-Vous l'avez retrouvé? demanda Naruto.
-Il est vivant mais dans un état très critique, répondit impérieusement Kakashi au bout du fil, mobilisez la meilleure équipe médicale possible!
Kawaki était retourné à Konoha sans Boruto, en espérant qu'il y était déjà mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Après avoir brièvement expliqué la situation, de minutieuses recherches avaient été effectuées partout dans l'espoir de retrouver le jeune blond. Au bout de quelques heures, il avait finalement été amené à l'hôpital et on pouvait voir que le Sixième n'avait pas exagéré. Du sang séché se trouvait au coin de son menton, signe qu'il coulait avec abondance plus tôt. Sans parler des nombreuses plaies et d'une éventuelle hémorragie intérieure...
Hors de la chambre, Naruto, Sasuke, Shikamaru, Kakashi ainsi que Kawaki se concertaient. C'est alors qu'ils furent rejoints par Hinata et le reste de l'équipe sept.
-Mon fils! Que lui est-il arrivé? paniqua Hinata.
-J'avais entendu qu'il était mal en point mais je ne pensais pas que ce serait à ce point, souffla Sarada pleine d'inquiétude.
-Mais d'ailleurs, où est-ce qu'il était passé? Quelqu'un l'a vu pendant la bataille? fit remarquer Mitsuki.
-Maintenant que tu le dis... glissa Hima en plissant le regard.
Voyant qu'ils commençaient à constituer le puzzle, Shikamaru ouvrit la bouche, prêt à intervenir quand on entendit clamer:
-FAITES PLACE! SON EXCELLENCE LA CINQUIEME HOKAGE!
Et tout le monde se retourna pour voir Tsunade entrer. Bien que presque octogénaire, elle avait toujours l'air aussi jeune et belle qu'autrefois grâce à sa technique spéciale. Cependant, son style vestimentaire avait drastiquement changé même si le vert en restait la couleur dominante; elle portait une longue robe émeraude tombant à ses pieds sous un pardessus en soie vert foncé. Sa crinière blonde était attachée en un élégant chignon et décorée d'une couronne très similaire à celle de sa grand-mère Mito Uzumaki, excepté que le symbole de Konoha était gravé en son milieu plutôt que d'être rayée. Elle avait également une canne à pommeau d'or à sa main gantée. On ne voyait ainsi de sa personne que la tête, et elle était encore plus imposante ainsi.
Ignorant toute personne qui s'inclinait pour elle, elle s'avança vers ses successeurs avec un air sévère et dit en plaçant ses deux mains sur sa canne:
-Je viens de rentrer et je vois que le village a subi une attaque que vous avez su surmonter, passe encore. Mais je peux savoir pourquoi je retrouve mon Hokage dans un tel état?
Ceux qui ne savaient pas pour le plan se regardèrent, incompréhensifs. Hokage? Mais de quoi parlait-elle? Tandis que ceux qui savaient se figèrent. Personne ne briserait un serment prêté devant le daimyo, alors si Tsunade, qui ne vivait pas à Konoha mais à la capitale près du seigneur du Feu était au courant, c'est qu'elle l'avait su de lui-même en personne. Ce qui rendait le serment caduc...
Ne voyant plus l'intérêt de cacher quoi que ce soit davantage, Naruto soupira:
-Kawaki... explique leur tout.
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-Par la Volonté du Feu, il a fait quoi?!
Il avait tout raconté. Tout. Les visions de Boruto, ce qu'il a fait pour les empêcher, sa nomination secrète, son combat intérieur contre Momoshiki dont il en était ressorti vainqueur mais pas indemne. Tout fut dévoilé.
Sarada, Mitsuki et Hima haletèrent de stupeur, n'en revenant pas. Tandis que Hinata était en panique totale; apparemment, son fils avait pensé à tout sauf à lui-même. Comment son jeune garçon avait pu traîner un poids si lourd sans qu'elle ne le sache? Avant lui, il y avait aussi eu Hima qui avait tout de même était tourmentée au point d'envisager de prendre de la drogue! Inspirant avec difficulté en posant la main sur le haut de sa poitrine, elle fut submergée par ce trop-plein d'émotions et tomba inconsciente dans les bras de son fils adoptif.
-Hinata!
-Emmène la dans une chambre libre, intima Tsunade.
Kawaki obtempéra et emporta sa mère dans les bras. Mitsuki déclara, pensif:
-Allons nous officialiser cette affaire? C'est vrai que c'est un cas très particulier, mais Konoha a le droit de savoir ça, non?
Kakashi et Naruto acquiescèrent tandis que Shikamaru s'éloigna pour faire les démarches. Quant à Sarada, elle posa sa main sur l'épaule de Hima qui avait le front et les deux mains collées sur la vitre qui donnait sur la chambre de son frère.
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-Y a que lui pour faire une dinguerie pareille! s'écriait Shikadai.
-Alors il planifiait quelque chose comme ça, même quand il souriait avec nous... réalisait tristement Sumire.
-Donc c'est sérieux, Boruto est Hokage? questionna Inojin.
-Techniquement oui, mais il va très mal, répondit Denki.
Bien évidemment, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre au village.
-Hokage si jeune, sérieusement?
-Et alors? C'est pas ça le problème!
-Donc il est dans le coma? Pourvu qu'il s'en sorte!
-Je l'aime bien ce petit, ça m'attriste de le savoir dans cet état.
-Boruto Uzumaki, hein? Je l'ai toujours trouvé un peu désinvolte et insolent, mais force est de constater...
-On s'est trompés sur son compte! Ce gars est...
Vraiment incroyable!
A l'hôpital, Sarada veillait sur son ami. Après sa mission avec lui et Hima, elle avait pensé qu'il avait l'étoffe d'un Hokage, vu comme il était reconnu en dehors de Konoha. Il lui manquait donc la reconnaissance des gens du village, même s'il ne l'avait pas vraiment cherchée. Et bien, il l'avait maintenant.
Une fois de plus, elle se sentit fière de lui, mais sa peine et son inquiétude primèrent sur ce sentiment. Emue, elle posa sa tête sur le torse de Boruto.
O toi dont l'aura est plus éblouissante que le soleil... ô toi dont l'azur des yeux est bien plus profond que celui du firmament, viens. Viens et vois comme nous sommes misérables sans toi.
-Ne t'en vas pas, mon empereur, murmura-t-elle larmoyante. Pas maintenant, pas si tôt...
Et elle lui embrassa la tempe et la main.
Trois mois passèrent, et l'état de Boruto ne s'améliorait pas. Ce n'est pourtant pas les soins et les prières faites pour lui qui manquaient...
Sasuke se rendit à la chambre de son élève et vit Hima assise près de ce dernier.
-Oh, bonsoir.
Il lui répondit d'un vague hochement de tête avant de poser un sachet sur le chevet.
-Des raisins secs? Tu sais bien qu'il déteste ça, fit Hima. Après tout, les gens sont venus apporter des cadeaux au blond en telle quantité qu'une pièce entière avait été dédiée à ces présents.
Mais l'Uchiha répondit:
-Je ne peux décemment pas lever la main sur une personne déjà mal en point et qui, après tout, a sauvé les siens. Néanmoins, le jour de son réveil, je le ferai manger ce qu'il abhorre de gré ou de force. Il réfléchira à deux fois avant de faire de la peine à ma fille.
Hima réprima un sourire. La relation entre Sasuke et Boruto était bien spéciale...
-Quant à toi, ne lui en veux pas trop. Un frère aîné aimant agi toujours pour le bien de son cadet et aussi de son village, même si ses méthodes peuvent être peu orthodoxes, affirma Sasuke.
Elle leva curieusement les yeux vers lui, curieuse qu'il prenne la peine de lui donner un conseil. Pensant savoir à quoi il faisait allusion, elle dit prudemment:
-Oui, je sais. Et... je suis désolée pour ce qui s'est passé entre Itachi-senpai et toi.
Sasuke l'observa par-dessus l'épaule, sceptique. Qu'elle connaisse le nom de son frère, passe encore, mais pourquoi ce suffixe? Elle ne l'avait pourtant jamais connu, si? Puis il percuta; mais bien sûr. Elle avait, elle aussi, été une enfant ANBU.
Puis il s'en alla sans demander son reste.
-Tu as vu? fit Hima à son frère endormi, quelqu'un t'as préparé une petite punition pour le jour où tu te réveilleras! Enfin, si tu te réveilles...
Elle écarquilla les yeux face à cette pensée et secoua la tête comme pour la chasser. Non, ce n'était pas le moment de flancher. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
-Je vais rentrer maintenant. Bonne nuit et à demain matin.
Son sourire disparut aussitôt qu'elle quitta la chambre. Alors qu'elle longea un couloir, elle entendit Sakura et Tsunade parler derrière la porte:
-Cette nuit sera décisive, Sakura.
-Et je compte bien faire mon maximum, je l'ai promis à ses parents!
-Oui mais tu le sais aussi bien que moi, que sa survie tiendrait du miracle.
Cette dernière affirmation eut l'effet d'une bombe dans l'esprit de la cadette Uzumaki. Elle avait vraiment voulu croire, elle avait vraiment voulu se montrer optimiste jusqu'au bout... mais entendre ça de la bouche du meilleur médecin au monde, ça changeait tout.
La porte s'ouvrit sur Tsunade et Himawari n'eut pas le temps de disparaître ou de trouver une excuse pour avoir écouté aux portes et était de toute façon, bien trop sonnée par ce qu'elle venait d'entendre. Les petites-filles respectives du Premier et Quatrième Hokage se regardèrent un moment, puis Hima partit en courant sans rien dire.
-Je suis rentrée.
En temps normal, elle aurait été accueillie avec un doux "bienvenue" de sa mère, puis son frère lui ébouriffant la tête ainsi qu'un grand sourire de son père et son frère adoptif qui grommelle en disant qu'ils étaient trop bruyants... mais là, seul le froid silence lui répondit. Cette maisonnée, d'ordinaire conviviale et chaleureuse était frappée par le chagrin face à la probabilité de perdre l'un de ses membres qui ne cessait de s'accroître.
Machinalement, Hima ôta ses chaussures ainsi que les attaches en forme d'étoiles jaunes qui retenaient son abondante chevelure en couettes hautes afin de laisser couler celle-ci le long de son corps menu. Puis elle entreprit de préparer du thé à la citronnelle pour ses parents, leur préféré. Elle en versa deux tasses sur un plateau qu'elle emporta à l'étage, et c'est là qu'elle vit que la porte de la suite parentale était légèrement entrouverte. Curieuse, elle jeta un œil à l'entrebâillement... et ce qu'elle vit acheva de lui briser le cœur.
Naruto était assis à même le sol, faisant face à Hinata qui, elle, était installée sur leur lit. Il était dos à la porte, mais les soubresauts animant ses épaules, faisant ainsi glisser paresseusement sa cape d'Hokage de son dos large vers le sol froid indiquait clairement qu'il sanglotait. Quant à Hinata, elle caressait distraitement la tête blonde posée sur ses genoux et on pouvait aussi voir des larmes perler au coin de ses yeux nacrés.
Plus atterrée que jamais face à ce triste spectacle, Himawari rebroussa chemin vers le rez-de-chaussée en voûtant ses épaules. Reposant son plateau de thé sur le comptoir, elle préféra finalement ressortir du domicile familial, malgré l'heure tardive et la forte pluie qui martelait presque le sol.
"Hokage... héritiers de la Volonté du Feu les plus braves de tous les braves."
[Chroniques de Konoha-Récits héroïques]
-Veuillez décliner votre identité.
-Himawari Uzumaki.
Un appareil scanna sa pupille afin de vérifier la véracité de ses propos. Une fois l'authentification terminée, de lourdes portes s'ouvrirent pour la laisser passer avant de se refermer aussitôt qu'elle les eut franchies.
Après avoir présenté ses hommages aux tombes de Neji et Hiashi, elle s'était dirigée vers le fond du cimetière, plus précisément vers l'édifice en forme de flamme rouge qui, en outre, abritait les tombeaux des anciens chefs du village. Mais suite aux évènements de la dernière Grande Guerre, l'accès à ce mausolée était interdit au grand public; seuls les Hokage encore en vie ainsi qu'un nombre très limité de personnes avaient le droit d'y entrer. Et Himawari comptait naturellement parmi cette poignée de privilégiés, en tant que kunoichi de haut rang. Sans oublier qu'elle était une Princesse de Konoha, puisqu'elle était fille, petite-fille, élève et désormais sœur d'Hokage...
L'intérieur du panthéon était structuré de manière à ce que chaque sépulture soit espacée les unes des autres. Mais cet endroit n'était pas totalement exclusif aux Hokage car Mito et Kushina Uzumaki avaient exceptionnellement pu reposer auprès de leurs époux respectifs. Parfois, Hima se demandait si un jour, elle aurait l'honneur d'être inhumée ici...
Connaissant bien les lieux, la prodige s'avança vers la dernière demeure de ses grands-parents paternels et caressa tendrement le tombeau de Minato. N'ayant pas souhaité déranger Kakashi si tard, la jeune fille avait choisi de se réfugier auprès de quelqu'un tout aussi important pour elle.
Elle n'a jamais vraiment su expliquer ce profond attachement qu'elle éprouvait pour son grand-père, pourtant décédé bien avant sa naissance. Mais il aurait été superficiel de dire que c'était uniquement parce qu'elle était la seule à avoir pu reproduire son légendaire jutsu de déplacement. Lorsqu'elle venait pour le voir, elle lui parlait comme s'il était vivant. Elle se confiait, elle riait même... et elle laissait de côté les facettes de sa personnalité; pas de jeune fille frivole ou de kunoichi sanguinaire, juste Himawari.
Cependant, même là, elle n'avait pas la force de parler. Alors elle se laissa tomber à genoux et croisa ses bras sur le sépulcre avant d'y enfouir sa tête... et pleura. Pour la première fois depuis le début du coma, elle versa des larmes à n'en plus finir, en imaginant devoir bientôt venir en ces lieux pour visiter son frère adoré.
A l'extérieur du monument funéraire, Mitsuki fixa le ciel pluvieux face à la tombe de Konohamaru.
Eveille-toi, Hachidaime. Konoha a besoin de toi.
Le chapitre le plus joyeux de la fic, n'est-ce pas? 8D
