disclaimer : voir le premier chapitre
chapitre relu par Ambre/Ezilda, merci pour le coup de main
Chapitre 8. Des entretiens plus ou moins attendus
Le lendemain de Noël, Severus n'eut guère le temps de s'attarder sur les événements de la veille car même si cela n'arrivait pas tous les jours qu'une jeune femme frappe à sa porte pour lui offrir de la bûche de Noël, il reçut une autre visite tout aussi inattendue et absolument malvenue. L'homme à la cape sombre était de retour. Derrière lui lévitait un sac qui contenait dieu seul sait quoi. Comme toujours, il dut le laisser entrer. Depuis la première fois où il avait accepté de réaliser un « travail » pour lui, il ne pouvait rien lui refuser. Avait-il été vraiment si désespéré à l'époque ? La réponse était oui, il n'avait rien mangé depuis trois jours lorsqu'il avait rencontré l'homme, aussi il n'avait pu refuser quelques gallions en échange d'une potion amortentia. Puis il avait fallu préparer de la felix felicis, puis dérober des ingrédients réglementés chez des apothicaires, puis… cela avait été l'escalade. Les seules choses que l'homme ne lui avait pas fait commettre étaient l'enlèvement et le meurtre. Il avait donc Severus à sa merci car il avait gardé les preuves de ce que celui-ci avait fait pour lui, mais jamais l'ancien mangemort n'avait pu découvrir l'identité de son commanditaire qu'il soupçonnait d'utiliser du polynectar. Il devait pourtant graviter autour du Seigneur des Ténèbres autrefois de par les allusions qu'il glissait parfois. Sa venue n'était jamais bon signe, il sentait qu'il allait lui gâcher un des Noël les plus intéressants de sa vie.
-Monsieur Snape, voici votre paiement pour le service que vous m'avez rendu récemment.
Il lui tendit une bourse pleine de gallions.
-J'ai encore besoin de vos talents, en fabrication de potions cette fois-ci. Je voudrais que vous me prépariez la potion détraquante dont vous avez volée la recette chez cet auror.
De la sueur froide se fraya un chemin dans le dos de Severus. Cette potion était une abomination ! Elle permettrait à celui, sans doute son interlocuteur, qui la possèderait de répliquer les effets du baiser des Détraqueurs. Comment sortir de ce pétrin ? Inutile d'essayer d'alerter les autorités, il serait jugé coupable même s'il n'avait rien fait. Il devait donc courber l'échine, faire celui qui accepte son sort sans broncher et pendant ce temps essayer de découvrir l'identité de son maître-chanteur. Et cette fois-ci, il y mettrait de l'ardeur !
-Je vous ai apporté une copie du parchemin de Contracelsus et les ingrédients nécessaires. Il faut trois mois pour réaliser cette potion et elle se conserve très bien dans des fioles en verre. Je récupèrerai la potion terminée fin mars.
Severus disposait de trois mois pour mettre son plan à exécution.
La fin du mois de décembre se passa sans plus d'incident dans la vie de nos protagonistes. Severus commença la préparation de la potion, Hermione lut son nouveau livre et passa le Nouvel An à Paris avec Gabrielle Delacour, Draco passa le Réveillon en famille c'est-à-dire avec des sang-purs mais vu qu'ils sont tous apparentés, tandis que Remus et Tonks prenaient des vacances à la maison, leurs dernières vacances en couple avant la naissance de leur premier-né en juin.
Le deux janvier à huit heures tapantes, Severus était introduit dans le bureau de Gamelin chez ASAP.
-Bonjour, monsieur Snape. Prenez place !
Le gobelin lui indiqua une chaise tandis que lui-même s'asseyait dans le fauteuil de l'autre côté du bureau. Une fois qu'ils furent tous deux installés, Gamelin entra dans le vif du sujet.
-Monsieur Snape, je n'irai pas par quatre chemins. Notre société assure la sécurité de l'hôpital Sainte-Mangouste depuis quatre ans. Nous ne recrutons que les meilleurs éléments. J'ai pris connaissance de votre CV à la demande de miss Granger, en reconnaissance de l'aide qu'elle nous apporte parfois dans les sortilèges de protection.
Severus se demanda si cet entretien n'était pas une farce destinée à conserver ASAP dans les bonnes grâces de miss Granger. D'un autre côté, un gobelin perdrait-il du temps à le recevoir s'il n'était pas un peu intéressé ?
-Nous avons actuellement un poste disponible en tant que gardien du laboratoire des potions de l'hôpital. Connaissez-vous les spécificités du poste de gardien de ce laboratoire ?
-Pas vraiment.
-Le gardien du laboratoire des potions à l'hôpital est plus que ce que son titre indique. Il veille bien sûr à ce que les défenses qui garantissent que seules les personnes autorisées n'y accèdent soient en place et il peut aussi ajouter les siennes propres s'il est assez puissant pour cela. Il veille également à ce que les ingrédients et le laboratoire soient bien rangés et propres, que le matériel soit en état de fonctionner sans danger pour ses utilisateurs. Il peut même à l'occasion aider les préparateurs en préparant leurs ingrédients, nettoyant leurs chaudrons, labellisant leurs flacons etc.
Vu comme cela, Severus trouvait que le poste se rapprochait davantage d'un poste d'assistant préparateur de potions que de gardien au sens propre. « Sans doute un moyen pour l'hôpital de faire des économies en payant moins cher le personnel, » se dit Severus. Gamelin poursuivit :
-Pour tenir ce poste, son titulaire doit donc avoir une connaissance approfondie des potions et de leurs ingrédients. Par exemple, nous avons eu des soucis avec un candidat qui ignorait qu'on ne nettoie pas un chaudron dans lequel on a utilisé du venin d'acromantula avec du Nettoie-Tout magique de la mère Grattesec mais avec du savon de Marseille liquéfié. Le bougre a dû passer deux nuits dans la section des accidents corporels, il aurait encore paraît-il des échardes de chaudron ici et là dans le corps. Je dois préciser que les préparateurs laissent souvent le soin au gardien de deviner quelles potions ont été préparées dans les chaudrons qu'ils ont utilisés.
-Je pense avoir toutes les connaissances en potions nécessaires pour ce poste, monsieur Gamelin.
-Certes, certes, votre curriculum est éloquent en ce sens. Mais ce n'est pas assez. Le laboratoire est régulièrement l'objet de tentatives d'effraction, il contient voyez-vous des ingrédients extrêmement réglementés, voire interdits à tout autre usage que thérapeutique. Cela exacerbe les convoitises, il faut donc quelqu'un capable d'ériger des défenses impénétrables. Il apparaît dans votre CV, monsieur Snape, que vous êtes capable de créer une barrière magique que seules des personnes portant une marq…un signe d'identification précis peuvent passer. Ce sortilège a été…comment dire…perdu du fait que le petit nombre de personnes qui le connaissaient s'est trouvé encore réduit.
Severus avait maintenant une bonne idée du poste, c'était toujours moins bien que préparateur de potions mais mieux que ce qu'il pensait au départ. Il souhaita que le gobelin en vint au fait, chacun savait ce qu'il attendait de l'autre, inutile de prolonger l'entretien.
-J'étais un mangemort, monsieur Gamelin, inutile de tourner autour du pot. Ce sortilège a été créé par le Seigneur des Ténèbres et il est vrai qu'il me l'a enseigné. Mais toute compétence a un prix…
-Bien sûr, bien sûr, monsieur Snape, loin de moi l'idée de dévaloriser vos acquis.
La voix du gobelin dégoulinait de mépris envers ce sorcier qui venait de lui rappeler en quelques mots, dans son propre bureau, qu'il était humain donc différent, qu'il avait appartenu à un groupe qui avait méprisé son espèce et qu'il pouvait être dangereux. Il décida que conclure la rencontre au plus vite ne serait pas une mauvaise idée.
-Voici le contrat que nous vous proposons, monsieur Snape. Votre travail sera à temps complet, toute la journée du lundi au vendredi. Vous devrez être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour intervenir si les alarmes de sécurité du laboratoire sont activées. Votre salaire sera de 248 gallions(1) par mois et vous bénéficierez de cinq semaines de congés par an.
Oh la bonne fortune ! C'était un salaire plus que décent. Même à deux fois moins, il aurait pris cet emploi. Il calcula rapidement qu'il ne lui faudrait que deux mois d'économies pour faire réparer sa toiture.
-Je commence quand ? fut tout ce que Severus ajouta.
-Le lundi deux février à huit heures.
Severus se leva de bonne humeur le trois janvier. Il avait du travail, il allait lire l'un des livres les plus mythiques du monde sorcier et il allait revoir miss Granger. Il soupira, il devait admettre que la jeune femme avait capturé son attention, intellectuellement, psychologiquement, et autrement. Qu'elle n'ait jamais exprimé de dégoût à son encontre ne gâchait rien.
Vêtu de la nouvelle robe achetée avec l'argent que Hermione lui avait remis, il se rendit chez cette dernière. Il était pile à l'heure.
-Meilleurs vœux, miss Granger.
-Meilleurs vœux à vous aussi, monsieur Snape. Comment s'est passé l'entretien avec Gamelin hier ? lui demanda-t-elle en les menant vers les deux fauteuils près de la cheminée.
-Je suis recruté, miss Granger, je commence le mois prochain.
Le visage de Hermione s'éclaira d'un large sourire et elle se pencha un peu vers lui.
-Mais c'est merveilleux ! Je suis si contente pour vous.
-C'est grâce à vous que j'ai obtenu ce travail, je vous en remercie.
Il inclina la tête pour appuyer ses propos.
-Je vous en prie.
Un léger rose de plaisir teinta les joues de la jeune femme. Elle eut une idée.
-Que diriez-vous de célébrer cette bonne nouvelle autour d'un curry ? Il y a un merveilleux restaurant indien à deux pâtés de maison d'ici ? Enfin, je suppose que cela fait partie des occasions que vous célébrez.
Severus retroussa les coins de sa bouche en une parodie de sourire pour tout commentaire.
« Seigneur, » pensa Hermione, « cet homme a le sarcasme tellement dans le sang qu'il en est inscrit sur les traits de son visage. »
Ils échangèrent quelques propos sur le nouveau poste de Severus au cours de leur repas au Palais des Indes, puis enchaînèrent par un débat animé sur la censure, la liberté d'expression et de circulation du savoir, en lien avec le De occulta Philosophia et son interdiction dans le monde sorcier.
En retournant à l'appartement de Hermione, Severus lui offrit le bras, elle n'eut même pas l'idée de refuser. Revenus chez elle, elle l'installa dans son salon et non pas dans le bureau où elle recevait ses clients. Après un thé, elle lui passa le livre de Cornelius Agrippa et prit pour elle-même un roman qu'elle avait acheté chez Waterstones la veille.
Le soir était tombé depuis longtemps lorsqu'ils bougèrent pour autre chose qu'un verre d'eau ou l'utilisation des toilettes.
-Je crois qu'il est temps que je rentre chez moi, miss Granger. Je souhaiterais revenir demain pour finir cet ouvrage, dit-il en baissant les yeux vers le De occulta Philosophia qu'il tenait encore, un doigt inséré entre les pages pour indiquer l'endroit où il était arrivé.
Hermione ne s'attendait pas à cela. Elle n'avait pas rien de particulier à faire le lendemain mais n'aurait jamais imaginé passer une partie de son dimanche avec Severus Snape. La perspective d'un tel événement n'était cependant pas désagréable.
-Que diriez-vous de venir demain matin à dix heures ? Vous aurez fini de le lire avant le repas de midi si j'en juge par ce que vous avez lu aujourd'hui. Le contenu de cet ouvrage est fascinant et vous êtes la seule personne avec qui je puisse en discuter.
En partant, il lui serra la main un peu plus longtemps que nécessaire.
Arrivé un peu en avance, Severus fit les cent pas sur le trottoir avant de sonner à dix heures. La matinée passa comme un charme et lorsqu'il referma le livre, il constata avec surprise que miss Granger leur avait préparé quelques crudités, des tagliatelles aux fruits de mer et de la crème brûlée à la chicorée. Ils entamèrent bien évidemment leur échange longtemps avant d'arriver au dessert et le poursuivirent longtemps après celui-ci. A peine s'interrompirent-ils pour un thé en fin d'après-midi.
La journée tirait à sa fin, et c'est avec réticence que Severus et Hermione admirent qu'il était temps de se séparer. Severus réfléchit rapidement.
-Vous savez, miss Granger…
-S'il vous plaît, appelez-moi Hermione.
Severus connut un moment d'embarras puis retrouva sa voix.
-Je n'y vois pas d'inconvénient à condition que cela soit réciproque.
Pour la deuxième fois en deux jours, il l'avait fait sourire, un beau grand sourire ; il n'était pas habitué à provoquer une telle réaction chez les autres, un si beau sourire, sans arrière-pensée, ni ironie, juste chaleureux. Sa main, dotée d'une volonté propre, s'était posée sur le côté de la tête de la jeune femme. Ses doigts s'engouffrèrent dans l'épaisse chevelure tandis que son pouce caressait le coin de ses lèvres. Hermione pencha la tête pour intensifier le contact sans jamais détacher son regard du sien. Son visage exprimait maintenant de l'anticipation et elle entrouvrit la bouche. Severus se pencha et posa ses lèvres sur les siennes doucement, puis de façon de plus en plus insistante. Son autre main fit le tour de la taille de Hermione et la rapprocha de lui. Dans le même temps, elle plaça ses mains dans ses cheveux et lui massa la nuque. Leurs langues se mêlèrent, se caressèrent et un ou deux gémissements se firent entendre.
Lorsqu'ils se séparèrent, ils se sentaient embarrassés. Aucun des deux n'avait prémédité ce geste mais le début de familiarité née de leur quasi week-end en commun avait contribué à son existence. Severus se souvint alors de ce qu'il était sur le point de dire.
-Hm…Hermione, je possède un ouvrage qui pourrait éclairer votre lanterne sur les particules magiques des éléments.
-Quand je demandais que tu m'appelles Hermione, le tutoiement était inclus dans la question. De quel livre s'agit-il ?
-Les particules magiques et leur rôle dans la vie des sorciers. En version originale de 1847.
-Mais ce livre est épuisé et n'a plus été réédité depuis 1906 ! s'exclama Hermione.
-Toutefois, j'impose les mêmes conditions que toi : mon livre ne sort pas de chez moi.
-Je vais donc devoir aller chez toi ?
-Oui. La semaine prochaine ?
Hermione réfléchit un peu et répondit :
-Non, je vais chez Harry la semaine prochaine. Dans deux semaines ?
-Ce qui nous mène au samedi 17 janvier. Parfait. Viens déjeuner, tu pourras lire l'après-midi. Cet ouvrage ne comporte que quelques dizaines de pages, nous aurons sans doute le temps d'en discuter le contenu après.
-Parfait. Merci Severus pour ton offre.
-Merci pour ce week-end, Hermione.
Avant de la quitter, il lui prit la main et en embrassa la paume avant de tourner les talons, sa nouvelle robe voltigeant avec ampleur autour de lui.
Hermione eut du mal à trouver le sommeil cette nuit-là, et le lendemain matin, Severus trouva au réveil que son pantalon de pyjama était encore une fois humide.
Notes
(1)soit 1800 euros d'après le convertisseur gallions/euros du site encyclopedie-hp
Dirais-je suffisamment merci à vous, merveilleux lecteurs et/ou reviewers ?
