Cela faisait maintenant plus d'une heure que l'épéiste s'entraînait avec ses sabres sous le regard plein d'admiration de certains membres de l'équipage, en particulier de celui de Nami. Elle avait beaucoup de mal à se concentrer, ne pouvant s'empêcher de le regarder suer face aux rayons du soleil. Il est si beau, et son corps musclé, luisant de sueur lui donner envie de passer ses mains partout dessus... La jeune femme secoua la tête, les joues en feu, quelle idée de penser à une chose pareille ! Bientôt, celui-ci interrompit son entraînement. Elle détourna le regard vers sa carte. Elle ne voulait pas être prise la main dans le sac à le lorgner, la bave aux lèvres.
Ce qu'elle ignorait en revanche, c'est qu'il l'avait déjà remarqué depuis longtemps, mais avait fait mine de ne rien voir. Maintenant plongée dans sa tâche, Nami ne fit plus attention au grand corsaire qui de toute façon était parti prendre une douche pour se rafraîchir. Tandis qu'il laissait le jet d'eau tiède retirer la transpiration de son corps, la voleuse occupée toutes ses pensées. La façon dont elle l'avait reluqué plus tôt. Cette lueur qu'elle avait dans le regard. De l'admiration sans doute ? Leur relation avait pris un grand tournant. Jamais, il n'aurait imaginé pouvoir s'attacher à une femme de la sorte. Bon sang. Une voleuse, une pirate. Bien sûr, elle avait volé, d'innombrables fois. Mais dans le seul but de sauver son île. Il n'osait même pas imaginer les traumatismes auxquels elle avait dû faire face durant toutes ses années. Il fut coupé dans ses réflexions lorsqu'il entendit quelqu'un entrer dans leur cabine. Sans doute Nami.
En effet, la rouquine était venue ranger sa carte ainsi que son matériel, avant d'attraper son petit carnet dans son sac pour griffonner quelques notes dessus. Allongée sur le ventre, elle n'entendit pas le sabreur quitter la salle de bains, et entrer dans la chambre. Il l'observa un moment tout en se séchant les cheveux, avant de se décider à prendre la parole.
_Que ce que tu fais ?
Surprise, la jeune femme sursauta en poussant un petit cri. Il arborait ce petit sourire en coin. Décidément, elle était beaucoup trop mignonne pour son bien. Nami fusilla le sabreur du regard.
_Arrête de sourire ! Je ne vois pas ce qu'il y a de si drôle à me faire peur !
Une moue contrariée, elle se détourna en le snobant et reprit ses notes, malgré les légères rougeurs sur ces joues. La réaction de la rouquine ne fit qu'augmenter l'amusement de Zoro, qui s'approcha ensuite pour s'asseoir devant elle. Il sentait bon le bois de santal.
_Détends-toi je ne me moque pas de toi...
Elle ne lui répondit que par un soupir las. L'intonation de sa voix était si apaisante. Le silence s'installa quelques minutes, durant lesquelles Zoro la regarda avec intérêt écrire sur son petit carnet. Il comprit vite qu'elle prenait des notes de navigation, et fronça les sourcils.
_Nami... Pourquoi tu prends des notes de navigation ? Demanda-t-il prudemment.
Chaque fois qu'il prononçait son prénom, son cœur s'emballait dans sa poitrine. Elle cessa d'écrire, puis lui répondit en fixant ses notes avec un air peiné.
_Parce que j'aime ça. Ce n'est pas pour lui...
Oui, après tout son rêve était de pouvoir dessiner une carte du monde entier. Faire le tour du monde en navire ! Mais cela ne resterait probablement qu'un songe. Une fois le "sauvetage,"de son île, il allait probablement la ramener à la Marine... Après tout, elle était coupable de nombreux méfaits. Un pincement au cœur, elle ne put résister à l'envie de lui poser la question.
_Zoro... ? Quand tu dis que tu vas m'aider... Que ce que tu as l'intention de faire exactement ?...
Le bretteur sourcilla.
_C'est simple, je vais débarrasser cette planète de ce sal... d'Arlong et de ses hommes...Dit-il de sa voix grave et si rassurante.
Elle ne réagit pas, même si elle lui en était très reconnaissante. Ce qui l'inquiétait pour le moment était tout autre... Elle se risqua à le lui demander sur le même ton.
_Et après... ?
Zoro, agacé qu'elle ne le regarde toujours pas dans les yeux, finit par tendre la main vers son visage pour lui prendre le menton doucement, la forçant à relever le visage. Celle-ci se laissa faire et planta enfin son doux regard dans celui ,insondable de Zoro. Son pouls s'emballa dangereusement.
_De quoi as-tu peur ? Demanda l'épéiste avec douceur.
Une lueur de tristesse traversa son regard. Elle baissa les yeux.
_ Je... Je sais bien que tu vas m'arrêter une fois mon village hors de danger... C'est juste que...
Elle fut incapable de terminer sa phrase, se mordant la lèvre. Ce geste le fit grogner. Il fronça les sourcils. Comment ça l'arrêter ? Il n'en avait pas l'intention, ou du moins, il n'en avait plus l'intention. Après tout elle n'était qu'une victime, et pas des moindres. Il soupira, puis s'agenouilla par terre à sa hauteur. Elle le regardait, désarçonné, son visage maintenant à quelques centimètres de celui de Zoro qui la couvait d'un regard sombre, accoudé sur le bord du matelas. Une bouffée de chaleur s'empara d'elle.
_Je crois que tu m'as mal compris... Je vais te sauver, tu seras libre, enfin... Tu seras toujours recherché par la Marine mais... À toi de faire ta vie ensuite. Dit-il paisiblement.
Ces paroles la touchèrent en plein cœur. Alors il ne voulait plus la faire prisonnière ? Mais une chose l'a contrarié.
_Tu ne peux pas faire une chose pareille. Tu dois m'arrêter. Rétorqua-t-elle d'un ton résolu.
Il pencha la tête dans l'expectative.
_Ne t'inquiète pas pour moi. Tu devrais plutôt t'inquiéter pour toi et ton avenir. Dit – il doucement, un petit sourire en coin.
Elle sourcilla, visiblement agacée, une rougeur rampant sur ses joues.
_Je n'ai jamais dit que je m'inquiétais pour toi ! Et ne me ment pas ! Smokeur nous a vus ensemble et si jamais il apprend que tu ne m'as pas ramené à la Marine il va tout raconter ! Tu vas avoir des ennuis, peut-être même que tu perdras ton titre de...
Il l'interrompit en posant son pouce contre ses lèvres, soutenant délicatement son menton dans une poigne virile.
_Nami... Je me fiche de la Marine et du gouvernement mondial... Je suis ma propre justice depuis toujours. Mon titre m'importe peu. Mais ça me rend dingue de savoir que personne n'a rien fait à propos d'Arlong alors que ça dure depuis tant d'années. Et je compte bien te sauver toi, et tous ces gens innocents. Et s'il faut que je devienne un hors-la-loi pour ça, je le ferai sans aucune hésitation !
Bouche bée, la jolie rousse avait les larmes aux yeux tellement elle était émue par ses paroles. Il semblait si sincère, si sûr de lui... Elle mourrait d'envie de l'embrasser, là tout de suite, son amour pour lui grandissait d'heure en heure, et cela lui faisait peur. Il n'y avait pas de mot pour exprimer ce qu'elle ressentait. Mince, comment en était – elle arrivait là ? Elle avait complètement craqué pour lui, alors qu'elle ne le connaissait que depuis quoi, deux jours? La jeune femme détailla son visage avec admiration. Il était beau, malgré la cicatrice qui barrait son œil. Il arborait des traits virils, une mâchoire carrée. Il émanait de lui une puissance silencieuse. Zoro pris conscience de la position pour le moins intime avec laquelle il la tenait. Ses grands yeux ambrés brillaient d'émotions. Ses joues avaient pris une jolie teinte rose. Et ses lèvres... Il scruta ses dernières avec avidité. Il glissa son pouce contre la chaire pulpeuse, se délectant de leur douceur. Un soupir tremblant s'en échappa. Il se rapprocha, attiré tel un aimant.
_Hum hum ...
Le couple sursauta, tournant la tête dans la direction de la porte. Ils découvrirent un membre d'équipage dans l'encadrure de la porte, affichant un sourire penaud.
_Navré de déranger, mais le dîner est prêt... La prochaine fois fermez la porte...
Sur ce, l'homme reparti, laissant une Nami écarlate et un Zorro légèrement embarrassé. Celui-ci se redressa en se raclant la gorge.
_Je sais par pour toi, mais moi, j'ai faim.
Elle l'observa se passer la main derrière la nuque, le regard fuyant. Ok, que venait-il de se passer à l'instant ? Oh bon sang ! Il était réellement sur le point de l'embrasser ! Nami se releva à son tour, encore chamboulée. Son petit cœur n'allait pas tenir le choque s'il continuait ainsi à la séduire, intentionnellement ou non. L'attirance entre eux était indéniable.
_Allons-y. Dit-elle, affichant un masque neutre, malgré le rougissement de ses joues.
Elle le suivit ensuite jusqu'à la cabine du capitaine pour dîner. Ils étaient privilégiés sur ce bateau. Durant le repas, Nami apprit qu'en réalité Zoro faisait souvent ses voyages à bord, car le capitaine était un bon ami à lui. Bien sûr, il refusait catégoriquement de se servir des bateaux de la Marine. Il préférait se débrouiller par lui-même. Yoichi était quelqu'un de très gentil et prévenant. Ils passèrent tous une excellente soirée, la rouquine était aux anges. Ils apprirent également que, finalement, ils devraient partager le lit car il n'y avait pas de futon disponible. Mais que d'après l'un des membres d'équipage, ça ne serait pas nécessaire de toute façon.
Nami était tellement embarrassée qu'elle n'avait plus osé regarder les deux hommes présents dans les yeux. Zoro s'était amusé à la taquiner après ça. D'ailleurs, il avait une bonne descente, elle ignorait qu'il était possible de boire autant de rhums sans finir la tête au-dessus de la cuvette des toilettes. Une fois repus, les deux jeunes gens souhaitèrent une bonne nuit au capitaine avant de rejoindre leur cabine. Zoro se déshabilla, tandis que Nami prenait une douche. Il s'installa en premier dans le lit, passablement fatigué de sa journée. L'alcool avait agréablement engourdi ses muscles.
Une fois propre, est son pyjama enfilé, constitué d'une simple chemise blanche, elle ressortit de la salle de bains doucement. Il était tourné face au mur, peut-être qu'il dormait déjà. Elle s'avança lentement jusqu'au lit, puis délicatement souleva le coin de la couverture, avant de se glisser en dessous. Bon sang, ils étaient vraiment à l'étroit. Avec la carrure d'athlète de l'épéiste, il ne restait pas beaucoup de place pour la jeune femme. Après avoir passé la majeure partie de la journée à pleurer, elle était exténuée, et ne tarda pas à tomber dans les bras de Morphée.
Le bretteur ne dormait pas, il avait du mal à fermer l'œil malgré la fatigue. Il se retourna vers Nami, sachant qu'elle dormait déjà, afin de l'admirer. Elle était si belle, paisible, sous la faible lueur de la lune. Heureusement qu'il y avait un hublot, sinon il n'aurait pas eu le plaisir de pouvoir l'observer à sa guise. Poussé par une envie folle, il lui caressa la joue tout en repoussant quelques-unes de ses mèches de cheveux. Il s'émerveilla de la douceur de sa peau. Elle portait une chemise trop grande pour elle, lui dénudant une épaule. Son regard vagabonda sur son corps découvert, avec un désir réprimé de la toucher. Soudain, elle s'agita un peu et murmura dans son sommeil avant de se tourner complètement vers lui.
_Hum... Zoro...
Il resta interdit un moment, le cœur battant. Il se détendit en voyant qu'elle dormait toujours à poing fermé. Un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres entrouvertes, comme il voudrait pouvoir y goûter. Il soupira et ferma les yeux pour se calmer, puis s'approcha pour lui donner un tendre baiser sur le front. Il avait beau être un gros dur, il n'était pas insensible à la belle voleuse. Elle s'agita, et il se figea, craignant de l'avoir réveillé. Mais ses craintes furent de courte durée, remplacées par la stupeur. En effet, la jeune femme était à présent blottie tout contre lui, tête nichée au creux de son cou. Il sourit, puis passa un bras autour de sa taille pour la serrer doucement contre lui et referma les yeux, respirant son parfum d'agrume. Il ne se reconnaissait plus. Bientôt il s'endormit et la rejoignit dans un sommeil profond, bercé par la douce respiration régulière de la jeune femme.
Le lendemain, la rouquine se réveilla tranquillement, elle se sentait si bien, pas moyen de sortir du lit maintenant. Attendez... Elle ouvrit de grands yeux en se rendant compte qu'elle était littéralement contre le torse de Zoro. Son cœur s'emballa, comment s'étaient-ils retrouvés dans cette position ! ? Il dormait toujours, elle n'avait pas envie de le réveiller... S'il se réveille, comment allait-il réagir ? Elle essaya de soulever le bras du sabreur, mais il était beaucoup trop lourd. Impossible sans risquer de le réveiller. Même quand il dormait il avait une telle force bon sang !
Elle soupira, puis finit par se rendormir dans la même position. Plus tard, lorsqu'elle se réveilla de nouveau, elle fut surprise de constater qu'elle était seule cette fois. C'est sans trop d'entrain qu'elle se leva, s'habilla puis quitta la cabine pour rejoindre le pont. Un peu plus tard dans la matinée, elle y croisa Yoichi qui lui sourit.
_Bonjour Nami, J'espère que vous avez bien dormi ?
_Oui merci beaucoup capitaine. Dit-elle en lui rendant son sourire.
_Nous serons bientôt sur l'île d'Alabasta, d'ici 3 jours environ. J'espère que vous ne vous ennuyez pas trop, c'est vrai qu'il n'y a pas grand-chose à faire à bord...
Soudain, le monde se retrouva dans le noir complet. Les membres de l'équipage s'agitèrent alors que le Capitaine essayait de leur donner les directives tout en les rassurant. Nami connaissait ce type de phénomènes, c'était dangereux car le navire pouvait percuter n'importe quoi sans visibilité. C'était une sorte de trou noir, ou aucune source de lumière ne pouvait filtrer. De plus, certaines créatures nocturnes se servaient de ce phénomène pour attaquer les bateaux. Heureusement, elles ne vivaient pas dans cette partie de l'océan. Le navire jeta l'ancre le temps que tout redevienne normal, et que le phénomène disparaisse. On était jamais assez prudent. Yoichi pria Nami de se mettre à l'abri. Celle-ci accepta sans broncher, se demandant où était passé Zoro.
Elle entreprit de longer le mur le plus proche pour trouver l'entrée, mais trébucha sur quelque chose, ou quelqu'un. Elle glapit de douleur.
_Nami... ? C'est toi ?
Cette voix, elle la reconnaîtrait entre mille. Soulagé, elle tata de ses mains pour le trouver.
_Zoro !
Il n'eut pas le temps de répondre qu'il sentit une main se poser sur sa botte. La jeune femme posa sa deuxième main sur quelque chose qui a ressemblé à un bras. Zoro tendit aveuglément la main à son tour, cette dernière atterrissant sur le ventre de Nami. Pour une fois qu'il avait un prétexte pour la toucher, il ne va pas s'en priver. Au contact des doigts vagabonds du sabreur, Nami sentit une bouffée de chaleur l'envahir.
_Reste là le temps que la lumière revienne, c'est plus sûr.
Sans attendre de réponse de sa part, il l'attrapa par les hanches, puis l'attira près de lui d'un geste habile. Elle retint un hoquet de surprise. Elle se retrouva agenouillée entre ses jambes, les doigts crispés sur ses larges épaules. Oh bon sang ! Elle déglutit.
_Tu t'es fait mal en tombant ? Lui demanda-t-il,inquiet.
Son souffle frôla ses lèvres à chacune de ses paroles.
_Euh... Non... Balbutia-t-elle, son rythme cardiaque s'accélérant dangereusement.
Elle était loin d'imaginer dans quel état il se trouvait. Oui, il savait. Il lui suffisait de s'avancer de quelques centimètres pour l'embrasser... Aucun des deux ne bougea, comme paralysés. Nami se mordit la lèvre pour résister à cette envie stupide et dangereuse. Elle tourna la tête sur le côté pour échapper à cette torture. Ses cheveux vinrent chatouiller le nez de Zoro dans le mouvement. Il ne résista pas longtemps avant de recoiffer les mèches rebelles derrière son oreille, en s'attardant le long de sa gorge du revers de la main. Elle frissonna sous ses caresses, étonnée par sa témérité.
_Je t'ai connu moins timide... C'est le noir qui te fait cet effet-là ? Depuis quelque temps tu perds facilement tous tes moyens face à moi. Dit-il d'une voix suave.
Nami prit la mouche, et lui rétorqua avec beaucoup plus d'assurance même si intérieurement, elle n'en menait pas large.
_Et toi, tu ne devrais pas profiter de la situation !
Il ricana, jouant du pouce au-dessus de la ceinture de son jean contre sa peau.
_ C'est dangereux de monter tes faiblesses face à un homme. Et je sais que tu as peur de moi, tu me l'as suffisamment démontré comme ça...Rétorqua-t-il en jouant du pouce au-dessus de la ceinture de son jean contre sa peau.
Elle retint son souffle sous la stupeur, ayant de plus en plus de mal à se concentrer sous ses attouchements subtils, mais dévastateur. Cette déclaration sonnait comme une affirmation, et elle savait pertinemment qu'il avait raison. Finalement le fait qu'elle ne puisse pas voir ses yeux, qui avaient tendance à la déstabiliser en temps normal était une bonne chose. Elle le repoussa par les épaules contre le mur, venant à son tour parler au creux de son oreille.
_Tu ne me fais plus peur... Rétorqua-t-elle avec conviction, avant d'ajouter en prenant le même ton séducteur. Ne me provoque pas, je sais très bien comment jouer avec les hommes...
Elle laissa glisser ses mains sur le haut de ses bras puissant pour illustrer son propos, avec une lenteur calculée. Merde, il déglutit, frissonnant de plaisir sous son toucher plumeux. Son souffle chaud venant effleurer son oreille à chaque expiration.
_Dois-je te rappeler que la dernière fois que tu as essayé de me séduire je suis resté de marbre ? Dit-il un ton plus grave et provocateur.
Nami se mordit la lèvre, réprimant une injure, passablement vexé.
_Tu veux parier ? Un homme reste un homme. Protesta la jeune femme en reculant de façon à se retrouver face à lui. Elle porta sa main sur sa joue balafrée avec douceur.
_Je sais parfaitement que tu fais exprès de me provoquer... On dirait même que tu n'attends qu'une chose... Roucoula-t-elle tout près de ses lèvres, aguicheuse.
Bordel, elle était vraiment douée pour l'allumé. Ses sentiments pour elle l'avaient rendu plus que réceptif à ses charmes. Il dut se faire violence pour ne pas se jeter sur ses lèvres.
_C'est dangereux de jouer avec le feu... Grogna-t-il pour toute réponse en agrippant l'arrière de sa cuisse d'une poigne ferme, comme pour se donner contenance et ne pas se jeter sur elle.
Elle haleta, la prise de sa main propageant une agréable onde de chaleur dans tout son corps. Cette petite démonstration virile l'excita plus que de raison. Percevant le changement dans son comportement, elle sourit dans le noir. Était-il inquiet à présent ?
_Que ce qui se passe... ? Tu perds le contrôle, chasseur de prime... ? Murmura-t-elle, taquine en écrasant d'avantage sa poitrine contre son torse innocemment.
Il grogna, les muscles tendus. Sentir son corps voluptueux s'écraser contre lui était une véritable torture.
_Nami... Avertis l'épéiste en enfonçant ses doigts inconsciemment dans la chair tendre de sa cuisse. Il l'attrapa par le bras un peu trop brusquement, les doigts de celle-ci s'aventurant dangereusement bas vers ses abdos.
Elle se crispa, la colère s'emparant d'elle.
_Quoi ! ? Le jeu est déjà terminé ! ? Ne commence pas quelque chose que tu n'es pas capable de terminer !
Elle le repoussa vivement, échappant à son emprise dans la foulée, sa hargne toute retrouvée.
_Espèce de salaud ! Tu fais tout pour me provoquer mais dès que monsieur en a assez, il devient agressif et impose ses règles ! Tu t'amuses bien avec moi hein ! ? Je ne suis pas un jouet !
Sur ces belles paroles, elle se releva avant de s'éloigner rapidement à tâtons. Zoro resta sous le choc, et sentait déjà les remords peser sur sa conscience. Et merde ! Il savait qu'il n'aurait pas dû faire ça. Et finalement, ça avait bel et bien mal tourné. Non mais quelle imbécile ! Il l'avait blessé, même s'il n'en avait pas l'intention. Elle avait raison. Il n'avait pensé qu'à lui.
Soudain, la lueur du jour réapparut, coupant le sabreur dans ses réflexions. Il plissa les yeux en se redressant, la lumière agressant ses yeux restés trop longtemps dans l'obscurité. Durant toute la journée, Nami évita le chasseur de prime, qui préférait l'observer de loin, avec l'envie de la prendre dans les bras pour s'excuser. Mais sa stupide fierté n'aidait en rien à la situation. S'excuser, une chose bien plus compliquée qu'il n'y paraissait pour lui. Ce n'est que le soir venu que Nami fut obligée d'aller dîner avec le capitaine, et donc en présence de Zoro. Elle évita soigneusement son regard au maximum. Une chose était sûre, l'ambiance n'était pas aussi enjouée que la veille. Elle n'en resta pas moins souriante vise à vis du capitaine du navire. Ce dernier n'émit aucun commentaire sur l'étrange comportement du couple ce soir-là.
La lune était pleine, lumineuse et source d'apaisement. Nami était assise, la tempe contre la rambarde. Le clapotis des vagues était la seule chose que l'on pouvait entendre. Il faisait froid, mais elle s'en fichait, plongée dans la plénitude du moment. Elle ignorait quelle heure il est, sans doute tard dans la nuit. Elle ne savait pas comment confronter Zoro. Tout cela était ridicule, de toute façon s'attacher à lui était une mauvaise idée depuis le départ. Évidemment, si l'on pouvait contrôler ses sentiments, les choses seraient bien plus simples. Elle poussa un soupire lasse, puis attrapa la photo dans la poche de son jean. Les rayons lunaires étaient assez vifs pour qu'elle puisse distinguer le portrait de sa sœur. La mélancolie s'empara bientôt de son cœur.
_C'est ta sœur ?
La jeune femme sursauta, surprise en se tournant vers l'intrus. Zoro était accoudé avec nonchalance contre la rambarde, le regard perdu dans le ciel étoilé. Nami poussa un petit soupire avant de remettre la photo à sa place.
_Oui... Murmura-t-elle en levant le regard vers les étoiles également.
Un agréable silence s'ensuivit.
– Je suis désolé. Dit-il finalement après quelques minutes de calme. Il n'avait pas bougé, l'air serein.
Elle lui jeta un regard morne, puis se détourna en ramenant ses genoux contre sa poitrine.
_Ne recommence plus jamais. Surtout si tu n'es pas capable d'aller jusqu'au bout. Trancha-t-elle froidement, même si son expression n'avait rien de glacial. Elle semblait plutôt détachée.
Zoro tiqua. Qu'entendait-elle par là ?
_ Est-ce que c'est une façon détournée de me dire que tu serais d'accord à condition qu'on couche ensemble ? Demanda-t-il, abasourdit.
Nami se crispa, interdite. Ok, ce n'était exactement ce qu'elle voulait dire.
_Non ! S'écria-t-elle précipitamment, le rouge lui montant aux joues.
_Ce que je voulais dire... Je ne tolère pas que l'on puisse jouer avec les sentiments des autres. Et puis... Oui, si tu commences quelque chose, il faut aller jusqu'au bout. Je ne voulais pas parler de moi spécifiquement... Balbutia-t-elle maladroitement sans oser le regarder, resserrant ses bras autour de ses jambes.
Elle sentait le regard du bretteur peser sur elle. Cette discussion était franchement embarrassante. Soudain, un poids chaleureux se posa sur ses épaules. Surprise, elle tourna la tête pour constater qu'il s'agissait du manteau vert de Zoro. L'odeur familière de musc et de bois de santal l'enveloppa, attisant son envie de s'y blottir sans réserve. Mais au lieu de cela, elle regarda dans sa direction. Il était penché, les mains rajustant le tissu sur les épaules de la jeune femme, l'air concerné.
_Tu vas attraper froid...Dit-il simplement pour expliquer son geste, avant de s'asseoir à côté d'elle, torse nu, comme si c'était tout à fait normal.
Elle détourna le regard en se mordant la lèvre. Elle aimerait tellement pouvoir le regarder à loisir, le toucher, l'embrasser... Elle se traita mentalement d'idiote, puis attrapa les bords du manteau pour les rabattre autour de ses jambes en soupirant de soulagement. Il était chaud, et sentait comme lui, c'était tellement agréable. Presque comme si c'était lui qui l'enlaçait dans ses bras. En voyant la jeune femme emmitouflée dans son manteau, assurément beaucoup trop grand pour elle, Zoro ne put réprimer un sourire en coin. Elle semblait si vulnérable, malgré son caractère de cochon. En tout cas, le message était passé.
_Nami, je ne joue pas avec les femmes. J'ai toujours été très clair dans mes intentions, et je n'ai jamais entretenu de relation avec aucune d'entre elles. Dit-il très sérieusement.
La rouquine ne répondit pas. Un fichu pincement au cœur la déstabilisa autant que cette déclaration. Elle n'avait aucune envie de savoir avec combien de femmes il avait couché.
_La dernière chose que je souhaite, c'est de te blesser. En aucune façon. Continua-t-il sur le même ton poser avec un peu plus de douceur.
_C'est bon j'ai compris... N'en parlons plus. Rétorqua-t-elle calmement pour couper court à la discussion.
En réalité, elle n'était pas certaine d'apprécier ou cette conversation les menait. Soit, il s'évertuait à lui faire comprendre que ce qui s'était passé ce matin était une erreur. Et qu'il regrettait son comportement. Ce qui était bel et bien blessant, même si elle avait du mal à l'admettre. Soit, il essayait de lui dire que de toute façon, il n'était pas du genre à avoir de relation sérieuse. Les choses avaient déjà tellement vite dérapé entre eux. Il fallait qu'elle prenne ses distances. Sans lui laisser le temps de répliquer, elle se mit debout avec agilité.
_Je suis fatigué, je vais me coucher. Dit – elle placidement, comme si le poids dans sa poitrine n'existait pas.
Elle lui jeta un regard par-dessus l'épaule avant d'ajouter, avec une certaine tendresse, la douleur transparaissant dans son regard.
_Merci pour le manteau.
Après un sourire forcé, elle s'éloigna sans un regard en arrière.
Fin chapitre 4
