disclaimer : voir premier chapitre
Toujours efficace pour la relecture, Ambre/Ezilda, merci beaucoup.
Chapitre 20. Secours par vagues.
Severus et Remus arrivèrent ensemble devant les portes du manoir de Frollo. Le premier secoua son bras afin de bien faire comprendre au second qu'il n'appréciait pas le contact physique avec lui, puis tourna ses pensées et ses efforts en direction de la raison de sa présence en ce lieu. Les défenses magiques mises en place étaient fortes, élaborées, sans doute pleines de pièges. Il se mit au travail immédiatement, ses années au service de Voldemort lui avaient enseigné pas mal de choses sur comment contourner les obstacles. De son côté, Remus n'était pas manchot lui non plus, et son aide accéléra notablement le processus. Des sortilèges qui auraient donné des heures de travail aux aurors leur prirent moins d'une demi-heure. Frayer avec le mal paie parfois.
Une fois qu'il leur fut possible d'entrer dans le parc du château, les deux hommes se jetèrent un sortilège de désillusion pour être plus discrets. Bien leur en prit car à peine eurent-ils parcouru quelques dizaines de mètres qu'un bruit se fit entendre dans la végétation sur leur droite. Severus soupira intérieurement, il se dit que c'était décidément trop beau d'être arrivé là sans encombre.
Les bruits se firent plus précis, ils identifièrent un grondement, un bruit de sabots et le son de quelque chose traînant à terre. Ces trois éléments mis bout à bout permirent à Remus de faire la connexion avec ce qu'il venait d'apprendre en formation : une chimère les guettait. Il ne pouvait voir Severus, entre le sortilège de désillusion et l'ombre de la nuit, et n'osait pas le prévenir à voix haute. L'animal devait avoir capté leur odeur.
Le bruit se fit soudain entendre derrière lui, et il eut juste le temps de rouler sur le côté avant de voir passer à l'endroit où il se trouvait une seconde plus tôt le monstre qu'il avait reconnu au bruit. Il fut néanmoins surpris et rassuré de voir que l'animal était un jeune qui n'avait pas fini sa croissance, sa taille était de moitié environ celle d'une chimère adulte. A eux deux, Severus et lui avaient une chance de survivre. Il vit alors une plaie s'ouvrir sur le flanc de l'animal et devina que Severus avait lancé un sectumsempra silencieusement. Sans perdre de temps, il visa la chair à vif et prononça à haute et intelligible voix : « Avada Kedavra ! » Jamais une chimère n'avait été vaincue aussi rapidement. D'ailleurs, une seule chimère avait été vaincue par un sorcier dans le passé. Les deux hommes ne prirent cependant pas la peine de s'attarder sur leur exploit, ni de s'interroger sur leur efficacité inattendue dans l'utilisation à fins utiles de la magie noire. Ils avaient une demoiselle en détresse à secourir.
Quelques faibles pièges les ralentirent encore un peu jusqu'à la porte du manoir, mais c'était comme si la défense du parc incombait essentiellement à la chimère. D'autres difficultés les attendaient là : la porte refusait de s'ouvrir, quel que soit le moyen, moldu ou sorcier, utilisé. La seule possibilité était que Frollo avait protégé sa porte d'entrée par la magie du sang. Cela ne plaisait guère à Severus, on ne savait jamais en effet ce qu'il advenait du sang nécessaire pour réaliser ce genre de magie, mais ils n'avaient pas le choix. Il utilisa sa baguette pour s'entailler la paume et posa la main sur la poignée. Celle-ci absorba le sang avant de tourner, permettant ainsi d'ouvrir la porte.
Pensant que son maître recevait des visiteurs, un elfe de maison s'était aventuré dans le hall. Il s'éclipsa rapidement lorsqu'il constata qu'il ne pouvait distinguer que deux vagues formes humaines debout dans l'embrasure de la porte. Cela ne pouvait signifier que des ennuis, il se réfugia donc dans la cuisine et s'y enferma soigneusement. Si les elfes passaient eux aussi sous le Choixpeau magique, celui-ci aurait fini à Serpentard tant sa tendance à l'auto-préservation était développée.
Tandis que Remus et Severus posaient le pied dans le hall d'entrée du manoir, les aurors commençaient à arriver devant les grilles du parc. Ils s'attaquèrent sans attendre aux défenses magiques en place sans deviner que leurs prédécesseurs leur avaient amplement facilité le travail.
Les pièges du manoir étaient d'un autre calibre que ceux du parc. Pas de chimère mais un groupe d'inferi qu'ils avaient dû rabattre dans un salon avant de les y enfermer, des armures mouvantes qu'ils n'avaient pu maîtriser qu'en les démontant (vive la magie qui rend ce genre de choses plus facile !), des portes s'ouvrant sur le vide…et ils ne savaient pas où chercher dans cette immense bâtisse ! Severus avait cependant un indice : il savait ce que Frollo voulait faire, il serait donc sans doute au sous-sol, là où en général on trouve le laboratoire de potions et des cachots. Enfin, c'est ce que Lucius lui avait autrefois expliqué sur l'architecture sorcière.
Les deux hommes trouvèrent l'escalier qui descendait au sous-sol sans trop de difficulté, si on exceptait les pièges, il était juste sous le grand escalier qui menait aux étages. Ils descendirent avec précaution au cas où une marche piégée les trahirait et débouchèrent sur un couloir éclairé de quelques torches. Sur leur gauche, une porte était ouverte. Ils s'avancèrent dans cette direction et finirent par entendre une voix. Severus identifia immédiatement Frollo.
Remus et lui s'avancèrent doucement dans un laboratoire de potions, qui comportait deux grandes et longues tables encadrant une allée qui aboutissait à une petite pièce dont la porte ouverte laissait voir Frollo et…Hermione vivante ! Frollo faisait les cent pas, une fiole à la main, et semblait monologuer devant une Hermione dont les neurones tournaient à plein régime à la recherche d'une solution à sa situation.
Entre-temps, les aurors avaient atteint à leur tour le manoir lui-même et profitaient de la porte laissée ouverte par Remus et Severus. Ils avaient par inadvertance ouvert la porte du salon où se trouvaient contenus les inferi et avaient dû batailler avec les non-morts avant de se disperser dans tout le bâtiment afin de mener des recherches conformes au manuel de formation en techniques d'introduction de force chez un sorcier.
L'approche de Remus fut entravée par une barrière magique qui l'emprisonna où il se tenait. Ce Frollo était plus retors qu'on aurait pu le croire. Celui-ci fut alerté alors de la présence d'un intrus dans son laboratoire et jeta un sortilège de mort sans réfléchir dans la direction du bruit, autrement dit de Remus. Severus eut juste le temps de jeter un alambic dans le chemin du rayon vert afin de sauver Remus, mais ce geste donna sa position à l'agresseur de Hermione qui répliqua par un autre sort. Une bataille s'engagea alors entre les trois sorciers. Si Severus et Remus étaient deux et toujours désillusionnés, Frollo, lui, connaissait bien le terrain et n'était pas maladroit une baguette à la main. Il actionna un par un les pièges cachés dans le laboratoire. Severus dut se défaire d'un runespoor tombé d'une trappe dans le plafond. Il ne put éviter d'être mordu par le serpent à trois têtes mais il trouva sur une étagère du sérum anti-venin et l'avala rapidement. De la fumée blanche, visiblement toxique environna Remus qui eut juste le temps de se protéger par un sortilège de têtenbulle. Néanmoins, inexorablement, les deux hommes se rapprochaient de la cellule où était retenue Hermione.
Sentant le danger proche, Frollo tenta de fermer la porte de la petite pièce mais Severus la bloqua du pied avant de l'exploser d'un coup de baguette. Au pied du mur, Frollo s'empara alors de la jeune femme qu'il détacha et tint devant lui, la prenant clairement en otage. Il venait de signer son arrêt de mort.
-N'avancez pas, Snape et Lupin, car je sais que c'est vous qui êtes là. Vous allez me laisser gentiment partir avec la fille si vous tenez à elle.
Comment savait-il qu'il s'agissait d'eux ? Ils n'avaient pas levé leur sortilège de désillusion ! Ils n'avaient pas vu non plus, derrière eux et près de la porte d'entrée, accrochée à un pan de mur visible depuis la cellule, une glace à l'ennemi. Et Frollo n'avait pas lâché sa fiole de potion. Il ne fallait pas le laisser partir, mais la situation était bloquée. C'était sans compter Hermione, qui, bien que silencieuse, était vigilante. Elle se laissa aller comme une chiffe molle, et la pression sur les bras de Frollo lui fit baisser un tant soit peu sa baguette tandis que Hermione se baissait. Le visage de leur ennemi était maintenant dégagé. Sans la moindre hésitation, un éclair rouge et un éclair bleu frappèrent Frollo. L'homme s'écroula sans un bruit alors que Hermione se dégageait de son étreinte. Les deux sorts n'étaient pas conçus pour tuer, mais ensemble, ils étaient létaux. Au moins dans ce cas.
-Pourriez-vous vous rendre visible ? demanda-t-elle à la cantonade.
Severus et Remus s'exécutèrent. Hermione se jeta dans les bras de Severus.
-Merci d'être venu à mon secours, je ne m'en serais jamais sortie seule. Merci aussi à toi, Remus, ajouta-t-elle en tournant la tête vers le loup-garou. Si vous saviez ce qu'il voulait me faire !
L'impassibilité qui se peignit instantanément sur le visage de Severus à ces mots mit la puce à l'oreille de la jeune femme. Le soulagement fit place au besoin de savoir et à la colère. Elle reprit :
-Tu savais, n'est-ce pas, Severus ? Tu savais qu'il voulait me faire avaler cette vile potion ? C'est pour cela que tu m'as collée toute la semaine !
Severus n'essaya même pas de mentir, il se contenta de détourner les yeux de honte. Il parla néanmoins.
-Je savais mais j'aurais voulu que tu ne saches pas. Que t'a-t-il dit exactement ?
-Que c'était toi qui avait fait la potion et qu'il te faisait chanter, qu'il t'obligeait à faire des…choses, sinon, il pourrait te renvoyer à Azkaban.
-C'est exactement cela. J'ai cédé une fois parce que j'avais besoin d'argent, et depuis lors il me tenait dans ses filets. M'aurait-on pardonné le moindre écart, même bénin ? Non, pour Severus Snape, c'est Azkaban. Cette potion est la dernière chose que j'ai faite pour lui. Par chance, il ne m'a pas demandé de procurer le sang de vampire qui en est un des ingrédients.
Remus et Hermione blanchirent et échangèrent un regard, avant que Remus ne détourne les yeux à son tour. Un accord tacite avait néanmoins été scellé entre les deux : puisque tout finissait bien, ils feraient comme si Remus n'était pas impliqué. Et la même chose valait pour Severus, pensa Hermione. Elle se dégagea de ses bras, reprit sa baguette qui dépassait de la poche de Frollo et entreprit de détruire le laboratoire qui recelait les preuves qui pourraient renvoyer son amant en prison. Elle détruisait le dernier cabinet quand la porte s'ouvrit sur trois aurors qui ne purent que faire les constatations d'usage. La légitime défense était évidente selon eux, aussi n'importunèrent-ils pas trop les trois (presque) amis qui, sans concertation préalable, racontèrent une histoire selon laquelle Frollo voulait attirer Harry pour venger son défunt maître. Severus avait, avant que les aurors n'interviennent, repris la potion dans la main froide de son maître-chanteur, il avait l'intention de l'étudier plus tard, et cela ferait une preuve en moins pour les autorités. Ils reçurent l'autorisation de partir et regagnèrent la salle où les attendaient des invités inquiets.
Merci à vous qui êtes encore là. La fin n'est plus très loin.
