Coucou !

Alors j'ai une nouvelle à vous annoncer, finalement je vais stabiliser la publication de SOS à un chapitre toutes les deux semaines jusqu'à après mes partiels, en mi-janvier. La dernière fois c'était pour prendre du recul par rapport à une grosse baisse de réactions, et j'avais dit que c'était juste pour une fois, sauf que j'ai réfléchi et j'en ai envie pour prendre de l'avance sereinement et écrire d'autres choses. Ça fera deux ans demain que j'ai commencé SOS, elle fait maintenant 53 chapitres publiés et c'est un gros bébé, je ne l'abandonne nullement, loin de là, mais j'ai mis énormément de projets en attente pour me consacrer à celle-ci et j'ai envie de lâcher du lest, tout simplement :). Du coup pour ceux qui veulent lire d'autres textes de moi en définitif vous serez gagnant parce qu'il y aura davantage de contenu sur mon profil en catégorie DGM, en plus de SOS x') !

De fait, j'ai été assez surprise que des gens comprennent mon précédent message annonçant un décalage pour un potentiel abandon ou autre, j'ai reçu deux-trois commentaires qui me disaient "s'il te plaît n'arrête pas", et j'ai pas compris... Donc je préfère le préciser, passer de une semaine à deux semaines ça va, c'est raisonnable, ça n'a rien d'un abandon Oo. J'ai la fac, ma vie perso, mes loisirs autre que l'écriture, jusqu'à présent j'ai conjugué tout ça en écrivant comme une malade, ce qui me plaît énormément, mais vu que je me rajoute du boulot en me lançant dans d'autres projets, j'espace ma publication, de sorte que ça devienne réalisable, quoi ^^. Publier trois-quatre fic à la fois et faire quelques OS c'est juste pas possible en postant tout en même temps tout le temps x). Je fais des études littéraires, et avec 16 bouquins à lire ce semestre, des commentaires composés et des dissertes, croyez-moi on bosse, contrairement aux racontars les Lettres c'est pas la glande X). Je devrais même pas me justifier mais je tiens à le dire pour que ça ne soit pas mal compris ^^.

Je comprends s'il y en a qui sont déçus mais soyez compréhensifs s'il vous plaît :). Encore une fois je ne décale pas pour rien, donc c'est positif si y a de nouveaux textes à mon sens ;).

Merci à Ookami97 pour la correction :D !

Sinon, ce chapitre devrait peut-être vous plaire... Enfin, j'espère ;) ! Bonne lecture !

Réponse anonyme :

Renarde : Merci pour ta gentille review, ça me fait vraiment plaisir :) ! Je suis contente si tu adhères à ma caractérisation des personnages et si mon histoire te plaît ! :) Contente aussi que tu apprécies Lost ;) ! Bon week-end et bonne semaine à toi aussi :) !


Allen, Lavi et Lenalee étaient une nouvelle fois réunis dans une des salles de loisir, et ils discutaient tous les trois. Link était occupé. Ils avaient remarqué que quelque chose avait dû se passer. Lavi ne rigolait presque plus depuis quelques jours, il faisait des blagues sans entrain, pour tenter de conserver les apparences, mais les deux autres le connaissaient maintenant assez pour savoir qu'il n'en était rien. Cette fois, le rouquin était tellement pensif qu'ils avaient davantage l'impression de discuter à deux, lui en spectateur. Ça recommençait comme après l'attaque de Tyki. S'ils n'avaient pas osé intervenir la dernière fois, ils ne pouvaient pas rester silencieux éternellement et le laisser s'enfoncer, peu importe ce qu'il traversait.

Aussi, échangeant un regard, Lenalee et Allen décidèrent d'intervenir :

« Tu es très préoccupé, en ce moment, Lavi. » Lenalee et sa douceur commençaient. « Il n'y a pas quelque chose dont tu voudrais nous parler ?

—Puis, » dit Allen à son tour, « ce n'est pas bon de tout garder en soi, j'en ai fait l'expérience. Vous vouliez tous les deux que je me confie à vous, ça vous déroutait que je ne le fasse pas. J'ai confiance. Alors fais la même chose de ton côté, on est là pour toi. »

Ils lui souriaient tous deux avec bienveillance. Le visage de leur ami se métamorphosa du tout au tout, il était désarçonné.

En réalité, Lavi ne digérait pas son rejet par Link. Il avait mal. Et c'était bien la première fois qu'il vivait si mal d'être éconduit ou qu'il se surprenait à accorder autant d'intérêt à une expérience « amoureuse ». Une amourette, plutôt. Voilà ce qu'il avait voulu avec l'alpha blond. Sauf qu'il réagissait comme s'il y avait plus, et ça ne lui plaisait pas. Il ne comprenait pas. Peut-être, en réalité, que c'était à cause de ce que lui avait fait Tyki. Ou de ce qu'il avait failli lui faire… Lavi n'arrêtait pas de revoir ce moment quand il dormait, les mains du Noah sur lui, son souffle contre son cou, et ses yeux luisants de – bordel de merde – désir. Tyki l'avait voulu. Et il aurait pu le prendre, là, sur le champ, alors que personne n'aurait pu l'aider.

Autant dire les choses clairement, il avait échappé à un viol. Ce savoir le tétanisait. Parce que son odeur ressemblait à celle d'un oméga, et parce que les alphas croyaient être autorisés à quoique ce soit grâce à ça. Il était pétrifié par la honte de s'être retrouvé dans une posture si faible, et la peur que ça se reproduise. Et si Mikk ne s'arrêtait pas là, la prochaine fois ? Lavi ne le supporterait pas. Il n'arrivait déjà plus à dormir tranquille. Il se disait qu'il en mourrait.

Il n'en avait parlé à personne, et il ne le voulait pas. Il voulait oublier, passer à autre chose. En espérant pouvoir le faire. Il décida rapidement qu'il ne se livrerait pas sur ce sujet. Pas par manque de confiance en eux, mais pour lui-même, pour tenir le coup, pour ne pas flancher.

En revanche, parler de Link ne le gênait pas.

« Eh bien… J'suis désolé de vous avoir inquiété, déjà, » dit-il en se grattouillant la joue, ce qui fit lever les yeux au ciel des deux autres, « je dois dire que… Link et moi, on s'est embrassés. Et il m'a jeté juste après. »

Il rit nerveusement, comme pour faire suite à une mauvaise blague, à leurs visages surpris, c'était presque drôle.

« Bref, je suis un peu préoccupé, mais rien de grave. Ça va passer. »

Son grand sourire était on ne peut plus faux, et les deux autres s'en aperçurent immédiatement.

« Ne nous mens pas, Lavi, » fit Lenalee avec complaisance, « on te connaît. »

Dans ces instants, le rouquin s'en mordait les doigts. Il baissa un peu la tête, s'avouant vaincu. Puis, c'est vrai qu'il avait été le premier à dire à Allen qu'ils étaient là pour lui, et ils ne le lâcheraient pas maintenant qu'il était dans cet état. Elle renchérit :

« Il y a combien de temps ? Pourquoi il t'a embrassé pour te repousser ?

—Quelque jours, mais c'est rien, j'vous jure, » renchérit-il devant leur regard, levant les paumes, « je suis juste déçu. J'sais pas, je le trouvais sympa, j'me disais qu'y avait un truc, et j'aurais aimé tenter un peu… Mais ce n'est pas le cas pour lui. Il m'a dit qu'il m'aimait bien aussi, mais que son statut auprès de Luberrier le lui interdisait. Bref, c'est compliqué. »

À son grand étonnement, Lavi se sentait mieux d'avoir tout livré. Allen demanda prudemment :

« Tu as essayé d'en reparler avec lui ?

—Il m'a dit qu'on en reparlerait, j'attends toujours. J'le comprends, hein, mais j'arrête pas de ruminer, je sais que c'est con. »

Il avait eu un rire nerveux. Le blandin soupira, et s'autorisa un sourire :

« Je te comprends, et tu sais, Link est assez rigide, s'il estime que votre conversation sera difficile pour toi ou pour lui, il n'ira sans doute pas l'initier le premier. Je suis persuadé qu'il pense que tu ne le fais pas parce que tu ne le veux pas. Il est un peu coincé, il faut le bousculer. »

Le borgne grinça des dents.

« J'le sais bien, mais moi, j'ai un peu la trouille d'aller vers lui, et j'ai un peu l'impression que c'est lui qui ne veut pas. Il me l'a dit, alors… J'sais pas, c'est mort.

—Qu'est-ce que tu me disais quand je te disais que Kanda et moi on ne s'entendrait jamais ? »

Allen arguait sous le regard tendrement approbateur de Lenalee. Lavi se passa la langue sur les lèvres, ces dernières se muant en un rictus peiné.

« Vous savez que Link et moi, c'est loin d'être la même histoire. Il a reconnu son attirance pour moi, mais s'il ne veut pas la concrétiser, ben, tant pis. Je vais pas le forcer non plus.

—Tu peux aussi en rediscuter avec lui sans pression, juste pour que tu arrêtes de tout retourner. Je peux lui parler pour toi, si tu veux. »

Lavi eut la bouche sèche avec la proposition d'Allen. Lenalee renchérit :

« En tout cas, s'il t'a proposé d'en reparler, il devait être sérieux, il ne donne pas l'impression d'être le genre à faire des paroles en l'air, hein, Allen ? »

Ce dernier hocha vivement la tête. Le rouquin ne sut quoi faire. Sa fierté lui soufflait d'aller voir Link lui-même, mais son moral appréciait la proposition de son ami.

« Tu pourrais faire ça, Al ? Je tiens à régler les choses avec lui, hein, mais si tu pouvais lui faire entendre que je suis disposé à en parler… Fin, j'serai pas contre. »

L'air de rien, Lavi n'aimait pas déléguer ce qu'il pouvait faire à un autre. Sauf qu'il s'agissait d'Allen, son meilleur ami, et qu'il n'avait actuellement pas trop le choix. Il n'était pas assez reposé mentalement pour avoir ce type de confrontation, et il craignait de s'effondrer pathétiquement devant Link s'il était trop froid avec lui. Le blandin semblait en avoir conscience, ainsi que Lenalee. La brunette lui tendit la main, et Lavi s'en saisit, tandis qu'Allen lui massa gentiment l'épaule. Il était touché par leur inquiétude. Contrairement à ce que préconisait le statut de Bookman, il n'était pas seul. Et dans ces instants, il en avait cruellement besoin. Sans ses amis et sans soutien, il ne savait pas comment il aurait géré la situation… Sans qu'il doute l'aurait-il encore plus mal vécu. Même le vieux s'inquiétait, et pour qu'il s'inquiète, c'est qu'il devait avoir l'air paumé.

Il ne lui avait pas parlé de son odeur. Il avait peur. Peur de ne plus être vu comme un héritier valide s'il y avait bel et un bien un problème, peur aussi de sa réaction s'il demandait comment Tyki Mikk avait réussi à le sentir. Lavi ne voulait pas lui révéler qu'il avait été à deux doigts d'être abusé. Il était déterminé à découvrir seul ce qui n'allait pas chez lui. Ce qui ne l'empêcherait pas de glisser un mot au vieux, subtilement, à propos de ses pilules, dès qu'il en aurait l'occasion – et que tout se soit un peu endormi, pour ne pas avoir l'air suspect.

« Bien sûr, » trancha le maudit sur un sourire gentil, « je fais ça tout à l'heure, après mon entraînement avec Bakanda. »

Lavi sourit en retour.

« Il avait l'air bien en colère que tu aies oublié votre entraînement, l'autre fois. Il s'en est remis ? »

Allen leva les yeux au ciel.

« Oui, et j'avoue que j'aurais été vert aussi s'il m'avait mis un vent, c'est normal.

—Oui, mais ça veut dire qu'il y tient ! Sinon, il n'aurait rien dit ! »

C'était Lenalee qui venait de parler. Le blandin rougit.

« Arrêtez, je préfère pas partir du principe qu'il pourrait…

—T'aimer ? Pourquoi pas ? interrompit Lavi.

—Pourquoi Link ne changerait pas d'avis à ton sujet ? »

Le bêta roux se renfrogna.

« Parce que ce n'est pas le même contexte, on ne se retrouve pas ensemble pour s'entraîner, et il se fiche bien de moi, tout simplement.

—Les Innocences ne peuvent pas combattre les sortilèges des Crows, » contra Lenalee, « mais ça ferait peut-être un bon entraînement, pour le côté pratique. Propose-lui du corps à corps, tu l'as déjà fait une fois. »

Lavi faillit s'étouffer avec sa salive au clin d'œil de la douce et pure Lenalee, et même Allen murmura son prénom avec une désapprobation choquée.

« Ça va, les gars, je plaisantais, ricana-t-elle, mais si c'est important pour toi au point de te laisser si attristé, tu devrais lui dire que c'est sérieux de ton côté et le laisser décider.

—Si je dis que c'est sérieux, ça va lui faire peur. »

Dans le fond, Lavi se surprenait à ne pas arguer contre l'idée de sérieux. Pas qu'il ait été contre, mais ça n'avait jamais vraiment été son genre. Enfin, il y avait un début à tout.

« Peut-être, mais au moins il te le dira définitivement et tu pourras passer à autre chose. Sois juste sincère avec tes sentiments. »

Le rouquin opina de nouveau. Allen se redressa, se levant du canapé en s'étirant :

« Bon, je vais aller à ma séance de combat du jour avec Kanda. Il m'épuise, si vous saviez comme il est déchaîné en ce moment depuis qu'on a arrêté les entraînements de synchronisation, c'est fou ! On se parle plus tard, et Lavi, je te tiens au courant. »

Sur ces mots, le blandin quitta la salle, saluant ses deux amis. Ils se sourirent, et en reprenant une conversation avec Lenalee, l'archiviste demeurait pensif.


Allen sortait de sa douche après son entraînement avec Kanda, et s'essuya le front avec une serviette, d'où perlait une goutte d'eau. Bouger le bras lui semblait un effort incommensurable, et il gémit entre ses dents en se mettant sur pieds après avoir enfilé son pantalon. Il était totalement mort. Physiquement, cela s'entendait.

Le Japonais paraissait retrouver son énergie volée et il en avait à revendre ! C'était dur de l'esquiver, il ne semblait pas même respirer avant de contrattaquer, concentré et le visage fermé. C'était dans sa façon d'agir, ça avait toujours été lui, aussi, il ne s'en inquiétait pas, sauf que ça semblait s'être accentué. Et dans le bon sens. Ces derniers temps, Kanda lui avait fait l'effet d'être lessivé. Il voulait davantage méditer que s'entraîner, et semblait proche de s'endormir pendant leurs échanges d'odeurs. Ce qui était vraiment inhabituel venant de lui, voire alarmant. Alors maintenant qu'il redoublait de vigueur, c'était forcément qu'il redevenait un peu plus lui-même, et que les synchronisations étaient bel et bien problématiques.

Il comptait en parler à Link, en plus d'aborder le sujet « Lavi », et espérait qu'avec son inquiétude, il pourrait l'inciter à plaider plus de temps de repos pour eux auprès de Luberrier. Ça lui semblait être une nécessité. Il se sentait toujours coupable de s'être trop projeté et d'avoir trop chargé l'alpha. Il ne fallait plus que ça arrive. Entre le Quatorzième, ses pouvoirs incontrôlables, et ça… Il devait protéger Kanda.

Oh, l'oméga savait très bien qu'il se serait fait injurier si Kanda l'avait entendu dire ça, ne serait-ce que s'il avait accès à la teneur de ses pensées. Néanmoins, c'était aussi son rôle. Ils étaient amis. Ils étaient liés. Au regard de ces relations, il ne voulait pas lui causer d'ennui. Voilà tout.

Link l'attendait dans le couloir, et lui ébouriffa les cheveux gentiment quand il bailla, se plaignant de son entraînement dur. Il ne niait plus l'affection qu'il avait développée pour lui. Et Allen en était content.

« Kanda Yû semble se rétablir, dans ce cas, » déclara-t-il alors qu'ils regagnaient la chambre du blandin.

Allen secoua la tête.

« Justement parce que les synchronisations ont arrêté. Je ne pense pas qu'il faudrait reprendre, Link.

—Elles seront reprises, mais pas tout de suite. Luberrier vous fera rencontrer Hevlaska dans quelques jours. Une nouvelle Innocence a été découverte et elle se remet de l'absorption de nouvelles données. »

Le blandin décida de ne rien répondre, réfléchissant. Quelques jours, c'était mieux que rien. Il était loin d'abandonner l'idée, il remettrait simplement le sujet sur le tapis quand ils seraient en privé.

Link partit faire un tour dans la salle de bain pour se laver, et Allen attrapa un livre. Quand il revint, l'alpha lui demanda ce qu'il lisait sur le ton de la conversation, avant de se diriger vers sa mallette posée sagement sur le bureau pour s'atteler à sa paperasse. Il tira la chaise, s'assit, et fixa une seconde le temps gris, pluvieux, visible au-delà des carreaux. Cela rendait la pièce, certes plus confortable que dans le premier QG, assez terne. Le jeune Walker referma son livre et s'étira doucement.

« En fait, j'aimerais te parler de quelque chose, » dit-il à l'attention de l'alpha.

Link posa son stylo et se tourna vers lui.

« Je t'écoute, Walker.

—Eh bien… J'ai parlé avec Lavi. Il ne va pas bien du tout, tu sais ça ? »

Il voulait d'abord voir la réaction de l'Allemand avant d'embrayer sur le reste. Celui-ci se tendit sur sa chaise, mais resta neutre.

« Il t'a dit pourquoi ? »

Sa nonchalance feinte irrita Allen, qui perdit un peu sa résolution d'en parler gentiment et céda à son impulsivité.

« Ne fais pas l'innocent. Tu sais très bien pourquoi il aurait une raison d'être mal.

—Il te l'a dit. »

Ce n'était à présent plus une question, et Link soupira en rejetant sa tête en arrière.

« Walker…, commença-t-il devant son visage perplexe.

—Explique-moi pourquoi tu l'as embrassé si tu ne veux pas de lui ? Tu lui as donné des faux espoirs, et déjà qu'il va mal, ça n'arrange rien. Link, je ne comprends pas. »

Un autre soupir quitta la bouche de l'inspecteur.

« Je me suis fait emporter par mes pulsions, ou plutôt par les siennes. Il voulait m'embrasser, je n'ai pas pu refuser, j'en avais envie… Je te l'accorde, c'est loin d'être adulte et je ne suis pas vraiment un bon exemple sur ce coup-là.

—Vraiment pas, tu veux dire. »

Un claquement de langue impatient, cette fois. Link foudroya Allen du regard :

« Écoute, tu as encore peu d'expérience amoureuse, et ne te vexe pas Walker, on le sait toi et moi. Des fois, il y a des obligations, des choses plus compliquées qu'on ne le voudrait qui empêchent une relation, même si elle est voulue en vérité. Et j'ai été pris de court, je n'ai plus su faire la part des choses, c'est de ma faute, certes, mais il faut aussi avoir conscience que-

—Conscience que quoi ? Tu crois que je ne le sais pas ? coupa Allen. Que tu sois plus expérimenté ne veut pas dire que mon avis n'est pas valable, ni que ça te donnait le droit de jouer avec Lavi. »

Le blond tapa du poing sur la table.

« Je n'ai pas joué avec Lavi. J'ai été maladroit et je sais que je devrais m'expliquer avec lui. Je te trouve quand même bien dur avec moi.

—Et tu m'as rabroué sèchement en me parlant de mon inexpérience en conséquence. »

Ils se toisèrent l'un l'autre, et finirent par se sourire, abdiquant, conscient de leurs sévérités mutuelles.

« Je suis sincère, finit par dire Link, je ne voulais pas jouer avec lui.

—Mais tu aimerais être avec lui, ou pas ? Et je te dis ça sans t'attaquer. »

Allen préférait le préciser, car son ami le connaissait assez pour savoir qu'il pouvait être sacrément buté quand il le voulait, surtout quand il était vexé ou en colère. Link fléchit un peu.

« J'aimerais bien, si les choses étaient autres. Mais elles ne le sont pas. C'est de ça que je te parlais. Je ne peux pas prendre mes désirs pour des réalités, voilà tout. Je l'ai laissé faire en croyant que ça n'aurait pas d'incidence, et quand j'ai vu qu'il avait mal pris mon rejet, je n'ai pas su quoi faire. Voilà tout. »

À l'entente de ces mots, le blandin s'apaisa un peu. Il parvenait mieux à comprendre Link et en tant qu'ami, il ne voulait pas le juger après qu'il se soit confié à lui.

« Eh bien, tu devrais lui dire tout ce que tu m'as dit, être sincère, et ne pas laisser d'ambiguïté. Il passerait à autre chose et il serait moins triste. Entre nous, je trouve que tu devrais essayer. Ça te ferait du bien. Luberrier se fiche que tu sois avec quelqu'un, si ?

—Les protocoles, Walker. C'est un Bookman, qui plus est. Je doute que son grand-père approuve, et Luberrier penserait que je le couvre de honte en m'exposant sans lien sous sa tutelle.

—Mais et alors ? Si vous êtes bien, c'est l'essentiel. Réfléchis-y. Je m'inquiète pour toi aussi, et pas seulement pour Lavi, tu sais. Ça me fait de la peine que tu te restreignes comme ça… »

Link lui ébouriffa encore les cheveux, ce qui l'agaça cette fois, puisqu'il se dégagea en grommelant.

« Walker, c'est adorable, mais il ne faut pas. Je te promets que j'irai présenter mes excuses à Lavi. Je ferai les choses correctement. »

Le maudit consentit à acquiescer.

« Tant que vous réglez ça entre vous, tout va bien. »

Ils passèrent une soirée relativement calme. Allen à lire, Link à éplucher ses dossiers, il y en avait toujours des tonnes, c'était flippant ! Allen se demandait bien comment il faisait pour s'y appliquer avec autant de discipline, quand il devait faire son rapport de mission, il suait déjà sang et eaux, alors à la place de Link, il n'avait pas honte d'avouer qu'il aurait fait une syncope depuis longtemps.

Le symbiotique finit par s'endormir avec son livre entre les bras. Il ne sentit pas Link le lui ôter et le border gentiment, tout en remettant une de ses mèches de cheveux en place, comme l'aurait fait un parent.


Link était sorti dans le couloir pour remettre son énorme pile de dossier à Luberrier. En ce moment, ils négociaient avec le Vatican l'approbation pour ce qu'ils appelaient le projet « Symbiose ». C'était ce qui leur prenait un temps relativement long, et les closes étaient si anciennes qu'ils avaient des démêlées ardues à négocier. La dernière fois, il avait été à Rome avec Luberrier, et n'avait pas pu accompagner Walker lors de sa mission. Il se doutait d'ailleurs que ce projet risquait de ne pas lui plaire, vu ses dernières suppliques. Ce projet comptait quatre étapes. Et ils avaient à peine quelques votes favorables pour le Premier Contact. Les preuves étaient à fournir, les analyses aussi, et ils comptaient bien sur l'entrevue prochaine avec Hevlaska pour concrétiser tout ça.

Malcolm C. Luberrier ne se laisserait pas arrêter par un refus, le jeune inspecteur le savait très bien. Cette affaire perdurerait tant qu'il n'aurait pas obtenu l'accord.

Le blond toqua à la porte, rendit ses dossiers, saluant son supérieur avec tout le respect qui lui était dû, répondit à sa question routinière au sujet de l'état de Walker, et quitta la pièce après avoir été congédié.

Dans les couloirs, il tomba sur Lavi. Le rouquin avait des livres entre les bras. Quand leurs regards se croisèrent, celui du plus jeune vacilla et il durcit son visage pour reprendre contenance, se bornant à avancer. Link décida qu'il était temps d'agir en homme. Il le héla.

« Lavi, il faudrait qu'on parle.

—J'ai des ouvrages à ramener dans ma chambre, » répondit le jeune homme, dos à lui, raidi au possible. « Alors à moins que tu veuilles m'y accompagner…

—Je vais venir. »

Link avala sa salive malgré sa fermeté, et Lavi piqua un fard en le regardant, visiblement choqué. Il fallait avouer que l'Allemand n'était pas peu fier de son petit effet – il était loin d'être inexpérimenté, même s'il était réservé et strict. En conséquence, il n'avait pas envie d'être pris pour un débutant.

Ils ne tardèrent pas à gagner la chambre. Lavi entra le premier et posa sa pile de bouquins au milieu de deux autres empilement de livres pour le moins monstrueux. Link se surprit à détailler la chambre de l'apprenti Bookman avec une satisfaction étrange. Des livres un peu partout, deux étagères tapissant les murs, des parchemins, des rouleaux et des vases anciens, tout ce qu'on pourrait s'attendre à trouver chez un historien. Dans les anciens locaux de l'Ordre Noir, Bookman et Junior partageaient la même chambre. Ici, Lavi avait obtenu la sienne, et Link l'avait déjà entendu confier à Allen et Lenalee qu'il en était ravi. Nul doute qu'avec la pression de son futur métier, avoir droit à son indépendance était crucial pour le jeune homme.

Se retournant, Lavi s'assit sur son bureau, et croisa les bras en le toisant.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Oubliant sa bouche sèche, Link se fit violence.

« M'excuser, commença-t-il, se tenant bien droit, pour mon comportement. Et pour ma lâcheté de ces derniers jours. »

Il baissa la tête à ces mots. Lavi n'eut aucune réaction.

« Et ça change rien, donc ? Tu m'as fait ton baiser d'adieu, je crois qu'on a pu rien à nous dire. J'ai compris le message, t'inquiète pas.

—Lavi… »

En toute sincérité, Link comprenait son ressentiment. Il fallait se douter qu'après ce qu'il avait fait, Lavi ne l'accueillerait pas à bras ouverts. Il avait fichtrement foiré, pour parler vulgairement. Il avait été vexé qu'Allen reporte la faute sur lui, cependant, il savait qu'il n'avait pas tort, d'où sa vexation accrue. Il avait été égoïste, et il n'avait pas pensé à ce que Lavi avait pu ressentir.

« C'était très bas, ce que j'ai fait. » Le borgne se renfrogna à l'entente de ces mots. « J'en ai conscience. Je suis là pour t'expliquer les choses en bonne et due forme.

—Vas-y. »

Link vit sa pomme d'Adam faire un aller-retour dans sa gorge, signe qu'il n'était pas le seul à être anxieux.

« Je n'irai pas par quatre chemins, oui, tu me plais, et oui, j'aimerais être avec toi. Mais c'est impossible, ma position serait compromise, et sans lien, je ne peux pas. Ta proposition de garder ça secret… Ce serait compliqué. Nos odeurs se mélangeraient, ça se verrait un peu, sauf si on le camoufle, et je ne suis pas sûr que ce soit une solution satisfaisante si on s'attache émotionnellement, surtout si on est liés ailleurs par la suite. C'est tout simplement pour ça que je refuse. Je n'aurais pas dû te laisser m'embrasser et ne rien t'expliquer. Pardonne-moi. »

Il respirait difficilement, et Lavi serra les poings.

« Je comprends. Je comprends tes arguments et je ne conteste pas, je ne veux pas te forcer –

—Je ne dis pas que tu me forces –

—Laisse-moi finir. Je pense juste qu'on aurait pu tenter, sans s'investir trop sérieusement, car moi aussi, j'ai une position compliquée. » Link fronça les sourcils. « Ne fais pas ces yeux, je sais que tu le sais. J'me disais qu'on pourrait avoir une sorte de relation… libre. À nous de la définir. Peut-être être ensemble jusqu'à ce qu'on rencontre notre lié, ou ne pas s'interdire de voir d'autres personnes à la fois, je ne sais pas, sans rien officialiser. On pourrait arrêter à tout moment. Tu me plais réellement, et je t'avoue que j'y tiens. »

Les joues rouges, le jeune Bookman évita un peu son regard.

« Donc c'est toi qui vois, si ce que je te propose ne convient pas, tant pis, je n'insisterai pas davantage. Et laisse tomber, pour le baiser, c'est oublié. »

Après une hésitation, l'Allemand se rapprocha de lui. Étant assis sur le bureau, le rouquin se fit facilement acculer. Il rougit quand Link posa ses mains sur ses avant-bras. L'acte était platonique, il n'y avait pas – encore – un soupçon de désir. C'était affectueux, et c'était doux. C'était ce qui le surprenait.

« Tu es sûr que tu te satisferais de ça ? De camoufler les odeurs, de n'être qu'à moitié investi ? »

Lavi eut un petit rire.

« Ça serait la forme de relation la plus sérieuse que j'aurais eu, donc oui. D'habitude, je fais des petites amourettes en mission, et on se revoit pas après, ça me va très bien. Déjà ça, ce serait une grande aventure pour moi ! Qui ne pourrait marcher que si tu es prêt à t'y embarquer, » conclut-il sur un sourire.

Link lui rendit le sourire, mais se raffermit vite.

« Ce ne serait pas simple.

—Je le sais. »

Ses yeux se plongeaient dans l'œil unique du rouquin. Il eut un fin soupir.

« Il y aura des conditions. » Le sourire de Lavi s'agrandit considérablement. « Ne rien dire aux autres, je sais que Walker et Lee sont tes meilleurs amis, mais il vaut mieux qu'ils ne le sachent pas. Effectivement, si on est liés à quelqu'un d'autre, on arrête tout. En revanche, je t'avoue que je préfère l'exclusivité, je ne verrai personne en dehors de toi et j'aimerais que tu fasses pareil. On ne sait jamais, ça pourrait augmenter les risques qu'on soit liés ensemble. Si tu n'en as pas envie, ça me va aussi, je m'y ferai. Ce n'est pas un ordre, je te dis juste ma préférence. On ne sera pas vraiment un couple, après tout, je ne tiens pas à te restreindre. Évite juste de faire en sorte que ton grand-père se pose des questions, je ferai de même pour Luberrier. Enfin…

—Je sais, je sais, » soupira Lavi en agitant les paumes dans l'air, signe qu'il en avait assez entendu, « discrétion, secret, ne rien dire, j'ai compris.

—Ce n'est pas ce que j'allais dire. » Le blond ricana un peu dans son poing. « On peut s'attacher émotionnellement, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est pas une relation définitive, tant qu'il n'y a pas de lien. »

Cette fois, ce fut Lavi qui rit.

« J'ai bien compris ça. On aura tous les avantages du couple sans les inconvénients, quoi. Et moi aussi, je n'ai envie de voir que toi, pour le moment. Si ça change, je te le dirai. »

Une lueur d'amusement pétillait dans les yeux de Lavi. Link leva les yeux au ciel en opinant, et eut un rictus.

« Il y a une dernière chose.

—Laquelle ?

—Garde ton écharpe bien serrée. J'admets que j'aime laisser des marques. »

Le bêta écarquilla les yeux et Link fut sûr de l'entendre déglutir. Il ne fut pas peu fier de son petit effet, si son propre cœur battait probablement un peu vite. Il était neutre au sujet de la sexualité, néanmoins, avoir ce genre de conversation dans ce contexte le laissait quelque peu incertain. Lavi et lui allaient se lancer dans quelque chose qu'il ne maîtrisait pas, et avec son sérieux, il préférait être dans le contrôle. Théoriquement, ils avaient défini un cadre précis qui lui permettait de savoir de quoi il était question. La nouveauté de l'affaire, en revanche…

« Hm, ça prend effet maintenant ? »

La question de Lavi le reconnecta avec la réalité. Le blond hocha la tête.

« Oui, effectivement.

—Tu peux m'embrasser, alors. Enfin, si tu veux. »

Les joues de Lavi se coloraient de rouge, il le toisait avec amusement – mais gêne mal dissimulée.

Link ne put lui résister bien longtemps. Il approcha ses hanches du bureau, y bloquant davantage Lavi, puis, son corps se pencha. Le borgne fut celui qui lia leurs lèvres avec une impétuosité que l'Allemand avait senti venir. Il avait aussi été comme ça lors de leur précédent baiser. Les langues étaient déjà de la partie. Link lécha la lèvre inférieure de Lavi, et l'infiltra dans sa bouche avec délicatesse, la frottant contre celle de son partenaire, celui-ci frissonnant dans le baiser. Dans le même temps, ses mains s'étaient enroulées autour de la nuque du Bookman, les doigts caressant les fins cheveux roux qui s'y trouvaient, et il se pressait tendrement contre lui.

Lavi gémit quand Link plongea la tête dans son cou et inspira son odeur. Il décidait de le croire, ou d'au moins faire semblant, quand il affirmait qu'il n'était pas un oméga, même si la douceur veloutée qui émanait de lui le rendait pantois. C'était attirant, tenace. Il inspira plus profondément, embrassant, tirant sa chemise pour libérer l'accès à la peau chaude. Le rouquin le repoussa un peu, si bien que Link eut peur d'avoir grillé les étapes. Sous son regard interloqué, Lavi commença à défaire les boutons du vêtement en souriant. Link comprit le message. Il lui saisit ses mains, les ôtant des attaches, et fit tomber sa chemise derrière lui, découvrant son torse nu. Bien vite, Link s'enleva sa propre chemise, arrêtant Lavi quand il amorça un mouvement pour le faire à sa place.

Cela fit rire le rouquin, et ils se comprirent de cette façon : Link mènerait la danse. Il n'était pas un amant excessivement dominateur, s'il aimait bien diriger l'étape de la séduction. En règle générale, il était plutôt doux, s'il s'adaptait au besoin du partenaire. Lavi, en dépit de son jeune âge, n'avait aucun comportement effarouché – de fait, il en déduisait qu'il était déjà expérimenté, ou du moins peu timide, s'il se fiait à sa proposition directe. Il savait plutôt bien embrasser, sa technique vigoureuse était dotée d'un certain charme, en contraste avec sa propre finesse. Tous deux libérés d'une partie de leurs entraves, le plus âgé poussa le plus jeune en direction du lit, non sans martyriser ses lèvres au passage.

Tandis que Lavi réussit à reprendre un peu la tendance, bloquant Link contre le matelas et baladant les mains sur son torse, avec un regard appréciateur pour ses muscles, celui-ci retint sa main gentiment :

« Tu as du lubrifiant ? Que ce soit toi ou moi, il va en falloir. »

Lavi rougit et fixa son tiroir de table de chevet.

« Ouais, j'avais prévu le coup.

—Prévu le coup ? »

Link fronça les sourcils, mais reprit les rennes, renversant Lavi sur le dos. Il appuya un vigoureux baiser dans son cou, mordillant la peau tendre. L'archiviste émit un petit son étranglé.

« J'me disais qu'il en faudrait, au cas où, toi et moi, on ferait… ça. »

Il gloussa. Link ne cilla pas.

« Tu veux être au-dessus ? Ou en-dessous ? »

C'était des questions qui se posaient, et autant régler ça pendant qu'ils en étaient aux préliminaires.

« Eh bien… Je t'avoue que j'aimerais mener. Si ça ne te dérange pas. »

Le blond leva une main. Avec un mouvement aérien, il la posa sur la joue de Lavi, son pouce en retraçant la courbe, le susnommé s'y appuyant gentiment.

« Non, ça ira. Tu n'as jamais été pris ? »

—Non… Mais j'ai déjà eu quelques amourettes, comme je te l'ai dit. J'ai pas fait l'amour des centaines de fois non plus, hein, » il était embarrassé en disant ça, s'il se livrait sans défaillir, « mais j'ai déjà une petite expérience avec quelques unes d'entre elles. Je suis plutôt fille, d'habitude. T'es le premier gars. »

De nouveau, le blond opina, enlevant sa main sur un dernier effleurement.

« Ne sois pas embarrassé, tu prendras en expérience, ne t'en fais pas.

—Oh, mais je ne le suis pas ! » rit doucement l'apprenti Bookman. « Tu as eu beaucoup de… enfin… conquêtes, toi ?

—J'ai eu une relation sérieuse qui a duré quelques années, » par cet aveu, Link consentait à baisser sa garde, lui aussi, « et j'ai eu quelques relations sans lendemain avant de me ranger aux côtés de Luberrier. Des bêtas, la plupart du temps, filles ou garçons, ça ne m'importe que peu. »

Lavi hocha la tête.

« Bon, ben visiblement plus rien ne nous retient…

—Non. »

Et il s'en fut.

Les baisers reprirent pour s'intensifier, les caresses, ponctuées de petits rires de la part de Lavi qui s'amusait beaucoup, semblait-il, de voir Link prendre les choses en main. Celui-ci fit sauter la boucle de sa ceinture, et descendit sur ses jambes pour lui ôter ses bottes. Lavi le regardait faire, à la fois intrigué et désireux. Lorsqu'il fut pieds nus, l'Allemand tira son pantalon. Il s'arracha aussi ses chaussures, et remonta baiser les lèvres de son compagnon, sentant les mains de Lavi se frayer un chemin entre leurs deux torses. Link hocha la tête, lui accordant ainsi l'initiative qu'il requérait. Ils finirent bientôt tous deux en caleçon. L'un au-dessus de l'autre, roulant entre les draps, Link sentit bientôt une sensation d'inconfort dans son dos et en tira un bout de parchemin que Lavi avait manifestement oublié derrière son oreiller, déplacé par leur chahut.

Le borgne eut un petit sourire contrit et l'inspecteur s'amusa légèrement. Il vint reposer ses lèvres sur celles du rouquin, et sa main tâta son bas-ventre, descendant à la rencontre de son érection au travers du caleçon. Il tâtonna la bosse, la massant, se réjouissant de voir Lavi fermer les yeux et s'abandonner à son toucher. Cela dura une petite minute, de manière à le taquiner. Puis, il arrêta. Il remonta sa main de la ligne de son caleçon au creux de sa poitrine, de cet endroit aux clavicules, pour grimper le long de sa mandibule et retracer ses lèvres.

« Lèche-mes doigts, » s'entendit-il réclamer.

Lavi rouvrit l'œil, interloqué. Sa bouche s'entrouvrit, l'air de demander pourquoi, et, toujours magnanime et se répugnant à brusquer ses partenaires, Link expliqua :

« Je vais essayer quelque chose, fais-moi confiance. Si tu vois que ça ne te plaît pas, dis-le-moi et j'arrêterai sur le champ. »

Clignant à peine des paupières, le rouquin ouvrit complètement la bouche et enfourna gaiement les doigts que lui tendait le plus âgé. Il les suçota, ses joues virant de roses à carmines au fur et à mesure des minutes, Link appréciateur du spectacle. Dans le même temps, il infiltra sa main dans le caleçon du rouquin, et entreprit de caresser son pubis, juste avant la base du pénis érigé. Lavi rougit encore plus avec l'excitation, si c'était encore possible. Enfin, Link le prit en main, et retira ses doigts humides de salive. Il avait mis Lavi en confiance, ce dernier subissait ses mouvements de pompe en se mordillant les lèvres, renversant sa tête en arrière sous le plaisir.

Ses doigts humides partirent dans son dos. Lavi se mit à le fixer, Link attendant sa permission muette. Comme il ne comprenait pas, il les passa sous la barrière de son caleçon, rencontrant ses fesses, et cherchant son cercle de chair. Ses doigts le caressèrent, sans aller plus loin. Il massait toujours son sexe. Lavi fronça les sourcils :

« Je croyais que tu étais d'accord pour…

—J'aimerais simplement les mettre, si tu me le permets. Tu ressentiras une sensation intense, peut-être difficilement supportable, ou peut-être plaisante, tout dépendra de ton corps. Ça peut être un plus, crois-moi. À toi de décider si tu as envie de tester. »

L'archiviste haussa les épaules, se mordant la lèvre une seconde.

« Mets-en un, je te dirai… »

Et le blond s'exécuta. Immédiatement, Lavi eut l'œil grand et se tortilla, comme pour échapper à la sensation. Avec la salive, le doigt n'eut aucune difficulté à rentrer entièrement, si ce n'était pas à tenter pour une pénétration réelle.

« Oh mon dieu… » souffla-t-il.

Link s'enquit :

« Tu ne supportes pas ?

—Je ne sais pas, c'est… bizarre… J'me sens… étrange… Mets l'autre, voir. »

Il était courageux, nota Link, beaucoup auraient voulu arrêter à la sensation inconnue. Il branla un peu son pénis pour le détendre, et embrassa son front. Bien vite, il glissa son deuxième doigt, n'arrêtant pas de le masturber. Lavi lâcha un gémissement aigu. Muettement, l'alpha attendait son feu vert, ou son feu rouge, pour savoir quoi faire. Le rouquin plaça sa main au-dessus de la sienne sur son sexe et lui fit recommencer les va-et-vient. Link comprit le message.

Ses doigts bougeaient en Lavi au même rythme que sa main pompait son sexe. Il ne réagissait réellement pas en oméga, c'était indéniable, et son sexe ressemblait à celui d'un bêta. En revanche, il y avait l'odeur, et les sensations à l'intérieur de lui… ça semblait bizarrement fait. Il avait l'impression de sentir des sortes de glandes à l'intérieur. Pas comme chez un oméga, mais pas totalement comme chez un bêta. Chaque corps était unique, et n'apportait pas les mêmes sensations. Un anus avait tendance à avoir une atmosphère veloutée, ce qui était tout à fait le cas de Lavi. Pourtant, ces excroissances internes… Il aurait voulu penser que c'était sa propre perception, qu'il se trompait, mais il avait de l'expérience et n'avait jamais senti ça sur personne.

Peut-être que… Non, ça ne lui disait rien…

Lavi, qu'est-ce que tu es ?

Il était sur le point de jouir, en tout cas. Son odeur se répandait de plus en plus dans la chambre, si bien que Link succombait, c'était un supplice. Il avait compris qu'il ne devrait pas remettre son statut en question pour le bien-fondé de leur relation. Il ne poserait pas de question, mais ça l'intriguait.

Se faisant violence, le jeune inspecteur stoppa ses doigts, et envoya un regard joueur à un Lavi plutôt désabusé.

« Sors le lubrifiant. »

Et le bêta roux comprit. Link retira son caleçon, Lavi l'imitant en sortant maladroitement le flacon. L'alpha le posa sur la table de chevet et attira Lavi dans un nouveau baiser. Il l'enjoignit à le caresser, pour le mettre un peu en condition lui aussi, bien qu'il le soit devenu par ses propres actions. Avoir vu l'archiviste, qu'il rêvait secrètement de prendre dans tous les sens depuis plusieurs mois -il pouvait maintenant se l'avouer, au bord de l'orgasme, avait mitraillé ses sens de désir, de sorte qu'il était déjà plus que prêt mentalement.

Au bout de quelques mouvements de bras, la chaleur voyageant entre eux atteignit son comble, et il fut clair quand leurs regards se croisèrent qu'ils ne tiendraient plus bien longtemps. Link se mit sur le ventre, signalant que ce serait la position la plus simple pour eux, et indiqua à Lavi comment le préparer. Il n'avait jamais couché avec un autre garçon, qui plus est un alpha, alors il eut des gestes maladroits qui se révélèrent légèrement douloureux une fois ses doigts lubrifiés en lui, et Link ne lui en tint pas rigueur, s'il se trouva à grimacer lourdement à certaines actions.

Enfin, il l'informa qu'il était prêt. Lavi enduit son pénis de lubrifiant, et il entra en lui. Link sourit en l'entendant gémir à la sensation. Bien évidemment, comme la lubrification n'était pas naturelle, il était serré. La première fois, ça pouvait être surprenant. Le rouquin s'inquiéta de sa douleur, mais l'Allemand lui intima de commencer à bouger, attendri par sa prévenance. Il n'en était pas à sa première fois, il s'y ferait vite.

Ce fut intense.

Dû à sa découverte et à son plaisir, Lavi donnait des coups de reins maîtrisés, mais assez mal, ce qui faisait qu'il s'emballait pour se calmer rapidement en s'inquiétant pour lui, et couvrant son dos de baiser en allant d'avant en arrière à l'intérieur de lui. Il ne mit pas longtemps à trouver son point sensible, aidé par les recommandations de Link, qui lui soufflait quel était le moment pour changer d'angle ou accélérer, afin de le réguler quelque peu. Ils finirent par trouver un rythme agréable. Les cuisses claquaient l'une contre l'autre, les picotements de plaisirs se succédaient et il faisait si chaud dans cette pièce baignant dans le sexe et leurs odeurs mutuelles que leur excitation s'en décuplait. Et ils n'étaient même pas liés. Avec envie, Link se demanda ce que ça serait, et quelle aurait été l'intensité, s'ils l'avaient été.

Le blond finit par lui demander de caresser son sexe pendant qu'il le prenait, et Lavi éjacula bientôt, avant même d'avoir pu obéir. Il se confondit immédiatement en excuses, mort de honte, toujours en lui, mais Link se serra, l'empêchant de se retirer. Il lui ordonna de bouger et de le toucher, lui apprenant gentiment que le rapport sexuel n'était pas tenu de s'arrêter à l'éjaculation du pénétrant. Lavi glapit de surprise, visiblement un peu vexé. Il se remettait de son orgasme en haletant. Malgré ça, il l'écouta et entreprit de le caresser de nouveau, se remettant à couvrir son dos de baisers. Link jouit peu de temps après. Lavi avait bougé les hanches, en dépit de son sexe au repos. Sa pression interne le faisait rebander. C'était intense, de le sentir grossir en lui. Ça excitait également Link.

Lavi finit par se retirer. Ils tombèrent l'un contre l'autre, leurs lèvres se reliant avec frénésie. Leurs torses se soulevaient tout aussi frénétiquement. Ils étaient fatigués, après tous ces efforts. Pour Link, ça faisait longtemps. S'être abandonné à un autre à ce point, avoir enfreint les règles et franchis la limite… Ce n'était pas ce qui lui ressemblait.

Et pourtant, il était blotti contre Lavi, ou plutôt, Lavi était blotti contre lui.

Non, ils l'étaient tous deux.

L'un contre l'autre.

Ils raffermirent leur étreinte, Link caressant le torse du rouquin, dans une tendresse silencieuse.

« C'était… génial, » finit par dire Lavi, sans l'arrêter, et en détournant un peu le regard. « Hm, j'ai… J'ai été bon ? Même si j'ai… Enfin, t'as dit que c'était pas grave, mais merde, d'habitude, j'ai pas…

—Tu étais très bon, ne t'en fais pas. »

Lavi sourit. Il était plus grand, donc il dut pencher sa tête en avant pour embrasser le front de Link. Ce dernier accueillit l'attention d'un visage dubitatif. À son âge, il trouva curieux d'être embrassé à cet endroit. Puis, en pensant à celui de son amant, il eut un petit rire nostalgique. Il se rappela vaguement de sa vie à dix-huit ans…

« J'ai été surpris, je te l'avoue, dit Lavi, le coupant dans sa rêverie, que tu acceptes d'être en dessous. »

Link haussa les épaules.

« Tu es un bêta, Lavi. » Ce dernier le regarda droit dans les yeux, semblant peiné à croire qu'il le reconnaissait. Et Link ne croyait pas à son affirmation. Il mentait pour préserver la relation, encore une fois. « Si je t'avais pris, ça t'aurait sans doute fait très mal lorsque mon sexe aurait cherché de quoi faire un nouage et qu'il ne l'aurait pas trouvé. Au moins autant qu'à un oméga vierge. Certains bêtas adorent la sensation, d'autres ne sont simplement pas compatibles pour le sexe avec un alpha. »

Le borgne hocha la tête en ricanant.

« Dois-je encore te rappeler que je connais l'anatomie et que je le sais ? »

Pour la deuxième fois, Link haussa les épaules. Il se demandait si Lavi savait ce qui était en lui, dans ce cas. Lequel reprenait :

« En tout cas, j'ai bien aimé, le truc avec tes doigts… » Il eut un rire nerveux. « Si tu voulais bien le refaire… J'serais pas contre. Je te dirais si je suis prêt à être pris, je préférerais mener pour le début, mais je serais curieux, je dois dire. »

Cette fois, ce fut Link qui baisa son front.

« On fait comme ça, dans ce cas. » Il lui ébouriffa aussi les cheveux. Lavi ne râla pas, il semblait apprécier. « Au fait, » demanda Link, « désolé d'être direct, mais tu étais bizarre, depuis l'attaque de Tyki Mikk… Même Walker et Lee étaient inquiets. Il s'est passé quelque chose ? »

Le visage serein, peut-être un peu embarrassé, et rieur du rouquin s'effaça.

Brutalement, Link sut qu'il avait percé son masque. Il serra les dents en voyant un mélange de terreur et… de honte ? envahir l'expression de Lavi.

L'archiviste se força alors à rire. C'était si artificiel que ça sonnait robotique.

« Bof, » fit-il en esquivant son regard, « je m'attendais juste pas à être pris pour cible. C'est tout. »

Cela, l'Allemand n'y crut pas une seule seconde. Il fronça durement les sourcils.

« Lavi, dans cette chambre, je ne suis pas le surveillant de Walker, ni le secrétaire de Luberrier. » Et c'était tellement étrange pour lui d'en arriver . Il envoyait voler toutes ses résolutions, pour la énième fois. À tort ? À raison ? Il ne savait pas. « Tu peux me parler. »

Il y eut un silence. Il s'installa, un peu longuement, si bien que Link pensa sincèrement qu'il allait se mettre à table. Les yeux de Lavi vacillèrent bientôt.

« J'ai rien à dire. » Il eut un rire nasal sans joie. « Dis, tu peux me serrer contre toi ? »

Link tomba des nues.

« Pardon ?

—On vient de faire l'amour, » rougit Lavi, « et j'ai très envie d'être dans tes bras. Ça te dérange ? »

L'inspecteur s'irrita.

« Ce n'est pas ça, mais je comptais à ce qu'on ait une discussion sérieuse, Lavi, pas à ce qu'on s'ébatte comme des enfants…

—Howard, » le coupa gravement le susnommé, « s'il te plaît. »

Son expression naturelle était revêtue de façon si fragile que Link ne put refuser. Il n'avait rien contre la tendresse, il en aurait donné à Lavi plus tard de toute manière, seulement, ça ne lui avait pas plu de le voir si anéanti. Il était inquiet. Ce n'était pas dans sa nature de laisser des questions si graves sans réponses.

Pourtant, contrairement à ce qu'il voulait, il sentait qu'il ne le pouvait pas. Alors il s'était exécuté, obéissant lorsque le rouquin lui demanda de le serrer plus fort, et se taisant à la sensation mouillée contre son torse. Lavi pleurait. Il bredouilla que l'attaque l'avait simplement choqué, qu'il était anxieux pour ses camarades, et Link savait que c'était la vérité. Une part. Il avait le sentiment qu'il y avait autre chose. Son instinct de limier. C'était cependant à son amant de décider s'il voulait en parler.

Il se contenta de lui apporter tout le réconfort physique possible, s'il refusait de verbaliser quoique ce soit.

Quelques fois, ça suffisait.

Lavi finit par s'endormir dans ses bras, calmé, rasséréné.

À suivre...


Et ouii le premier lemon de la fiction n'a pas eu lieu entre Allen et Kanda, d'un côté je trouve ça original que ça ne soit pas le couple principal qui soit détaillé le premier, donc voilà XD. Une relation se met enfin en place entre Link et Lavi, ce petit couple vous plaît-il ? :3

On a pas trop vu Allen et Kanda dans ce chapitre, le prochain devrait donc vous satisfaire de ce point de vue-là !

Comme toujours, extrait sur le blog, lien sur le profil, la page FB si vous voulez être tenu au courant des avancées ou des sorties de OS divers, lien sur le profil aussi !

Reviews sur tout ça ? N'hésitez pas, ça fait toujours plaisir :D !

La semaine prochaine, ce sera un autre texte qui sortira, en plus de Lost, normalement ;) !

Merci d'avoir lu et à dans deux semaines !