Une fin du monde que Tony défie ...

Un peu de suspense et beaucoup de sentiments, enfin je crois... Merci pour les commentaires et bonne lecture.

Chapître VIII

La Fin du Monde

Quartier Général du NCIS. 10h05.

Kate secoua la tête après avoir raccroché le combiné et constata que Tony continuait à faire les cent pas.

- Ce n'est pas normal que Gibbs ne soit pas encore là. Il nous aurait prévenus...

- Je sais, dit Kate.

Anticipant la réaction de Tony, elle prit sa veste.

- On a attendu assez longtemps. Cette fois, on y va. Allez, dépêche !

Malgré la conduite de Tony encore plus Formule 1 que d'habitude, Kate n'avait rien dit. Déjà que Gibbs n'arrivait jamais en retard mais en plus, il ne répondait pas au téléphone.

Tony avait cette impression qui ne le quittait plus depuis hier, cette impression de ne rien contrôler. Il avait déjà ressenti ça avec Delmonico quand Gibbs et lui l'interrogeaient afin de monter le dossier qui permettrait aux officiers du Jag de l'envoyer en prison pour toujours. Tony se souvenait de chaque minute. Ils devaient faire selon les désirs de Delmonico et ce dernier s'en amusait beaucoup ...

... FLASH BACK

Tony entre dans la salle où Delmonico l'attend.

- Oh, qui voilà ! C'est votre tour, aujourd'hui.

- Non, j'ai perdu à la courte paille.

- Toujours aussi drôle !

Tony prend place en face de lui, avec les dossiers et son carnet de notes.

- Comment va votre bras ?

- Laissez mon bras tranquille et on ne parlera pas du joli trou que vous avez dans la main.

Devant le silence de Delmonico, Tony reprend :

- Parlons plutôt de votre père.

- Vous n'avez pas compris, il n'a rien à voir là-dedans, je l'ai fait par pur plaisir. Mon père m'a juste fourni des critères de sélection. Pourquoi aller chercher plus loin quand on a tout sous la main ? Je préférerais que vous et moi parlions de Donahue. J'ai appris pour vos patrouilles.

Tony relève la tête : "Ne pas lui sauter dessus. Gibbs m'a prévenu que c'est tout ce que Junior veut."

- J'ai tout de suite l'attention de mon agent spécial aux belles initiales. Je vous ai déjà dit combien j'étais impressionné par la façon dont vous m'avez arrêté. C'était audacieux. Vous formez une bonne équipe avec Gibbs... Vous ne dites rien ?

- J'attends juste la fin de votre délire et là, on pourra avancer.

- Une dernière chose et puis je suis à vous, je promets.

- Allez-y !

Delmonico se fixe sur le bras de Tony.

- Vous avez beau m'avoir arrêté, rien n'est terminé entre Gibbs, vous et moi.

Il regarde Tony dans les yeux puis continue :

- Vous avez abandonné votre ami et vous êtes destiné à recommencer, je vous le prouverai ! Et pour finir, je vous prendrai vos initiales. Elles finiront par être à moi.

- Bon, c'est fini, Junior ?

- Ne m'appelez pas comme ça !

Et c'est ainsi, avec quelques variantes, tout de même, que les interrogatoires commencent.

Dire que c'est en parlant de la sorte que notre Chasseur d'Initiales est parvenu à obtenir la folie au tribunal. En fait, les psys n'ont pas voulu croire à cette froide sincérité. La mise en scène, ainsi que l'acharnement du détail, ne peut être l'acte que d'un fou ...

... Fin du FLASH BACK

"Bien sûr, je restais impassible autant pour Delmonico que pour ceux qui m'observaient, derrière la glace sans teint, mais tous ces moments, chacune des paroles ainsi que le procès sont gravés en moi et malgré le temps, je ne suis pas parvenu à m'en débarrasser. Je détestais déjà l'emprise qu'il avait sur moi et je le déteste plus encore aujourd'hui."

Face à tous ces souvenirs, Tony appuya de nouveau sur l'accélérateur.

Dès que la maison de Gibbs fut en vue, Kate vit la voiture de son patron avec le capot relevé. Gibbs était au volant. Elle tourna la tête vers Tony mais elle ne vit aucun soulagement sur le visage de ce dernier. Dès qu'ils furent garés, ils sortirent de la voiture.

- Dire que tu étais à l'heure aujourd'hui ! dit Kate, à l'intention de Tony.

Et ce fut au moment où elle referma la portière qu'une explosion retentit et la plaqua contre la voiture. Instantanément, elle se retourna et cria :

- GIBBS !

Après l'explosion, Kate était restée assisse à terre sans pouvoir bouger, elle avait le regard fixé sur les flammes. Elle n'arrivait pas à réaliser. Elle l'avait perdu... Elle avait tout de même vu Tony courir vers la voiture et rester debout devant les flammes et même quand les pompiers étaient arrivés, rien n'avait pu le faire bouger. Elle avait pu l'entendre donner des directives pour que tous les indices soient relevés et amenés au NCIS.

Les lances à eau venaient de cesser leur ballet quand Tony vint vers Kate. Il la prit par les épaules et l'obligea à se relever.

- Regarde-moi, Kate ! Ne regarde pas la voiture. Regarde-moi !

Kate parvint à se fixer sur Tony et hocha la tête.

- Ce n'était pas Gibbs. Tu m'écoutes ? Ce n'était pas Gibbs. Il faut que tu en sois sûre.

- Comment tu sais dire que ...

- Toi aussi, tu le sais. Tu l'aurais senti. Delmonico a eu tout son temps en cellule pour ça. Il me l'a dit : "J'aurais pu te prendre bien plus que la première fois."

- Justement s'il a dit ça...

Kate n'arrivait plus à parler, elle n'avait plus de force et des larmes se mirent à couler sur ses joues.

- Nous ne l'avons pas perdu. Junior veut que je l'abandonne comme j'ai abandonné Albéric. Que je retrouve son cadavre... Kate ? J'ai besoin de toi ! Tu es avec moi ? Sinon, je n'y arriverais pas.

- Je suis avec toi. On va le retrouver.

- On rentre et on trouve l'endroit où il est. Il attendra au moins minuit.

Le trajet en voiture fut calme et silencieux. Tony conduisait, il savait que Kate avait besoin de se retrouver. Il savait qu'elle était encore anesthésiée par ce qui s'était passé, elle avait eu l'air de l'écouter et de lui faire confiance. Et pourquoi ? Pourquoi était-il si sûr que Gibbs était vivant ? Il n'avait aucune preuve. Ils étaient trop loin de la voiture pour voir qui était au volant avec certitude, mais si son esprit d'ancien flic et d'agent du NCIS lui disaient qu'il divaguait complètement, son coeur lui affirmait que son patron était vivant. Et il avait décidé de suivre son coeur.

En recevant l'appel de Donahue, ce soir-là, il avait ressenti un froid glacé le traverser, bien avant d'arriver sur les lieux. Et ici, jamais la pensée de la mort de Gibbs n'avait traversé son esprit et encore moins son coeur. Il était aussi proche de Gibbs que de Donahue, peut-être même plus et c'était également le cas pour Kate, Ducky, Abby et McGee, même si ça resterait une certitude muette entre eux. Peu importait qu'on le croie, qu'on le prenne, une fois de plus, pour un drôle de spécimen, du moment qu'on lui venait en aide. II n'avait que douze heures pour le retrouver. Il se tourna vers Kate :

- Kate, je sais que tu dois penser que je divague mais ...

Elle plaça sa main sur la sienne.

- J'ai confiance. J'ai toujours eu confiance.

Quartier Général du NCIS. Morgue. 12h25.

Arrivés au NCIS, ils étaient directement descendus à la morgue. Avant de franchir les portes, ils virent Ducky devant le sac en plastique noir qui contenait ce qui restait du corps prélevé dans la voiture.

Tony vit le bras de Ducky se diriger vers la fermeture éclair mais retomber avant d'y être arrivé. Tony entra et se dirigea vers la table pour se placer de l'autre côté, de manière à faire face au médecin légiste. Ducky avait maintenant les doigts sur l'ouverture. Tony plaça sa main sur la sienne pour le stopper.

- Ducky !

Il releva la tête pour voir le regard déterminé de DiNozzo.

- Ce n'est pas Gibbs, tu m'entends !

Ducky entendit la phrase résonner dans la pièce et elle sonnait vrai. Ce n'était pas une illusion que Tony essayait de maintenir pour tenir le coup.

- Je sais que je n'ai pas de preuve et que ...

- Le test ADN le prouvera.

- Merci, dit Tony, avec un immense soulagement dans la voix.

La porte s'ouvrit et McGee fit son entrée. Il était clair qu'il avait couru. Tony lui fit signe d'approcher.

- J'ai dû encore tout comprendre de travers, n'est-ce pas ? dit-il, tout en essayant de reprendre son souffle. Il n'est pas ... Dis-moi que je me trompe, continua McGee, à l'adresse de Tony.

- Tu te trompes, Bizut. Gibbs est vivant et on va le retrouver. Mais si tu le répètes à quelqu'un d'autre, on te prendra pour plus fou que tu n'es déjà et nous avec, donc ça reste entre nous.

- D'accord.

Tim n'avait pas besoin de plus.

- Ca va me faire mal de te dire ça mais tu as raison pour Gibbs.

- Bien, McGee. Donahue est en sécurité ?

- Oui, il y a deux agents avec lui.

- Bon, j'ai besoin que tu centralises les recherches sur les explosifs afin qu'on puisse déterminer le moyen de mise à feu. Comment Delmonico a-t-il su qu'on venait d'arriver ?

- C'est parti.

- Ducky, tu nous préviens dès que tu as du nouveau pour l'ADN ?

- Sans problème.

- Kate, tu remontes avec McGee pour voir le premier rapport des pompiers, ils m'ont assuré qu'ils allaient faire le plus vite possible. Je vais voir Abby.

Ducky regarda Kate et McGee prendre l'ascenseur tandis que Tony s'avançait vers les escaliers. Avant qu'il n'ait franchi la porte, il se retourna vers Ducky :

- Ca va aller ?

- Oui, Anthony. Et toi !

- J'irai bien quand il sera revenu. Sinon, qui arrivera à me faire taire ! dit Tony, en essayant de sourire.

Ducky hocha la tête.

- Ducky ?

- Oui ?

- Je vais y arriver cette fois. Quoi qu'il m'en coûte !

Ducky regarda la porte se refermer sur Tony. "C'est par cette porte qu'il est arrivé la première fois. Qui aurait pensé ça ? Ou peut-être que si tout compte fait ? Il y avait comme une évidence à sa présence ici ?" ...

... FLASH BACK

Ducky vient de finir de rassembler les affaires de l'officier Donahue. On l'a prévenu que le fourgon de transport funéraire allait arriver. Les gens pensent qu'après tant d'années, une autopsie est chose banale et même facile. Bien sûr, il n'y a plus de cas qui l'impressionne mais ce n'est pas, pour autant, plus facile. Même avec le temps, les visages restent. Les vies perdues et tous ses bonheurs volés, ... Et cet officier n'échappe pas à la règle. De plus, ils ont été si près de le sauver. Les antécédents qu'on lui a remis, montrent un officier exemplaire. Ducky entend la porte des escaliers s'ouvrir.

- Excusez-moi ! Je ne comprends rien à votre ascenseur ! Alors, j'ai pris les escaliers.

- Je le vois.

- Oui, enfin voilà, je viens chercher les affaires d'Albéric Donahue.

- Je les aurais remis aux ...

- Je sais mais je préfère les prendre.

- Comme vous voulez. Je viens justement de finir de les emballer.

- Anthony DiNozzo.

- Docteur Mallard. Gibbs m'a parlé de votre première rencontre.

Il se retourne, prend le sac et le tend au jeune homme.

- C'est tout ? C'est tout ce qui reste alors ...

- Vous étiez coéquipier ?

- Nous l'avons été, oui.

- On le reste toujours, n'est-ce pas ?

- Oui, dit Tony, le regard fixé sur le sac.

- Vous voulez le voir ?

Tony relève la tête. Mi-surpris, mi-intrigué.

- Non, vous savez, je sais ce que fait une autopsie.

- Je fais bien mon travail.

- Je n'en doute pas, je ...

Il y a quelque chose chez cet homme qui fait croire à Tony qu'il peut avoir confiance et il finit par dire :

- D'accord, oui.

Ducky s'approche d'un des tiroirs, l'ouvre et sort le chariot. Il sent que le jeune en a besoin même s'il ne s'en rend pas compte. Une dernière image qui ne soit pas celle de la scène du crime.

Tony s'approche à son tour et fait signe de la tête au Médecin Légiste alors Ducky ouvre le sac jusqu'à la naissance du cou. Après quelques instants, Tony parvient à dire :

- Vous aviez raison, c'est lui.

- Parlez-moi de lui.

- Quoi ?

- Parfois, j'en ai assez de la mort.

Ducky se demande ce qui lui prend. Là, c'est autant pour lui que pour le gosse.

Sans trop que Tony sache pourquoi, il accepte.

- Quand j'ai rencontré Donahue, j'ai pensé qu'il ne pouvait rien m'arriver de pire. Devoir reprendre l'uniforme était déjà une punition mais là, je croyais avoir atteint l'enfer. Un homme de son âge toujours en uniforme, je ne voulais pas rester de patrouille toute ma vie. Je ne savais pas ce qui était important. Je n'attendais qu'une chose, l'occasion de me dégoter un autre coéquipier.

Tony garde le regard fixé sur le visage d'Albéric. Ducky a très bien perçu la douleur et la tristesse dans la voix du jeune homme.

- Et puis, il m'a proposé un barbecue. J'ai cru que c'était ma chance car je pensais que c'était entre collègues. Mais c'était avec sa famille. Alors qu'on faisait équipe depuis à peine une semaine, il me présentait sa famille ? Comme s'il avait deviné ce qui manquait...

Un sourire, face à ce souvenir, se dessine sur le visage de Tony.

- Son fils courait vers lui sans arrêt et dès qu'Albéric en avait la possibilité, il prenait la main de sa femme. Et là, j'ai compris que je ne trouverais pas mieux pour devenir un bon flic et que peut-être, j'aurais une chance de devenir un homme bien...

La sonnerie du quai de chargement retentit puis le silence. Ducky remonte la fermeture éclair et laisse les hommes emmener le chariot. Le silence règne toujours dans la pièce, puis Tony quitte la porte du regard et Ducky est surpris de voir comment il a pu reprendre un visage impassible.

- J'ai été content de vous rencontrer, dit Tony, la main tendue vers Ducky.

- Appelez-moi Ducky, dit ce dernier, en serrant la main de Tony.

- Si vous voulez mais je doute qu'on se revoie.

- Il ne faut jamais dire jamais.

Tony se dirige vers la porte puis se retourne :

- Ducky ?

- Oui, Anthony ?

- Tony.

- D'accord. Tony ?

- Je vous remercie.

- Merci à vous aussi.

Tony lui sourit et quitte la pièce ...

... Fin du FLASH BACK