Heyyy les gens ! Il est jeudi, il est tard, mais j'étais chaud patate, alors voici le chapitre :3 !

J'espère qu'il va vous plaire, il va y avoir un peu d'action, en tout cas, et quelques nouveaux rebondissements ! Je pense que vous aurez vu que petit à petit tout se met en place, et ça ne fait que commencer :p.

Merci à Ookami97 pour la correction ! :)

Bonne lecture !

Réponse anonyme :

Lady-san : Merci de ton avis :3 ! Hé oui, ce n'est que Allen pour le moment, mais déjà, ça avance un peu :) ! Sois quand même patiente parce que Kanda n'a pas le même niveau de réflexion que lui à ce sujet, et ça va se ressentir x'D.


Un Akuma succomba, tranché en deux par Mugen. Un simple niveau trois. Allen atterrit derrière lui. Il venait d'en tuer un autre à son tour. Les Traqueurs avaient trouvé l'Innocence, il ne leur restait qu'à la récupérer. Mais le chemin pour se rendre au point de rencontre était semé d'embûches. Il y avait tant d'Akumas que les Trouveurs étaient pris pour cible tandis qu'ils cherchaient à les atteindre. S'ils ne sortaient pas de ce pétrin à temps, ces hommes mourraient. C'était mal parti aux yeux de Kanda. Ils n'arrivaient pas à avancer, ils étaient coincés. Il invoqua la technique de la troisième illusion, cherchant à atteindre le plus d'Akumas possible, mais d'autres se détachaient au loin parmi les nuages dans les cieux. Ils fusaient droit sur eux. Allen ne chômait pas, lui non plus. Il enchaînait les coups d'épées et se battait farouchement. Ils avaient conscience que le temps comptait cruellement. Ils gagnaient des petits pas à chaque seconde et chacune d'elles scellaient l'existence des Traqueurs. Ce n'était pas suffisant.

« Il faut qu'on fasse quelque chose, Kanda ! » cria Allen.

Il allait bien le falloir, oui. L'épéiste grogna entre ses dents. Il savait qu'ils pensaient tous deux à la même chose. L'alpha n'était pas chaud. Il avait vu l'effet sur Allen la dernière fois, en fin de combat. Ils auraient encore de nombreux adversaires. Si Allen était mis K.O maintenant, ce serait mort pour eux. Même chose s'il s'agissait de lui. Pourtant, s'ils ne faisaient rien, à ce rythme-là… Bordel.

L'oméga lui tendit la main. Malgré ses réticences, le Japonais s'en saisit, et ils se concentrèrent. Bien vite, le courant énergique de Mugen voyageait dans sa main jusqu'à celle d'Allen. Leurs regards ne se quittaient pas. Ils étaient tous deux conscients du risque qu'ils prenaient et ils se surveillaient l'un l'autre, en quête d'une réaction de rejet. Link les avait prévenus que ça pourrait arriver et être douloureux si la synchronisation ne s'effectuait pas correctement. C'était risqué. Et Kanda ne savait que trop bien ce qui se passait quand l'Innocence rejetait un Exorciste… Il n'avait pas vraiment peur pour lui. Il savait l'endurer. Son corps était fait pour. Il avait peur pour Moyashi, chez qui ce n'était pas le cas.

Pourtant, Crown Clown et Mugen s'apprivoisaient. Les Akumas s'apprêtaient tous à les attaquer, n'attendant pas tranquillement qu'ils aient fini. Ce n'était qu'une question de fraction de secondes, le temps qu'ils partagent suffisamment d'énergie. La synchronisation sembla arriver à son point culminant.

Ils se séparèrent et attaquèrent en même temps, chacun d'un côté. Un halo de lumière se forma, qui grossit jusqu'à former un dôme autour d'eux. Les Akumas aux alentours furent exterminés. Immédiatement, l'énergie s'évapora. Kanda haleta en inspirant, comme si quelque chose était bloqué dans sa gorge. Il flancha, ce avant de voir Allen chanceler dangereusement en direction du sol.

« Moyashi ! »

Trop tard. Allen était étalé dans l'herbe mouillée – il avait plu toute l'après-midi, et ils sortaient d'une nuit d'orage. En se précipitant vers lui, Kanda trébucha. Il récupéra vite son équilibre, non sans lâcher un juron. Il avait la gerbe… Bordel, qu'est-ce qui se passait ? Allen se redressa sur un gémissement. Il leva un regard piteux sur le kendoka.

« Ça va, j'ai juste mal à la tête. »

Kanda secoua le menton. Non, ça n'allait pas. Et il réalisa en faisant le mouvement que lui aussi souffrait du même mal, en plus de l'envie de vomir. Il porta la main à son front, plissant durement les yeux. Putain de merde !

« Faut qu'on y aille, » articula-t-il sèchement, « relève-toi. »

Il était inquiet. Autant pour l'oméga que pour les effets secondaires de l'attaque. Mais ils n'avaient pas le temps pour ça. Il tendit la main à Allen, qui la saisit. Ils tanguaient tous deux sur leurs jambes, et se mirent en marche. Quand l'effet de la synchronisation se stoppa, avec elle la nausée, ils eurent la force de se mettre à courir.


Ils avaient atteint les Traqueurs in extremis, alors que la barrière de cristaux qu'ils utilisaient pour se protéger cédait. Même sans combiner leurs forces, tuer les Akumas avait tellement épuisé Kanda qu'il s'était évanoui. Il ne se souvenait plus de ce qui s'était passé, et avait recouvré conscience à l'auberge il y a quelques instants, étonné de découvrir un Moyashi endormi à son chevet. Le Japonais se frotta les paupières et se redressa dans son lit. Il analysa rapidement la chambre et les murs blancs, se rendant compte qu'il était finalement dans un hôpital. En se regardant, il voyait un bandage encerclant son torse. Se blesser était devenu une routine telle qu'il ne cilla pas. À peine avait-il bougé qu'Allen ouvrit les yeux, sursautant en croisant son regard. Immédiatement, il lui offrit un grand sourire bienveillant. Son odeur d'anxiété chargea les narines de Kanda avec violence.

« Tu es réveillé ! J'étais tellement inquiet ! »

Par principe, Kanda grogna.

« Ça va. »

C'était faux, et ils le savaient tous les deux. L'épéiste n'avait juste pas envie de l'avouer. Moyashi n'était pas le seul qui se répugnait à faiblir. Allen remua le menton en geste de négation.

« Kanda, tu as dormi trois jours entiers. Les médecins étaient vraiment alarmés. »

Le Japonais encaissa. Pour lui, rien d'anormal.

« On est où ?

—À l'hôpital de la ville. Komui a dit qu'il nous ferait partir quand tu serais réveillé, c'était trop dangereux de te bouger.

—Toi, ça va ? »

Allen eut un mouvement de recul, comme surpris. Il n'avait pourtant pas été le seul à être touché par la synchronisation. C'était la première fois que ça leur faisait un effet aussi violent. Tout en étant la première fois qu'ils avaient une combinaison si efficace.

« Je me suis évanoui un peu après toi. Mais j'ai repris connaissance le soir même. Les médecins n'étaient pas capables de dire pourquoi tu ne te réveillais pas. J'ai eu peur. »

Le blandin tendit la main vers lui et saisit la sienne. Kanda se laissa faire sous la surprise. Il était contrarié, en fait. Pourquoi l'effet avait-il été plus violent sur lui que sur Moyashi ? Il se morigéna. Qu'il pouvait être con, parfois. C'était évident. Il savait très bien pourquoi. Il se dressa prestement, envoyant voler les couvertures dans la foulée.

« J'ai juste eu un coup de fatigue, laisse tomber. T'as pas eu de problèmes ? Rien ? »

Il mit les pieds par terre, son corps ne le faisait nullement souffrir. Il avait guéri. Ses blessures s'étaient régénérées, comme toujours. Il se régénérerait encore longtemps avant de lâcher. Un rictus de satisfaction invisible lui échappa, tandis qu'Allen parut réfléchir.

« J'ai vomi deux-trois fois le lendemain de l'attaque, et c'est tout.

—J'ai eu la gerbe, moi aussi. »

Le silence les envahissait. Ils pensaient tous deux la même chose.

« Ça s'est mal passé, cette fois, » dit Allen.

C'était le moins qu'on puisse dire. Le maudit se passa la langue sur les lèvres.

« Il faudra en parler à Link.

—Faudra surtout éviter de recommencer. Ça pourrait nous tuer. Je t'ai vu te casser la gueule, t'étais pas bien…

—Je te signale que c'est toi qui es resté dans le coma trois jours, Kanda ! » s'exclama le plus jeune.

Le kendoka émit un 'tch' agacé.

« Raison de plus. C'est pas bon pour nous.

—Je suis plus très emballé non plus, si tu veux tout savoir, mais tu penses sérieusement que ça arrêtera Luberrier ? »

Nouveau silence. Non. Même leurs cadavres n'arrêteraient pas ce vieux fou. Le maudit se leva et toucha brièvement l'épaule de Kanda en évoluant jusqu'à la porte.

« Je vais chercher un médecin. Tu dois être examiné. »

L'anxiété de l'oméga flottait toujours. C'était dingue, ça. Ils étaient tous les deux en danger, et c'était pour lui que ce crétin s'en faisait. Kanda se rallongea malgré lui. Il détestait les hôpitaux comme les infirmeries, prendre des médicaments, et tous ces empaffés de médecins. Il crevait de hâte de se casser d'ici.


L'examen terminé, ils purent quitter les lieux. L'alpha n'avait plus aucune séquelle. Le docteur recommanda du calme et du repos dans les jours à venir, ce qui manqua de le faire marrer à s'en décrocher la gueule. Kanda se dépêcha de partir au point qu'Allen lui reprocha d'avoir le diable à ses trousses. C'était presque le cas. Ils retournèrent à l'auberge. C'était le matin, et il n'y aurait pas de train avant tard le soir. Les deux Exorcistes étaient pressés de rentrer au quartier général. Komui leur annonça qu'ils observeraient leurs Innocences pour découvrir ce qui avait mal tourné, Kanda gueulant dans le combiné que c'était toute cette merde qui les tuait. Il était hostile au fait de retenter l'expérience et de continuer les entraînements. Allen, lui, ne savait pas quoi dire pour l'apaiser. Le brun n'arrêtait pas de s'enrager, et ça ne semblait pas prêt de se calmer.

Alors que la conversation téléphonique s'était conclue entre un Kanda irrité, un Allen essayant de tempérer et un Komui embarrassé, l'atmosphère tendue ne se rompait pas. Ils mangeaient, Allen dévorait un steak accompagné de haricots, le plat du jour, et Kanda avait choisi la même chose, sauf qu'il trifouillait la viande d'une fourchette méprisante sans porter quoique ce soit à sa bouche. Agacé de son humeur, l'oméga soupira.

« Tu devrais manger, Bakanda. Surtout après trois jours à l'hôpital. Ce que tu fais n'arrangera rien.

—J'ai pas faim et Komui me fait chier. »

Allen avala une bouchée, fronçant les sourcils. Il se sentait obligé de défendre l'Intendant.

« Tu sais bien qu'il est pieds et poings liés à cause de Luberrier. Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ? »

Kanda détourna le regard, fixant l'extérieur de ses pupilles meurtrières. Les épaules d'Allen se voûtèrent. C'était peine perdue, son ami ne se rassérénerait pas.

« Si on allait se balader, » proposa gentiment le blandin, « on a été sous tension, ça nous ferait de la détente, non ? »

Un grommellement grognon lui fut offert.

« J'ai pas envie.

—Oh, allez, Kanda !

—T'as qu'à y aller tout seul. »

S'efforçant d'avoir l'air attendrissant, même en sachant que le kendoka ne flanchait pas pour si peu, Allen insista :

« Fais-moi plaisir, au moins. J'ai envie d'y aller avec toi. On pourra s'asseoir dans un coin ou marcher en silence, si tu veux. »

Aucune réponse. Déçu, l'oméga continua de manger. Kanda porta enfin un haricot à sa bouche en soufflant de dépit.

« Tu me fais chier, toi aussi.

—C'est oui ? »

Un grand sourire mangeait les joues du maudit. Kanda ne répondit pas, haussant les épaules. Allen ne discuta pas davantage. C'était déjà un miracle que l'alpha ne l'envoie pas bouler en étant d'aussi mauvaise humeur. Et il parvenait tout à fait à comprendre son état. Lui aussi était anxieux d'un nouvel entraînement et des conséquences sur eux. Surtout que c'était Kanda qui en avait le plus souffert… ça ne le laissait bien évidemment pas serein. Si quelque chose de mal lui arrivait, il avait le sentiment qu'il ne s'en remettrait pas. Son cœur se serra à cette pensée. Il se vengea sur la nourriture, engloutissant d'une joie feinte le dernier morceau de steak. Ce n'était pas assez, il avait encore faim. Il n'arrêtait pas de se poser des questions.

Est-ce que Kanda lui avait prêté trop d'énergie ? Était-ce lui qui en avait trop envoyé ? Était-ce plus que ce qu'il pouvait supporter ? Le brun était si fort, s'il s'était affaibli, et qu'il y avait une grande disparité entre eux sur les conséquences, c'est qu'il y avait un problème. D'un côté, Allen se sentait coupable. S'il en avait donné trop de puissance en se projetant comme un abruti, ce serait de sa faute. Ou peut-être qu'il avait simplement délégué trop de combats à Kanda, comme il cherchait avant tout à sauver les Traqueurs. Il ne regrettait pas d'avoir accouru aux secours des hommes, mais peut-être qu'il aurait pu faire autrement, et qu'ils n'avaient tout bonnement pas bien géré la situation.

Qu'importe que ça ne soit pas leur première mission, ils pouvaient toujours faire des erreurs. La pensée lui barbouillait cruellement l'estomac.

Ils finirent tous deux leur repas sans trop d'entrain. Une fois dehors, Allen entraîna un Kanda réticent vers la forêt autour du village. Un des Traqueurs leur fit promettre de ne pas s'éloigner, étant donné qu'ils devaient être de retour à 19 heures précises pour le train. L'oméga ne pensait pas qu'ils partiraient si longtemps. Il faisait très beau, aujourd'hui. Le ciel était sans nuage, et il mourrait d'envie de se promener. Il espérait vraiment que ça détendrait Kanda. Ils marchaient le long d'un fin sentier clairsemé, l'oméga menant, l'alpha en arrière. Ils ne parlaient pas, Allen profitait du paysage, la caresse du soleil entre les cimes des arbres contre sa joue et ses vêtements, suivi d'un petit coup de vent près des oreilles.

Ils montèrent une petite pente, à la recherche d'un coin où se poser, ce dont ils avaient convenus tous à l'heure. Allen comptait discuter avec Kanda, de toute manière. Il avait quelque chose à lui dire, et il hésitait beaucoup. Est-ce que c'était le bon moment ? Sans doute. En fait, c'était peut-être le meilleur moment, avec ce qui s'était passé, et avec ce qui pourrait se passer ensuite. En attendant, il était serein. S'arrêtant en haut de la pente sans prévenir, Kanda le percuta. Il émit un vague grondement d'excuse, toujours pas de bonne humeur, et Allen eut un fin sourire. Au loin, au milieu des arbres, il repéra une étendue d'eau. Des nénuphars s'y trouvaient. Ses yeux s'agrandirent, le jeune garçon sensible au spectacle. Il venait de dénicher l'endroit parfait.

« Viens, » fit Allen, tirant sur la manche de Kanda, « c'est sympa là-bas. »

L'alpha le suivit sans broncher. Ils s'avancèrent sur l'herbe, entre les feuilles et les branches tombées au sol. N'attendant pas son ami, le blandin se mit à courir. Il arriva bien vite devant un petit lac rempli de lotus. Il fut frappé par l'odeur apaisante et se surprit à la trouver familière. Kanda arriva bien vite derrière lui, mais curieusement, ce qui s'exposait gentiment à leurs mirettes ne parut pas le réjouir. Il se renfrogna davantage. Allen était fasciné.

« C'est vraiment magnifique ! On se met là ? »

Kanda haussa les épaules. Il s'assit au sol, sur son long manteau d'exorciste, et Allen se mit bien vite à côté de lui. Ils étaient juste en face de l'eau. L'oméga ne pouvait pas détacher son regard des lotus. Ses narines étaient happées de toute part. Comme si ça le réconfortait. C'était étrange, cette sensation, ce n'était vraiment pas la première fois ! Il en était persuadé !

Enthousiaste, Allen ne resta pas assis bien longtemps. Il enleva son manteau, qu'il laissa étendu sous ses fesses comme une serviette, et ôta aussi ses chaussures.

« Qu'est-ce que tu fous ? »

La voix bourrue de Kanda l'interrompit alors qu'il enlevait sa dernière chaussette.

« J'ai envie de sentir le sol sous mes pieds, et de les tremper dans l'eau.

—Elle a l'air dégueulasse. »

Allen haussa les épaules à son tour, remontant son pantalon au genou. Il n'irait pas loin, il n'avait pas envie de se retrouver avec des sangsues accrochées aux jambes – il y en avait parfois dans ce genre d'endroits, mais il voulait vraiment sentir le lotus le plus proche. Ce qu'il fit. La fraîcheur du liquide le fit grimacer, ainsi que le sol vaseux qu'il sentit sous la plante de ses pieds. Il parvint au niveau de la plante et se pencha, comme hypnotisé. Bientôt, il se concentra pour récupérer le moindre souffle d'air autour de lui. Il adorait cette odeur. C'était de loin la meilleure chose qu'il n'avait jamais sentie de toute sa vie ! Il recula bien vite, jusqu'à retourner sur la terre ferme, et inspecta scrupuleusement ses chevilles. Rien de suspect ne s'y trouvait.

Il se rassit sur son manteau, tout en faisant un grand sourire à un Kanda dubitatif.

« Quand j'étais petit, » commença-t-il avec nostalgie, « j'adorais me promener avec Mana. On cherchait souvent des endroits agréables où passer du temps, c'était génial. J'adorais enlever mes chaussures et rester pieds nus des heures. Avec mon maître, je devais tellement passer derrière lui que j'avais rarement le temps de le faire. »

Il rit, cette fois. Son esprit se gonflait de bons souvenirs.

« En étant Exorciste, c'est difficile aussi de se promener pour autre chose que les missions. Je suis vraiment trop bien, là. »

Alors qu'il se tournait vers le Japonais, Allen arborait une expression douce. Elle parut avoir enfin raison de la mauvaise humeur de ce dernier. Il lui fit un petit rictus, léger.

« On va rester un moment, si tu veux. Pas plus de deux heures.

—Ouais ! » Curieux, le symbiotique l'interrogea : « Ça te plaît pas, le coin ? Comme tu adores les fleurs…

—C'est que des lotus.

—Mais c'est vraiment génial ! L'odeur… Tu ne sens pas comme c'est agréable ? »

L'épéiste fixa le lac, blasé. Il ne répondit pas. L'oméga se détendait de plus en plus. Il se sentait dans son élément, et il ne cessait d'en être étonné. Il se mit à réfléchir, rougissant un peu. Il avait une décision à annoncer à Kanda, sur laquelle il cogitait seul depuis plusieurs mois. Il ne savait pas par où commencer. C'était une discussion tendue. Il craignait les répercussions sur leur relation. Il ne voulait pas trop anticiper et se lancer.

« Kanda, il faut que je t'avoue un truc. »

L'autre se tourna vers lui, le regardant longuement. Allen se tritura les doigts. Il devint cramoisi. Il n'allait pas y arriver – mais il le fallait. Inspirant malgré son poitrail pesant, il ouvrit la bouche :

« Ça fait un moment que j'y pense, mais mes chaleurs pourraient arriver dans un peu moins de deux mois. » L'alpha ne lâcha pas son regard. Il lui sembla qu'il se tendait. « J'aurais aimé qu'on en discute avant, histoire d'être sûrs de savoir comment gérer ça. Si tu veux bien. »

Avec l'humeur morose du kendoka à cause du lien des Innocences, il ne savait pas si c'était intelligent d'aborder le sujet des chaleurs maintenant. Ils avaient beaucoup de pression. Il avait le sentiment que les choses n'iraient pas en s'arrangeant et qu'il n'y aurait jamais de moment propice. Il voulait pourtant lui faire part de ses réflexions. Kanda opina.

« Ça me dérange pas. C'est pour ça que t'étais nerveux ?

—Pas seulement. Il y a aussi le reste. »

Pour ça, ils se comprenaient. Allen fit craquer ses doigts.

« Pour la façon dont on gérera les chaleurs… Je voulais simplement dire que… Ça ne me gênerait pas si on… enfin, est-ce que tu voudrais… qu'on c-couche ensemble ? »

Ça y est, c'était dit. L'Anglais ne dérougissait pas, et son souffle se bloqua dans sa gorge. Il venait à peine de se rendre compte qu'il éprouvait des sentiments plus qu'amicaux pour Kanda. Ce qu'il dirait pendant cette discussion s'était vu remettre en question et envisagé autrement à cause de ça. Seul, il en était déjà à la conclusion que se donner à Kanda ne serait pas une mauvaise chose depuis un moment. La mission avait pris quatre jours, il avait encore tout retourné. Il ne décidait pas ça à cause de ce qu'il ressentait. Au contraire, il ne voulait pas que ça empiète sur leurs rapports physiques, pas tant qu'il n'était pas sûr de lui et qu'il ne savait pas s'il y avait une chance que ce soit réciproque – il n'y croyait pas. Il se sentait capable de faire la part des choses entre l'acte sexuel et l'affection platonique qu'ils se montreraient probablement, puis ce qui était en lui. Il n'avait pas envie de charger Kanda de ses sentiments. Il savait déjà que ce serait trop pour lui, et qu'il le rejetterait. Kanda le lui avait bien fait comprendre : l'amour n'était pas pour lui.

Il l'avait accepté en tant qu'ami, c'était bien. Allen ne comptait pas abuser de sa chance. Il hésitait encore. En oubliant tout ce qu'il ressentait pour le Japonais, avoir un rapport sexuel le rendait anxieux. À cause des chaleurs, il avait gardé une plutôt mauvaise image du désir, comme quelque chose d'incontrôlable, de violent, qu'il ne maîtrisait pas. Il avait peur d'être en chaleurs, peur d'être… cet oméga faible qui avait eu du mal à ne pas sombrer. Il était fier de lui. Il avait déjà pensé qu'avoir surmonté ça ne le rendait pas si faible, que la faiblesse en elle-même lui avait appris, et qu'en réalité, il avait été en situation de faiblesse mais s'était montré fort. Kanda lui-même le lui avait dit. Pourtant, se retrouver à nouveau comme ça… Allen ne le voulait pas.

Il se doutait que le faire hors des chaleurs aurait été une meilleure option. Sauf qu'à ça non plus, il n'était pas prêt. Il bloquait sur la sexualité, beaucoup plus qu'avant les chaleurs, sachant qu'il ne s'estimait pas prêt non plus. Il l'était donc encore moins. Il faudrait bien que ça arrive, néanmoins. Ils ne pourraient pas rester liés et ne rien faire éternellement. Allen n'était pas sûr de ne pas en avoir du tout envie, c'était ça le pire. Il avait des sentiments très conflictuels avec tout ça.

En face de lui, Kanda était choqué. Il se taisait, le toisant, comme cherchant à voir s'il était sérieux. Ça renforçait ses doutes et sa gêne. Au moins, le problème serait réglé s'il se prenait un 'non'.

« T'es sûr que c'est ce que tu veux ? »

Allen déglutit.

« En fait, je me dis que le lien ne part pas, il se renforce, et si on s'interdit tout, c'est ridicule… Je veux juste que tu saches ce que moi je pense, pour que tu sois sûr que j'y ai réfléchi et que j'ai donné mon vrai consentement. » Kanda l'observait encore. « J'aimerais savoir ce que t'en penses, toi ? Si tu ne veux pas, c'est ton choix. On doit être d'accord à deux. »

L'alpha garda le silence quelques secondes.

« Ça me gênerait pas non plus. » Sous-entendu, ils en avaient envie. Ils n'avaient pas besoin d'épiloguer cent ans. « Mais ça aura des conséquences en plus de nous soulager, Moyashi. Mon odeur qui te couvrira, Luberrier qui y verra une occasion de mieux nous utiliser, et le lien qui sera consommé.

—Je sais, » soupira Allen. « Mais il ne part pas de lui-même, tu le vois bien. Je n'y crois plus vraiment. Qu'est-ce qu'on fait si un jour, Luberrier nous oblige à consommer ? Ou si on devient fous de désir pendant les chaleurs et qu'on ne se protège même pas ? Il faut réfléchir à ça, aussi. Ça ruinerait nos vies. »

C'étaient des mots qui le gênaient énormément, et une éventualité encore plus déplaisante. Kanda suivait son raisonnement.

« Si on reste liés et si aucun de nous ne change d'avis, on le fera. »

Les joues chauffant encore, Allen eut un sourire satisfait.

« Ok. Tu sais, je t'ai déjà dit que je me fichais de ma première fois et que ce n'était pas important, mais on s'entend bien, toi et moi… Alors s'il faut quelqu'un, je veux que ce soit toi. »

Kanda resta impassible, mais haussa brièvement un sourcil, étonné. Il ne dit rien, ne le rabroua pas. Le blandin se sentait quelque peu ridicule à avouer ça. Il s'était senti sensible en y réfléchissant et les mots étaient sortis tous seuls. C'était la stricte vérité, en fait. Peut-être que c'était dérisoire et bête de sa part, cependant, il le ressentait. À sa grande surprise, l'alpha caressa brièvement son crâne. Il retourna à sa position initiale aussi sec, à tel point que si Allen ne l'avait pas vu faire le mouvement de bras dans le sens inverse, il aurait cru avoir rêvé.

Une quiétude réconfortante, amicale, se plaça entre eux. Ils observaient le lac, la forêt paisible sous le soleil heureux en se taisant, comme s'ils méditaient. Ce temps mort dans la conversation servit à Kanda pour réfléchir. Moyashi avait beau dire ce qu'il voulait, il le sentait anxieux et était sûr qu'il n'était pas totalement à l'aise avec sa décision. Lui non plus. Il y avait le désir, certes, sauf que ça ne faisait pas tout. Il y avait pas mal de choses à prendre en compte. Et il fallait dire que vu comment s'étaient passées les chaleurs d'Allen, il avait un peu peur de l'état dans lequel serait l'oméga à ce moment-là. Il craignait beaucoup les prochaines chaleurs. Kanda aussi les avait très mal vécues. Surtout en repensant à la violente période de rut qui les avait suivies… Et Allen qui lui faisait confiance pour être un bon alpha pour sa première fois… ça le faisait flipper, très honnêtement. S'il perdait le contrôle et qu'il faisait quelque chose de mal, le blandin serait encore plus traumatisé qu'il ne l'était.

En songeant qu'ils avaient encore l'occasion d'y réfléchir, Kanda se calma. Au moins, ses pensées le distrayaient de sa colère envers Luberrier. Allen avait réussi son coup. Comme toujours, il l'étonnait par sa capacité à lui arracher sa mauvaise humeur. Même si son égo s'en trouvait blessé.

Deux ou trois heures plus tard, Allen s'était endormi et Kanda le réveilla doucement. Ils retournèrent au village, retrouvèrent les Traqueurs et attendirent le soir pour rentrer.

Dans le train, Kanda sentait Allen éloigné, comme s'il était perdu dans ses pensées. C'était curieux. Depuis quelques jours, il voyait qu'il était plus affectueux avec lui et essayait de discuter dès qu'il le voyait un peu d'humeur. Son mutisme était inhabituel. Fidèle à lui-même, l'oméga finit par l'interpeller :

« Kanda, je me suis rendu compte de quelque chose.

—Quoi, encore ? »

Malgré son ton brusque, il était plutôt amusé. Moyashi était toujours champion pour sortir n'importe quoi de nulle part.

« Le lac, avec les lotus. » L'alpha se raidit instantanément. « Je trouvais l'odeur super agréable, j'en étais vraiment fou… » Putain, limite s'il avait des étoiles dans les yeux. « Je viens de comprendre pourquoi. »

Kanda se tut, mimant d'être désintéressé. Intérieurement, c'était toute une tension qui se bâtissait.

« Ton odeur… C'est exactement la même. Tu sens le lotus. »

À suivre…


Comme dit au-dessus, pas mal d'éléments mis en lumières ici, et j'espère que ça vous plaît dans ce que ça annonce ! Les synchronisations finissent par les handicaper, je pense qu'il fallait s'attendre à ce que tout ne se passe pas parfaitement comme sur des roulettes, d'ores et déjà justifié par le fait que ce soit une entreprise lourde pour eux x).

Quant au reste, bien évidemment, ça sera approfondi plus tard ;).

Des avis ? N'hésitez pas à laisser une petite review, vous ferez une auteure heureuse et je serais ravie de connaître vos réactions sur ce chap' :D !

Merci d'avoir lu !