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chapitre relu par Ambre/Ezilda, avec toute ma reconnaissance

Chapitre 11. Nouveaux départs

La Gazette du Sorcier du dimanche premier février (Severus et Hermione omirent de lire les nouvelles ce jour-là, leur nuit avait été courte…) avait dans sa page « annonces » l'encart suivant :

Raffinement et respect des traditions sont ce que vous attendez des événements que vous organisez, baptêmes, mariages, dîners en amoureux, etc. Les Fêtes galantes vous garantissent de réussir les grandes occasions de la vie et de laisser un souvenir mémorable et heureux à vos invité(e)s.
Pour obtenir la liste des prestations offertes et les tarifs, envoyer un hibou à Draco Malfoy, au Manoir Malfoy.

Draco regarda d'un air satisfait la demi-page qu'il s'était offerte dans le quotidien, confiant dans le succès à venir. Il avait raison, dès le lendemain, il eut plusieurs demandes pour la Saint-Valentin, et à la fin de la semaine, il était débordé. Il devait organiser une bonne trentaine de soirées en amoureux, évidemment avec le quatorze février qui tombait un samedi cette année, tout le monde se sentait dans l'obligation de faire plaisir à sa belle (ou à son beau). Il nota qu'il n'avait que des hommes comme clients pour l'occasion et en éprouva de la satisfaction, il n'eut pas été seyant qu'une femme prît ce genre d'initiative. Son seul regret était qu'il n'organiserait aucun tête-à-tête pour lui-même, alors que Severus Snape, archétype du paria, moche, sans relations valables encore en vie, chômeur sans argent, ancien détenu, lui avait demandé conseil pour un cadeau et des fleurs.


Remus arriva le lundi à huit heures trente au Ministère, soit une bonne demi-heure avant le début de la formation. L'atrium était le point de rendez-vous, les stagiaires devaient ensuite être emmenés sur le lieu du stage. Il attendit impatiemment que l'heure tourne, petit à petit il fut rejoint par d'autres sorcières et sorciers qui allaient être ses confrères. Les conversations qui s'établirent lui apprirent qu'une bonne partie d'entre eux avaient quitté un emploi qu'ils jugeaient ennuyeux dans l'espoir d'être recruté par le Ministère pour un emploi infiniment plus amusant, mieux payé et/ou moins pénible. Quelques-uns espéraient seulement décrocher avec leur diplôme un emploi et sortir de leur misère. Remus se sentit rassuré, les motivations des autres stagiaires signifiaient qu'il ne serait pas regardé de haut, enfin pas trop.

-Mesdames et messieurs de la formation de dresseur professionnel de créatures magiques, s'il vous plaît par ici, cria un homme grand et enveloppé. Je suis monsieur Glandouille, le superviseur de cette formation. Et le premier que je surprends à ricaner à propos de mon nom peut d'ores et déjà faire une croix sur son diplôme.

Un regard menaçant en direction du groupe appuya sa menace, mais il n'était vraiment pas nécessaire, tous voulaient leur diplôme. Plus d'un eut l'impression d'être retourné à Poudlard.

-Vous serez emmenés sur le lieu de formation par portoloin.

Il leur tendit de vieilles conserves et ils furent immédiatement emportés devant un vieux bâtiment qui aurait pu facilement passer pour une école communale. Tout autour se trouvaient des enclos avec différentes espèces animales : sombrals, hippogriffes, chevaux ailés, et un dragon. Ouf, que des espèces « praticables », Remus avait craint de devoir essayer d'amadouer une acromantula ou une chimère.

-Voici les salles pour les cours théoriques, les enclos et les espaces pour l'entraînement pratique, et le bâtiment pour les espèces de petite taille comme les chartiers. Par-derrière se trouve un lac pour les espèces aquatiques.

A chaque fois le superviseur Glandouille pointait du doigt l'objet dont il parlait.

-Vous n'aurez pas le temps en deux mois d'apprendre le dressage de tous ces animaux, et de toute façon vous n'avez pas forcément envie de travailler avec toutes les espèces. En fonction des informations fournies par vos dossiers, j'ai constitué des groupes spécialisés selon le type d'animaux.

Remus se retrouva avec deux autres personnes dans le groupe qui allait apprendre le dressage des animaux de grande taille, à savoir les hippogriffes, sombrals et chevaux ailés. Il jeta un œil au programme qu'on lui avait remis : huit semaines de formation, organisées en matinées de cours théoriques (anatomie animale, psychologie animale, écosystème des espèces magiques, différence entre les espèces magiques et moldues, techniques de communication avec les animaux magiques etc.) et après-midi de cours pratiques. L'examen aurait lieu le mercredi trente et un mars, la théorie le matin et la pratique l'après-midi. Il se sentit optimiste quant à son avenir.


Lorsque Remus arriva à l'atrium du Ministère, Severus était depuis trois quart d'heure déjà à Sainte-Mangouste. Son entrée n'était pas passée inaperçue : un tourbillon de robes noires surmonté d'un visage que tous connaissaient dans le monde sorcier et dont les parents se servaient pour calmer leur progéniture agitée (« si tu n'es pas sage, le grand méchant Snape va t'avada-kedavariser »), accueilli par un gobelin et la responsable du laboratoire des potions, madame Persillé. Ils accueillirent le nouvel employé avant de le mener vers son lieu de travail. Ils avaient à peine quitté le hall que les rumeurs se mirent à courir, la plus alarmante et la moins crédible selon le personnel étant qu'il allait travailler à l'hôpital. Comme quoi il faut se méfier des rumeurs, elles sont parfois vraies.

Severus était d'excellente humeur, comme tout homme qui vient d'avoir plus de sexe en vingt-quatre heures que dans les dix dernières années est censé être. Il répondit aimablement aux salutations coincées de Gamelin et embarrassées de madame Persillé. Il était clair qu'elle avait peur de lui, mais seul l'avenir dirait si cela était un avantage ou non.

-Comme vous pouvez le constater, monsieur Snape, le laboratoire se trouve au fond d'un couloir, avec le magasin à ingrédients juste à côté. Ce dernier est géré par les apothicaires. Il n'y a pas de fenêtre pour limiter les vols et les dégâts parfois commis par les explosions de potions ratées, enfin, cela n'arrive pas souvent, mais vous comprenez, le principe de précaution….Le renouvellement de l'air est assuré par un sortilège de ventilation.

Severus comprit immédiatement qu'il serait en gros le larbin des préparateurs de potions, à leur apporter, couper, préparer les ingrédients, nettoyer leurs chaudrons, mettre leurs potions en fiole, et surtout veiller à ce que les sortilèges de protection anti-vol soient en place. Il devait en outre avoir des notions de premier secours sorcier en cas d'accident. Son passé lui donnait toutes les qualifications pour cela, il devrait juste faire en sorte que les préparateurs le craignent afin qu'ils soient tentés de le laisser tranquille. Jamais il ne revivrait les années Poudlard quand les Maraudeurs croyaient qu'ils pouvaient tout lui faire impunément. Au moins la paie était plus que décente, et c'était bien pour cela qu'il était là, non ?


Pendant que ses clients s'installaient dans leur nouvelle vie, Hermione poursuivait la sienne qui n'était plus si nouvelle. Elle se demandait comment elle avait pu réussir avec trois cas aussi improbables que Draco Malfoy, Remus Lupin et Severus Snape, et quasiment échouer avec un autre de ses clients, un jeune homme frais émoulu de Poudlard avec des notes à peu près correctes. Le problème devait résider dans le fait qu'il n'avait pas de vrai centre d'intérêt en dehors des bavboules.

Son autre interrogation concernait sa relation avec Severus Snape, car après le week-end torride qu'elle venait de passer, elle ne pouvait plus ignorer que l'homme s'était frayé une place importante dans sa vie. Il n'était que le deuxième avec qui elle avait couché, au moins trois fois sur le week-end mais elle n'était plus très sûre du compte, est-ce que la fellation comptait pour une fois ? Et en plus la conversation hors du lit s'était avérée toujours aussi intéressante. Il y avait là du potentiel pour du long terme. Elle était en quelque sorte contente de ne pas le revoir le week-end suivant, cela lui laisserait le temps de faire le point sur ses sentiments et ses attentes envers l'homme en noir, elle devrait juste éprouver un certain inconfort physique d'ici-là, mais elle avait promis de passer le week-end chez ses parents et de les aider à retapisser leur maison à l'aide de la magie.

Elle ignorait que Severus éprouvait un besoin identique de faire le tri dans ses sentiments car après deux tours d'horloge en sa compagnie, son envie d'elle s'était approfondie en besoin. Il reconnaissait les signes, il les avait déjà éprouvés, et il devait absolument déterminer s'il devait se retirer du jeu avant qu'il ne souffre trop ou au contraire jouer jusqu'au bout et peut-être trouver le bonheur.


Quand Hermione arriva chez ses parents le samedi, elle avait un air rêveur qu'on ne lui avait pas vu depuis ses fiançailles avec Ron. Son père choisit de faire comme s'il n'avait rien remarqué et sa mère se promit de l'interroger plus tard au cours d'une conversation mère-fille. Lorsque pour la troisième fois Hermione modifia en bleu turquoise la papier peint vieux rose qu'elle était supposée appliquer d'un coup de baguette, il fut clair qu'elle n'avait pas la tête à ce qu'elle faisait et que la conversation mère-fille ne pouvait plus attendre, aussi le thé fut servi. Monsieur Granger s'éclipsa rapidement sous le prétexte de préparer les bandes de papier peint et madame Granger interrogea sa fille sans plus tarder :

-Comment vas-tu, Hermione ? J'ai l'impression que quelque chose te tracasse.

-Non, maman, rien ne me tracasse. Je ne vois pas d'où tu tires une idée pareille.

-Ma chérie, pour quelqu'un qui a eu des notes presque aussi bonnes que Dumbledore à l'examen de sortilèges, transformer par inadvertance du papier peint vieux rose en bleu turquoise est le signe certain d'un trouble.

Hermione soupira, elle n'allait pas échapper à la question. Sa mère ne comprenait-elle pas qu'elle n'était plus une adolescente ? D'un autre côté, discuter de ce qui lui arrivait avec quelqu'un qui ne risquait pas de vendre la mèche dans le monde sorcier était tentant.

-Eh bien, dans le cadre de mon nouveau travail, j'ai rencontré un homme…rencontré n'est pas le terme exact, je le connaissais déjà avant, mais je ne l'avais pas revu depuis des années. Il est brillant, cultivé, un gentleman, le contraire d'un top-modèle, capable de réduire en larmes une classe en trois phrases…

-Que veux-tu dire par « réduire une classe en larmes » ? Il est professeur ?

-Il était. Il…

-Pas si vite ! L'aurais-tu connu à Poudlard par hasard ?

Hermione rougit.

-Oui, il a été mon professeur. Je l'ai revu il y a quelques temps, il avait besoin de se reconvertir et…je suis très attirée par lui.

-Que mets-tu derrière le mot « attirée » ?

-L'attraction physique, le plaisir de converser avec lui, j'aime son sens de l'humour, il s'intéresse à ce que je fais, il écoute ce que je dis, et…et…

-Quelle matière enseignait-il ?

-Les potions et la défense contre les forces du mal.

La mère de Hermione réfléchit, sa fille n'avait eu que deux professeurs de potions, le plus logique était…

-Severus Snape. Tu as le béguin pour Severus Snape !

Elle savait qui était cet homme, elle avait suivi les événements du monde sorcier de près, c'était la seule manière de rester proche de sa fille. Par chance pour Hermione, les Granger avaient l'esprit large, que sa fille fût amoureuse d'un repris de justice ou d'un homme assez vieux pour être son père ne les rebuteraient pas. Mais un homme qui la rendrait malheureuse devrait les craindre plus que Voldemort.

Hermione rougit de plus belle. Elle tenta de se justifier.

-Il n'est pas ce qu'on pense, c'est un homme bien, être avec lui me fait du bien.

Madame Granger n'eut pas besoin d'un dessin pour comprendre que leur relation n'était pas platonique.

-Tu es visiblement accrochée par cet homme, mais lui, qu'en pense-t-il ? S'il ne voulait qu'une aventure avec toi ?

-Je ne sais pas, il n'a pas l'air d'être ce genre d'homme, mais en toute honnêteté, je ne sais pas. Et je ne me vois pas lui poser la question tout de go. Nous devons nous revoir la semaine prochaine, je déciderai alors si je veux continuer avec lui.

La conversation continua encore quelque temps après lequel madame Granger fut convaincue que sa fille était amoureuse ou presque, et qu'il était plus sage de rester en-dehors de cette relation, de juste être là au cas où cela tournerait mal. Le papier peint fut entièrement posé avant la fin du week-end sans plus aucun autre incident.

Merci infiniment à tous ceux qui suivent mon histoire.