Hey !
Alors après cette dure semaine de partiels, je suis vraiment contente de vous retrouver pour le chapitre du vendredi ! XD
Ceci étant dit, je reprécise au cas où car c'est vrai que ma dernière note pouvait prêter à confusion : ce n'est pas encore la fin de la partie 1 ! Ce chapitre en fait encore partie, et les deux suivants aussi ! (Bien que le 32 soit plus un épilogue qu'autre chose, vu sa courtesse ^^) J'avais peur de me répéter comme il me semble avoir déjà dit qu'il y avait 32 chaps xDD. En revanche, ils sont transitoire vers la partie 2, ce pourquoi je parlais de final la dernière fois x).
Pour ce chapitre, vous allez voir les conséquences des chaleurs sur Allen et notre Moyashi va reprendre sa vie normale... Plus ou moins ;) ! Certaines choses pourraient vous étonner, mais rappelez-vous que le lien bien a mis le bordel en eux x).
Edit du 01/07/18 : Merci à Ookami97 pour la correction !
J'espère qu'il vous plaira, bonne lecture !
Réponse anonyme :
Eben2691 : Ça va bien et toi :) ? Merci de ton avis, ça me fait plaisir si tu es impatiente de la suite ^^ ! Pour Allen, oui, il s'est senti abandonné, mais comme tu le soulignes, ça fait partie de l'histoire x). Tu verras ce qui va se passer ensuite ;) !
Le maudit avait eu à peine le temps de sécher ses larmes que l'obligation d'afficher une façade l'avait frappé. Un golem de l'Ordre l'avait prévenu que Link arriverait en fin de matinée, précisément peu avant midi. Étant donné qu'il avait passé au moins deux heures à pleurer, ses yeux et son nez étaient rougis, il n'était absolument pas présentable. Il avait fusé sous la douche, essayant d'y chasser ses dernières inquiétudes ainsi que ses sentiments affreusement confus. Pour les dissiper, il lui fallait cependant les comprendre. Et voir les choses en face : il était porteur de sentiments à l'égard de Kanda. Ces sentiments n'étaient pas qu'amicaux, sans quoi, il n'aurait pas eu si mal à son départ. Il l'aimait peut-être. D'un amour qui n'avait, au fond, pas lieu d'être. Allen le lui avait dit et l'affirmait encore, il n'était pas assez naïf ni idiot pour être tombé amoureux de lui suite à leurs interactions sexuelles. Il savait séparer les actes physiques des actes émotionnels. Les chaleurs, leurs instincts, les avaient forcés à ça. Ce n'était pas quelque chose qu'il ressentait comme positif, quand bien même ils s'étaient respectés, jusqu'à y trouver leurs comptes.
Ce qui faisait pencher dangereusement son cœur, c'était que l'alpha lui plaisait physiquement. Qu'il trouvait son foutu caractère attachant. Tout cela, allié au lien, l'encourageait à développer des sentiments qu'il peinait à réfréner. Il avait toujours entendu que la raison n'avait aucune emprise sur l'amour, de toute façon. Il finissait, comme à chaque fois, par en être tristement victime. Mais au lieu de se laisser abattre une nouvelle fois, pendant que l'eau chaude dévalait sur son corps et qu'il réfléchissant, Allen fut frappé par une révélation froide, celle qu'il avait déjà eu hier dans sa confusion. Il ne pouvait pas accepter ses sentiments, il se devait de les refuser, car ils n'étaient, en fin de compte, peut-être pas entièrement réels. Il aurait pu aimer Kanda, le désirait ardemment, tout comme le lien lui faisait désirer son odeur. Ça le dépassait, le transcendait, mais ce n'était pas lui. Ce qui était lui, c'était l'affection et l'attirance physique envers l'alpha. Il fallait que ça s'arrête à ça. Il ne pouvait pas y avoir plus.
En ça, il restait affecté. Il voulait que leur amitié se poursuive. Pas plus, mais pas moins. Hélas, il n'avait pas le choix. Ça ne dépendait pas que de lui. Ils s'étaient promis. Il n'y avait plus rien à faire pour aller contre la promesse. Kanda ne le permettrait pas. Il n'avait qu'à prendre sur lui. Ce qu'il était à même de faire à présent. Le lien ne l'asservissait plus. Ses sentiments étaient juste un peu confus pour le moment. Allen se doutait qu'il le serait sans doute encore un peu. Y penser tant qu'il n'avait pas la tête reposée se révélait donc inutile. Il éprouva le vif besoin de lâcher prise et de se détendre complètement. Aussi de voir si son corps lui répondait de nouveau. Sa main descendit à son pénis, l'adolescent poussant un soupir à la sensation plaisante. Il se donna du plaisir, étrangement, mais tout aussi logiquement, ravi d'en être à nouveau maître, laissant tomber les questionnements qui alourdissaient sa conscience.
Quand il sortit de la douche, il se sentit nettement plus en paix avec lui-même. Il avait toujours un peu de mal à marcher, ses muscles tiraient et fatiguaient vite, en effet par perte d'habitude due à l'état de faiblesse qui avait gagné son corps. Il entreprit quand même de faire les lits, en ne forçant pas trop. Histoire de se déplacer. Il finit par être plus à l'aise. Il se doutait que dans la journée, ce serait plus pratique et qu'il pourrait déjà se promener. Ne serait-ce que pour manger, il faudrait qu'il sorte. La perspective l'enhardit, aussi, il ouvrit la fenêtre de la chambre pour aérer avec l'odeur de phéromones présentes, et décida d'aller se chercher à manger. À peine ouvrit-il la porte qu'il croisa Lavi et Lenalee, qui lui sautèrent pratiquement dessus. Allen devina à leurs regards qu'ils avaient des tonnes de questions, des questions auxquelles il n'avait pas envie de répondre actuellement. Oh, il savait bien qu'ils ne lui demanderaient rien de but en blanc et ne le forceraient pas à parler. S'il ne disait rien, ça ne resterait que des questionnements silencieux. Mais il en ressentait l'envie, de son côté. Simplement pas tout de suite.
Quand Lenalee lui demanda comment il se sentait et si tout s'était bien passé, Allen répliqua qu'il aurait à leur parler plus tard, quand il serait prêt. La jeune fille avait semblé s'interroger, mais Lavi lui jeta un regard dissuadant.
Allen comptait sincèrement en parler avec eux, il ne savait juste pas quoi dire.
Il s'était passé tellement de choses et c'était tellement compliqué. Il ne savait pas ce qu'il allait raconter, aussi. Il ne se sentait pas de leur avouer absolument tout. Déjà pour les parties qui l'avaient réellement humilié, et parce que certaines choses n'étaient qu'entre lui et Kanda. Il hésitait tout de même à parler du gros de l'affaire, car avoir des conseils ne serait pas négligeable. Puis, ils étaient ses amis. Il avait au moins appris la leçon que se confier ne faisait pas de mal. Il en avait besoin, honnêtement. Tout ce qu'il savait était que quoiqu'il puisse dire, il n'aurait pas été capable d'en parler en mesurant ce qu'il disait. Alors autant attendre. D'ici une semaine, peut-être. C'est ce qu'il promit à une Lenalee soucieuse de ce qu'il allait leur annoncer, du moins. Il aurait une semaine pour faire le tri.
En plus de sa plénitude, Allen fut heureux. Sa mobilité lui revenait plutôt vite, finalement. Au réfectoire, Allen fut un peu gêné de croiser les regards des autres, se doutant que tout le monde savait pour ses chaleurs, mais il oublia rapidement sa gêne. Il sonda rapidement la pièce à la recherche de Kanda, qu'il ne vit pas. Sans plus de déception que ça, Allen s'était reconcentré sur ses amis. Lavi avait gentiment proposé de l'aider à porter son plateau, il avait refusé par fierté. Lenalee avait également proposé qu'il s'appuie sur elle, ce qu'il avait également refusé, tenant à le faire par lui-même.
Ce n'était pas qu'une question de fierté mal placée. Surtout de ce désir de reprendre le contrôle. Après presque deux semaines à ne pas pouvoir faire ces gestes pourtant si basiques, c'était compréhensible, d'autant qu'Allen n'était pas du genre à aimer être en position de faiblesse indéfiniment. Il accepta néanmoins de se faire escorter jusqu'à sa chambre une fois le repas englouti, les deux autres lui parlant joyeusement de leurs dernières missions. Une chose qui le faisait brûler de hâte, c'était de repartir. Lenalee l'informa que les missions redevenaient régulières. Il ne faudrait sans doute pas beaucoup de temps avant qu'il ne soit appelé.
Arrivé à sa chambre, Allen vit Link. L'alpha blond était en train de redéposer ses affaires soigneusement, et il tourna un œil en direction du blandin. Lavi et Lenalee partirent, lui disant qu'ils reviendraient le chercher plus tard, Allen acquiesçant. Le blandin adressa un sourire amical à Link, content de le voir, s'asseyant au bord de son lit, tout aussi content de pouvoir reposer ses jambes. Il se sentait un peu tendu, comme avec les autres. Ce matin, tout était bizarre. Alors que tout redevenait comme avant. Il faudrait se réhabituer.
Le maudit jeta un œil à la fenêtre que Link alla fermer.
« J'avais aéré, » lança-t-il, « j'espère que ça ne sent plus trop.
—Il y a surtout son odeur, et il commençait à faire froid. »
Allen comprit qu'il parlait de Kanda. Link rangea sa valise dans l'armoire, de laquelle il sortit encore quelques papiers, le blandin devinant qu'il traitait encore d'affaires pour Luberrier. Il les déposa sur le bureau, mais au lieu de s'attabler, il s'assit face à lui.
« Je suis surpris de voir qu'il s'est occupé de toi. Il a toujours refusé votre lien jusqu'à présent.
—C'est vraiment une longue histoire, » gêné, et ne sachant pas vraiment quoi dire, Allen eut un rire feint.
Il savait d'habitude que le blond ne pousserait pas la discussion trop loin s'il ne le voulait pas. Link coula un long regard sur lui.
« Walker, je ne veux pas être trop direct, mais je suis un alpha aussi. Je sens que son odeur est sur toi. Est-ce qu'il t'a marqué ? »
Allen se sentit virer rouge écrevisse de manière assez brutale. Il ne s'était pas attendu à cette question. Link n'était définitivement pas du genre à forcer la discussion. Mais entre ça et la fois où il avait voulu connaître ses cycles de chaleurs, Allen voyait que quand il voulait savoir quelque chose, ses questionnements, qui en évinçaient certes d'autres, se révélaient littéralement trop précis. Et ce n'était pas le genre de choses qu'il voulait évoquer maintenant.
« On n'a pas…, » il déglutit, « nous n'avons pas consommé notre lien. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? »
Link posait une question très intime, et Allen se sentait désarçonné. Le blond se racla la gorge, l'air embarrassé.
« Je ne le connais pas, mais j'ai pu voir qu'il n'était pas un tendre. J'avais peur qu'il t'ait peut-être forcé, et que tu ne te sois pas donné de ton plein gré. »
Touché par l'inquiétude du blond, Allen secoua néanmoins la tête. Sa voix fut ferme.
« Non, il ne m'a forcé en rien. Il a vraiment été… » le cœur battant, se morigénant, il se retint de justesse de dire 'parfait', ça aurait vraiment été trop cucul, « correct. Il n'a rien fait que je n'ai pas voulu. »
Link acquiesça. Il se releva et vint poser une main sur le crâne d'Allen, qu'il flatta gentiment. Le blandin s'en étonna, mais se laissa faire. Ce n'était pas désagréable. Link se racla encore la gorge en retirant sa main.
« Excuse-moi. Je crois qu'il va de nouveau falloir ouvrir la fenêtre. Il y a encore trop de phéromones, tout compte fait. »
Le ton désorienté de Link fit rire Allen, de manière sincère cette fois-ci. Après tout, ses chaleurs venaient de se terminer, et s'il lui faudrait du temps pour retrouver une stabilité hormonale, ses phéromones mettraient aussi du temps à disparaître totalement. Link mit ses paroles en action, et s'assit à côté de lui cette fois. Link avait beau être un alpha, Allen n'était pas gêné par cette proximité. Il leur arrivait de s'asseoir côte à côte pour échanger quelques paroles quand ils étaient ensemble.
« Je m'excuse encore, Walker, » fit l'Allemand, inspirant une grande bouffée de l'air frais, peut-être trop, qui pénétrait dans la pièce.
Allen secoua le menton.
« Pas de problème. Je sais que les phéromones font de l'effet aux alphas, même sans lien. »
Et quand il pensait au précédent geste de Link, qui ne mangeait pas de pain mais qui était pour le moins inhabituel, il ne pouvait qu'être encore plus impressionné par le contrôle de Kanda. Lui l'avait eu plusieurs jours d'affilée en pleine chaleurs en étant son lié, bon sang. L'alpha lui fit une ébauche de sourire.
« Je suis soulagé qu'il ait été correct avec toi.
—Eh bien, Link, tu t'attaches à moi ? » le blandin le taquinait. Ils étaient amis, bien qu'il soit là pour surveiller l'éveil du Quatorzième en lui. Quelque part, ça l'irritait. Encore un alpha qui se trouvait responsable de lui. Même si, pour Link, ça n'avait rien à voir avec son statut d'oméga.
« Tu es sous ma surveillance, » rétorqua justement Link d'un ton docte, « alors je me sens concerné. Surtout avec l'état dans lequel tu étais quand je suis parti. »
Allen sourit. Link était bel et bien un ami.
« Ne t'en fais pas, Kanda s'est bien occupé de moi. »
Il avait du mal à prononcer ce nom, mais il fit abstraction.
« Je ne comprends pas comment tes phéromones ont pu me faire de l'effet, » souffla Link, irrité. « Maintenant que je suis près de toi, je sens les siennes mêlées aux tiennes, et c'est vraiment déplaisant. Ça empeste.
—Link… ! »
Étonné de cette brutale exclamation, Allen rit encore, Link s'excusant à nouveau. Il ne pouvait pas le savoir, n'étant pas un alpha, mais ça semblait en effet vraiment puissant. Autant pour le côté repoussoir des phéromones d'alpha que le côté attrayant de celles d'un oméga. Le jeune secrétaire était quelqu'un de droit et exemplaire, le blandin devinait qu'il n'aimait pas être ainsi déstabilisé.
« Dis, Link, tu es lié ? »
Un éclair de surprise passa dans les yeux du blond. La question se posait. Après tout, Link était adulte. Il approchait de la trentaine. À son âge, beaucoup de gens avaient trouvé leur lien.
« Non, je n'ai jamais été lié, » finit par répondre Link, « mais j'ai eu une relation il y a quelques années.
—Sans lien ? » s'étonna Allen.
C'était rare. Le lien était la seule valeur pour une relation au sein de la société. Même le mariage n'était pas aussi sacré. Sans compter le fait que c'était assez mal vu, et venant de quelqu'un d'aussi droit que Link…
« Oui, sans lien. » Link eut l'air mélancolique. « C'est inconvenant, » pointait-il, « mais l'amour ne dépend pas que de ça. Tu dois le savoir, comme tu n'aimes pas ton lié. »
Allen baissa les yeux. Il n'aimait pas Kanda… Jusqu'à présent. Il était encore confus et détestait l'être. Il se reprit vite.
« Oui, je le sais bien. Et tu penses être lié avec cette personne un jour ?
—On est passé à autre chose, ça arrive, et c'était une histoire de jeunesse, » rétorqua le blond. « Néanmoins, je n'accorde que peu d'importance au lien. »
Le blandin acquiesça encore. Il était bien d'accord, le lien ne faisait pas tout. S'il devait aimer quelqu'un… Que ce soit Kanda ou pas, il ne voulait pas aimer à cause du lien. Il aurait détesté être tombé amoureux à cause du lien. Il voulait aimer pour de vrai, pas en étant commandé dans ses instincts, et en perdant son pouvoir de choisir. Ça le faisait, une énième fois, réaliser qu'une part de lui aimait vraiment Kanda et que l'autre était sous influence. Tirer quelque chose des deux se révélerait dur, quand il jugerait bon de s'y pencher.
Ils parlèrent encore. Allen exprima son désir de faire un tour par la salle d'entraînement, histoire de s'échauffer un peu, même s'il ne pourrait sans doute pas reprendre un lourd entraînement aujourd'hui. Il voulait surtout activer son innocence et faire quelques exercices basiques. À l'approche de l'heure du repas, il y aurait peu de monde, et il ne serait pas humilié s'il s'avérait qu'il n'était pas encore d'attaque. Link prévint qu'il remplirait de la paperasse et qu'il l'y accompagnerait.
« Tant que j'y pense, » fit l'Allemand, « j'aurai besoin d'un rapport de Kanda sur ton comportement lors de tes chaleurs. » Devant le regard outré d'Allen, Link précisa : « Ordre de l'Inspecteur Luberrier. Un oméga est faible durant ces périodes, et on ne peut pas savoir les effets que ça peut avoir dans ton cas, particulièrement. Rassure-toi, il n'est pas question de parler de choses personnelles. Juste de dire si quelque chose d'inhabituel s'est produit. »
Allen était d'avis que ce Luberrier lui tapait doucement mais sûrement sur le système. Il avait été en chaleurs, qu'est-ce qu'il voulait qu'il ait pu se passer durant cette période ? D'accord, en voyant qu'il devenait malade, Allen aussi avait eu peur que le Quatorzième puisse prendre le contrôle de lui. L'état de faiblesse des omégas lors de ces périodes n'était plus à contester, même par lui, qui en était un. Surtout par lui. Il ne faisait tristement pas exception, ses chaleurs étaient même de nature plus difficiles qu'à l'ordinaire, ça faisait partie de sa condition. Ça se contrôlerait avec le temps, l'infirmière l'avait dit. Que ça lui cause des problèmes n'était pas à exclure, ça lui faisait toujours peur. Ça l'irritait furieusement de devoir rendre des comptes même dans ces moments-là.
Il se fit néanmoins violence, ce n'était pas de la faute de Link.
Se mordant le bout de la langue, l'adolescent répliqua d'un ton nonchalant :
« Tu comptes aller lui demander ? Il risque de t'envoyer balader, honnêtement.
—Les ordres sont les ordres. Tu peux toujours venir avec moi, si tu crois qu'il le prendrait mieux si tu étais là. »
Allen déglutit.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »
Il pria pour que Link ne pose pas plus de question. L'Allemand le toisa une demi-seconde et abdiqua.
« J'irai seul après ton entraînement, alors. Tu pourras en profiter pour te reposer. »
Le blandin acquiesça, soulagé. Link alla à la salle de bain, Allen l'attendant pour partir.
« Walker… ! » s'exclama l'Allemand en réapparaissant, visiblement ahuri, Allen haussant les sourcils. « Tu m'expliques pourquoi il y a un trou dans le mur ?
—Oh… » Il eut un rire nerveux. « Disons que Kanda s'est un peu énervé. »
Link marqua une pause, particulièrement perplexe, mais ne chercha pas plus loin.
« Il faudra faire réparer ça. »
Embarrassé, Allen ne put qu'acquiescer à nouveau.
Le reste de la journée se déroula sans plus de rebondissement. Lavi et Lenalee rejoignirent Allen à la salle d'entraînement. Comme il s'en doutait, le blandin ne put pas faire grand-chose, aussi, il ne força pas, quand bien même il fut frustré, n'étant pas d'un naturel des plus patients. Le repas suivit. Allen s'étonnait de n'avoir pas croisé Kanda, ne serait-ce que dans les couloirs, jusqu'à maintenant. Aussi, Link revint bredouille en fin d'après-midi. Il avait croisé Marie, qui lui avait laissé entendre que Kanda était alité. Le Japonais tombait très rarement malade, si ce n'est jamais. Allen se douta qu'il s'agissait de ses ruts. Ça ne pouvait être que ça. Il était inquiet, même en sachant que ce n'était pas la première fois pour Kanda et qu'il ne courrait aucun risque. C'était son instinct qui lui soufflait qu'être loin de son alpha pendant ses ruts n'était pas agréable pour ce dernier.
Il était troublé en se disant que si ça le frappait si tôt, c'était qu'il avait dû sacrément se retenir pendant ses chaleurs. Il le plaignait presque, en imaginant combien ça avait dû être difficile. Mais ce n'était plus son problème à présent, autant se le rentrer dans le crâne. Ce serait seulement problématique si leurs cycles se synchronisaient, en imaginant qu'ils restaient liés.
Le blond prévint qu'il retenterait dans la semaine, et il s'en fut. Par cette journée, la vie reprenait son cours habituel pour Allen. Puis, une semaine se passa.
Un jour auparavant, Link avait fini par obtenir un rapport de Kanda, ce qui signifiait que ses ruts étaient finies, mais ça n'avait pas été pour ça qu'Allen avait réussi à le croiser. Il ne savait pas si ce n'était pas mieux. Kanda absent de son paysage, il avait consolidé ses réflexions, sa décision de refouler ses sentiments, car il ne pouvait pas s'y laisser aller. Le regret de ne pas conserver leur amitié le tenaillait toujours aussi affreusement. Et avec ça, Allen était dans une impasse. Tout était rentré dans l'ordre durant cette semaine. Au bout de deux jours, les effets de ses chaleurs avaient considérablement diminués. Il n'avait plus ressenti de faiblesse et avait pu s'entraîner autant qu'il le voulait, frais comme un gardon. Peut-être qu'il fatiguait plus vite, surtout en utilisant son innocence. Il faudrait peut-être une semaine, voire deux, avant que ça ne disparaisse totalement, mais ce n'était pas si handicapant. Ça lui avait manqué, alors il avait fait beaucoup d'exercices. Que ce soit seul, ou avec ses amis, auprès de qui il avait passé pas mal de temps. Il ne s'était toujours pas exprimé au sujet de ses chaleurs, et ils évitaient d'aborder le sujet. Le blandin savait qu'il le devrait bientôt, c'était ce qu'il avait promis.
Tout était rentré dans l'ordre. Mais l'emprise était beaucoup plus forte que ce qu'Allen avait cru. Le manque dû à son absence d'interaction avec Kanda était décuplé. Déjà qu'avant, il ressentait un déstabilisant besoin de lui, il était léger. Maintenant, c'était pire. Une part de lui avait simplement envie de lui parler. À cause de ce qu'il ressentait, car il l'appréciait. C'était tout bête, ça ne se commandait pas. Il ne savait pas quoi faire. Aller vers lui aurait été le plus évident. Sauf que c'était hors de question.
Chaque fois qu'il y pensait, son cœur se serrait. Il évitait justement d'y penser.
L'oméga était actuellement assis à la cafétéria avec Lavi et Lenalee, où ils déjeunaient. Link était en réunion auprès de son supérieur. Lavi ponctuait le repas de quelques âneries auxquelles Lenalee et lui ricanaient, quand ils n'étaient pas affligés. Allen était heureux de les avoir retrouvé, ça l'aidait à garder le moral au beau fixe. S'ils parlaient comme si de rien était, il sentait cependant la tension des non-dits. Surtout de son côté. Mais les quelques regards à la dérobée que lui jetaient les deux autres quand ils le voyaient guetter les environs, à la recherche de Kanda, ne trompaient pas. Allen ne savait toujours pas quand amorcer la conversation et pour être honnête, il était plutôt bloqué. Il présumait qu'aujourd'hui serait pareil, la seule chose qu'il espérait était bientôt avoir une mission…
La voix de Jerry retentit alors.
« Rapporte le plateau après ton repas, Kanda. »
Une absence de réponse et des pas qui s'éloignaient. Son regard tressauta en même temps qu'un sursaut le gagnait. Allen se retourna brutalement, malgré lui. Kanda était déjà parti. Il n'avait même pas aperçu sa silhouette. Il se sentit immédiatement déçu et comprenait maintenant pourquoi il ne croisait pas Kanda. Ce dernier ne prenait pas ses repas au réfectoire. Les essences florales flottaient toujours. Il s'en voulut de sa réaction pour le moins impulsive et manquant totalement de discrétion, mais il n'avait pas pu la retenir. Il voulait le voir. C'était un désir si violent qu'il l'irritait. Se rendant compte qu'il semblait stupide, Allen rougit furieusement en croisant les regards de Lavi et Lenalee. Sa réaction le trahissait énormément.
Les deux autres échangèrent un regard.
« Est-ce que tout va bien ? »
Cette simple question déstabilisa le maudit. Il marmonna un « oui », toujours aussi rouge. Si leur question n'était pas trop précise, il se doutait qu'ils n'allaient pas en rester là. Ils soupirèrent.
« Tu sais, Allen-kun, commença Lenalee, tu as dit que tu aurais à nous parler, mais on ne t'a jamais dit que tu étais obligé de nous parler de quoique ce soit en rapport avec tes chaleurs. On sent que tu es tendu avec nous depuis que tu nous as dit ça. »
Allen baissa les yeux.
« C'est vrai, renchérit Lavi, on est là pour toi si tu en as besoin, mais si tu ne tiens pas à en parler, c'est toi que ça regarde. On a demandé si tout allait bien parce qu'on s'inquiète pour toi. C'est vrai qu'on se pose des questions, mais tu n'as rien à nous dire si tu ne le veux pas. »
Lenalee lui offrit un sourire encourageant et Lavi sourit également. Allen secoua la tête.
« Je sais bien que je ne suis pas obligé, et je ne disais pas ça comme ça. J'en ai envie… C'est juste que je ne sais pas par où commencer, c'est vraiment difficile. »
Il soupira à son tour.
« Ce qui te semble important, tout simplement. Ce qui te pèse, » fit Lavi. « Tu viens de réagir en entendant le nom de Yû. Tout s'est bien passé entre vous, au moins ? »
Tout s'était trop bien passé, Allen n'arrivait pas à l'occulter. Il se mordit la lèvre.
« Je préfère qu'on finisse de manger et qu'on en parle ailleurs, si ça ne vous dérange pas. »
Deux sourires lui répondirent.
« Pas de problème. »
Ils allèrent ensuite se mettre dans un coin de la citadelle, un couloir désert, dans un angle assez isolé de la congrégation. Personne n'y passerait avant un moment, ils pourraient parler au calme et ne seraient pas non plus enfermés dans une chambre. Passées ses semaines à vivre comme un cloître, le blandin restait le moins de temps possible dans sa chambre. Allen se doutait que Link ferait sûrement un bon tour du périmètre avant de les trouver, et qu'il lui lancerait un regard réprobateur de ne pas lui avoir facilité la tâche. Allen l'appréciait, mais pour ce qu'il allait dire, il ne préférait pas qu'il soit là.
Le couloir était étroit, menant vers quelques portes dans un espace assez clos. Lavi et Lenalee étaient assis face à Allen, qui s'était appuyé contre l'autre mur. L'oméga croisa les jambes et les bras. Il y eut un silence un peu long, Allen cherchant ses mots, et Lenalee souriait.
« Dis seulement ce que tu veux. »
Le blandin prit une inspiration.
« Kanda a vraiment été incroyablement gentil avec moi. » Il rougit. « Il s'est comporté comme un bon alpha. »
Lavi sourit.
« J'étais sûr que Yû s'occuperait bien de toi. »
Allen hocha la tête.
« J'avoue qu'au début, on s'est beaucoup disputé, » il eut un rire nerveux devant le froncement de sourcils réprobateur de Lenalee, « vous savez comment c'est entre nous. On a eu du mal à s'entendre, mais finalement, on a fait des compromis, et je pense que ça a bien marché entre nous. » À nouveau, ses joues le pesèrent. « J'ai découvert une facette de lui qui m'a beaucoup… plu. »
Il l'admettait, et c'était les mots justes. Il ne pouvait pas être amoureux de Kanda, c'était beaucoup trop tôt et juste une influence du lien, mais il pouvait lui plaire. C'était ça, qu'il avait démêlé. Kanda lui plaisait, il l'appréciait avec une connotation qui n'était pas qu'amicale. Lavi demanda :
« Vous êtes amis, alors ? Ou tu aimerais qu'il soit ton alpha ? »
Sa question tapait dans le mille. Allen baissa les yeux, mais Lenalee se rapprocha de lui, faisant glisser son derrière sur le sol, et passa la main sur son genou.
« Ne sois pas gêné, c'est tout à fait naturel, il est ton lié. »
Allen redressa les yeux à ce moment-là.
« Je sais. Et c'est ce qui est le pire… Je ne sais pas si vous le savez, mais le lien a énormément d'influence sur un alpha et un oméga. Kanda n'a rien fait contre ma volonté, mais parfois, c'était… dur. » Peut-être un mauvais choix de mot. « Avec l'influence, on était perdu dans nos émotions, et je crois avoir réussi à démêler ce que je voulais, mais je ne sais toujours pas vraiment… Je suis perdu. »
Il eut un pauvre sourire. Lavi hocha la tête.
« J'étais au courant de ça, et de l'effet que ça a sur les alphas. Honnêtement, on s'est inquiété pour toi. Et Yû était bizarre, ces derniers jours. Mais on se doutait qu'il ne te ferait rien, c'est vraiment pas son genre. Et puis, » Lavi eut ricanement, « vu comment tu rougis en parlant de lui, et tu dis que ça a bien marché entre vous, je crois que c'est clair qu'il y a pas eu de drame. Ça fait plaisir à entendre. »
Il agrémenta sa phrase d'un petit clin d'œil. L'oméga rougit davantage.
« Lavi ! » s'offusqua-t-il. « Qu'est-ce que tu sous-entends ?!
—Mais rien du tout ! »
Le borgne eut un rictus, puis lui refit un clin d'œil. Allen grogna, et Lenalee ricana gentiment. Se résignant, l'oméga poursuivit :
« Il n'y a pas que eu des bons moments… » Il déglutit. « Je sais que vous aviez remarqué que ça n'allait pas, et que je ne me confiais pas à vous. Je suis sincèrement désolé, ce n'est pas que je ne vous fais pas confiance…
—On sait, coupa Lenalee, tu as du mal. On l'a compris et on ne te brusquera pas.
—J-J'ai réussi avec Kanda. »
Lavi et Lenalee échangèrent un regard surpris, puis sourirent.
« Eh ben… J'aurai pas cru que Yû aurait été ouvert à ça, il a pu… t'aider ?
—Il m'a beaucoup remonté le moral. »
Lenalee échangea un nouveau regard avec Lavi, l'air satisfaite.
« C'est vraiment super. Ça a dû te faire du bien.
—Oui…, » répondit Allen dans un souffle. « J'avais vraiment touché le fond et je crois que j'avais besoin de me vider. » Devant le visage concerné de la jeune fille, il se rattrapa : « Je vais bien, maintenant ! Ne me regarde pas comme ça !
—J'aime mieux ça. »
La jeune Chinoise lui souriait.
« Je vais être honnête, mes chaleurs m'ont beaucoup choqué. Il y a plein de choses auxquelles je ne m'attendais pas, et même si Kanda a fait de son mieux avec moi, j'ai détesté ça. C'était vraiment difficile. Je ne vais pas tout vous raconter, parce que c'est embarrassant, mais c'est vraiment incommodant d'être un oméga lié en chaleurs… »
Lenalee lui prit la main.
« On s'en doute. »
Allen se mordit la lèvre.
« Kanda a été là pour moi et m'a aidé à plein de moments où j'ai cru que j'allais m'effondrer, et je me suis attaché à lui. J'ai eu peur d'être tombé amoureux, mais ce n'était que quelques jours… » il eut un rire nerveux, « ça aurait été insensé. C'est le lien qui… » Il mordit plus fort, les deux autres l'écoutant très attentivement. « Le lien avait pris le contrôle de moi. Mais je sais qu'une part de mes sentiments est vraie.
—T'as été lui parler ? » demanda Lavi, le sondant de son œil unique.
Le blandin secoua la tête, dépité.
« Ça faisait partie des raisons pour lesquelles ça s'est bien passé, il ne voulait pas qu'on se reparle après, sauf si on est encore liés. Je ne sais pas quoi faire. Si j'y vais, c'est certain qu'il va me rejeter.
—Peut-être pas. »
Lenalee avait parlé. Allen laissa échapper un soupir. Il ne pouvait pas envisager ça, car il ne voulait pas s'entretenir dans de faux espoirs.
« Non. C'est vraiment fini, Lenalee. Je pense que si je vais le voir maintenant…
—Vous avez passé du temps ensemble et il t'a aidé, ça crée des liens ! Je suis sûre que tu as une chance.
—On parle de Kanda, tu le connais… Quand il décrète quelque chose, il ne veut pas changer d'avis. »
Lenalee secoua la tête à son tour.
« S'il t'a toléré aussi longtemps, il ne te rejettera pas, Allen. C'était pareil quand j'allais le voir pendant sa méditation au début jusqu'à méditer avec lui. Bon, la situation n'est pas la même, mais ce que je veux dire… C'est que quand Kanda accepte une personne, il ne revient pas sur ça. Pas totalement du moins. Surtout si vous êtes devenus assez proche pour que tu te confies à lui et qu'il t'écoute. Il a dû t'apprécier, sinon il ne l'aurait pas supporté. »
L'oméga s'empourpra en pensant à ça. Il changea de sujet.
« Voilà, on va dire que vous savez l'essentiel.
—Pour tes chaleurs, » lança Lavi, « tu n'es pas obligé de nous parler de ce qui t'a choqué, mais si tu en as besoin, tu le peux. Rien de trop grave ? »
Allen grinça des dents.
« Disons que je ne sais pas trop comment dire ça… Est-ce que vous saviez… » il devient cramoisi, « que les omégas avaient des saignements au début des chaleurs ? Et aussi lors du premier rapport sexuel ? »
Employer de tels mots le couvrait d'embarras. Il gardait en tête que ce genre de choses privées étaient embarrassantes, mais Lavi et Lenalee étaient proches de lui et il supposait qu'il pouvait leur en parler. Il se demandait réellement s'ils avaient entendu parler de ça. Le fonctionnement des omégas et des alphas était encore une zone d'ombre, à tel point que lui l'avait ignoré, mais pour le cas où. Les deux visages en face de lui reflétèrent la stupeur.
« Attends, s'étonna Lavi, Yû et toi vous avez… ?
—Pardon ? » bégaya Allen, sans comprendre pourquoi ils lui posaient cette question. « Non ! On n'a pas… !
—Alors comment tu sais que… ? » interrogea Lenalee.
L'oméga s'embarrassa davantage : il venait de comprendre que sa formulation laissait place au doute. Il détourna le regard.
« J'ai eu des menstruations et j'ai paniqué. Kanda a appelé l'infirmière et elle nous a expliqué comment ça marchait. »
La voix de Lenalee retentit :
« Je ne savais vraiment pas.
—J'étais au courant, rétorqua Lavi de son côté. En tant que Bookman, j'ai étudié les particularités des omégas. Je pensais que tu t'y attendais. »
Allen agita le menton, un peu humilié.
« Non, et c'était vraiment choquant pour moi. Pas que ça me dérange plus que ça, enfin un peu parce que c'est contraignant, mais j'avais toujours entendu que c'était les filles et jamais que ça s'appliquait aux omégas. »
Lavi hocha la tête.
« Tu m'étonnes. C'est vrai qu'on en entend pas beaucoup parler. Ça ne change pas grand-chose, après. Les filles et les garçons omégas ont quelques points communs mais ça s'arrête là.
—Je sais, » acquiesça Allen.
Lenalee reprit la parole :
« Je pourrai toujours te prêter quelques serviettes quand tu seras en chaleurs. »
Allen esquissa un sourire gêné.
« Je n'avais pas saigné très longtemps mais merci. »
La jeune fille l'interrogea :
« Je t'avoue qu'on se demandait… Vous n'avez rien fait du tout, avec Kanda ? Sexuellement, je veux dire. »
Oh, il n'y eut pas plus cramoisi que le blandin.
« Eh bien… On… On n'a pas couché ensemble, mais on a fait d'autres choses… C'était à cause du lien, surtout, mais il a vraiment été… je vous l'ai dit… gentil et… doux avec moi. »
Il déglutit. Lavi rit.
« Bon, c'est bien. Ne sois pas si gêné, tu vois, y a pas mort d'homme.
—Te fiche pas de moi, j'aimerais bien t'y voir.
—Quand tu veux ! » s'amusa le rouquin.
Lenalee et le maudit levèrent les yeux au ciel. Allen soupira.
« Vous savez tout, maintenant. » Il marqua une pause. « Je ne sais pas quoi faire… Il me manque. Ça peut sembler ridicule vu le peu de temps qu'on a passé ensemble, mais quand on se sentait… quand on parlait… » il n'osa pas continuer, pensant qu'il allait passer pour le dernier arriéré. « C'est difficile à dire, mais je ressens une sorte de vide. Je sais que c'est surtout le lien, mais j'ai vraiment envie…
—D'être proche de lui ? »
Lenalee venait de compléter sa phrase. C'était tout à fait ça. Le blandin opina. Il avait presque envie de pleurer, mais être devant ses amis l'empêchait de se laisser aller. Il était content d'avoir attendu une semaine, car juste après ses chaleurs, en plus d'être plus confus, il n'aurait pas été capable de tenir la conversation sans fondre en larmes. Il eut quand même le regard brumeux, et s'il parvient à ne rien laisser paraître, Lavi et Lenalee le connaissaient maintenant assez pour envisager ce qu'il devait ressentir. La jeune fille l'entraîna dans une étreinte, le serrant contre sa poitrine. À sa surprise, Lavi s'introduisit dans l'échange. Ce n'était pas si surprenant car Lavi était tactile, mais c'était plus bref et sur le ton de l'accolade amicale, rarement une connotation affective.
« Qu'est-ce que vous faites ? » rit-il en les repoussant gentiment.
Ce n'était pas qu'il était contre, mais il était gêné de ces attentions. Lavi sourit, mais l'air sérieux.
« Al, on sait très bien que les omégas aiment échanger leurs odeurs avec leur entourage. Tu ne nous l'as encore jamais demandé. On ne sait pas si tu n'osais pas ou si tu ne voulais pas, mais on se disait avec Lena qu'on est assez proche pour ça, maintenant, si ça te dit. »
La jeune fille lui lança un regard encourageant. Allen avait déjà réfléchi à ça, faire ça avec eux lui aurait donné l'impression d'agir comme un gamin et le demander d'être ridicule. Surtout qu'il n'était pas de ce genre. Il l'avait fait avec Kanda pendant ses chaleurs, mais la situation n'était pas la même. Seulement, ils le proposaient. Et c'était vrai qu'ils étaient ses amis. Il avait réussi à leur parler de ses chaleurs, qui constituaient quelque chose de personnel, donc à s'ouvrir sur ses sentiments, avec honnêteté, chose rare chez lui. Une chose que la compagnie de l'alpha lui avait enseignée.
Lenalee sembla hésiter :
« Sauf si tu ne veux pas que nos odeurs recouvrent celle de Kanda. On ne peut plus trop le sentir maintenant, mais son odeur était sur toi au début. C'est aussi pour ça qu'on s'interrogeait sur ce qui s'était passé. » Elle lui frotta gentiment l'avant-bras. « On comprend si tu veux la garder encore. »
Allen prit le temps de réfléchir. Il avait envie de garder l'odeur de Kanda, car il en restait trop peu sur lui. Dans sa chambre, pareil, bien que Link se plaignait encore du peu qu'il y avait. Son odorat d'alpha était plus sensible que le sien, de toute manière. Allen ne les sentirait bientôt plus, et seul Link, ou un autre alpha, le pourrait avant qu'elles ne disparaissent. Cependant… Ils étaient si gentils avec lui qu'Allen voulait cette proximité avec eux. Pour un oméga, c'était synonyme de forte communion émotionnelle. Il acquiesça.
« Je veux bien. »
Cette fois, il mit sa gêne de côté et accepta l'étreinte de ses deux amis. Leurs trois odeurs circulaient. Allen ne pouvait s'empêcher de constater à nouveau que l'odeur de Lavi était bien plus douce que celle de Lenalee. Ce qui était, techniquement, bizarre pour un homme bêta. Ses chaleurs l'avaient rendu plus prompt à déceler les odeurs, car un oméga ne captait que très peu l'essence d'un bêta en temps ordinaire. Elles étaient finies, mais il arrivait encore à sentir cette… douceur maternelle. C'était peut-être un stéréotype, il ne se considérait pas comme un expert, mais le plus souvent, les odeurs des femmes bêtas étaient plus douces que celles des hommes bêtas. Or, c'était l'inverse. Il n'y fit pas plus attention, néanmoins. Ça l'amusait juste, à défaut de le surprendre outre mesure. Lenalee parla doucement contre lui :
« Ça va mieux ? »
L'oméga opina, faisant toujours fi de l'embarras. Ils s'écartèrent alors.
« Merci, ça m'a fait du bien. Tu sens vraiment doux, Lavi. »
Le rouquin se gratta l'arrière du crâne, ayant un rire amusé, mais un brin étonné.
« Ah bon ? »
Allen hocha la tête. Lenalee fit mine d'être faussement vexée.
« Mon odeur n'est pas douce ?
—Si, bien sûr, » rajouta le blandin. Il fut pensif « celle de Lavi est juste différente. Je ne sais pas trop comment le décrire. »
Lenalee rit.
« Je te taquinais. »
Allen lui tira la langue. De son côté, Lavi s'amusait également.
« Alors, mon odeur te plaît particulièrement ?
—J'ai pas dit ça, idiot, » Allen leva les yeux au ciel. « C'est juste plus doux. »
Le rouquin rigola en lui donnant un coup de coude.
« Tu sens doux aussi, tu sais.
—C'est normal, je suis un oméga. »
Allen lui rendit son coup sur un rictus. En y repensant, il n'avait jamais senti longuement l'odeur d'un autre oméga. Simplement car, s'il en avait déjà croisé, il n'avait jamais vraiment été particulièrement à leur contact. Mais il supposait que ça devait sentir encore plus doux que Lavi. Ce dernier haussa les épaules. Il tendit finalement les bras.
« Allez, venez-la. J'ai l'impression d'avoir un harem, » s'esclaffa le rouquin après qu'ils se furent installés chacun d'un côté de son corps, entre ses bras.
Lenalee lui donna un coup de coude et Allen marmonna un « imbécile » dans sa barbe en faisant la même chose, Lavi braillant en retour.
« Tu devrais vraiment aller parler à Yû, » finit par dire le borgne, l'air encourageant de Lenalee, blottie contre lui, suivant son propos.
Allen hésitait encore et toujours, certain du rejet. Il enfouit son visage contre le torse de Lavi.
« Je sais pas.
—Mais si, » souffla Lenalee, « demande lui au moins si tu peux avoir de ses nouvelles, voir comment il réagit. C'est un début, et s'il n'est pas hostile, demande-lui si tu peux t'entraîner avec lui, ou quelque chose. »
Allen se mordit la lèvre, commençant à cogiter. Ce n'était pas idiot.
« Lena a raison. Tu seras fixé. »
Il y avait tout de même une chance sur deux qu'il se fasse envoyer bouler. Plus que ça, même. Allen hésitait. Il n'avait pas envie de causer une dispute en ayant essayé d'instaurer un nouveau contact.
« J'ai peur qu'il soit hostile, justement, » avoua-t-il.
Il n'avait pas peur de Kanda, oh, ça, jamais. Encore quelques semaines avant, il se serait fichu de ça et aurait été prêt à rentrer dans le tas. Mais avec ses sentiments, il ne voulait pas se le mettre à dos.
« On peut pas trop savoir avec Yû, mais tu peux au moins essayer. Te décourage pas sans ça. »
Le maudit s'accorda d'y réfléchir deux minutes. Littéralement. Il avait attendu longtemps, et maintenant, il se disait qu'essayer ne se révélait décidément pas une mauvaise idée. Il se dégagea de l'étreinte de Lavi et leur sourit.
« Merci beaucoup, ça m'a vraiment aidé de vous parler. » Les deux autres lui sourirent aussi. « Je vais aller chercher Kanda.
—Euh… Maintenant ? » s'exclama Lavi.
Allen hocha la tête.
« Link doit être encore en réunion, autant en profiter. Je préfère être seul pour lui parler. »
Non sans une certaine boule au ventre, mais fermement décidé à prendre son courage à deux mains, Allen partit finalement à la recherche de Kanda.
Il ne pensa plus, suivit simplement ses jambes qui avançaient pour lui. Ça allait très vite, et c'était peut-être mieux. Allen voulait vite venir à bout de ses questionnements internes.
Allen essaya la salle de méditation. Bingo. La porte était ouverte. Le brun était assis en tailleur, les index joints aux pouces et autres doigts repliés. Allen hésita. Son cœur était lourd, son ventre se nouait, mais il se douta que stresser le trahirait d'une manière rudement désagréable pour Kanda à cause de leur lien. S'il n'avait pas senti son odeur, ça ne saurait tarder. Attendre ne servait à rien. À la place, il se fit violence et toqua timidement contre le bois pour avertir de sa présence sans élever la voix. Kanda détestait être interrompu brusquement pendant sa méditation, même lui le savait. Lequel se tourna vers lui, d'abord un froncement irrité qui manqua de faire reculer Allen, et un visage hagard.
« Moyashi ? »
Il se demandait ce qu'il foutait là. Ils se dévisagèrent un moment. Le maudit ne savait pas quoi dire. Mais il grogna bien vite.
« Je m'appelle Allen, Bakanda, tu pourrais faire un effort ! »
La forme de Kanda tressaillit mais il eut une sorte de rictus moqueur en retour. Mal à l'aise.
« Ça faisait un moment que t'avais pas râlé quand je t'appelais 'Moyashi', Moyashi. »
Allen sentit ses joues s'embraser.
« C'est parce qu'avec ce qui se passait, ça aurait été mal venu de ma part de t'engueuler, alors… ! Mais j'aime toujours pas ça, Bakanda ! Je suis Allen ! »
Kanda n'eut pas l'air d'y accorder d'importance.
« Bon, qu'est-ce que tu veux ? »
Sa voix était plus froide. Allen déglutit.
« Juste savoir comment tu allais. »
Kanda eut une brève lueur de surprise dans le regard, mais il resta stoïque.
« Je vais bien. »
Allen eut un rire nerveux.
« D'acc...ord. Moi... aussi. »
Sans acquiescer, Kanda s'était déjà remis à sa méditation. Il ne lui en demandait pas plus. Allen se mordit la lèvre.
« Est-ce que tu voudrais qu'on s'entraîne ensemble, après ? »
Kanda tourna un œil vers lui.
« Mais pourquoi je m'entraînerais avec toi ? » gronda-t-il, agacé.
Ses lèvres s'ourlèrent, Allen appréhendant le « tu te souviens pas de ce qu'on avait dit ? ». Kanda s'arrêta néanmoins. Il attendait sa réponse. C'était tout de même clair. Il n'avait pas été hostile au début, car surpris, mais il ne désirait pas sa présence.
« Rien, laisse tomber. »
Allen ne s'était attendu à rien. Il était quand même déçu.
Quelque part, il aurait aimé que Kanda se soit attaché à lui, et qu'ils puissent être amis. Mais peut-être que comme ça, ça serait plus facile de briser leur lien. Ce que Kanda devait vouloir. Ils avaient quatre mois jusqu'à ses prochaines chaleurs. Ça passait vite.
Allen se composa un sourire alors que la tristesse du nouveau rejet prenait place en lui. Il s'y était préparé, mais finalement, c'était encore pire avec ce qu'ils avaient vécu précédemment. Il se sentait idiot d'avoir accouru pour rien et d'avoir espéré, inconsciemment. Il regrettait presque ces instants sachant qu'il ne les vivrait plus et qu'il n'aurait sans doute encore moins, voire plus du tout, d'interaction avec Kanda. Il préféra presque être resté seul à souffrir à l'infirmerie. Que Kanda ne lui accorde jamais l'attention qu'il lui avait accordée. Il l'avait fait par gentillesse, une gentillesse insoupçonnable chez lui. Ce n'était pas de sa faute. Il ne fallait pas trop en demander. C'était déjà énorme venant de Kanda.
Allen voulut ne pas lui en vouloir. Il n'avait pas à être en colère.
Mais que ça se passe ainsi, une fois qu'ils avaient fait tout ça… C'était cruel. Allen ne parvenait pas à le ressentir autrement à cause de son propre attachement. À chaque fois qu'il y repensait, Kanda l'avait tellement bien traité, lui avait donné tant d'affection, qu'Allen ressentait cette étrange affection pour lui de son côté… Cette attirance. Le blandin aurait été prêt à refouler ce sentiment naissant en compensation d'un peu d'amitié. Il n'en aurait visiblement pas. Il y avait assez réfléchi, se sentait suffisamment ridicule d'avoir succombé pour si peu, si ce n'était pas de l'amour. Il regrettait de s'être autant attaché, car être rejeté lui faisait prendre conscience d'à quel point c'était fort. C'était à cause de ses chaleurs, il avait mélangé beaucoup de choses malgré lui. Au fond, c'était comme pour lui : Kanda n'avait pas été vraiment Kanda, Allen n'avait pas été vraiment Allen. Ce souhait d'entretenir une relation amicale avec le kendoka ne le quittait pas, même après ça. Or, Kanda montrait bien que ce n'était pas le sien. Ce qui coupait court à ses prises de tête. Il ne pouvait plus insister.
Il articula faiblement.
« Excuse-moi de t'avoir dérangé, Kanda. Je te laisse. »
Un soupir fendit l'air alors qu'il s'apprêta à refermer la porte et partir le plus loin possible, les jambes tremblantes malgré lui.
« Repasse dans deux heures. Je m'entraînerai avec toi.
—K-Kanda ? »
Allen n'en revenait pas. Il crut que ses yeux allaient sortir de leurs orbites. C'était contradictoire, mais même si c'était ce qu'il avait espéré, s'il fut heureux, il craint un instant que ça ne soit comme lors de ses chaleurs, que Kanda se force à cause ses odeurs. Ce n'était pas ce qu'il voulait. Allen était fier, il préférait enfin de compte souffrir du rejet plutôt que Kanda se sente obligé de passer du temps avec lui. Mais il douta. L'influence de ses odeurs n'était plus si grande. Peut-être que Kanda voulait profiter de l'entraînement, alias un moment où il serait plus disposé à parler, pour remettre les choses en place entre eux. Allen craignit cela, en revanche.
« Pourquoi… est-ce que tu… ? »
Il n'osait pas demander directement pourquoi il acceptait. Il déglutit, essayant de dominer ses émotions et de se recomposer une façade, comme si de rien était.
« Ça n'a pas l'air de t'emballer alors si tu ne veux pas, je n'insisterai pas. »
L'implicite était dit : il était prêt à lui ficher la paix sans aucun autre mot.
« À dans deux heures, Moyashi. »
La voix était ferme, signe qu'il devait dégager. Allen écarquillait les yeux. Kanda n'était pas assez idiot pour n'avoir pas compris ce qu'il sous-entendait. Cette fois, il saisit message et sourit, véritable sourire joyeux. Il sortit et ferma la porte, avançant dans le couloir.
Le cœur bondissant dans sa poitrine, il se demandait comment ça se passerait et s'interdisait d'espérer plus, mais il était content de ne pas s'être fait envoyé paraître maintenant. Il avait un peu peur pour plus tard, mais…
Link arriva brusquement au-devant de lui avec un visage froncé d'irritation.
« Je te cherchais Walker, je croyais que tu restais au réfectoire avec les autres.
—Ta réunion s'éternisait, » soupira Allen, coupable, « on est partis parler et là…
—Tu n'étais plus avec eux. Ils m'ont dit que tu étais parti en salle d'entraînement, tu n'y étais pas non plus. Qu'est-ce que tu fiches ici ? »
L'Allemand détestait qu'il ne respecte pas le protocole. Allen l'appréciait, mais jugeait que son zèle était parfois un peu ennuyeux. Puis, Link déchiffra l'inscription au-dessus de la porte. Tout le monde à la citadelle savait que la salle de méditation était principalement occupée par le Japonais, et qu'Allen n'y avait presque jamais mis les pieds. Le blond eut un soupir.
« Je vois. »
Allen rougit.
« Allons-y, » dit-il simplement.
Il recommença à avancer, Link à ses côtés.
« Ça s'est bien passé avec lui ? »
L'oméga se tourna vers son ami, encore le rouge aux joues.
« J'étais juste passé prendre de ses nouvelles et je lui ai demandé s'il voulait s'entraîner avec moi. Il a accepté pour cette après-midi, d'ailleurs. J'aimerais bien être seul, si ça ne te dérange pas. Tu pourras en faire le rapport à Luberrier si ça lui chante. »
Le blond eut un rire bref, amusé de son détachement. C'était rare que Link sorte de son sérieux, mais ça arrivait plus souvent.
« Tu veux qu'il soit ton alpha ? »
Allen s'étrangla littéralement.
« Quoi ?!
—Je t'en prie, Walker. Je ne suis pas ton lié, je ne sens pas tes émotions, mais je peux entendre que ton cœur bat vite et je vois bien que tu es gêné. »
Le blandin serra les dents, bougon.
« Ça ne veut rien dire, ça. Puis, » attaqua-t-il justement, « je ne suis pas un alpha, mais je vois bien la façon dont tu regardes Lavi. Il te plaît ? Tu aimes bien les bêtas, non ? »
Si Link le taquinait à sa manière subtile, il parut soudain sincèrement surpris et fortement décontenancé. Il se racla la gorge, puis recomposa un visage inexpressif, mais pensif. Il mena la marche, Allen le suivant, attendant qu'il lui réponde, car il était curieux. Link finit par déclarer.
« Ce n'est pas pour ça que je regarde Lavi.
—Pourquoi, alors ? »
Link sembla hésiter, peser le pour et le contre avant de parler. Finalement, il haussa les épaules.
« Son odeur est différente des autres bêtas que j'ai croisé. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais il y a quelque chose. »
Ce fut au tour d'Allen d'être déconcerté. Il n'était pas le seul à trouver l'odeur de Lavi étrange pour un bêta !
« J'ai aussi senti ça. Mais je pense que c'est peut-être normal, c'est juste son odeur à lui. N'est-ce pas ? »
Il n'était pas un fort connaisseur, encore une fois. Link était adulte, plus expérimenté, et s'il s'en inquiétait lui aussi, Allen s'étonnait. Link demeurait pensif.
« Je ne sais pas. C'est possible. Un bêta n'est tout de même pas censé sentir comme ce qu'il sent. »
Link se remit à marcher, Allen ricanant.
« Tu n'as pas répondu à ma question. Il te plaît ?
—Lavi ne me plaît pas, » répondit Link, « de toute façon, en tant que secrétaire de Luberrier, avoir une relation en dehors d'un lien serait vu comme un péché, tu le sais. Je n'étais pas membre de l'Ordre quand j'étais avec la bêta dont je t'ai parlé. Il y a des écarts que je ne peux plus me permettre.
—'Des écarts', releva Allen. Tu disais que l'amour n'était pas qu'à propos du lien.
—Ça ne l'est pas, je ne cours pas après le lien. Mais je t'avais dit aussi que c'était une inconvenance. Ma situation me le permettait avant, ce n'est plus le cas maintenant. »
Tristement aux yeux d'Allen, Link avait perdu une part de sa liberté, même si sa position au sein de l'Ordre lui convenait d'à ce qu'il entendait. Allen ne comptait pas retrouver Lavi et Lenalee tout de suite, il préférait que son entrevue avec Kanda se soit terminée avant de leur raconter ce qu'il s'était passé. Il prévint donc Link qu'il souhaitait aller lire quelque temps dans sa chambre. Ce dernier avait de toute manière des papiers à remplir.
« Au fait, finit par demander Link, tu sais ce que sont les médicaments que prend Lavi tous les matins ? »
Lavi prenait en effet deux gélules blanches en même temps que son petit-déjeuner. Discrètement, de sorte qu'Allen avait mis du temps à le remarquer. Il lui avait posé la question, et il s'agissait apparemment de quelque chose pour l'aider à être en forme, prescrit sous ordre de son grand-père. Allen n'en avait pas demandé davantage.
« Des vitamines, mais je n'en sais pas plus, pourquoi ? »
Link réfléchissait.
« Entre ça et le fait qu'il porte toujours cette écharpe autour du cou… Je me pose des questions.
—Mais pourquoi ? »
Allen persistait dans son interrogation, ne comprenant pas.
« Tu as déjà entendu parler des bloqueurs d'odeurs ?
—Quoi ?
—Ce sont des médicaments pour trafiquer les odeurs du second-sexe d'un individu. Certains omégas s'en seraient servis pour se faire passer pour des bêtas, et ainsi accéder à des privilèges plus importants, lorsque ceux-ci étaient mis en place il y a une trentaine d'années. C'est illégal depuis, encore de nos jours, bien sûr, aussi bien pour les bêtas et les alphas, encore qu'ils n'auraient pas vraiment de raison de le faire. Il est interdit de masquer son odeur naturelle. » Devant le regard d'Allen, Link précisa : « Hormis lorsqu'il s'agit du marquage entre l'alpha et l'oméga, évidemment, puisqu'il transfère l'odeur automatiquement. »
Le maudit décortiquait mentalement ce que venait de dire Link. Cela le laissait profondément hébété.
« Mais… Lavi n'est pas un oméga… C'est un bêta.
—Sûrement. Je ne vois d'ailleurs pas qui pourrait lui en fournir aussi régulièrement, ni comment il pourrait les prendre tous les jours sans que ça ait un impact sur sa santé, mais c'est étrange. »
Allen ne répartit pas. Il ne pouvait pas dire que ça ne le laissait pas cogitant. Avant qu'il ne puisse réfléchir, et se demander sérieusement s'il y avait une chance que Lavi soit un oméga –ça lui semblait difficile à imaginer, Link reprit la conversation :
« Tu n'as pas répondu à ma question, toi aussi. Tu veux que Kanda Yû soit ton alpha ? »
Piqué au vif, recentré sur ses priorités, Allen s'irrita intérieurement d'abord, puis il marmonna :
« J'aimerais déjà qu'il soit mon ami, avant. Ça te va ? »
On aurait pu faire cuire un œuf sur ses joues. Le fait d'entretenir une future amitié avec Kanda était loin d'être sûr. Link sourit gentiment devant son embarras.
« C'est adorable, Walker, » Link le taquinait toujours mais était en même temps sérieux, ce qui causa une moue indignée chez Allen. « Tu permets que je pose ma main sur ton crâne ? »
Allen eut un instant d'arrêt, sincèrement étonné, puis il éclata de rire devant la déclaration solennelle de l'alpha. Attendri par lui, Link exposait de plus en plus ses sentiments d'amitié à son égard. Ça faisait plutôt plaisir à Allen de se dire que Link et lui devenaient plus proches, que Link n'était pas seulement là pour guetter son moindre faux-pas mais qu'il était aussi un ami. Concrètement, il se sentait un peu gêné que tout le monde soit aussi démonstratif avec lui aujourd'hui. En fait, c'était depuis ses chaleurs. Sûrement que ses odeurs chamboulées, même relativement amoindries, avaient eues assez d'impact pour inciter les gens à ce genre de chose. Ça finirait par passer. Pas étonnant que même Kanda ait été tendre avec lui si c'était bien le cas. S'il n'aimait pas être traité différemment sous prétexte qu'il était un oméga, il était touché des marques affectives de ses amis, et il n'avait pas envie de les repousser. Puis, il fallait bien qu'être un oméga soit avantageux pour quelque chose.
« Tu n'es pas supposé demander la permission pour si peu, on est amis.
—Bien sûr que si, » rétorqua Link. « Tu n'es pas à moi et je n'ai pas à me permettre quelque chose que tu pourrais ne pas apprécier. »
Allen rigola plus doucement, touché à son tour.
« Je ne sais pas qui sera ton lié, mais il aura de la chance d'avoir quelqu'un d'aussi attentionné que toi. »
Link leva les yeux au ciel en lui ébouriffant le crâne, rétorquant qu'il se fichait de son futur lien, et Allen riait toujours. Dans un coin de son esprit, s'il s'inquiétait pour son entraînement avec Kanda, il s'interrogeait toujours sur le cas de Lavi. Ce que Link avançait lui paraissait aberrant, mais l'ayant senti lui-même, il se posait des questions.
À suivre...
Kanda est peu présent durant le chap, il fuyait, mais finalement, il n'a pas envoyé bouler Allen quand ce dernier a été le voir ! Serait-ce un début, ou était-il trop surpris ? ;) Je vous laisse trancher ! Déjà, Allen était perdu et avait du mal à faire le tri, et comme le lien a énormément influencé ses réactions, Kanda l'est aussi x). Comme je le dis dans la note de début, c'est qu'ils ont subi pas mal de bordel, les pauvres. (Oui, je sais, c'est la faute à mon scénar XDD)
Quant à Lavi, dans le chapitre 7, j'avais glissé une phrase à propos du fait qu'Allen trouvait qu'il avait une senteur plus maternelle que Lenalee, ça faisait détail insignifiant vu comme ça maiiiis... J'ai prévu quelque chose de spécial à son sujet :p. Est-il un oméga ou non, après, rien n'est sûr, mais ce sera particulier, je peux déjà vous le dire !
Ça vous a plu ? N'hésitez pas à me laisser un mot pour me dire ce que vous pensez :) !
Le chapitre suivant sera centré sur l'entraînement entre Kanda et Allen !
Merci d'avoir lu !
