Hey !

Voilà la suite x'D. D'habitude je poste le vendredi soir mais là j'avais vraiment envie de partager ce chapitre donc je poste un peu plus tôt :p.

Ce chap est plus long, et il marque un tournant dans la construction de "Hormones" ! J'ai vraiment hâte de savoir ce que vous allez en penser :) !

Comme la dernière fois, prenez bien soin de lire la note de fin, elle apporte des infos complémentaires par rapport au texte, mais je peux déjà vous dire, vous allez vite le voir, que les chaleurs ne sont clairement pas qu'une partie de plaisir dans cette fic :').

Bonne lecture !

Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !

Réponse anonyme :

Hajime : Je suis contente que ça t'ait plu, et oui, le pauvre est vraiment perdu et ça ne fait que commencer... Je suis contente aussi que tu aimes l'histoire :D ! Merci des encouragements et de la review :) !

Guest : Merci pour ta review, je suis contente que ça te plaise :) !

Deydeykagamine : Ta review m'a fait plaisir, je t'en remercie :) ! Ne t'en fais pas, je ne compte ni abandonner l'histoire ni arrêter de l'écrire, étant presque à la fin de la partie 1, ça serait fort dommage X) je suis très contente qu'elle te semble intéressante :D !


Les douleurs abdominales le trucidant à petit feu, Allen ne réussissait pas à se relaxer depuis qu'il avait été placé dans un des lits de garde de l'infirmerie. Lenalee et Lavi ne le quittaient pas. Il aurait dû en être heureux, mais ça ne faisait que contribuer à son malaise. Il leur avait demandé de partir plusieurs fois. Il ne voulait pas que ses amis assistent à… ça. Néanmoins, eux s'obstinaient dans leur refus. Ils savaient qu'un oméga avait besoin de contact, le rassurait en lui expliquant en quoi consistaient les chaleurs – ils étaient des bêtas mais étaient plus au courant que lui, Allen en avait franchement un peu honte, même s'il fallait s'y attendre –, ce par quoi il allait passer. Leurs voix étaient douces et Allen essayait de se raccrocher à cette douceur. Il n'y parvenait pas. Il n'aurait jamais cru qu'être en chaleur lui ferait ça… De ce qu'il se représentait de la chose, il s'imaginait certes ressentir une grande excitation ainsi qu'une envie d'avoir des rapports sexuels, mais il n'aurait jamais cru que tant de douleur et de sensations contradictoires s'élèveraient en lui.

Lavi lui avait dit que c'était parce que c'était ses premières. Son corps était en train de changer de manière interne, de s'adapter à sa condition d'oméga, ce qui expliquait les sensations désagréables, et ce n'était que le début. Les douleurs devraient néanmoins finir par diminuer puis s'arrêter, ce que l'infirmière lui avait soutenu. Elle lui avait donné des calmants prévus à cet effet, de toute façon. Allen ne pouvait pas dire qu'il était rassuré. Pas quand il l'avait entendu chuchoter à ses amis qu'il était rare qu'un déclenchement soit si vif et si violent. Encore une démonstration de sa veine typique ! Quant à la torpeur d'excitation qui dormait en lui, Allen arrivait à la dompter, puisqu'elle ne dominait pas sur son intérieur en mutation. Le terme était peut-être un peu fort, mais vu ce qu'il ressentait, il se demandait si ses organes internes ne cherchaient pas à prendre vie. Puis, avec la présence de ses amis, ses bas instincts étaient nettement refroidis… C'était, d'une part, frustrant, mais de l'autre apaisant, car en étant seul, si l'envie de faire quelque chose pour se soulager aurait été là, certainement, dans cet état… Allen savait très bien qu'il n'aurait pas réussi.

Il était un adolescent qui avait les hormones en éveil, bien sûr, ça lui arrivait d'avoir des séances de plaisir en solitaire, cependant, il avait un tout autre état d'esprit lors de ces moments !

En outre, Allen se demandait bien comment, avec de telles douleurs, les chaleurs pouvaient être le moment le plus propice à la copulation et la reproduction. À part se tordre en tous sens entre les draps et se laisser envahir par un mal-être qui le brouillait entièrement, il ne se voyait faire aucune activité. L'excitation revenait bel et bien le taquiner lorsqu'il sentait les relents de l'odeur de Kanda. Le blandin se surprenait à regretter qu'il ne soit pas avec lui. L'odeur le perturbait et lui faisait plus d'effet qu'avant, cela étant, elle le faisait se sentir bien.

Il en aurait eu justement bien besoin.

L'admettre était en revanche hors de question, bien pour ça qu'il ne disait mot.

Lenalee et Lavi se relayaient pour lui caresser gentiment le crâne ou l'épaule. Lui était couché sur le ventre, tête dans l'oreiller qu'il mordillait dans son impuissance. Ils ne lésinaient pas sur les phrases réconfortantes. Le maudit s'en voulait de ne pas être apaisé alors qu'ils se donnaient tout ce mal pour lui, hormis l'horrible inconfort que son état lui provoquait. En vain, il essayait d'apprécier la main douce de Lenalee, les blagues plus ou moins débiles de Lavi, mais sa douleur le clouait vif. Et le pire, c'est que ce n'était pas comme s'il pouvait dormir…

Allen se retourna en gémissant malgré lui, de manière à se coucher sur le dos et faire face aux deux autres. Lenalee avait brièvement enlevé sa main de son épaule, et si le contact manqua un peu à Allen, il n'en dit rien. Lavi la remplaça bien vite avec un sourire bienveillant. Allen voulut sourire, sachant qu'il allait réitérer sa supplication.

« Vous n'êtes pas obligés de vous occuper de moi, vous savez… »

Lenalee fronça les sourcils, contrariée.

« C'est la cinquième fois que tu nous le dis, on a compris, Allen-kun.

—Mais…

—On le fait parce qu'on en a envie. »

Lavi avait répondu et Lenalee hocha vivement la tête. Ses yeux perçants semblaient le mettre au défi d'oser seulement insinuer le contraire de ce qu'ils affirmaient tous les deux. Allen insista tout de même :

« Je sais, et ça me fait plaisir, vraiment, mais ce que je veux dire…, » il s'arrêta en sifflant entre ses dents, foutue douleur, «…c'est que je ne veux pas que vous vous empêchiez de faire ce que vous avez à faire pour moi.

—On t'a déjà dit de ne pas t'en faire pour ça ! » grimaça la jeune fille.

Lavi renchérit :

« Lenalee partira tout à l'heure et moi je resterai, puis quand elle reviendra c'est moi qui partirai. »

Allen sentit son cœur se gonfler.

« Oui, mais… »

Il ne voulait pas dire qu'il était embarrassé. Il était trop fier pour ça. L'œil vif de Lavi sut lire en lui.

« Sois pas gêné, Allen. Tu es un oméga en chaleur, tu as besoin de personnes autour de toi vu que… t'as pas d'alpha, on est tes amis. »

Le rouquin avait marqué une petite pause, soulignant involontairement le fait que si, Allen avait un alpha, mais un alpha qui ne voulait même pas entendre parler de lui. Le blandin abandonna les protestations. Ils avaient raison, et, quelque part, il était heureux de ne pas être livré à lui-même. Seulement, c'était nouveau pour lui, si difficile…

« Laisse-toi aller, lui dit Lenalee, s'il y a quelque chose qu'on peut faire, on le fera. »

Allen n'eut plus envie de les repousser. Si c'était toujours difficile d'accepter de se montrer fragile, d'oublier l'embarras, en d'autres circonstances, il aurait pu être le premier à dire que refuser une main tendue était stupide. Surtout venant de Lavi et Lenalee. Le maudit se rendait compte que sa difficulté à se livrer devait petit à petit être dépassée. Il avait eu l'air fin, quand il y repensait, à critiquer Kanda la dernière fois, en lui disant qu'il n'évoluait pas, alors que lui non plus… Il ferma les yeux. Malgré l'onde de douleur qui le traversa, le fit agripper le drap d'une main, il se sentit rassuré.

« Merci beaucoup. »

Les deux bêtas écarquillèrent les yeux, étonnés de son revirement, car sa voix montrait à elle seule qu'il consentait à leur sollicitude. Allen leur fit un sourire sincère et doux, cette fois. Ils quittèrent alors la stupéfaction, et adoptèrent son expression. Un nouvel éclat de douleur en lui brisa cet accord de leurs visages tandis qu'il grinçait durement des dents. Lenalee posa une main au bord du lit qu'elle finit par glisser dans la sienne, lui permettant de l'enserrer. Lavi fit de même. Avec les mains chaudes auxquelles il s'accrochait, Allen s'abandonna à cet heureux sentiment de ne pas être seul là-dedans.

Ils restèrent ainsi quelques minutes. Même si c'était minime, Allen se sentait effectivement revigoré par les marques affectives. Le blandin ne pouvait pourtant s'empêcher de prêter attention à ses tempes lourdes. Être un oméga était si éreintant… Et dire qu'ils avaient la réputation d'être les plus faibles ! Pour supporter ça, il était d'avis qu'il fallait être plutôt fort ! Quand il pensait, tristement, qu'il en avait encore pour une semaine, voire un peu plus, tous les trois-quatre mois… Autant dire que ça ne l'enchantait guère. Au moins, il espérait que les prochaines fois ne seraient pas si dures…

Lenalee prit alors la parole, avec une expression contrite, typique de la compassion :

« Tu sais, je comprends un peu ce que tu éprouves. Moi aussi, quand j'ai mes périodes menstruelles, ça m'arrive d'avoir très mal. »

Allen et Lavi se raidirent un peu, choqués en tant que jeunes hommes de l'entendre parler de cette fameuse 'période' typiquement féminine. Mais la comparaison s'imposait, après tout, comme une femme, le blandin était capable de donner la vie et les chaleurs ressemblaient par certains aspects aux cycles menstruels. Encore une raison qui faisait qu'on féminisait énormément les omégas. Mais, fort, heureusement, ils ne saignaient pas, durant leurs chaleurs… Quoique, Allen n'en savait rien, juste qu'il n'en avait jamais entendu parler. Cette pensée le fit blêmir, tant elle était effrayante. Lenalee cligna des yeux. Le borgne l'interpella :

« Tu vas bien ? T'es encore plus pâle, d'un coup.

—Oui, oui… »

Allen secoua la tête. Il oublia cette idée, comme si ça pouvait sérieusement arriver ! Il en aurait forcément entendu parler, ce genre de détails se colportait, n'est-ce pas ? À peine rassuré, il déglutit. Lenalee se leva.

« Je reviens dans deux heures. Occupe-toi bien de lui, Lavi. »

Le rouquin effectua un salut militaire, doigts de la main alignés qu'il étendait devant son front, lui assurant de le laisser faire. Allen se redressa difficilement. Lavi lui tendit un verre d'eau qui se trouvait à son chevet. Il refusa en le remerciant néanmoins. Le rouquin se racla la gorge.

« Je voulais pas dire ça devant Lenalee, mais est-ce que t'aimerais que je te laisse dix minutes pour que tu puisses, tu vois… ? »

Le blandin leva un sourcil. Lavi singea alors un geste suggestif, va-et-vient du poignet devant son torse, ce qui eut pour effet de le rendre écarlate. Allen était pudique, et évoquer ce genre de choses de vive-voix ou par des gestes si obscènes le gênait horriblement.

« Merde, Lavi ! » ne put-il s'empêcher de s'écrier, le teint rougeoyant. « Te fous pas de moi !

—Je me fous pas de toi, » se défendit son ami, « puis c'est bon, moi aussi je suis un mec ! Et t'es en chaleurs ! »

Allen soupira, croisant les bras contre son torse en détournant le regard, se faisant faussement blasé.

« Je ne vois même pas comment je pourrais faire ça dans ces conditions, si tu veux tout savoir. »

Lavi croisa aussi les bras.

« Ah. T'as les inconvénients sans les avantages, alors… »

Le blandin ne put s'empêcher de rigoler, à la fois à cause de la formulation de Lavi, et parce qu'au fond, il avait bien raison. Il pressentait déjà que ses chaleurs ne seraient pas une partie de plaisir. Puis, hormis ça, le bureau de l'infirmière n'était qu'à une porte des lits de gardes. Certes, il pouvait la fermer, mais l'idée qu'il puisse faire ça lui semblait déroutante, si ce n'est dégoûtante. Il aurait de loin préféré l'intimité de sa chambre. Et il pouvait se retenir, il n'était pas un animal ! L'apprenti Bookman le toisa.

« T'es sûr que tu veux pas un verre d'eau ? Tu dois t'hydrater. »

Allen secoua la tête.

« Je te dis non. J'aimerais juste dormir, en fait, pour que la douleur s'arrête un peu. »

Lavi acquiesça.

« Je vais demander à l'infirmière qu'elle te file quelque chose, ça devrait être bon comme ça. Puis, » ajouta-t-il, entêté, « tu vas être obligé de boire pour les prendre. »

Allen pencha la tête sur le côté avec un sourire en coin. Lavi avait beau être un idiot, il lui remontait sérieusement le moral. Sagement, il attendit qu'il revienne, soulagé à l'idée de son futur répit. La femme arriva, suivie par son ami, et lui donna deux cachets blancs. Allen les prit sans même une hésitation, grimaçant en bougeant pour attraper son verre. Il but jusqu'à la dernière goutte. Marrant qu'avant de porter l'eau à ses lèvres, il n'ait pas eu conscience de sa soif. Enfin, Lavi se rassit sur la chaise à côté de son lit. Le blanc ignorait si c'était psychologique, mais se sentit déjà un petit peu mieux. Il fit descendre son corps dans le lit, se couchant à son aise.

« Tu veux que je reste ?

—Jusqu'à ce que je m'endorme, peut-être. S'il te plaît. »

Allen s'enfouit sous le drap jusqu'au menton, retenant une envie de gémir de bien-être sous le confort ultime qui voulut le saisir.

« Peut-être,» répéta Lavi, le taquinant sur sa crainte de paraître demandeur.

Alors qu'Allen grommelait quelque chose dans sa barbe, Lavi s'amusa à lui flatter le crâne. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il s'endormit, paisiblement.


Allen avait perdu conscience dans la torpeur bénie de l'endormissement, quand il fut brutalement rappelé à la réalité, avec une violente envie de renvoyer tous ses repas sur le plancher. Ses yeux collés eurent un mal fou à s'ouvrir, la tête était lourde, la bouche pâteuse. Désagréables sensations. Il dressa son torse pitoyablement en prenant appui d'une main sur le matelas, contemplant la pièce avec un regard à moitié éclairé. Par automatisme, il chercha Lavi. La chaise était vide. Il était parti, comme convenu. S'il en eut honte, le maudit paniqua. Il avait une impression étrange, un sentiment d'oppression qui envahissait ses sens et l'encerclait violemment, il aurait voulu quelqu'un à ses côtés pour le rassurer. Quand il réfléchissait, ça devait faire à peine quelques heures que ses chaleurs s'étaient déclenchées… On le lui avait bien dit, ce n'était que le début. Il souffrait déjà horriblement.

Il sentit ses membres trembler en même temps qu'une douleur le ressaisit en bas du ventre. Il gémit, portant sa main à l'endroit affecté, se retrouvant cambré sur les genoux, le haut du corps ramené sur le matelas, fesses en l'air, alors que ses traits se tordaient, la douleur le défigurant entièrement. La couverture glissa le long de ses hanches, découvrant son corps à moitié nu. Il ne portait plus qu'un caleçon, étant donné qu'un oméga en chaleurs était mieux dans une telle tenue, à cause de la température de leur corps en augmentation. Il eut froid, mais il avait si mal qu'il ne pouvait pas bouger pour rattraper le drap. Il se mordit violemment la lèvre, ses deux mains dorénavant agrippés à son ventre. Il ne cessait de s'interroger. C'était vraiment normal, que ça fasse ça ? Qu'est-ce qui se passait donc en lui ? Une larme coula de son œil droit. Ses dents marquaient davantage la peau fragile de ses lèvres.

Il serrait les dents, figé dans sa position chancelante. Avec peine, il les desserra et eut l'idée d'expirer puis inspirer pour se calmer. Ça n'eut aucun effet. Il continua quand même, se roulant petit à petit en boule, espérant que quoiqu'il se passe finisse par s'achever et arrêter de le martyriser.

Il ferma la bouche et se concentra sur sa respiration nasale. Malgré lui, il se voyait rechercher désespérément les parcelles de l'odeur de Kanda qu'il sentait dans l'air. S'il y prêtait attention auparavant, ça ne devenait que plus compulsif. L'odeur semblait si apaisante, si agréable. Tout le contraire de celui qui l'émettait. Mais… Allen espérait presque que Kanda vienne le voir. Il ne se contentait plus de regretter son absence. Il désirait sa présence. Il n'y avait aucune raison, Kanda se foutait complètement de lui, mais il devait forcément sentir son odeur, sentir son trouble, à cause du lien ? Allen était bien trop fier et il avait bien trop de dignité pour espérer qu'il ait pitié de lui, mais il aurait voulu simplement qu'il soit dans la pièce. Ce qui n'arriverait pas. Ses pensées s'embrouillaient, il perdait sa cohérence. Une certaine tristesse qu'il ne comprenait pas se mêlait à tout ça.

Une deuxième larme coula. Puis une troisième. La douleur, dans tout ça, n'avait pas cessé.

Il se sentait plus fiévreux que jamais, il souffrait, et il était seul. Allen savait, ce fait s'était vu confirmé par Lavi, qu'un oméga en chaleur devenait extrêmement sensible, et désorienté en cas de solitude, c'était pour ça qu'ils ne l'avaient pas laissé jusqu'à présent. Les effets se faisaient visiblement ressentir, alors qu'il avait si mal. Les larmes ne s'arrêtaient plus, de même que l'impression de la chaîne étriquant ses organes internes. Puis, une nouvelle sensation apparue.

Un éclair le décima sans merci du bas ventre jusqu'au bas du dos. Comme si quelque chose l'étripait, s'agitait en lui, tentait de l'ouvrir en deux. Il ne put se retenir. Il cria. Ses mains quittèrent son ventre et s'enfoncèrent entre ses cuisses, ses ongles griffant la peau. Il se faisait mal, mais il ne réfléchissait plus et voulait se raccrocher à quelque chose – ça faisait tellement mal ! Il en était réduit à se réciter ce refrain : « faites que ça s'arrête ! faites que ça s'arrête ! », les yeux exorbités, la bouche entrouverte, comme le dernier des demeurés. Son cri jaillit de nouveau lorsque le même phénomène se reproduisit. L'angoisse le dominait entièrement. Ses ongles pénétrèrent davantage dans la peau. Il sanglotait, maintenant. Des sanglots qui remontaient douloureusement dans tout son corps.

Il n'arrivait plus à respirer, la peur l'étouffait. À ce rythme, il terminerait six-pieds sous terre, il ne tiendrait pas !

Le symbiotique ne contrôlait plus ses gémissements endoloris et n'empêchait pas ses mains de le marquer. Ça faisait comme une impression de perdre l'esprit… Il ne contrôlait plus rien…

Au moment où il cria encore une fois, il entendit des pas accourir et son prénom. Lavi, Lenalee et l'infirmière se précipitaient tous les trois. L'humiliation était si forte qu'il crut souhaiter mourir, bien que, paradoxalement, l'arrivée de monde l'apaisa. À peine, toutefois, seulement parce qu'il espérait que l'infirmière puisse stopper la douleur. Tout arriva vite, alors qu'Allen, ayant la sensation de tourner de l'œil, ressentait soudain une mollesse de l'âme mélangée à sa violente panique. L'infirmière s'écria, apparemment ahurie, qu'elle allait prendre des calmants, Lavi et Lenalee lui attrapèrent les mains en lui hurlant d'arrêter.

Il ne se débattit pas, n'eut pas la force d'expliquer que son corps avait agi seul. Au milieu de ses larmes d'autant plus violentes, il se jeta au cou de Lavi, celui qui le retenait le plus fermement. Allen trouvait qu'une odeur étonnamment rassurante naissait de lui, une douceur presque maternelle, au moins autant que Lenalee. Quand on y pensait, c'était un peu étrange pour un bêta-homme, mais il n'était pas en état de s'attarder là-dessus. Les deux bêtas furent déstabilisés, en particulier le rouquin qui le réceptionna tant bien que mal. Lavi tenta de l'apaiser, de lui murmurer de se calmer, Lenalee, venue se placer juste à côté de lui, en renfort. Finalement, Allen libéra Lavi d'un bras et l'enroula autour de Lenalee, enfermant ses amis dans une étreinte à trois. Il expira. Voulait faire tarir ses larmes. Ce n'était pas chose aisée, d'autant qu'il ne se comprenait pas lui-même.

Ce n'était pas son genre d'être si dépendant, si instable. Peut-être qu'il l'était, d'un côté, au fond, il était un gosse abandonné par ses parents et qui avait vu son père adoptif mourir trop tôt. Bien sûr que ce genre de choses foutaient le bordel dans les conceptions affectives, plus largement dans les sentiments s'y rapportant. Cependant, il s'arrangeait pour ne pas le montrer. S'il se laissait de plus en plus aller, avec le consentement de ses amis, ça n'excédait jamais un tel point. Il était tellement perdu qu'il se pendait aux deux autres en oubliant tout sentiment d'embarras, toute retenue.

L'infirmière revint avec les cachets et un verre d'eau. À regret, Allen dut les libérer et se recoucher pour prendre les antidouleurs. Il pensa que le plus dur était passé, mais les larmes roulaient encore, silencieuses, sur ses joues pâles. Lenalee l'embrassa sur le front, Lavi lui tendit un mouchoir. Ils paraissaient perdus. Le blandin accueillit les attentions avec surprise, mêlée à un certain plaisir coupable, et il essuya ses larmes. Lenalee se tourna alors vers l'infirmière, anxieuse :

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Sa voix tremblait. Lavi s'écria lui aussi :

« Il y a vraiment un problème ! On ne l'a jamais vu comme ça ! Ce n'est pas normal, si ?! »

Allen voulut s'excuser de les inquiéter, mais il ne le fit pas, ayant conscience qu'à ce stade, ça aurait été ridicule. Puis, pour l'heure, la réponse de l'infirmière importait plus que son comportement. La femme se massa les tempes.

« Je commence à me demander s'il n'est simplement pas prêt pour ses chaleurs. »

Allen écarquilla les yeux, tout comme Lenalee et Lavi.

« Mais, elles se déclenchent habituellement entre treize et dix-huit ans ? »

Les bêtas avaient parlé d'une même voix. L'infirmière soupira.

« La nature n'est pas toujours très bien faite. Les chaleurs peuvent rendre certains omégas malades, j'ai déjà vu ce genre de cas. Son corps pourrait ne pas être parfaitement à même de le supporter. Je ne vois que ça pour expliquer ses douleurs et ses réactions si violentes. Un oméga est certes sujet à des changements lors des chaleurs, mais ça ne doit pas être si brutal en temps normal. »

Ce n'était pas de sa faute, mais Allen en fut honteux. Il avait, au moins, arrêté de pleurer, même si la douleur n'était pas complètement évanouie. La femme remarqua sa mine sombre, de même que celle de Lavi et Lenalee qui se demandaient ce que ça signifiait. Elle voulut le rassurer en s'adressant directement à lui :

« Néanmoins, vous n'êtes pas le seul à qui c'est arrivé. Vous aurez sûrement plus de moments difficiles, mais vous allez vous en sortir. Je reviendrai régulièrement vous donner des calmants. »

Le symbiotique acquiesça. Comme l'infirmière ne partait pas et croisait les bras, il comprit qu'il y avait autre chose.

« J'ai une autre hypothèse pour cette réaction violente. »

Allen leva des yeux effrayés, sa bouche voulut s'ouvrir, mais il n'en avait pas l'énergie, alors Lenalee demanda à sa place.

« Qu'est-ce que c'est ?

—Il est lié, n'est-ce pas ? »

Il suffit de cette phrase pour qu'Allen sente son cœur le piqueter et que les larmes ne se pointent à nouveau sous ses yeux. C'était tellement stupide, mais l'évocation de Kanda le retournait complètement. Il aurait tellement aimé que le lien se soit déclenché avec quelqu'un d'autre, pour ne pas ressentir l'odeur si proche mais si éloignée à la fois, pour avoir la présence d'un partenaire avec lui. Car, Allen le comprenait avec horreur, il avait besoin de l'alpha. Ils ne s'appréciaient même pas, ils ne se parlaient même plus pour s'engueuler depuis quelques temps, mais en cet instant, Allen le voulait à ses côtés. Il détestait ses chaleurs, détestait le lien qui forçait ses sentiments dans une direction qu'ils n'auraient jamais empruntée autrement. Ces pensées lui suffirent pour pleurer à nouveau. Lenalee et Lavi le regardèrent avec confusion, et l'infirmière parut éclairée.

« Beaucoup d'omégas liés ne supportent pas leurs chaleurs sans leurs alphas. Leur corps est faible, leur mental aussi, ils ont besoin de stabilité et du contact affectif que le lien est censé apporter. S'ils en sont privés, ils sont énormément fragilisés. » Elle s'arrêta, et l'interpella encore, prudente au vu de ses larmes : « Je crois avoir compris que vous ne vous en entendiez pas bien avec votre alpha, mais compte tenu des circonstances, vous pourriez lui demander de venir. »

C'était donc bien ce qu'il pensait, et définitivement ce qu'il ressentait. Allen se mordit la lèvre.

« Je vais le chercher, alors. »

Lenalee avait parlé. Allen ressentit une nouvelle panique le saisir :

« Non, Lenalee, non ! »

C'était tout ce qu'il avait la force de dire. Autant, d'une certaine manière, l'idée de Kanda, de son odeur, lui plaisait. Autant, de l'autre, avec leur relation et le caractère de ce dernier, le fait que ce soit Kanda, il ne pouvait décidément pas en arriver là. La Chinoise martela ses mots, se voulant implacable :

« J'irai lui parler et lui faire comprendre que tu as besoin de lui. »

Secouant la tête, le blandin se résigna à faire quelque chose qu'il ne s'abaissait jamais à faire. Supplier. Il était tellement perdu qu'il ne voyait plus que cette solution.

« Je t'en prie, je suis vraiment désolé ! Je dormirai et je me calmerai, je promets que je ne recommencerai plus ! Ne va pas chercher Kanda ! Je ne veux pas qu'il me voit comme ça ! »

Les surprenant Lavi et lui, la jeune fille lui asséna, furax :

« Bon sang, Allen-kun, arrête de t'excuser dès que tu montres tes états d'âmes, tu exagères et ça commence à m'énerver sérieusement ! Tu as recommencé à pleurer dès que l'infirmière a évoqué le lien, arrête de toujours renier ce que tu veux ! »

Lavi se mit entre eux, cherchant à tempérer :

« Lena, je crois pas que ce soit sage de lui dire ça dans son état, sois indulgente… »

La brunette réfuta.

« J'ai été indulgente assez longtemps, je dis ça pour son bien ! »

Elle s'approcha d'Allen, et le prit littéralement entre quatre yeux, retenant ses joues mouillées, mettant son visage face au sien. Elle ne lui laisserait pas d'échappatoire. « Qu'est-ce que tu veux, Allen-kun ? »

Allen déglutit. Ses yeux se remplirent à nouveau, et s'il voulut être assez fort pour ne pas les laisser se déverser, il respira plus fort. Lenalee répéta.

« Qu'est-ce que tu veux ?

—Je… »

Il avait mal au ventre, mais à cause de l'angoisse de ce qu'il allait dire. La Chinoise ne le laisserait pas donner de réponse évasive, encore moins mentir. Oh, il n'avait même plus envie de se battre contre ça.

« Je veux… »

Il entendit sa voix comme s'il s'agissait de celle d'un autre.

« Je veux Kanda… »

Lenalee lui sourit alors, et dégagea quelques mèches trempées de sueur sur son front pour y coller un baiser.

« Bien. Je vais te ramener Kanda. »

Le souffle court comme s'il avait couru ou hurlé, le cœur battant comme un tambour, Allen s'angoissa immédiatement de la réaction du concerné. Logiquement, il s'inquiéta qu'il refuse, parce qu'il se demandait bien pourquoi il accepterait. Après tout, il le détestait. Alors c'était sûr, qu'il allait refuser. Et, si, par chance, il acceptait, avec quelles intentions ? Allen n'avait pas peur de lui, mais dans cette situation… Les questions tournaient dans sa tête, avec une seule certitude : il venait de dire la plus grosse connerie de sa vie. Cela lui fit peur. Il s'embarquait dans quelque chose qui le dépassait de très loin, il venait de faire un mauvais choix, c'était certain. En contraste avec son propre ressenti, Lavi lui souriait, apparemment aussi optimiste que Lenalee, le noyant de paroles réconfortantes. L'infirmière donna aussi de son avis sur le fait que 'son alpha' l'aiderait certainement. Elle lui expliqua qu'il serait sans doute encore sujet à quelques crampes et éventuellement des nausées, et lui dit qu'il ferait mieux de dormir avant que ça ne le reprenne.

Lenalee, elle, était partie comme une flèche, décidée à ce que les choses se passent comme elle le voulait.


Plus que déterminée à ne pas laisser son ami souffrir, la jeune Chinoise parcourut la citadelle de long en large pour trouver Kanda. En passant par les salles de méditations, les salles de repos, celles d'entraînements, et même les bureaux des scientifiques. Pour finir par aller au seul endroit évident auquel elle n'avait pas encore pensé dans sa précipitation, sa chambre. Tout simplement car, à cette heure-ci, comme il était plus de dix-sept heures, Kanda s'entraînait ou méditait, lorsqu'il n'était pas en mission. Cela dit, comme les chaleurs perturbaient habituellement l'alpha en plus de l'oméga, ça ne l'étonnait pas qu'il soit parti se coucher. Toquant, elle patienta, et enfin, la silhouette sombre de Kanda apparut dans l'embrasure nullement plus lumineuse. Ses traits tirés, il avait un aspect très peu avenant.

« Il faut que je te parle. »

Kanda grogna en réponse, comprenant qu'il n'avait absolument aucun choix devant l'absolutisme de sa voix.

« Qu'est-ce que tu me veux ? »

Lenalee alla droit au but. Dans une telle situation, inutile de prendre des gants.

« C'est à propos d'Allen. Il y a quelque chose qui ne va pas. »

Comme Kanda levait un sourcil sans répondre, relativement indifférent, Lenalee inspira profondément. Les sourcils piquant sur la racine de son nez, immédiatement rendue mécontente, la jeune femme n'allait pas le laisser s'évader, lui non plus. Elle n'écouta pas ses protestations et l'obligea à ouvrir davantage la porte pour qu'elle puisse entrer, ce qu'elle fit. La chambre de Kanda était relativement sombre, avec cette fleur de lotus enfermée dans un dôme semblable à un sablier posé sur sa table de chevet et les rideaux tirés. Tout semblait fait pour renforcer le caractère grisâtre des dalles qui composaient les sols et les murs de la citadelle, en accord avec la journée désastreuse qu'ils étaient en train de vivre.

« Kanda, il ne supporte pas ses chaleurs. Il a besoin de toi. »

Le brun renversa sa tête en arrière, au summum de l'irritation. Il durcit le regard.

« Je t'ai déjà dit que je me foutais du Moyashi. »

La colère s'empara de Lenalee. D'accord, elle connaissait Kanda depuis qu'il était arrivé à l'Ordre. Elle était encore jeune et lui également à ce moment-là, et elle savait que lui aussi en avait vu de dures avec la Congrégation, même si elle ne connaissait pas les détails. C'était assez pour deviner que Kanda cachait des souffrances, comme eux tous. Seulement, comment pouvait-il être si égoïste ? Elle le voyait comme un ami, elle était toujours prête à le défendre devant les autres. À trouver des excuses à sa mauvaise humeur, telles que 'sa mission s'est mal passée, il est fatigué', mais il y avait des limites ! Elle s'était énervée contre Allen car sa tendance maladive à se cacher derrière des excuses dès qu'il se dévoilait commençait à tourner au ridicule et la sidérait entièrement, mais l'attitude de Kanda valait largement celle de l'oméga. Elle aurait bien voulu les prendre et les fracasser l'un contre l'autre en espérant que le choc aiderait leurs neurones à se connecter d'une quelconque façon.

Aussi, il n'y eut rien de surprenant à ce que Lenalee laisse éclater ce ressenti.

« Il ne s'agit pas que de toi, Kanda ! Je te dis qu'il va mal ! L'infirmière nous a expliqué que les omégas liés supportent mal leurs chaleurs sans alphas, car ils ont besoin de leur affection. Franchement, tu n'as jamais traité Allen avec gentillesse depuis que vous avez découvert votre lien ! » Kanda ne l'aurait pas regardé autrement si trois têtes lui avaient poussé d'un coup, tandis qu'il assimilait ses paroles. Elle continuait. « Tu ne t'es jamais comporté de manière très aimable avec lui, mais tu t'es réellement surpassé pour agir comme un connard depuis quelques temps ! »

Le Japonais eut un mouvement de recul presque imperceptible, choqué de l'entendre jurer à son encontre. Également de l'entendre jurer tout court. Si bien partie, Lenalee ne se retint aucunement sur tout ce qui la dérangeait. Elle était émotive, émotionnelle, n'aimait pas se disputer avec ses camarades, mais s'il le fallait, elle allait le faire. Nez froncé, elle lui jeta :

« Tu sais qu'on l'a retrouvé deux fois complètement abattu, l'une en train de pleurer, après vos confrontations ? Tu as une idée de ce qu'il peut ressentir ? » Elle laissa échapper un souffle amer à ce moment-là. « Bien sûr, puisque tu peux le sentir. Tu l'as même attaqué là-dessus. »

Kanda fut interdit, mais ne chercha pas à nier.

« Il te l'a dit ? »

Lenalee se demanda si du mépris ou un quelconque dédain était dans sa voix. Elle ne sut si elle en trouvait, mais l'étonnement était là, lui. Ce fut elle qui renifla, autant de colère envers Allen qu'envers son interlocuteur.

« Tu penses bien qu'on a dû lui tirer les vers du nez avec Lavi. Je voulais te parler depuis un moment, mais il refusait. Ça arrive à un point où je ne peux plus rester les bras croisés. On a tous eu une vie difficile, Kanda, lui aussi, tu pourrais comprendre ce qu'il peut ressentir. Il a été découvert comme étant l'hôte d'un Noah, il est suspecté de trahison, sachant qu'il avait appris à considérer le QG comme sa maison ! Tu aurais dû mesurer l'impact que tes paroles peuvent avoir sur lui. »

Cela eut pour effet de faire grogner l'épéiste. Lenalee voyait bien qu'il contractait sa mâchoire.

« S'il n'est pas assez fort pour considérer les conneries qu'on lui dit comme du vent, c'est pas mon problème. »

Elle passa sur la remarque puérile, c'était un débat dans lequel elle n'avait pas envie d'entrer, bien qu'elle ne jugeait pas qu'être perturbé par une attaque basse sur ses sentiments pouvait être considéré comme une faiblesse. Surtout dans ce contexte. Lenalee hurla :

« Il est TON OMÉGA, c'est TON problème ! Arrête de faire l'enfant, sérieusement, Kanda !

—MOYASHI N'EST PAS MON OMÉGA ! »

Kanda répliquait sur le même ton. Les deux Asiatiques se fusillaient du regard, le Japonais et la Chinoise n'étant pas prêts d'en démordre.

« Certes, le lien ne t'oblige pas à faire réellement de lui ton oméga ni à l'aimer. Je suis d'accord. Mais tu pourrais au moins être auprès de lui pour l'aider, comme un camarade. Dans cette situation, il n'a que toi. J'essaie de m'occuper de lui, Lavi aussi, mais on voit bien qu'on n'est pas ce qu'il lui faut. »

Kanda marqua un silence. Lenalee reprit.

« Tout à l'heure, il avait si mal qu'il se griffait l'intérieur des cuisses à sang dans sa panique ! » Un éclat troublé traversa les yeux du brun, la jeune fille commença à croire qu'il comprenait la gravité de la situation. « Apparemment, son corps a du mal à supporter les changements qu'amènent ses chaleurs. C'est pour ça qu'il a aussi besoin de toi ! Tu ne peux pas ne rien faire, Kanda ! »

Le silence du brun se faisait pesant. Hagard, bouche entre ouverte, visiblement paumé, Kanda peinait avec ses mots, lui qui n'était pas un as dans le domaine de l'expression. Il clôt les paupières un instant et les rouvrit, sa façade recomposée.

« Je ne peux pas l'aider. »

Lenalee protesta :

« Bien sûr que tu peux ! Reste avec lui, parle-lui, donne-lui un peu d'attention, et ça le détendra sûrement !

—Tu crois vraiment que je vais faire ça, moi ?! »

La brune se pinça l'arête du nez, se retenant de s'égosiller.

« Pour une semaine, ça ne te tuerait pas.

—Moyashi n'est pas mon ami, j'ai pas de raison de faire ça. »

Kanda s'obstinait. En conséquence, Lenalee enrageait de nouveau.

« Comment tu peux t'en moquer avec tout ce que je t'ai expliqué ? Ça ne te fait rien ? »

Le regard droit, Kanda restait froid.

« Y a plein de choses tristes et mauvaises qu'arrivent dans la vie. On ne peut pas pleurer ni se sentir concerné pour tout.

—Mais toi tu ne te sens concerné par rien ! Vous êtes liés, tous les deux ! Tu as le pouvoir de faire en sorte d'alléger sa peine, et tu ne veux pas le faire parce que tu as décidé qu'il devait souffrir ? »

Face à l'accusation, Kanda fronça les sourcils.

« Bordel, dis pas que j'ai décidé qu'il devait souffrir ! Putain, ça va quand même pas être de ma faute s'il a ses chaleurs de merde, non plus !?

—Si tu ne fais rien, si, c'est ta décision. Enfin, Kanda, personne ne te demande de passer ta vie avec lui, juste de prendre soin de lui comme un ami pendant une semaine, et ça ne t'engage à rien pour la suite ! »

Kanda, debout au milieu de sa chambre, se laissa tomber sur son lit, ses mains serrant ses genoux. À présent seule debout, Lenalee le surplombait. Elle connaissait Kanda, voyait très bien quand il était repoussé dans ses retranchements et déboussolé. Tant pis si elle le vexait. Si elle devait l'ébranler totalement pour lui faire comprendre les choses, elle le ferait.

« Kanda, s'il te plaît. »

Le Japonais secoua la tête, sans répondre. Lenalee se mordit la lèvre.

« Il t'a réclamé. »

Les yeux bleus de Kanda se braquèrent sur elle. Il paraissait estomaqué.

« Moyashi veut que je m'occupe de lui ? »

Lenalee hocha la tête, inexpressive.

« Il est complètement perdu et il a peur. Ton odeur lui est agréable, il a besoin de confort, alors oui, il te veut. »

Comme elle il y a quelques instants, Kanda se pinça l'arête du nez, fermement.

« Merde, j'ai aucune putain d'envie d'être mêlé à ça ! »

Lenalee ne fléchit pas.

« Mais tu l'es. Assume-le. »

Il y eut un échange de regard qui s'installa en durée, où chacun ne baissait devant l'autre, puis Kanda rompit la fermeté.

« Tch. Dégage.

—Je te demande pardon, Kanda ?! »

Alerte, Lenalee campa sur ses appuis, déterminée à ne pas se faire mettre dehors si facilement. Pourtant, le Japonais réussit à se débarrasser de la Chinoise aussi rapidement qu'elle s'était imposée à lui. Il fut sur le point de fermer la porte, quand Lenalee la bloqua avec son pied. Oh, quitte à la défoncer, elle n'abandonnerait pas, pour Allen. Bien consciente qu'elle ne pouvait pas forcer le brun, le raisonner était sa seule option. Elle était prête à faire durer la confrontation pour cela. Lenalee le fusilla du regard, se montrant invaincue.

Mais Kanda était déjà résigné.

« Je vais y réfléchir. J'ai besoin d'un peu de temps. Maintenant dégage. »

Lenalee enleva son pied. Elle sourit, pleine d'espoir.

« Je comprends, alors réfléchis bien. Pense à lui. »

La mine sombre du Japonais l'examinait. Elle espérait que Kanda ne serait pas trop long, car elle pressentait que vu son état catastrophique, Allen risquait une crise prochainement. Elle avait sérieusement peur que le temps ne la rende plus violente. La brunette avait tellement détesté le voir si démuni... Si la prochaine fois, il lui fallait traîner Kanda par la peau des fesses jusqu'à Allen, elle en aurait été capable. Seulement, en mettant de côté son indignation et le sentiment d'injustice, il ne fallait pas non plus qu'elle se trompe : tout dépendait du kendoka, non d'elle. Elle faisait néanmoins confiance à Kanda pour prendre la bonne décision malgré son entêtement.

Lenalee respira profondément et tenta de regagner son calme. Les tours de ses yeux la brûlaient furieusement. Le stress l'avait envahi lors de la dispute, et il allait lui falloir s'en défaire.

Tout comme elle s'y attendait, Kanda ne lui accorda pas le moindre mot supplémentaire. Et la porte claqua.


Tadaa :') c'était angst, je sens qu'on va encore me dire que je suis méchante avec ce pauvre Allen x'DD.

Alors, bon, ce premier paragraphe n'est pas très important, mais je dois vous avouer que de base, quand je l'ai imaginée il y a dix mois, l'histoire était censée se limiter à ça : Allen et Kanda liés, dans un contexte où Allen est fortement affaibli et déprimé, Kanda qui repousse violemment Allen jusqu'à ce qu'il s'avère qu'Allen ne peut pas supporter ses chaleurs sans lui, et qu'il doit donc choisir entre assumer 'ses responsabilités' ou continuer à le rejeter. Ça sonne beaucoup plus simple que ce je vous ai annoncé jusqu'à présent, et si je comptais déjà essayer de faire quelque chose de pas trop cliché avec malgré tout, je pensais qu'il n'y aurait qu'une dizaine de chapitres X'D. Seulement, en faisant toute cette longue intro, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup plus à faire, vous pouvez vous en douter vu que je compte reprendre ce que j'ai fait ici avec le concept de l'omégaverse pour un roman, ça va vachement plus loin que ça maintenant et j'ai pas mal dévié de mon scénario basique X).

Donc, le récit le stipule déjà et je vais sans doute paraphraser, mais ici les omégas sont très affaiblis mentalement et physiquement lors de leurs chaleurs. Je trouvais logique qu'il y ait des conséquences car c'est ainsi qu'Allen complète sa puberté en tant qu'oméga, son corps va changer et logiquement les changements ont des répercussions. Quant au fait qu'il ait plus de mal qu'à l'ordinaire, on peut dire que c'est un jeu de la malchance (je sais, c'est cliché que comme par hasaaard le personnage principal d'une histoire soit victime du mauvais coup du destin au lieu que tout se passe normalement, mais c'est voulu, j'ai prévenu, je vais jouer avec des clichés ^^ btw c'est aussi pour ça que le discours de Lenalee est un peu mélodramatique par certains aspects, c'est l'effet voulu puis ça correspond à son personnage ^^). Mais ça trouvera aussi une explication concrète plus tard :p, en plus du fait que ça montre que des complications peuvent arriver en étant toujours réaliste.

"Hormones" a donc davantage une valeur initiatique avant le reste :). Comme les hormones d'Allen seront fortement perturbées, d'où le titre x'D, ça va jouer sur ses émotions et le rendre facilement irritable/abattu. D'où l'angst, le fait que ce soit une situation dure, à laquelle le pauvre ne s'attendait pas, puis le fait qu'il en vienne à réclamer Kanda en étant perdu, car leur lien fait qu'il a un certain besoin de lui, comme dit dans le texte.

Pour vulgariser, on peut comparer ça aux règles et à l'ovulation mélangés (si on garde l'exemple des règles ça peut en effet apporter des maladies), mais avec en plus les pulsions qui deviennent difficiles à contenir et l'instinct primal qui prend le dessus comme étant propre aux chaleurs. Gardez ça en tête pour la suite x'D. Encore une fois, je n'en ai pas fait une situation facile, toujours pour que ça soit réaliste et pour pousser le concept de l'omégaverse, dans mon objectif de satire/approfondissement ^^.

C'est donc, je le répète, difficile pour Allen (et ce n'est pas fini), mais aussi pour Kanda, qui est devant un choix lourd en conséquences pour lui. Mais que va-t-il se passer concrètement, ça... ;).

N'hésitez vraiment pas à laisser une petite review pour faire partager ce que vous avez pensé durant votre lecture ou même juste dire si vous avez aimé, ne soyez pas lecteur fantôme s'il vous plaît :) !

Au prochain chapitre et merci d'avoir lu !