C'est donc le... compte sur ses doigts... troisième chapitre! (je crois... dites-le-moi, si je me trompe! ) Je suis toute fière de vous le présenter, et de le soumettre à votre jugement. J'espère qu'il vous plaira, parce que franchement, ce n'était pas évident de se mettre dans la peau de Lucius pour décrire tout cela. Heureusement que les sources d'inspirations sont multiples... Sur ce, je vous laisse... bonne lecture!

Merciiiiii à Neko-chan, pour sa gentille review. Je pense que Lucius est un peu maso, en effet sourire sadique... tu les découvriras dans ce chapitre! Merci à tout mes autres lecteurs. Je vous adôôôre tous...!

Attention: ce chapitre contient un lemon, plutôt soft. Toutefois, les personnes trop jeunes (-18 ans...) ou homophobes sont priées de s'abstenir. Merci...


III. « J'aurais ton innocence… »

Il y a bien longtemps, quelque part en Ecosse.

J'avais vingt-deux ans, le jour où tout a commencé……

Lentement, je redresse la tête, découvrant avec stupéfaction la pièce qui m'environne. Le mobilier est sombre, luxueux. Quelques fauteuils de noyer noir, aux coussins de satin rouge, brillant comme autant de gouttes de sang. Ornements d'argent sur boiseries sculptées ; une haute cheminée où brûle un feu rougeoyant, comme la porte de Satan. Les flammes dansent sur les murs aux motifs cabalistiques, nimbant la chambre de reflets mouvants, exotiques, emportant mon imagination vers de horizons mystérieux aux senteurs orientales. Un brûle-encens diffuse discrètement ses parfums capiteux, ajoutant encore à la sensualité ténébreuse qui se dégage de ce lieu. Superbe. Il n'est pas jusqu'à la lumière dorée, chaude des quelques rares bougies qui ne soit parfaitement accordé à l'ambiance. Par la fenêtre haute, on aperçoit la lune, comme une observatrice immobile. Spectatrice de ma stupéfaction, témoin de mon appréhension...

Je m'interroge, perplexe, mes idées s'envolant sans peine dans le silence de la pièce. Il n'est pas courant pour un novice comme moi d'être autorisé à pénétrer ces hauts lieux. Seuls les plus expérimentés et les plus fidèles de ses serviteurs y sont admis. Alors… pourquoi moi? Qu'ai-je de plus que les autres? Je suis dérisoire… ! Enrôlé depuis à peine un an, je n'ai rien de particulier, si ce n'est mon ascendance prestigieuse, la pureté de mon sang noble, héritage d'une longue lignée de sorciers. Mais je ne suis pourtant pas le seul dans ce cas. Pourquoi suis-je ici, alors ? Légèrement inquiet, j'attends, la tête baissée en signe de soumission. J'attends qu'il m'adresse la parole...

Présence sensuelle et sombre, mon Maître se tient derrière moi, sans bruit. Plus silencieux que le plus calme des songes. Je le sens, toutefois. Je le devine, mais c'est à peine si j'entends le doux claquement de la porte, le sifflement discret de sa respiration calme. Il est attentif au moindre de mes mouvements. Que veut-il? Ses pensées me sont illisible, comme toujours. Je ne bouge pas. Je ne suis qu'un serviteur, un Mangemort anonyme parmi la foule de ses fidèles. Pourquoi m'a-t-il choisi, moi...?

Lentement, je l'entends s'approcher de moi. Une main aux doigts fins, doux, se pose sur mon épaule, comme une caresse langoureuse. Et puis… et puis… il me retourne d'un mouvement preste, sans aucune peine. Je suis face à lui, les yeux dans les yeux. Jamais je n'ai été si proche de son visage. Je distingue parfaitement le moindre contour de sa peau, le velouté exquis de sa chair, la douceur de soie de ses cheveux de jais. Si beau… remarquablement sensuelle, dangereusement envoûtant. Je me noie dans l'océan de ses yeux. Mon regard s'attarde sur ses joues, ses lèvres, si tendres… Je voudrais tant… les toucher… les embrasser… Mais un brusque mouvement d'obéissance me fait baisser la tête, et je rougis, honteux de m'être laissé dominer par mes pulsions.

Mon Maître est face à moi, droit et fier, comme à l'accoutumée. Un sourire danse sur sa bouche, ironique. Il semble se moquer de mon trouble, comme s'il jouait avec moi. C'est sans doute ce qu'il fait… Ses doigts effleurent ma joue, avec une lenteur affligeante. Je sens contre ma peau tremblante la douceur de cette caresse troublante. Jamais je n'ai eu droit à cela. Pourquoi maintenant? Puis il fronce les sourcils. Je baisse à nouveau le regard, troublé de ce contact inhabituel…

- Tu me sembles nerveux, Lucius, murmure-il enfin.

Sa voix coule, telle une cascade bienfaisante, mais néanmoins redoutable. Je suis fasciné par le moindre de ses mots. Ses mots qui semblent perdre tout sens, lorsqu'il les prononce. C'est comme une musique lancinante, une incantation destinée à me perdre. Je ne suis plus moi. Je lui appartiens, corps et âme. Qu'il fasse de moi ce qu'il désire. Tout ce qu'il désire. Je serais plus que consentant…

Il poursuit:

- Je lis en toi de nombreux doutes… de nombreuses questions, et aussi… de l'impatience…-il fronce davantage les sourcils-, de l'appréhension et… de l'envie.

Puis, relevant la tête d'un air moqueur:

- Envie de quoi, Lucius...?

Sa voix meurt dans la nuit, alors que je trésaille, comme brûlé au vif par sa main qui s'attarde sur mon visage…

Je ne réponds pas. Je ne le peux pas. Ce serait trop… trop déplacé, irrespectueux de ma part. je n'en ai pas le droit. Je dois m'excuser. Cela me semble soudain si difficile ! C'est tout juste si je balbutie quelques mots inaudibles, avant de sombrer dans un mutisme gêné. Jamais mes joues n'ont été aussi rouges. Toutefois, il poursuit sa lente torture, semblant prendre plaisir à ma gêne:

- Alors? Envie de quoi…?

Puis il s'écarte vivement de moi, me laissant seul, perdu loin de sa chaleur. J'ai un faible murmure de protestation. C'est alors que je me rends compte qu'il porte une unique serviette verte, moelleuse, enroulée avec provocation autour de ses hanches. Je vois sa chair, si pâle, si tendre, si douce… jamais la tentation n'a été aussi forte. Sa peau est encore striée de perles d'eau. De tout évidence, il sort d'une douche. Mon Dieu… que vais-je faire…?

Négligemment, il revient se placer derrière moi, logeant doucement sa tête au creux de ma nuque. Contre ma peau, je sens ses lèvres s'agiter avec un délice agaçant, alors qu'il me murmure encore, la voix plus basse, chargée de langueur:

- Envie… de moi…?

C'est à ce moment là que je réalise que je suis perdu: je lui appartiens. Ses mains glissent vicieusement autour de ma taille, ses bras m'enserrent dans une étreinte à la fois intime et redoutable. S'il le souhaite, il peut me briser… Sa bouche s'attarde sur la peau de mon cou, maintenant découverte. Je me laisse aller, le dos contre son torse nu. Je rejette la tête en arrière, sans aucune conscience de ce qu'il fait. Sans conscience de sa vicieuse manipulation. Ma chemise tombe au sol avec un froissement de tissu. Je gémis lorsque ses doigts tentateurs effleurent mon ventre, dans une lente torture. Comme pour mieux me faire languir. Ses dents, ses lèvres malmènent ma peau, mais c'est si bon que je ne peux que gémir de délice. Me laissant aller contre lui, je sens contre ma cuisse son excitation…

Dès lors, une tornade se déchaîne en moi. Rien ne compte plus que son corps chaud, ardent, plaqué contre le mieux; que sa bouche sensuelle qui excite mes sens; que ses doigts impatients qui titillent mes tétons déjà dressés de désir. Je suis si bien… je suis à lui. Je sens ma passion monter en flèche, atteignant des sommets que jamais je n'aurais cru possibles. J'aime mon Maître, et je le veux.

Bientôt, ses caresses se font plus précises, plus impatientes. Plus difficile à supporter, aussi. Je gémis, mon désir inassouvi se rappelant à moi. Je frotte lascivement mon corps contre lui, ondulant des hanches pour le décider à passer aux choses sérieuses. Le dos contre son torse, je me trouve dans l'incapacité de bouger, car il me tient fortement contre lui, m'empêchant de me retourner. Je ne peux qu'attendre qu'il en ait fini avec mes tourments. Mais je sens que ce ne sera plus possible…

Ses mains descendent de plus en plus bas, explorant le pôle méridional de mon ventre, titillant mon nombril avec une sensualité agaçante. Et puis… plus bas, encore… s'arrêtant à la lisière de mon pantalon noir, effleurant ma ceinture sans pour autant la défaire, m'arrachant un soupir de regret. Je ferme les yeux, me laissant envahir par le désir, tendu à l'extrême en une position presque douloureuse. Et ensuite… il effleure avec lenteur la bosse impatiente de mon entrejambe. Je ne retiens plus mes gémissements. Il caresse, touche, explore cet endroit qui lui est encore inconnu, riant de mes prières, se moquant de ma dépendance. Car je dépends de lui. Je veux du plaisir. Je le veux, lui. Le Maître.

Mordillant toujours mon cou, il semble pourtant se décider. En un éclair, la ceinture se retrouve au sol, bientôt suivie de mon pantalon. Je ne porte plus qu'un unique boxer noir, seul rempart entre ma nudité et l'objet de mon désir. Désir qui à présent est tout à fait impossible de cacher… Puis, il me fait tourner face à lui, à la lumière changeante du feu. D'un oeil expert, il m'observe, me jauge, me détaille. Il a l'air d'apprécier ce qu'il voit mais… Léger froncement de sourcil, il lève la main, en un geste si rapide que je ne le vois pas. Je me retrouve alors nu devant lui, à sa merci… Je rougis de plus belle, comme une pucelle effarouchée. Pourquoi fait-il cela ? Se moque-t-il de moi, de ma dépendance, de mon amour… ? Je n'en sais rien et très franchement, je m'en moque, mais… pourquoi ? Pourquoi moi ? Alors qu'il peut avoir tout ce qu'il désire, tous ceux qu'il désire, en un claquement de doigts ? Et pourquoi s'est-il arrêté, pourquoi ne poursuit-il pas ce qu'il a commencé ? Je le désire tant… c'est insupportable ! Tant de questions, sans réponses… Pourquoi… ?

- Pourquoi…? murmure-t-il soudain à mon oreille, provoquant comme jamais. Mais tu le sais bien… tu ne le sais que trop bien, Lucius…

Je frissonne. Il m'a appelé par mon prénom. Cela non plus n'était encore jamais arrivé. Oui… je sais pourquoi. Je le sais bien. Il veut… il veut que je sois à lui, entièrement. Je lui appartiens déjà. Je l'aime tant. Ma vie entière, mon âme est à ses pieds, et il le sait parfaitement. Mais ce n'est pas assez. Il veut m'entendre gémir, m'entendre implorer son nom. Il veut que je le supplie, que je le supplie de me prendre. Que je gémisse. Pour lui, ce n'est qu'un jeu. Il n'y a que cela qui lui apporte de la satisfaction. Ma soumission.

Il s'avance, m'enlace soudainement:

- Mais est-ce vraiment un jeu, Lucius?

Je sens sa peau effleurer la mienne, ses bras puissants se refermer dans mon dos, alors que je presse mon torse nu contre lui, avide de sa chaleur, avide de sa puissance. Ivre de désir. De lui. Sa bouche vient se loger dans ma nuque:

- Est-ce un jeu, Lucius…?

Son murmure est comme une caresse. Toujours face à lui, je me laisse aller. Je suis bien… tout est si doux… tellement tendre. Jamais je n'aurais cru pouvoir éprouver un tel sentiment de calme, de félicitée. Je suis en sécurité avec lui, rien ne peut m'atteindre, rien ne m'atteindra jamais. Je ferme les yeux, grisé par cette douceur sublime. Brusquement, en un éclair soudain, un cri de douleur. L'instant est brisé. Je me recule, mais il me retient. Ses dents, blanches et régulières, viennent de s'enfoncer dans mon épaule, avec une puissance que jamais je n'aurais imaginée… Un sourire pervers, cruel et prédateur danse sur ses lèvres rouges de mon sang. J'ai mal. La morsure est profonde…

Incrédule, je fixe le sang qui coule à présent sur mon bras, incapable de comprendre. Puis je le regarde, lui. Il me sert à nouveau avec douceur, m'attirant au plus près de lui, caressant mes cheveux d'une main tendre, comme si rien de tout cela ne s'était passé. Il me cajole, comme un chien à qui on aurait donné le bâton. Un sourire encore plus arrogant que le mien est plaqué sur sa bouche, et il me fixe d'un air séducteur qui veut tout dire. Je tremble. J'ai mal. Lentement, il me caresse, remontant le long de ma colonne vertébrale, effleurant ma nuque, puis redescendant sur l'épaule. Il effleure ainsi ma blessure. Sa blessure. Celle qu'il m'a faite.

Le sang offre un contraste morbide sur sa peau si pâle, et il s'amuse à le voir couler paresseusement le long de ses doigts, comme un flot rouge, une larme amère. Puis il embrasse ma plaie, avec toute la douceur dont il est capable. Mais ce baiser me laisse une impression étrange, amère, comme une lame de couteau s'enfonçant dans mon coeur. L'élixir de vie, écarlate, s'échappe de sa bouche. Je sens qu'il le recueille, du bout de la langue, à même ma peau meurtrie. Il s'en délecte, comme d'un vin rare. Et en buvant mon sang, c'est mon âme qu'il aspire…

J'ai mal. Je gémis de douleur, alors que sa caresse devrait être agréable. Il a le don pour pervertir même la chose la plus douce. Il suspend son baiser, les lèvres encore dégoulinantes de sang. Un sourire cruel, sans joie, s'épanouit lentement sur son visage. Mordillant sans gêne mon oreille, il chuchote, la voix sifflante, rauque :

- Ceci n'est pas un jeu, Lucius. Tout est réel. Et… Tu devrais en être heureux. Tu es le premier, le premier à avoir cet honneur. Tu ne voudrais pas le gâcher, n'est-ce pas…?

Tremblant, je hoche la tête. Non… non, je ne veux pas. Je veux… qu'il continue. Car pour moi, la souffrance est une bénédiction… si c'est lui qui me l'inflige.

- Fort bien, susurre-t-il, satisfait. Je vois que tu as compris. La nuit promet d'être… divertissante.

Il éclate d'un rire froid, sans aucune joie. Je me crispe à nouveau entre ses bras, mais un baiser vient calmer mon coeur palpitant. Il insiste, persuade, forçant l'entrée de ma bouche avec sa langue, agissant comme si tout lui appartenait. D'ailleurs, tout lui appartient, il est inutile de nier. Vaincu, je me laisse faire. Il explore, découvre, apprend. Je laisse échapper quelques gémissements lorsque ses mains s'attardent sur mes reins, puis sur mes hanches, les caressant langoureusement de haut en bas. Presque inconscient de tout, sauf de ses mains et du désir qu'elles font naître en moi, j'entame de lent va-et-vient, mon bassin heurtant douloureusement sa cuisse, encore cachée sous la serviette de bain.

Pourtant, lui reste impassible, presque sans bouger. Sa bouche aux lèvres fines est figée dans un sourire condescend, masque de calme, façade de marbre. Ses bras enserrent toujours mon dos, comme pour m'empêcher de m'échapper, comme pour me retenir, mais il ne semble avoir aucune conscience de tout cela. Détaché du monde, volant dans une dimension inaccessible à mon esprit. Ses yeux scrutant les miens, il me semble y lire un vague désir, une permission pour moi d'aller plus loin. Et puis… il me décoche soudainement une oeillade de séduction, qui agit sur moi comme un aphrodisiaque. Le désir brûlant le creux de mon dos, je n'attend pas d'ordre plus explicite.

Je l'enlace avec une ferveur presque touchante, élève innocent aux mains d'un maître expérimenté. Jouvenceau à la beauté divine recevant sa première leçon de plaisir. Voilà ce que je suis. Un angelot, un petit saint venu mordre à pleine dent les fruits de l'Arbre Interdit. Adam au visage pur défiant les dieux et se rendant corps et âme au Mal. Mais puisque le Mal est si envoûtant, si séduisant, pourquoi ne pas succomber? Pourquoi ne pas abandonner cette lutte qui de toute façon n'a jamais existé?

Brûlant, je me presse contre lui, mes mains explorant son torse large à la peau si pâle, caressant la douceur de ses cheveux d'ébène, la pureté de ses traits. Ma bouche ne fait plus qu'une avec la sienne, alors que je m'envole dans un tourbillon de sensations, d'envies, de désirs. Patient, peut-être amusée de ma fougue, il entrouvre les lèvres sans se faire prier, me dévoilant par là l'entrée du temple de ses sensations. Je m'y engouffre sans hésiter, savourant plus que jamais le bonheur fugace d'un baiser, et priant pour que cet instant bénit ne s'arrête pas.

Inconscient de tout, sauf de la présence puissante de mon Maître à mes côtés, je poursuis mon exploration, goûtant à satiété à sa peau, me gavant de son odeur, dévorant sa chair si désirable. Mes doigts, papillons fureteurs doués d'une vie propre, volent le long de son dos, chatouillent sa nuque, découvre son corps d'albâtre. Un petit rire s'échappe de sa bouche. Il est léger comme une brise d'été, joyeux et un peu moqueur comme s'il riait de moi. Pris de court, j'abandonne sa gorge, rougie par mes baiser, et relève la tête. Je le découvre face à moi, semblable à ce qu'il a toujours été: un dieu païen au visage d'ange.

Mais ce dieu a un sourire ironique. Il se moque de moi. Honteux, je suspends mes caresses, le regardant d'un air d'incompréhension totale. Qu veut-il? Pourquoi m'attirer ici, me charmer par mille tours, mille cajoleries sournoises, si c'est pour ensuite rire à mes dépends? Le rire prend de l'ampleur, et c'est comme si j'en sentais les éclats sur ma peau nue. Que veut-il…? Pourquoi moi…? Je devrais m'en aller, fuir loin de lui, qui rit de moi. C'est cela: il rit de moi, il se moque de mon amour, de ma dévotion, de mon désir. Pourquoi resterai-je, alors? D'un mouvement brusque, je tente de me dégager de son étreinte. Pourquoi resterai-je…?

Il me retient d'une poigne de fer, refusant de me laisser partir, se riant de mes tentatives vouées à l'échec. Le sourire mesquin est toujours sur ses lèvres...

- Pourquoi resterais-tu…? murmure-t-il, au creux de mon oreille. C'est vrai, Lucius… pourquoi?

Je sens son souffle chaud, si troublant, si différent de tous ceux que j'ai connu, je le sens contre ma peau, comme une caresse sensuelle, lourde de parfums capiteux. Et sa voix… elle envoûte, séduit, convainc. Déjà, je suis perdu, et je le sais. Qu'importe, si je suis avec lui.

- Pourquoi…? poursuit-il, serpent habile charmant sa proie. Mais tu le sais, pourquoi. Tu le sais.

Sa voix est plus basse, plus caressante encore, et elle agit sur moi tel un philtre, un poison de langueur qui s'infiltre dans mes veines, paralysant mon esprit, jouant avec mes sens.

- Je sais pourquoi tu ne partiras pas, mon jeune disciple. Je sais pourquoi tu resteras. Je sais pourquoi tu m'as rejoint, pourquoi tu m'a donné ton corps et offert ton âme. Tu… n'es rien… sans moi. Et tu… ne regrettes… rien.

Ses paroles ne sont plus qu'un murmure, un filet suave et tenu qui coule sur mon coeur. Il a raison. Je ne suis rien, sans lui. Je ne suis plus rien sans lui. Loin de ses baisers, de ses paroles, de sa peau, de ses yeux, de son corps… je ne suis rien. Loin de lui… j'ai peur, j'ai froid, j'ai mal. Il est ma vie, et il est mon sang. À jamais. Je tuerais pour lui, je vendrais mon âme, je marcherais, nu, devant cent soldats, devant mille sorciers, juste pour pouvoir le voir un instant de plus. Juste pour qu'il me prenne dans ses bras. Moi, l'enfant prodige, adulé de son père, mais néanmoins solitaire, abandonné, sans amis. J'ai besoin de lui…

Brusquement, il s'éloigne de moi, quittant mon étreinte naïve, me repoussant loin de lui. Privé de sa chaleur, de sa présence, de son appui, je chancelle sur le sol, angelot perdu dans un monde froid, hostile. Sans lui. Il me regarde sans haine, sans colère. Juste de la détermination, de l'attente. Il semble vouloir quelque chose, mais je ne peux lire ses désirs. Je tente me blottir à nouveau contre lui, recherchant la protection rassurante qu'il m'offrait, mais il se tient hors de portée, et il me semble que mes jambes ne réponde plus à mon appel. Je ne peux plus bouger.

Un sourire neutre sur les lèvres, il s'avance. Il n'est qu'à quelques centimètres de moi, ses yeux saphir plongés dans les miens. Je sens son souffle sur ma bouche, mais je ne peux pas bouger, je n'en ai pas la force. Enfin, il me dit, la voix douce, mais néanmoins lointaine:

- Tu as besoin de moi, Lucius. Toutefois, je vais te donner le choix. Je vais… te laisser choisir. Décide ce que tu veux, car je souhaite que tu viennes à moi de ton plein gré. Ou tu sors -la porte s'ouvre soudainement-, ou tu restes…

Sur ce, il recule de quelques pas, écartant tout grand les bras, comme pour m'y accueillir. Je vois la porte ouverte, et je le vois lui, face à moi, qui attends. Des volutes de fumées traversent mon esprit embrumé, me faisant chaque minute douter davantage. Que faire…? Partir? Quitter cette vie de meurtre, de mort, cette vie où le Mal est mon quotidien? Retrouver une existence normal, mais loin de lui, de tout ce qu'il a à m'offrir? Ou rester? Goûter encore à son étreinte, se noyer dans ses baisers, gémir sous ses caresses et peut-être plus…? Soudain libre de mes mouvements, j'amorce un geste en direction de la porte. Ma main se tend pour saisir la poignée. Mais mon esprit s'y refuse.

Je garde les yeux rivés sur lui, sur son visage, un peu triste à cette heure, sur son regard, sur sa bouche. Quitter tout cela, vraiment? En serai-je capable? Ou n'est-ce que pur fanfaronnade? Mais déjà mes pas me porte vers la sortie, vers cette ouverture qui serra pour moi le salut, le repos de mon âme meurtrière. Il ne bouge pas, ne fait aucun geste pour me retenir. Alors brusquement, c'est comme si le ciel se déchirait. Un éclair s'abat sur mon esprit, me frappant avec une puissance inégalée. Tremblant le fais volte-face.

Je cours vers lui, voyageur perdu cherchant le salut, et me jette entre ses bras ouverts, le serrant de toutes mes forces. Il m'enlace, et j'éclate en sanglots. Des pleurs d'enfant, des pleurs d'ange, inconsolables, tragiques. Ma poitrine est gonflée de sanglots, mes yeux ne sont plus que des cascades ruisselantes, intarissables. La tête enfouie au creux de son cou, je laisse libre court à mon chagrin, à ma peine. Il me caresse doucement les cheveux, me berçant d'une voix douce, apaisante, domptant mon chagrin comme on le fait avec un tigre apeuré.

Quelques brides de ses phrases me parviennent aux oreilles, murmures presque insaisissables, destinés à me calmer:

- Ne pleures plus… ne pleures pas, Lucius. C'est un grand honneur que je te fais là… Chuuut… ne pleures pas… tu seras mon aimé, mon amant, mon amour… et cette nuit, petit ange…

J'aurai ton innocence…


Aloooors... ça vous a plu? (LA question fatidique) Une mini-review pour m'encourager... allez... un bon geste, s'il vous plait! La suite bientôt...

Bisouxxx...