disclaimer : voir premier chapitre
Merci à Ambre/Ezilda d'avoir rendu ceci plus lisible
Chapitre 14. Les choses avancent malgré toutFévrier devint mars sans que rien de mémorable ne se passe. A l'évidence, cela ne pouvait durer.
Severus assurait son travail routinier à l'hôpital Sainte-Mangouste lorsque le patient qui venait chercher sa potion contre le cancer chaque premier mercredi du mois le croisa dans le couloir. Ce n'était que la deuxième fois qu'il croisait cet homme mais l'impression de déjà-vu ressentie la fois précédente s'accentua. Son allure lui rappelait quelqu'un, une certaine personne qui devait bientôt prendre livraison de la potion détraquante. Il décida alors de le suivre jusqu'au bureau des apothicaires, où les patients qui ne séjournaient pas à l'hôpital venaient retirer leurs potions particulières, introuvables au Chemin de Traverse.
L'homme s'adressa sans hésiter à l'un des apothicaires en formation, que Severus reconnut pour être Blaise Zabini. Il réussit à s'approcher discrètement et tenta d'écouter leur conversation. Ils parlaient en italien ! Ce ne pouvait être un hasard, Severus tenait là son maître-chanteur ! Ce dernier prit alors sa potion, salua Zabini, et prit le chemin de la sortie. S'il n'était pas nécessaire de détruire les preuves des délits commis par l'ancien professeur depuis sa sortie d'Azkaban, Severus l'aurait sans doute attaqué dans les couloirs de l'hôpital. L'avantage de s'occuper de la sécurité d'au moins une partie du bâtiment était qu'il connaissait tous les trucs lui permettant d'aller et venir sans que personne ne le vît, pas même les portraits. Il prit donc le parti de le suivre, son absence passerait sans doute inaperçue.
Hélas, l'odieux personnage disparut sitôt hors les murs de Sainte-Mangouste, ne laissant pas le temps à Severus de lui jeter un sort de traque. Frustré, il se mit en quête de Zabini pour l'interroger.
-Professeur Snape ! s'exclama celui-ci en le voyant arriver. J'avais entendu dire que vous travailliez ici mais je ne vous avais pas encore vu.
-Bonjour, Zabini.
Il était temps de sortir son jeu d'acteur. Il soupira et reprit :
-J'ai beaucoup de travail et vous aussi sans doute. Je me disais néanmoins que j'aurais bien voulu avoir de vos nouvelles, après tout, vous étiez un de mes meilleurs Serpentards. Il se trouve que j'ai quelques minutes disponibles. Auriez-vous le temps pour un café ?
Quelques instants plus tard, dans la cafétéria :
-Je vois que vous avez bien réussi, finalement. Vous serez bientôt apothicaire titulaire.
Zabini sourit face au compliment. Son ancien directeur de maison avait toujours été un homme difficile à satisfaire, cette simple constatation équivalait à un éloge dans sa bouche. Sans compter ce qu'il lui avait dit plus tôt, qu'il avait été un de ses meilleurs Serpentards. Lorsqu'il y repenserait plus tard, il se dirait qu'il avait été un des plus mauvais Serpentards : la flatterie n'était pas censée marcher avec cette maison.
-Merci, professeur.
Après quelques échanges sans intérêt histoire d'endormir toute vigilance chez son ancien élève, Severus ramena la conversation sur le droit chemin.
-Préparez-vous déjà des potions de haut niveau vous-même ? Je vous ai vu remettre une potion anti-cancéreuse à un patient externe tout à l'heure, je ne peux m'empêcher de me demander si elle est de votre fabrication ?
Jackpot !
-Oui, c'est moi qui ai préparé cette potion. En fait, c'est le patient lui-même qui a insisté pour que je la fasse pour lui, il prétend ne pas faire confiance à ces barbares incultes au sang-impur et préfère faire appel à un homme qui parle sa langue.
Zabini eut l'air soudain embarrassé lorsqu'il réalisa à qui il disait cela : à un Anglais pur souche, né d'un père moldu et dont personne encore ne pouvait affirmer à qui il avait donné sa loyauté dans le passé, car sa trahison du Seigneur des Ténèbres pouvait très bien n'être qu'une ruse pour sauver sa peau, n'est-ce pas ? Severus serra les dents et balaya la gêne du jeune homme d'un geste de la main.
-Ne vous en faites pas, vous savez très bien que je ne corresponds pas à ce que vous venez de dire.
Son interlocuteur fut tellement soulagé de se voir pardonner sa gaffe qu'il déballa tout ce qu'il savait sur l'autre sans que Severus ait de la peine à lui tirer les vers du nez. Il apprit ainsi que son maître-chanteur connaissait des rituels de possession à faire pâlir d'envie feu Lord Voldemort qu'il avait glanés dans les archives des exorcistes du Vatican. Il savait entre autres comment transférer l'âme d'une personne dans un autre corps. Un problème persistait cependant, l'âme du récipient ne quittait pas pour autant son enveloppe corporelle et ledit récipient devait apprendre à vivre avec deux âmes. C'était un aller simple garanti vers la folie. Mais si le corps du récipient n'avait plus d'âme ? Comme après un baiser de Détraqueur ou après avoir bu de la potion détraquante ? Par Barbebleue ! Severus s'en figea presque d'horreur. Un autre illuminé obsédé par l'immortalité se trouvait en liberté dans le monde sorcier !
Une dernière chose que Severus devait apprendre de son ancien élève : comment avait-il obtenu que l'homme à la cape sombre se livre ainsi ? La réponse était furieusement simple. Zabini lisait un livre sur les expériences magicomédicales sur les inferi lorsqu'un jour cet homme était arrivé pour prendre sa potion. Voyant une étincelle s'allumer dans l'œil de son interlocuteur, il avait sondé le terrain et l'autre, visiblement passionné par le sujet, avait lancé le débat. Severus se promit d'utiliser la technique à l'occasion.
Une dernière étape avant de quitter l'hôpital pour Severus Snape : le fichier des patients. Il releva le nom et l'adresse qui figuraient sur la fiche de celui qu'il commençait à appeler « l'homme » en son for intérieur et transplana à l'endroit indiqué. Il n'y trouva que des moldus, décidément, « l'homme » couvrait trop bien ses traces.
Hermione tournait en rond dans son salon. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Et si quelque chose était arrivé au travail ? Et si un sorcier en manque d'Achillée sternutatoire avait pris en otage des membres du personnel ? Et s'il avait souffert d'une explosion de chaudron ? Et s'il était inconscient ?
« Allez, ma grande, prends sur toi, tu imagines toujours le pire, » s'admonesta-t-elle.
Severus arriva enfin, il avait à peine franchi son seuil qu'elle se jetait dans ses bras.
-Severus, j'étais si inquiète !
Elle l'embrassa. Cependant, toujours préoccupé par « l'homme », Il ne répondit pas vraiment à son baiser. Elle s'écarta et lut la préoccupation sur son visage.
-Que se passe-t-il ? Des ennuis au travail ?
-Non, rien d'important.
-Tu veux m'en parler ?
« Non, surtout pas, tu dois être la dernière à savoir ! »
-Non, je ne veux pas t'encombrer avec des peccadilles.
-Mais rien de ce qui te concerne n'est peccadille pour moi.
Severus la reprit dans ses bras pour toute réponse. Il ignorait encore qu'elle n'insistait pas davantage à cause de la jeunesse de leur relation et que ce serait l'une des dernières fois qu'il s'en tirait à si bon compte. Tous deux furent très fatigués le lendemain.
Lorsque la porte s'ouvrit pour le laisser passer, Draco fit un effort pour cacher le dégoût qui menaçait de le consumer à l'idée de mettre le pied chez un loup-garou, et ce, seulement trois jours avant la pleine lune !
« Business is business, » se raisonnait-il.
-Bonsoir, monsieur Malfoy, l'accueillit Remus. Entrez, je vous en prie.
Sa cousine Tonks se trouvait déjà dans le salon, il n'arrivait pas à croire qu'il se trouvait apparenté à ce semi-humain, même si ce n'était que par mariage. Le visage de l'auror était fermé, elle paraissait aussi heureuse que lui de cette rencontre. Dieu merci, ils lui épargnèrent d'avoir à refuser toute boisson ou petit gâteau car le couple ne lui proposa rien. On passa de suite aux choses sérieuses.
-Monsieur Malfoy, je souhaiterais faire appel à vos services pour organiser une soirée le samedi dix avril au soir. L'objectif de cette soirée sera de célébrer la fin d'une formation qui devrait me garantir un emploi, et surtout fêter la naissance à venir de mon premier enfant.
« Pourvu qu'ils s'arrêtent là ! » Dire qu'il n'y a pas si longtemps, Draco pouvait exprimer à voix haute des pensées aussi peu charitables. Maintenant, il était chef d'entreprise, n'importe qui était un client potentiel, il devait maîtriser sa langue vingt quatre heures sur vingt quatre. Pourquoi, mais pourquoi donc, son père avait-il choisi le côté perdant de la guerre ?
-Très bien, monsieur Lupin, votre demande est tout à fait simple à satisfaire. En fait, je peux même vous dire que votre satisfaction est garantie, et que les frais vous seront remboursés en cas contraire. A l'exception bien sûr des frais de dossier et autres cas particuliers qui sont détaillés en annexe au contrat. Que souhaitez-vous pour cette soirée ?
-Un repas, de la musique, de l'animation pour faire danser le monde. Rien de trop compliqué.
-Combien de personnes ?
-Une petite trentaine. Nous avons déjà le lieu pour la soirée.
Tonks ne desserra pas les dents de tout l'entretien, et son regard méfiant constamment posé sur lui finit par mettre Draco mal à l'aise. Il le cacha comme il avait caché son dégoût, mais vraiment, c'était infiniment plus agréable de travailler pour les Bulstrode.
Les détails réglés, Draco prit congé. Il avait réussi à ne toucher aucun de deux autres, même pas pour leur serrer la main.
Passer le week-end ensemble devenait une habitude pour Severus et Hermione. Leurs goûts, si similaires, les conduisaient vers des activités simples : traîner ensemble au lit, même si y paresser s'avérait souvent plus fatiguant que se lever, assister ensemble à toutes sortes d'évènements comme des concerts, conférences, lectures publiques etc. rester assis l'un à côté de l'autre à lire, faire la cuisine ensemble… vraiment, cela ressemblait à une lune de miel.
Aussi Severus fut-il déconcerté de trouver le lit vide en ce dimanche matin. Il se leva, quitta la chambre et se dirigea vers le bureau d'où venait un drôle de bruit. Il ouvrit la porte silencieusement, Hermione était là, appuyant sur des petites touches carrées posées sur un socle, le regard fixé sur ce qui ressemblait à une télévision. Il savait au moins ce qu'était une télévision car son père en possédait une. Et il savait aussi que cet instrument s'appelait un ordinateur, bien qu'il ne comprit pas pourquoi on pouvait préférer cet instrument à du parchemin et à des plumes. Il se plaça derrière elle, elle n'avait toujours pas diverti son attention de ce qu'elle faisait. En regardant l'écran, il vit des mots se former. Ainsi donc elle écrivait.
Titre : la pierre rouge
Synopsis : l'explorateur aventurier Jack Laughter découvre dans un grimoire égyptien l'existence d'une pierre rouge capable de guérir toutes les maladies, gardée zélotement au cœur d'une montagne par les Nuditiens, une tribu sauvage qui vit dans la jungle. Il sait immédiatement qu'il veut être le premier étranger à voir la pierre, et qui sait peut-être pourra-t-il s'en emparer et ainsi sauver l'Europe des terroristes qui la menacent de déverser sur elle des souches virales dangereuses. Mais la partie est loin d'être gagnée. Il aura la chance en chemin de croiser la route de Matinia, une jeune Nuditienne, fille du grand prêtre, qui l'aidera à franchir les obstacles. Ensemble, ils affronteront les plantes carnivores, les oiseaux piranha, les statues qui bougent, les géants, les poisons, qui gardent la pierre. Mais leur amour survivra-t-il au retour de Jack à la « civilisation » ?
Severus explosa de rire et fit sursauter Hermione.
-Severus, tu m'as fait peur ! Lirais-tu par-dessus mon épaule, par hasard ?
Elle ferma son document à la hâte.
-Excuse-moi, Hermione, je ne voulais pas te faire peur mais je me demandais où tu étais. Ne me dis pas que tu préfères écrire de telles conneries à rester au lit avec moi ?
-Ne sois pas stupide ! Je ne pouvais plus dormir, j'ai donc préféré me lever. Et ces conneries comme tu dis, je suis payée pour les écrire.
Le sourcil de Severus rejoignit sa chevelure en un geste interrogateur qui ne manquait jamais de provoquer de menus frémissements dans l'anatomie de la jeune femme. Elle défendit néanmoins son activité.
-J'ai signé un contrat avec les éditions Colombine pour publier dix romans de ce genre dans les cinq prochaines années. Un a déjà été publié, le deuxième le sera en mai. Et ne prends pas cet air dégoûté, je ne publie pas sous mon vrai nom d'abord, et je voulais m'assurer une source de revenus au cas où mon travail de consultante ne paierait pas les factures.
-Tu aurais tout de même pu choisir un autre genre de littérature !
-Mais ces livres sont si faciles à écrire, ils ne me prennent pas beaucoup de temps…
Son ton devenait défensif. Après tout, ses arguments tenaient la route et il était mal placé pour faire des reproches à qui que ce soit sur leur choix d'occupation. Severus ne vit qu'un seul moyen de se faire pardonner : un baiser langoureux, et plus si affinités, et nul doute que les affinités étaient toujours là.
Encore merci à tous ceux qui lisent et/ou reviewent mon histoire, vos encouragements aident la muse à trouver son inspiration
