Politique étrangère
Lancelot était ivre. Genre complètement ivre. Ivre à rouler sous la table, ivre à ne pas se souvenir du lendemain. Du moins s'il était encore humain.
Ah, c'tte bonne blague… humain… Il ne l'était plus depuis… Pouh ! Longtemps ! Très, très longtemps… Depuis que cette connasse de Morgana avait rappelé son âme du monde des Morts et l'avait enchaîne à sa volonté. Elle l'avait transformé en marionnette et lui avait fait joué une pièce grotesque dans laquelle il avait fini par se poignarder pour mourir une seconde fois. Sauf qu'il n'était pas mort. Pas vraiment. Si Merlin n'avait pas tenté de libérer son âme, peut-être qu'il aurait pu rejoindre Hellheim… Peut-être. Mais Merlin était intervenu et avait libéré son âme. Sur Terre. Et depuis Lancelot errait.
Il avait vu Morgana plongé dans la folie, pervertir des âmes pures, attaquer Camelott encore et toujours, il avait vu Arthur lutté contre sa demi-sœur, se faire trahir par sa famille et finalement être tué par Mordred. Il avait été témoin silencieux et invisible du tourment de Merlin, du chagrin de la belle Guenièvre, de la peine de tous les habitants d'Albion.
Il avait encore fallut plusieurs années à Lancelot avant de parvenir à s'incarner sur Terre. Il avait réapprit à utiliser son corps qui était maintenu en stase, certainement grâce à la magie. Il avait réapprit à vivre et surtout à cacher le fait qu'il était éternellement figé dans le temps. Il avait 25 ans, 25 ans pour l'éternité.
Rester en Angleterre lui était juste impossible, pas avec sa belle Guenièvre aux cheveux blancs et aux mains tremblantes en reine doyenne, pas avec son petit-fils sur le trône entouré par les multiples descendants des chevaliers de la Table Ronde.
Alors Lancelot était parti. Il avait rejoint les Royaumes Francs. Il avait erré en Europe, regardant le monde changer autours de lui sans que jamais lui-même n'évolue.
Il avait fini comme mousquetaire sous le nom de René d'Herblay dit Aramis. Il s'était lié d'amitié avec deux de ses condisciples, le comte Olivier de la Fère, dit Athos et Isaac de Portau dit Porthos. Ils en avaient vécu des aventures à trois puis à quatre après que le têtu et fidèle Charles de Batz de Castelmore, dit d'Artagnan.
Ah, quels amis fidèles ils avaient été. Ils l'avaient toujours soutenu et aidé, même après qu'ils eurent découvert qu'il avait cocufié Louis XIII. Non pas qu'il soit le père du Dauphin. Sa semence était stérile depuis que Morgana l'avait rappelé sur Terre.
Mais le temps avait fait son œuvre et il lui avait fallu disparaître encore. Il avait assisté de loin à la vie du fils de sa belle Anne, de ses petits-enfants et de leurs enfants après eux. Il avait pleuré ses descendants tués lors de la Révolution et il avait fui l'Europe et ses malheurs.
Il avait fini quelque part sur une île de ce qui s'appelait désormais la Polynésie vivant de ce qu'il chassait et récoltait. Non pas qu'il eut besoin de manger… Ou même de respirer… Il se contentait d'exister…
Puis était arrivé quelque chose qu'il n'avait pas anticipé. La Magie. Oh, bien sûr il connaissait la magie. Merlin, Morgause, Mordred, Morgana… Tous avaient de la Magie… Mais après avoir vu Merlin disparaître avec la mort d'Arthur, avoir été témoin de la mort du Grand Dragon et du petit dragon blanc, Lancelot avait bêtement pensé que la magie avait disparu aussi…
Puis il y avait eu cette gamine aux couettes ébouriffées qui se promenait accompagnée par un type au look de surfeur. Elle pouvait créer des boules de feu d'un simple geste de la main, générer des boucliers invisibles, et même relever les morts.
Lancelot en avait été horrifié. Le souvenir de ses quelques jours comme Ombre n'était que trop vivace dans son esprit. Il avait été déchiré entre deux actions. Son cœur lui dictait de tuer le monstre qui empêchait les morts de reposer en paix tandis que son corps lui hurlait de se cacher, de fuir cet être monstrueux, ce prédateur qui lui était plus que supérieur.
Finalement il était resté figé, incapable de bouger tandis que l'enfant remerciait les âmes des morts qu'elle avait convoqué et qu'elle les laissait rejoindre Hellheim. En paix.
Il l'avait suivie, de loin, laissant une myriade de questions envahir son esprit. Alors qu'une terreur animale lui bouffait les entrailles, il s'était senti plus vivant que jamais. L'enfant et le surfeur avait rejoint une sorte de mafioso chauve qui les avait téléporté hors de la portée de Lancelot.
Seul il avait fait un bilan des derniers siècles. Désastreux. Il avait décidé de se reprendre en main. Oui il était seul. Non, il ne pouvait pas évoluer, pas mourir… Mais justement, s'il en profitait ? Il devait se renseigner sur cette Magie si inconnue et pourtant si belle ! Et il devait également se renseigner sur Albion ou plutôt ce qu'il était advenu du Royaume de sa belle Guenièvre et du Roi a qui il avait juré fidélité quasiment quinze siècles auparavant.
Et puis avec un peu de chance, au gré de ses découvertes, peut-être trouverait-il le moyen de mourir.
Lancelot vida son verre cul-sec, écrasant le faible souvenir de Gauvain et de son rire qui ressemblait à un aboiement. Désormais il allait se reprendre en main. Il allait quitter sa masure perdue dans la jungle de Savai'i, la plus grande des deux îles principales des Samoa et rejoindre la capitale d'où il prendrait un bateau pour la Nouvelle Zélande et delà, un avion pour l'Europe. Et au passage il récupérera les lingots d'or qui dormaient enterrés dans la jungle.
L'or était toujours utile.
Dans une petite ville perdue du nord-Ouest de la Russie, un étrange couple se tenait face à la porte d'une petite maison en périphérie de la ville. La femme était vêtue d'un pantalon droit serré à la taille par une ceinture en satin, d'une chemise blanche à jabot accompagnée d'un nœud lavallière, et couverte par une veste longue féminisée par une coupe ajustée. Ses longs cheveux noirs étaient retenus dans un chignon haut. Elle était dépassée de quasiment deux têtes par son compagnon. Celui-ci avait une impressionnante crinière oscillant entre l'or et le feu. Il portait un long manteau de cuir brun qui lui tombait jusqu'aux cheville par-dessus un T-shirt ACDC et un jean troué aux genoux. Si la dame dégageait une forte aura de professionnalisme, l'homme lui sentait la puissance et la force à des mètres à la ronde.
La porte de la maison s'ouvrit, dévoilant une jeune femme enceinte jusqu'aux yeux.
- Bonjour madame. Êtes-vous Eudoxie Lopoukhine ?
La femme, habillée qu'un pantalon de toile et d'un haut trop grand annonçant « Maman de l'année », se tenait dans l'embrasure de la porte et semblait sur ses gardes.
- Eudoxie Lopoukhine-Aléxeïévitch actuellement, pourquoi ? Demanda-t-elle en polonais.
- Je me nomme Adèle Feuerhart et voici mon collègue Karl Vogt. Nous sommes commissionnés par la CMJE pour enquêter sur une affaire de vol. Pourrions-nous parler à votre époux, Piotr Aléxeïévitch ?annonça la femme brune en allemand, les enchantements de traduction inscrits dans le pendant de son collier traduisant immédiatement ses paroles.
- De quoi est-il accusé ?
- De rien madame. Nous l'auditionnons en qualité de témoin dans cette affaire. Il est très important que nous le rencontrions, son témoignage pourrait-être d'une importante capitale.
Les propos de l'agent Feuerhart rassurèrent Eudoxie qui se détendit visiblement.
- Il est encore au travail. Ils ont eu un cas grave à la clinique en début d'après-midi… Voulez-vous entrer pour l'attendre ?
- Nous n'allons pas vous déranger plus encore madame. Pourriez-vous dire à votre conjoint de nous contacter au plus vite ? Si possible par cheminette ou par téléphone, voici ma carte avec mon adresse pyrique et le numéro de mon bureau.
- Je le ferai, répondit Eudoxie en analysant la carte qu'on venait de lui remettre.
- Je vous en remercie madame, passez une bonne soirée.
- Jack ?!
La voix irritante fit grimacer l'homme d'une trentaine d'année qui était jusqu'à peu dans les bras de Morphée. Roulant sur lui-même, il tira sa couette pour s'en faire un cocon. Avec un peu de chance le moustique lui fichera la paix…
- JACK !
- Grrmmff.
- Jack ! Jack ! Jack !
Le mioche avait attrapé sa couette et la secouait de toute la force de ses petit bras maigrelets.
- Qu'est-cccccceeee tu veux Peter ? Finit par râler Jack en émergeant de son cocon.
- Viens ! Vite ! s'exclama l'enfant de huit ou neuf ans aux épis roux et au visage constellé de taches de rousseurs avant de disparaître hors de la chambre.
Jack se traîna difficilement hors de son lit. De toute façon, vu l'heure qu'il était, il n'arriverait jamais à ce rendormir… Sale môme. Pourquoi le supportait-il déjà ? A oui. Parce qu'ils étaient frères… Putain de créateur de merde.
Grattant sa joue couverte d'une barbe de 3 jours, Jack marcha lentement en traînant ses pantoufles mickey usées sur le sol de béton brut. Il salua au passage ses différents membres de sa famille qu'il croisa. De tous, seule sa petite-nièce n'avait pas la tête dans le cul.
- Bon, le mioche, qu'est-ce qu'y a, à la fin ? Demanda Jack en rejoignant Peter à la cave.
- Je crois que j'ai fait une connerie, répondit l'enfant, en pointant le tombeau tout au fond de la pièce, tombeau dont le gisant gisait à terre, brisé.
- Ne me dis pas que tu as fait ce que je pense que tu as fait… gémit Jack
- Bin…Si… Mais j'ai pas fait exprès juré ! grimaça Peter, en se frottant la nuque.
- Salut les jeunes !
- Merde ! Jura Jack en voyant son tri-ailleul, assis dans son tombeau qui le fixait de ses flippants yeux rouges.
Marlène, assise dans un large fauteuil rouge observait d'un œil intéressé les personnes autours de la table. Des sorcières, des veelas, des gobelins, des vampires et même les Sirènes participaient à la discussion à travers un large miroir. Créatures magiques et Humains, assis, ensembles autour d'une large table ronde.
C'était le couple Flamel qui avait proposé cette réunion exceptionnelle. Pernelle, en dirigeante de la réunion était assise dans un fauteuil avec un dossier haut. Elle était majestueuse dans sa robe de velours saphir. Remus, absent à cause de ses obligations en Angleterre, lui avait parlé de la Dame Alchimiste. Pernelle Flamel avait plus de six siècles. Mais son apparence physique était celle d'une dame d'une cinquantaine d'années aux cheveux d'un brun chaleureux et ses yeux d'une envoûtante couleur dorée. Elle dégageait une bienveillance, une douceur mais aussi un pouvoir faramineux.
Si la puissante sorcière avait demandé cette réunion, c'était pour parler du FUCM, le Front Unis des Créatures Magiques. Au début simple rassemblement d'êtres fatigués de voir leurs droits ignorés et bafoués, c'était devenu un parti politique puissant qui avait de bonne chance de gagner plusieurs sièges aux Législatives Magiques.
Et cela en grande partie grâce à Mélusine et ses coéquipières. Les sorcières avaient passé de nombreuses heures à travailler sur le dossier des loups-garous sans magie. Ça avait été une course à la paperasse, longue et difficile. Mais les moldus atteints de malédictions magiques avaient désormais une place dans le monde sorcier. Petite place dans l'ombre, mais place quand même. Et cela avait violemment secoué les sorciers français ainsi que leurs voisins directs.
Dans la vieille Europe, il n'y avait pas une seule Grande Maison sans sang de Créatures Magiques dans les veines. Avec l'arrivée de Grinderwals et son règne de terreur, les gens avaient tu leurs héritages particuliers et les avaient cachés, dissimulés tels de honteux squelettes au fond de leurs placards. Et malgré la victoire de Dumbledore les habitudes avaient été prises.
Et là, quasiment cinq décennies après la défaite du Mage Noir, les enfants et petits-enfants des survivants de l'ère de Grinderwals avaient redécouverts leurs racines et les avaient embrassés avec fierté. Ils étaient des descendants de créatures et le revendiquaient hauts et forts. Et avec ces revendications étaient venues une volonté d'égalité et de respect entre tous les êtres magiques.
Le FUCM avait pris de l'ampleur, écrasant les petits partis pour finalement réussir à faire concurrence au parti au pouvoir, le plus puissant parti français. Avec les élections approchantes, ce réveil des foules avait fait extrêmement plaisir aux Êtres Magiques et aux sorciers pro-créatures. Ils avaient une chance de gagner des sièges aux Législatives de mars voire même dans le meilleur des cas pourquoi pas rêver et gagner les Présidentielles Magiques en juin.
Mais bon… On n'y était pas encore.
Marlène s'étira et fit craquer ses articulations, s'attirant un regard noir de la part de son voisin direct, un vampire aux airs de hibou qui s'appelait Léonard.
- Arrête ça Moldue, grogna-t-il
- Sinon quoi ? Gronda Marlène, les yeux jaunes et la bouche pleine de crocs.
C'était bientôt la pleine lune. Entre cela et ses pouvoirs d'Alpha la gentille secrétaire pouvait se transformer partiellement, prenant une forme hybride assez monstrueuse et terrifiante.
Vampire et Loup furent interrompu dans leur concourt de regards noirs par une taloche violente sur le crane. Marlène se retourna et tomba nez à poitrine avec Apolline Delacour. La grande femme aux longs cheveux blonds et au teint de porcelaine était une demie-veela et une candidate du FUCM pour les élections à venir.
- On arrête là les enfants. On a autre chose à faire que de se prendre la tête.
- Oui maman !
- LÉONARD !
Le vampire adressa un sourire goguenard à la métis avant de blêmir brusquement. Derrière Apolline, Pernelle s'était redressée dans son fauteuil et fixait la scène avec autorité et un rien de menace. Marlène ricana. La grande Dame savait même tenir en laisse des sales mômes vampiriques de plusieurs siècles.
- Puis-ce que tout le monde est prêt, n'est-ce pas Léonard, Apolline, la réunion peut commencer.
- Bonjour Mr D'Élée, je vous en prie asseyez-vous.
L'homme d'une cinquantaine d'années aux cheveux poivre et sel avait l'air complètement perdu. Il s'assit dans la chaise matelassée bleue face au bureau de l'Agent Feuerhart.
- Pourquoi suis-je ici Madame ? Je n'ai pas bien compris les explications de votre collègue…
La femme se retint de lever les yeux au ciel. Karl avait souvent cet effet là sur les gens. Il les embrouillait sans même le vouloir, c'était un talent inné chez lui.
- Je souhaite vous parler de votre ami Empédocle Agrigente. Vous le connaissez depuis votre enfance, n'est-ce pas ?
- Oui, nous nous sommes rencontré à l'école primaire, après mon installation à Chalcis. Nous avions 7 ans. On est tous de suite devenu très proches… On était toujours ensemble, inséparable. On a eu tous les deux la joie de découvrir que nous étions des sorciers à nos 9 ans. Même la magie ne nous a pas séparés…
Adèle opina du chef et griffonna quelques notes sur ses feuilles. Le dossier de Mr Agrigente mentionnait effectivement que les enfants sorciers grecs commençaient leurs éducations magiques dès 9 ans.
- Pouvez-vous me parler un peu de l'été 1978 ?
- Pourquoi ? Demanda l'homme avec un visage tout de suite méfiant et soupçonneux.
- C'est important Monsieur. Cette réunion n'est absolument pas un interrogatoire. Ce que vous direz ici ne pourra en aucun cas être utilisé contre vous ou dans une cour de Justice. Cependant, vous pourrez être appelez plus tard à la barre pour témoigner cette fois dans le cadre d'un procès.
- Bien… Nous l'avons toujours été… Evidemment, Empédocle et moi sommes proches. nous avons eu des parcours différents. Après Naógeías, nous avons pris des chemins différents. Lui est devenu archéologue en suivant la voie moldue et moi j'ai rejoint la fonction publique moldue comme enseignant en primaire. Mais on a toujours gardé contact. J'ai été son témoin et lui le mien… Je l'ai aidé à la mort d'Altéa… Bref, tout ça pour dire que je connais très bien Empédocle et je sais comment il agit. Le 26 juillet 1978, lorsque je suis allé chez lui, il a une magnifique villa avec vu sur la mer dans le Péloponnèse vous savez, j'ai vite remarqué qu'il y avait des choses anormales dans son comportement… comme s'il avait été ensorcelé…
- Mr Agrigente a réellement été ensorcelé. Il a subit un…
- Sortilège d'Amnésie, je sais. Et il le sait aussi. Cela n'a pas été très difficile de savoir ce qu'il s'était passé. Ma femme est une Voyante de rang A. Elle a consulté les arcanes et a facilement trouvé qu'un enfoiré d'occidental avait attaqué mon meilleur ami. D'ailleurs sa commère de voisine à très facilement confirmé la venue de l'homme blond aux dents étincelantes. On a réellement comprit l'ampleur de l'attaque lorsque ce sale voleur d'anglais a publié son maudit bouquin, « Marche a pied avec les trolls » ou un truc comme ca… Il a volé le mérite d'Empédocle ! S'énerva le professeur D'Elée.
- Pourquoi ne pas avoir porté plainte ? Demanda l'agent tout en se doutant de la réponse.
- Avec quelle preuve ? De la divination ? Iris n'est que voyante de rang A. Seuls les témoignages de voyants de rang S ou SS sont acceptés comme preuve dans les tribunaux. Le témoignage d'une vieille moldue trop curieuse pour son bien ? Irrecevable également. Annonça, acide l'homme. Et puis comment aurions-nous pu porter plainte ? Qui est prêt à écouter et défendre deux nés-de-moldus qui attaquent en justice un Sang-Purs ? Grinderwals a son lot d'adeptes dans mon pays Agent Feuerhart, même maintenant…
Le visage d'Adèle resta de marbre mais intérieurement elle était dégoutée. A chaque fois c'était la même histoire. Un sorcier sans famille ou incapable de se défendre face à un Sang-Pur effectuait une action incroyable et le misérable vers anglais venait, récupérait l'histoire avant d'attaquer l'esprit du véritable héros…
- Justice sera rendu Mr D'Élée. Justice sera rendue car l'homme ayant attaqué votre ami s'en est pris à un poisson beaucoup trop gros pour lui.
La lame, aiguisée, tranchante, glissait sur la peau rose, suivie d'une rigole de sang qui débordait et coulait, traçant des lignes rouges sur le bras d'enfant avant de goutter silencieusement sur le sol. De nombreux sorciers auraient été choqué de voir ainsi une enfant si jeune se scarifier ainsi sans sourciller. Mais pas à l'Institut d'Enseignement Magique de Louisiane. Ici de nombreuses magies dites noires étaient à l'honneur. Vaudou, Sanguimagie, Arts de l'Esprit, Magie Sacrificielle, Nécromancie, les élèves avaient le choix.
Harmony maîtrisait déjà la Nécromancie. Elle était née de la Mort elle-même après tout. Elle avait largement le niveau pour enseigner cette magie-là. Mais ce n'était pas le cas en Sanguimagie ou Magie Sacrificielle. Elle appuya le plat de la lame gravée de runes mayas sur sa plaie ouverte, la couvrant de sang. Elle fit de même de l'autre côté avant de graver quelques symboles sur le sol à ses pieds. Les signes imbibés de sang se mirent à luire de plus en plus fort au fur et à mesure qu'Harmony avançait dans le schéma global. Un flash de lumière illumina la salle lorsque l'enfant eut fini puis plus rien.
- Bien Harmony, déclara une grande femme à la peau basanée et aux cheveux couleur cuivre. Je ne détecte aucune erreur… on va pouvoir faire un test, déclara-t-elle après s'être penchée sur le travail de son élève.
Harmony sourit, fière d'elle. Freya Cooper était sévère et stricte. Ses compliments étaient rares. La professeur attrapa le bras sanglant de son élève et posa la paume de sa main sur la plaie. Lorsqu'elle lâcha Harmony, la plaie était réduite à une mince cicatrice blanche bien nette.
- Les enfants, venez voir. On va voir si la barrière de Miss Mallard est efficace.
La dizaine d'étudiants se rassembla près de la barrière gravée de sang.
- Tu t'améliores Harmony, chuchota un étudiant de deux ans plus âgés que la petite Mallard.
- Merci Sebastian, répondit la Nécromancienne tandis que leur professeur sortait un gros rat noir d'une petite cage.
Madame Cooper posa le rongeur sur le sol. Celui-ci renifla l'air ambiant avant de se mettre à courir droit sur la barrière. Il la franchit et s'effondra. Mort.
- Bien, bien, bien. Il semble que ta barrière soit efficace Harmony. Mais pour l'instant le sang est encore frais, il faudra refaire des tests plus tard, lorsqu'il sera sec, puis lorsqu'il sera parti. Si tu as correctement monté ton sort, la magie du sang aura imprégner le support même de ton sang et ta barrière sera aussi efficace qu'au premier jour.
- Bien Madame !
- Retournez à vos exercices les enfants. Sebastian, je passe te voir dès que le travail de ta camarade est isolé, annonça la professeur.
La volée d'enfant s'éparpilla dans la vaste salle au sol couvert de terre battue. Freya Cooper fit apparaître un bouclier autour de la zone de travail d'Harmony afin d'éviter que quiconque ne traverse la barrière mortelle par hasard. C'était un accident idiot qui était déjà arrivé quelques décennies auparavant.
- Harmony, ton Maître d'Apprentissage m'a dit que vous allez aller à MC dans quelques jours.
- Oui. Maître Brook a été convoqué par le Haut Conseil Magique et moi-même ait rendez-vous avec le Juge Magique Warren pour témoigner dans l'affaire de la 22 ème Apocalypse Zombie de 1993.
L'adulte ne commenta pas le nombre absurde d' « Apocalypse Zombies » qu'il y avait eut au cours de cette année. Elle savait très bien que la bêtise humaine n'avait pas de limite et qu'il y aurait toujours un con pour créer des zombies sans avoir la formation ou le pouvoir nécessaire. A chaque fois le créateur finissait bouffer par ses créations et c'était les Maîtres Nécromanciens, dont Miss Mallard qui étaient envoyés pour nettoyer le carnage.
- Très bien. Je veux que tu profites de ton passage là-bas pour visiter le Musée Magique ainsi que la grande Bibliothèque. Tu y trouveras de multiples références sur la Sanguimagie. Avec un peu de chance, lorsque tu seras de retour tu me feras des sorts qui ne sont PAS en rapport avec la mort, se moqua gentiment le professeur.
Harmony marmonna dans sa barbe contre son enseignante. Ce n'était pourtant pas de sa faute si elle était si douée avec la magie mortuaire !
La chaleur égyptienne était étouffante. L'air était lourd et remplit de poussière. Une puissante tempête de sable avait frappé la ville du Caire la veille. Ce n'était pas un temps normal pour novembre, mais tout le monde, sorciers comme moldus faisait avec.
Accoudé au comptoir Bill sirotait une limonade bien fraîche. Il avait fini sa dernière mission quelques heures auparavant. Lui et son équipe avaient travaillé sur les protections d'une tombe qui venait d'être déterrée par une équipe internationale d'Archéologues Magiques. Durant la petite semaine qu'il avait fallu aux briseurs de sort pour nettoyer toutes les vieilles malédictions tordues qui piégeaient l'entrée puis l'intérieur de la tombe, Bill avait côtoyé des sorciers italiens, grecs, égyptiens, chiliens et péruviens, un trio de Ghouls américaines et un kitsune japonais. Tant de nationalités et de race et de statuts avaient donné un melting pot culturel fascinant. C'était pour cela que Bill aimait autant son métier et c'était également pour cela qu'il aimait si peu retourner en Angleterre… Sa patrie d'origine était si… repliée sur elle-même ! Même ses parents et Merlin savait qu'il les aimait, étaient obtus d'esprits et avaient de forte tendance xénophobes bien qu'ils s'en défendent.
A vrai dire, le seul de sa fratrie avec qui Bill pouvait parler à cœur ouvert de ses missions sans recevoir de regards vaguement dégoûtés ou des monologues moralisateurs sur la nécessité de se méfier des créatures magiques ou des sorciers étrangers, était Charlie. Tout simplement parce que son cadet s'était lui aussi exilé du Royaume Unis.
Les pensées du rouquin furent interrompues par l'entrée dans le bar d'une très belle femme. Elle avait la peau cuivrée, les yeux onyx et les longs cheveux raides et sombre comme l'ébène des indigènes. Elle était vêtue d'une robe blanche très étroite, collante même. C'était un fourreau qui commençait juste sous la poitrine et était maintenu par deux bretelles dorées nouées sur les épaules. Bill se sentit rougir jusqu'aux oreilles en s'apercevant que les bretelles, larges d'une dizaine de centimètres ne laissaient que peu de place à l'imagination. Loin de cacher la poitrine de la femme, elles mettaient très bien en valeur les seins, ronds et fermes, ne cachant que les tétons de la femme.
Celle-ci s'aperçut sans mal de la gêne de Bill et laissa échapper un rire clair, dévoilant des dents blanches aux canines aiguisées. Elle s'approcha du jeune sorcier et s'installa sur le siège voisin sans se départir de son sourire prédateur.
- La vue te plaît ? Demanda-t-elle, faisant frémir Bill.
Sa voix était profonde et chaleureuse, douce comme du miel. La femme était fascinante et si belle. Le sorcier bredouilla quelques mots incertains. Il n'avait pas encore 23 ans et ses hormones étaient en ébullition.
La femme posa sa main, fine aux longs doigts délicats, sur sa cuisse et se pencha vers Bill. Celui-ci, figé, ne voyait que l'ovale parfait de son visage, ses yeux profonds comme l'abîme soulignés de noir et d'or et les lèvres pleines et peintes qui s'approchaient de lui.
Une explosion déchira l'air et une vive douleur au dos sortit Bill de sa transe. Il était allongé sur le dos, son tabouret renversé un peu plus loin. La femme avait disparu et un sorcier, vêtu de l'uniforme réglementaire de la FIM égyptien, se tenait devant Bill, le bras tendu vers la porte du bar, la main enveloppée par une aura argentée et le regard dur.
L'homme se détendit au bout une minute passée dans un silence pesant sans que personne ne bouge dans le bar. Bill n'osa pas se relever, se demandant encore ce qu'il s'était passé.
- Et bien, tu l'as échappé belle l'ami ! s'exclama le sorcier en se tournant vers Bill et en lui tendant la main.
Le rouquin l'attrapa et fut hisser sur ses pieds par son interlocuteur.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Mérytrê-Hatchepsout, voilà ce qu'il s'est passé, gronda le sorcier de la FIM.
- Pardon ? Demanda Bill, complètement perdu. L'autre fit son incompréhension dans ses yeux et soupira.
- Ali Addin, inspecteur de la Force d'Intervention Magique. Des témoins ont prévenu le bureau de la présence de Mérytrê-Hatchepsout dans ce bar. C'est une Reine Vampire particulièrement ancienne qui s'est réinstallée au Caire il y a peu. Elle nous cause pas mal de soucis, heureusement qu'elle se limite au monde magique pour l'instant. Elle vous avait pris comme cible quand je suis arrivé et que je l'ai fait fuir.
- Hein ! Mais pourquoi moi ?
- Bonne question. Vous êtes un ressortissant étranger. Votre transformation, en casse-croûte ou en nouveau membre de sa ruche aurait eu d'effroyables répercussions… Votre Pays aurait été impliqué et cela aurait grandement compliqué l'existence de Mérytrê-Hatchepsout… Bah… Cela n'a peu d'importance. Il faudra que vous passiez au poste pour faire votre déposition sur l'incident.
- Demain j'ai un jour de congé…
- Parfait, je vais avertir mes collègues de votre venue. Bonne soirée Monsieur.
- Vous aussi murmura Bill, un peu dépassé par les événements.
Il ne fallait jamais que sa mère n'apprenne qu'il était passé à un poil de cul de mouche de devenir un vampire ou un casse-croûte pour vampire !
- Alors Tobias, des choses de prévus pour Thankgiving ?
- J'ai ma filleule qui vient avec son père, on passera la journée ensemble. Et toi ?
- Avec famille et ma belle-mère, se lamenta moqueusement le collègue de Tobias.
- Bon courage dans ce cas Logan. Et bon week-end.
- Merci, toi aussi.
Tobias salua son collègue et rejoignit l'ascenseur. Il desserra sa cravate et défit le premier bouton de sa chemise. Il n'était pas mécontent d'être enfin en sur le chemin de la maison.
Ducky, Harmony et Victoria arrivaient le lendemain. Tobias avait hâte de les voir. Il adorait sa filleule. Harmony était si pleine de vie et de joie. Elle avait toujours des anecdotes amusantes à raconter sur ses études et ses voyages. Elle était unique cette gamine qui était capable de relever les morts, qui aimait les bonbons, les chansons stupides et les dessins animés. Tobias appréciait aussi grandement son père. Donald était un cracmol qui travaillait pour la branche magique d'une agence fédérale. Il était médecin légiste. Peut-être était-ce à cause de cela que sa fille aimait autant jouer avec les morts… Tobias avait rencontré le cracmol lors de son arrivée aux États Unis. Ils ne s'étaient jamais perdus de vue et une amitié solide avait vu le jour. La troisième personne, Victoria était aussi atypique que sa petite-fille. La vieille sorcière possédait un humour piquant et n'avait pas la langue dans sa poche. Elle aussi avait toujours des anecdotes amusantes à raconter. Ce devait être un trait familial.
Arrivé chez lui, Tobias laissa tomber sa veste sur le canapé et alla ouvrir son frigo. Il devait préparer le repas de Thanksgiving… au menu, dinde farcie, purée de patates douces, haricots verts en daube et sauce de cranberries. En dessert, il hésitait encore entre tarte aux pommes dont Harmony raffolait et une tarte au potiron dont lui-même était fan. Bah, au pire, il ferait les deux. Vu qu'il faisait tout lui-même, il partait pour plusieurs heures de cuisine.
Tobias aimait cuisiner, laisser ses mains travailler et son esprit s'échapper. C'était un peu comme les potions. Il avait toujours aimé les potions. Couper les ingrédients, les mélanger, les brasser suivant des protocoles précis pour pouvoir les transformer en quelque chose de complètement différent. A l'école, il était resté dans l'ombre, avec les autres oubliés de Slughorn. C'était après, bien après l'école et l'Angleterre qu'il s'était épanoui physiquement, mentalement, magiquement.
La cuisine avait été un échappatoire, puis c'était devenu une passion. Tobias alluma la radio. La dernière chanson à la mode passait une énième fois. Même dans les bureaux on n'entendait que ça…
Quelque peu émerveillé Terrence observait dans la pénombre de l'hiver du grand nord, le solide bâtiment trapu qui se tenait en contrebas dans la vallée. Il ne lâcha pas des yeux le bâtiment aux murs blancs et ocre surplombé de coupoles aux tuiles bleues et argent, jusqu'à ce que le carrosse n'entre dans l'épaisse forêt de sapins et que les arbres ne lui bloquent la vue. Il se tourna alors vers sa compagne.
- Je ne pensais pas voir un jour Durmstrang de mes propres yeux !
- Moi non plus, répondit Amanda.
La jeune Langue-de-Plombs était emmitouflée dans un grand manteau de fourrure et une épaisse chapka lui couvrait la tête et lui tombait à moitié dans les yeux.
- J'ai peur Terrence, je suis terrifiée, annonça-t-elle d'une voix faible.
Le tout nouveau Médicomage se rapproche de sa petite-amie et la serra contre lui. Tous les Langue-de-Plomb, lorsqu'ils commençaient leur formation, recevaient le sceau qui les empêchait de révéler les secrets du Département des Mystères. Mais avant cela, ils subissaient également plusieurs rituel visant à déterminer si le sceau de blocage ne représentait pas un risque pour eux. Sachant que certaines créatures magiques et leurs descendants réagissaient très mal à ce type de magie, un bilan complet du statut de sang des nouveaux était effectué.
Amanda avait eu le choc de sa vie en découvrant qu'elle n'était pas une Née-de-Moldus comme elle l'avait toujours cru, mais une Sang-Mélée… Son père était un sorcier. L'ancienne Serdaigle avait été adoptée. Elle le savait depuis toujours, Ma' ne le lui avait jamais caché. D'ailleurs tous ses cinq frères et sœurs étaient adoptés. Mais elle était la seule à avoir de la magie.
Il leur avait fallu deux ans, à Terrence, Tonk, Mei et elle pour trouver plus d'indication sur ce père mystère. C'était Mei qui avait eu l'idée de partir de l'orphelinat où Ma' l'avait adoptée. Là Amanda avait découvert qu'elle avait eu une autre famille avant. C'était à la mort de la dame qui la gardait qu'elle s'était retrouvée à l'orphelinat.
La question avait été comment Amanda s'était retrouvée sous la garde de cette femme. Tonk était entrée en jeu. Avec ses techniques d'interrogation apprise dans sa formation d'Auror, elle avait questionné le voisinage de la vieille dame. Mais quasiment 20 ans après les fait, les enquêteurs avaient fait choux blanc.
C'était Terrence qui finalement avait trouvé l'information, complètement par hasard. Le médicomage avait décidé d'aller sur la tombe de la première gardienne de sa petite-amie. Il y était resté plusieurs heures, perdu dans ses pensées. Il ne s'était même pas aperçut que la pluie tombait drue sur sa veste de costume. Un homme d'une soixantaine d'année avait placé un parapluie au-dessus de sa tête avant de lui demander la raison de sa présence sur la tombe de son ex-femme.
Le jeune sorcier avait tout raconté et l'homme lui avait raconté sa version des faits après l'avoir traîné au café du coin. Terrence se souvenait très bien de l'aspect cosy et chaleureux de l'endroit, ainsi que de son nom, le Black Bee, qui l'avait fait sourire. Installés devant un chocolat chaud pour Terrence et un café serré pour l'homme, ils avaient longuement discuté.
Le soixantenaire lui avait raconté qu'il avait divorcé depuis quelques mois de son épouse lorsqu'elle s'était retrouvée, du jour au lendemain avec un bébé dans les bras. Il ne lui avait rien demandé. Ce qui se passait dans sa vie ne le concernait plus en rien.
- C'était exactement ce que j'ai dit aux enquêteurs après la mort de Laura lorsqu'ils se sont aperçus que l'enfant n'apparaissait sur aucun registre et était a priori une enfant volée.
- Votre ex-femme aurait volé une enfant ?!
- Elle non. Elle n'en aurait jamais eu le cran… Par contre sa connasse d'amie, Sylvia Cole, elle, elle l'a fait sans aucun doute.
Après ces révélations, Amanda avait une nouvelle piste. Avec Mei et Tonk, sur leurs heures libres, elles avaient traqué cette Sylvia Cole. La dame était allemande de l'Est qui avait apparemment disparue en Roumanie. Cela avait à la fois réduit et augmenté le champ des recherches. Après tout l'URSS était un territoire très vaste.
A ce moment-là, Amanda savait qu'elle devait avoir des racines roumaines et que son père était très certainement un sorcier d'Europe de l'Est également. Il fallait donc faire des demandes de test de paternités aux différents gouvernements magiques.
L'équipe de chercheurs avaient contacté les ministères des Pays d'Europe de l'Est en commençant par la Roumanie. La dissolution de l'URSS avait impacté le monde moldu, mais également celui magique. Même deux ans après, c'était encore un bordel monstre. Les milliers de dossiers avaient disparu dans la pagaille et les employés des différents ministères galéraient pour parvenir à y voir clair dans ce chaos. Finalement, c'était un vieux sorcier biélorusse qui leur avait conseillé de contacter Drumstrang. L'École de magie Généraliste avait des dossiers sur tous les élèves ayant traversé ses murs. Peut-être y trouveraient-ils leur bonheur.
Il avait fallu trois mois pour réussir à obtenir une réponse de Drumstrang et encore deux mois pour avoir un rendez-vous. Et maintenant, en ce début de mois de novembre, ils y étaient. Drumstrang.
D'après le cocher, ils arriveraient à l'École d'ici une dizaine de minutes. Au total il leur aura fallu quasiment une heure pour aller de la bordure du domaine aux portes des bâtiments. Le Parc de l'école du Nord était bien plus vaste que celui de Poudlard.
Une grande femme au délicat visage encadré d'une cascade de cheveux platine et aux doux yeux parme les attendait dans la cour centrale de l'École. Derrière elle se dressait la statue de Nérida Vulchanova, grande sorcière bulgare et fondatrice de l'institut Durmstrang.
- Bonjour Héritier Higgs, Miss Callen et bienvenu à Durmstrang. Je suis Lady Targaryen, Directrice Adjointe de l'Institut. Le Directeur Karkaroff est en communication avec le Ministère de la Magie Russe, il ne pourra donc pas vous recevoir.
- Merci de nous recevoir aujourd'hui Lady Targaryen. Vous avez toute ma gratitude pour votre aide.
- Ce n'est rien Héritier Higgs. Je suis heureuse de pouvoir aider une jeune âme perdue à retrouver le chemin de sa maison. Imaginer d'une horrible moldue a osé voler l'enfant d'un noble sorcier… Quelle infamie !
Amanda se mordit la langue pour ne pas réagir au dire de la sorcière. Terrence l'avait briefée avant de venir. Drumstrang n'acceptait aucun Né-de-Moldus et était très… méprisant à l'encontre de ceux-ci et des Moldus en général. Si la requête d'Amanda avait été acceptée, c'était uniquement parce que Terrence, héritier de la Noble et Pure Famille Higgs l'avait appuyée et co-signée.
- L'Infirmerie est par ici, veuillez me suivre s'il vous plaît.
L'étrange trio croisa de nombreux étudiants. Ils étaient faciles à reconnaître avec leurs robes rouges sang et leurs épaisses capes de fourrure. Ils avaient tous l'air grognon sous leurs fourrures. Mais bon, Amanda les comprenait, vivre dans un endroit où il faisait encore nuit à presque midi n'encourageait pas à sourire.
L'infirmier, un homme rondouillard étrangement jovial pour ce lieu austère et froid, piqua l'index de la Langue-de-Plombs et en fit perler une goutte de sang. Il s'essuya sur un parchemin qu'il mit ensuite à tremper dans un plat en argent pur remplit d'une potion violette.
- Il faut heurrres à potion pourrr agirrr. Tous sorrrciers entrrrés ici entrrre 1900 et 1974 ont emprrreinte magique dans potion pourrr corrrrespondance. Si elle existe, annonça l'infirmier en butant sur les mots anglais.
Terrence le remercia et s'installa avec Amanda sur l'un des bancs de pierre à l'extérieur des bâtiments. Ensemble ils regardèrent la paix sauvage du grand nord. La neige recouvrait tout comme un épais édredon poudreux sur la nature endormie. C'était magnifique et apaisant.
Tandis qu'ils retournaient vers l'infirmerie, Terrence et Amanda croisèrent un groupe d'élèves ayant des balais dans la main. L'un d'entre eux avait visiblement le poignet cassé et trois autres avaient le nez en sang.
- Ça, ça sent l'entraînement intensif, ricana Terrence avant de s'étouffer dans son rire.
- Terrence ?
- C'est Krum ! C'est putain de broutasse d'Attrapeur de Krum ! Il fait partie de l'Équipe Nationale Bulgare ! Il a gagné tous ses matchs de poule pour la coupe du Monde de Quidditch ! Je savais pas qu'il n'avait pas fini ses études !
- On dirait une pucelle de treize ans fantasmant sur son prince charmant, se moqua Amanda.
- Ragh !, tu peux pas comprendre, t'aimes pas le Quidditch… Y me faut un autographe pour faire enrager Marcus ! Il sera tellement jaloux !
Amanda éclata de rire face à l'excitation de son petit-ami. Un gamin de six ans, il avait la mentalité d'un gamin de six ans ! Mais bon, au moins, cela lui permis d'évacuer une partie de son stress.
Les Brumes étaient en ébullition. Toute la population « honteuse » de la Grande-Bretagne frémissait et chuchotait, brassant rumeurs et véritables infos. Gobelins, Garous, Petit-Peuple et autres créatures magiques s'agitaient dans l'ombre des sorciers aveugles. Les Nés de Moldus et Cracmols exilés dans le Quartier des Brumes n'échappaient évidemment pas à la règle même s'ils ne comprenaient pas l'ampleur de la Nouvelle.
Le café de la Goule n'échappait pas à la règle. Dans la salle bondée, on parlait, excité, de la Grande Nouvelle. Le patron, un homme d'une petite quarantaine d'année, aux cheveux roux et ondulés rasés vers la nuque écoutait d'une oreille distraite le bavardage d'une Née de Moldue, d'une banshee et de deux kitsunes. Plus loin sa femme et copropriétaire du café,
Depuis son installation en Angleterre, jamais Nishiki Nishio n'avait vu un tel bazar. Pas même la nuit ou Voldemort s'était fait latté la tronche par les jumeaux Potter. Et pourtant cela avait fait du bruit.
- Hey la goule, resserre nous une girafe ! Appela l'un des clients.
- Ça marche vieille chèvre.
Le Satire et ses comparses éclatèrent d'un rire enivré aux échos de bêlements. Nishiki appréciait les descendants du Dieu Pan même s'ils avaient souvent un humour très lourd et un respect pour à peu près tout frôlant le néant.
- Je m'en occupe honey proposa Kimi à son époux.
La goule accepta. Il avait eu une chance incroyable avec sa merveilleuse Kimi. Ils s'étaient rencontrés au lycée et elle ne l'avait jamais lâché. Pas en apprenant qu'il était une goule et donc se nourrissait exclusivement de chair humaine, pas lorsqu'il lui avait mordu l'épaule jusqu'au sang lorsque la faim le faisait délirer, pas même lorsqu'il l'avait repoussée pour la mettre à l'abri…
Dieu qu'il l'aimait.
Elle avait choisi de le suivre en Angleterre, abandonnant ses études de médecine au passage et l'avait accepté comme époux malgré tout ce qui les séparait. Elle lui avait même donné deux merveilleux enfants. Ken, d'après un vieil ami dont il n'avait plus de nouvelles depuis quasiment 15 ans et Shizuka, d'après sa sœur aînée partie trop tôt.
Normalement les enfants d'humains et de goules étaient très, très rares. Mais avec la magie… Kimi s'était gavée de compléments alimentaires et de potions immondes tout le longs de ses grossesses pour que leur enfants puissent avoir les nutriments nécessaires que son corps d'humaine ne fournissait pas.
A cette heure-là, les deux goules borgnes qui leurs servaient de progénitures étaient à l'école. Dans deux ans Ken entrerai au collège. Tout du moins si leur monde existait encore… Parce que si la nouvelle était véridique… la Guerre était proche et la société magique s'écroulerait dans des tempêtes de sang et de feu, il lui faudrait mettre sa famille à l'abri, le plus loin possible d'ici…
- Nishiki, ça va ?
Le barman se tourna vers son épouse et la serra contre lui. Elle était si petite, si fragile comparée à lui et pourtant elle était de loin la plus courageuse des deux. Quand lui fuyait dans le cynisme et le sarcasme, elle affrontait ses ennemies et ses peurs avec bravoure et courage.
- Je réfléchissais aux impacts du réveil de Mordred s'il s'avère réel, répondit Nishiki avant de poser un baiser sur le sommet du crâne de son épouse.
Kimi releva la tête et se hissa sur la pointe des pieds pour pouvoir quémander un véritable baiser que la goule lui donna avec plaisir.
- Pourquoi son réveil cause-t-il un tel raffut dans les communautés magiques ? Ce n'est qu'un vampire non ? Demanda l'humain en glissant ses mains derrière la nuque de son mari.
- Si seulement… soupira le barman. Tu connais les légendes sur le roi Arthur et les Chevaliers de la table Ronde.
- Oui. Mordred était un chevalier et le fils incestueux de Arthur et sa sœur Morgane la Fay. Il aurait tué son père avant de succomber à ses blessures, répondit Kimi sans dénouer ses bras.
- C'est effectivement ce qui se dit… Quant à savoir si c'est la vérité… Il faudrait demander à Mordred directement… Le fait est qu'il était également un druide et qu'il a été transformé en vampire. Nul ne sait qui est son créateur ou sa créatrice. Mordred est puissant. Terriblement puissant. Aussi bien en tant que vampire qu'en tant que druide. Il a été le Patriarche des vampires de Grande-Bretagne depuis le 5ème siècle et sa transformation. Il a alterne les périodes de sommeil et celle de règne… A chacun de ses réveils d'importants évènements ont bousculé la société anglaise, a la fois magique et moldue… La dernière fois qu'il s'est réveillé, c'était en novembre 1641. Et le 4 janvier de l'année suivante, il soulevait Londres contre le Roi Charles 1er et déclenchait ainsi la première guerre civile anglaise qui se finit le 30 janvier 1649 par la décapitation du Roi.
- Effectivement, je commence à comprendre pourquoi on craint les réveils de Mordred, déclara Kimi.
Cet homme… vampire était une étincelle de chaos qui mettait feu aux poudres de la société, le papillon dont le battement d'aile provoquait des ouragans.
- Mordred dort depuis 1752. Et si les sorciers l'ont oublié, ce n'est pas le cas des créatures magiques. C'est pour cela que tout le monde est si excité. Les réveils de Mordred apportent du changement… bon ou mauvais…
Kimi posa un autre baiser léger sur les lèvres de sa goule d'époux avant de reporter son attention sur la salle et leurs clients. Elle avait confiance en Nishiki pour faire au mieux pour leur petite famille. Il avait toujours fait ce qui était le mieux pour leurs survies
A Gringott tous les gobelins savaient que Truehammer Te Kal Gornuk était un peu siphonné sur les bords. Après tout il fallait l'être pour trouver plaisir à négocier avec des sorciers, même des Nés de Moldus. Mais bon, on le respectait quand même grandement. Il était un puissant guerrier, certains de ses clients étaient trèèèès riches et il savait faire fructifier ses affaires de manière magistrales.
C'était pour toutes ces raisons que les Shamans et Forge-Runes s'étaient exécutées avec célérité et application lorsqu'il avait fait appel à eux. FizzBottom Ti Nek Lilmi avait haussé un sourcil devant la requête des clients de Truehammer Te Kal Gornuk. Avoir un arbre généalogique enchanté par leur peuple coûtait cher, trèèèès cher. Alors deux ! Mais bon, les clients de Truehammer Te Kal Gornuk étaient trèèèès riches…
La Forge-Rune avait fait appel à son Apprentie, Grandmask Til Nek Klyxmakle ainsi qu'à une paire de Shamans avec qui elle avait l'habitude de travailler. Gigacrook Te Alz Grashze était un maître shaman très vieux mais très compétent. Crafvolt Tel Alz Wazgak était son seul et unique Apprenti de toute la longue vie du vieux maître et donc son Héritier. Le gamin était grande-gueule et souvent hautain, mais il puait la compétence et la capabilité à des lieux à la ronde.
Ensembles, suivant un rituel ancestral, le quatuor avait chanté, forgé, gravé. Sous leurs magies combinées étaient nés deux tapisseries -si seulement un objet avec tant de métal en lui pouvait être nommé tapisserie- gravées l'une au nom des Potter, l'autre au nom des Black et remontant jusqu'aux parents du premier être magique fondateur de la Maison.
- Tes commandes sont terminées Truehammer Te Kal Gornuk, annonça Lilmi de sa voix rauque et cassée. Les fumées des Grandes Forges ne pardonnaient pas la moindre erreur.
- Tu m'en vois fort satisfait, FizzBottom Ti Nek Lilmi. Je suppose que tout est parfait, comme d'habitude.
- Évidement. Même pour des sorciers, je mets tout mon cœur à l'ouvrage. Jamais ma main ne tremble, ma voix ne flanche ou ma magie ne faiblit. Je suis une Maître Forge-Runes.
- Évidement, répondit Gornuk en prenant une gorgée d'hydromel sans se départir d son horripilant sourire en coin. Et sinon, quel âge va avoir ton apprentie, Grandmask Til Nek Klyxmakle ?
- Son premier Printemps de Cristal approche. Il aura lieu dans treize chants de Pierre. Pourquoi ? Tu serais intéressé ?
Seul le sourire plein de dents de Truehammer Te Kal Gornuk répondit à Lilmi. Cela lui suffit. La Maître Forge-Runes s'était toujours refusée à prendre un compagnon à ses Printemps de Cristal et ce malgré les prétendants qui se battaient pour elle. Lilmi n'avait qu'un Amour, son travail de Forge-Runes.
Mais Klyxmakle n'était pas pareil. Sa petite Apprentie était douée dans son travail, riche et belle. Le sang allait couler pour elle. Surtout si Truehammer Te Kal Gornuk décidait de gagner sa main. Et connaissant Klyxmakle, si jamais Gornuk éliminait ses adversaires et parvenait jusqu'à elle, la petiote se laisserait enlever sans rouspéter.
Le Maître de Guerre salua sa compatriote et quitta le bureau de la Maître Forge-Runes, laissant la gobeline seule dans ses pensées. La société gobeline était violente et dominée par les arts de la guerre. Ils étaient longtemps été des barbares, pilleurs et destructeurs avant de s'intéresser à l'Argent. Leur passé influait encore et toujours leurs meurs et cultures. A ceci près que contrairement aux temps anciens, si la dame ne voulait pas de son prétendant, elle pouvait refuser sa proposition voire lui ratatiner le museau s'il était un peu trop insistant.
Bah, Klyxmakle était grande, elle pouvait choisir toute seule si elle voulait d'un compagnon. Et puis, juste au cas où, Lilmi lui donnerait quelques cours de maniement du marteau de guerre avant son Printemps de Cristal. Juste au cas où.
Allongé sur la pierre dorée, Abraao laissait son regard plonger dans l'infinité du ciel sans nuage. L'air était chaud et humide, comme chaque jour et était remplit des entêtant parfums de la jungle. Le jeune homme pouvait entendre les singes se battre dans les arbres et les ricanements des caipora au-delà des barrières protectrices.
Normalement, il pouvait rêver encore une heure pépère avant que les autres commencent à le chercher pour aller manger. Et après cela, il y aurait le couvre-feu. Et puis pas question de faire les cons et sortir ce soir. Un Lethifold avait été aperçu à une cinquantaine de kilomètres de l'école par une patrouille de Forestiers. Vu la vitesse de déplacement de ces monstres, la créature pouvait être juste à 2 mètres des barrières de l'École… Tous les Forestiers de la région ainsi que plusieurs équipes de Shamans, Magizoologues et Mage-Guerriers étaient sur le pied de guerre et organisaient des battues près des zones habitées de la forêt.
Un long hurlement aux échos sinistres s'échappa de la jungle, faisant frissonner Abraao. A force de penser aux pires créatures habitants à côté de l'École, il avait réussi à se faire flipper tout seul… Les Lethifolds ne sortaient pas en plein soleil, tout le monde le savait, il n'y avait donc aucun risque… normalement.
Mis mal à l'aise par une bouffée de paranoïa, Abraao se releva, attrapant sa sacoche, il lissa les quelques plis de son uniforme et époussiéra les quelques gravillons qui s'accrochaient au tissu. Il prit ensuite un instant pour admirer la végétation luxuriante qui encadrant l'imposant ensemble de bâtiments pyramidaux qu'était son École avant de rejoindre ses amis.
- Encore en train de rêver beau gosse ? Demanda une plantureuse brune à la peau caramel.
- Évidement, que voulais-tu donc qu'il fasse d'autre ? Ricana une rouquine aux longues jambes musclées.
- Je t'emmerde Samantha, répliqua Abraao en se laissant tomber sur le banc. João, passe-moi le plat s'teuplait.
L'adolescente rousse lui tira la langue tandis que son ami, un sorcier faisant parti du peuple Sushioto lui passait le plat de maïs.
- Tu as changé de labret, commenta Abraao en se servant.
- Oui. J'ai augmenté la taille.
Abraao opina du chef. Son ami, comme le voulait la tradition de sa tribu avait commencé depuis ses quinze ans à installer un disque de bois peint de façon cérémonielle sous sa lèvre inférieure. Avec le temps la taille du disque augmenterait pour finalement atteindre environs une dizaine de centimètres de diamètre si les souvenir d'Abraao étaient bons.
De l'autre côté de João, Dimitri, un étudiant dont les parents russes s'étaient installés au Brésil depuis cinq ans attrapa le plat pour se servir lui aussi en maïs.
- Vous pensez faire un échange vous ? Demanda finalement Abraao après avoir fini son épis de maïs.
- Je pense pas, répondit Samantha. Les meilleurs magizoologistes viennent d'ici. On a le programme le plus complet. Je ne pense pas qu'un échange ait une véritable utilité pour mon projet d'avenir.
- Et puis Maria te manquerait trop, sourit João.
-Exactement ! s'exclama la rouquine avant d'embrasser sa plantureuse brune de petite-amie.
Maria lui rendit son baiser avec enthousiasme.
- Trouvez-vous une chambre les filles ! s'exclama Dimitri en sortant la tête de son assiette.
- Jaloux ! Ricana Maria.
- Mais oui ! Qui ne rêve pas d'avoir deux déesses avec lui au lit ! Gémit théâtralement le russe, faisant rire le groupe d'amis et leurs voisins directs. Plus sérieusement, reprit le slave, je me tâte à faire un échange avec Dumstrang, pour voir l'école de ma mère ou bien, aller faire un tour dans l'école d'Islande
- Ceux sont les spécialistes en Magie Élémentaire ?
- Ouaip. Et en tant que pyromage, je pense que j'en profiterai à fond. Et toi Abraao ?
- Je pense que je vais négocier avec ma mère pour aller à Poudlard. Neville est un super pote, et aussi bien d'après mes recherches que d'après ses histoires, l'école anglaise à l'air bien, généraliste comme ici mais avec une prof de botanique qui maîtrise son sujet et
surtout avec une putain de forêt magique dans le parc !
Blabla d'auteur:
Petite question, pour l'animagus de Hermione, j'ai fait une présélection. Vous préférez quoi dans la liste suivante ?
PUMA, LYNX, LOUVE, RENARD, COYOTE, CORBEAU
Un petit chapitre sans sorciers anglais, histoire de voir ce qui se passe ailleurs dans le monde.
On revient en Angleterre, à Poudlard, dans le prochain chapitre !
Les nombreuses reviews m'ont vraiment fait plaisir. Je les ai toutes lues même si je n'ai répondu à personne.
Normalement le prochain chapitre arrivera en juillet étant donné que je l'ai déjà commencé.
