disclaimer : voir premier chapitre

Chapitre relu par la formidable Ambre/Ezilda.

Chapitre 19. Catastrophe

Tout le monde se mit enfin à table pour manger. Dawlish réussit mine de rien à s'asseoir juste en face de Severus, histoire de garder un œil sur le « mangemort », mais comme personne ne voulait de la place, cela ne fut pas trop difficile.

Les vieilles habitudes sont difficiles à perdre, c'est pourquoi Severus choisit une place à l'extrémité de la table la plus proche de la sortie. Et il limitait ainsi le nombre de ses voisins. Hermione prit place à côté de lui, comme il se devait, et il se retrouva comme au bon vieux temps à Poudlard où une seule personne lui offrait une conversation civilisée, parce que les autres évitaient autant que faire se peut de lui adresser la parole. Il parla donc avec Hermione, sous le regard malveillant de l'auror en face de lui.

Hermione avait aperçu Draco Malfoy, qui s'occupait visiblement de l'organisation de la soirée, et elle se demandait bien quel besoin il avait de rester aussi longtemps. Visiblement, le traiteur, les serveurs et les musiciens connaissaient la chanson, tout tournait comme il le fallait. Et puis, avec les opinions qui étaient les siennes, elle aurait plutôt cru qu'il serait parti dès que sa présence n'aurait plus été indispensable. Il discutait actuellement de quelque détail avec Remus, et sa gestuelle non plus ne ressemblait pas à ce que Hermione avait observé quelques mois plus tôt. Elle ne voulait pas le saluer publiquement, il était insupportable, mais sa curiosité lui souffla un prétexte pour s'approcher des deux hommes : il n'y avait plus de bièraubeurre sur son côté de table. Elle se leva donc et se dirigea vers eux.

-Remus, où puis-je trouver de la bièraubeurre ? Il n'y en a plus à table.

Depuis son coin de table, Severus ne l'avait pas quittée des yeux.

-Bonsoir, miss Granger, dit Draco/Frollo d'un air onctueux. Laissez-moi vous montrer où vous pouvez vous servir. Je m'excuse, continua-t-il en se tournant vers Remus, je vais montrer à votre invitée où se trouve ce dont elle a besoin.

« Le sens des affaires aurait-il eu raison de sa grossièreté ? » se demanda Hermione. Elle n'en revenait pas, pas plus que Remus qui les regarda se diriger vers la cuisine. Tout comme Severus, qui trouvait lui aussi l'attitude de Draco inhabituelle. Elle ne correspondait pas du tout à ce dont il se souvenait de lui. Mais cela faisait déjà plusieurs années…

-Par ici, miss.

-Cette porte ne mène-t-elle pas vers l'extérieur ? demanda Hermione sans cesser de suivre le blond.

-Pas vraiment.

Tout se passa trop vite une fois la porte franchie. Frollo avait laissé Hermione passer devant lui et il perdit pas de temps une fois à l'extérieur. De derrière, il lui bâillonna la bouche avec sa main et l'enlaça brutalement avec son autre bras et transplana devant ce qui semblait être l'entrée d'un parc. La dernière chose que vit Hermione fut une lumière rouge.


Quelque chose ne collait pas, l'instinct d'espion de Severus, tout à fait revenu à la vie ces derniers jours, lui disait qu'un danger était proche. Sitôt qu'il vit Draco et Hermione entrer dans la cuisine, il les suivit. Il fut un peu ralenti par Remus qui, jouant toujours les hôtes irréprochables, essaya de lui parler, mais il le repoussa brutalement sans un mot. Il eut juste le temps ensuite de voir Draco passer la porte vers l'extérieur, empoigner Hermione et disparaître avec elle.

Il se précipita à l'endroit d'où ils avaient disparu et utilisa les sorts de traque qu'il avait jetés à Hermione, mais chacun d'entre eux le ramenait à la maison moldue dont il avait déjà fait exploser la porte. Il se souvint de la montre de Diane Granger à son poignet et la consulta, elle indiquait : « Hermione, chez Jérôme Frollo, en danger mortel. » Il comprit brutalement qu'ils s'étaient tous faits berner, et que le blond présent à la soirée n'était pas Draco. Le hic était qu'il n'avait pas le moindre début d'idée d'où se trouvait le domicile de Frollo. Mais peut-être que le vrai Draco saurait. Il échafauda un plan et retourna à la réception, où il repéra Lupin debout près de la table qui discutait tranquillement avec les Potter restés assis. Il se dirigea vers lui à grands pas, lui saisit le bras et lui glissa à l'oreille :

-Je viens de voir Draco Malfoy, ou quelqu'un se faisant passer par lui, enlever Hermione. J'ai essayé tous les sorts de traque que je connais et aucun n'a donné de résultats. Je vais chez Malfoy, mais tout endroit ayant appartenu à Lucius est un chausse-trappe, j'ai besoin de renforts.

Son visage était crispé, sa mâchoire serrée, une veine vibrait sur sa tempe, tout en lui respirait l'homme au bord de l'homicide. Pour bien faire, Potter l'avait entendu et s'exclama un peu trop fort :

-Qu'est-ce que vous voulez dire par Malfoy a enlevé Hermione ?

Evidemment, cela fit taire une bonne partie des convives.

-Ce que je viens de dire. Je viens de voir Draco Malfoy, ou quelqu'un se faisant passer pour lui, emmener Hermione de force.

Harry insista :

-Vous êtes sûr que ce n'est pas une mise en scène de votre part ?

Severus sentit la pression monter avec plus de force encore que le champagne dans une bouteille secouée. Cet idiot ne pouvait-il pas comprendre une phrase avec un vocabulaire aussi simple ? Un seul mot de trois syllabes, tous les autres plus courts, il ne fallait tout de même pas parler bébé pour se faire comprendre du sauveur du monde sorcier, non ?

-Je n'ai rien à gagner dans une machination qui ferait souffrir Hermione, croyez-moi Potter. Voulez-vous retrouver votre amie avant qu'il ne soit trop tard ?

Il serra les poings pour ne pas étrangler le jeune insolent. Cela le mettrait en retard et il y avait urgence.

L'ouverture brutale de la porte de la salle détourna les esprits de la confrontation Snape/Potter. Entra un Draco Malfoy hirsute, les vêtements de travers, pantelant.

-Désolé…retard…parvint-il à articuler.

Severus fut le premier sur lui.

-Qu'est-il arrivé ?

-Un homme a frappé à la porte, quand j'ai ouvert, il m'a stupéfixé.

Dans son état semi-hagard, Draco n'avait pas pris le temps de vider son esprit et son occlumancie était quasi-nulle, aussi Severus comprit-il immédiatement que le garçon ne disait pas tout ce qu'il savait. En conséquence, il l'attrapa par le col et lui dit d'un air menaçant :

-Dites-nous tout ce que vous savez, Malfoy, si vous ne voulez pas que je l'extirpe moi-même de votre tête.

-Severus, s'interposa Remus, lâche-le un peu, tu vas l'étrangler.

-Ne me dis pas ce que je dois faire, Lupin. La vie de Hermione est en jeu, je n'ai pas de temps à perdre en civilités.

Cela suffit à convaincre Remus que l'ancien mangemort était très sérieux en ce qui concernait Hermione, et il décida alors de lui faire confiance. Draco, lui, savait ce qui l'attendait s'il ne parlait pas, il avait par le passé vu cette expression sur le visage de Severus et n'en avait pas du tout aimé les suites, même si ce n'était pas lui qui en avait souffert.

-Cet homme est un ancien mangemort, il s'appelle Jérôme Frollo.

-Où habite-t-il ? rugit Severus.

-Je…je sais qu'il a acheté un manoir dans le Kent.

Les présents se posaient tous les mêmes questions : un mangemort dont personne n'avait entendu parler était en liberté ? Et pourquoi avait-il ciblé Hermione et non pas Harry ? Ou bien l'objectif était-il d'attirer Harry dans un piège ? Dawlish partit sans délai pour le Ministère afin d'amener des renforts chez Frollo tandis que les invités organisaient les secours.

-Je pars en avant, décréta Severus. Je n'attendrai pas que vous finissiez vos pathétiques efforts d'organisation.

Et sans autre forme de procès, il partit à l'extérieur et transplana. Avec Remus Lupin qui s'était accroché à lui in extremis.


Hermione s'éveilla dans une pièce sans fenêtre et avec une seule porte. Elle était attachée en position debout contre un mur, et bien sûr elle ne sentait plus sa baguette dans sa poche. Un homme se tenait dans l'embrasure de la porte, elle ne put distinguer les traits de son visage à cause du contre-jour.

-Vous voilà éveillée, miss.

La voix n'éveilla aucun souvenir en Hermione.

-Qui êtes-vous ?

-La réponse à cette question est sans importance.

Il ferma la porte et la laissa dans le noir pendant un temps qui lui parut très long.

Quand il revint, elle plissa les yeux, puis réhabituée à la lumière, elle aperçut un flacon de potion dans sa main.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ceci ? dit-il en levant la main qui tenait le flacon. Elle hocha la tête.

-Ceci est la potion détraquante. Peut-être avez-vous une idée de ses effets ?

Hermione n'était pas vraiment en situation de réfléchir sereinement, elle se contenta de secouer la tête en signe de dénégation.

-Elle produit, pourrait-on dire, le même effet que le baiser du détraqueur sur celui qui la boit, elle vide l'enveloppe corporelle de son essence de vie, de son âme, quoi. C'est la première fois qu'elle est réalisée, elle a été inventée par Contracelsus mais il n'a jamais réussi à la fabriquer, elle est bien trop complexe, seul un maître de potions du plus haut calibre peut la réussir.

Hermione écarquilla les yeux d'horreur lorsque son intellect trop bien huilé arriva à certaines conclusions malgré la panique tapie au fond d'elle-même. Cela n'échappa pas à Frollo, qui se mit à la railler tout en faisant les cent pas devant elle.

-Je vois que vous en tirez les bonnes conclusions. Je vais effectivement vous faire boire cette potion, j'ai besoin d'un cobaye. Et vous savez parfaitement qui est assez doué pour réaliser cette potion. Votre cher Severus Snape est celui qui l'a faite pour moi. Quelle ironie, n'est-ce pas, de mourir, si l'on peut appeler cela mourir, par la faute de celui auquel vous tenez tant. Ce bâtard de sang-mêlé a toujours trahi ceux qui se sont attachés à lui, vous auriez dû mieux choisir vos alliances, jeune fille.

De telles révélations jetèrent le trouble dans l'esprit de Hermione. Comment l'homme dont elle avait enfin admis à elle-même qu'elle l'aimait pouvait-il être partie prenante d'une telle abomination ? Elle était persuadée qu'il l'aimait pourtant. Frollo continuait de parler.

-Oh, il n'était pas trop volontaire, mais un homme affamé est plus facile à soudoyer, et j'ai toujours gardé les preuves de ses petits méfaits accomplis pour moi. Il n'était pas trop enamouré d'Azkaban, aussi a-t-il toujours fait ce que je lui ai demandé. C'est également lui, voyez-vous, qui a récupéré les notes de Contracelsus avec la recette de la potion détraquante chez cet auror chez qui elles étaient cachées. Je l'ai laissé vivre, ce traître, tant que j'avais besoin de lui, mais de toute façon j'ai décidé que je n'allais plus le tuer. Je pense qu'il souffrira davantage de voir que sa sang-de-bourbe n'est plus qu'une coquille vide.

Il fit quelques allers et retours dans la pièce sans parler puis reprit :

-Si cette expérience est un succès, je n'aurais plus qu'à trouver un homme au corps parfait et sain, lui administrer la potion et réaliser le rituel qui enverra mon âme dans ce corps. Tiens, je me demande si je dois choisir un sorcier ou si un moldu ferait l'affaire. Ma magie suivrait-elle mon âme dans un corps moldu ? Mais si elle est rattachée à l'âme, je ne crains rien…

Pendant que l'homme se perdait dans les méandres de sa réflexion, Hermione utilisait ses neurones autant que ses nerfs à vif l'y autorisaient et réfléchissait. Le projet de cet homme était horrible, comment dans sa position pourrait-elle s'y opposer ? Elle reviendrait plus tard sur tout ce que Severus lui avait caché. Elle n'était pas sûre non plus qu'à sa place, elle n'aurait pas tu ce genre d'activité, et elle-même n'avait pas hésité une fois ou deux à s'introduire par effraction chez d'autres sorciers pendant la chasse aux horcruxes pour trouver des informations. Elle s'était bien gardée de s'en vanter, seuls Harry et Ron le savaient et n'étaient pas eux non plus en position de s'en glorifier. Ou de la dénoncer. Severus était également un homme qui ne faisait pas facilement confiance, et après tout, il l'avait sollicitée pour l'aider à trouver un emploi avouable, cela était un signe indubitable qu'il aspirait à une seconde chance. Hermione se dit qu'elle lui accorderait cette seconde chance après une bonne discussion, puis ramena ses pensées vers la situation présente.

Merci à vous qui vous êtes accrochés et suivez toujours mon histoire. Un deuxième merci à vous qui en plus laissez une review.