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chapitre relu par Ezilda, la déesse des bêtas.

Chapitre 4. Boucles et chignon.

Après une bonne dose de chocolat-réconfort, Hermione passa son après-midi à classer ses notes, préparer les recherches qu'elle allait entreprendre pour ses trois clients et organiser la réception des autres personnes qui sollicitaient un rendez-vous avec elle. A ce rythme, elle aurait bientôt un emploi du temps de curé, qui n'a rien à envier à celui d'un ministre. Elle se félicita encore une fois d'avoir fait le bon choix.

Après une bonne nuit de sommeil, une matinée de courses, un repas léger, une heure difficile passée à choisir comment s'habiller, Hermione prit le chemin du café où elle avait rendez-vous avec Severus Snape. Il était encore une fois en avance, cela lui donna l'impression d'être en retard alors qu'elle était pile à l'heure. Il se leva pour l'accueillir, lui tint la chaise avant de s'asseoir à son tour.

-Monsieur Snape, comment allez-vous aujourd'hui ?

-Merci de poser la question, miss Granger. Je vais bien. Et vous-même ?

-Très bien aussi, merci.

Les formalités derrière eux, Severus sortit le parchemin que Hermione lui avait rédigé la fois précédente.

-J'ai bien réfléchi, je pense opter pour la sécurité privée. Les entreprises de ce secteur seront moins réticentes à faire travailler quelqu'un avec mon passé, et j'estime avoir toutes les connaissances et compétences nécessaires pour assurer la protection des biens et des personnes.

-Si vous le dites. Nous pouvons donc passer à la rédaction de votre CV.

Confiante en elle-même, Hermione se lança dans l'exercice tandis que Severus discutait avec elle le moindre mot, apportant la preuve que rédiger un CV pouvait à l'occasion être aussi ardu que rédiger une résolution aux Nations Unies. Tout à leur discussion, ils ne virent pas le désastre arriver. Hermione avait déplacé sa chaise dans l'allée de sorte que celle-ci formait un angle à quatre-vingt-dix degrés avec celle de Severus et que leur travail en commun sur le même bout de parchemin en soit facilité. Un groupe d'étudiants vraisemblablement, un peu en avance dans l'esprit de Noël, chahutant à qui mieux mieux, faisait son chemin vers une table libre au fond du café. Ils se bousculaient mutuellement, pensant sans doute que cela était drôle, et l'un d'entre eux accrocha avec les boutons de sa manche le chignon de Hermione. Les cheveux de la jeune femme ne demandaient pas mieux que de s'échapper et sa coiffe ne fut plus bientôt qu'une alternance de mèches relevées et de mèches tombées.

Un peu contrariée, Hermione se retourna vivement et quelques mèches supplémentaires atterrirent sur ses épaules.

-S'cusez-nous, mademoiselle. J'l'ai pas fait exprès, s'exclama un jeune homme hilare. Hermione se contenta de lui jeter un regard noir puis l'ignora, préférant reprendre le travail en cours sur le CV de Severus. Sans jamais cesser de parler, dans une incarnation parfaite de la capacité des femmes à réaliser plusieurs tâches en même temps, elle entreprit de défaire toutes ses épingles, son élastique, puis de refaire son chignon.

Severus se sentait comme Mowgli face au serpent Kaa, comme une biche prise dans le faisceau des phares d'une voiture, incapable de regarder ailleurs que la nymphe qui se recoiffait devant lui. S'il avait cru qu'il existait une chose telle que le corps astral, il aurait été persuadé d'avoir trouvé le sien à ce moment.

Lorsque les premières mèches étaient tombées du chignon de Hermione, c'était comme si le fait d'avoir été contenus dans des épingles avait rendu ses cheveux encore plus rebelles que dans son souvenir. Ses boucles brunes avaient créé une auréole sombre autour de son visage pâle, encore que moins pâle que le sien, et le contraste était simplement fascinant. Elle avait ensuite ôté les épingles restantes et l'élastique qui retenait sa chevelure en queue de cheval à la base de son chignon, et avait posé ses accessoires sur la table devant elle. Elle n'avait cessé de parler, mais Severus ne suivait plus ce qu'elle disait. Elle sortit une brosse de son sac, lissa sa chevelure, renoua ses cheveux avec son élastique, tordit la mèche ainsi créée en colimaçon autour de l'élastique et tout en maintenant d'une main son chignon, elle ramassa une par une les épingles sur la table afin de les replacer dans ses boucles.

Severus n'avait rien perdu du spectacle : les cheveux frisés contre la peau blanche lui avaient donné envie de les enrouler autour de ses doigts, les bras levés avaient mis en évidence une charmante poitrine habilement cachée par un épais pull-over, la chevelure dénouée avait laissé échapper un envoûtant parfum de vanille (« Comment fait-elle pour que ses cheveux sentent la vanille, et seulement lorsqu'ils sont dénoués ? »), la bouche qui formait des sons sans sens laissait entrapercevoir la pointe d'une langue rose derrière des dents blanches…

-Monsieur Snape ? Une voix interrogatrice et insistante le fit sortir de sa stupeur.

-Oui ?

-Vous êtes d'accord avec ce que je vous ai dit ?

-Euh… oui, je suppose que oui, vous avez l'air de savoir ce que vous faites. Pourrions-nous cependant récapituler ? Je voudrais avoir tout bien en tête avant que nous ne nous séparions et m'assurer que cette exhibition de vos talents en coiffure n'a pas abîmé votre capacité d'expression. Je ne vous connaissais pas aussi vaine, miss Granger.

« Belle pirouette, Severus, tu as réussi à lui cacher que tu la reluquais. »

Les yeux de Hermione avaient exprimé de l'inquiétude et une envie folle de lui demander s'il allait bien mais elle avait choisi sagement de maîtriser cette envie. Elle avait la très nette impression que son inquiétude ne serait pas bien reçue. L'inquiétude vira instantanément en indignation lorsqu'il mit en doute sa capacité à réfléchir posément tout en se coiffant, elle faisait cela depuis sa plus tendre enfance ! Lorsqu'elle réalisa tout à coup ce qu'elle venait de faire : elle s'était comportée devant Severus Snape comme si elle était dans le dortoir des Gryffondors. Elle se sentit rougir et se jeta dans la récapitulation demandée par son client pour cacher son embarras.

-Votre CV met maintenant en valeur les compétences recherchées dans le domaine de la sécurité. Savoir mettre en place une barrière magique que l'on ne peut franchir que sous certaines conditions comme porter un bijou ou une marque par exemple sera apprécié. De même la maîtrise de la légilimencie est un atout qui permet de détecter les imposteurs qui utilisent le polynectar ou les sortilèges de modification de l'apparence.

Severus se garda de la détromper, même s'il se souvenait trop bien avoir failli lorsqu'il n'avait pas reconnu que Croupton junior avait pris la place de Maugrey pendant des mois. Il est vrai qu'il avait tellement peur du vieil auror qu'il n'avait jamais osé le regarder dans les yeux…

-Je vais contacter certaines personnes que je connais et essayer de vous décrocher un entretien avec une société de sécurité, monsieur Snape. Je vous informerai du résultat de mes démarches lors de notre prochain rendez-vous. De votre côté, peut-être pourriez-vous chercher quelques informations comme des adresses d'entreprise, y compris à l'étranger. Beaucoup de sociétés qui oeuvrent en Angleterre ont leur siège à l'étranger. Cela vous convient-il ?

-Cela me paraît sensé. Je pense que deux semaines seront nécessaires, le temps de mettre en œuvre ces démarches avec un minimum de succès ?

-Tout à fait ce que j'allais proposer ! Que diriez-vous du 20 décembre à dix heures ? A mon bureau cette fois.

-Cela me convient tout à fait.

Sur ce, ils se séparèrent.


Chacun avait encore plus à penser après l'entretien qu'avant. Tandis que Severus s'interrogeait sur l'étrange fascination qui l'avait saisi lorsque miss Granger s'était recoiffée, Hermione se demandait pourquoi il était devenu tout à coup silencieux pendant leur échange. La réponse à cette question s'imposa à elle brutalement, si brutalement qu'elle s'arrêta de marcher en pleine rue, soulevant des récriminations dans la foule des acheteurs de Noël qui occupait le trottoir. Il la regardait ! Il l'avait regardée, non pas avec mépris, dédain ou moquerie mais comme un homme regarde une femme ! Severus Snape l'avait regardé comme une femme, pas comme une ancienne élève ennuyante dont l'objectif était de lui gâcher la vie. Etait-ce du désir qui avait brillé dans ses yeux ? Impossible à dire, la lumière artificielle du café pouvait être trompeuse. Elle haussa les épaules, que pouvait-elle y faire ? Elle se contenterait de garder un comportement professionnel, elle ne mélangeait pas vie privée et vie professionnelle. Oui, mais tout de même, son regard était si intense, toute son attention était rivée sur elle, comme s'il n'y avait qu'elle…Arrgh. Elle devait reprendre le contrôle de ses pensées, les remettre en ordre, bien alignées, bien rangées, sans mauvaise surprise ou illusion. Sur cette bonne résolution, Hermione commença son shopping de Noël.
Depuis quand n'avait-il plus été attiré par une femme comme cela ? Severus ne se souvenait plus. Cela ne devait pas lui être arrivé depuis Poudlard. Il n'avait certes pas vécu comme un moine, simplement il ne s'était jamais laissé aller à s'attacher, pas depuis… On change de sujet. En tout cas, elle était vraiment capable de faire plusieurs choses en même temps. Dans tous les domaines ? Severus luttait pour le contrôle de ses pensées autant que Hermione luttait pour maîtriser les siennes. Il pourrait toujours faire une descente dans un bar moldu s'il avait besoin de « relâcher la tension ». D'ici-là, il allait mettre miss Granger à l'arrière-plan de ses préoccupations.

Cette nuit-là, Severus rêva d'une chevelure brune et abondante dans laquelle il glissait les doigts et le nez et s'éveilla avec l'entrejambe collante tel un gamin néo-pubère.


Le lendemain, dimanche, Severus vaquait à ses occupations de dimanche lorsqu'on frappa à sa porte. Précautionneux, il saisit sa baguette avant d'entrouvrir sa porte. Un homme emmitouflé dans une cape sombre se tenait sur le seuil. Severus reconnut l'homme immédiatement bien qu'il ne vit pas son visage et le fit entrer rapidement, non sans avoir vérifié que personne ne l'avait vu entrer. Il ne l'invita toutefois pas à s'asseoir.

-Bonsoir, monsieur Snape, dit l'inconnu. J'aurais besoin de vos services.

Un sentiment de profond déplaisir émanait de la posture rigide de Severus qui gardait un œil attentif sur son visiteur et sa baguette à la main.

-Vous avez entendu parler, je ne doute pas, de la mort… horrible du dernier anti-alchimiste, Nicolas Contracelsus ? Peu de temps avant de mourir, paix à son âme, il avait découvert un nouvel usage au sang de vampire. Il semble qu'il ait créé une potion à partir de ce sang capable de vider un être humain de sa force de vie, en d'autres termes de son âme. Je vous apprends quelque chose, n'est-ce pas ? le nargua l'homme. Ses assassins n'ont pas réussi à mettre la main sur ses notes de travail, hélas le Ministère, lui, les a trouvées. Elles étaient cachées par un sortilège qu'il avait créé et une donzelle qui pourrait être ma petite fille l'a démantelé en quelques heures. La trace de ces notes a été perdue jusqu'à ce qu'une source sûre m'assure qu'un auror les gardait chez lui. Des têtes pensantes ont imaginé qu'on ne les chercherait pas dans un lieu si peu gardé en comparaison du Ministère.

Pendant tout ce discours, Severus s'était contenté de hocher la tête, ne laissant paraître un peu de surprise qu'au moment où son visiteur lui avait appris le sixième usage du sang de vampire. Jusqu'ici, la conversation ne lui plaisait guère.

-J'aurais besoin que vous récupériez ces notes pour moi, monsieur Snape, avant Noël. Voici les coordonnées de l'auror en question, la description du document et la moitié de vos gages. Déposez-moi le paquet à l'endroit habituel et je vous ferai parvenir l'autre moitié aussitôt. Si vous ne tenez pas vos engagements…Je dirai simplement que le climat en mer du Nord est plaisant en cette saison.

Severus protesta intérieurement qu'il n'avait pris aucun engagement mais il savait qu'il était pieds et poings liés dans cette affaire. L'argent serait le bienvenu et l'autre en savait déjà trop sur lui pour le renvoyer à Azkaban sans qu'il y ait besoin d'un procès. Si seulement il savait qui était cet homme !

Notes de l'auteur : l'anti-alchimiste est une invention de ma part. L'alchimiste avait pour but, en schématisant à l'extrême, de purifier son âme. Pour atteindre ce but, il utilisait la transformation des métaux, depuis la décomposition de la matière jusqu'à l'apparition de la pierre philosophale. Un anti-alchimiste a donc a contrario comme objectif de souiller l'âme. N'est-ce pas ce que Voldemort a fait en quelque sorte ?

Mille mercis à mes lecteurs et/ou reviewers, je ne reviens toujours pas de l'accueil favorable fait à cette fic. Je travaille dur à ne pas vous décevoir.