Gibbs et Tony se parlent. C'est une question d'équilibre ...
Voici le chapitre III. Il est l'un des chapitres que je préfère dans "Initiales". C'est peut-être un peu narcisique mais pour une fois que je suis fière de ce que je fais... Enfin, à vous de lire et de me dire...
Chapître III
Question d'Equilibre
Voiture. Direction le NCIS. 12h19.
Pendant que Tony récupérait l'ordinateur en salle informatique, Gibbs avait discuté avec les membres de la sécurité. Malheureusement, il n'avait pas appris grand chose. Aucun évènement particulier à signaler. Enfin, ça lui avait tout de même permis d'exclure toute participation du personnel. Bien sûr, une vérification serait tout de même faite. Il voyait bien McGee s'en charger. "Il sera ravi de s'y coller, j'en suis sûr," pensa Gibbs, le sourire aux lèvres.
Désormais, ils étaient en route pour le NCIS. Tony avait allumé la radio, la musique était un bon moyen de penser à autre chose et puis il savait que Gibbs était en train de réfléchir. Pour une fois, il ferait silence. Tony avait raison, Gibbs essayait d'énumérer ce qu'ils avaient à faire et qui il chargerait de ça mais il dut se rendre à l'évidence, il s'efforçait surtout de ne pas aborder un sujet : La mort de Donahue. Il avait voulu le faire bien avant mais c'était facile de remettre à plus tard : une enquête, un dossier, un terroriste, ... Mais là, il ne pouvait et ne devait pas le faire. Tony et lui en avaient besoin mais Tony parla avant lui :
- Hé, j'adore cette chanson ! Lifehouse est un bon groupe et Trying est fantastique. J'ai bien fait d'allumer la radio. C'est du repos pour toi vu que je ne parle pas à moins que je ne me mette à chanter. Je pourrais ...
- DiNozzo ?
"Ne recule pas. Vas-y ! " pensa Gibbs.
- Tu veux que je me taise ? C'est ça ? dit DiNozzo, sans quitter la route des yeux.
- Non, c'est pas ça. En fait, on en a jamais vraiment parlé. Tu es arrivé dans l'équipe et on ... j'ai ignoré ce qui t'y avait amené. Tu n'as jamais eu aucun reproche à ce niveau-là...
- Attends, Gibbs ! Je ne te suis pas très bien ? Et je ne le fais pas exprès, dit Tony.
Il tourna la tête vers Gibbs, en souriant, tout en pensant : "Son patron et les discours. C'est toujours intéressant."
- Donahue, Tony !
Tony revint à la route, plus pour éviter le regard de Gibbs que pour leur sécurité. Et Gibbs continua :
- Je me suis toujours demandé pourquoi tu ne m'en voulais pas ?
- Pourquoi t'en aurais-je voulu ?
Gibbs était prêt à répliquer mais Tony reprit la parole :
- Tu es venu à l'enterrement d'Albéric et tu m'as donné le brouillon de ce rapport, qu'il n'a jamais rendu, et les photos aussi ...
... FLASH BACK
"Je suis là, debout derrière le fils et la femme d'Albéric, une main sur l'épaule de cette dernière et je retiens ma rage. D'abord contre l'assassin mais aussi contre ceux du commissariat et encore plus du département. Peu sont venus et ceux qui sont là ne respectent rien, même pas eux-mêmes. Albéric aurait mérité tellement plus. Bien sûr, tout est parfait : les fleurs, le cercueil et tout est prêt pour la réunion à la maison. Je m'en suis assuré. C'est la seule chose que je pouvais faire pour Donahue.
Malgré la chaleur insoutenable, je ne ressens rien. Je sais que je n'arriverais pas à lui dire Aurevoir. Rien n'est terminé. Il faut que je trouve un moyen. Je ne trouverai plus jamais quelqu'un qui me fera me sentir à ma place. D'ailleurs où est-elle ma place ? "
Au moment où le cercueil descend, Tony relève la tête et regarde au loin, il veut aller plus loin que toutes ces pierres tombales et parvenir, comme toujours, à contenir ses sentiments sous un masque. Et là, son regard s'arrête sur une personne en retrait : L'Agent Spécial Gibbs.
"Pourquoi est-il là ? " Aujourd'hui, Tony sait que cet homme a tout tenté pour sauver Donahue mais qu'il n'y a eu personne pour l'écouter.
Après avoir raccompagné Daphnée, la femme d'Albéric et leur fils à la voiture, Tony se dirige vers Gibbs.
- Agent Spécial Gibbs ?
- Condoléances.
- Merci, mais je ne comprends pas pourquoi vous êtes là ?
- C'est pour vous, dit Gibbs, en tendant une enveloppe.
- Qu'est-ce que c'est ?
- C'était au milieu des dossiers de Donahue. Je me suis dit que ça vous revenait.
Gibbs voit Tony ouvrir l'enveloppe et se figer en découvrant les clichés de lui et d'Albéric puis s'attarder sur le papier. Il s'agit d'un rapport d'évaluation au sujet de sa promotion qu'Albéric n'a jamais remis. Inévitablement, Gibbs a lu le début mais il s'est arrêté très vite en comprenant que ça ne peut être lu que par DiNozzo. Jethro a, tout de même, eu confirmation de sa première impression. Voilà ce qu'on peut y lire :
"Anthony mérite évidement de recevoir cette promotion. Beaucoup, pour ne pas dire tous ses collègues, se sont laissés aveugler par le sourire qu'il affiche. C'est un masque comme un autre. Il a été un coéquipier de premier ordre, il me reste à espérer qu'il trouvera sa véritable place. Anthony mérite la paix."
Tony relève la tête et fixe Gibbs sans voix. "Peut-être ai-je trouvé un moyen ?" ...
... Fin du FLASH BACK.
- Je ne suis pas arrivé à te le dire ce jour-là, mais je te remercie de me les avoir donnés. Si c'étaient ceux de la brigade qui les avaient trouvés soit ils les auraient placardés partout ou alors brûlés pour me l'annoncer après. Et puis, si je n'en parle jamais, c'est parce que c'est moi le responsable, c'est ma faute. Il m'avait appelé et je ne suis pas arrivé à temps. Je n'ai pas été là pour lui alors que lui ... Et depuis ma promotion, Albéric patrouillait seul.
- Tony ! C'est ...
DiNozzo tourna son visage vers Gibbs.
- J'avais les bonnes initiales, n'oublie pas et les précédentes victimes avaient toutes plus ou moins trente ans.
Puis comme s'ils avaient échangé une banalité sur le temps, Tony revint à la route. Il était un as pour enfouir ses sentiments, même les plus douloureux et personne ne s'en rendait compte. Alors qu'en revanche, Tony devinait assez bien ceux des autres et Gibbs n'y échappait pas. Même si ça l'énervait au plus haut point, Tony mettait souvent dans le mille, parvenait à le cerner et, par une phrase, il le lui faisait comprendre forçant Gibbs à revoir son comportement envers son entourage. Qui d'autre y était arrivé à part DiNozzo ?
- Tu n'es pas sérieux quand tu dis ça ?
Gibbs n'en revenait pas, tout ce temps, il avait cru à ce fossé entre eux mais en fait si Tony n'en parlait jamais, c'était parce qu'il pensait que c'était sa faute. Il n'aurait jamais pu l'imaginer. Tony ne cesserait jamais de l'étonner.
- Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ?
- Pas la peine de t'ennuyer avec ça. Je sais que c'est irrationnel, que ça ne repose sur rien, que le seul responsable c'est Delmonico mais c'est plus fort que moi. C'est mon problème.
- Tu ne m'aurais pas ennuyé. Je suis là, même si ce n'est pas toujours évident.
- Je ne veux pas être un poids, je ne peux pas me le permettre.
Et le silence se fit dans la voiture.
Tony était touché par les paroles de Gibbs mais c'était marqué au fer rouge dans sa chair. Depuis qu'il était enfant, on le cataloguait dans la catégorie des comiques, du beau parleur, celui qui n'arriverait jamais à rien par lui-même et de qui on ne sera jamais fier. Et chaque fois qu'il avait essayé de se démarquer, on s'était moqué de lui, réduisant ses efforts à rien ou en minimisant ce qu'il avait accompli. Alors il en avait pris son parti, ils voulaient que Anthony DiNozzo sourie sans arrêt et bien se serait chose faite.
Avec Donahue, c'était différent, lui il le voyait. Il pouvait être lui-même. C'était pourquoi, il avait tellement perdu.
Gibbs ne s'en rendait pas compte mais Tony ne pourrait plus se passer de son boulot au NCIS. Quand il souriait, ce n'était plus uniquement un masque, il était bien, il était lui-même. Il avait trouvé sa place tout en sachant combien il lui restait à apprendre et aujourd'hui, Tony redoutait le jour où Gibbs en aurait assez de lui.
Tony venait de se garer. Comme il ouvrait la portière, Gibbs lui dit :
- Je n'ai pas l'habitude de laisser tomber les gens et tu n'es pas n'importe qui.
- Merci, Boss, dit Tony.
Et sans se retourner, il sortit de la voiture. Ce que Gibbs venait de dire était tout ce qu'il attendait de sa part. Tony savait aussi très bien que Gibbs n'avait pas l'habitude des grands mots. Là, il préférerait sûrement qu'ils reprennent leur attitude normale, ne pas en faire toute une histoire.
Gibbs sortit à son tour de la voiture.
- Bon, j'apporte l'ordinateur à Abby. Souhaite-moi bonne chance, dit Tony.
- Oui, ok ! Bien. Je remonte voir Kate et McGee.
Et chacun fit ce qu'il avait à faire. Une nouvelle étape venait d'être franchie. Une étape qui leur permettrait peut-être de faire face aux épreuves qui les attendaient.
