Yue s'était réfugiée dans le mausolée, le souffle court. Son bras lui faisait mal, le sang s'échappait de sa blessure sans qu'elle ait quelque chose sous la main pour stopper l'hémorragie. Un putain de piège. Son gigai était piégé, elle n'arrivait plus à en sortir. Quel bâtard ce Kurotsuchi ! Songea la jeune femme furieuse. Même pas capable de se battre à la loyale ! Une toux violente la prit soudainement, elle plaça sa main devant sa bouche et recueillit le flot de sang au creux de sa paume. Elle serra le poing. Si elle devait mourir, ce ne serait pas sans se battre. Gagner ou mourir, après tout, c'était la devise de sa division. Elle sortit du mausolée d'un pas décidé pour affronter le capitaine de la douzième division. Il sourit en la voyant.
- Te voilà enfin ! Je n'ai pas de temps à perdre avec toi, tu menaces mon rang au sein même de la Soul Society, alors tu vas crever.
- Ca n'aurait pas quelque chose à voir avec ma sœur que vous avez assassiné ? demanda rageusement Yue.
Le capitaine émit un petit gloussement des plus détestables. Une fine pluie se mit à tomber, se transformant rapidement en averse.
- On ne peut rien te cacher petite peste. Oui c'est ta sœur, et sa particularité, qui me valent tant d'ennuis. Mais on a de la chance, après tout, le seul témoin qui m'ait vu ce jour est là, devant moi. Sans toi, ils ne pourront rien.
Yue retint une insulte bien sentie, préférant garder ses forces pour un ultime affrontement.
- De toute façon, une fois qu'elle soit morte, son pouvoir ne fonctionnait plus. Ce n'était qu'une fille inutile !
Yue se raidit. Ses ongles s'enfonçaient dans sa peau tellement elle serrait fort ses poings.
- Qu'est ce qu'elle a pu m'énerver ! Toujours à répéter la même chose, toujours à vouloir protéger sa famille. Peuh ! Comme si je m'en souciais ! Et un jour, elle a refusé de travailler. Je pensais avoir extrait assez de pouvoirs comme ça, alors je l'ai tué. Mais son pouvoir a disparu du laboratoire !
Yue baissa la tête. Son corps était parcouru de légers frissons.
- J'étais tellement furieux que je me suis acharné sur son corps. Tous ces efforts réduits à néant… tout ce travail… Quand je pense à ce qu'elle a dit avant de mourir… « Tout te revient maintenant, à toi mon autre moitié. » De quoi parlait elle ? Sans doute de l'autre moitié de son médaillon. Mais je n'ai jamais réussi à mettre la main dessus, alors j'ai du tout abandonner.
« Elle était ma seconde moitié, et j'étais la sienne. » C'était les paroles que Yue avait dite à son capitaine en parlant de sa sœur. Elle releva lentement la tête et plongea son regard noir et éteint dans celui du capitaine Kurotsuchi. L'homme recula d'un pas, effrayé par ce vide soudain. Yue, ou plutôt son corps, ne semblait n'être qu'une coquille vide, emplie de ténèbres. Néant. Il hurla de peur. Oui, le « rien » le terrifiait.
- Mo…. Monstre ! Hurla t il.
Il fondit sur elle, lame en avant, le regard fou. Un éclair zébra le ciel, jetant sur l'ombre de deux personnes accolées sa lumière blanchâtre. Puis Yue bascula en arrière.
A bout de souffle, Kurotsuchi regarda sa victime au sol se vider de son sang. Sa poitrine ne se soulevait plus. Mais même dans la mort, elle n'avait pas détaché son regard du meurtrier de sa sœur, devenu le sien également.
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Ca n'aurait pas du se passer ainsi… C'était censé être une simple mission de routine ! Alors pourquoi le sol était couvert de sang, de son sang ? Pourquoi son cœur de capitaine sanguinaire lui faisait si mal ? Pourquoi la forme affaissée au sol ne respirait plus ? Tant de pourquoi, et jamais aucune réponse… Zaraki Kenpachi ferma les yeux et hurla à la mort, sous la pluie diluvienne.
Trop tard, il était arrivé beaucoup trop tard. Plus personne sur les lieux, aucune preuve de la culpabilité de Mayuri. Mais c'était lui, sans aucun doute. Zaraki s'agenouilla près du corps de Yue et la prit dans ses bras avec douceur. Il écarta les mèches de cheveux qui masquaient son visage. Son cœur se serra en voyant son visage pâle mais serein.
- Yue… murmura t il. Yue…
Il ferma les yeux. Sous la pluie, ses larmes passaient inaperçues, mais il pleurait. Zaraki Kenpachi pleurait la mort d'une amie, d'une femme exceptionnelle, d'un amour naissant, sans se préoccuper de Rangiku et Hitsugaya derrière lui, abattus tous les deux. Il revécut leur première rencontre, la seule femme qui ait osé s'engager dans sa division. La première fois où ils s'étaient vraiment parlés, dans son bureau. Yumichika qui faisait tomber les papiers, elle qui se baissait pour les ramasser. Sa façon tranquille de travailler, assise sur une table à côté de son bureau. Sa gêne devant l'immense bouquet de fleurs. Sa joie lorsqu'il avait dit qu'il viendrait à ce stupide pique-nique. Son sourire et ses yeux brillants lorsqu'ils combattaient. Sa voix si douce et si triste lorsqu'elle lui avait raconté son passé.
- Capitaine ?
Une voix qu'il entendait encore.
- Capitaine ?
Deux fois, là ça commence à être suspect. Rangiku releva la tête, une expression étonnée peinte sur ses traits.
- Capitaine ?
La voix venait d'une petite boule de lumière bleue qui flottait juste devant Zaraki. Hitsugaya, Rangiku et Zaraki la regardèrent sans y croire. Une forme se dessina dans l'espace juste devant eux, un corps de femme, des cheveux longs noirs… Elle ouvrit lentement les yeux, de beaux yeux noirs ou brillait la flamme de la vie.
- Capitaine ? C'est embêtant si je tue Kurotsuchi Mayuri ?
Zaraki se releva et s'avança vers la jeune femme, qui avait fini de se matérialiser. Il ôta son manteau et lui mit sur les épaules. Elle sourit.
- Merci. C'est vrai qu'il me manque des vêtements…
Hitsugaya avait détourné les yeux, rouge écrevisse. Rangiku se jeta dans les bras de Yue.
- Yue-chan ! J'ai strictement rien compris, mais je suis si heureuse !
- Rangiku-san ! s'exclama Yue surprise de la trouver ici.
- Ah non, Matsumoto ! Maintenant, tu m'appelleras Matsumoto ! la gronda la lieutenant de la dixième division en essuyant une larme au coin de son œil.
Yue hésita un peu, puis un sourire se posa sur ses lèvres.
- Matsumoto…
Rangiku rit.
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Le lendemain matin, Kurotsuchi s'éveillait difficilement après une nuit cauchemardesque. Ses yeux… toujours ses yeux… Ce « Rien » qui les habitait…
Il se leva et se prépara à diriger l'entraînement de ses troupes, comme d'habitude. Nemu restait au laboratoire finir quelques recherches.
En passant devant les bâtiments de la onzième division, le capitaine frissonna. C'était fini, il n'avait plus rien à craindre. Elle était morte.
Il vit Zaraki dans la cour avec les hommes les plus forts de sa division, leur donnant des ordres d'une voix forte. Il n'était sans doute pas encore au courant. Satisfait, Kurotsuchi s'approcha d'un pas nonchalant de son collègue. Zaraki se tourna vers lui et le foudroya du regard.
- Qu'est ce que tu fous la toi ? demanda t il sur un ton qui ne présageait rien de bon.
- Je suis libre de me promener ou je veux, riposta Mayuri. Et si j'étais toi, je ne ferais pas le fier de si bon matin. La journée pourrait nous réserver pas mal de surprises…
- Voyez vous ça ! s'exclama Matsumoto dans son dos.
Kurotsuchi sursauta, puis se tourna vers elle. Elle était adossée contre un mur, bras croisés, un sourire ironique aux lèvres. Hitsugaya se tenait à ses côtés, ainsi que le capitaine Ukitake et le capitaine Kyouraku. Ce dernier rabaissa son chapeau sur ses yeux et demanda d'une voix douce mais parfaitement intelligible.
- Penseriez vous à quelque chose de particulier en disant ça, capitaine ?
- Pensez ce que vous voulez, répondit Mayuri toujours aussi suffisant.
- Par exemple… que vous êtes un assassin doublé d'un lâche ?
Mayuri pâlit (ça se voit pas mais bon) en entendant cette voix. Yue apparut, avant cachée par le capitaine Kyouraku. Une Yue en pleine forme, et apparemment pas de très bonne humeur.
- Vous avez commis deux erreurs : dans votre précipitation vous ne vous êtes pas assuré véritablement de ma mort, vous basant sur ma seule respiration. Mais dans un gigai…
Il l'avait oublié ! Elle était dans un gigai ! Mais même comme ça, il avait brisé sa chaîne de l'âme, ou du moins gravement endommagée.
- Deux, vous m'avez gravement sous estimé.
Et de nouveau ce vide innommable dans le regard qu'elle posait sur lui…
- Elle était ma seconde moitié, et j'étais la sienne, dit elle doucement. Ca ne vous rappelle rien ?
Moitié ! Elle ! Yue et Yume ! Des jumelles ! Trop tard pour s'en rendre compte. Le capitaine Ukitake s'avança à son tour.
- Votre conduite est intolérable ! Vous serez jugé pour vos crimes et puni… Je regrette juste que l'on ne puisse pas se permettre de perdre un capitaine dans ces temps troublés !
Alors c'était ça. A cause d'Aizen, il resterait le capitaine de la douzième division. Mais avant qu'il ait le temps de s'en réjouir, Zaraki s'était approché de lui et l'avait saisi par le col.
- Crois moi, capitaine ou pas, Aizen ou pas, la prochaine fois que je te vois sur mon chemin je te tue.
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Allongé sur le toit d'une des maisons de la huitième division, Kyouraku mâchonnait un brin d'herbe tout en admirant les nuages. Nanao arriva, un dossier sous le bras.
- Nanao-chan, comment ça va ? demanda son capitaine en baillant.
- Je ne vous ai pas vu au procès du capitaine Kurotsuchi, capitaine… dit lentement Nanao.
Kyouraku cessa de mordiller son herbe, réfléchit un instant.
- J'ai oublié.
Gamelle de Nanao.
- CAPITAINE !
Désormais en position assise, une belle bosse sur le crâne, Kyouraku écoutait Nanao lui résumer le procès.
- Il a interdiction de s'approcher de Yue jusqu'à nouvel ordre et sera surveillé constamment, répéta-t-il songeur. Ah la la, nous vivons dans une époque bien troublée, ma pauvre Nanao.
- Je suis d'accord avec vous. Après ce qu'a vécu Yue… Tout ceci est injuste !
- Malheureusement nous ne pouvons rien y faire. Mais je suis confiant, Zaraki fera attention à Yue-chan.
Le silence s'installa entre les deux, puis Nanao demanda dans un murmure.
- Il l'aime ?
- Cela ne fait aucun doute, répondit Kyouraku.
Nanao esquissa un sourire.
- C'est bien.
Ils admirèrent les nuages ensemble.
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Dans son bureau, Hitsugaya étudiait une dernière fois le dossier. Rangiku était affalée sur le canapé en mode « pas envie de bosser ». Son capitaine poussa un profond soupir.
- Au final, on ne saura pas quel est ce pouvoir qui a sauvé Yue.
Rangiku se redressa et lança un regard accusateur à son capitaine.
- Bien sûr que si nous le saurons un jour ! Mais pour l'instant, il y a plus important que ça !
- Ah oui et quoi ?
- Nous devons organiser un tournoi de foot ! D'ailleurs, on devrait organiser toute une compétition basée sur plusieurs sports ! Je m'en charge !
Et elle sortit, laissant à Toushirou une pile de papiers à trier.
- MATSUMOTOOOOOOOO !
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Assises dans le jardin, une nappe étalée devant elles, Yachiru et Yue prenaient un goûter bien mérité. La petite fille avala une brioche tout rond, ce qui étonnait toujours son amie lorsqu'elle la voyait faire.
- Dis Yue, tu le trouves comment Ken-chan ?
Cette question rappela à Yue une autre, quelques jours auparavant (un peu plus même XD). Elle sourit.
- Et bien, je l'aime, tout simplement.
- Ouaaaah ! s'exclama Yachiru, un grand sourire aux lèvres. Je suis si contente ! Yue est amoureuse de Ken-chan !
- Mais tu ne diras rien Yachiru, n'est ce pas ? Je voudrais… attendre un peu.
- Pas de problème, c'est un secret entre nous deux !
Une silhouette s'approchait d'elle à grand pas. Yue reconnut Matsumoto et répondit au salut qu'elle lui adressait. Enfin elle arriva près d'elles.
- Yue-chan, Yachiru-chan, dans une semaine j'organise une grande compétition ! Je compte sur votre présence ! Bon je vais prévenir tout le monde, salut !
Et elle les laissa là. Zaraki arriva à ce moment
- Qu'est ce qui se passe ? demanda t il en voyant la mine stupéfaite de Yue, sourcil arqué.
Yachiru haussa les épaules en soupirant, un sourire aux lèvres. Yue éclata de rire.
- Et c'est reparti !
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FIN
