_Tiens tiens... Roronoa comme on se retrouve...

Il ne souriait pas malgré le ton ironique et supérieur qu'il prenait. Zoro quant à lui ne répondit pas, le fixant d'un regard noir. À cet instant la jolie rousse paniqua intérieurement. Ce n'était pas bon du tout, être entouré comme ça par la marine, avec à leur tête le colonel Smokeur, rien de moins.

_Toujours aussi aimable à ce que je vois... Tiens, mais qui vois-je... Ne serait-ce pas Nami la chatte voleuse par hasard? Je croyais que tu ne t'intéressais qu'aux supernovas?

Interloquée, la jeune femme le toisa l'homme. Elle détestait ce type, comme la plupart des hauts gradés de la marine d'ailleurs. L'épéiste répliqua d'un ton tranchant, ce qui surprit un peu Nami.

_C'est le cas. De toute façon ça ne te concerne pas. C'est "ma" proie.

La jeune femme resta de marbre, mais en réalité elle était troublée. Il avait bien insisté sur le "ma". De plus, être considérée comme une proie, n'était pas vraiment un terme flatteur. Smokeur, fidèle à lui-même, plissa les yeux avant de s'approcher un peu plus du duo, avant de s'arrêter face à Zoro, une lueur de défi dans le regard.

_Bien sûr... Mais pourquoi te trimbaler une simple pirate voleuse, alors que tu as horreur de devoir emmener par toi-même les pirates de bas étage que tu arrêtes d'habitude.

Plus que surprise par ses paroles, Nami jeta un regard en biais au bretteur, visiblement tendu comme un arc.

_Et alors, si je décide de raccompagner cette fille moi-même, je ne vois pas où est le problème. De toute façon, il faut que je parle au vice-amiral Garp.

Pas très convaincu, le Colonel porta ensuite son impérieux regard sur la jeune femme, et la détailla froidement du regard, alors que cette dernière se retenait déjà depuis un bon moment de lui crier ses quatre vérités. Elle va craquer, c'était certain. Zoro l'avait senti se crisper au moment où Smokeur l'avait qualifié de "pirate de bas étage". Et la manière certes détachée, mais insistante avec laquelle il la toisait froidement de la tête aux pieds ne lui plaisait pas du tout.

_Une prisonnière sans menottes? Tu te fous de moi ? Dis plutôt que tu t'es laissé embobiner par cette pimbêche comme tous les autres!Vociféra-t-il, la fumée de son cigare s'échappant de ses narines.

Cette fois c'en était trop, Zoro était sur le point de dégainer l'un de ses sabres pour lui faire ravaler ses paroles lorsque, ce fut Nami qui craqua la première.

Ferme-la ! Tu commences à m'énerver avec tes questions débiles et douteuses envers lui ! Vous êtes du même bord oui ou non ? ! Et ne me traite plus jamais de pirate en me dévisageant comme ça comprit ! Ça ne t'est peut-être pas venu à l'esprit que si je le suivais bien gentiment, c'était par crainte ! ?

Elle l'avait littéralement incendié de ses paroles aussi humiliantes que véridiques, à tel point qu'elle en était maintenant essoufflée. Un silence de plomb s'ensuivit, tous les soldats semblaient choqués. Nami se demanda si elle n'allait pas regretter son emportement. Zoro et Smokeur étaient autant surpris et sous le choc que les autres d'ailleurs, ne s'attendant pas du tout à ça. De plus la situation était vraiment étrange, non seulement elle venait de défier Smokeur, mais il y avait dans ses paroles du respect envers son ravisseur. Elle l'avait défendu même si c'était inconsciemment. Après un certain temps, le colonel reprit la parole, loin d'être excédé, comme tous l'auraient imaginé, et planta son regard à faire froid dans le dos dans celui de la rouquine.

_Tu as du cran pour oser me défier sale voleuse. Tu as de la chance d'être une femme sinon...

Elle lui retourna son regard noir, loin d'être impressionné les bras croisés, puis il détourna le regard de nouveau vers son rival, l'air mauvais. Zoro ayant déjà repris contenance après le petit numéro de Nami, retourna son regard sévère vers Smokeur.

_Et toi tu as de la chance de faire partie des grands corsaires, Roronoa. Je te conseille de menotter cette voleuse. Au moindre faux pas, je ferai tout pour te mettre le gouvernement à dos, et tu pourras dire adieu à ton titre. Je t'ai à l'œil.

Le sabreur le toisa, un regard si sombre que même Nami en frissonna. Le colonel Smokeur les contourna d'un pas rageur en rappelant sa troupe et s'éloigna rapidement. La jolie rousse poussa un soupir de soulagement, puis tourna la tête vers Zoro qui n'avait toujours pas bronché. Là, elle fut prise d'une appréhension étrange, elle avait peur... Peur qu'il soit en colère contre elle, et de sa réaction. Oui, il y avait cette drôle d'aura sombre et si effrayante autour de lui, ne présageant rien de bon. Peut-être avait-il été blessé dans son ego à cause d'elle? Après tout elle l'avait défendu?! Soudain elle réalisa l'ampleur de ses paroles, et elle ne put s'empêcher de rougir un peu, honteuse. Son cœur battait la chamade, et lui qui ne réagissait toujours pas! Elle ne voulait pas revoir ce regard-là, non pas encore, elle se sentait faible face à lui. Il était intimidant, comme Arlong, et en colère à l'instant même. Une envie de le fuir s'imposa d'elle-même, aussi stupide et inconsidérée soit-elle. Il fallait qu'elle parte, maintenant plus que jamais.

Le bretteur quant à lui était en train de se contenir. Il avait failli égorger Smokeur sur place avant que Nami n'intervienne. Heureusement d'ailleurs, sinon il aurait eu des ennuis, enfin... Smokeur étant donné la nature de son pouvoir n'aurait rien senti. Ce qui le perturbait le plus, c'étaient les paroles de la jeune femme. Pourquoi l'avoir défendu devant la marine bon sang ? Avait-elle perdu la tête ? Smokeur aurait pu s'imaginer des choses et les retourner contre lui ! Première erreur, ne pas lui avoir mis les menottes, et la seconde fut de l'avoir laissé insulter le colonel. Et la dernière, la pure... D'avoir quelque part apprécié son geste, que son cœur se soit gonflé d'un étrange sentiment lorsqu'elle avait remis à sa place Smokeur en le valorisant. Sur le coup, cela l'avait amusé. Mais cette confrontation n'annonçait que des problèmes pour lui-même comme pour la jeune femme. Il ne pouvait vraiment pas le voir en peinture, et ce depuis toujours. La manière dont il avait lorgné Nami l'avait profondément énervé, pourquoi ?... Peut-être parce qu'il le haïssait au point qu'il ne supporte même plus qu'il regarde les personnes auxquelles il tient. Attendez... Il tenait à elle maintenant ! ?D'un geste rageur, il se retourna vers la jeune femme et constata avec stupeur qu'elle n'était plus là!

_Et merde !S'écria-t-il.

Mais quel abruti! Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'avait même pas senti son évasion! Elle en avait bien profité la petite peste! Il ne la laisserait pas s'en sortir comme ça! Ho que non!

La rousse de son côté courait à en perdre haleine, en direction de sa planque afin de récupérer ses quelques affaires personnelles. Elle n'en revenait pas d'avoir réussi à échapper à la vigilance de Zoro. Il était tellement plongé dans ses pensées que ce fût un jeu d'enfant. Mais il devait être hors de lui maintenant, et cette simple pensée la fit tressaillir d'effroi. Le craignait-elle à ce point-là ? Elle-même n'en revenait pas, comment arrivait-il à avoir autant d'emprise sur elle bon sang ! C'était effrayant et troublant.

Après avoir atteint sa cachette, elle récupéra son sac, ainsi que son clima-tact, puis repartit en direction du port. Il fallait qu'elle prenne un bateau le plus vite possible, avant qu'il ne la retrouve. Le simple fait de l'imaginer...Non! Elle en tremblait déjà de peur,tandis qu'elle cavalait à toute allure. Soudain, une pensée traversa son esprit, l'arrêtant net dans sa course. Elle repensa tout d'abord aux propos de Smokeur. Dû au fait que Zoro ne s'occupé jamais lui-même d'emmener ses prisonniers aux mains de la justice, et surtout qu'ils ne les laissaient jamais sans menottes. Pourquoi un traitement de faveur envers elle alors ?

Il ne lui avait pas fait de mal, alors qu'elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Pourquoi ? Perplexe, elle reprit sa marche. Il fallait qu'elle retourne chez elle, pour le bien de son village. Mais elle était déchirée. Lui, qui avait su la percer à jour. Zoro, qui avait réussi à briser sa carapace, à voir la vraie Nami, lui qui s'était montré si gentil et attentif. Elle ne voulait pas le quitter, pas comme ça, pas déjà... Elle avait espoir, il est fort et il cherche à connaître son secret, comme s'il voulait l'aider. Peut-être devrait-elle tout lui raconter? Peut-être acceptera-t-il de lui venir en aide? Ou peut-être pas... C'était dangereux... Comment faire? Que faire!? La pauvre Nami ne savait plus quoi penser.

L'épéiste continua de courir à la recherche de la jolie voleuse tout en se dirigeant vers le port, ce doutant qu'elle essayerait de prendre un bateau clandestinement. Il jura et se maudit mille fois pour son manque de professionnalisme. Cela faisait déjà plus d'une heure qu'il l'avait perdue. Peut-être était-il déjà trop tard. Une fois sur le quai,Il scruta les environ attentivement. Son regard s'arrêta à la vue d'une longue touffe flamboyante au loin. Assise contre une caisse et repliée sur elle-même, Nami attendait. Stupéfait, il s'avança vers elle prudemment, intrigué et soulagé à la fois de la revoir. Une question s'imposa d'elle-même à lui, pourquoi était-elle encore là? Elle qui ne désirait que s'enfuir ? Une telle opportunité de s'échapper ne se représenterait pas. Et maintenant la voici, recroquevillée sur elle-même à la vue de tous. Il détailla sa forme tremblante avec une certaine inquiétude.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait d'elle,il distingua les bruits caractéristiques des reniflements étouffés. Première déduction, elle pleurait. Il fronça les sourcils. Deuxième déduction, elle avait avec elle un sac, donc elle avait bien eu l'intention de s'enfuir. Or, la même question revenait à la charge, pourquoi ne l'avait-elle pas fait? Zoro sentit son cœur se serrer en entendant un nouveau hoquet de la part de la jeune femme qui sanglotait. Il n'était plus du tout en colère, la peur de ne pas la retrouver ayant pris le dessus depuis un bon moment déjà. Maintenant, il était soulagé et plutôt confus. Il soupira doucement, attendrit malgré tout, puis vint se poster devant elle. Bien sûr elle l'avait entendu s'approcher, mais elle n'osa pas relever la tête. Il était probablement en colère contre elle. C'est alors qu'une main large et chaude vint se poser doucement sur sa tête. Elle se crispa à ce contact, puis se détendit petit à petit, consciente qu'il cherchait à l'apaiser. Elle finit par relever timidement la tête, juste assez pour que ses yeux puissent plonger dans ceux de Zoro. Il était là, agenouiller devant elle.

Non, il n'était pas en colère... Un sentiment de soulagement et d'apaisement s'empara de tout son être, tandis qu'il continuait de lui caresser avec tendresse les cheveux. Ce simple geste, réchauffa le cœur de la belle et la boule de culpabilité dans son ventre se réduisit considérablement, sans pour autant disparaître. À l'instant où il avait croisé son regard, toute rancœur, toute colère avait disparu de ses pensées. Seul ce sentiment étrange resté présent, plus fort que jamais. Son cœur battait la chamade. Ils se regardèrent durant de longues secondes, comme hypnotisé, sans parler. Les mots étaient inutiles. On pouvait parfaitement lire toute la détresse et le soulagement de Nami, elle s'en voulait, elle se sentait stupidement coupable d'avoir essayé de s'enfuir... C'était comme si elle avait trahi sa confiance. Cela pouvait paraître idiot, voire bizarre, mais c'est ce qu'elle ressentait. Zoro la regardait avec tendresse, il avait du mal à comprendre son geste, mais il n'en était que plus troublé et attiré par elle. Elle paraissait si fragile... Comme à chaque fois qu'elle redevenait la vraie Nami.

Une fois calmée, elle abaissa ses jambes en baissant la tête, les joues rouges tout en essuyant ses larmes avec son bras. Dans un élan d'affection et prit d'une pulsion, il entoura ses bras autour de son corps frêle et l'attira dans ses bras musclés. Prise au dépourvu, elle lâcha un petit cri de surprise, mais s'abandonna bien vite à la chaleur de son étreinte. C'est à cet instant que la vérité sur ses sentiments survint telle une claque. Oui, c'était clair à présent, et ça expliquait beaucoup de choses, répondait à beaucoup de questions. Elle avait développé des sentiments pour le grand Roronoa Zoro. Un nouveau flot de sanglots lui noua la gorge, pourquoi le destin avait-il tourné ainsi? Elle entoura d'elle-même ses bras autour de la nuque du bretteur qui se laissa faire gentiment, et plongea son nez dans son cou. Elle murmura d'une voix tremblante.

_Pardon...

Penaud, il ne releva pas et la serra un peu plus fort dans ses bras. Elle était désolée, de quoi exactement il l'ignorait, mais pour l'instant il s'en fichait bien. Elle ne put contenir longtemps les nouvelles larmes qui roulèrent abondamment sur ses joues. Pardon... oui pardon pour avoir essayé de s'enfuir, pardon d'avoir été aussi odieuse avec lui, et surtout, pardon d'avoir développé des sentiments pour lui. Bientôt, une voix provenant du quai retentit.

_Oy! Le navire va bientôt prendre la mer direction l'île d'Alabasta! Mr Roronoa!

À l'entente de son nom, Zoro revint à la dure réalité alors que Nami retirait déjà ses bras de sa nuque en reculant, l'air embarrassé. Lui-même se releva puis attrapa le sac de Nami qui n'osait plus le regarder, rougissante. Il esquissa un petit sourire en coin, la trouvant adorable. Il lui prit ensuite le poignet et l'entraîna avec lui à bord du bateau qui les attendait. Il avait réservé deux places à bord le matin même pendant que Nami dormait. Heureusement, il l'avait retrouvé attend. Une fois à bord, le capitaine du navire vint saluer le grand corsaire puis sourit tout en déclarant avec entrain.

_Eh bien ! Alors voici la personne qui vous accompagne ! C'est rare de vous voir avec quelqu'un, vous qui êtes un homme si solitaire. C'est sûrement votre fiancé. D'après ce que j'ai pu voir. Vous êtes charmante mademoiselle. Il y en a qui ont de la chance !

Nami vira à l'écarlate.

_Je ne suis pas sa fiancée ! S'étrangla-t-elle, sur la défensive.

Elle détourna la tête, fuyant le regard de Zoro. Le capitaine sourit, attendri, tandis que le bretteur en faisait de même, amusé.

_Oh ! Excusez-moi je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise mademoiselle. Je m'appelle Yoichi, capitaine de ce navire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites-le-moi. S'excusa le vieil homme.

Il lui tendit la main avec bienveillance, un grand sourire aux lèvres, et Nami la lui serra gentiment en lui rendant son sourire timidement. Elle était encore fragile et sous le coup des événements passé plus tôt. Normalement elle ne restait pas longtemps en mode"vrai Nami". Mais là elle n'y arrivait pas, redevenir la chatte voleuse froide et impassible habituelle. Elle n'en avait aucune envie, ni la force d'ailleurs. Elle lui répondit d'une douce voix sous le regard mi-amusé mi-adorateur de Zoro.

_Merci... Je m'appelle Nami...

Yoichi lui sourit de plus belle, puis continua en s'adressant à l'épéiste cette fois.

_Vous avez une bien jolie demoiselle avec vous dites-moi ! Par contre il ne restait qu'une chambre de disponible sur le navire et ne contient qu'un seul lit, j'en suis désolé. J'espère que ça ne vous dérangera pas ?

Zoro reprit son sérieux, tandis que Nami enregistrait l'information.

_On fera avec merci.

Sur ce, le capitaine fit visiter le navire au duo tandis que Nami maudissait une fois encore le destin. Pourquoi maintenant fallait-il qu'elle dorme dans la même pièce que lui ! ? Ce n'était pas vraiment pour lui déplaire mais... Passablement gênant... Même si elle avait déjà partagé une chambre avec lui. Une fois le tour du bateau fait, Yoichi prit congé des deux jeunes gens et les abandonna devant la porte de leur cabine. Le beau sabreur ouvrit la porte et entra en premier, suivi par une rouquine un peu nerveuse. Elle regarda autour d'elle puis son doux regard se posa sur le fameux lit. Elle déglutit en songeant à ce soir, mais détourna rapidement le regard en essayant de calmer les battements de son cœur. Zoro quant à lui déposa le sac de Nami à côté du lit puis se retourna vers elle. Elle continuait de fuir son regard. Le silence de plomb n'aidait en rien la jeune femme à se détendre.

_Nami. L'interpella-t-il finalement, à bout de patience.

Elle se crispa net, il venait de l'appeler par son prénom. Sa voix était rauque, réclamant clairement de l'attention. Elle le regarda enfin avec un peu d'appréhension. Une fois qu'elle plongea son regard dans celui anthracite et envoûtant de Zoro, elle réussit à demander doucement.

_Oui ?...

Il la dévisagea un instant, puis reprit sur un ton plus doux avant de se détourner et de s'accroupir face au lit, bras croisés.

_Viens t'asseoir ici. Il faut qu'on parle.

Et voilà, le moment qu'elle redoutait est enfin arrivé. Elle soupira, prit son courage à deux mains avant d'obtempérer. Elle s'assit sur le lit en posant ses mains sur ses jambes. Au bout qu'une minute de silence, Zoro lança enfin la discussion sur le même ton posé.

_D'abord, je veux savoir pourquoi tu t'es enfuie, ou plutôt pourquoi tu ne l'as pas fait ?

La jeune femme prit une profonde inspiration, puis lui répondit sur le ton de la conversation.

_Quand Smokeur est parti...

Elle hésita un moment, un peu gênée, mais reprit tout de même avec honnêteté, décidée à tout lui raconter non sans fixer un point imaginaire sur la ceinture en laine verte trônant autour de sa taille.

_J'ai eu peur... J'ai senti cette aura sombre autour de toi et j'ai paniqué... C'est ce que j'ai pensé tout d'abord alors je me suis enfui... Je n'ai pas réfléchi... Ensuite j'ai pensé que c'était ma chance de pouvoir retourner chez moi... Je suis donc parti chercher mes affaires et j'ai rejoint le port.

Elle s'arrêta là, espérant qu'il ne se moque pas d'elle. Celui-ci n'avait pas bronché, et restait parfaitement calme et impassible. Bien sûr il était surpris par sa réponse, mais n'en laissa rien paraître.

_Et ensuite ? Pourquoi tu n'es pas partie ? Demanda-t-il, curieux.

Elle était confuse, comment lui expliquer... Elle finit par répondre, quelque peu évasive.

_Je... Je ne sais pas trop... J'étais confuse... J'ai pensé à trop de choses à la fois et j'ai craqué... Les questions se bousculer dans ma tête. Je voulais m'enfuir, mais en même temps... J'avais peut-être un espoir en restant... Même si c'était risqué...

Le sabreur resta songeur, ayant compris de quoi, ou plutôt de qui elle parlait.

_L'espoir dont tu parles...

Il suspendit sa phrase, puis ce fut Nami qui plongea enfin son doux regard en détresse dans le sien, comme pour confirmer ses soupçons. Alors c'était donc ça, il avait vu juste. Elle appréhendait tant sa réaction, il avait compris, mais restait silencieux et la fixait intensément, l'air songeur. Plus les secondes défilées, plus elle était tendue. S'il réagissait négativement, elle aurait mis sa fierté et sa vulnérabilité au tapis pour rien.

_Il va falloir que tu me racontes ton secret. Entièrement. Dit il enfin.

Elle resta interdite, il n'avait pas tort. Elle était obligée de passer par là, même si c'était douloureux de devoir ressasser le passé, et le présent d'ailleurs. Elle prit une profonde inspiration, puis se lança dans le douloureux récit de son enfance, jusqu'à aujourd'hui. Le marché conclu avec Arlong, expliquant le pourquoi de son rôle de "Nami la chatte voleuse". Le bretteur au fur et à mesure qu'elle avance dans son récit était abasourdi. Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme a dû endurer mille tortures et souffrances. N'étant rien d'autre qu'un pion dans les mains de l'infâme Arlong. Il connaissait ce monstre de réputation, et la pauvre Nami ne se doutait sans doute pas qu'un marché avec cet homme poisson n'aboutirait qu'à encore plus de sang, et de souffrances. Un homme de parole, il n'en était pas un, loin de là. Il était plus du genre à planter un couteau dans le dos. Comment se fait-il que la marine ne soit jamais intervenue sur cette île bon sang ! ? Temps d'innocent vivaient dans la peur depuis tant d'années ! Et Nami en était la première victime ! Sa mère avait été tuée sous ses yeux par ce monstre, et aujourd'hui elle en était réduite à voler et lui faire des cartes ! ? Temps d'injustice et de colère était monté en lui ! Il ne le supportait pas ! Elle termina son histoire au bord des larmes.

_Il faut que j'aille prendre l'air. Dit-il, abasourdit et en colère.

Peut-être la trouvait-il stupide de s'être laissé manipuler ainsi par ce monstre ? D'être devenu une voleuse à cause d'un pacte qu'elle n'était même pas sûre qu'il honore au final ? Mais c'était la seule chose qu'elle avait pu faire pour retarder l'échéance. Pour protéger sa sœur, et les habitants de son village. Même si ce n'était que sur une période de quelques années...

Zoro de son côté, profondément irrité, dû méditer pour se calmer. Une heure plus tard, il se sentit beaucoup plus calme et prêt à affronter de nouveau la jeune femme qu'il respectait au plus haut point désormais. Elle était si courageuse, tout ce qu'elle avait fait depuis son enfance était vraiment incroyable. Les sentiments étranges qu'il nourrissait déjà pour elle n'en étaient que renforcés. Après une telle découverte, il ne pouvait en être autrement. Cette fille qui lui avait accordé sa confiance en se risquant à tout lui avouer. Cette belle jeune femme au grand cœur, si douce et innocente dans le fond, malgré sa carapace... Sa prisonnière n'était qu'une victime, et il était de son devoir de l'aider, coûte que coûte ! Au diable le gouvernement qui n'a jamais rien remarqué sur la situation terrible dans laquelle se trouvait l'île natale de Nami ! Il prit une grande inspiration, emplissant ses poumons de l'air marin, puis retourna voir sa prisonnière. Ou plutôt, son ex-prisonnière.

Il ouvrit prudemment la porte de la cabine et la trouva là, assise dans la même position, le regard vide fixant le sol. Ses joues étaient encore humides. Il s'avança lentement jusqu'au lit, puis posa un genou à terre juste en face d'elle, avant de faire un geste d'une infinie tendresse, lui montrant à quel point elle était précieuse à ses yeux, à quel point il l'a respecté. Nami, fatiguée d'avoir autant pleuré ne comprit pas tout de suite ce qu'il faisait. Zoro était là, le genou à terre. Il déposa un baiser tendrement sur chacune de ses mains, l'une après l'autre avec révérences. Ensuite il releva la tête,sans pour autant lui relâcher les mains et plongea son beau regard gris dans le sien. C'était si... Étrange, et inattendu mais pourtant si réel. La rouquine était hypnotisée par son regard ardent, il exprimait tant de choses. De la compassion, de la tendresse, du respect et... Autre chose d'indéfinissable. C'est alors qu'il prit la parole, sérieux et déterminé.

_Nami...Je te promets que je ne vais pas simplement t'aider...

Déconcertée, elle le regarda avec autant d'espoir et d'affection qu'elle le pouvait, suspendus à ses lèvres. Il y avait tant de dévouement dans son regard. Il reprit enfin, plein d'assurance ne la quittant pas des yeux.

_Je vais te sauver !

À ses mots, son cœur s'emplit d'amour, de bonheur et de soulagement. Tans d'émotions en même temps, de nouvelles larmes ravinèrent le long de ses joues. Mais de joie cette fois, un immense poids se dissipa de ses épaules. Grâce à lui, l'homme qu'elle aimait désormais de tout son cœur. Elle lui sourit, soulager tout en essuyant les perles salées qui roulaient sur ses joues du revers de ses mains. Zoro se redressa pour lui caresser le haut de la tête comme à son habitude. La rousse balbutia tout en riant et sanglotant.

_Merci...

Il ne put résister à l'envi de la prendre une fois de plus dans les bras, c'était trop tentant.

_Arrête de pleurer...Murmura-t-il à voix basse.

Elle fit oui de la tête, de toute manière elle était presque à sec. Elle profita de cet instant de bonheur, abandonnée dans ses bras si réconfortants. Nami était heureuse, tellement soulagée qu'elle ne pouvait que lui sourire en retour. Elle n'en revenait toujours pas qu'il est accepté de l'aider, comment le remercier ?

_Zoro... Pourquoi es-tu aussi gentil ?...Tu disais que tu détestais les gens comme moi hier encore...

Étonné par sa question, il la dévisagea en fronçant les sourcils, puis lui répondit mi amusé, mi-attendri face à son expression si mignonne.

_Hier, tu étais encore la chatte voleuse, et je ne connaissais pas ton secret. C'est complètement différent aujourd'hui.

Elle parut satisfaite et lui offrit un sourire adorable.

Fin chapitre 3