disclaimer : voir premier chapitre

chapitre relu par Ambre/Ezilda, qui relit ma prose entre deux cours. Merci pour tout !

Chapitre 16. Le jeu se complique

Alors que Hermione et Severus se couchaient en ce samedi soir, anxieux à propos de la première rencontre de Severus avec les parents de Hermione prévue le lendemain, Draco supervisait la soirée organisée par les Bulstrode pour leur anniversaire de mariage. Il vérifia que ses sous-traitants (traiteur, fleuriste, orchestre, serveurs) avaient bien rempli leur part du contrat. Il en profita pour saluer les uns et les autres, histoire de prendre des nouvelles. Les remarques du genre : «savez-vous que ma cousine se marie l'été prochain ? » étaient traduites dans l'esprit de Draco par : « envoyer un parchemin publicitaire chez les Gamp. » Il trouva finalement qu'en plus de lui procurer des revenus, son activité lui plaisait. Il en était le premier surpris. Et il n'avait plus autant d'objection à fréquenter d'autres milieux sociaux que le sien depuis qu'il avait découvert que les gallions des san…non, apprendre à parler le politiquement correct (plus difficile que le français) et dire : depuis que les gallions des sorciers nés de parents moldus avaient le même effet dans sa poche que les autres.

Il faillit s'étrangler avec son petit four lorsqu'il vit qui s'éloignait du buffet, une assiette de viandes froides à la main : Jérôme Frollo. Cet homme était plus discret qu'un serpent à l'affût de sa proie, que venait-il faire ici ? Draco ne pensait même pas que d'autres que lui savaient que l'homme avait été un mangemort. Il en connaissait en tout cas un rayon en magie noire et en magie des âmes, au point d'en remontrer parfois au Seigneur des Ténèbres sur ce dernier sujet. Le jeune homme laissa sa curiosité l'emporter au détriment de son bon sens et aborda l'homme au teint malade.

-Bonsoir, monsieur Frollo. Cela fait si longtemps, comment allez-vous ?

-Bonsoir monsieur Malfoy. Je vais bien, merci. J'ai cru comprendre que nous vous devions la réussite de cette soirée.

-Oui, merci, j'en suis l'organisateur en effet.

-Je suppose que vous faites cela pour le plaisir ?

-Evidemment.

Les propos des deux protagonistes suintaient les sous-entendus malveillants. Frollo était meilleur que Malfoy père en la matière.

-Et il vous arrive…souvent…d'organiser de tels événements ?

-Régulièrement, oui.

Draco se dit qu'il aurait mieux fait de tourner la tête ailleurs dès qu'il avait aperçu cet homme.

-Je suppose que vous ne faites pas cela pour n'importe qui.

-A vrai dire, je le fais pour qui le demande. Vous savez qu'après la guerre perdue, le nom de Malfoy s'est trouvé honni.

L'autre hocha la tête en une parodie de sympathie. Draco poursuivit :

-J'ai trouvé ce moyen de lui rendre son lustre. En acceptant d'organiser des événements pour tout type de sorciers, je compte retrouver l'influence qui revient à ma famille dans ce monde.

L'autre ne cacha pas son mépris et son étonnement :

-Tout type de sorciers ! Même des sangs-de-bourbe et des semi-humains ?

-Lorsqu'ils sont héros de guerre, oui.

Draco commençait à s'échauffer, il trouvait que Frollo lui tapait sur les nerfs, à remettre ainsi en cause son choix de vie.

-Tenez, je vais même organiser une fête pour Remus Lupin.

-Tant mieux pour vous. Bonne soirée, monsieur Malfoy.

L'autre tourna les talons brutalement. « Quelle malpoli ! » se dit le blond. « Je m'en moque, après tout, lui ne sera jamais un client potentiel vu son mode de vie. »

De son côté, Jérôme Frollo réfléchissait aux informations recueillies ce soir. Il avait d'ailleurs accepté l'invitation des Bulstrode principalement pour recueillir des informations utiles, et la soirée avait été productive. Il avait ainsi pris connaissance de la déchéance des Malfoy (frayer avec des inférieurs ! ) et la réception de Lupin ne pouvait signifier qu'un chose : Hermione Granger y serait, elle faisait partie des amis proches du loup-garou. En quittant les Bulstrode, il tapota avec satisfaction les cheveux blonds qu'il avait ramassés un peu plus tôt.


Remus était encore sous le choc de ce qu'il venait de voir lorsqu'il rentra chez lui. Le crochet par l'appartement de Hermione l'avait mis un peu en retard et Tonks était rentrée avant lui. Elle nota de suite la mine renfrognée de son époux.

-Bonsoir Remus. Dis donc, avec la tête que tu fais, on dirait bien qu'un troupeau d'hippogriffes t'est passé sur le corps !

-Pire ! Tu ne sauras jamais ce que je viens de voir !

-Eh bien, dis-le au lieu de faire durer le suspense.

-Je viens de passer chez Hermione pour l'inviter à notre soirée du dix, et pendant que j'étais là, Snape est arrivé comme en territoire conquis, il avait même les clés de l'appartement, et il a embrassé Hermione comme s'ils étaient seuls au monde !

-Tu aurais pu me faire asseoir avant de me balancer une nouvelle pareille ! se plaignit Tonks en s'affaissant dans le fauteuil le plus proche. Rappelles-toi un peu dans quel état tu m'as mise !

-Désolé, ma chérie. Je ne comprends pas, je ne vois pas ce qu'elle peut lui trouver, il est agréable comme une porte de prison, engoncé dans la magie noire jusqu'au cou, et quoi qu'on dise, je ne peux oublier qu'il a tué Dumbledore.

Tonks ne sut que répondre. En tant qu'auror, elle avait plus qu'entendu parler du procès de Snape, et d'ailleurs, son mari avait témoigné à un moment donné. Elle savait qu'il avait bénéficié de circonstances atténuantes sur toute la ligne car il avait pu prouver qu'il avait aidé l'Ordre du Phénix et Harry discrètement après avoir tué Dumbledore. Il était également vrai qu'il était un personnage plus que douteux, n'hésitant pas à utiliser des moyens ultra-illégaux pour arriver à ses fins, et il ne faisait jamais rien pour rien. Que pouvait-il bien attendre d'une relation avec Hermione ? Même si celle-ci n'était pas une gamine sans défense, Tonks s'inquiétait pour elle. Elle eut une idée qui, d'après elle, pourrait calmer le jeu et ne pas blesser Hermione s'il n'y avait pas besoin d'intervenir.

-Que dirais-tu si je voyais avec mes collègues pour organiser une petite enquête sur Snape depuis qu'il est sorti d'Azkaban ? S'il n'a rien fait de répréhensible, Hermione n'aura pas besoin d'être mise au courant. Tu ne voudrais pas qu'elle se fâche avec toi parce que tu te serais mêlé de ses affaires ?

Remus réfléchit un moment à la question, puis acquiesça.


Tonks tint parole : dès qu'elle arriva au bureau des aurors le lendemain matin, elle mit sur le coup Dawlish, qui lui devait quelques menus services, parce qu'il était l'un des plus objectifs du bureau.

Severus ne le sut jamais mais il devait une fière chandelle à la capacité à brouiller les pistes de « l'homme ». Il avait en effet pris la décision d'attendre que l'autre vienne récupérer sa potion détraquante pour tenter de le suivre à nouveau, et d'abandonner toute autre recherche. De fait, Dawlish put juste rapporter à Tonks que Severus Snape avait trouvé un emploi honorable récemment grâce à une certaine Hermione Granger qui faisait profession de consultante en recherche d'emploi, et qu'il n'avait trouvé trace d'aucune activité illicite de la part de l'ancien professeur de Poudlard. Il décida néanmoins de garder un œil sur lui, au cas où, il pourrait peut-être trouver un moyen de le renvoyer à Azkaban, la place légitime des mangemorts qui avaient tué sa petite fille.


La LEM, ou loi de l'emmerdement maximum, aussi connue sous le nom de loi de Murphy, fut encore une fois prouvée vraie à Severus et Hermione en ce samedi après-midi. Tandis que notre couple était engagé dans des activités ne nécessitant pas l'intellect, Ginny se dit qu'elle mettrait bien le petit Sirius en garde chez ses grand-parents et qu'elle irait faire du shopping avec Hermione. Elle déboula donc dans le salon de son amie grâce à la poudre de cheminette sans prévenir, comme elle le faisait parfois.

Ne voyant personne, elle avança dans le couloir. Elle entendit alors des gémissements, et sans prendre le temps d'écouter, ce qui lui aurait permis de se rendre compte que lesdits gémissements provenaient de deux sources différentes, se précipita à l'aide de Hermione qu'elle croyait souffrante, seule dans sa chambre, sans personne pour prendre soin d'elle.

Ginny était un peu jeune et en trop bonne santé pour souffrir d'un arrêt cardiaque, elle ne passa cependant pas loin. Hermione chevauchait avec ardeur un homme…qu'elle reconnut être Severus Snape, la tête en arrière, la bouche entrouverte, les mains sur ses propres seins. L'homme (Snape, bon sang !) la regardait avec luxure, une main sur ses hanches, l'autre…ne pas penser à ce que faisait l'autre main !

-Oh putain, Severus, t'es profond, c'est…booooooooooon, ah, ah, AAAAAHHHHHHHH

-AAAAAAHHHHHHHH, répondit Severus en écho.

Hermione retomba sur lui, repue, alors que Ginny prenait racine dans l'encadrement de la porte, le visage une parfaite imitation d'un poisson rouge, couleur incluse. Elle ne reconnaissait pas son amie.

Severus la vit le premier. Il attrapa vivement le drap et le passa tant bien que mal au-dessus de Hermione et lui-même.

-Madame Potter, votre mère ne vous a donc jamais appris qu'on n'entrait jamais chez les autres sans être invité ?

Hermione tourna la tête et la jolie rougeur de son corps due à « l'exercice » prit une tournure franchement écarlate. Elle ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, sentant bien qu'elle ne pourrait dire que des platitudes ou des bêtises en cet instant précis. Encore une fois, ce fut Severus qui réagit.

-Si vous voulez bien sortir de la chambre, madame Potter, Hermione et moi pourrions redevenir décents.

-Oui, oui, bbbien ssssûr, bégaya-t-elle en se retirant. Elle s'écroula dans le premier fauteuil venu, s'éventant avec un magazine trouvé sur la table basse. Quand elle en aurait fini avec les explications ici, elle rentrerait chez elle et Harry avait plutôt intérêt à être là.

Elle n'eut pas beaucoup le temps de penser à ce qu'elle ferait avec Harry, Hermione et…Snape entrèrent dans le salon et prirent place face à elle. Elle prit la parole tout de suite :

-Hermione, je suis désolée, je ne savais pas, je voulais seulement venir te prendre pour qu'on aille faire du shopping ensemble comme nous faisons parfois, je suis vraiment désolée, je savais pourtant que tu voyais quelqu'un mais jamais je n'ai pensé…

Severus interrompit son babillage :

-Je pense que nous avons compris votre point, madame Potter, puis-je toutefois vous rappeler que vous me devez des excuses aussi ? Autant que je sache, Hermione n'est pas la seule à avoir souffert de votre indiscrétion.

Ginny se remit à rougir tandis que Severus lança un regard en coin à Hermione. Ainsi elle avait dit à son amie qu'elle voyait quelqu'un ? De toute façon, tout le monde serait bientôt au courant, le dix avril pour être précis. S'ils avaient tous la même expression que madame Potter sur leur visage, cela vaudrait vraiment le coup de subir par la suite les amis « bien intentionnés » de sa (presque) fiancée.

-Je suis désolée, professeur. Je vous jure qu'à l'avenir, je ne viendrai plus chez Hermione sans être annoncée.

Elle se tourna vers elle :

-Tu me pardonnes, dis, Hermione, tu ne m'en veux pas ? Je ne pensais pas à mal.

-Ah, Ginny, non je ne t'en veux pas, mais s'il te plaît, ne dis rien à personne. C'est à nous deux qu'il revient de décider de rendre notre relation publique ou non.

Lorsque Severus entendit Hermione dire « nous deux », il l'aurait embrassée s'ils avaient été seuls. Ce qui n'était qu'une question de minutes.

-D'accord, Hermione, je te promets de garder le silence. Et vous, professeur, prenez bien soin d'elle.

Sur ce, elle regagna ses pénates par cheminette. Elle était un peu inquiète pour son amie, quelle idée aussi de prendre pour amant un repris de justice, mais ce dont elle venait d'être témoin, pas seulement le sexe mais le rayonnement de bonheur qui émanait de Hermione, contribua à la rassurer. Elle entreprit alors de distraire Harry, qui pourrait se demander pourquoi elle revenait si tôt, de toute question concernant Hermione, tandis que cette dernière recevait le baiser du siècle.