C'est la fin de cette fic... sniiiif... et oui! Première fic achevée sur ça se fête, non? (il est où le champagne? lol) J'espère en tout cas que cette histoire vous a plue... qu'elle n'était pas trop nian-nian, ni trop ennuyante... En tout cas, ça ma fait plaisir de partager cela avec vous! Merci à tous, à vous tous qui m'avez lue... et soutenue! Je vous laisse découvrir la suite...

Bonne lecture!


VI. « Voleur d'innocence… »

Londres, 15 décembre 2033, crépuscule

Une rue déserte, froide. La neige tombe sur le macadam glacé, recouvrant le trottoir d'un voile irréel. Un banc à moitié défoncé par les gamins du quartier. Une vieille poubelle vomissant son trop plein d'ordures, laissant la pourriture geler à l'air libre. Et sur le banc… une forme humaine, couchée en chien de fusil. Un homme. Oui, ce doit être un homme, même si, à première vue, il n'a plus rien d'humain. À première vue…

Un manteau graisseux s'ouvrant sur une chemise déchirée, une vulgaire étoffe de laine en guise d'écharpe… sans parler du pantalon rapiécé et des chaussures trouées. Une vraie loque. Un vieillard. Pourtant, en y regardant de plus près, on peu apercevoir sous se paupières entrouvertes l'éclat bleuté, magnifique, de ses yeux. De longs cheveux d'un blond pâle s'échappent de son capuchon; ses mains sont fines, ciselées. Les mains de quelqu'un de distingué. Oui. Le visage est hautain, fier, droit. Le nez bien dessiné, la bouche fine, le front haut… une peau pâle, si pâle… Des perles de glaces strient ses joues. Des traces de larmes. Il a pleuré. Pourquoi ?

L'homme est immobile, paisible et serein. Son regard est calme, fixe. Il sait qu'il ne souffrira plus. Il ne peut plus souffrir, de toute façon : il a tout perdu. Mais cela n'est plus important, maintenant. Plus rien n'a d'importance. Pas même la prison, ni même la peur, ou le désespoir, ou la haine qu'il a ressentie pour le monde entier, lorsqu'il a perdu ce qui lui était le plus cher. Non. Plus rien n'est important. Il est calme, détendu. La vie est un long fleuve tranquille, paraît-il. Pas pour lui. Sa vie n'a été qu'un enchaînement d'actions, de gestes. De faits qu'il croyait pouvoir contrôler, et sur lesquels il n'avait en réalité aucune prise. Plus rien n'est important.

Un corbeau vole dans le ciel, comme un mauvais augure, annonciateur de mort. Lentement, il tournoie au-dessus du banc, descendant toujours plus bas, toujours plus près de l'homme. Celui-ci ne fait aucun mouvement. À ses côtés, un petit carnet noir, relié de cuir, est ouvert. Ses pages sont froides; le parchemin, craquant. Recouvert d'une fine écriture manuscrite, à l'encre noire. Un journal. Son journal. Les dernières lignes sont encore visibles dans la pâleur du soir.

Voilà, c'est fini. Il n'y a plus rien à dire, plus rien à raconter. Juste que ce soir-là, ma vie, mon destin était scellé. À jamais. J'avais fait un serment, j'avais promis… et je m'y suis tenu. Toutes ces années de meurtres, de tortures, d'actes abjects dont je n'ose même plus me rappeler… tout cela à cause de lui. Non. Pour lui.

On me disait cruel, on me disait méchant; on m'appelait meurtrier, bourreau, assassin… mais je n'ai jamais été qu'un prisonnier, un prisonnier qui souffrait, qui a toujours souffert. Pour lui, j'ai perdu mes amis, ma confiance en moi. J'ai perdu tout ce en quoi j'avais cru. J'ai même perdu mon fils. Pour lui. Par sa faute.

Je n'ai plus jamais été l'angelot, plus jamais. Parti, l'Adam au visage si pur, envolé le jeune écervelé qui croyait tout connaître de la vie. Tout cela a disparu dans un abîme sans fin. Jamais je n'ai retrouvé mon innocence d'antan. Je suis lentement devenu ce que je suis : un être froid, méprisant, vil, sans aucun souvenir de ce qu'il était avant. Je suis pitoyable, pathétique. Et j'ai tout perdu.

Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour lui. Je l'ai fait par amour. Comprenez-vous cela ? Pouvez-vous un seul instant imaginer que j'ai aimé un homme, un monstre, que j'ai aimé mon Maître ? Et qu'il fut la raison de ma déchéance ? Que tout ce que j'ai fait soit de sa faute ? À lui… mon voleur d'innocence…

Les mots s'arrêtent là, dans une flaque noire d'encre renversée. Il n'y a plus rien d'autre, c'est la fin. Le corbeau descend lentement, au-dessus de l'homme. Bientôt, il se pose près de lui, ombre de jais au bec éclatant. Il observe un moment le corps inerte, sans crainte. Un faible croassement meurt dans sa gorge. Il se saisit du petit journal, qu'il emporte avec lui dans le ciel. Entre ses serres, on peut encore lire les derniers mots : voleur d'innocence. À ce moment-là, l'homme tombe du banc, le visage dans la neige. Il ne bouge pas. Il ne bougera plus jamais. Il est mort.

Voleur d'innocence.


Voilà! Une petite review? Je sais que j'en exige beaucoup, mais j'aimerais avoir votre avis... En tout cas, je vous reverais très bientôt sur ce site, car je n'ai pas l'intention d'arrêter de publier! Donc, à bientôt!

Bisouxxx...

Syriel.