Disclaimer : Tout à Jk, rien à moi sauf l'histoire et les reviews sont mes seules récompenses. La relecture est à jbou.
N/A : Hellow ! Bonjour à tous, j'espère que ce chapitre va vour plaire, merci beaucoup pour les reviws et puis, bonne lecture !
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Trois jours, cela faisait trois jours que le drame s'était produit. Trois jours de crises de larmes ininterrompues et enfin, trois jours qu'Allie restait cloîtrée dans sa chambre, refusant de manger. A quoi bon puisque Bobby était mort et qu'elle allait être assassinée ? Sans cesse le souvenir de la vision qu'elle avait eu au grenier venait la hanter. Elle n'avait plus fermé l'œil depuis cette annonce. Elle songeait sérieusement faire grève de la faim pour rejoindre Bobby le plus vite possible. Quitte à mourir jeune, autant ne pas avoir à affronter ce deuil.
Harry rajusta sa cravate. Cela faisait plus de dix minutes qu'il tentait d'arranger son costume. C'était la seule façon qu'il ait trouvé pour vaincre son anxiété. Heureusement pour lui, Hermione était arrivée pour l'aider à tenir le choc. Elle était arrivée très vite en Floride pour l'épauler durant quelques temps après avoir appris le drame. Elle s'occupait du ménage et des choses quotidiennes comme veiller à ce que la famille n'omette pas de se nourrir. Hermione avait tenté tant bien que mal de réconforter Allie, comme tous les autres mais rien n'y faisait, l'enfant restait aussi amorphe qu'une limace en plein soleil.
-« Harry, arrête de torturer cette pauvre cravate et va aider Léo à trouver ses chaussures. Il ne vous reste plus que dix minutes avant le début de la cérémonie ! Je vais essayer de tirer ta fille de son lit pendant ce temps. » Cria Hermione en regardant sa montre.
-« Oh, ce n'est pas vrai. Petit monstre, où as-tu encore mis ces foutues godasses ? Elles étaient neuves pour la cérémonie ! » Grogna l'homme en costume noir. Dans une chambre juxtaposée, Léo répondit :
-« Je n'y ai pas touché. Je te le jure. Elles étaient posées dans la salle de bains voila seulement cinq minutes ! »
-« Mais pourquoi ne les as-tu pas mise directement à tes pieds ? » Demanda Harry en fouillant de fond en comble la pièce d'eau.
-« J'ai pas eu le temps, Allie avait une envie pressante… »
-« C'est bon, ne cherche plus, j'ai trouvé la coupable. ALLIE ! » Hurla Harry en entrant en trombe dans la chambre de sa fille. Devant le silence volontaire de sa fille, celui-ci continua : « Ah, évidemment, mademoiselle ne parle plus, la bonne affaire ! Où as-tu mis les chaussures ? Où Allie ? Tu crois vraiment qu je n'ai que cela à faire ? Où Allie ? » Il dit cette dernière question en claquant sa main à plat sur sa table de chevet et lui lança un regard meurtrier. Sous le bruit du choc en la paume et le bois, Allie sursauta et cracha le morceau :
-« En dessous de mon lit. »
-« C'était si dire à dire ? Pourquoi as-tu fait cela Allie ? »
-« Je ne veux pas qu'on aille à l'enterrement. Je ne veux pas voir tout le monde habillé en noir qui ne vient à la paroisse que pour se donner bonne conscience et qui finira la messe en regardant sa montre parce qu'il s'ennuie. Je ne veux pas voir Bobby exposé aux yeux de tout le monde comme une bête de foire » Pleurnicha l'enfant.
-« Allie, tu dis y aller. Je n'ai pas l'intention de te forcer mais tu le regretteras toute ta vie si tu n'y vas pas. Il faut que tu lui dises un dernier au revoir pour commencer ton deuil, tu comprends ? J'ai toujours regretté qu'il n'y ait pas eu d'enterrement pour Sirius »
-« Je suis vraiment obligée de porter cette fichue robe noire ? Bobby il préférait la bleue »
-« Peu importe la couleur. Je sais que pour lui le lus important serait que tu y ailles. Mets la robe que tu préfères, ma colombe. » Dit doucement Harry en caressant une boucle de cheveux d'or de Allie.
-« Tu crois que je pourrai mettre mon talkie-walkie dans son cercueil pour pas qu'il ait peur dans le noir ? »
-« Je suis certain que le pasteur acceptera »
-« Alors j'y vais » Dit résolument la petite fille.
-« Parfait. Léo, tu es prêt, il est temps d'y aller ! » Cria Harry à son fils aîné. Hermione rejoignit Harry dans la chambre rose et demanda, anxieuse :
-« Harry, tu es sur que cela ira ? Tu tiendras le coup ? »
-« Mione, j'ai grandi. Je peux me contenir à présent, question d'habitude »
-« Oh, Harry » Fit Hermione en le serrant dans ses bras « Allez, il est temps d'y aller » Continua Hermione qui préférait rester au manoir car elle se sentait de trop. Elle voulait leur laisser se moment de d'intimité et de recueillement qui leur permettrai de commencer leur deuil. Elle savait que Harry souffrait beaucoup mais ne voulait pas le montrer, essayant de rester fort devant ses enfants. Le petit garçon qui pleurait la mort de Sirius était définitivement envolé.
L'enterrement de Bobane Lohane eut lieu à l'église protestante du village. Il y avait une foule immense dans la paroisse car tout le village s'y était agglutiné pour célébrer la mémoire du jeune garçon. Des gerbes de roses blanches avaient été déposées autour du cercueil immaculé. Les gens défilaient auprès de celui-ci, encore ouvert durant quelques instants, afin de dire un dernier adieu à l'enfant du pays qu'ils avaient si souvent côtoyé et graver à jamais son visage dans leur mémoire.
L'épisode du cercueil fut particulièrement difficile pour la famille Potter. Léo fut tout chamboulé de voir pour la première fois de sa vie un mort et plus particulièrement le meilleur ami de sa petite sœur. Des moments tels que celui-ci le marqueraient à vie et c'est tant de moments forts qui le construiraient pour l'endurcir. Même s'il était particulièrement ému, il n'en laissa rien paraître. Les gardiens de son ancien orphelinat moldu lui avaient bien fait comprendre que pleurer, c'était lâche. Léopold Potter se devait d'être plus qu'un lâche.
Pour Harry aussi la vue de Bobane figé dans le temps comme une statue d'albâtre aussi pâle qu'un fantôme fut déstabilisant. Son regard restait fixé sur les yeux éteints et la peau si transparente qu'on voyait les veines du garçon qu'il avait si souvent garé. Harry fut particulièrement choqué lorsqu'il vit les marques d'ecchymoses qui bariolaient le cou du petit ange. Cela lui rappelait tant de mauvais souvenirs, tant de chagrin et de culpabilité. La seule différence étant qu'aujourd'hui, il ne pleurerait pas. Harry savait que la présence d'un proche qui sait garder contenance dans ces moments là était essentielle puisqu'il avait lui-même si souvent vécu des situations similaires. Il avait bien conscience que pour sa fille, le monde s'était écroulé mais qu'elle finirait par s'en remettre. Certes, elle n'oublierait jamais ses fantômes mais elle les rangerait dans un coin de sa tête et réussirait peu à peu à les laisser au rayon des souvenirs. Harry avait lui-même réussi à laisser ses morts reposer en paix. Ron, Molly, Dumbledore, Kingsley et toutes ces autres personnes qui lui avaient permis de gagner la guerre avaient cessé de le hanter la nuit, Bobby en ferait de même. Il ne gardait d'eux que les meilleurs souvenirs et c'était mieux ainsi.
Lorsque Allie s'approcha du cercueil, Harry la sentit s'affaisser mais elle tint bon. Le Survivant renforça son étreinte sur elle, de peur que l'enfant ne s'évanouisse. D'un geste lent, Allie plaça l'un des talkie-walkie dans le cercueil à côté du visage du défunt et lui murmura d'une voix enrouée : « Pour pas que t'aie peur tout seul dans le noir. Je t'aime Bobby le ouistiti » Elle ne pu continuer tellement les sanglots lui tiraillaient la gorge. Des larmes de cristal roulaient le long de ses pommettes creusées par la tristesse.
Nombreux regards étaient tournés vers l'enfant qui restait inconsolable. Sous les yeux de Allie, le cercueil fut bien vite clos pour l'Eternité. La cérémonie se passa ensuite dans le silence le plus respectueux, quelques fois interrompu par les pleurs de personnes comme Allie ou le père de Bobane à qui la garde de Coline et Duncan avait été confiée. L'homme était totalement abattu et semblait n'avoir plus fermé l'œil depuis des siècles. Harry comprenait sa détresse. Que se passerait-il si cela lui arrivait ? Malheureusement pour Harry, le souvenir de l'enlèvement de Allie restait encore gravé au fer rouge dans sa mémoire.
Les plus beaux chants divins retentirent dans l'église, ébranlant l'assemblée au plus haut point. Des centaines de badauds du village étaient venus pour apaiser leur conscience, comme l'avait si bien fait remarquer Allie. Cela en devenait même malsain. Tant de personnes agglutinées pour assouvir leur soif de ragots et potins n'étaient pas la meilleure des choses. Ils avaient tout de même tous le cœur au bord des larmes à la vue du petit cercueil blanc. Bobby avait été tué de la faute de sa mère. L'infanticide était considéré par beaucoup comme le pire des crimes. La soudaineté de ce meurtre et la façon atroce dont cela s'est passé dans une famille « respectable » avait chamboulé es certitudes des gens. Comment une mère peut-elle commettre l'irréparable ? Pourquoi personne ne s'était douté de rien ? Pouvaient-ils être certains que leurs proches étaient eux aussi à l'abri d'un tel drame ?
Allie lorgnait sans rien dire le pasteur prononcer son interminable discours. Le texte était beau, l'homme de foi parlait bien mais Dieu que c'était lassant ! Pour elle, toute cette cérémonie était inutile. Les paroles ne feraient jamais revenir son ami et les belles pensées sur le paradis et tout le tralala, Allie n'y croyait pas. Les adultes avaient juste inventé cela pour ne pas devoir se résoudre à se dire que tout est fichu, qu'ils ne reverront jamais cette personne tant aimée. Les adultes ont inventé le paradis en se disant qu'ils rejoindraient leurs amis un jour pour ne pas avoir mauvaise conscience lorsqu'ils oublieront ces morts. De plus, personne ne pourrait exprimer par des mots la douleur de Allie. Comment pourraient-ils puisque elle-même n'arrivait pas à mettre un nom sur cette souffrance ? Comment qualifier l'inqualifiable ?
Tous ces gens attroupés par compassion, par respect aussi pour les proches de Bobane ne parviendront jamais à faire oublier à Allie le sourire de son ami. Les regards pathétiques des badauds reprendront leur lumière à peine sortis de la paroisse. Ils vont regagner leur petit train-train quotidien et l'enterrement ne sera plus pour eux qu'un bon sujet de ragottage. Dans leur ressassement inlassable, ils omettront de préciser que bien d'autres vies ont été détruites lors de la chute d'escalier mortelle. Celle d'Allie ne faisait pourtant que commencer…
Allie le savait très bien, dans peu de temps, elle aussi serait dans un joli petit cercueil blanc recouvert de roses. La seule différence est que pour elle, Bobby ne serait pas là à pleurer sur un banc. Il n'y aurait que Harry et peut-être Léo, s'il acceptait de lui faire la paix. La petite fille aux cheveux d'or ignorait pourquoi mais elle était à présent certaine que quelqu'un voulait sa peau. Les visions étaient claires, elle allait être assassinée ! Il ne resterait alors plus rien à Harry. Ni Bobby, ni Julia, ni sa fille chérie. Allie éclata en pleurs alors que le dernier chant de la cérémonie s'achevaient dans la chorale composée d'enfants habillés en blanc. Tels de petits angelots, les chanteurs accompagnèrent l'âme de Bobby dans cette paroisse ébranlée par la tristesse.
Il fut bien vite l'heure pour la foule de se diriger vers le cimetière où se déroulerait la mise sous terre de Bobane. Les Potter, l'air hagard, regardèrent passer le cercueil couvert de roses blanches avant de se diriger vers la dernière demeure de l'enfant. Là, des centaines de tombes s'alignaient. Autant de vies tombées à tout jamais dans l'oubli. Cà et là, quelques gerbes de fleurs déposées par des proches pour se faire pardonner de les avoir oubliées décoraient les monuments funéraires. Parfois, un petit ange de plâtre trônait au dessus d'une stèle pour couvrir de ses ailes un enfant et protéger son sommeil éternel. Harry ne pouvait se résoudre à se dire que Bobby finirait lui aussi par ne devenir qu'un lointain souvenir auquel on n'attacherait d'importance que le jour de la fête des Morts. La vie ne pouvait pas reprendre comme avant, pas après cela !
Allie regardait défiler les sépultures anonymes. Elle ne se sentait pas bien parmi tous ces morts. L'angoisse opprimait sa poitrine et la sueur perlait sur son front. Les noms inscrits sur toutes ces tombes se mélangeaient dans sa tête et tout commençait à tanguer sérieusement. Comme tous les badauds, la petite fille en deuil s'aligna autour de la fosse où le cercueil blanc s'apprêtait à être descendu. Allie n'entendit pas les quelques dernières prières que prononçait le pasteur. Elle se sentait de plus en plus mal. Non seulement le soleil qui était à son zénith tapait sur son crâne mais en plus et surtout, la voix de ses visions était revenue en force dans son esprit. Allie retomba alors en transe, les flash prenant possession de sa tête.
Allie était au même endroit que tout à l'heure, dans ce cimetière. L'homme et la petite fille un peu plus âgée que Allie ou elle-même dans son futur, couraient entre les tombes. La fillette hurlait à la mort et l'homme s'empara de son bras. Sans qu'il ne se passe un seconde, Allie revit la scène macabre où son futur agresseur lui fracassait le crâne contre une tombe. Cette fois, le décor était clair dans son esprit. Il s'agissait d'un monument funéraire tout au fond du cimetière, tout près de la dernière demeure de Bobby. Une fois que toute vie eut quitté la future Allie, l'homme traîna le corps et commença à l'enterrer sous un grand figuier non loin du lieu du drame. Il essuya le sang qui avait giclé sur la tombe et le flash prit fin pour Allie qui s'évanouit d'horreur. Harry eut tout juste le temps de rattraper sa fille avant que sa tête n'heurte le sol et, aidé de Léo, ils la raccompagnèrent chez eux avant même la mise sous terre de Bobby.
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Une semaine s'était écoulée depuis l'enterrement de Bobby, une semaine qu'Allie n'avait plus ouvert la bouche. Elle refusait totalement de manger ou de parler. Se laisser dépérir était devenue sa seule occupation depuis que le souvenir de la vision dans le cimetière était venu hanter son esprit. Pendant ce temps-là, Harry ne se souciait que de sa fille en délaissant son aîné. Léo du lui faire remarquer à plusieurs reprises que demain serait le jour de son départ pour Poudlard. L'origine du garçon étant l'Angleterre, c'est le magnifique château au milieu de l'Ecosse où Harry avait fait ses études qui l'accueillerait.
Harry du se dépêcher de finir la valise de son fils en quatrième vitesse avant d'aller se coucher. La nuit fut blanche pour Léo qui stressait de plus en plus pour la rentrée. Certes, il vivait dans une famille sorcière où ils portaient tous des robes et utilisaient la poudre de Cheminette mais il avait peur de passer pour un enfant de moldus. En effet, son père avait pris la fâcheuse habitude de cuisiner à la manière moldue et ses histoires sur son monde se limitaient aux ennuis que lui avait causé la plume à Papotte de Rita Skeeter. En bref, les connaissances de Léo sur la magie étaient assez réduites. Son père non plus ne dormit pas beaucoup. Toutes ses pensées se dirigeaient vers Allie. Il faisait toujours cet affreux cauchemar où Allie devenait transparente à force de maigrir. Il lui suffisait de s'endormir quelques secondes pour se réveiller en sursaut après avoir imaginé sa fille en fantôme avec des yeux de serpent rouges.
Le premier Septembre, Léo était déjà préparé depuis une demi-heure lorsque son père émergea. L'ambiance n'était pas au rendez-vous pour cette rentrée. L'évènement était obscurci par l'idée de savoir Allie triste et malade. D'ailleurs, pour la fillette aussi c'était la rentrée. Elle rentrerait aujourd'hui en troisième primaire (1) mais ce ne serait pas chose aisée sans parler ni manger. Harry imaginait déjà bien la vieille Mme Giselle faire une crise cardiaque en apprenant qu'un enfant refusait de manger les merveilleux plats qu'elle concoctait aux bambins depuis plus de 25 ans. Le Survivant savait très bien que sa fille ne ferait rien dans un tel état mais tout était bon pour essayer d'obtenir un déclic qui redonnerait le goût de vivre à Allie. Il savait que les enfants détiennent une volonté de fer et que le seul moyen pour faire en sorte qu'ils renoncent était de les convaincre. Un enfant ne se laissait jamais mourir de faim, en théorie. Des résultats sur papier ne parvenaient pas à rassurer Harry. Si Allie le voulait vraiment, elle mourait de faim, elle n'était pas une Potter pour rien !
Harry déposa sa fille devant la grille de la petite école de Dove Hill et précisa au passage la situation délicate dans laquelle il était à Melle Gailor, la nouvelle institutrice du village. Après un dernier baiser dans les cheveux d'Allie, Harry retourna chez lui pour conduire Léo à King's Cross. Il était assis sur les escaliers, à l'endroit même où Harry l'avait laissé avant de conduire Allie. Il se rongeait les ongles d'un air songeur.
-« Tu es prêt Léo ? »
-« Depuis une heure, Papa ! »
-« Prends tes valises et ta fouine, on y va ! » Dit Harry en se précipitant vers l'enfant assis sur l'escalier de marbre.
-« Ma fouine, elle a un nom au cas où tu ne le saurais pas ! Boo, ce n'est pas très difficile à retenir comme nom ! Mais peut-être que tu étais trop occupé avec ta protégée que pour te soucier de mon animal… »
-« Oh, poussin, ne commence pas… »
-« C'est quoi ce surnom ridicule ? Cracha Léo avec hargne pour faire comprendre à son père qu'il était vraiment en colère.
-« Oh, désolé mais tu sais bien que je n'ai pas le choix. Allie a besoin de soutien et je ne veux pas la laisser tomber ! »
-« Il y a des jours où je me demande si je ne ferais pas moi aussi mieux de faire grève de la faim. Peut-être que pour une fois j'arriverai à me faire écouter… » Murmura le garçon.
-« Léo…. On doit vraiment y aller ! » Tenta Harry pour calmer son fils.
-« Ok. Et on y va comment ? Aux dernières nouvelles, il n'y a aucune cheminée dans les gares et par balai, c'est un peu trop tard… »
-« J'avoue n'avoir pas pensé à cela. »
-« C'est toujours moi qui pense à tout ! J'ai toujours su que j'étais le seul adulte dans cette maison ! »
-« Cesse de rouspéter. Je n'ai pas envie qu'on se dispute maintenant. Je vais devoir faire un transplanage d'escorte pour t'accompagner. Comme on dit, aux grands maux, les grands remèdes ! »
-« Il me semblait que tu détestais cela ! » S'étonna Léo
-« Mais je déteste ! Prends vite mon bras, cela va secouer ! »
-« C'est douloureux ? »
-« A toi de juger » Répondit Harry avant de se sentir comprimé dans un tuyau de caoutchouc.
A peine leurs pieds eurent-ils touché le sol que Léo et son père s'écroulèrent sous le poids des valises. Ils avaient atterri sur le quai 9 ¾ en plein milieu de la foule. Harry avait encore eu l'ancien réflexe d'apparaître à l'abri de la vue des moldus même si ceux-ci savaient à présent tout du monde caché de la sorcellerie. Tous les regards des passants se tournèrent vers eux et Léo prit soudain une jolie teinte rouge brique.
-« Papa, t'aurais pu prévenir que tu contrôlais pas tes atterrissages ! C'est la honte ! » Rouspéta Léo en se relevant.
-« Oh, pauvre petit, il s'est pris la honte avec son papa adoré » Plaisanta Harry en attrapant son fils par la chemise et le faisant retomber dans les valises. Léo se débattit, rouge de honte. En voyant le regard glacial que lui lança son fils, Harry le lâcha. Celui-ci se releva, épousseta sa robe de sorcier et attrapa Boo qui s'était réfugiée derrière un des piliers du quai. Sur ce quai arrivait une grande locomotive rouge crachant des panaches de vapeur tel un dragon crache le feu. Le légendaire Poudlard Express débarqua dans cette arène qu'est la gare avec tout le mystère et l'enchantement qui le caractérisait depuis sa construction. Des centaines d'écoliers se pressèrent aux portes pour être les premiers à réserver un compartiment. Léo Potter semblait terrifié face à cette foule compacte qui s'attroupait autour du train telle un essaim de guêpes.
-« Viens ici mon grand » Dit Harry en prenant les mains de son fils « Surtout, il ne faut pas que tu aies peur. S'il n'y a aucun compartiment vide, tu tentes de te faire une petite place dans un où il y a des enfants de ton âge. Ils ne vont pas te manger. Le seul élève cannibale que Poudlard ait connu a été renvoyé l'année dernière. » Expliqua-t-il avec un clin d'œil. Léo éclata de rire et demanda avec malice :
-« Même si ces garçons sont des Serpentards ? »
-« Tu sais très bien que peu importe la maison, Seuls importe tes choix. Si tu es Serpentard et qu tu restes quelqu'un de bien, je serai fier de toi. Il ne faut pas se fier aux stéréotypes ! »
-« Tu mens très mal tu sais » Dit Léo en baillant.
-« Que veux tu, personne n'est parfait mais c'est vrai, tant que tu reste dans le bon côté, je resterai fier de toi » Répondit sérieusement Harry.
-« Tu sais que cela te va bien le rôle de père attentif ? Tu as loupé ta vocation, tu aurais dû ouvrir un orphelinat pour choyer tous les enfants du monde » Plaisanta le garçon.
-« Mince alors ! Je tâcherai d'y penser ! » Continua Harry avant d'éclater de rire.
-« Bon, je crois qu'il est temps que j'y aille. Tu m'enverras des lettres Papa ? »
-« Tous les jours. Une dernière chose, il y a un paquet que j'ai ajouté dans ta valise. Utilise-le avec soin et promets-moi de le prêter à Allie lorsqu'elle rentrera à Poudlard. C'est très rare et surtout, cher à mes yeux. »
-« Promis »
-« Et grave à jamais dans ta mémoire l'instant où tu posera pour la première fois de ta vie ton regard sur le château. Il restera certainement l'un de tes plus beaux souvenirs. » Acheva Harry.
-« Ok » Dit Léo en prenant son père dans ses bras. « Merci pour tout »
-« Pourquoi ? »
-« Pour avoir un jour pris en considération la lettre d'un pauvre bonhomme et de m'avoir permis d'en être là aujourd'hui » Murmura Léo, l'émotion le prenant à la gorge.
-« Personne de sain d'esprit ne pourrait résister à un ange tel que toi. Prends bien soin de toi Léo. Allez, pars pour de nouvelles aventures ! »
-« Au revoir Papa » Dit Léo en serrant une dernière fois son père dans ses bras.
Léo grimpa ensuite dans le premier wagon et ne vit jamais le sourire ému sur le visage de son père que seuls arborent les hommes qui viennent soudain de prendre un coup de vieux. L'adolescent réapparut quelques minutes plus tard par la fenêtre d'un compartiment où une fillette aux cheveux bleus faisait elle aussi signe à son père. Léo agita sa main et le train s'ébranla pour s'enfuir dans la campagne anglaise. Dès que le Poudlard Express fut hors de vue, Harry ne s'attarda pas longtemps, de peur d'être reconnu et retransplana chez lui.
Quelques minutes plus tard, Harry se trouvait devant une tasse de thé fumante. Il ruminait ses plus sombres pensées, repensant à son passé si glorieux qu'il ne revivrait certainement plus jamais. Tous ses souvenirs y étaient passés. Cela allait du fameux « Tu es un sorcier Harry » au regard plein de reconnaissance que lui avait jeté Léo en le voyant apparaître dans l'embrasure de sa chambre d'orphelinat en passant par les sourires de Allie, ses couches sales, ses biberons, ses premiers pas… Il était en train de feuilleter avec nostalgie l'album familial lorsque le téléphone sonna. Il avait du se munir de cet appareil moldu, comme bien des autres pour pouvoir communiquer avec ses voisins moldus avec qui il s'était lié d'amitié depuis bien des années.
-« Allo, Mr Potter ? » Demanda une voix grave et rauque, celle d'un fumeur certainement.
-« En personne, à qui ais-je l'honneur ? »
-« Ici Avner O'Grady, l'assistant social en chef du conté de Redmond. Je sais que je vais vous prendre à l'improviste mais j'ai une affaire urgente assez délicate sur les bras. »
-« Désolé de paraître impoli mais…. En quoi cela me concerne-t-il ? » Demanda Harry, ne voyant pas où son interlocuteur voulait en venir.
-« Je vais être bref. Pourriez-vous accueillir un enfant chez vous à partir d'aujourd'hui ? » Dit l'homme en se précipitant, craignant la réponse du Survivant.
-« Aujourd'hui ? Mais… l'orphelinat ne devait ouvrir que dans 6 mois ! »
-« Mr Potter, la dénomination n'est plus orphelinat mais home pour enfant. Enfin, peu importe. Vous avez au moins une chambre de libre ? »
-« Oui mais pas plus »
-« Une chambre suffira. A vrai dire, vous êtes mon dernier espoir. J'ai une petite fille impossible à placer. Elle est muette. Volontaire ou involontaire, on l'ignore mais, de mémoire d'homme, personne n'a jamais entendu le moindre mot sortir de sa bouche. Hier, elle a fait une crise de magie, comme tant d'autres enfants. Mais là, il ne s'agit plus d'objets qui se brisent ou de cheveux qui poussent trop vite. Elle a mis le feu à son établissement. Je ne peux plus la laisser sous la garde de moldus impuissants. J'ai tout de suite pensé à vous. » Explique l'assistant social avec entrain.
-« J'ai compris. Je lui ferai une petite place. Cela sera à l'improviste mais je pense y arriver. Quand arrivera-t elle ? »
-« Il vous faut combien de temps pour arriver à Redmond en urgence ? »
-« Trente secondes, le temps de transplaner » Dit Harry d'une voix morne
-« Dans ce cas elle est sous votre charge dans trente secondes. Je vous attends. »
-« Oh, Merlin ! » S'exclama Harry avant de transplaner pour la énième fois de la journée.
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Sorela Anderlee était une petite fille de huit ans, le même age que Allie, qui avait été trimbalée de foyers en foyers depuis l'âge de trois ans, date à laquelle elle avait été retirée des griffes de son père. Enfant battue, la petite n'avait jamais dit un seul mot ou, tout du moins, personne ne s'en souvenait. Sorela était de type espagnol avec de longs cheveux en filasse qui semblaient n'avoir plus été coiffés depuis la Guerre de Sécession. Elle avait de grands yeux ambrés qui lui donnaient sans arrêt un air lunatique. Elle était de petite taille ou était-ce parce qu'elle était constamment courbée qu'elle semblait petite. Avec sa démarche de bossu et sa taie d'oreiller qu'elle suçait en permanence, la petite ne ressemblait en rien aux autres enfants que Harry ait déjà vus.
-« Salut toi » Tenta Harry alors que Sorela s'était réfugiée sous sa table de bureau. Il avait voulu faire une première approche dans ce qu'il considérait comme sa salle de thérapie mais l'enfant s'était précipitée sous le meuble en bois de chêne sans vouloir en bouger. Elle se servait d'une chaise comme barreau pour fortifier sa rassurante prison.
« Bon, ok » Continua le Survivant « Je vais t'expliquer ce que nous allons faire. Chaque jour, pendant deux périodes de cinquante minutes, une le matin et une le soir, on se retrouvera ici, dans mon bureau pour parler. Surtout, ne pense pas que je veuille te forcer à parler. Si tu ne veux pas, il n'y a aucun problème, je te ferai la lecture. Tu es sûre de ne pas vouloir sortir de sous ce bureau ? Je suis certain que ce tapis est plein de poussière. » Demanda doucement Harry qui s'était accroupi au niveau de Sorela. Une chaise restait résolument comme barrière entre eux.
« Très bien, dans ce cas, tu permet que je m'asseye à côté de toi ? » Continua-t-il en repoussant la chaise qui lui barrait le passage. N'ayant pas de réponse de Sorela, il prit cela comme un oui, il s'assit à côté de l'enfant et commença la lecture du 'Petit sorcier qui voulait devenir Mage'.
Soudain, la porte du bureau s'ouvrit à volée et Allie apparut comme une furie à l'embrasure de la porte. A la surprise de Harry, sa fille se mit à parler :
-« Je ne veux plus JAMAIS retourner dans cette école de minables ! Je ne peux plus supporter ces gamins qui ont osé se moquer de la mort de Bobby. Ils disent qu'il était tellement bête qu'il a du marcher sur son lacet et que c'est comme cela qu'il est tombé dans les escaliers ! En plus Mme Gailor, la nouvelle institutrice ne sait pas me supporter et j'ai été punie par Mme Giselle ! » Pleurnicha la petite. Puis, après un regard en direction de Sorela, Allie ajouta : « C'est qui elle ? »
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(1) La troisième primaire de Allie est selon le système scolaire belge, désolée pour les français ou québécois, j'ignore à quoi il correspond.
