Hello ^^ !
Voici la suite :). Chapitre un peu plus long, cette fois, et j'espère vraiment qu'il va vous plaire :D ! La thématique, ou plutôt le jour "Respect" tiendra sur deux chapitres, et on continue dans l'angst, toujours car le lien les plonge dans une situation vraiment horrible, c'est assez chargé. Malgré ça, le thème du respect primordial est développé ici.
Attendez-vous d'ailleurs à pas mal d'angst jusqu'au chap 23, et à ce que ce soit un peu lent du coup, même si ça sera justifié par la suite, vous allez voir ^^.
Donc warning : ce chapitre contient encore une scène qui pourrait vous rendre un peu mal à l'aise.
Edit : 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction ! :)
Bonne lecture :) !
Réponses anonymes :
Guest : Thanks for your comment :D. I'm really glad that you like my story, even though there's a lot of drama xD ! Haha yep, if you're reading this with google translator there might be some inaccurate translations :/. Thanks again ;) !
Mal reposé à cause de la contrariété de la veille, quand Kanda commença à s'extirper de son sommeil, la première chose qu'il sentit termina immédiatement de le réveiller.
Dans la chambre, ça sentait horriblement mauvais, mais aussi très bon. Les effluves nauséabondes le frappaient les premières, mais ce qu'elles cachaient était un pur délice. Comme si Moyashi était à la fois en crise de panique et en pleine chaleur. Le parfum d'excitation déclencha un réflexe de bien-être chez l'alpha, mais la panique de l'oméga était le problème. Kanda n'eut pas le temps d'être irrité, car il était sous le coup de l'émotion du plus jeune. Moyashi n'allait de nouveau pas bien. Les odeurs l'assiégeaient de partout. Le détaillant, Kanda le vit crispé, les jambes serrées, et le corps tremblant, alors qu'il se mordait les lèvres. Il ne tarda pas à comprendre que son intuition avait été la bonne. L'idiot avait fait une crise, et plutôt que le réveiller, il avait préféré se retenir.
Kanda réalisa vite qu'Allen emprisonnait durement son sexe entre ses jambes, et se demanda avec un haussement de sourcil s'il comptait se le briser. S'il continuait ça, il se ferait mal. Kanda le secoua, voulant le faire réagir et lâcher prise avant qu'il ne se blesse. Allen ne bougeait pas. Il semblait figé dans sa position et ne plus réagir à son environnement. Avec une pointe d'inquiétude, Kanda se demanda depuis combien de temps il était comme ça avant que les odeurs – il venait de le comprendre – ne le tirent de l'endormissement. Il persista dans ses tentatives de faire réagir l'oméga, mais Allen se contentait de frémir, lèvres rouges à sang, et de serrer plus fortement les jambes en réponse à son contact.
Quel numéro avait décidé de jouer ce con ?!
Kanda se mordit furieusement la lèvre à son tour en pestant intérieurement.
Ce putain de Moyashi ! Dès le matin, sans déconner !
Kanda voulut se calmer et ne pas se mettre en colère contre le jeune adolescent. Certes, ce n'était pas de sa faute, c'était les chaleurs, mais ce qu'il faisait empirait la situation, cet idiot aurait dû s'en rendre compte ! Agacé alors qu'il se sentait inhabituellement fatigué, comme depuis quelques jours, même au réveil, Kanda secoua encore Allen, résolu à gueuler.
« Moyashi, qu'est-ce que tu fous, bordel ! Reprends-toi, putain ! Tu vois pas que tu te fais du mal ?! »
Allen ne réagit toujours pas, malgré son invective. Au contraire, il avait fermé les yeux en l'entendant crier. Kanda le vit resserrer encore ses jambes, et grimacer sous la douleur qu'il s'infligeait. Ce con était vraiment en train de se faire du mal, il le faisait exprès ! Énervé, Kanda comprit qu'il avait effectivement dû le faire exprès au début, et que s'il ne réagissait plus, c'était qu'il avait perdu le contrôle. L'alpha eut peur, il ne savait pas gérer ça. Il n'aimait pas quand Moyashi perdait le contrôle de lui-même au point d'être comme ça… Kanda sut néanmoins qu'il devait réagir et prendre les choses en main. À ce stade, Moyashi n'était plus conscient de ses actes. Avec horreur, il voyait ce que ça donnait quand le blandin décidait de laisser passer la crise elle-même et s'obstinait… Ça promettait pour la suite, si cette option était impossible. Allen avait dû vouloir faire preuve d'un contrôle si rigide sur lui-même qu'un choc destructeur avait paradoxalement pris le dessus. Hésitant brièvement, Kanda glissa sa main entre les cuisses de l'oméga, et le força à les écarter. Ce dernier poussa un gémissement plaintif en résistant. Cela stoppa Kanda dans son entreprise, mais il savait que ce qu'il faisait l'empêcherait de se faire mal, alors il n'arrêta pas. Moyashi aurait de la chance s'il ne s'était pas vraiment blessé avec ces conneries.
Dès l'instant où Kanda ôta sa main, Allen voulut resserrer les jambes dans un reste de réflexe désespéré, mais Kanda ne le laissa pas faire, retournant saisir sa cuisse.
Avec Moyashi qui pétait encore un câble, y avait pas à dire, cette journée commençait bien.
Le brun serra sa main libre en un poing, il se sentait encore hésiter. Il venait de se réveiller, il n'était pas frais et pas à même de bien réagir, mais sa bouche parla :
« Moyashi, est-ce que je te soulage ? »
Kanda avait la mâchoire crispée. Putain, ça ne lui plaisait pas. Bien sûr que non. L'oméga n'était même pas calmé, il ne pouvait pas consentir. Mais dans cet état, Allen avait besoin qu'il fasse quelque chose pour lui, Kanda le savait. Le blandin se mordit la lèvre. Kanda espéra qu'il allait réagir, parce qu'il ne savait pas quoi faire, et il ne voulait pas commencer sans une quelconque forme d'autorisation. Allen baissa tardivement la tête, l'effondrant contre son torse, à la recherche de son odeur. Kanda s'apprêta à le faire reculer, quand l'oméga se redressa légèrement et vint remonter la main qui tenait sa cuisse en un geste mou, presque mécanique, manquant totalement de vivacité. Il la posa proche de son entrejambe, pour signifier sa requête. Ses yeux imploraient. Kanda le vit hocher la tête. Ce relent d'angoisse, de peur et de honte lui donna presque envie de l'embrasser à nouveau, foutu réflexe affectif à la con en réponse à sa peur. Il ne le fit pas, ayant en tête de se retenir, voulant conserver cette détermination. Kanda avait laissé les phéromones l'humilier assez comme ça. Il allait faire des efforts, mais il y avait quand même des limites et des choses pour lesquelles le lien irait se faire foutre.
Pour le moment, Kanda se fichait un peu de ça, ce n'était pas le problème immédiat. Il fallait qu'il aide l'oméga, et la peur palpable qu'il sentait chez lui le dissuadait de se laisser irriter par des pensées déplaisantes.
Sans brusquerie, il baissa le pantalon du gamin et voulut s'attaquer à son caleçon. Pas pour le plaisir de regarder, mais car avant de toucher, vu comme l'oméga s'était comprimé, il ne voulait pas le blesser si sa verge était endommagée. Car c'était une possibilité. Un pénis était fragile, et si Allen se faisait ça depuis longtemps, avec autant de force –il avait eu du mal à décoller ses cuisses, il ne voulait pas risquer de le blesser encore plus. Allen retint son geste, les yeux brillant de honte. Jusqu'à présent, il avait toujours évité que Kanda le regarde.
La bouche du maudit s'ouvrit. Kanda devina qu'il voulait dire non, aussi, il contra le premier :
« Moyashi, laisse-moi voir dans quel état c'est. J'ai été plusieurs fois en rut, et j'ai déjà essayé de me retenir en faisant ce genre de choses, au début. Ça peut blesser. Ça fait combien de temps que tu te la coinces entre les jambes, comme ça ? » Allen eut une lueur interloqué dans le regard en entendant son expérience, et haussa les épaules, tremblant. Kanda grogna. « La prochaine fois, tu me réveilles, au lieu de faire ça, imbécile ! »
Allen baissa les yeux. Kanda tira le caleçon, mais l'oméga l'en arrêta encore. L'alpha fit de son mieux pour adoucir ses gestes.
« Je te l'ai dit, je compte pas détailler ta bite. Mais je veux voir si t'es pas blessé. »
Finalement, voix rauque, éraillée, éteinte, Allen répondit :
« Ça va… Y a pas besoin de… »
Kanda nia.
« On est tous les deux des mecs, et me dis pas que ça va avec ce que tu faisais. Si tu me laisses pas voir que tout va bien, je ne te touche pas. »
Il était autoritaire. Allen déglutit.
« Mais… »
L'Asiatique grogna à nouveau.
« Je t'ai dit, je m'en fous de ce que je verrais. » Devant la lueur d'humiliation et d'incertitude dans le regard de l'oméga, Kanda décidait d'accomplir l'un de ses premiers actes de sympathie : être conciliant. « Si c'est à cause de ça, je sais que je déconnais l'autre jour sur la taille de ta queue, mais je déconnais juste pour t'emmerder. Je me moquerais pas, je le promets. Laisse-toi faire, Moyashi. »
S'il s'était mordu la lèvre et avait piqué un fard au mot 'queue', rassuré, Allen cessa de se débattre, et Kanda baissa son caleçon le long de ses cuisses. Sa verge était semi-érigée, rouge et semblait avoir été malmenée, mais à priori, ce n'était pas dramatique. Fallait voir la sensation qu'aurait le gamin au toucher, maintenant. Kanda ne fit aucun commentaire, bien qu'il fût tenté, d'agacement, de vouloir rassurer l'oméga qui fermait les yeux et se crispait au possible : son pénis était tout à fait normal. Y avait pas de quoi en faire une jaunisse. Il était plus court que le sien et moins large aussi, avec une forme plus fine, mais une longueur respectable, définitivement pas de quoi se moquer. Kanda n'avait jamais vu le sexe d'un autre oméga, mais Allen ne donnait pas raison à la rumeur disant que leurs pénis étaient inexistants, pas plus grands qu'un pouce. Ce n'était du moins pas son cas. Pour avoir si honte, Kanda ignorait si cet idiot le croyait muni d'une verge gigantesque, comme la réputation des alphas le laissait sous-entendre, mais il jugeait qu'Allen n'avait pas à être humilié. C'était peut-être aussi une histoire de pudeur. Ce qu'il pouvait plus ou moins comprendre, bien que personnellement, il se fichait d'être nu devant autrui, la pudeur n'étant pas son souci premier.
Kanda fut envahi des relents humiliés et soucieux de l'oméga. Ça l'énervait de le voir aussi peu confiant quand ce n'était pas son habitude, avec lui du moins. Allen faisait toujours en sorte de rester fier, même quand il lui demandait quelque chose. Kanda savait néanmoins que c'était tout aussi naturel qu'il soit gêné connaissant sa pudeur, alors il soupira.
« Ouvre les yeux et relaxe-toi, Moyashi. J'ai pas à me moquer. »
Ces mots, délivrés d'un ton sec comme à son habitude, étaient censés exprimer le fond de sa pensée sans expliciter. Kanda n'irait décidément pas lui dire que son sexe était d'une bonne longueur, même s'il pouvait parler crûment, le faire pour dire ça aurait paru bizarre, surtout qu'il n'en avait pas grand-chose à foutre et qu'ils n'étaient absolument pas là pour complimenter leurs attirails. Sentant qu'Allen avait besoin d'être calmé, il continuait donc à être conciliant. Kanda prenait au sérieux ses efforts pour faire ce dont il avait besoin. Incertain, Allen osa le regarder. Kanda approcha sa main, mais sans le toucher.
« Ça a pas l'air hyper abîmé. T'as mal ? »
Allen hocha la tête. Kanda ne bougeait plus.
« J'essaie de toucher ? »
Une lueur de désir dans le regard, l'oméga hocha la tête, la baissant immédiatement.
« S… S'il te plaît… Kanda… »
Avec douceur, l'alpha dressa le visage de l'oméga, contemplant son expression perdue mais reconnaissante, y cherchant une trace de véritable consentement. Il voulait toujours que le véritable Allen lui réponde, pas l'oméga en chaleurs. Allen se laissa aller contre lui, approchant son corps alors que Kanda l'empoignait doucement. Il eut un sursaut. Kanda hésita à arrêter, ayant peur de lui avoir fait mal, mais se rendit vite compte que c'était le plaisir le responsable. Procédant très doucement, faisant attention à prendre un rythme très lent, il amena Allen à l'orgasme, ce dernier s'agitant faiblement contre lui et gémissant. Kanda s'en voulut de le constater, car il s'en fichait, mais l'oméga semblait mieux apprécier d'être caressé avec beaucoup de lenteur. Quelques minutes plus tard, l'alpha entendit l'oméga murmurer peu distinctement qu'il se sentait bizarre, selon ses propres dires. Kanda fut de nouveau inquiet, mais à ce moment-là, Allen éjacula dans sa main, se tendant brutalement, poussant un long gémissement aigu. Son orgasme avait été puissant. Et telles étaient les phéromones qui se déferlaient. De la perturbation. Du désarroi. Un fort désir. Une reconnaissance. Une certaine… affection ? Un plaisir certain. Elles arrivaient en masses. L'oméga le voulait. C'était tout ce qui tambourinait dans la tête de l'alpha. Kanda voulait se retenir de céder à ses pulsions, mais les phéromones lui brouillaient la tête comme de l'alcool, encore qu'il n'avait jamais été soûl, même en ayant bu, mais il voyait bien l'effet que ça pouvait avoir sur certains traqueurs ou encore ce Baka Usagi. Il lâcha le pénis du gamin, se concentra sur sa main souillée, mais il était incapable de bouger, subjugué en regardant Allen haleter doucement suite à sa jouissance, toujours à moitié nu. Sans le vouloir, Kanda s'attardait sur ce qu'il voyait, se prenait à trouver Moyashi attirant. L'oméga peinait à reprendre son souffle, à revenir de ses sensations. Son regard était si reconnaissant, si intense… Ses yeux brillaient de gratitude. De honte aussi. Mais couplé aux odeurs… ça faisait de l'effet à Kanda.
Merde, pourquoi le lien lui faisait ça ? Pourquoi il avait tellement envie d'embrasser le front du gamin ? S'il ne mentait pas, l'alpha avait même d'autres envies, qu'il avait assez de force pour retenir. Son regard croisa encore celui d'Allen. S'il continuait de le regarder comme ça, Kanda allait simplement le…
Soudain, mû par la pulsion caractéristique qui s'infiltra si vite en lui qu'il ne put la retenir, Kanda baisa son front, ayant eu la pensée auto-indulgente fusant dans son crâne 'qu'après tout, Moyashi le méritait un peu'.
Il avait posé ses lèvres contre la peau. Il appuyait le contact, sachant qu'elles quitteraient l'épiderme en claquant, et inspira malgré lui l'odeur sucrée d'Allen, soumis à son instinct d'alpha, la ressentant en lui de manière si intime et si profonde qu'il écarquilla les yeux en se détachant brusquement, comme s'il avait reçu un jet d'eau froide. Juste après, il commença à ressentir une sorte de besoin d'inspirer brutalement l'air, car les phéromones l'avaient embrouillé, mais il s'étouffa en se retenant. Il savait que s'il l'avait fait, il aurait eu l'air d'un essoufflé. Le brun n'en fit toujours rien, et plaqua une main devant son visage pour cacher le son de son inspiration à peine plus brusque qu'à l'accoutumée. Hors de question qu'il affiche encore plus sa perte de contrôle. Kanda n'arrivait vraiment pas à s'en remettre, quand bien même il parvenait à rester maître… Il essuya rageusement sa bouche. En se sachant si abruti par ses réactions, il eut la rage de ne pas s'être dominé. Ces pensées et ces réactions ne lui ressemblaient pas !
Allen, quant à lui, le toisait, l'air paumé. Il murmura un 'Bakanda ?' interrogatif et idiot, sa main se porta à son front, touchant là où il l'avait embrassé alors que ses yeux brillaient de confusion. Puis, prenant conscience de la nudité de ses parties intimes, il remonta rapidement son caleçon et son pantalon de pyjama, rougissant comme jamais. Kanda serrait les poings, les dents. On aurait dit une mauvaise romance, et il en avait déjà lu par inadvertance, de ces merdes, alors il savait de quoi il parlait pour cette comparaison.
Kanda appréhendait le « pourquoi tu as fait ça » logique et de mise qui le ferait rugir. Mais Allen se taisait. Il ne le lâchait juste pas des yeux, insistant physiquement sans amorcer une parole. Ce n'était pas habituel venant de Moyashi, il ne se gênait pas pour l'emmerder d'habitude. Kanda devinait que s'il n'osait pas demander, c'était parce qu'il avait encore peur d'une de ses explosions de colère et qu'il n'avait pas tout à fait confiance en lui. Ce qui était compréhensible. Kanda ne pouvait pas empêcher la culpabilité de le piqueter, et aussi une certaine frustration, car il savait qu'ils devaient avoir confiance l'un en l'autre, le maudit le lui avait gueulé, et il le comprenait. Sa promesse n'arrangerait rien à elle seule, il faudrait les actes avec. C'était loin d'être devenu facile.
Quelle merde. Bon dieu, quelle merde.
Tout ça, c'est cette saloperie de lien !
Au moment où Kanda s'apprêta à le hurler, Allen s'effondra encore contre lui, lui lançant ce regard perdu mais comblé des deux autres fois. Comme Moyashi le lui avait dit, il aimait ça. Les contacts affectifs, les baisers, les échanges d'odeurs, les câlins… L'infirmière l'avait signalé, pour ça, il fonctionnait comme tous les omégas. Et avec ses chaleurs, ce besoin s'exprimait. Kanda se demanda si c'était peut-être aussi cette attente du contact de l'oméga qui l'y avait poussé. Fort possible. Si tel était le cas, il ne pouvait même pas l'engueuler, car il ne faisait pas ça intentionnellement.
Maintenant qu'Allen essayait de s'endormir, passant à autre chose, il ne pouvait même plus gueuler, c'était trop tard, et ce serait lui qui ramènerait l'attention sur sa connerie s'il le faisait.
Kanda se crispa de la tête au pied. Allen risquait de poser des questions, tôt ou tard. Et Kanda craignait de lui faire peur s'il disait que c'était les phéromones qui l'y poussaient, tout comme il craignait qu'il ne se fasse de fausses idées. Il n'avait pas d'affection pour lui. Il n'avait aucune envie de faire ça. D'accord, peut-être que ça ne lui plairait pas, pour des raisons obscures, que Moyashi devienne une loque, mais ce n'était pas pareil, bordel de merde ! Il n'allait pas se laisser contaminer par les sentiments que ce putain de lien lui refourguait ! Il n'aimait pas Moyashi, Moyashi ne l'émoustillait pas, Moyashi ne lui faisait pas d'effet !
Il attendit que le gamin s'endorme et fila sous la douche qu'il prévoyait de prendre bien froide.
En songeant à ce qui se passait, encore plus en visualisant son membre gorgé de sang alors qu'il se déshabillait, Kanda fut démotivé. Voilà qu'il bandait comme putain de chien en rut, tandis que les images des expressions de l'oméga pendant qu'il le caressait défilaient devant ses yeux, que les sons de ses gémissements dont il se rappelait lui envoyaient de longs frissons le long du bas-ventre. D'autant qu'il avait pu contempler l'ampleur de l'excitation de l'oméga en ayant aperçu l'abondante humidité qui s'écoulait de derrière ses cuisses. Il savait que c'était, et ce que ça voulait dire.
De ça aux odeurs, tout le lui criait. Moyashi le désirait en lui, il avait envie de coucher avec lui.
Malgré lui, le Japonais se sentait réactif à cette idée. Il avait aussi envie de lui. Cela lui mit le dos et le visage en feu sous une violente colère à peine la pensée se forma dans son crâne.
Putain d'merde, fait chier !
Oh, Moyashi et lui n'étaient pas sortis des ronces, bien au contraire…
Allen ouvrit lentement les yeux, une heure après ça. Il vit Kanda contre lui, à lire un livre, nota qu'il avait pris de quoi lire aussi pour lui en remarquant une reliure inconnue sur le bureau et l'en remercia intérieurement. Il était horriblement gêné quand il pensait à la scène dont l'Asiatique avait été témoin tout à l'heure. Allen avait encore perdu le contrôle. Quand il s'était réveillé le matin, les odeurs de Kanda et sa propre érection proéminente lui avaient sauté au visage. Il était déjà dans un état avancé d'excitation, et il n'avait pas su quoi faire. Quelque part, c'était pire que gérer des crises douloureuses, même si ces crises-là faisaient très mal et qu'il était content de ne pas en avoir eu jusqu'à présent. Ce n'était cependant pas aussi embarrassant, et pas aussi humiliant, finalement. La douleur, c'était une chose sur laquelle on avait jamais vraiment d'emprise. Alors que l'excitation… Allen savait que ses chaleurs bouleversaient ses hormones, qu'il risquait d'être excité, incapable de se soustraire à de tels sentiments. Mais le vivre…
C'était horrible. Il détestait ça. Encore plus en sachant qu'il ne pouvait pas se soulager sans Kanda. Il avait refusé de le réveiller, étant déterminé à voir si ça ne pouvait pas passer seul. Bien entendu, ça n'avait pas fonctionné. Et Allen avait ensuite tout essayé. Se caresser doucement. Vivement. Il avait recommencé à se faire mal, frustré. Quand il avait arrêté, voyant que Kanda n'ouvrait pas les yeux et dormait à poings fermés, Allen n'avait trouvé que ça, se coincer le sexe entre ses cuisses et serrer rageusement en espérant que la douleur ferait cesser son érection. Sans succès non plus. Et il était resté longtemps comme ça, impuissant, soumis à un instinct destructeur, à mi-chemin entre une douleur intense et ses sens soumis aux odeurs plaisantes de Kanda.
C'était une réaction stupide, mais il n'avait plus été capable de réagir autrement. Heureusement, Kanda l'avait calmé, et s'était à nouveau montré très prévenant et doux avec lui. Quelque part, Allen était frustré d'avoir dû montrer son corps, mais comme Kanda n'avait pas eu l'air moqueur, il était rassuré. Allen n'était pas complexé par son sexe, il avait bien sûr entendu les rumeurs sur les omégas et s'étant vu lui-même, il se considérait comme plutôt bien muni. Il ne s'était pas amusé à se mesurer précisément, mais pensait approcher facilement une quinzaine de centimètres en érection. Certes, il n'était pas énorme, mais selon lui, c'était déjà bien. Seulement, en connaissant aussi les rumeurs sur les alphas, il se demandait ce que leurs membres pouvaient donner si déjà lui, en tant qu'oméga, pouvait être bien muni. Encore en tant qu'oméga, la pensée l'effrayait un peu. Puisqu'il savait qu'il y avait de fortes chances pour qu'il soit en-dessous, il avait toujours un peu craint la douleur et ce que ce serait que d'avoir un long membre en lui, d'autant plus en pensant au nouage maintenant qu'il savait ce qui l'attendait, même si la chose n'était pas d'actualité pour lui.
Brièvement, il appréhendait un peu en imaginant qu'elle pourrait tout aussi bien le devenir, mais il n'avait pas envie de penser sérieusement à ça.
Ce qui le contrariait un peu actuellement, c'était l'idée que Kanda ne fasse une réflexion plus tard, en dépit de sa promesse. Si ça arrivait, il l'ignorerait car ce serait stupide et qu'il n'y aurait après tout pas de quoi être sérieusement vexé, mais avec ses chaleurs, le trouble que lui inspirait son corps, il n'avait vraiment pas envie que l'alpha s'en amuse, alors ça l'inquiétait. Enfin, une petite remarque puérile aurait dû le cadet de ses soucis, il se rendait compte qu'il était un peu gamin avec ça, mais il était vraiment gêné... Allen était pudique et se dévoiler à Kanda n'aurait pas été son choix sans ses chaleurs, il avait plus de mal à passer outre que si c'était réellement voulu…
Sa peur principale aurait dû être qu'il ne respecte pas les autres promesses, et c'était le cas. Mais pour l'instant, ça partait bien. Quant à lui qui voulait faire de son mieux pour ne pas être un poids, de son côté, ça commençait plutôt mal, il s'en rendait compte avec colère contre lui-même.
Quand Kanda croisa son regard, Allen sentit son visage se réchauffer à cause de ses pensées, peut-être aussi à cause de ce qui s'était passé, mais il fit de son mieux pour le cacher. Hésitant à paraître amical ou à faire celui qui ne faisait pas attention à l'autre –chose un peu ridicule quand leurs regards se croisaient alors que Kanda le tenait contre son flanc en l'entourant d'un bras, Allen se mordit l'intérieur d'une joue. Il allait murmurer un 'bonjour' hésitant, quand son ventre gargouilla sévèrement. Il eut envie de rire sous la nervosité et décida d'agir comme d'habitude à moins que l'expression de Kanda montre qu'il en avait marre ou n'aimait pas ses réactions. Il eut donc un demi-sourire et marmonna son 'bonjour' distinctement.
Sans surprise, Kanda n'y répondit pas et ôta son bras, libérant son buste. Allen s'écarta un peu, l'alpha le regardant, interrogateur :
« Tu veux que j'aille te chercher à bouffer ? T'as rien becté depuis hier midi. »
Allen hocha la tête, niant néanmoins :
« J'ai quand même un peu mangé hier soir. Mais oui, merci. »
Kanda haussa un sourcil, sa pensée étant résumée par ce geste. Allen avouait qu'il n'avait pas fait honneur à la cuisine de Jerry contrairement à son habitude, mais il ne s'était pas totalement boudé. Cela dit, ce n'était pas suffisant. Toujours sans répondre, l'épéiste se leva et lui tendit une veste. Son regard noir le dissuada de la refuser. Allen s'en saisit, quelque peu rassuré que tout se passe comme d'habitude. Kanda revint vite avec son déjeuner, qu'Allen engloutit cette fois sans laisser une miette. Il avait presque envie d'une deuxième collation… Enfin, il lui faudrait attendre le prochain repas. Kanda ayant rapporté les plateaux, Allen en avait profité pour prendre son livre, attendant qu'il revienne pour aller prendre une douche, comme il chancelait toujours trop pour se tenir seul jusqu'à la salle de bain.
Avec ce qui se passait, se laver l'aidait à se sentir mieux, même si ça n'effaçait pas tout à fait la souillure que le lien lui imposait. Ou plutôt, leur imposait. Quand il demanda à Kanda s'il comptait y aller après lui, celui-ci lui répondit avec la mâchoire serrée qu'il l'avait déjà fait pendant qu'il dormait. Allen s'était inquiété pour sa crispation, comprenant par là qu'il le dérangeait et ne voulait pas lui parler.
Ils avaient lu en silence, en étant côte à côte. Kanda n'avait pas essayé de le reprendre dans ses bras, et Allen n'avait pas demandé non plus. Ils étaient à quelques centimètres, dans le même lit, dans une proximité suffisante. Allen aurait aimé que le lien ne le pousse pas à désirer plus, autant pour le confort de Kanda que le sien, et se forçait à se contenter de ça. Il avait déjà eu trois crises, sans compter celle interrompue par sa panique. Allen espérait que ça ne se reproduirait pas tout de suite. Il songea qu'ils avaient oublié de demander à l'infirmière à quelle fréquence les crises arrivaient… Mais peut-être que ce n'était pas prévisible. Ça ne dépendait peut-être que de lui. Enfin, de ses chaleurs, du moins, parce que si ça dépendait réellement de lui, ça serait tellement plus facile.
Parlant de ses crises…
Allen s'était tu, jusqu'à présent, parce que bien malgré lui, il avait aimé ce qui s'était produit et il ne voulait pas froisser Kanda de sorte que l'alpha refuse de le soulager s'il n'arrivait toujours pas à le faire, mais… Kanda avait pété un plomb, ou il… Allen ne savait pas, justement. Il ne comprenait pas pourquoi, les trois fois où ça s'était produit, en plus d'être incroyablement doux, prévenant et gentil, Kanda l'avait embrassé. D'accord, c'était sur le front, ce n'était rien de dramatique, et Allen savait que ce n'était certainement pas sentimental. Mais ça ne changeait pas que ça le décontenançait. Il aimait bien ce geste, mais il voulait savoir pourquoi.
Il avait peur de demander à Kanda, peur que ce soit une erreur qui lui refasse crier au scandale s'il n'assumait pas son propre geste. Mais vraiment, il fallait qu'il sache. Il voyait bien aux réactions de l'alpha qu'il ne se contrôlait pas totalement dans ces moments, Allen devinait qu'il ne ferait pas ça s'il se contrôlait, mais même… Pourquoi faire ça ? Allen tourna son regard vers Kanda et déglutit.
« Kanda…Désolé, il faut que je te le demande. »
Le brun redressa le nez de son livre et parut attendre, neutre en apparence. Comme Allen tardait à formuler ses mots, Kanda retroussa ses lèvres, prêt à râler, mais, en fermant les yeux, le blandin parla, peut-être un peu trop fort sous la gêne furieuse :
« Pourquoi tu m'embrasses quand tu me caresses ? »
Allen s'empourpra en réalisant son choix de mots, et il ne fut pas le seul. Kanda claqua son livre, une veine battant sur le front. Allen sut qu'il avait merdé.
« Dis pas ça comme ça, putain ! »
Le blandin se retint de sursauter devant son ton mordant. Kanda grinça entre ses dents, nuançant en le regardant dans les yeux, assénant brutalement ses paroles :
« Déjà, je t'embrasse pas, je te baise le front, Moyashi. »
Le ton brutal jurait un peu avec les mots, et Allen aurait pu en rire dans un autre contexte. On aurait dit un enfant boudeur. Mais il n'avait pas envie de rire. Même quand Kanda se comportait stupidement. La colère émanait physiquement de l'alpha, il n'appréciait pas la discussion, et Allen sut qu'il tentait le diable en poursuivant, mais il avait besoin de comprendre dans sa situation. Très bien, il aurait pu être bêtement heureux que Kanda lui donne de l'affection en plus d'être doux, mais ce n'était pas son genre de penser comme ça, surtout avec Kanda ! Allen eut du mal à avaler sa salive.
« Ça s'appelle embrasser quelqu'un, Kanda. Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça avec moi. »
Il avait été jusqu'au bout de sa pensée. Kanda eut une grimace perdue… ? encolérée. C'était étrange.
« Putain, c'que tu m'emmerdes ! C'est pas assez évident comme ça ? Tu sentais mauvais quand je te touchais, fallait bien un truc pour te détendre. »
Les joues de Kanda étaient toujours un peu plus pourpre qu'à l'accoutumée, et celles d'Allen étaient assorties. Ils n'avaient pas l'air de deux idiots, à se quereller pour quelque chose qui les embarrassait autant l'un que l'autre. Allen était touché que Kanda veuille le détendre, mais…
« Ok, je me doute un peu que c'est pour ce genre de trucs, mais Kanda, pourquoi ça ? »
Kanda effondra son visage dans une main, l'air rageusement blasé – si, c'était possible, seul Kanda y arrivait. Allen l'entendit grogner un 'putain de merde', et Kanda retourna son regard vers lui, ayant récupéré sa façade.
« Sois pas con, tu sais pourquoi, Moyashi. C'est tes putains de phéromones qui m'refilent ça. Quand je te touche, t'as envie que je te baise, je le sens. »
Heurté, Allen baissa les yeux, craignant des reproches et un intense sentiment d'humiliation le surplombant dans tout son corps. Bon sang, ses phéromones étaient si explicites que ça sur ses envies ? Elles en disaient si long ? Même lui n'osait pas voir ça comme ça… Kanda reprit, secouant la tête, exprimant ainsi sa propre impuissance et sa dépréciation de ce qui leur arrivait :
« Fais pas cette gueule. C'est normal comme t'es en chaleurs, mais ça m'affecte, et c'est la seule chose que j'ai trouvé pour me contrôler. » Allen était étonné que Kanda avoue sa faiblesse comme ça. Ce n'était pas son genre. Mais il comprenait aussi que Kanda veuille clarifier les choses. C'était mieux. Ils étaient tous deux assez intelligents pour s'en rendre compte. « Comme tu flippes, j'ai commencé parce que je me souvenais que t'avais dit que les contacts affectifs te faisaient du bien, c'est tout. J'aimerais qu'on évite d'en reparler. J'essaierai de pu faire ça. Ça me fait suffisamment chier. Me force pas à répéter ça, Moyashi. » Ça se voyait à son visage que Kanda n'expliquait pas son impuissance avec facilité. « J'ai été clair ? »
Allen était toujours gêné, mais hocha la tête vivement, comprenant que Kanda ne désirait pas s'étendre là-dessus. Cependant, en entendant que l'une des raisons était que Kanda se rappelait de ses paroles sur les contacts physiques affectueux, lorsqu'il l'avait taquiné à ce propos à cause de Lenalee, ça le touchait. Ça lui rappelait aussi quand il lui avait caressé le crâne. À ce moment-là, Allen avait trouvé que Kanda était adorable. Et il le ressentait encore à présent. Allen lui fit un sourire.
« Tu veux bien te rapprocher un peu, Kanda ? »
L'alpha soupira mais obtempéra. Allen se rapprocha aussi, prévenant que ce serait rapide, sous le regard interdit de l'alpha. Dans ce geste instinctif, Allen approcha son visage de celui de Kanda, qui n'eut qu'à peine le temps de le voir venir, et colla un baiser sur sa joue, retournant à sa place aussi sec. Kanda était resté coi au moment où ses lèvres avaient claquées contre sa joue. Il marqua un temps d'arrêt, puis émergea de sa stupeur, ayant tout l'air d'un dragon tiré violemment de son sommeil. Il crachait presque du feu.
« Moyashi, putain, qu'est-ce que tu viens de foutre ?! Ne recommence plus jamais ça, ou tu finis les tripes à l'air ! »
Allen se doutait que ça ne serait pas apprécié, mais il avait voulu le faire, toujours parce que Kanda agissait d'une manière adorable. Allen n'était pas tellement porté sur les échanges de ce genre malgré ce que ce stupide lien lui faisait désirer, mais ça pouvait lui arriver d'avoir des gestes de tendresses lorsqu'il était attendri, en particulier pour Lenalee. Ce coup-ci, c'était Kanda qui l'attendrissait. Il ne l'aurait jamais cru. Ça lui avait donné cette idée. Il aurait pu ne pas le faire, et par un curieux revers de pensée, il avait osé. Ça le rassurait, que Kanda puisse être comme ça. Puis, s'ils devaient être amis… Allen était toujours hésitant à prendre ça au sérieux, et ne voulait pas se laisser aller trop vite, mais ce n'était rien de plus qu'un baiser platonique. Il rétorqua donc, sur le même ton, levant les yeux au ciel :
« C'est rien qu'un bisou , Bakanda !
—Tu feras tes putains de bisous de merde à un autre, sale connard ! »
Le regard de Kanda était mauvais, et Allen leva ses deux mains en signe d'apaisement pour tempérer.
« Ne te fâche pas, s'il te plaît. C'est juste que… la façon dont tu le disais, et le fait que tu aies voulu me détendre, que tu te sois rappelé de ça… Je trouve ça adorable. C'est pour ça que je t'ai embrassé. C'est amical. Rien de plus. Et je ne le ferai plus. »
Il souriait toujours timidement à l'alpha.
Ce dernier prit une minute pour réfléchir à ça. Effectivement, certaines personnes avaient pour tendance de juger qu'un baiser, en guise de contact affectif, avait une valeur de remerciement. Kanda jugeait, en son humble personne, que c'était idiot et ce n'était pas son cas mais il ne voulait pas se disputer de bon matin pour quelque chose de si débile. Surtout que merde, la protestation débile, ce « c'est juste un bisou », ça lui rappelait Alma. Alma lui rétorquait les mêmes conneries quand il essayait de lui voler des putains de 'bisous'. Le bon côté, c'était que si Moyashi recommençait à faire des trucs qui le faisaient chier, c'est qu'il se détendait peut-être. Kanda était partagé, car il ne voulait pas qu'il se repose sur lui trop vite, la dernière fois, il ne l'avait pas supporté, même si le gamin n'y pouvait rien. Puis, finalement, Kanda arriva à la conclusion qu'il testait surtout sa confiance. Kanda savait que dans l'histoire, il devait se tempérer en ayant accepté de l'aider, mais ça ne voulait pas dire qu'il allait accepter ça.
Il grinça des dents. Ces conventions sociales stupides lui mettaient les nerfs en feu.
Kanda commença à pester contre la dimension amicale :
« On n'est pas… » Puis il s'arrêta. Réflexe. Techniquement, il avait promis que le temps des chaleurs du gamin, ils étaient amis. Autant dire qu'il allait la regretter, celle-là. Il ne gronda que plus fort. « Laisse tomber. Je suis pas adorable, j'ai fait ça parce qu'il le fallait. Et putain, c'est quoi cette manie ?! »
Allen marqua un temps d'arrêt.
« Je ne comprends pas.
—Y a rien à comprendre, » contra Kanda. « J'aime juste pas cette façon d'embrasser les autres comme ça. »
Allen redressa encore ses mains dans le but de l'apaiser à son ton désagréable.
« Très bien, je ne le ferai plus, je te l'ai dit, mais c'était une manière de te montrer ma gratitude, donc ne reste pas fâché. C'est une convention un peu stupide, je te l'accorde, mais j'en ai eu envie. »
Il couronnait le tout de son stupide petit sourire. Kanda soupira, expliquant rageusement :
« T'as eu envie à cause du lien, Moyashi, contrôle-toi ! Est-ce que tu fais ça avec le lapin crétin ou l'emmerdeuse ? »
Allen serra les dents.
« Peut-être à cause du lien, et non, mais eux ne s'occupent pas de moi pendant mes chaleurs, et tu pourrais être plus respectueux quand tu parles d'eux, Bakanda ! » Surtout pour Lenalee, dont l'insulte montait peut-être d'un grade face à celle de Lavi. Allen souligna sournoisement. « Puis je te ferais dire que toi aussi, tu t'es pas contrôlé, là ! »
Kanda le dévisagea.
« Tu m'fais chier. »
Le blandin eut encore ce réflexe de lever les mains en l'air comme un innocent surpris sur une scène de crime.
« Recommence pas à t'énerver.
—Je suis pas énervé, Moyashi. »
Se disant, Kanda secouait la tête avec irritation. Il ne s'énervait pas. Moyashi savait ce que donnait sa colère. Il arrivait à se contenir. Par contre, si le maudit s'acharnait à lui dire qu'il était énervé quand il ne l'était pas, c'était fort possible qu'il finisse par lui taper sur le système. Peut-être qu'il avait sa tête des mauvais jours –quand étaient les bons ? – mais avec cette conversation, que voulait Moyashi ?
Allen plissait les yeux, incertain.
« À peine. »
Kanda arrondit son regard. Il ne voulait pas en démordre, le con.
« Tu me cherches. »
Allen secoua la tête.
« Même pas. Écoute, Kanda, tu as dit qu'on était amis, alors je ne le ferais plus, mais me fais pas des yeux mauvais comme ça. Dans cette situation, je pense que j'aurai fait ça aussi avec Lavi ou Lenalee, oui. T'aimes pas et je le respecte, mais on va pas en faire un plat, si ? Je recommencerai pas, même si tu refais quelque chose de mignon, c'est promis. »
Kanda lutta pour ne pas lever les yeux au ciel et hurler. Il ne faisait rien de mignon ! Il perdait le contrôle, c'était pas pareil, bordel ! Il inspira discrètement et essaya de tempérer ses sentiments irrités. C'était dur. Il regrettait définitivement certaines promesses. Voilà dans quel merdier il se fourrait à force de promettre des trucs… C'était ça, son problème, au fond. Il avait beau faire des efforts pour être un enculé, y avait pas à tortiller, il était quand même trop gentil.
« J'suis pas mignon. J'ai promis de ne pu me fâcher, je le suis pas. T'façon je le ferai pu moi aussi. Bon, on peut se remettre à lire tranquille ou tu veux encore me faire chier ? »
Allen fit 'oui' de la tête. Kanda fut ravi de pouvoir décrocher de tout ça. Après la longue journée de la veille, il voulait une journée calme, aussi plan-plan que possible. Allen rajouta tout de même.
« Ah, juste… Tu sais… Pour le baiser. » Kanda eut la nette envie de lui arracher la tête et de le faire taire. Qu'allait-il encore lui sortir comme connerie ? « Si jamais tu n'arrives pas à contrôler… J'ai jamais dit que ça me dérangeait que tu le fasses. » Les yeux agrandis par la surprise, le kendoka se sentit con. Oui, il savait qu'Allen aimait ça car il sentait son essence émotive se remplir de joie, mais l'entendre le lui avouer, c'était autre chose… Allen continua : « Enfin, c'est mieux que tes pertes de contrôles te fassent faire ça plutôt que de me sauter dessus. »
Bon, Kanda devait admettre qu'il marquait un point, n'empêche qu'il avait dit non. Son visage dut être éloquent. Allen lui souriait toujours.
« Mais si tu veux plus le faire, c'est toi qui vois aussi. » Un petit rire nerveux suivit. « Tant que tu restes toujours doux. »
Le blandin avait le don de l'embarrasser et de lui casser les couilles. C'était un véritable talent. Tournant des yeux incandescents dans sa direction, Kanda grommela, irrité par ses paroles :
« Je préfère pas le refaire, putain d'Moyashi. J'arriverai à me contrôler. » Ça valait tout aussi bien pour le fait de l'embrasser que de faire plus. « Il me faut juste du temps pour m'habituer. »
C'était une promesse qu'il se faisait à lui-même plus que pour le blandin. Et il espérait être en mesure de la tenir. Allen hocha la tête en continuant de sourire, et Kanda ne sentit aucune déception émaner de lui. Il lui rétorqua juste sévèrement :
« C'est Allen, Bakanda. »
Et Kanda l'ignora, se remettant à lire.
Ils agissaient tout à fait comme avant leur violente dispute : Kanda contenait sa colère, et Allen était chiant en essayant de ne pas l'être – une bonne blague. Mais c'était mieux. Puis s'ils étaient censés être amis… Ouais, assurément, ça signifiait qu'il devait forcément se laisser un peu plus faire. Il avait réussi lorsque le lien l'avait pour ainsi dire endormi. Le lien avait moins d'emprise, il en avait surtout lors des crises du gamin, et Kanda agissait de lui-même pour l'instant, ce qui était quand même vachement plus plaisant. Il était paumé, hésitant sur ses réactions. Ça ne lui plairait probablement à aucun moment, mais il n'était quand même pas con. À force que tout lui prouve qu'Allen avait besoin de lui, ainsi que d'être confortable, sans stress, il faisait des efforts, car ça l'arrangeait lui aussi dans l'histoire. Surtout qu'encore une fois, il avait contribué à empirer la situation, il l'avait blessé, et avec ce que le lien l'obligeait à lui faire… Être un minimum gentil s'imposait. Il avait saisi que l'oméga ne se sentait pas violé, mais rien à faire, Kanda ne se pardonnait pas entièrement d'avoir été trop brutal avec lui au début alors qu'il le suppliait, il devait se faire pardonner ça, même si ce n'était techniquement pas pardonnable. Kanda essayait simplement d'agir comme un être humain décent, chose rare pour lui. Être un connard ne lui apparaissait pas comme une bonne solution.
Kanda se mit réfléchir, lisant absentement, justement en rapport avec la gêne de l'oméga, sa propre culpabilité et sa décision raffermie d'être là pour lui. Il ne comptait absolument pas tout lui passer sous prétexte qu'il avait fait le con avec lui, et pas qu'un peu, mais il comptait en effet continuer à être indulgent et agir au mieux, car, encore une fois, tout ça lui avait permis de comprendre qu'Allen étant en chaleurs et en incapacité de se contrôler sans son appui, il devait le faire passer avant lui. Ça le faisait chier, mais il en était capable. D'autant qu'Allen avait eu raison sur cet argument : le lien l'y avait aidé, mais il avait pu être plus sympa.
L'Asiatique préférait, ne pouvant y échapper, de loin faire cela de son plein gré plutôt que d'y être contraint par ce foutu lien. Puis, oui, il l'avait déjà pensé, mais Allen n'était pas si insupportable, juste chiant, c'était donc possible qu'il s'entende avec lui. En même temps, Kanda ne supportait personne. À part Alma, il n'avait jamais supporté quelqu'un. Il se ferait violence pour Moyashi à cause des circonstances exceptionnelles. C'était tout. Ça ne voulait toujours pas dire qu'il se laisserait marcher sur les pieds. Si Moyashi en demandait trop à son goût, il gueulerait, il le pourrait tout à fait, car il n'était pas du genre à se laisser faire tant qu'il n'en avait, soit, pas envie, soit, pas de raison, comme le prouvait leur précédente interaction.
Pour ce qu'il acceptait, il n'en avait pas envie, mais il avait des raisons de le faire. Kanda était quelqu'un qui savait se maîtriser, ça valait aussi bien pour prendre sur lui et faire ce qu'il avait à faire. Ici, être un bon alpha. Venant de lui, c'était comme impossible. Si son soutien était important pour l'oméga, être réellement ami avec lui n'était pas dans ses plans. L'aider pour qu'il surmonte le traumatisme de ses chaleurs et ne pas être si froid avec lui, c'était nécessaire. À part pour Alma, où c'était venu naturellement en beaucoup plus de temps, c'était la première fois que Kanda essayait d'être gentil, sympathique avec un autre. Moyashi ne lui faciliterait pas toujours la tâche, Kanda s'y attendait. Il s'attendait aussi à d'autres engueulades avec lui, ce qui, bien qu'il ne soit pas sensible à ces choses-là et peu dérangé par une bonne gueulante, venait presque le stresser. L'oméga n'était pas en état d'aimer l'asticoter comme à son habitude et les vraies engueulades lui déplaisaient. Ces sentiments viendraient sûrement lui chatouiller le nez si ça se produisait, et ça se produirait, c'était mathématique.
Ça rendait le tout encore plus complexe.
Kanda pouvait-il réellement agir comme un ami pour Allen, si c'était faux ? Kanda se mordait l'intérieur de la joue en y pensant. Il ne pouvait pas se perdre éternellement dans un foutu débat interne. Il avait certes trop de temps pour y réfléchir, mais trop peu pour développer une vraie réponse. Eux n'avaient pas assez de temps pour développer une vraie amitié, Kanda se refusait à croire qu'une semaine et quatre jours changeraient quoique ce soit entre eux, même s'ils étaient forcés de se coller comme cul et chemise. Ils ne seraient pas amis. Ce n'était pas ce qu'il voulait et bien pour ça qu'il acceptait. Ce serait du vent. Rien d'important, ni de vrai. Autant pour lui que pour l'oméga. Le problème avec le vent dans leur situation, c'est qu'il pouvait vite s'accroître en tempête. Kanda ne voulait pas de tempête. Il ferait en sorte qu'il n'y en ait plus.
Tout ça, il l'avait déjà décidé au moment où il était revenu vers le maudit après sa colère. C'était pour cette raison qu'il ne s'était pas rétracté, même après qu'Allen ait insisté une deuxième fois pour lui faire retirer ses promesses. Avec tout ce qui leur était tombé dessus, Kanda n'avait vraiment pas eu le temps d'y réfléchir, il était quelqu'un qui préférait l'impulsion de toute manière, mais comme ils ne se parleraient plus ensuite, ça l'empêchait aussi de se trahir, et il ne se passerait rien de plus entre eux.
Il savait qu'il s'engageait dans quelque chose de difficile, de compliqué, qu'il allait sûrement regretter de nombreuses fois mais il le fallait. C'était pourtant si ironique de se dire qu'en l'espace d'une journée, il avait presque haï le blandin et que maintenant, il refusait de retirer sa promesse de fausse amitié. En dehors de son sentiment de culpabilité, de devoir se racheter de ses fautes, Kanda n'était pas sûr de ses motivations, pas sûr de comprendre pourquoi il avait peur pour Allen dans ces moments – il fallait l'avouer, il le ressentait depuis le début. Il n'était pas sûr non plus de comprendre pourquoi il refusait de le laisser se noyer dans sa merde. Il y avait le lien, mais s'il était honnête, ce n'était pas la seule chose. C'était peut-être ce qui l'avait rendu si furieux.
Fondamentalement, Kanda Yû n'avait jamais aimé Allen Walker. Quand il était arrivé à l'Ordre, il l'avait pris pour un péteux naïf, un de ces exorcistes ravis d'avoir été choisis par l'Innocence, comme si c'était quelque chose de bien, aussi cons que les traqueurs qui jalousaient les ô combien heureux élus. Il avait cru qu'avec sa naïveté, sa maladresse et sa jeunesse, il se ferait buter en moins de deux. Ça arrivait. Les traqueurs crevaient comme des dominos, les exorcistes étaient si peu nombreux que c'en était pathétique. Qu'il soit un oméga, Kanda ne l'avait pas jugé pour ça. Pour la millième fois, il s'en carrait furieusement la raie, des seconds-sexes. Fille, garçon, oméga, alpha, bêta… Un con, c'était un con, point. Ses idéaux niaiseux, sa gueule d'hypocrite dégueulasse, l'avaient conforté dans l'idée qu'Allen ne ferait qu'une brève apparition dans son paysage. Ça n'avait pas été le cas. Le con était toujours là. Au moment où Kanda avait été son lié, avait été confronté à ses senteurs émotives, et avait compris qu'un mal être le suivait, puis que ses chaleurs avaient accentués le tout, peut-être que brièvement, d'une manière très mesquine et mauvaise, il avait pensé que c'était bien fait pour sa gueule. La réalité de la vie le rattrapait, ça lui ferait les couilles et le remettrait à sa place. Seulement… Par certains aspects, cet enfant était en effet insupportable, chiant, lourd, irritant, beaucoup trop idéaliste pour son propre bien. Mais Kanda avait compris que c'était ce qu'il était : un enfant d'à peine seize ans, un être encore innocent, qui se battait pour conserver cette innocence dans un monde pourri.
Nouvellement, Kanda changeait d'avis. Peut-être passait-il du tout au rien avec lui, quand on pensait à cette furieuse colère de la veille. Il avait haï cette innocence chez le blandin, suite aux épreuves qu'il avait traversé, voir qu'elle était encore là, ça faisait que le respect qu'il avait pour lui s'amplifiait, mais il ne l'aurait pas avoué.
Ça ne changeait pas qu'il ne l'appréciait pas, il ne l'aimait toujours pas, mais peut-être que c'était pour ça qu'il voulait l'aider.
Kanda se dévouerait donc à lui faire surmonter cette épreuve, dont Allen ne sortirait pas indemne sans soutien, il se le promettait. Pour autant, Kanda savait qu'Allen avait en lui la force de surmonter. Kanda ne se voyait pas comme son sauveur. Ce n'était absolument pas dans cette idée qu'il le faisait, et il savait que l'oméga, bien que lui ayant déclaré qu'il voulait être pris en charge, recherchait plus un appui qu'une prise de contrôle. L'alpha ne le connaissait pas des masses, mais quand même assez pour se douter de ça. C'était surtout qu'il ne savait plus où il en était, et ça ne datait pas de ses chaleurs. Moyashi se faisait une crise identitaire et ce n'était pas étonnant non plus. Kanda serait l'appui dont il aurait besoin, le point de repère, le temps qu'il puisse se relever et se remettre à avancer. Ensuite, il aurait sa paix et ils seraient tous les deux contents. L'équation était simple. Kanda aurait fait assez de bonne action pour dix ans avec ça.
En dehors de tout ça, en dehors de raisons tangibles, quand il voyait Allen comme ça, quand il voyait que l'oméga était en train d'être anéanti… Non, Kanda ne voulait pas en démordre, il l'avait pensé il y a quelques jours, il se foutait de sa petite vie, fallait pas se méprendre, mais comme Allen était techniquement son oméga et qu'il était coincé avec lui, il ne voyait plus autant d'inconvénient à la lui faciliter pour l'heure. Même si pour ça, il devait faire des efforts contre nature, même si rien ne s'arrangeait, il se promettait qu'il aiderait l'oméga à se ressaisir.
Il avait peur pour lui, et voulait protéger son innocence.
Ça ne datait toujours pas d'hier, quand il était venu chercher l'oméga, Kanda avait décidé que faire des efforts de comportement était un moyen de respecter sa promesse envers Alma pour prendre soin de son lié. Il était temps de faire les choses correctement, pour aussi respecter ce qu'il avait promis à Allen.
En une soirée, puis quatre jours complets, un cinquième à peine commencé, les chaleurs de Moyashi l'avaient mis dans une situation des plus délicates dont il n'était malheureusement pas prêt d'être sorti. Ce lien était comme un mensonge dans lequel ils s'embourbaient. Et le plus gros souci des mensonges, c'était qu'à force de les répéter, ils devenaient vrais.
À suivre...
Donc pas mal d'ambiguïté sur les sentiments des personnages à cause du lien, et du malaise aussi, surtout pour Allen qui désespère de ne pas se contrôler. Je pense qu'il est temps de vous dire sur quoi repose cette histoire, même si je pense que vous l'aurez peut-être déjà remarqué : une déconstruction. Le but devient presque qu'ils ne tombent pas amoureux et ne couchent pas ensemble plutôt qu'ils le fassent, contrairement à beaucoup d'intrigues habituelles, que je ne dénigre pas d'ailleurs, hein ^^. C'est juste qu'ici c'est l'inverse et je trouvais ça intéressant, j'espère que vous aussi :D.
N'ayez pas peur, ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de Yullen... Mais ça explique que ce soit si lent. L'attente n'en sera que meilleure, j'espère du moins ;) !
Reviews sur ce chapitre ? ^^
Merci d'avoir lu !
