disclaimer : voir premier chapite

chapitre relu par ezilda, flash bêta de son état

Chapitre 3. Clients suivants

Bureau bien rangé : OK. Parchemin, plume et encre à portée de main : OK. Ordinateur et imprimante allumés et alimentés en papier : OK. Documentation bien ordonnée sur les étagères : OK. Meubles dépoussiérés : OK. Fauteuils et chaises bien placés : OK. Téléphone mis en veille : OK. Interphone en état de marche : OK. Plateau à café prêt : OK. Oups, elle avait failli oublier ! Jupe, à sa place, pas prise dans les collants : OK. Pas de faux plis : OK. Absence de chocolat autour de la bouche : OK.

Encore une fois, Hermione vérifia que son bureau avait l'air respectable avant de recevoir Remus, son deuxième client. Deuxième et non dernier car un peu plus tôt dans la matinée elle avait reçu un nouveau hibou de la part d'un client potentiel et inattendu, Draco Malfoy. Elle avait immédiatement répondu et proposé un rendez-vous le lendemain matin.

L'interphone n'avait pas fini de sonner que Hermione avait déjà décroché et ouvert la porte de l'immeuble. Elle appréhendait la réaction du loup-garou lorsqu'il découvrirait qu'elle était HG. Il arriva enfin jusqu'à sa porte du bureau.

Toc ! Toc ! Toc !

-Entrez !

Remus ouvrit la porte et...la bouche, puis referma la bouche mais pas la porte.

-Hermione ! C'est toi !

-Et oui, Remus, comme tu le vois, je me suis reconvertie.

Elle s'avança vers lui, lui serra la main, se reprit et l'embrassa comme le vieil ami qu'il était. Elle l'invita à se mettre à l'aise.

-Vas-y installe-toi dans un des fauteuils face à mon bureau. Comment vas-tu, depuis tout ce temps ?

-Je vais bien, enfin presque sinon je ne serais pas ici.Enfin, je ne veux pas t'offenser, ce n'est pas ta compagnie qui me rebute…

-Je sais, Remus, l'interrompit Hermione. Tu as un problème d'emploi.

-Mais comment… enfin… je savais par Tonks que tu avais quitté le Ministère mais personne ne savait ce que tu faisais à la place.

-Et bien maintenant tu le sais ! Il y a un vrai besoin pour ce genre de service dans le monde sorcier. Cependant, j'ai préféré garder l'anonymat afin que mon statut de « Héroïne » ne soit pas une entrave. Je veux être reconnue pour mes compétences, pas pour ce que j'ai fait par le passé.

Remus était encore sous le coup de la surprise. Néanmoins, il se trouvait rassuré de mettre sa carrière entre les mains de Hermione. Telle qu'il la connaissait, elle ne se laisserait pas envahir par les préjugés et ne le jugerait pas sur ce qu'il était. Elle luiservit un café, proposa des biscuits et entra dans le vif du sujet. Elle commença par établir un récapitulatif de la carrière de Remus.

-Voici la synthèse écrite de notre entretien, Remus.

A prendre en considération : l'emploi retenu doit permettre à monsieur Lupin de s'absenter jusqu'à trois jours par mois.

connaissances en défense contre les forces du mal (DCFM) théoriques et pratiques. Monsieur Lupin a enseigné cette matière et a participé activement à la guerre que ce soit au cours de combats ou en tant qu'agent infiltré dans les rangs des loups-garous de Voldemort. Compétences induites : transmission de savoir, communication, capacité à aborder des personnes, des êtres et des situations dangereux.

Bonnes connaissances en créatures magiques : en est une lui-même et comment agir envers certaines fait partie du curriculum en DCFM (strangulots, chaporouges…)

Emploi occasionnel chez Fleury et Bott : contact avec le public, capacité à assurer des tâches répétitives (mise en rayon).

En conclusion, un emploi en lien avec les créatures magiques est envisageable. Il reste à préciser la nature exacte de cet emploi et l'éventuel besoin de formation complémentaire.

-Evidemment, les « extras » que tu réalises de temps à autre pour Barjow et Beurk restent entre nous, Tonks n'en entendra pas parler, en tout cas pas par moi.

-Merci, Hermione. Tu m'as donné du grain à moudre et matière à penser avec tout cela. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.

-Je t'en prie, Remus. Cela me fait vraiment plaisir de travailler pour toi, tu es plus qu'un client, tu es un ami.

-Allez, il est temps que j'y aille. Au revoir, Hermione.

-Au revoir, Remus.


Deux clients, deux cas différents mais pas tant que cela. On aurait pu croire que Remus et Snape seraient aux antipodes l'un de l'autre, les entretiens que Hermione venait de mener avec eux lui avaient montré plutôt le contraire. Ces hommes-là avaient chacun une sombre nature, c'était évident aux yeux du monde dans le cas de Snape mais combien de gens savaient que Remus avait failli tuer Peter Pettigrow de sang-froid ? Qu'il avait réussi haut la main sa mission d'infiltration des meutes de Greyback ? Et on ne trompe pas Greyback en tournant de l'œil à la vue du sang. Qu'il fournissait en objets rares Barjow et Beurk,la peu recommandable enseigne de l'Allée des Embrumes ? Il n'avait pas toujours choisi ses activités, sa condition de loup-garou était en effet un obstacle majeur à un emploi régulier, néanmoins, tuer Pettigrow avec Sirius Black avait été son choix, seul Harry avait pu l'en empêcher. Hermione aussi avait matière à penser et elle commençait à se dire que sa nouvelle profession promettait d'être plus passionnante qu'elle n'avait imaginé.
Le jour suivant, Hermione attendait Draco de pied ferme une demi-heure avant leur rendez-vous, elle était rongée de curiosité, anticipant avec excitation ce qu'elle ne manquerait pas d'apprendre sur celui qui l'avait si souvent rabaissée du fait de ses origines moldues.

Dès que celui-ci mit les pieds dans le bureau de Hermione, il se figea de surprise d'abord puis de haine non dissimulée ensuite.

-Granger ? La sang-de-bourbe de Potter ?

Il était si stupéfait qu'il ne pensa pas à faire demi-tour tout de suite. Au contraire, toute la haine qu'il ressentait envers ces « bienfaiteurs » du monde sorcier se jetait contre les cages mentales au milieu desquelles il l'avait retenue jusqu'à présent, elle cherchait à les briser et à s'exprimer librement. L'idée qu'il avait failli s'humilier devant elle en lui exposant ses difficultés s'ajouta à sa haine et le barrage de ses émotions céda.

-Qu'est-ce que tu fous là, Granger ? Heureuse de me voir dans cette situation ? Tu as dû bien rire, et tes amis de l'Ordure du Phénix avec, de savoir que Draco Malfoy venait quémander de l'aide pour trouver du travail. Tu veux savoir quoi ? Vous me dégoûtez tous, avec vos bons sentiments et vos certitudes de savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux. Vous n'êtes pas mieux que le Seigneur des Ténèbres et ses mangemorts, vous avez tué autant d'innocents qu'eux. Que vous avait donc fait Pansy pour que Shacklebolt la tue ?

Hermione était à la fois sous le choc de cet assaut verbal, de cette révélation, et indignée de se faire agresser pour quelque chose dont elle n'était pas, ou ne se sentait pas responsable. Elle se rappelait l'incident qui avait eu lieu six ans auparavant. La seule chose qui avait filtré était qu'un auror avait commis une bavure au cours d'une perquisition chez les Parkinson. L'homme, qui n'avait paraît-il pas dormi depuis plus de trente-six heures, avait été surpris par l'apparition subite de Pansy dans l'encadrement d'une porte sur sa gauche et avait envoyé un sortilège mortel, bien que ce ne fût pas un impardonnable. Elle ignorait qu'il s'agissait de Kingsley Shacklebolt mais elle savait qu'il n'avait jamais été puni, elle était membre de l'Ordre à l'époque, elle n'aurait pu ignorer une sanction infligée à l'auror.

-Et en quoi suis-je responsable de ce qui est arrivé à miss Parkinson, monsieur Malfoy ? répliqua Hermione lorsque Draco finit sa tirade.

Mais Draco semblait s'être vidé de ses forces. Certes, Pansy lui manquait encore, le reste de sa famille n'avait pas survécu à la guerre, sauf la traîtresse Andromeda Black qui avait épousé un sang-de-bourbe, mais cela remontait à plusieurs années. Son chagrin s'était émoussé, seule son amertume résistait au passage du temps, en fait elle était la seule chose dans sa vie qui avait crû avec l'âge. Il avait fait son deuil de son passé, il était prêt à passer à autre chose et le Serpentard en lui reprit vite le dessus. En fait, avoir pu jeter ses accusations à la tête de quelqu'un était la dernière étape qu'il avait besoin de franchir afin de pouvoir avancer dans la vie. Il s'efforça donc de respirer profondément pour reprendre le contrôle de lui-même et se jeta dans l'entretien avec Granger. S'il posait des garanties, il devrait tirer profit de sa collaboration avec elle, après tout elle assurait la discrétion dans son annonce.

-Tu as raison, tu n'es pas responsable des actions d'un seul homme, tu as cependant contribué par tes actions à me mener où je suis aujourd'hui. Le fait de travailler pour moipeut être considéré comme un remboursement de ce que j'ai perdu.

Ce Draco-là soufflait le chaud et le froid ! Hermione était déstabilisée, et pour regagner son équilibre psychologique, elle répondit :

-Je ne pense pas être d'accord avec la notion de remboursement (« attention, sois diplomate Hermione, le client a toujours raison »), mais si vous voulez que je vous aide à trouver un emploi, pas de problème, je suis partante.

Il ne l'avait toujours pas invité à le tutoyer, c'était énervant mais que pouvait-elle faire ? « Le client a toujours raison, le client a toujours raison, le client a toujours raison », se répétait-elle. Elle ignorait que cette phrase deviendrait le mantra qui lui permettrait de sortir des rencontres avec Draco Malfoy dans un état d'énervement moyen au lieu d'extrême.

Au bout d'un pénible entretien de trois heures (« le client a toujours raison »), dont une demi-heure pour faire admettre à Draco qu'il avait été oisif pendant les cinq dernières années, faire un ou deux placements judicieux par an peut difficilement être qualifié d'activité, elle put avoir une base de travail :

qualités sportives : attrapeur de l'équipe de quidditch de Serpentard à Poudlard pendant cinq ans, continue de pratiquer le balai. Favorable à la pratique d'emplois requérant de la force physique, mais cela entraîne aussi une bonne posture et une allure générale agréable, un atout dans les emplois en contact avec le public.

Issu d'une famille sorcière de haut rang au sang pur : réseau relationnel encore en place même si manque de sincérité. Maîtrise de l'étiquette.

A réussi à introduire des mangemorts dans Poudlard : capacité à lever des obstacles, à imaginer des solutions, à organiser et coordonner des actions collectives.

A fait des placements : gestionnaire.

Piste possible : travail à son compte. Monsieur Malfoy a le réseau relationnel qui lui permettrait d'acquérir et de fidéliser une clientèle et il aurait l'indépendance qu'il déclare attendre de son activité professionnelle (aucun compte à rendre à personne). A faire : observer, interroger son entourage pour détecter un besoin qu'il pourrait satisfaire.

Il ne l'aurait jamais reconnu à voix haute, plutôt mourir qu'admettre qu'une sang-de-bourbe avait en une demi-journée, qu'il allait devoir lui payer un jour, fait un travail qu'il aurait pu faire lui-même s'il s'était donné la peine de réfléchir. Il était néanmoins impressionné par son professionnalisme.

-Quand dois-je te rendre des comptes, chef Granger ?

-De quoi parlez-vous ? Vous n'avez pas de compte à me rendre, sauf peut-être au moment de payer mes honoraires. Je pense que deux à trois semaines, le temps de trouver des idées sur un créneau porteur, est pertinent comme délai pour notre prochain entretien.

-Deux semaines, après il y a Noël, j'aurai beaucoup d'obligations sociales cette semaine-là.

-Cela nous mène donc au 19 décembre. Toujours dix heures ?

-Parfait.

Il se leva et se contenta d'un hochement de tête en guise d'au revoir. « Le client a toujours raison. »

-Au revoir, monsieur Malfoy.

« Je suppose que tous les clients ne sont pas aussi agréables ou intéressants que Snape ou Remus », se dit Hermione lorsqu'il fut parti. Résolument, elle enfila sa cape, sortit et se dirigea vers le salon de thé du quartier qui servait le meilleur gâteau au chocolat du monde.

Un grand merci à tous ceux et celles qui ont lu et/ou reviewé