Vous êtes visiblement mon client, peut-être pourrions-nous poursuivre cette conversation dans un lieu plus chaud ?
-Puisque vous semblez connaître cette partie de Londres, montrez donc le chemin.
Severus s'inclina légèrement et la suivit.
Dix minutes plus tard, devant un café chaud, Hermione et Severus purent s'attaquer au cœur du problème.
-Si j'en crois votre missive, monsieur Snape, vous avez besoin de conseils pour votre recherche d'emploi. Afin de vous aider, je voudrais commencer par détailler vos compétences.
-Avant d'aller plus loin, miss Granger, je voudrais clarifier certaines choses. Vous avez été suffisamment impliquée dans la guerre pour ne pas vous offusquer au moindre méfait, j'ai donc confiance dans le fait que vous ne vous enfuirez pas si jamais nous devons aborder certaines de mes activités passées. Toutefois, vous êtes une amie proche de Potter, cela ne vous gêne-t-il pas de travailler pour moi ?
-Si cela me gênait, j'aurais fait demi-tour avant même de vous saluer. De plus, j'estime que vous avez payé votre dette envers la société. En réalité, je suis contente de travailler pour vous, si je réussis à vous trouver du travail, ce serait une formidable carte de visite pour moi.
-Vous comptez donc m'utiliser pour votre publicité ?
Cette idée ne plaisait pas du tout à Severus.
-Ne vous inquiétez pas, monsieur Snape. Je ne ferai rien qui vous nuirait, et après tout, n'allez-vous pas utiliser mon statut de « héroïne de guerre » et mon réseau relationnel à vos propres fins ?
Il dut admettre qu'elle avait raison, et si elle était toujours aussi fair-play qu'elle l'était à Poudlard, il n'avait aucune raison de croire qu'elle lui mentait.
-Je crois que nous avons un accord, miss Granger. Voudriez-vous voir mon CV pour commencer ?
-Bonne idée.
Severus sortit de sa sacoche un parchemin qui avait clairement vu de meilleurs jours.
Severus Snape
Spinner's End
Sheffield
ExpérienceMaître des potions – Poudlard – 14 ans
Professeur de défense contre les force du mal – Poudlard – un an
DiplômesASPIC : huit obtenus, tous avec la mention « optimal »
BUSE : douze obtenus, tous avec la mention « optimal »
C'était un peu court. Le visage de Hermione dut exprimer son opinion car Severus ajouta :
-Je n'ai pas pensé utile d'ajouter mangemort, agent double, assassin de Dumbledore et co-assassin du Seigneur des Ténèbres, prisonnier à Azkaban et autres petites activités annexes.
-L'ennui avec un tel CV est que les recruteurs n'iront pas plus loin que votre nom et la réputation qui y est attachée. Vous avez enseigné à beaucoup d'entre eux ou à leurs enfants et ils n'en ont pas tous gardé un bon souvenir. Ils se souviennent de votre partialité et de votre méchanceté aux dépens de ce qu'ils ont appris avec vous.
Severus réussit à garder une expression impassible mais il avait bien envie de protester. Qui sait comment elle se serait elle-même comportée si elle avait dû année après année répéter la même chose à des cornichons qui n'en avaient rien à faire ? Hermione poursuivit :
-Ceux qui étaient à Serpentard sont bien trop intéressés par leur propre sort pour se préoccuper du vôtre. Et tous les autres oublient volontiers que vous avez payé votre dette et que vous avez le droit à un nouveau départ.
Diable, elle avait raison sur toute la ligne, pensa Severus.
-Nous allons donc commencer par détailler vos compétences, monsieur Snape. A partir de là, nous pourrons choisir plus efficacement vers quel type d'emploi vous tourner.
Trois heures plus tard, le parchemin devant Hermione affichait la liste suivante :
1. potions :
capable d'imaginer un poison avec le contenu classique de l'armoire à potions de la sorcière de moins de cinquante ans en moins d'un quart d'heure. Suppose d'être capable de créer n'importe quel antidote tout aussi rapidement. Piste possible à Sainte-Mangouste.
Capable de réaliser les potions les plus complexes comme la potion tue-loup. Pistes possibles : apothicaires et leurs fournisseurs, producteur de potions indépendant. Dans ce dernier cas, choisir entre produire des potions courantes en grande quantité ou des potions plus complexes à coût unitaire plus élevé.
Amélioration des techniques de fabrication des potions existantes. Pistes possibles : apothicaires et leurs fournisseurs.
2. sortilèges et enchantements
connaissance extensive de la magie noire et mise en pratique de celle-ci sous toutes ses formes (potions, magie utilisant le sang(1), sortilèges impardonnables, malédictions)
capacités de duelliste : premier ex aequo au concours in-doors de duel de Canterbury en 1984, participation aux batailles et escarmouches de la guerre, a tenu tête à Voldemort
création de sortilèges, des plus anodins aux plus létaux.
Pistes possibles : briseur de sorts (Gringott), services de sécurité privée, laboratoires de recherche en potions et/ou sortilèges.
-Voilà, monsieur Snape, nous avons déjà quelques pistes, réfléchissez-y d'ici notre prochain rendez-vous. Nous rédigerons votre CV en fonction de vos choix et nous nous mettrons d'accord sur une stratégie. La semaine prochaine ici-même à quinze heures vous convient-il ?
-Je pense que nous pouvons nous revoir plus tôt, dans trois jours.
-Très bien, à dans trois jours. Au revoir monsieur Snape.
-Au revoir, miss Granger.
Hermione n'en revenait pas. Avait-elle vraiment rencontré Severus Snape ? Où était l'homme sarcastique et cruel dont elle avait gardé le souvenir ? Elle était au contraire enchantée de son après-midi. En fait, les trois dernières heures n'avaient pas été entièrement professionnelles, tout au plus la première. En discutant des compétences de Severus en potions et sortilèges, Hermione n'avait pu s'empêcher de lui demander quelques éclaircissements sur des détails qui l'avaient chiffonnée dans son précédent emploi. De fil en aiguille, la conversation avait dérivé sur la situation du monde sorcier et un tant soit peu sur leur vie personnelle. Elle avait ri à quelques mots bien sentis à propos de Ron : « le plus jeune des garçons Weasley, comment s'appelait-il déjà ? Ron je crois, a toujours eu un souaffle à la place du cerveau, c'est un miracle qu'il sache garder ses buts et résister à la tentation de passer lui-même au travers d'eux », elle s'était émue, sans le montrer, lorsqu'il avait évoqué à mots couverts sa situation financière, et l'avait trouvé parfait gentleman. Elle ne pouvait s'expliquer pourquoi mais l'idée de le revoir dans trois jours lui plaisait, elle n'avait pas toujours l'occasion d'avoir une conversation intelligente après tout.
De son côté, les pensées de Severus suivaient un chemin semblable. « Si on m'avait dit il y a dix ans que Miss-je-sais-tout avait le potentiel pour devenir une aussi charmante jeune femme ! » A vrai dire, il était choqué de penser cela. Mais quelle femme ! En lisant les divers compte-rendus d'aussi diverses cérémonies organisées par le Ministère et autres institutions dans la Gazette du Sorcier, il avait bien vu qu'elle était toujours en relation avec les Weasley. Il aurait pu se demander pourquoi cette famille ne l'avait pas rejetée après sa rupture assez spectaculaire avec leur plus jeune fils, son absence de goût pour les potins mondains avait interdit à son esprit de s'attarder sur la question. Il comprenait mieux maintenant, après l'avoir rencontrée, comment cela avait été possible : c'était grâce à sa personnalité. Elle irradiait aussi bien la compassion que la force de caractère et de profondes convictions pour lesquelles elle était prête à se battre jusqu'au bout. Elle trouvait injuste qu'il soit mis au ban de la société alors qu'il avait réglé son ardoise envers elle. Pour une fois, le tempérament Gryffondor allait jouer en sa faveur, pour une fois, il anticipait avec plaisir sa prochaine rencontre avec un être humain. Il n'avait pas voulu attendre une semaine pour la revoir, il fallait vraiment qu'il trouve très vite un emploi, toutefois il avait trop d'expérience de la vie et se connaissait trop bien lui-même pour ne pas reconnaître que son besoin de gagner sa vie ne suffisait pas à expliquer sa hâte.
Tandis que Severus et Hermione se découvraient sous un nouveau jour, un jeune homme blond contemplait à son tour l'annonce dans la Gazette du Sorcier. Avoir été un mangemort, même à reculons, était un stigmate plus difficile à faire oublier que Draco Malfoy aurait pu l'imaginer. De plus, le Ministère avait saisi une grande partie de la fortune familiale au titre de dommages de guerre, il ne lui restait plus que la grande maison londonienne dans laquelle il se trouvait et entre six mois et un an d'or chez Gringott selon qu'il se montrerait plus ou moins dépensier. Il allait devoir travailler, envoyer un hibou à HG ressemblait de plus en plus à une bonne idée.
(1) la magie utilisant le sang est une invention de ma part basée sur le sortilège utilisé par Voldemort pour protéger l'accès à son horcrux dans la caverne.
Mille mercis à mes lecteurs et reviewers, l'accueil réservé au premier chapitre est du carburant pour auteur.
