Hello !
So je poste le jeudi parce que j'ai envie de clôturer le mois d'août avec un chapitre x'D mais à partir de la semaine prochaine ce sera le vendredi soir :). Mes cours vont bientôt reprendre alors je vais m'imposer le vendredi, comme je ne sais pas encore de quoi sera fait mon emploi du temps x). Puis j'imagine que ça sera plus facile pour tout le monde de lire vu que le week-end tombe là :').
Sinoon je suis contente, la fic a dépassé les 60 reviews, vos retours sur le dernier chap' m'ont fait vraiment plaisir :D.
Ce chapitre est peut-être plus léger, malgré un angst toujours présent, j'espère que vous allez aimer :). Ça se passe toujours le même jour x'D. Pour repréciser la chronologie temporelle, même si le chap s'en charge lui-même, de la fin du 6 au milieu du 10, c'est le déclenchement des chaleurs d'Allen. De la fin du 10 à ce chapitre, c'est le lendemain. Allen en est donc à son deuxième jour de chaleurs, si on compte le déclenchement comme étant le premier :).
Bonne lecture !
Edit du 06/06/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
Réponse anonyme :
B : Haha c'est vrai qu'il était pas mal dans l'exagération dans le chap x). Par contre, pour ta remarque, je tiens à dire que selon moi ce n'est pas comme ça qu'il faut l'interpréter ^^. Je n'ai pas tellement écrit le passage de la gifle pour mêler de la violence et du fluff en mode normal, moi aussi je n'aime pas tellement ça. Tu verras que ce chapitre fait justement la satire de ce genre de choses ;). C'est surtout qu'Allen paniquait, la gifle étant quand même un moyen de calmer une personne qui panique, et même si c'est une réaction bourrine à mon avis, elle correspond à Kanda. Il paniquait aussi, et il a donc une réaction con. Il faut bien sûr le voir comme tel, Kanda étant un personnage brutal et peu à l'aise en relations humaines, ça se ressent, mais ce n'est pas pour que le récit aille dans la direction violence/fluff ^^. C'est juste que ça correspond aux persos et je ne tiens pas à lisser ni à faire dans le politiquement correct. J'en profite pour dire qu'ils vont faire des erreurs et avoir des réactions idiotes, l'un comme l'autre, les lecteurs seront libre de compatir/ de les juger stupide, c'est le but, mais il ne faut pas le prendre au premier degré :). Pour rester sur la violence, je comprends que certains soient dérangés par ça, même quand elle est mineure, mais il y aura une petite réflexion autour de ce thème, donc j'espère que ça te plaira ^^. Bon, ma réponse est un peu longue, mais je tenais à l'expliquer, histoire qu'il n'y ait pas de malentendu sur mes buts d'écriture x)). Sinon, je suis contente que tu aies trouvé ça bien décrit :). Merci de ton avis ! :)
Hajime : Mdrr c'est un peu ça pour Kanda, et tu vas voir, il n'a pas fini :'). Je suis contente que tu aimes la tournure des choses :). Pour quand Allen le chauffera, tu verras bien ;). Ok pour la fiction, je la note pour quand j'aurai le temps :p. Merci de ton avis en tout cas et bonne continuation à toi aussi ;).
Deydeykagamine : Je suis contente que tu aies trouvé le chap intéressant :). Oui, c'est ça, Allen essaie de ne pas gêner Kanda mais il n'y arrive pas tellement le pauvre ^^. Mdrr c'est ça, Allen a une certaine innocence, mais en même temps c'est une situation à laquelle il n'est pas habitué, ça se comprend aussi. Par contre quand tu dis que c'est cucul tu veux dire par rapport aux réactions d'Allen ou c'est vraiment l'écriture du chap que tu trouves cucul x'D ? Ma foi, je joue avec des clichés des fictions niaises, donc c'est un peu normal que ça fasse cet effet, mais pour l'instant ce n'est pas encore trop poussé à mon avis donc ça me surprend x). Cela dit chacun sa vision du cucul ;). Sinon, je suis contente que tu aies aussi aimé Shape Of You, et Haru Day :). Yep, j'ai osé traité le thème de la masturbation féminine x) ! Et pour les reviews t'inquiète, tu fais comme tu veux :)). Merci pour tes avis :D !
Emelynn21 : C'est toi que je remercie, je suis vraiment contente que tu aies trouvé ça bien :). Et merci pour tes autres reviews, elles m'ont fait très plaisir :o ! Je suis flattée si tu aimes à ce point mes écrits :D ! Pour Shape Of You, hmm... Pas tellement, non ;). Du moins pas pour la partie 1 x'D. Ensuite, tu verras ;3. Pour Marked, wow, encore une fois, je suis grave contente que tu aies aimé à ce point mon OS :o. Pour Petite histoire de ton, oui, il est tout simple celui-là, j'étais pas trop calibrée angst à l'époque où je l'ai écrit ahaha. Je suis contente qu'il t'ait plu ;) ! Encore merci :3.
Suite à ces nouvelles perturbations, Kanda avait décidé qu'il fallait établir également des nouvelles limites. Certes, il acceptait, dans un élan de compassion et de compréhension, d'être senti par le maudit quand il en aurait vraiment besoin – et ça se voyait, qu'il en avait besoin. Seulement, ça se ferait de manière stricte. Il ne laisserait pas le Moyashi s'habituer à faire ce qu'il voulait de lui. Aussi, Allen et lui avaient entrepris une sorte de négociation pour le moins pathétique aux yeux du brun, surtout qu'il pouvait s'en rendre compte, le gamin était dur en affaire. Pas qu'en affaire, d'ailleurs. Kanda voyait bien que son odeur lui avait fait plus d'effet qu'il ne l'escomptait. Et autant dire qu'il ne voyait pas ça d'un œil tellement ravi. Ça l'énervait, à vrai dire. Moyashi était capable de bander grâce à son odeur, mais ses foutues crises en rapport avec ses besoins sexuels ne se déclenchaient pas ? Sérieusement, qu'est-ce qu'elles attendaient ? Entre ça, et les autres crises indésirables, son corps leur faisait des blagues, ou y avait un truc qui clochait. De toute façon, tout portait à croire qu'il y avait, en effet, un truc qui clochait.
Le tintement inaudible n'avait pas fini de les faire chier.
« Je te laisserai faire ça deux fois par jour, et pas très longtemps. »
Il avait commencé, et, comme il fallait s'y attendre, Allen avait protesté :
« Je veux pas trop t'en demander, mais si ce n'est pas très long, est-ce qu'on pourrait faire ça quatre fois ? »
Kanda avait vu rouge. Bien sûr, le ton était gêné, il n'était ni impératif, ni trop direct. Il y avait de l'humilité dans sa voix. Non-feinte. Moyashi feignait souvent ce genre de sentiment, Kanda pouvait dire que ce n'était pas le cas maintenant. Seulement, il le pensait en étant pour le moins embarrassé – parce que merde, ça l'était – si c'était pour l'avoir si près et en érection contre lui, il préférait minimiser ce genre de contacts.
« Tch. Deux fois par jour. On verra si t'as des crises.
—Mais Kanda…
—Non. »
Il avait croisé les bras, sec. Lorgnant encore, sans le vouloir, vers l'entrejambe du blandin. Il grogna. Dire que l'autre idiot remettait en doute sa capacité à se contrôler alors qu'il était celui qui ne savait pas calmer ses foutues hormones.
« Et tu me feras le plaisir de pas t'exciter. C'est pas parce que tu me sens qu'on va baiser. Compris ? »
Allen avait eu la décence d'arborer une expression d'incompréhension, puis le rouge lui était monté aux joues et il avait plaqué les mains au niveau de son entrejambe. Se retournant, il essayait de se cacher, bien que ce soit trop tard.
« Je… Je… Je suis en chaleurs, » bégaya-t-il, « C'est juste une réaction normale, et j'ai pas fait exprès ! Je ne pense pas qu'on fera quoique ce soit ! C'est mon corps qui réagit ! »
Kanda secoua la tête.
« Et pourquoi tes crises à la con se déclenchent pas maintenant, si tu bandes comme ça ?
—Mais j'en sais rien ! On peut éviter de parler de ça ? C'est gênant pour moi ! »
L'Asiatique ne se laissa pas adoucir.
« Si me sentir te fait cet effet-là, que tu sois gêné ou pas, j'en parle, ça me plaît pas, Moyashi !
—Je comprends ça, mais moi non plus ! »
Kanda avait senti ses lèvres se retrousser, et Allen soutenait son regard. Ils se toisaient en chien de faïence, comme prêt à passer d'un meurtre par contact visuel à un meurtre physique, et Kanda mit fin à l'échange. Quelque part, ces rapports ressemblaient plus à ceux qu'ils pouvaient avoir avant la découverte de leur lien et avant la tension que ça avait éveillée entre eux. Majoritairement car Kanda et Allen avaient finalement réussi à éteindre les braises de la colère qui les consumait l'un envers l'autre. Qu'elle fut injuste, pour Kanda, ou motivée par la blessure, pour Allen. Le Japonais s'en était aperçu, avoir réconforté Allen et avoir été conciliant envers lui les avait pour ainsi dire apaisés tous deux. C'était un accord tacite, quelque chose qu'ils ressentaient avec égalité. Il restait cependant les cendres, et tout ne pouvait pas être balayé si vite.
Mais, l'épéiste le reconnaissait, avoir enfin moins de tension, c'était un peu plus agréable.
« Donc deux fois par jour. Sauf si t'as des crises. On verra bien.
—Trois ? »
Allen se gratta l'arrière du crâne, avec un petit sourire gêné. Sans pitié, Kanda asséna :
« Tu pousses trop, Moyashi. Tu dis pas vouloir en demander trop mais c'est faux. »
Réagissant à l'attaque, le blandin eut une grimace blessée, argumentant :
« C'est juste que j'en ai vraiment besoin, je te l'ai dit ! Avec mes chaleurs, c'est comme si j'avais tout le temps besoin d'être près, Kanda. » Il baissait les yeux. « Essaie de me comprendre. Je sais bien que ce n'est pas possible et que ça serait exagéré de faire ça, mais si ces trois fois sont bien réparties dans la journée, ça me ferait me sentir mieux, et je te collerais pas trop. »
Comme Kanda se taisait, Allen rajouta :
« Au moins au début. On diminuera ensuite, je te promets. Tu veux bien ? »
Kanda ferma les yeux. Les arguments du gosse se valaient… Ça ne changeait rien au fait qu'il avait envie de l'épingler au mur.
« T'auras droit à une autre fois aujourd'hui. Ça fera trois. À partir de demain, ce sera juste deux. Mais si tu fais une crise la nuit, t'auras le droit de me coller, je gueulerais pas. »
Allen hocha vivement la tête, souriant.
« Merci de comprendre, Kanda. »
Il y eut un silence, et Allen lui souriait encore.
« Je sais bien que je te demande beaucoup d'efforts, crois-moi. Quand tout ça sera fini, je te revaudrai ça. »
Ne voulant pas que ce crétin s'imagine lui être redevable et donc ne cherche à faire quelque chose pour lui, Kanda lui lâcha dans une voix rauque :
« T'auras qu'à me foutre la paix une bonne fois pour toute, et tu auras remboursé ta dette. »
Allen lui offrit un nouveau hochement de tête.
« Je te jure que je t'embêterai plus une fois que mes chaleurs seront finies. »
Kanda faillit avoir un rictus qu'il réprima. Ça ne l'amusait même pas. C'est plutôt l'ironie de la situation qui le frappait : il avait en effet du mal à croire que le Moyashi ne trouverait pas un autre moyen de le faire chier. C'était sans doute une pensée qui lui venait du fait qu'ils avaient passé les deux derniers mois et leurs premières heures ensemble en étant en grand conflit, que Kanda savait que ça pouvait repartir à tout moment, qu'ils allaient encore galérer, mais pas que. Ce n'était pas non plus un retour en arrière qu'il redoutait. Auparavant, ils s'engueulaient souvent, pour des causes plus ou moins importantes, proches de la taquinerie. Une taquinerie presque méchante, mais ça ne le dérangeait pas tellement de repartir dans ces échanges-là, pour ce qu'il en avait à foutre. Plus encore, ce qu'il ressentait se rapportait à une intuition. Son œil se fit circulaire, il engloba le maudit.
« T'as intérêt à tenir ta promesse. Tu sais que j'aime pas les paroles en l'air. »
Le blandin était toujours aussi souriant, très naïvement.
« Ouais. »
Le sourire du blanc retomba bien vite. Kanda sentit qu'il restait planté comme un pommier une minute de trop. Évidemment, dès que le silence s'instaurait, cet embarras des premiers instants était là. Car Allen et lui ne savaient pas comment se comporter l'un envers l'autre, n'ayant jamais partagé de temps ensemble ainsi. Leurs interactions étaient souvent succinctes. Même lorsqu'ils étaient ensemble lors de missions, Kanda s'arrangeait pour s'isoler et ne pas l'avoir dans les pattes. Bien sûr, le Japonais préconisait encore l'indifférence. N'empêche qu'être coincé dans la même pièce que le maudit, et ne pas pouvoir entièrement vaquer comme il le souhaitait car Allen avait besoin de lui, le gardait de s'y réfugier, conformément à son habitude. Ça le déstabilisait à peine. Kanda n'aimait pas ça, mais il n'avait pas le choix.
Marquant un temps d'arrêt, le Japonais prévint le Moyashi qu'il allait prendre de quoi lire et rapporter les plateaux de bouffe à Jerry, aussi, il lui re-prêta sa veste, même s'il ne serait pas absent bien longtemps. Sécurité supplémentaire. Allen acquiesça sans protester.
« Vu que tu sors, pense à ramener un livre pour moi, s'il te plaît. »
Sa gentillesse polie de mise était de retour. Kanda haussa à peine les sourcils.
« Tu lis ? »
Allen fut vaguement vexé par son dédain. Quoi, il avait l'air trop stupide pour savoir lire ? Certes, il ne savait que depuis peu de temps, mais il savait. Puis, il eut soudain un petit rictus ironique qui n'échappa pas à Kanda.
« C'est marrant, moi aussi j'ai été surpris que tu lises. T'as l'air d'être le genre d'abruti qui pense que la lecture est une perte de temps. »
Sur un 'tch', Kanda choisit de ne pas répondre, hésitant à penser qu'il voulait l'énerver pour qu'il reste plus longtemps – ce qui était débile – ou qu'il essayait simplement de discuter en disant ce qu'il pensait – ce qui l'était tout autant. Il avança vers la porte quand le blandin rajouta :
« Essaie de me prendre quelque chose d'intéressant. »
Après tout, Allen avait passé la soirée de la veille à s'ennuyer, logique qu'il veuille un peu de distraction, même moindre. À ce moment, Kanda eut lui aussi envie de lui jeter une pique. Parce qu'il lui tendait tout à fait la perche. Se retournant, il lui lança :
« Laisse-moi deviner, Moyashi, fan des histoires d'amour à l'eau de rose ? »
Le maudit fut brièvement étonné, et durcit le regard.
« C'est Allen et c'est ton domaine, les petites fleurs, non ? »
Comprenant qu'il faisait allusion à son odeur, Kanda se figea. Oui, les fleurs étaient son domaine. Bien malgré lui. Il serra les dents.
« Attention à toi, Moyashi.
—Sinon quoi ? Tu vas te fâcher tout rose ? »
La provocation dans sa voix ne lui plaisait nullement. Il gronda, son poing tournant la poignée avec rapidité.
« Petit enfoiré. Tu pourras t'accrocher pour me sentir une autre fois.
—Attends, Kanda ! C'était pour rire- »
Satisfait de son petit effet, il était parti en claquant la porte. Ce petit con croyait qu'il pouvait le vanner comme ça ? Pour rire ? Tch. Kanda n'était pas débile, aussi, il voyait bien qu'il essayait d'établir un échange. Kanda n'était pas réellement énervé pour ce qu'il avait dit. Non, il se fichait des paroles du blandin, il était assez mature pour ne pas se vexer pour ce genre de conneries, mais il était d'avis qu'il ne fallait pas que l'autre se sente pousser des ailes trop vite, juste parce qu'il se comportait comme un bon alpha. Quant à lui, Moyashi était l'oméga le plus casse-pieds qu'il n'ait jamais rencontré.
S'étant dépêché d'accomplir ses tâches, Kanda croisa Lenalee et Lavi dans les couloirs. Ces derniers l'arrêtèrent, Lavi s'empressant de passer un bras autour de ses épaules, son irritation grimpant comme une flèche filante.
« Alors, Yû, Allen est toujours entier ? »
Kanda grogna en se dégageant promptement. Ça l'emmerdait d'être ralenti, il avait envie de se poser peinard et de ne pas retomber sur un oméga paniqué par son absence, mais c'était à prévoir que ces deux-là lui tiendraient la jambe afin de lui soutirer des nouvelles tôt ou tard.
« Ne m'appelle pas par mon prénom, Baka Usagi. »
Lavi s'appliqua à revêtir l'expression d'un chiot malheureux et battu, son visage ayant un aspect des plus pleurnicheur, sa voix partant dans les aigus :
« T'es trop méchant ! » Mais il redevint vite sérieux, aidé par un coup de coude dans les côtes que lui administra Lenalee, laquelle lui fit judicieusement remarquer qu'ils n'étaient pas là pour faire les idiots. « Comment va Allen ? »
Kanda soupira.
« Il est chiant. »
Lenalee fronça les sourcils, visiblement inquiète.
« Dis-nous en plus. C'est ses crises, ou vous avez toujours du mal à vous entendre ?
—Les deux. »
Cette réponse était honnête. Bien qu'il y ait eu un infime progrès, si ne plus être en 'guerre' leur avait été nécessaire, il fallait pas en attendre trop pour le reste. Elle croyait quoi, cette idiote ? Ils avaient passé une soirée ensemble, une nuit et une demi-journée. Ce n'était pas ça qui changerait quoique ce soit entre eux. Même un an n'y aurait rien changé, Kanda n'étant pas décidé à ça. La jeune Chinoise resta soucieuse.
« L'infirmière avait dit que ta présence arrêterait les crises… »
Lavi posa une main sur l'épaule de la brune, tandis que Kanda resta neutre, si ce n'est un peu exaspéré. Lui aussi aurait aimé que ça suffise.
« On l'a revu. Elle nous a expliqué que ça serait long et chiant, mais il va pas en crever. »
Ses paroles en apparence froides rassurèrent les deux autres. Lenalee le fixa d'un œil sévère, une main sur la hanche.
« J'espère que tu te comportes bien avec lui ! » Elle ajouta, après un silence. « Et lui aussi, d'ailleurs.
—Tch.
—Kanda ! »
L'alpha grogna.
« T'es chiante. » Dieu qu'elle l'était. Qu'ils l'étaient tous. « Il me soûle, mais on s'est pas encore butés. Ça te va ? »
Lenalee eut un sourire.
« Vous avez intérêt. »
L'épéiste la toisa, à peine provocateur, tandis que Lavi demanda :
« On aimerait passer le voir. Ça lui ferait sans doute plaisir.
—Demain matin. On a bougé dans sa chambre. »
Sur ces mots, Kanda partit, les deux autres acquiesçant. Vu comme Allen avait été stressé, si voir ses amis lui ferait du bien, Kanda pensait qu'il ne valait mieux pas qu'il passe par trop d'émotions d'un coup et qu'il se repose. Le lendemain était en outre préférable. Puis, il était là, lui aussi. Il n'appréciait pas trop de compagnie, et il savait bien qu'il serait déraisonnable de laisser Allen aujourd'hui. Il était trop tôt pour ça. Peut-être que demain, s'il ne faisait aucune crise dans la nuit, il pourrait le leur refiler une petite heure et par conséquent, être tranquille à son tour. Il était frustré de ne pas pouvoir s'entraîner ou méditer en paix. Il aurait vendu son âme pour deux heures de solitude.
Kanda pénétra dans la chambre d'Allen. La pièce était silencieuse et aucune odeur émotive alarmante n'y flottait. Pourtant, le brun put sentir son front se plisser. Le Moyashi n'était plus dans son lit. Comme, en revanche, Timcanpy y était posé et qu'il entendait de l'eau couler depuis la salle de bain, il en déduisit immédiatement qu'il se lavait. S'il était ravi qu'il puisse se démerder tout seul pour ça, qu'il ait besoin de l'assister là-dedans aurait été le comble de l'embarras pour eux, il jugeait cela dit imprudent qu'il n'ait pas attendu qu'il revienne. Rien que pour le danger qu'il tombe et se fracasse le crâne, car c'était une possibilité dans son état. Ils étaient exorcistes, il y avait suffisamment de probabilités pour se faire buter dans l'exercice de leur fonction, ça aurait quand même été con que le Moyashi crève en ayant perdu l'équilibre sous la douche. Ce n'était pas son problème, mais l'ayant pour ainsi dire sous sa responsabilité, le Japonais ne préférait pas qu'il y passe maintenant, s'il devait y passer.
Le calmant avait dû faire effet, finalement, puisqu'Allen semblait aller mieux. L'alpha eut juste le temps de poser les livres qu'il tenait avec lui qu'il entendit un cri, comme un fait exprès, suivi d'un bruit de froissement arraché semblable à celui du rideau de douche. Puis le fracas d'un corps tombant au sol.
Moyashi venait bel et bien de se casser la gueule.
Évidemment.
Dès qu'il y avait une connerie plausible, ça leur tombait dessus. Kanda finissait par croire que l'oméga n'était pas le seul à être maudit.
L'exaspération montant en lui due à cette prise de risque, espérant qu'il ne se soit pas trop abîmé, le brun se précipita dans la salle de bain, trouvant un Allen naturellement aussi nu qu'au premier jour, grimaçant de douleur alors qu'il essayait faiblement de se relever, étendu en compagnie du rideau et de sa tringle. L'eau coulait encore et le sol se retrouvait inondé par endroits. En l'apercevant, le rouge monta aux joues d'Allen, qui s'empara en vitesse d'un morceau du rideau pour se couvrir, pas que Kanda ait pris le temps de détailler vu la situation, humilié. Il se crispa de la tête aux pieds.
« Sors d'ici, Kanda ! Je me débrouille tout seul ! »
Il était presque agressif. Voulant se relever, toujours couvert avec un bout de rideau, Moyashi trébucha dans le morceau restant, manquant de s'étaler face contre le carrelage, il reprit son équilibre au bon moment, mais se reçut sur ses genoux. Il grimaça à nouveau. Prostré comme il l'était, non, c'était clair qu'il ne se débrouillait pas.
« Putain, tu vois dans quel état t'es, là ? » cracha le kendoka en réponse. Le blanc n'apprécia pas. « Tss… T'es imprudent, Moyashi. »
Allen baissa les yeux. Kanda s'approcha de lui, arrachant la serviette posée sur le lavabo. Il la lui balança. Il enjamba ensuite le corps de l'oméga, coupa l'eau, alors qu'Allen lâcha le rideau, remplaçant la serviette comme protection. Kanda ne fit pas de commentaire sur sa pudeur, ayant bien compris que l'oméga était gêné de s'exposer nu. Bien pour ça qu'il lui avait passé la serviette, c'était mieux qu'un rideau trempé. Une main solidement agrippée au tissu, l'autre au sol, le blandin fit une autre tentative pour se relever, ses jambes tremblant trop. Il galérait, et jetait un coup d'œil irrité à Kanda en comprenant qu'il ne partirait pas quand celui-ci lui tendit la main. Allen s'en saisit en serrant les dents. Kanda dut le tirer pour le mettre sur pied, le faisant s'appuyer sur le lavabo.
Même avec ça, il tanguait. Son corps avait visiblement atteint sa limite. Les yeux gris lançaient des éclairs.
« Merci de ton aide, tu peux partir, je gère seul !
—Tu vois bien que non ! T'aurais pu t'être blessé, t'as plutôt du cul que je sois revenu au bon moment ! »
Ce n'était pas que Kanda tenait à rester là. Bien sûr que non. Mais ça paraissait déraisonnable de sortir et de le laisser alors qu'il suffisait d'un petit coup de pouce pour qu'il s'effondre. Allen était en colère. À défaut d'une sincère gratitude pour son aide, cette émotion l'irradiait.
« Je voulais juste prendre une douche, à la fin ! Et je t'ai pas appelé ! »
Kanda devinait qu'il contenait plus de ressentiment envers sa condition que contre lui. Mais, si c'était un comble venant du Japonais, il n'aimait pas l'agressivité dans sa voix. Aussi, il croisa les bras, durcissant son ton.
« Hé, tu me parles autrement, d'accord ? Tes chaleurs te rendent fragile, déjà. T'aurais mieux fait d'attendre que je sois là pour surveiller que tu tombes pas. J'y suis pour rien si tu tiens pas debout, moi. »
Kanda sut que les mots qu'il avait employés le blessèrent, et cette fois-ci, ce n'était nullement intentionnel. Kanda énonçait des faits. Il était agressif, mais ne comptait pas enfoncer le maudit pour autant. Seulement, il fallait que ce dernier assume son état de faiblesse, et Kanda ne comptait pas prendre de gants pour le lui faire capter. Allen rugit :
« Je suis pas fragile ! J'ai réussi à me déplacer seul ce matin, peut-être bien que je suis tombé aussi, mais j'ai réussi à me relever ! Je n'ai pas attendu parce que je n'ai pas besoin de toi ! »
Mais ses jambes flageolaient, ça n'arrêtait pas. Il paraissait plus proche de se casser la gueule à nouveau, à chaque seconde, et ils le savaient. Il basculait légèrement d'avant en arrière, et Kanda hésitait à le retenir, parce que l'agressivité du blandin le dissuadait de tenter le moindre geste. Si le calmant l'empêchait sûrement de partir en crise, se mouvoir convenablement, ou du moins longtemps, n'était pas encore inclus dans le lot. Une émotion que Kanda identifia comme de la rage émanait d'Allen. Il concevait bien que c'était rageant, et il avait compris que le Moyashi n'aimait pas être vraiment faible. C'était une réaction normale. Il inspira pour se calmer lui-même, et asséna, froidement :
« Ben on voit le résultat. »
Fallait être borné pour ne pas comprendre qu'il devait se laisser aider. Le regard du Moyashi était pourtant meurtrier.
« De toute façon tu n'es pas mon père, je n'ai pas de compte à te rendre sur mes actions ! Si je tombe, c'est mon problème, dégage ! »
Ne méritant pas de se faire crier dessus ainsi, Kanda eut envie de lui en décocher une. S'il ne le fit pas, il donna de la voix :
« Tu calmes ta joie, Moyashi ! Merde, je dis pas ça parce que je me prends pour ton père, mais je suis ton putain d'alpha, t'as tes putains de chaleurs à la con, alors tu ne peux pas tout faire tout seul. » Voyant que l'autre s'apprêtait à protester, Kanda saisit son bras avec fermeté. « Tu l'avais dit toi-même, que t'aurais besoin d'aide. Je l'ai capté. »
Ça avait été ardu, mais c'était rentré.
« Et ça sera pas que pour les trucs qui t'arrangent. »
Ça aussi, Kanda s'en martelait l'esprit lui-même. Ils passaient par la même merde.
« Maintenant tu vas arrêter de gueuler. Je vais me mettre dans un coin, je te regarde pas, mais je vais rester pour au cas où tu te péterais encore la gueule, sauf si c'est ce que tu veux ? »
Ne se laissant pas déstabiliser, Allen se dégagea, retenant toujours sa serviette. Il marqua une pause, et le regarda dans les yeux.
« Rien ne m'arrange dans tout ça, que ce soit clair. On est d'accord, et je tiens pas à m'énerver sur toi. Mais je suis capable de me débrouiller seul, même si cette fois tu m'aides. J'y arriverai la prochaine fois. »
L'Asiatique manqua de lui rétorquer que le sentir lui plaisait pourtant pas mal, mais il se tut. Lui aussi était dans ce cas, ça le faisait chier, il devait en être de même pour Moyashi. Ç'aurait été con de l'attaquer là-dessus. Pas qu'il n'attaquait que sur des choses intelligentes, enfin, ce n'était pas la même chose.
« Je cherche pas à dire que tu peux pas te débrouiller. La prochaine fois, je serai dans la chambre et tu m'appelleras si y a un problème. Sérieux, tu crois que j'avais envie de t'voir à poil ? »
Allen restait crispé, mais il secoua la tête. Ses paroles l'avaient apaisé. Bien sûr, Kanda parlait avec sincérité. S'il avait pu se passer de faire ça, il l'aurait fait.
« Bon, j'avais fini. Retourne-toi, je vais m'habiller. »
Kanda s'exécuta. Au même moment, le maudit rajouta, avec une pointe de sarcasme dans la voix :
« Et j'te signale que tu t'es insulté tout seul, Bakanda.
—Quoi ?
—T'as dit que t'étais 'mon putain d'alpha'. Quelle vulgarité, d'ailleurs. »
Kanda leva les yeux au ciel. Il entendait les bruits de tissu du Moyashi qui se séchait.
« Et alors ? J't'emmerde.
—Moi aussi. »
Effectivement, leurs rapports redevenaient similaires à ceux qu'ils avaient avant le lien. Et, comme avant, Kanda n'aimait pas l'idée de perdre dans une joute verbale face au Moyashi. Alors il contre-attaqua.
« Pourquoi t'es si pudique, au fait, Moyashi? Elle est si petite que ça ? »
C'était très vicieux. Les omégas avaient la réputation de n'être pas très bien équipés, puisque leurs pénis ne servaient qu'aux stimulations. Cela dit, il y avait des exceptions. N'empêche que taquiner un oméga, comme n'importe quel homme, sur ce sujet était particulièrement mesquin, et Kanda en avait conscience. Aussi, en percevant le son d'Allen s'étouffant avec sa propre salive, il eut presque envie de sourire.
« BAKANDA ! »
Kanda ne réagit pas.
« Ça n'a rien à voir, ça pourrait être énorme que ça serait exactement pareil !
—'Ça pourrait', releva Kanda, donc ça ne l'est pas. »
Allen grognait.
« Je vais pas devenir grossier mais tu peux aller te faire voir ! J'ai jamais dit ça non plus ! »
Avec le désir méchant de se venger de la manière dont il lui avait parlé, le kendoka ne s'arrêta pas en si bon chemin. Ironique, il poussa la raillerie plus loin :
« Alors quoi, tu as peur que je sois jaloux ?
—Peut-être bien. »
Mettant sa gêne de côté, Allen ne se laissait pas faire. Kanda lâcha un 'tch' empli de tout son cynisme.
« C'est ça, Moyashi.
—Sérieusement, espèce de Bakanda, je n'aime pas m'exhiber ! »
Lui faisant savoir qu'il avait fini de s'habiller, Allen eut besoin de son aide pour regagner son lit. Kanda lui servit de béquille alors qu'il boitait hargneusement et marmonnait des insultes, dont l'épéiste ne se fâcha pas, conscient qu'il avait jeté de l'huile sur le feu. Il le fusillait du regard, Kanda le percevait tout à fait. La colère l'avait galvanisé, il tremblait moins. Au passage, Allen aperçut les livres. Son visage se détendit, il sembla content qu'il n'ait pas oublié sa requête. Après qu'Allen se soit installé, Kanda lui tendit un des livres. L'oméga se plongea dans ses draps avec le bouquin plutôt gros entre les mains, satisfait.
Le kendoka avisa la porte ouverte de la salle de bain d'un œil torve.
« Juste, c'est moi qui dois nettoyer ton bordel ?
—Tu ne dois pas m'aider que pour ce qui t'arrange, toi non plus. »
Il retournait ses paroles contre lui, le petit salaud. Kanda savait qu'ils n'avaient pas fini de se provoquer. Ce n'était que partie remise. Il dut donc se résoudre à essuyer le sol et essayer de refixer la tringle du rideau de douche, mais sans succès. Ça tenait deux minutes et lui tombait sur la gueule. Il laissa, au sens propre et figuré, tomber, n'ayant pas que ça à foutre, après tout. Ils verraient plus tard pour faire réparer ça, en attendant, ils pourraient se démerder sans. Kanda retourna dans la chambre avec l'intention d'enfin s'allonger, le Moyashi relevant bien entendu le nez en le voyant arriver.
« T'en as mis du temps.
—T'as pété la tringle, j'ai pas pu réparer. »
Allen leva les yeux au ciel, secouant la tête.
« C'est déjà arrivé, ça peut se remettre, faut juste arriver à l'enclencher. Je le ferai quand j'irai mieux, si t'y arrives pas. »
Piqué au vif, Kanda grogna.
« J'm'occuperai de faire ça une autre fois. »
Notant que Moyashi était donc naturellement maladroit, ce qui n'était pas nouveau, Kanda attrapa son livre. Allen tourna une page du sien.
« Est-ce que tu l'as fait exprès ?
—Pardon ?
—Le bouquin. J'ai dû lire trois chapitres à peine, et je trouve que c'est le truc le plus gnangnan que j'ai jamais lu. »
Kanda eut un rictus sardonique.
« Le hasard fait bien les choses, Moyashi. »
Allen fit les gros yeux.
« Sérieusement, Bakanda… »
Kanda ne répondit pas. Il avait effectivement pris au hasard, et il ne s'était sérieusement pas douté que ce serait ce genre de livre. Si ça pouvait paraître surprenant que la Congrégation de l'ombre en possède, Kanda avait lui-même été surpris lorsqu'il était tombé sur un livre de ce genre la première fois, il s'avérait après tout qu'ils regroupaient dans leurs archives des ouvrages de tous types. Lavi, en tant que futur Bookman, travaillait sur tout support lisible. Ils avaient même des manuscrits ésotériques et érotiques, comble du bizarre pour une organisation religieuse. Ce n'était pas une section que Kanda visait personnellement, toutefois, il y a quelques années, alors qu'il était en quête d'un livre, Lavi l'avait rejoint dans une des rangées. Il ne l'avait pas lâché, discutant tout seul entrecoupé de ses menaces dont il se foutait royalement. Ils avaient découvert un de ces textes, illustré, que le roux avait pioché au hasard sur l'étagère. Il l'avait exhorté de feuilleter avec lui en ricanant bêtement.
Kanda lui avait tourné le dos, désintéressé, en le traitant de lapin lubrique, ce à quoi Lavi avait protesté. Il l'avait suivi en braillant contre sa mauvaise humeur, mais Kanda avait remarqué qu'au milieu de ses autres ouvrages, il avait pris soin de conserver sa petite trouvaille. En résumé, la bibliothèque était sans conteste bien remplie.
À partir de là, il fut décidé à se faire un tête à tête avec son livre et oublier l'existence du Moyashi, tant que possible fut.
Allen, quant à lui, peinait à se concentrer sur le sien, mais y parvenait tant bien que mal. Il acceptait de reconnaître qu'il avait été trop irritable, tout à l'heure, avec Kanda. Quelque part, il pouvait considérer étonnant et 'touchant' que l'épéiste ait accouru pour lui venir en aide. Seulement, il avait du mal à se faire à l'idée d'être si dépendant, bien que Kanda n'ait pas abusé pour le rabaisser. Ses mots étaient très brusques, mais il s'était vite clarifié, et Allen comprenait qu'il avait simplement voulu bien agir. Il regrettait un peu son attitude, mais il ne s'excuserait pas après les railleries de Kanda. Ce mec était vraiment gamin, pour l'attaquer sur ce genre de choses.
Lui lançant un autre regard courroucé, soupirant, il tourna une autre page. Ce livre était vraiment pourri. Il s'agissait de l'histoire d'un oméga typique, petit, mignon, qui se retrouvait lié à un grand alpha riche et dominateur au possible, avec une histoire de meurtre en arrière-plan qui aurait pu relever l'intérêt, si tout n'avait pas été passé sous silence au profit des amourettes du personnage. Si, encore, l'histoire avait été écrite de manière intéressante, peut-être que ça aurait été bien. Cependant, ce n'était pas le cas. L'oméga se comportait comme un soumis devant l'alpha – indéniablement trop dominant – par qui il tenait à tout prix à se faire aimer, au point de s'aplatir devant tous ses faits et gestes, et de se laisser qualifier de 'fille'. Le mot en soi n'avait rien d'une insulte, Allen ne méprisait aucunement la condition féminine, mais dire ça à un oméga, à un homme… Ce n'était pas positif. En tant qu'oméga, il n'aimait absolument pas ce genre de pensées.
Un triangle amoureux commençait en plus à prendre forme, sorti de nulle part. Toute une accumulation de clichés. Et ce n'était même pas une parodie… La fin se voyait venir à des kilomètres.
Il ne l'aurait pas dit à Kanda, mais il aimait effectivement les histoires d'amour. À un certain degré, du moins. Lorsqu'elles étaient subtiles et qu'elles valaient le coup d'être lues. Ça ne faisait pas de lui une fillette ou un oméga niaiseux en quête de récits idéalistes et sirupeux. Maintenant qu'il savait lire, il avait testé des choses, s'intéressait, tout simplement. Allen s'éprenait parfois de récits sentimentaux qu'il jugeait bons, il avait déjà lu des choses qui l'avaient ému ou agité, mais celui-là ne rentrait pas dans la catégorie du plaisant. Ça semblait même empirer à chaque nouveau chapitre. C'était presque risible. Avec ce qui ressemblait à beaucoup d'acharnement, il poursuivit le défilement de l'intrigue, essayant de trouver de l'intérêt, quand ça devint simplement inadmissible.
Lors d'une querelle d'amoureux ô combien dégoulinante de sentiments exagérés, l'alpha décida de punir son oméga avec un châtiment corporel. Toujours, ce livre n'avait rien de satirique. Il était écrit mot pour mot que l'oméga méritait sa punition pour avoir répondu. Ce genre de choses était plus ou moins admis comme étant normales dans la société. Comme les omégas étaient placés sous la responsabilité de leurs alphas, on avait tendance à considérer qu'ils avaient tout droit sur eux. Tout comme on considérait qu'un homme avait tout droit sur sa femme. Peut-être que c'était pire pour les omégas, d'un certain côté. Une femme était une femme, une bêta le plus souvent. Les femmes alphas et omégas existaient, mais c'était tellement rare que c'était quasiment une légende. Quoiqu'il en soit, on ne cherchait pas plus loin. En revanche, les omégas masculins, qui étaient perçus comme de véritables hybrides entre les deux sexes, étaient de fait des sous-hommes, des inférieurs. Il y avait toujours cette notion de 'moins que', quand on évoquait le statut des omégas à des fins moqueuses ou méprisantes, ou d'entre deux. Comme s'ils étaient des inclassables, parce qu'il semblait difficile de les ranger gentiment dans une catégorie ou une autre, contrairement à ce que la société humaine aimait tant faire.
Si, à leur époque, les gens commençaient tout juste à critiquer ce genre de pratiques et que les mentalités changeaient, il se demandait sérieusement quand, enfin, on arrêterait de penser qu'il était normal de rabaisser une personne en raison de son sexe, de son genre, ou de son statut.
Fermant rageusement le livre, il grinça des dents. Kanda ne faisait pas attention à lui, Allen devinait qu'il l'apercevait peut-être du coin de l'œil. Pour le moins scandalisé, il ne lirait plus un autre mot de ce torchon. Il s'ennuya cependant bien vite, et décida de tenter le diable… Ou plutôt, de faire la conversation avec le kendoka. D'abord incertain, il fit sur un ton badin, mais aimable :
« Hey, tu lis quoi ? »
De profil, Kanda tourna l'un de ses yeux vers lui, mais pas sa tête, donnant à son visage un aspect flippant avec ce regard de côté.
« Lis ton livre, et essaie pas de faire la conversation. »
Intention tuée dans l'œuf. Allen se renfrogna.
« Mais ce livre est insupportable, je le déteste ! »
Toujours de côté, Kanda avait un rictus, sourcils haussés, impressionné par sa véhémence.
« Si niais que ça ?
—Oui, et exagérément sexiste. »
La façon dont il avait craché ces mots sembla amuser le brun, qui soupira doucement, sarcastique.
« Dommage pour toi. »
Conscient que Kanda se fichait de lui, Allen réitéra sa question :
« Qu'est-ce que tu lis ?
—Tais-toi. »
Bakanda, ou la gentillesse incarnée. Ce dernier n'était pas le seul à avoir remarqué qu'ils n'étaient plus aussi sous tension qu'avant, et que se voir si contraints l'un l'autre leur avait, en quelque sorte, permis de reprendre leurs interactions habituelles. Ça n'avait jamais été l'amitié folle, mais ce n'était plus une hostilité palpable où chacun portait un ressentiment brûlant pour l'autre. Il n'avait pas envie que ça reparte pour quelque chose d'aussi stupide. Mais Allen voulait de la communication, bon sang. Ses sourcils se fléchirent sur la racine de son nez.
« Mais c'est quoi ton problème ? »
Bon dieu, Kanda avait été moins chiant jusqu'à présent, il ne pouvait pas faire un effort supplémentaire ? Une conversation ne tuait personne !
« Je ne tiens pas à parler. »
Allen leva les yeux au ciel.
« C'est ridicule. On est ensemble dans cette saleté de chambre, on peut bien parler. » Cette 'saleté' de chambre était la sienne, mais ils s'entendaient sur le principe. « Je t'ai demandé ce que tu lisais, pas de me raconter ta vie. Allez ! »
Son argument fit abdiquer Kanda après un silence. Il répondit d'un ton las :
« Je lis un recueil de poésie. »
Allen eut le réflexe de ricaner.
« Wow. Effectivement, les petites fleurs, c'est ton domaine. »
D'accord, c'était idiot. Allen ne pensait pas de mal de la poésie. Mais Kanda aimait se foutre de sa gueule et lui avait dégoté ce bouquin pourri. Il pouvait bien le taquiner aussi, non ? Un instant, il crut qu'il allait recommencer à l'ignorer. Et ça l'aurait irrité que Kanda laisse tomber une joute verbale. Heureusement, ce ne fut pas le cas.
« Imbécile, la poésie n'est pas qu'à propos de trucs comme ça. »
Le blandin fut contraint d'abdiquer à son tour.
« Je sais, je ne m'y connais pas trop en poésie, mais il y a quand même des poèmes que j'aime bien.
—C'est sûr que la poésie n'est pas la priorité dans les romans cul-culs la praline…
—Je ne lis pas de choses comme ça. »
Certes, il aimait les romances, mais pas les trucs dégoulinants de mièvrerie. Un 'tch' lui vint en réponse. Allen gronda :
« Pourquoi t'es persuadé que j'en lis, d'abord ? Parce que je suis un oméga ? »
La question se posait, après tout. Le silence revint. Allen faillit réattaquer, mais Kanda le devança :
« Parce que t'es niais.
—Va te faire voir. »
Peut-être qu'il était un peu naïf et optimiste, mais quel mal y avait-il à l'être tant que ce n'était pas exagéré ? Kanda parut ravi d'avoir une occasion de l'ignorer grâce à son insulte, à laquelle il s'abstint de répondre. Ça dura quelques minutes, et Allen insista, bien conscient qu'il était agaçant.
« Kanda. »
Le susnommé fronça les sourcils.
« Kanda. »
Il contracta la mâchoire, cette fois. Allen leva la voix :
« Kanda ! »
Enfin, il tourna son visage entier vers lui. Son expression ressemblait à celle d'un assassin en puissance.
« Putain, quoi, Moyashi ? »
Le maudit dut s'empêcher de déglutir bruyamment.
« Tu peux me ramener autre chose à lire, ou me laisser feuilleter les poèmes avec toi ? »
Kanda eut un mouvement de recul.
« Tu rêves, je ne bougerai pas mon cul. »
Allen cracha un soupir à s'en fendre l'âme.
« Mais je m'ennuie !
—T'as qu'à dormir. »
L'oméga fut contrarié. Non mais, il le prenait pour quoi, un bébé ? Il n'allait pas passer sa vie à dormir ! Cependant, comme un enfant, il répéta plus fort :
« Je m'ennuie ! »
Kanda toucha juste en gueulant :
« Putain, t'es un vrai gosse ou quoi ?!
—Non !
—On dirait pas !
—Tu peux parler ! »
Aucun ne baissait les yeux face à l'autre. Allen ne laisserait pas tomber.
« Sois sympa, Kanda, s'il te plaît !
—Tu sais que les supplications marchent pas avec moi.
— Tu veux vraiment pas faire un effort ?! »
Kanda se crispa, mais finit par répondre, agacé.
« Même si je voulais te laisser lire avec moi, c'est du Japonais, tu comprendras que dalle. »
Quand il le pouvait, Kanda aimait lire des ouvrages en sa langue d'origine, et il était pour le moins content que la bibliothèque de l'Ordre en possède. Allen vit là une nouvelle manière de relancer la conversation :
« Tu as quitté le Japon depuis quand ?
—…Je vais pas te raconter ma vie, crétin d'Moyashi. »
Certes, Allen lui avait dit lui-même qu'il ne souhaitait pas qu'il lui raconte sa vie, mais franchement, y avait pas de quoi fouetter un chat pour ça.
« C'est une question. »
Kanda se tut. Une minute passa. Puis deux. Le maudit abandonna l'idée de recevoir une réponse.
« J'y ai jamais vraiment vécu. »
Allen se retint de sourire. Kanda acceptait de discuter. Il demanda donc, essayant de ne pas paraître trop enjoué par cette idée :
« Mais tu parles Japonais ? Tu l'as appris avec tes parents ?
—J'ai pas de parents. »
Sa voix était froide, sèche. Allen ne sut que penser. Il disait ça, mais ça pouvait avoir plusieurs sens… Ils étaient morts ? Ils l'avaient abandonné, comme lui ? Se sentant navré, ne voulant pas fouiner trop directement dans le passé de l'alpha, il répondit simplement, sincèrement désolé.
« Oh, je vois…
—Me prends pas en pitié. »
Kanda était toujours si sec. Allen secoua la tête.
« Je comprends juste ce que ça fait. Moi non plus, j'ai pas connu mes vrais parents.
—C'est pas que je les ai pas connus, c'est que j'en ai pas. »
Allen fronça les sourcils, la façon avec laquelle Kanda disait ça… Il y avait une haine et un ressentiment palpable qu'il était surpris de voir chez le Japonais. Si ça le rendait si en colère, Allen se demandait ce qui était arrivé. Inquiet pour son homologue, prudemment, il rétorqua, d'une voix douce :
« Tout le monde a des parents, Kanda. Mais je pense que je comprends que tu penses comme ça. »
Lui aussi pensait qu'à part Mana, il n'avait pas de parents. Il se demandait si Kanda avait eu la chance d'avoir une personne qu'il ait considéré comme un parent à ses côtés. Vraisemblablement pas, à en juger par son comportement si reclus sur lui-même. Il eut de la compassion pour Kanda. Cela dit, il espérait pour lui qu'il se trompait. Le brun serra les dents.
« Bon, ça suffit. Je ne continue pas cette conversation. »
C'était très explicite, si Allen continuait, ça se passerait mal. Ce dernier se mordit la langue.
« Très bien. Désolé.
—Je t'ai dit de ne pas me prendre en pitié, merde ! »
Allen s'écria :
« C'est pas de la pitié, je regrette si je te parle de choses douloureuses !
—C'est pas ça. Tu peux pas comprendre.
—Bien sûr, que je peux comprendre ça. » Allen se sentit en colère à ces mots. « T'es pas obligé d'en parler, mais ne me dis pas que je ne comprends pas.
—Laisse tomber, Moyashi. »
Si froid… Allen céda et demanda finalement, sa curiosité prenant le dessus :
« …Mais du coup, tu l'as appris comment, le Japonais ?
— Ça ne t'regarde pas. »
Et voilà, ils étaient au point de départ. Kanda communiquait cinq minutes et se fermait comme une huître, ça l'énervait réellement.
« C'est très agréable d'être en ta compagnie.
—Je ne veux pas que ma compagnie soit agréable.
—Rassure-toi, elle ne l'est pas. »
Sur cette réplique bien sentie, Allen attrapa à nouveau son livre, comprenant qu'il n'aurait pas le choix pour ne pas s'emmerder, et que Kanda n'était pas déterminé à faire plus d'efforts avec lui. Il finirait ce foutu livre, tout en boudant. Ils restèrent comme ça, silencieux, jusqu'à ce que Kanda ne déclare qu'il allait lui chercher son repas du soir, et également un autre livre. Surpris qu'il accède à sa demande, encore réticent, Allen le remercia tout de même. Au moment de sortir, Kanda le prévint que Lenalee et Lavi viendraient le voir le lendemain, causant à Allen d'avoir un énorme sourire. Ça lui faisait évidemment plaisir qu'ils viennent prendre de ses nouvelles en personne. Il était également content que Kanda ne les ait pas envoyés bouler.
Il pouvait concevoir que Kanda était renfermé, mais que ça ne l'empêchait pas de n'être pas si méchant qu'il voulait se montrer. Seulement, Allen était fâché contre cette tendance. Pas qu'il s'imaginait que maintenant, ils pourraient tenter d'être amis, mais il voulait qu'ils s'entendent un peu. Et pour ça, il fallait être capable de dialoguer. Pas grand-chose. Au moins échanger des points de vue sans que ça parte en 'tais-toi, ne me parle pas' totalement ridicules. Sans rire, si Kanda la lui ressortait encore une fois, il se vengerait de la gifle administrée pour sa panique. Une conversation courtoise n'était pas trop demandée, si ?
Néanmoins, il était intrigué par l'alpha. Son comportement le lui prouvait. Kanda jouait les connards, mais il était convaincu qu'au fond, il y avait quelque chose en plus. Il n'était donc pas le seul à mentir et porter un masque. Kanda était sûrement le type le plus détestablement secret qu'il n'ait jamais rencontré.
Pour le bouquin que lit Allen, j'imaginais bien un 50 nuances de Grey/Twilight version omégaverse avec une petite intrigue à deux ronds de flancs derrière, si vous voyez le genre de navet :')). (Mes excuses aux éventuels fans de FSOG ici x), chacun ses goûts haha)
Kanda et Allen continuent d'évoluer ensemble, Kanda n'étant bien entendu pas décidé à faire ami-ami :').
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? :) N'hésitez vraiment pas à me faire partager vos réactions, ça fait toujours plaisir :).
A la semaine prochaine pour la suite :D !
