disclaimer : voir premier chapitre
Relecture toujours par Ambre/Ezilda, encore merci.
Chapitre 18. Victimes en vueLa révélation de Hermione sur son implication dans la découverte par le Ministère des notes de Contracelsus avait peut-être jeté un froid dans l'esprit de Severus, mais pas dans ses réactions. A son insu, il la couvrit de sorts de protection et de traque afin de toujours savoir où elle était. Il s'enquit de son emploi du temps de cette semaine afin de savoir quand il pouvait passer, et surtout dans l'espoir qu'elle serait tellement occupée qu'elle ne pourrait pas sortir de chez elle dans la journée, pendant qu'il devait être au travail. Il put être rassuré sur ce point-là, elle avait un agenda archi plein. Il allait se mettre au travail sur la liste de Durmstrang de suite également.
Cette semaine-là, Severus rendit donc visite à Hermione tous les soirs, ne la lâchant pas d'une semelle, faisant les courses avec elle au besoin. Cela lui laissait moins de temps pour travailler sur la liste, mais il parvint néanmoins à la réduire à trois noms plausibles : Jérôme Frollo, Enzo Dante et Maurizio Borgia.
Hermione, elle, interpréta tout à fait différemment le comportement de Severus, et elle lui dit un soir :
-Tu passes tellement de temps chez moi, et tu me regardes sans arrêt. Je devrais peut-être t'offrir une montre comme celle que j'ai achetée à ma mère et qui lui permet de savoir où je suis à tout moment. Ou bien est-ce une manière subtile de me faire savoir que tu souhaiterais emménager chez moi ?
En deux phrases, Hermione venait de lui enlever un poids des épaules. Il se dit qu'il trouverait bien un moyen d'emprunter à Diane Granger sa fameuse montre, que Diane sache ou non pour l'emprunt, et qu'il allait dire oui à l'emménagement.
-Suis-je donc si transparent ? répondit-il. J'aimerais bien vivre en permanence avec toi, oui.
-Il n'y a qu'à demander, si je puis dire. Ecoute, samedi, tout le monde saura pour nous puisque nous serons ensemble à la soirée de Remus, tu pourrais en profiter pour t'installer chez moi ce week-end.
L'idée de se réveiller auprès de Hermione tous les matins faillit lui faire oublier la menace qui pesait sur elle.
La semaine fut fiévreuse chez les Lupin, avec la pleine lune le lundi, puis l'approche de la réception. Remus avait réussi avec brio le test final de sa formation et était désormais titulaire du titre de dresseur professionnel de créatures magiques, spécialité « montures ». Le Ministère l'embauchait à partir du quinze avril avec comme consigne que les hippogriffes et sombrals soient prêts à être utilisés par les aurors dès septembre, ou avant. Le futur s'annonçait bien.
Draco se rendit deux fois chez les Lupin cette semaine-là pour peaufiner les détails de la réception. La salle était prête, le matériel et la vaisselle seraient livrés le samedi même, le traiteur prendrait possession des cuisines en fin de matinée etc. Tout fut passé en revue, y compris les tenues vestimentaires. Il y allait de la réputation des Fêtes galantes. Il ne s'attendait pas toutefois à la nouvelle qu'il apprit en ce vendredi soir : Hermione Granger allait se pointer au bras de Severus Snape. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Etait-ce pour elle que son ancien directeur de maison lui avait demandé conseil pour la Saint-Valentin ? Cela était la preuve formelle que Snape avait toujours été un traître au Seigneur des Ténèbres, car seul un traître s'afficherait avec une…sorcière née de parents moldus, même après la défaite. On pourrait objecter qu'il frayait avec des traîtres à leur sang et des semi-humains, mais ce n'était pas pareil. Il faisait cela par nécessité, cela ne l'amusait pas, même pas la tête de Lupin quand il avait abordé la question de l'argenterie pour sa réception ou du plan de table : qui mettre à côté ou en face de Snape ?
A l'insu de tous, un homme suivait Draco depuis quelques jours. Il devait en savoir un maximum sur l'organisation de la soirée pour arriver à ses fins, et qui mieux que l'organisateur pour obtenir les informations ? Il ramena les oreilles à rallonge achetées chez les Weasley la semaine précédente dans sa poche, l'air songeur. Ainsi donc, Snape serait de la partie, et la fille était sa petite amie ? Il haussa les épaules, cela ne devrait pas entraver ses plans.
Draco se préparait à se rendre sur le lieu où se déroulerait la fête des Lupin afin de superviser sa préparation. Tous les héros de guerre, McGonagall, Maugrey Fol Œil, Lupin et sa moitié bien sûr, Potter, la tribu Weasley, Granger etc. et une tache : Severus Snape. Tiens, cela devrait rabaisser un peu Granger dans l'œil du public. Tant mieux. Cela ferait de la publicité, d'autant plus qu'il avait envoyé un courrier anonyme au Wizarding Sun les informant qu'une telle soirée ne manquerait pas d'être extrêmement intéressante. Cela devrait rejaillir positivement sur son entreprise, d'autant que personne ne saurait jamais qu'il était celui qui avait fait venir la feuille de chou. Rien de tel que le scandale pour faire vendre, il imaginait déjà les hordes de clients qui, sous prétexte d'organiser la surprise party de leur fillette, lui poserait des questions sur la « soirée des Lupin ». Bon, il n'était plus temps de rêvasser.
Et voilà qu'on sonne à la porte, il allait être en retard bon sang de bois ! Il ouvrit la porte, il eut juste le temps de reconnaître Jérôme Frollo avant d'être atteint par un éclair rouge.
Frollo se frotta mentalement les mains, tout marchait comme il se devait pour l'instant. Il sortit une fiole de Polynectar de sa poche, y ajouta un cheveu blond et but. Pendant qu'il se transformait, et malgré la nausée, il se dit qu'il aurait pu se passer des cheveux collectés lors de la soirée des Bulstrode puisque leur source était à sa merci, mais comme on n'est jamais assez prudent…
Son espionnage lui avait permis de connaître le déroulement de la soirée dans ses moindres détails, et il était assez confiant en ses propres qualités d'acteur pour être sûr de pouvoir rouler tout le monde. Aucun des invités n'était suffisamment intime avec le blondinet de toute façon pour remarquer une anomalie dans son comportement. Il s'habilla sans hâte avec les vêtements de Draco et transplana sur le lieu de la soirée.
Il joua son rôle à la perfection : il guida le fleuriste dans le placement des décorations florales, il installa les musiciens sur l'estrade, il accueillit le traiteur avec l'air hautain et dédaigneux qui trahissait l'appartenance à la famille Malfoy.
Les Lupin furent sur les lieux une heure environ avant les premiers invités. Frollo/Malfoy leur montra ce qui était fait, ce qui restait à faire, ils furent rassurés, tout serait parfait. Puis à partir de dix-neuf heures, les invités commencèrent à arriver. Lorsque les Weasley arrivèrent, parents, enfants et leur conjoint, petits enfants, la moitié des convives étaient là. Dawlish, qui se doutait que Snape serait de la partie vu qu'il était englué dans les jupes de la fille Granger, avait manœuvré auprès de Tonks pour se faire inviter avec son épouse. A vingt heures ne manquait plus que McGonagall, sans doute retenue par quelque devoir professoral à Poudlard, et Hermione.
Hermione avait été, elle, retenue par Severus qui entendait avoir au moins un bon début de soirée, et aussi recevoir un peu de soutien moral (quoique la partie concernée n'eut pas besoin de soutien du tout) avant les horribles heures qui l'attendaient.
Lorsqu'il arriva au bras de Hermione, vêtue pour l'occasion de vert et argent, son étole de la Saint-Valentin drapée sur les épaules, le silence se fit, puis la foule se fendit telle la mer Rouge devant Moïse. Ce fut en tout cas l'exacte impression qu'eut Severus en voyant depuis sa haute taille les têtes rousse s'écarter du passage. Il prit néanmoins la peine d'examiner l'expression des visages.
Potter hésitait entre le rouge et le blafard, les dents serrées, la haine inscrite dans les traits d'une manière digne de…lui-même.
Weasley, le plus jeune, que dire ? Qu' on ne voyait plus la limite entre sa peau et ses cheveux tellement il avait tourné à l'écarlate ?
Les parents Weasley étaient bouche bée, chez eux la surprise l'emportait sur tout autre sentiment.
Chez la plupart des autres, on pouvait voir un mélange de tout cela, tantôt de la pâleur, tantôt de la rougeur, tantôt de la colère, tantôt de la surprise. Quelques exceptions tout de même : Kingsley était toujours aussi noir, Ginny lançait de discrets regards d'encouragement en direction de Hermione, tandis que Remus essayait de jouer son rôle d'hôte au mieux en se dirigeant vers le couple, le sourire aux lèvres et la main tendue vers Severus. Tonks suivit et serra Hermione dans ses bras comme si elle ne l'avait pas vue depuis des siècles.
-Severus, je suis content que tu aies accepté d'accompagner Hermione, dit Remus d'un air faussement sincère.
Severus lui serra la main qu'il tendait aussi brièvement que possible, et ce juste pour ne pas offenser Hermione. C'était presque pire que lorsqu'il avait dû serrer la main de Black dans le bureau de Dumbledore, mais il ferait bien plus pour Hermione que pour Dumbledore. Il se tourna vers Hermione pour voir comment elle prenait les événements, tiens, elle aussi donnait dans le faux sourire.
Les autres convives ne savaient sur quel pied danser. Ils voulaient saluer Hermione, leur amie, et éviter Snape. Mais que faisait-elle avec lui ? Finalement, les plus courageux se lancèrent et petit à petit, tout le monde finit par les saluer, enfin, montrer qu'ils prenaient en compte leur présence serait une plus juste façon de dire les choses. Seul Ron les ignora complètement, la fragile paix entre lui et son ancienne fiancée brisée.
Pour casser un peu le froid ambiant, Remus proposa que tout le monde se rapprochât de la table et prît l'apéritif. Cela eut le mérite de détourner un peu l'attention loin du couple à scandale qui ne savait pas qu'il était destiné à faire la une le lendemain : Rita Skeeter et son photographe étaient cachés dans un coin sombre à la sortie de la salle où se tenait la réception. Elle avait même déjà un titre pour d'aussi juteuses nouvelles, « le bâtard graisseux et la méduse, un duo capillaire. »
Héroïquement, Ginny se dévoua et fit un peu la conversation au couple, vantant les derniers exploits de son fils tandis que Hermione se détendait progressivement et souriait et que Severus essayait d'écouter poliment parler d'un enfant nommé « Sirius Potter », deux ennemis en un.
Le geste de Ginny décoinça l'atmosphère et la preuve que Hermione était très aimée de ses amis fut que presque tous se montrèrent relativement cordiaux avec son compagnon, c'est-à-dire qu'ils ne l'insultèrent pas. Sauf Harry, il ne fallait pas trop en demander. Celui-ci glissa à l'oreille de Hermione : « J'espère que tu auras une bonne raison à me donner pour sa présence à tes côtés. » Elle répliqua qu'elle n'avait pas de compte à lui rendre, et qu'elle ne vivait pas dans le passé, elle.
Dans un coin, Frollo observait la scène, il attendrait que l'ambiance se calme et que la donzelle ne soit plus suivie des yeux par tous avant d'agir.
A Londres, dans un quartier résidentiel, Diane Granger cherchait avec frénésie sa montre magique. Si elle avait été en sa possession, elle aurait pu prévenir sa fille qu'elle courait un « danger mortel ».
Merci à vous, fidèles lecteurs, d'être encore là.
