Heya !

Voici donc le 18ème chapitre de cette partie 2, ce qui donne déjà 54 chapitres au total avec la partie 1 xD. Mon monstre grandit X) ! Dans ce chapitre, encore du Lavink, et aussi plus d'Allen et de Kanda :3 !

Merci à Ookami97 pour la correction :) !

Bonne lecture !

Réponse anonyme :

Eigh : Merci beaucoup de ton avis, et oui, ne t'en fais pas, ça m'a fait très plaisir :D ! Je suis vraiment contente si mon Yullen omégaverse te plaît, et si tu adhères à mon adaptation de l'univers et des persos :D. Pour le Lavink ehhh oui ça surprend mais j'aime les rares ship :p. Après ils ne sont pas liés donc rien ne dit que ça bougera pas ;). (P'tit teasing héhé) Contente aussi si tu aimes la lenteur des rapprochements Allen/Kanda ! Je suis ravie que tout ça te plaise autant ! J'espère que ce chapitre te plaira également :) !


Aux côtés de Link, qui avait utilisé un golem pour prévenir Allen qu'il ne dormirait pas dans leur chambre cette nuit, Lavi s'était arraché plusieurs fois au sommeil. À chaque fois, il s'était rassuré de voir son amant endormi, serein. Surtout d'être blotti dans son bras. C'était fou comme Link ne bougeait pas dans son sommeil et ne semblait pas dérangé par la position « câlin » ! Il avait essayé de dormir comme ça avec une de ses petites-amies qui le lui avait réclamé. Au final, il avait lutté jusqu'à ce qu'elle soit endormie pour se dégager, tant ça tirait sur ses muscles et le rendait inconfortable.

Soucieux du bien-être de son compagnon, il avait essayé de se dégager, cependant, le bras de Link serrait son dos, le maintenant contre son torse. Il avait craint qu'il ne soit éveillé, mais ça tenait visiblement plus d'un réflexe. Alors Lavi s'abandonnait.

Il avait un peu honte d'avoir pleuré. Quand Link lui avait parlé de Tyki, il n'avait pas réussi à se retenir, ça avait été plus fort que lui. Il se doutait bien que son amant avait compris que quelque chose n'allait pas, il ne fallait pas être un génie pour s'en être aperçu avec son attitude. Pourtant, il n'avait rien dit. Le rouquin se doutait que c'était pour ça qu'il n'avait pas rejoint Allen et qu'il avait préféré dormir avec lui. Lavi en était sincèrement reconnaissant.

Ils se lançaient dans une relation particulière, il ne pouvait pas dire que cette expérience ne l'excitait pas un peu.

De plus, Link se comportait de façon très correcte avec lui. Il lui avait montré de l'affection, avait été meneur sans être excessif lorsqu'ils avaient couché ensemble, parce que Lavi aimait bien avoir sa part d'action, ce qui lui convenait tout à fait. Pour l'aspect affectif, il n'était jamais contre un contact physique, pouvant se révéler assez tactile, que ce soit pour une accolade amicale ou amusée. Par contre, les vrais « câlins », il était plutôt celui qui les donnait. En recevoir dans ces circonstances lui inspirait un sentiment étrange, il n'avait pas l'habitude d'afficher ses faiblesses.

Encore une fois, ça l'avait pris par surprise.

Lavi était le premier à dire et à savoir que pleurer était naturel, qu'il était aussi normal de rechercher du réconfort auprès d'un compagnon ou même d'un ami.

Avec son statut de Bookman, ça lui avait toujours été interdit. Se relâcher avec Link passerait pour cette fois, mais il devrait être vigilant. Son cœur se serra à cette pensée. Il avait parfaitement conscience d'aller contre ses envies, ainsi que contre ses besoins. Il y était habitué, ça ne rendait pas la tâche moins dure.

Ça lui faisait mal de penser que peu importe ce qu'il adviendrait de leur relation, il ne pourrait jamais s'abandonner réellement.


Link le réveilla aux aurores en bougeant dans le lit. Il se dégagea de leur étreinte tendrement, et le prévint qu'il quittait la chambre en caressant sa joue. La tête dans le pâté avec son sommeil saccadé, Lavi acquiesça sans mot dire. Il était si crevé qu'il avait l'impression que ses paupières palpitaient tant elles forçaient pour rester ouvertes.

L'Allemand ricana et lui conseilla de dormir encore un peu en posant ses lèvres sur les siennes. L'échange fut doux, lui laissant une sensation confortable dans l'estomac, et dans le reste de son corps.

Link commençait à se préparer sous son regard vacillant de fatigue. Lavi succomba bien vite, se rendormant, roulant entre les draps qu'il s'accapara. Il dormit comme un bébé, cette fois.

Quand il émergea, il eut presque l'impression d'avoir rêvé ce qui s'était passé la veille et paniqua sérieusement à cette idée. Il aurait pu rester confus sans la note qu'il trouva sur son bureau.

J'espère que tu te remets de tes émotions d'hier soir. En tout cas, tu excuseras mon pragmatisme, mais pense bien à effacer mes odeurs sur toi, Lavi.

Souviens-toi aussi de ne rien dire à Walker et Lee.

Enfin, n'oublie pas non plus ton écharpe aujourd'hui. Je ne sais pas si tu les sens, j'ai peut-être eu la bouche un peu lourde sur les suçons, comme je te l'avais annoncé…

Affectueusement,

Howard.

Et l'imbécile faisait des jeux de mots, en plus ! Le rouquin esquissa un sourire, réalisant tardivement que si, son cou le lançait. Ça ressemblait bien à Link de lui laisser un mot pour s'assurer qu'il suivrait ses consignes, avec son côté maniaque. Il se sentit peut-être un agacé de se voir répéter ce qu'il savait déjà, cependant, son sourire se mua en rictus tendre. L'inquiétude de l'alpha, le fait qu'il ait signé par son prénom et non par son nom… Ça semblait n'être rien, mais pour Lavi, ça voulut dire beaucoup. Il rougit de contentement.

Ainsi donc il n'avait pas rêvé.

Il se sentit heureux. Le sourire qui mangeait ses joues lui fit bien appréhender la journée.

Il avait eu le temps de prendre une douche et de se préparer quand son grand-père toqua à sa porte, lui demandant avec sévérité s'il avait lu la pile d'ouvrages qu'il lui avait imposée la veille. Lavi lui bredouilla une excuse comme quoi il s'était senti barbouillé, Bookman lui tirait l'oreille avec force en le traitant d'incapable, ce malgré ses jérémiades.

Il fut traîné jusqu'à la bibliothèque par le vieillard en colère, et s'il regretta un peu sa paresse de la veille, sachant qu'il allait en prendre pour son grade, il sourit en songeant que ça valait quand même un peu le coup.


Dans la salle de loisir, Lavi, Allen, et Lenalee s'étaient encore retrouvés en début d'après-midi, pendant que Link était au bureau de Luberrier. Bookman l'avait particulièrement enguirlandé pour le retard qu'il avait pris dans son travail, si bien que le rouquin avait passé toute la matinée les yeux rivés sur les livres d'histoire que son grand-père lui faisait ingurgiter en quantité industrielle. Ça avait été épuisant, il gardait une sacrée migraine de toute l'affaire.

Il n'allait pas leur dire la vérité. Mais leur mentir ne lui plaisait pas non plus. Il avait donc trouvé un compromis : travestir la vérité.

Allen fut celui qui attaqua le premier, curieux :

« Tu as parlé avec Link, hier ? Il n'a pas voulu me dire pourquoi il m'avait laissé pour la nuit. Enfin, ce qu'il a dit sonnait plutôt comme une excuse.

—Il t'a manqué tant que ça ? » le taquina Lavi avec un petit clin d'œil. « Tu aurais pu en profiter pour faire venir Yû… »

L'oméga vira au cramoisi.

« Kanda et moi n'avons rien à faire dans une chambre tous les deux ! Et tu ne réponds pas à ma question !

—J'avoue que je suis curieuse aussi de votre conversation, » admit Lenalee en penchant la tête sur le côté, le dévisageant un peu. « On s'inquiétait pour toi, tu sais. »

Allen approuva ses mots d'un hochement de tête. Lavi prit l'air nonchalant, croisant les bras derrière sa nuque en s'enfonçant sur le dossier de la banquette.

« Eh bien… Il s'est excusé de son numéro, et j'ai accepté ses excuses. Tout est rentré dans l'ordre. Je dois quand même vous l'avouer… On a pas fait que discuter, si vous voyez ce que je veux dire. »

Des couleurs vives apparurent sur les visages des deux autres. Allen eut un hoquet de surprise lorsqu'il comprit l'implication de ceci.

« Alors c'est pour ça que… ?

—Dans le mille, mon petit Allen, c'est moi qui ai volé notre inspecteur.

—Alors vous êtes ensemble, tous les deux ? »

Lenalee semblait surexcitée, et Allen, s'il le fixait d'un visage pensif, ne semblait pas moins enthousiasmé par cette idée. Ils lui souriaient avec bienveillance. Lavi secoua la tête.

« Non, on s'en est tenu à une nuit, » mentit-il effrontément, « on a deux positions très compliquées et on en a convenu que c'était mieux. C'est bête, mais c'est comme ça. J'avoue que ça ne m'a pas gêné de coucher avec lui sans implication, je le fais d'habitude lors de mes missions, et là… On va se croiser, mais c'est pas comme si on était amoureux, je saurai gérer. »

Lenalee et Allen échangèrent un regard.

« Tant que tu sais ce que tu fais et que tu n'en souffres pas…

—Vous inquiétez pas, » fit Lavi joyeusement, sa joie n'étant nullement feinte, « tout est réglé. Je suis on ne peut plus ra-vi ! »

Ils rigolèrent tous les trois. Le borgne reprit :

« Puis, je vous avoue, sachant qu'il est là pour te surveiller, Allen, une relation avec lui… Bah, ce serait compliqué. » Et ça l'était. Il n'était pas né de la dernière pluie, de fait, il ignorait si Link ne pourrait pas être une menace pour son ami si Luberrier le lui ordonnait. Il restait sur ses gardes. « Donc je préfère ça. »

La réelle tournure de leur relation l'aiderait à définir s'il était de confiance ou pas. Il avait décidé qu'il gérerait son niveau d'investissement selon ces critères. Il ne mentait donc qu'à moitié, encore une fois. Le blandin opina du chef.

« Franchement, je fais confiance à Link, mais il ne veut pas s'engager à cause de sa position. Je crois que c'est pour ça qu'il s'est conduit comme un abruti avec toi. Sinon, c'est une personne très bien. »

Le rouquin haussa les épaules. Il le découvrirait tôt ou tard.

« Je me trouverai bien quelqu'un d'autre, ne vous en faites pas pour moi ! » Redevenant sérieux, il déglutit discrètement. « Je suis désolé de vous avoir inquiété, ces derniers temps. J'étais préoccupé et j'ai pas été très drôle. »

Les deux autres lui sourirent et le rassurèrent, arguant qu'il pouvait leur parler si jamais ça n'allait pas de nouveau. Ils révélèrent qu'ils étaient tout de même heureux qu'il aille mieux.

La conversation dévia ensuite. Lavi était effectivement heureux.


Allen et Link s'étaient rejoints un peu plus tard. Un golem de l'Ordre avait sommé le blandin de le retrouver devant les appartements de Luberrier. En traînant les pieds, il s'était exécuté. Les deux alphas l'avaient toisé, Link avec neutralité, et Luberrier avec son regard persistant habituel. Allen se forçait à ne pas en faire grand-cas. Il savait bien ce que l'homme d'âge mûr attendait de lui : sa coopération la plus totale. Chaque fois, il faisait des commentaires appréciateur de sa docilité, qu'il appelait avec un plaisir évident « sa compréhension de la situation ». Ils n'avaient manifestement pas la même compréhension du problème, et Allen serrait les dents, se retenant de rétorquer qu'il n'avait jamais eu son mot à dire.

Ils marchèrent dans les couloirs, silencieusement. Link se gratta la joue, Allen le remarqua en se tournant vers lui, et lui lança :

« Juste pour que tu le saches, Walker. L'affaire urgente d'hier soir a été réglée. Je reste bien ce soir. »

Link avait feint un dossier important à traiter pour Luberrier à cause duquel il aurait besoin de documents en bibliothèque, ajoutant que ça lui prendrait sans doute toute la nuit. L'oméga avait trouvé ça suspect mais sans plus, et maintenant qu'il connaissait la vérité, il se trouvait un peu bête de ne pas avoir senti qu'il y avait anguille sous roche. En conséquence, il se mit à rire.

« Pas besoin de me mentir, Link. » Les yeux de ce dernier s'éberluèrent. « Lavi nous a dit que vous aviez réglé votre différent et que vous aviez… » Il s'arrêta, se mettant à rougir, « discuté une bonne partie de la nuit.

—Que vous a-t-il dit, exactement ? »

Link était estomaqué, il avait la mâchoire crispée et le regard contrarié. Allen sentit qu'il avait gaffé.

« Lavi n'a rien dit de mal, rassure-toi ! Il a dit que vous aviez convenu d'être amis et que tout allait mieux, c'est tout. Et ne t'en fais pas, je ne vous juge pas. Lenalee non plus. C'est bien si vous avez… hm… consommé votre attirance pour passer à autre chose. Je suis désolé d'avoir été agressif avec toi, l'autre fois. »

Immédiatement, le visage de l'Allemand refléta une expression plus sereine. Il secoua la tête.

« Non, tu avais raison. J'avais agi en lâche et si tu ne m'avais pas secoué, on en serait encore au même point. Je te remercie. »

Allen opina.

« Quand Luberrier compte nous faire rencontrer Hevlaska, au fait ?

—Demain après-midi. »

L'oméga eut un hoquet de surprise.

« Déjà ? Mais tu ne m'en avais absolument pas parlé !

— Ça s'est décidé au dernier moment, » avoua Link, la mine contrite, « elle est assez faible, et l'infirmière, secondée par Komui, trouvait que c'était trop dangereux pour elle. »

De ça, le blandin fut inquiet. Hevlaska faiblissait ? Ce n'était pas normal. Il avait entendu des échos de la section scientifique. Des rumeurs courraient dans les couloirs du QG, les Traqueurs et les scientifiques en parlaient à voix basse, mais leurs murmures étaient audibles. Les bruits enflaient, mal contenus.

Kanda et lui ne seraient apparemment pas les seuls que Luberrier utilisait comme cobaye. Rien que de l'idée de ce que pouvait subir Hevlaska lui glaçait le sang…

Il se força à afficher un visage neutre, sachant que Link ne lui dirait rien.

« Et après ça, tu reprendras nos entraînements ?

—Oui, je m'adapterai à vos besoins. Walker, tu n'as pas à t'en faire. Si je vois que Kanda Yû ou toi peinez à suivre, j'adoucirai les exercices. »

Plus facile à dire qu'à faire. Allen voulait toutefois lui faire confiance. Il lui offrit un sourire.

« Tu me donnes l'autorisation d'aller m'entraîner avec Kanda plus tard ? »

Link hocha la tête.

« Essayez de ne pas en faire trop, gardez votre énergie pour demain.

—On évite un peu le combat avec nos Innocences depuis que… Enfin, on préfère s'entraîner autrement. »

Pour le fait de ne pas trop s'épuiser, Allen ne préférait rien promettre. Kanda n'avait pas quitté sa période d'énergie inépuisable. Elle paraissait même augmenter. Il devenait de plus en plus largué, et si son égo n'aimait pas le reconnaître, il voyait le fossé entre eux, déjà bien présent, s'élargir davantage.

L'alpha était vraiment puissant. Il ne pouvait pas dire que cette force surhumaine le laissait entièrement de marbre… Loin de là… S'il était parfois perplexe, parfois envieux, la hâte de se mesurer à lui titillait ses entrailles, avec elle quelque chose qui les faisait tressauter. Quelque chose qu'il reconnaissait, l'ayant déjà expérimenté.

Le désir…

Link acquiesça, le sortant de ses pensées embarrassantes, et ils reprirent leur chemin tranquillement.


Projeté au sol, Allen se retint de crier sous la surprise.

Kanda venait de le retourner violemment, et il n'arrêtait pas de voler depuis le début de leur entraînement. Il posa ses mains à plat sur le sol, s'aidant pour se retourner. Il haletait, essoufflé. L'alpha le toisait, dans l'attente de sa contrattaque.

Son visage était neutre, mais il transpirait, ses mèches de cheveux lui collaient à la peau. Il n'était pas en meilleur état, son front ruisselait un peu, il s'essuya d'une main droite habile. Le torse de Kanda se muait au rythme de sa respiration. Il était fatigué, lui aussi. Un poil moqueur, peut-être. Allen voyait ses muscles dessinés au travers de son débardeur. Ainsi surplombé, l'oméga sentit son bas-ventre réagir. Il y a quelques temps, il aurait mis ça sur le coup du lien, sur son instinct 'd'oméga', mais finalement, il ne croyait pas vraiment à la notion d'instinct propre à son second-genre. Propre à lui-même, par contre, si. C'était lui qui était attiré par la force brutale du Japonais, sans que ça n'entache son envie de le battre ou d'être aussi fort que lui.

Les sensations dans son ventre le désarçonnaient un petit peu, mais il les oubliait. Il déglutit et se redressa en serrant les dents. Ses côtes le lançaient un peu, aussi, il grimaça. Kanda parut le remarquer. Il fronça les sourcils.

« J't'ai fait mal, Moyashi ? »

Piqueté dans sa fierté, bien que Kanda ait l'air sérieux en posant la question, Allen eut un sourire amusé.

« On s'entraîne au combat, c'est un peu le but. T'inquiète pas, je me suis juste mal reçu.

—Je m'inquiétais pas, Baka Moyashi. Je voulais savoir si tu pouvais encore encaisser. Fais gaffe à pas te fouler un muscle, ce serait con. »

L'oméga savait qu'il mentait, mais fut satisfait qu'il recommence à le vanner. Ils n'étaient pas là pour faire dans la dentelle. Son regard s'ourla, joueur, et il chargea Kanda. Il leva un poing, cherchant à frapper son visage, mais il fut contré et l'alpha attrapa sa deuxième main avant qu'il ne puisse amorcer un geste.

Il lui restait ses pieds. Allen écrasa la pointe de sa chaussure droite contre le pied de Kanda. Il fut relâché, mais avant qu'il ne prenne du recul, saisi au niveau des hanches. Avec une balayette, il finit au sol, de nouveau surplombé par Kanda. Au sens propre du terme. Il l'immobilisait. Son corps était lourd, et chaud. Le blandin gémit entre ses dents en recevant son poids contre lui, mais ne flancha pas.

Pourtant, les dès étaient jetés.

Il avait encore perdu.

Kanda dressa le torse, mais pas le bas de son corps. Il plongeait les yeux dans les siens. Allen sentait ses joues rouges, d'agacement et… d'autre chose.

« Tu sens bizarre, en ce moment. »

Allen s'embrasa.

« Bizarre comment ? » Il força un rire. « Tu trouves encore que je pue ? Ça fait longtemps, tiens. »

Kanda secoua la tête.

« Non. C'est chelou, mais c'est pas dégueulasse. »

Sous-entendu, il aimait bien. Allen s'était perdu dans ses sens, et son estomac qui effectua un salto arrière n'arrangea rien. Il visualisait sa position, sous Kanda, en position de soumission si son attitude ne la reflétait en rien. Complètement à sa merci. En repensant à ce qu'ils avaient convenu… Il n'arrivait pas à chasser le sentiment. Ça l'excitait malgré lui, ça ne servait à rien de le cacher. Il essaya de se maîtriser.

« Eh bien rien n'a changé, je ne comprends pas trop ce que tu sens.

—C'est pas nouveau, je l'ai déjà senti, mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus. Tu permets, Moyashi ? »

Le maudit haussa les sourcils, perdu.

« Permettre quoi ? »

Kanda lui dégagea alors la nuque et plongea la tête dans son cou, tête la première. Allen rougit jusqu'aux oreilles, cette fois. Il se laissait faire, car Kanda ne faisait que le sentir, et car ils le faisaient déjà lors de leurs échanges d'odeurs. En sentant son nez raser la zone avec insistance, il eut un frisson. Il agrippa sa nuque et le repoussa.

« Bakanda, t'as même pas attendu que je réponde ! »

Irrité, il le poussa plutôt violemment. Kanda avait des yeux… bizarres… Allen s'inquiéta un peu. Est-ce qu'il pourrait… être en rut ? Maintenant ? Ça aurait été une explication plausible à sa perte de contrôle, et il paniqua un peu à l'idée.

Il blêmit littéralement, et le kendoka se ressaisit, semblant seulement réaliser ce qu'il venait de faire.

Il se dégagea en jurant.

« Pardon, Moyashi. »

Allen se redressa à son tour, passant une main sur sa nuque où il sentait encore la chaleur de l'alpha, par réflexe. Il se sentait interdit par ce qui venait de se passer.

« C'est rien. »

Kanda secoua la tête.

« Non, c'est pas rien. Tes odeurs… Il y en a beaucoup. Ça m'est monté à la tête. Je voulais pas faire ça. »

L'oméga sortit un peu de sa perplexité. Il arrivait à comprendre le malaise de Kanda. Ça lui revint. Lui aussi ressentait ce genre de choses, à des moments. Comme des pics étranges venant de lui. Sauf qu'ils étaient plus repoussoirs qu'attrayant, et ça se produisait assez peu, donc il n'y faisait pas attention.

« C'est bon, c'est compliqué pour nous, en ce moment. Le lien est bizarre. Tu le sens aussi, non ? Je comprends, je te l'assure. »

Ils étaient assis côte à côte, respirant fort. Cet entraînement avait été intense. Il y avait tellement de phéromones… Même Allen s'y perdait un peu. Peut-être que ça augmentait aussi son sentiment d'excitation, si, il l'admettait, il n'avait jamais eu besoin de phéromones pour trouver Kanda séduisant.

Ce dernier parla :

« Tout est bizarre, depuis notre dernier entraînement.

—Depuis notre dernière mission, » corrigea Allen. « J'ai remarqué que tu avais repris en énergie, tu sembles vraiment en forme physiquement. Mais ton odeur… Je te sens distant, à certains moments. Je ne sais pas trop comment le décrire. Dans ton attitude, aussi. »

Il avait quand même fait l'effort de jouer avec lui et trois ses amis au dada. Allen considérait que c'était un énorme progrès. Ça ne changeait pas que Kanda semblait aussi se rétracter brutalement, parfois. Il avait mis ça sur le compte de sa fatigue, car c'était comme ça qu'il le lui avait dit, mais maintenant qu'il allait mieux, ça ne changeait pas. Et il ne comprenait pas pourquoi.

Le kendoka sembla réagir à son inquiétude.

« C'est pas contre toi. Y a quelque chose qui me soûle, c'est tout. »

Le blandin le considéra un moment.

« Tu as peut-être envie d'en parler ? C'est en rapport avec le lien ?

—Nan, c'est autre chose, mais laisse, c'est rien. Je voulais pas être distant. »

Allen hocha la tête.

« C'est pas grave. Garde en tête que je suis là pour toi, si jamais. »

Kanda lui ébouriffa les cheveux, Allen grommelant dans sa barbe.

« J'sais, Baka Moyashi, » il ne le lâchait toujours pas, prenant un malin plaisir à le voir se débattre sous sa poigne. « Te fais pas de souci, c'est rien. »

Au bout de quelques insultes, Allen réussit à se dégager, toisant sa face rieuse.

« Ne fais pas ça, y a déjà bien assez de Lavi ! »

Le Japonais haussa les sourcils.

« Quoi, le Baka Usagi il peut et pas moi ?

—Tu serais jaloux ? »

Kanda se renfrogna, le toisant comme s'il était débile, mais aussi avec une sorte de moue vexée mal camouflée. Allen en fut surpris, mais il éclata de rire.

« Même lui se fait engueuler, tu sais, c'est juste qu'il s'en fiche. Je déteste qu'on me fasse ça.

—Pourtant t'aimais pas mal quand je te caressais le crâne pendant tes chaleurs. »

Ces paroles firent déglutir Allen. Il n'en montra rien.

« Caresser le crâne n'est pas la même chose que me l'aplatir en emmêlant mes cheveux comme un dingue. »

Kanda esquissa un rictus.

« Alors arrête de t'inquiéter pour moi si tu veux pas que je recommence. »

L'oméga rit.

« Vendu. Mais ne me donne pas de raison de m'inquiéter. »

Le silence se réinstalla.

Les odeurs de la pièce étaient stabilisées, et Allen finit par faire craquer ses doigts, nerveux. Il regarda la grande pièce dans laquelle ils étaient seuls, les murs austères et le plancher qu'ils avaient martyrisés par leur lutte. Toute cette salle, tout le périmètre, était envahi d'eux et uniquement eux. Allen avait l'impression que ce moment n'appartenait qu'à eux. Et son cœur battait comme une enclume, ou peut-être était-ce le sang à ses oreilles.

Il était amoureux. C'était bizarre de se dire ça, surtout en pensant au Bakanda.

Pourtant, il le ressentait en lui.

Je l'aime, pensa Allen, je l'aime et j'ai envie d'être dans ses bras.

Est-ce que tu penseras à moi de cette façon un jour, Bakanda ?

Il se passa la langue sur les lèvres.

« Ça te dirait qu'on fasse un échange d'odeur ? Ça fait longtemps qu'on ne s'en est pas fait un vrai. J'ai envie. »

L'alpha opina. Il s'assit en tailleur et tapota ses genoux, Allen s'y jetant comme un assoiffé sur un oasis. Kanda grogna qu'il était trop précipité lorsqu'il le reçut, et Allen rit en enfouissant la tête dans sa nuque, récoltant le même traitement de son côté. Le souffle chaud de Kanda retentit contre lui.

« Encore désolé, pour tout à l'heure. J't'ai mis mal à l'aise, je l'ai senti.

—Je t'ai dit que je comprenais, » Allen avait une voix douce. « En vrai, j'adore échanger mes odeurs avec toi. J'aurais jamais cru que je ferais ça avec quelqu'un, du moins de cette façon là, sans gêne. C'est comme avec mon père quand j'étais gamin, naturel, et réconfortant. »

Son cœur se serra à l'évocation de Mana. Le symbiotique sentit Kanda se crisper contre lui et eut l'impression qu'il s'était trop livré. Il commença à rougir, son souffle se coinça dans sa gorge – il pensa qu'il devait dire quelque chose. Au lieu de ça, les bras de Kanda se refermèrent dans son dos.

Il comprit alors qu'il cherchait à calmer sa nostalgie, et Allen l'accepta.

« J'avais jamais échangé mes odeurs avec qui que ce soit, » avoua Kanda. « Même si ce vieux schnock de Tiedoll me cassait les couilles pour ça quand j'étais gosse. »

Allen ricana en imaginant Kanda repousser l'affection de son maître avec colère.

« Même avec… » L'alpha se stoppa, Allen attentif à ce qu'il allait dire, car sa curiosité venait d'être piquée. Il entendit un 'tch' agacé à son oreille au lieu d'une suite logique. « Nan, rien. Moi aussi, ça me dérange pas d'échanger mes odeurs avec toi. »

Son 'ça me dérange pas' minimisait bien sûr les faits, le blandin le savait. ça voulait déjà dire beaucoup venant de lui. Il n'allait pas prendre le risque de le braquer en essayant de lui faire avouer qu'il aimait ça. Il le comprenait, c'était déjà suffisant.

« Au fait, » glissa Allen dans leur étreinte, « on doit rencontrer Hevlaska, demain. Link vient de me le dire.

—Ils perdent pas de temps, ces cons. »

Le maudit n'était pas plus enchanté que l'épéiste à cette idée, aussi, il ne dit rien.

Ce serait l'heure de vérité.

Le regard qu'ils se lancèrent en se détachant brièvement l'un de l'autre était éloquent. Autant profiter de leur semblant de sérénité difficilement réacquit tant qu'ils le pouvaient encore.

À suivre...


Link qui laisse un petit mot à Lavi, j'avoue que je le vois trop faire ça, et je trouvais ça trop chou XD. Je vous invite cependant à être attentif au fait que Lavi se rend compte que ça va être compliqué pour lui avec sa position de Bookman au niveau émotionnel, donc attendez-vous à ce qu'ils aient leur petites difficultés...

Sinon, ça chauffe un peu du côté d'Allen, et Kanda déraille légèrement :p. J'ai hâte de savoir ce que vous allez en penser, ettttt je crois bien que vous n'êtes pas prêts pour les prochains chapitres X).

Pour l'extrait du 19, rdv sur le blog ! :)

Reviews sur tout ça ? :D

A dans deux semaines !