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chapitre relu par Ambre/Ezilda, encore merci

Chapitre 15. Officialisation

Encore une de faite ! Quelle journée cela avait été. N'embauchaient-ils que des Londubat dans cet hôpital ? Certes, les potions préparées ici étaient d'un tout autre calibre que ce que même les septièmes années apprenaient à Poudlard, mais enfin, un préparateur en potions avec dix ans d'expérience devait savoir que le venin d'acromantula ne s'utilisait qu'au compte-goutte ! Cet ingrédient coûtait la peau des fesses, était plus rare qu'un Gryffondor subtil et était mortel dans cent pour cent des cas s'il n'était pas dilué au minimum dans dix fois son volume. Et le fait que ledit préparateur ait fêté la naissance de sa fille la veille n'était pas une excuse, il aurait pu tuer tous les patients de la section des virus et microbes magiques. Non seulement il avait dû rattraper les fioles de potions avant qu'elles n'arrivent dans les mains des guérisseurs, les vider, les nettoyer, faire en sorte que l'incident passe inaperçu, mais en plus il s'était fait remonter les bretelles par madame Persillé parce qu'il aurait « expliqué un peu trop brutalement à monsieur Bienperdu, qui était tout de même membre du personnel depuis plus longtemps que monsieur Snape, la façon d'utiliser le venin d'acromantula ». Ce à quoi Severus avait répondu qu'il n'avait fait que son travail, cf. sa fiche de poste, et qu'il était écrit « ASAP » et non « hôpital de Sainte-Mangouste » sur sa fiche de paie. Et qu'il pourrait avoir la langue qui fourche à moins de dix mètres de Rita Skeeter.

Au moins, il avait fini à l'heure, il se rendit chez Hermione avec qui il avait rendez-vous. Elle l'introduisit dans l'appartement et lui chuchota rapidement avant de le planter là :

-Excuse-moi, j'ai pris du retard dans mes rendez-vous, j'en ai encore pour près d'une demi-heure.

Elle rejoignit son bureau où il l'entendit dire avant qu'elle ne referme la porte :

-Je suis désolée pour cette interruption, monsieur Cleavage. Reprenons…


Trois quarts d'heures après, Hermione apparut enfin dans le salon où Severus s'était installé plus confortablement que chez lui, mais vu l'état de son canapé, ce n'était pas difficile. Quoiqu'il y tenait à son canapé, il y avait vécu ses premiers émois avec Hermione…

-Je suis vraiment désolée, on aurait dit que tous les clients avec des listes de questions interminables avaient pris rendez-vous cet après-midi.

-Ce n'est pas grave, Hermione, je me suis simplement occupé avec Potions actuelles comme tu peux le voir. Je trouve plus ennuyant en fait de t'avoir dérangée dans ton activité.

Hermione se lança à nouveau dans une vague de protestations mais Severus la coupa.

-Tu sais, il y aurait une solution simple qui éviterait que ce genre de situation se reproduise.

-Ah bon ?

-Oui, il suffirait que j'aie un double de tes clés, ainsi je pourrais entrer sans te déranger.

Hermione en eut le bec cloué et se mit à réfléchir à toute vitesse. Lui faisait-elle suffisamment confiance pour lui donner les clés de son appartement ? Ils étaient ensemble depuis si peu de temps. D'un autre côté, ce n'est pas comme si elle ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam puisqu'elle le connaissait depuis l'âge de onze ans. Et vraiment, elle n'aimait pas interrompre ses entretiens lorsqu'elle était lancée. L'autre jour elle avait failli être grossière avec Harry lorsqu'il l'avait appelée par le réseau de cheminette alors qu'elle faisait passer un tout nouveau test de personnalité à une femme qui cherchait un emploi après avoir élevé ses enfants.

-J'adhère à ton idée, Severus. Je m'en occupe demain et je te les envoie par hibou.

Le cœur de Severus rata un battement. Elle avait accepté ! Elle lui faisait une place dans sa vie. Il en était sûr maintenant, il avait un avenir avec elle, il fallait juste qu'elle en prenne conscience.

Hermione prit une inspiration. L'autre raison pour laquelle elle avait cédé assez facilement allait venir.

-Severus, j'avais quelque chose à te demander.

L'enthousiasme de ce dernier retomba aussi vite qu'il s'était levé, le ton qu'elle avait employé sous-entendait que sa demande n'aurait sans doute rien d'agréable. Il hocha la tête pour lui indiquer qu'elle avait sa bienveillante attention.

-Mes parents viennent manger dimanche, je n'ai pas pu reporter davantage une rencontre avec eux. Je ne vois aucun inconvénient à ce que tu fasses leur connaissance et passes la journée avec nous mais je ne voudrais pas t'imposer cela si ce doit être une corvée pour toi. Je crains que notre week-end ensemble ne se trouve raccourci.

Rencontrer les parents de Hermione faisait bien sûr partie des plans de Severus, mais pas si tôt ! D'un autre côté, il n'avait pas besoin de la manipuler pour ce faire. Il avait quatre jours pour élaborer une stratégie et se mettre les parents dans la poche.

-Hermione, si cela te fait plaisir, je serais tout à fait enchanté de rencontrer tes parents. Mais comment vas-tu me présenter à eux ?

-J'ai pensé leur dire simplement que tu es mon ami. Je ne doute pas qu'ils en tireront les bonnes conclusions. Tu risques de devoir subir cependant un interrogatoire digne de la gestapo de la part de mon père.

-Pff ! J'ai survécu au Seigneur des Ténèbres et à Dumbledore – évidemment, il avait activement contribué à cet état de fait –, je suis sûr que tout se passera bien, Hermione.

Un peu rassurée, Hermione lui offrit son sourire préféré, celui qui disparaissait sous un baiser aussi sûrement que les hirondelles migrent en Afrique. Elle omit de lui dire que sa mère savait déjà et serait missionnée pour amortir le choc de la découverte pour son père.


Le dimanche attendu avec tant d'anxiété arriva très vite, comme toutes les choses qu'on redoute. Avant même que Severus ou Hermione réalisent ce qui se passait, ils se trouvaient face à monsieur et madame Granger dans le salon de la jeune femme.

-Papa, maman, je vous présente Severus Snape, mon ami.

Maman réagit au quart de tour.

-Enchantée de faire votre connaissance, monsieur Snape. Comment allez-vous ?

-Moi de même, madame. Je vais bien, merci. J'espère qu'il en est de même pour vous ?

-Oui, merci. Mais appelez donc moi Diane.

-Alors, vous devez m'appeler Severus.

Le sourire rayonnant de Hermione à cet échange mit la puce à l'oreille de John Granger. Il eut l'impression d'être tombé dans un traquenard orchestré par sa femme et sa fille. Le regard interrogateur de Severus en direction de sa fille lui apprit qu'il n'était pas le seul à prendre la mesure de la situation. Les deux hommes échangèrent alors un regard de compréhension, et John se prit un peu de pitié pour Severus : si sa fille avait des vues sur lui, il n'avait aucune chance, elle l'aurait. Il espérait seulement qu'il serait assez fort pour ne pas se laisser phagocyter par le bouillon intellectuel et psychologique qu'était Hermione. Il était temps de le tester.

-Bonjour Severus, enchanté de vous connaître. Et appelez-moi John.

La façon un peu directe de son futur beau-père (faut-il rappeler que la cause était entendue pour Severus ? Il installerait Hermione définitivement dans sa vie le prit au dépourvu un centième de seconde, puis il se reprit.

-Enchanté, John. Je suis vraiment très heureux de faire votre connaissance.

-Aussi heureux que d'avoir fait la connaissance de ma fille ?

Les deux femmes prirent une mine offensée. Severus se dit que John était un Gryffondor qui s'ignore.

-Cela n'est pas comparable. Vous n'impliquez pas que vous envisagez que j'aie avec vous le même genre de relation que j'ai avec elle ?

Cet homme, habillé en noir des cheveux aux chaussures, avait du répondant. John sourit.

-Non merci. Mais dites-moi, que faites-vous dans la vie ?

Pendant que John entraînait Severus vers les fauteuils pour poursuivre son interrogatoire, Hermione leur servit un apéritif et se retira dans la cuisine avec sa mère pour discuter un peu.

-Alors, ma chérie, je suppose que tes sentiments ont évolué depuis notre dernière conversation, sinon je suppose que tu ne nous l'aurais pas fait rencontrer ?

-Eh bien, oui. Je ne sais pas encore si ce sera pour la vie, mais nous sommes vraiment bien ensemble. Ce n'est pas une amourette pour moi, et pour lui non plus je pense. Pas plus tard que cette semaine, il a demandé à avoir le double des clés de mon appartement !

-Et ?

-J'ai accepté. Je ne sais pas pourquoi, j'éprouve une totale confiance en lui. Maman, tu crois que je suis amoureuse ?

-Hermione, tu en as tous les symptômes. Comptes-tu lui dire ?

-Pas encore. Je dois d'abord me faire à l'idée que je pourrais être amoureuse à nouveau, et je dois être sûre de ses sentiments. Je ne connaîtrai pas un deuxième échec !

-C'est bien, ma fille. C'est comme cela qu'il faut penser !

En fin de journée, Severus se sentit aussi épuisé qu'après avoir utilisé intensivement l'occlumancie en présence du Seigneur des Ténèbres. John Granger était un homme informé, il lisait la Gazette du Sorcier, et il semblait que Hermione ait tenu ses parents au courant de ce qui se passait dans le monde sorcier. Aussi il n'avait rien laissé passer, et s'il ne semblait heureusement pas gêné plus que cela par son passé, il avait passé au crible ses sentiments pour Hermione. Il avait failli lâché qu'il comptait épouser Hermione dans un avenir pas trop lointain, deux ans tout au plus ! Ce moldu pourrait en remontrer à McNair, Satan ait son âme, sur les techniques d'interrogatoire efficaces et sans effusion de sang. Il ne s'attarda pas auprès de Hermione ce soir-là, il rentra chez lui avaler une potion pour le mal de tête et dormir tôt.

Hermione, elle, avait compris que Severus avait passé l'examen avec succès lorsque son père avait dit à Severus en partant : « il faudra passer manger avec Hermione un de ces jours ! » Cela lui faisait une épine en moins dans le pied. Restait le plus dur, le dire aux amis.


Le lundi soir fut un peu bousculé. Remus passa rendre visite à Hermione à l'improviste pour l'inviter à la soirée du dix avril.

-Bien sûr, Remus, je serais très heureuse d'être là. Tu as bien mérité cet emploi qui t'attend, et cette fête sera l'occasion de voir tout le monde !

Remus se garda de lui dire qu'il avait l'intention de lui préparer une surprise pour ce soir-là.

Il allait partir et se tenait debout dans le salon, près de la porte. Il n'était pas visible du couloir. Tout à coup, ils entendirent la clé dans la porte d'entrée, celle-ci qui s'ouvrit, se referma, et des pas qui se dirigeaient avec assurance dans leur direction. Severus utilisait pour la première fois ses doubles de clés. Il avança directement vers Hermione sans remarquer Remus, lui prit la main, en embrassa la paume et avant que Hermione puisse l'alerter sur la présence d'une tierce personne, il la prit dans ses bras et posa goulûment sa bouche sur la sienne.

On aurait jeté à Remus un petrificus totalus qu'aucune différence n'aurait été visible. Complètement stupéfié, il prit appui sur le chambranle de la porte. Son cerveau refusait d'interpréter le message que ses yeux lui transmettaient : Severus Snape, Hermione Granger, baiser passionné.

Hermione se souvint qu'ils avaient un spectateur et repoussa légèrement Severus. Il suivit son regard et avisa le loup-garou. Un élan de jalousie s'empara de lui.

-Lupin ? Que fais-tu ici ?

-Je pourrais te retourner la question Severus.

-Mais la réponse dans ce cas me paraît évidente.

-Hermione est mon amie, il est normal que je lui rende visite.

Si la jeune femme en question n'avait pas été là, il aurait libéralement insulté l'ancien Maraudeur. Pour son bien à elle, donc à lui, il se retint.

De son côté, Remus remarqua le bras possessif vêtu de noir posé sur les épaules de Hermione. Cette attitude était si peu caractéristique de Severus ! Et elle le laissait faire ! Elle alla jusqu'à glisser une main dans celle de l'homme en noir et il vit son pouce remuer en une caresse discrète et apaisante. Il ne voulait pas blesser Hermione, et visiblement elle et Severus étaient ensemble. Il dit alors pour calmer le jeu :

-Hermione m'a aidé à trouver une formation qui me garantit un emploi à la fin, je venais donc l'inviter à une soirée que j'organise le dix avril pour fêter ma nouvelle vie professionnelle et la naissance à venir de mon premier enfant. Tu peux l'accompagner, je n'y vois pas d'inconvénient.

Il n'allait tout de même pas l'inviter, lui, mais s'il accompagnait Hermione, ce n'était pas la même chose, n'est-ce pas ?

Quant à lui, Severus se dit qu'il ferait en sorte que lui aussi annonce la naissance à venir de son premier enfant bientôt. L'amour et la jalousie lui faisaient perdre la tête, voilà qu'il pensait à se reproduire !

-J'y songerai, Lupin.

Remus se tourna vers Hermione et la salua, puis il prit congé.

-Severus, comment vas-tu ? Nous avons à peine eu le temps de parler hier soir, j'espère que mon père ne t'as pas trop torturé ?

-Hermione, ton père pourrait en remontrer à Dumbledore, mais je suis toujours là. Comptes-tu aller à la soirée de Lupin ?

-Bien sûr. Viendras-tu avec moi ?

Comment dire non à un aussi joli froncement de sourcil ? Il dit oui, évidemment. Mais il se promit que, dès qu'il aurait réglé son compte à « l'homme », il convaincrait Hermione de le laisser s'installer dans l'appartement avec elle. Ainsi, plus de toiture à réparer, et il verrait quels « amis » lui rendaient visite de manière inopinée.

Vous êtes encore là ? Merci pour votre persévérance !