Sept heures, le réveil se mit à sonner et la main de Sarada l'arrêta immédiatement. Elle se réveillait toujours aux aurores, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt après tout.
Puis elle entama son habituelle routine matinale: elle se débarbouilla rapidement avant de sortir en forêt pour s'entraîner à jeun. L'entraînement était pour elle indispensable et ne pouvait passer un jour sans... surtout depuis qu'elle avait découvert cette mystérieuse nature de chakra, l'Uchuton. Et comme elle en était visiblement la seule détentrice, elle n'avait donc personne pour lui enseigner à proprement parler. Ce qui signifiait qu'elle devait travailler deux fois plus dur; dès qu'elle constatait quelque chose de nouveau, elle prenait des notes sur des parchemins qu'elle gardait précieusement ou qu'elle confiait à Naruto.
La jeune Uchiha était un véritable bourreau de travail; bien que talentueuse, elle n'était pas non plus un prodige comme Himawari. Alors elle s'entraînait, encore et encore... mais aussi car elle voulait être reconnue, obtenir à la sueur de son front et rien d'autre. Elle repensa à ce type qu'elle avait remis à sa place la veille et ce qu'il avait dit. Pistonnés. Elle s'était énervée de voir ses efforts ainsi minimisés, mais aussi un peu peinée.
Le souci du regard des autres... oui, c'était sans doute là le plus grand défaut de Sarada. En tant que fille d'illustres ninjas, soit on avait de grosses attentes envers elle, soit on l'accusait d'être un simple produit de népotisme quoi qu'il arrive. Et la brune prenait bien trop à cœur l'opinion que pouvaient avoir les autres sur sa petite personne jusqu'à en être presque anxieuse. Et oui, bien que fière, forte et audacieuse au premier abord, elle était pleine d'insécurités au fond.
Boruto était dans la même situation qu'elle, si ce n'est encore plus puisque son père était Hokage. Pourtant, il ne s'était jamais mis la pression par rapport à cela, même quand il avait décidé de partir. Elle l'avait toujours tant envié pour cette liberté... et puis il était devenu quelqu'un d'influent, si elle en croyait leur dernière mission. Un sourire plein de défi se dessina sur ses lèvres, pendant qu'elle frappait un sac de sable de toutes ses forces.
Je ne perdrai pas contre toi, cher ami!
Après deux bonnes heures d'entraînement, elle retourna chez elle pour prendre une bonne douche rafraîchissante. Puis elle avala rapidement un petit-déjeuner sain avant de s'habiller puis s'installer devant son miroir.
Ses cheveux avaient bien poussé lors des dernières années, atteignant le creux de ses reins et elle avait déjà songé à les couper, les trouvant gênants lors des entraînements. Ce à quoi toutes ses amies et sa mère s'y sont fortement opposées, disant qu'elle était bien plus féminine ainsi. Alors elle portait simplement un ruban fuchsia enroulé sur une mèche placée vers la clavicule qu'elle utilisait ensuite pour nouer l'ensemble de sa chevelure en chignon quand elle devait se battre.
Elle appliqua ensuite du crayon noir pour mettre en valeur son regard déjà bien profond puis du rouge à lèvres brillant. Merci à Chocho, elle avait commencé à prendre plus soin de son apparence, mais cela faisait surtout partie de son perfectionnisme.
Puis elle sortit de chez elle pour se diriger vers la tour Hokage. Le reste de sa journée serait consacré à du travail théorique... Alors qu'elle traversait les couloirs, elle répondait d'un hochement de tête avec un léger sourire plusieurs personnes qui la saluaient.
-Oh, c'est Sarada-san!
-Elle a participé à un raid et pourtant elle est déjà revenue travailler!
-Toujours aussi consciencieuse, hein?
-Oh, vous de même, répondit poliment la jeune fille.
Puis quelques filles de l'académie allèrent à sa rencontre et lui demandèrent, le rouge aux joues:
-Sarada onee-sama, peut-on s'entraîner avec toi un de ces jours?
-Et bien, dit-elle en consultant son agenda, peut-être que vous pourrez venir la semaine prochaine?
Alors que les filles s'extasiaient, l'Uchiha leur adressa un sourire bienveillant tout en tournant les talons.
Contrairement à ce qu'elle croyait, Sarada était appréciée au sein de la communauté ninja, pour son implication et sa personnalité. C'est alors qu'elle remarqua qu'elle avait oublié un document important chez elle. Elle entreprit donc d'y retourner, lorsqu'elle y vit Sakura en train de se préparer un café.
-Bonjour Maman, que fais-tu là? C'est rare de te voir à la maison à cette heure-ci.
-Bonjour ma grande, répondit la rose. Et bien, j'avais deux heures de libre donc j'ai préféré rentrer. Mais, et toi?
-J'étais sur le point de bosser mais je me suis rendu compte que j'avais oublié un papier important, alors j'étais venue le chercher...
-Et c'est ce que tu allais encore faire tout le reste de ta journée? Ma fille, tu ne fais que travailler!
-Et c'est toi qui dis ça? fit Sarada en plissant les yeux.
-Ce n'est pas comparable, rétorqua la plus âgée en s'asseyant sur le fauteuil. Je suis une femme mûre et tu es une jeune fille dans la fleur de l'âge qui sacrifie les plus belles années de sa vie!
-Maman, tu exagères...
-Ah non? Et à tout hasard, tu serais pas encore en train de te faire un sang d'encre pour des paroles en l'air?
Sarada leva les yeux vers sa mère. Avait-elle entendu parler de la scène de la veille? Peu importe, sa génitrice la connaissait beaucoup trop bien... Poussant un soupir, elle s'installa à côté d'elle.
-En fait, si... je me dis que je dois être brillante et mériter toute attention obtenue, surtout que je ne suis pas dans une équipe lambda si tu vois ce que je veux dire.
-Mais c'est de la folie de travailler autant pour cela. Tu peux t'entraîner, mais pas au détriment de ta santé physique ou mentale non plus, dit Sakura en secouant la tête.
-Mais c'est plus fort que moi, je ne veux pas être la dernière!
-Et je te comprends tout à fait, s'il y a quelqu'un qui sait ce que c'est que de se sentir à la traîne c'est bien moi. Ton père, puis Naruto... ils se sont toujours démarqué, pas seulement dans l'équipe mais dans toute notre génération. Et je ne te parle même pas de la Grande Guerre... Tout le monde disait qu'ils avaient sauvé le monde, j'ai eu droit à quelques compliments pour ma participation, sans doute par politesse, mais je n'étais pas dupe. Je savais bien que mon profil et ma puissance étaient ridicules comparées à la leur, dit-elle en regardant sa vieille photo d'équipe avec un sourire un peu triste.
-Je ne suis pas d'accord, Maman, répondit Sarada. C'est sûr que Papa et Nanadaime sont géniaux mais souviens-toi de qui ils sont: un héritier d'un grand clan et un jinchuriki du plus puissant des bijuu. Alors que toi, tu n'as ni dojutsu, ni bijuu, ni kekkei genkai ni même aucune ascendance ninja. Donc contrairement à eux, toi tu peux réellement prétendre être partie de rien. Et en tant que tel, tu t'es très bien débrouillée toute ta vie durant. Je ne crois pas que Godaime t'aurait acceptée et gardée comme apprentie si tu n'avais aucune valeur, et moi je pense que tu en as énormément. Pour moi tu... as toujours été mon héroïne, Maman, déclara la fille avec sincérité.
Face à ce discours, Sakura eut les grands yeux brillants et un sourire des plus émus. De tous les compliments qu'on ait pu lui faire tout au long de sa vie, aucun n'avait plus de valeur que les mots de sa fille en cet instant. Sans crier gare, elle la prit dans ses bras.
-Oh, regarde ce que tu m'as fait, dit la rose tout en essuyant une petite larme. Bon, plus de travail pour toi pour aujourd'hui! Sors plutôt te détendre.
-Mais Maman...
-N'insiste pas!
C'est ainsi que Sarada se retrouva carrément mise à la porte. Ah, personne ne désobéit à Sakura Uchiha, pensa-t-elle en passant une main derrière sa tête. Puis elle alla là où ses amies devaient sûrement s'être retrouvées à cette heure de l'après-midi.
-Regardez, un 8/10 à l'horizon! s'extasia Chocho.
Sarada avait rejoint Himawari et Chocho dans ce café. Et bien sûr, la potelée s'était adonnée à une de ses activités préférées à savoir attribuer des notes physiques aux mâles qui passaient.
-Vous le trouvez pas mignon, dites?
-Hein? Ah, si tu le dis, répondit nonchalamment Hima en mordant dans un beignet.
-Comment ça, si je le dis? Me dis pas qu'il te fait aucun effet! Sarada? demanda Chocho.
Mais la brune manifesta encore moins d'intérêt que Hima. Chocho s'en arracha presque les cheveux.
-Raaah, j'en peux plus de votre indifférence, les filles! Y a donc que moi qui sait apprécier les plaisirs de la vie?!
Sarada et Himawari se regardèrent, mi- exaspérées mi- amusées. Contrairement à leur amie Akimichi, les deux filles aux pupilles sacrées n'ont jamais eu d'intérêt très prononcé pour les garçons. D'autant plus que chacun de leurs pères respectifs ainsi que plusieurs hommes de leur entourage proche tel que Kakashi, Boruto, Kawaki ou Mitsuki étaient considérés comme étant parmi les plus beaux représentants de la gent masculine de Konoha. Alors pour réussir à les impressionner rien qu'avec un joli minois, il fallait vraiment sortir du lot.
-C'est pas notre faute, tu sais... Moi non plus j'ai pas de petit-ami si c'est ce que tu croyais, déclara Hima.
-Ah oui, mais à la place tu passes plein de temps avec Rokudaime, alias le fantasme ambulant de Konoha qui est aussi ton mentor exclusif, ouin je te plains, rétorqua Chocho avec ironie.
-Arrête, c'est mon oncle! Enfin presque...
-Mouais, fit l'Akimichi peu convaincue. Et toi Sarada, ça avance avec Boruto?
-Euh, qu'est-ce qui est censé avancer?
-Voyons Sara-nee, votre rapprochement est évident! Ce qu'elle veut savoir, c'est quand aura lieu l'officialisation! glissa Hima malicieuse.
-Vous êtes folles! C'est mon ami! s'écria Sarada.
-Bien sûr. Et tes joues ne sont pas rouges, fit Chocho en plissant le regard. Allez, t'es indifférente aux autres à cause de lui aussi pas vrai? Avoue qu'il est quand même devenu un canon...
-Je vais faire comme si t'avais rien dit, ok? dit l'Uchiha une main à la tempe.
Bien malgré elle, ses pensées allèrent vers son camarade. C'est vrai que son changement physique était agréable à regarder, avec sa tignasse blonde, son teint un peu hâlé, son sourire renversant mais surtout... ses yeux. D'un bleu si profond qui l'avait toujours tant fascinée et dans lequel elle aimerait se plonger durant des heures. Quant à ce rapprochement dont Hima parlait... il est vrai que son attitude vis-à-vis d'elle avait étrangement changé depuis son retour. Et ses taquineries, la lueur d'adoration qu'elle croyait voir souvent dans ses yeux lorsqu'il la regardait lui plaisait beaucoup plus que ce qu'elle voulait bien admettre.
Il y a aussi eu ce moment où elle l'avait embrassé sur le front en le croyant endormi, dont elle s'était bien gardée d'en parler à quiconque et espérait qu'il en avait fait de même... Un baiser sur le front pouvait signifier beaucoup de choses, mais elle n'aurait fait cela à aucun des ses autres amis masculins. Alors pourquoi...?
Brusquement, elle se leva de table:
-Je dois aller voir quelqu'un, désolée les filles, dit-elle avant de détaler rapidement.
Chocho et Himawari regardèrent leur amie partir, perplexes.
Le soir commençait déjà à tomber quand elle arriva au laboratoire où travaillait Sumire. Après avoir croisé puis salué Kawaki (tiens, que faisait-il ici?) qui avait l'air un peu débraillé, Sarada se dirigea vers le bureau de la violette qui était en train de se recoiffer.
-Sarada-san, quelle bonne surprise!
-Bonsoir, Sumire. Désolée de te déranger à cette heure, mais il fallait vraiment que je te parle, dit l'Uchiha en se caressant le bras.
-Tu ne me déranges pas, mais j'espère que ce n'est rien de grave? s'enquit-elle prévenante.
-Et bien en fait...
Sumire s'inquiéta un peu. Que lui arrivait-il? Elle qui était toujours forte, directe et franche, elle était là à balbutier et hésiter.
-Tu te souviens de ce que tu m'as dit à propos de Boruto y a quelques années? Je suis désolée... mais je crois que moi aussi.
Sarada attendit nerveusement une réponse. Maintenant qu'elle avait réalisé ses sentiments confus pour le blond, elle se devait d'agir, et elle avait choisi de commencer par en parler à Sumire. Elle était son amie et en tant que telle, elle se devait d'être franche avec elle, tout comme elle-même l'avait été dès le départ.
La scientifique, figée jusque là, sourit tendrement à l'Uchiha et posa sa main sur son épaule.
-Tu tracassais pour cela? Il n'y a rien de mal tu sais, en fait j'attendais que tu le remarques enfin.
Sarada ne comprit plus rien.
-Mais tu n'es pas?...
-Ne t'en fais pas pour moi, je sais que je ne serai jamais qu'une amie à ses yeux, j'en ai déjà fait mon deuil, déclara Sumire avec un sourire lointain. Effectivement, comme tout leur groupe d'amis, elle avait vu l'alchimie entre Sarada et Boruto depuis un bon moment, et avait choisi de laisser le blond trouver son bonheur, même dans d'autres bras que les siens. Elle se souviendrait du blond comme étant son premier béguin.
Sarada fut un peu perplexe face à cette résignation. Voyait-elle quelqu'un? Puis elle se reprit mentalement; cela ne la regardait pas. Elle posa alors la main que Sumire avait laissée sur son épaule depuis tout à l'heure:
-Je te souhaite le bonheur. Vraiment.
-Toi aussi, mon amie, dit Sumire tout aussi sincère.
Puis elle regarda la brune s'en aller avec un sourire quelque peu mélancolique...
Un chapitre axé sur Sarada car on l'aime bien... non?
On dirait que j'ai une commentatrice régulière qui est Gwen, merci à toi! Si d'autres me lisent, ben... manifestez vous aussi :)
